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08/03/2011

l'intolérance est si odieuse, qu'elle mérite qu'on lui donne sur les oreilles

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OK ! OK!! OK !!!

8 mars Journée de la Femme ou des Femmes (selon vos convictions mono ou pluri-conjugales )

Mais n'en abusez pas , svp ! Et là je parle aux deux camps sexués opposés/ accolés selon les moments .

Comme le dit si bien Volti  : "pas d'intolérance" , sinon ...

 Et une petite citation pour remettre les pendules à l'heure :

Olympe_de gouge citation femme.jpg

 Qu'on ne l'oublie pas ! qu'on se le dise ! qu'on le répète jusqu'à application parfaite .

Mais aussi pourquoi pas ceci :http://www.deezer.com/listen-2802021

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Le choix est large ! Non ?

 

 


« A Frédéric II, roi de Prusse

 

Du 3 mars [1767]

 

Sire,

J'entends très bien l'aventure des Deux chiens i, et je l'entends d'autant mieux que je suis un peu mordu . Mes petites possessions touchent aux portes de Genève . Tout commerce est interrompu par cette ridicule guerre ii, elle n'ensanglante pas encore la terre, mais elle la ruine . Vos chiens répondent très pertinemment à nos héros français et bernois . Il est certain que si les animaux raisonnaient avec les hommes ils auraient toujours raison, car ils suivent la nature, et nous l'avons corrompue .

 

A l'égard du Violon iii, je crains de n'entendre pas le mot de l'énigme. Est-ce le roi de Pologne, qui, ne pouvant pas lui-même venir à bout de ses évêques, s'est voulu secrètement appuyer de Votre Majesté, de la Russie, de l'Angleterre, et du Danemark, et qui n'est actuellement appuyé que de la Russie ? Est-ce l'impératrice de Russie, qui soutient seule à présent le fardeau qu'elle avait voulu partager avec trois puissances ?

 

Il me parait que je tourne autour du pot de l'énigme ; mais je peux me tromper ; vous savez que je ne suis pas grand politique .

 

Votre alliée l'impératrice a eu la bonté de m'envoyer son mémoire iv justificatif, qui m'a semblé bien fait . C'est une chose assez plaisante, et qui a l'air de la contradiction, de soutenir l'indulgence et la tolérance les armes à la main ; mais aussi l'intolérance est si odieuse, qu'elle mérite qu'on lui donne sur les oreilles . Si la superstition a fait si longtemps la guerre, pourquoi ne la ferait-on pas à la superstition ? Hercule allait combattre les brigands, et Bellérophon les Chimères ; je ne serais pas fâché de voir des Hercule et des Bellérophon délivrer la terre des brigands et des Chimères catholiques .

 

Quoiqu'il en soit, vos deux contes sont bien plaisants ; votre génie est toujours le même, votre raison supérieure est toujours ingénieuse et gaie . J'espère que Votre Majesté daignera m'envoyer quelque nouveau conte sur la folie de ne vouloir pas qu'un prince afferme son bien lorsqu'il est permis au dernier paysan d'affermer le sien : cela ne me parait pas juste, et mérite assurément un troisième conte .

 

J'ai eu l'honneur de vous parler, dans ma dernière lettre, du nommé Morival v, cadet dans un de vos régiments à Vesel ; c'est un jeune homme très bien né, et dont on rend de fort bons témoignages . Est-il convenable qu'il ait été condamné à être brûlé vif chez des Picards, pour n'avoir pas salué une procession de capucins, et pour avoir chanté deux chansons ? L'inquisition elle-même ne commettrait pas de pareilles horreurs . Pour peu qu'on jette les yeux sur la scène de ce monde, on passe la moitié de sa vie à rire, et l'autre moitié à frémir .

 

Conservez moi, Sire, vos bontés, pour le peu de temps que j'ai encore à végéter et à ramper sur ce malheureux et ridicule tas de boue. »

 

 

i La fable intitulée Les deux chiens et l'homme qu'on trouve dans les Oeuvres posthumes de Frédéric II, roi de Prusse .

Page 50 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2014845/f52.image.r...

ii Les « querelles de Genève » pour lesquelles le roi de France intervient et ordonne un blocus qui gène davantage les frontalierqs français que les Genevois.

iii Conte Le Violon page 48 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2014845/f50.image.r...

Les pays appelés à l'aide par le roi de Pologne étant les cordes du violon .

iv Manifeste sur les dissensions de Pologne, de Catherine II , envoyé à Voltaire le 9 janvier 1767 ; cf. lettres 9 et 10 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-35175925.html

A cette époque se déroule l'affaire des dissidents. Il s'agit d'un groupe de la noblesse polonaise non catholique qui réclame du roi Stanislas-Auguste les lois égales à celles de tout noble catholique. Le roi, menacé par Rome de la rupture avec l'Eglise, est réticent. Les dissidents, de leur côté, sont soutenus par Catherine II qui présente cette affaire comme une intolérance flagrante de l'état polonais. Voltaire, sans bien connaître la situation, séduit par la rhétorique de Catherine, s'engage de son côté pour convaincre tout le monde que l'intervention militaire russe en Pologne est nécessaire.

Il écrira alors La Lettre sur les panégyriques, http://fr.wikisource.org/wiki/Lettre_sur_les_pan%C3%A9gyr...

« Vous voulez, monsieur, prononcer dans votre Académie le panégyrique de l’impératrice de Russie ; vous le pouvez... »

l'Essai historique et critique sur les dissensions des églises de Pologne : http://www.voltaire-integral.com/Html/26/23_Eglises_Polog...

et le Sermon prêché à Bâle ; voir note 109 : http://www.voltaire-integral.com/Html/26/34_Sermon.html...

v D'Etallonde de Morival, -condamné avec le chevalier de La Barre ,- mais qui a pu fuir, et que V* protège .

 

 

07/03/2011

Le fond de mon amitié pour lui n'a point été altéré par les violents chagrins qu'il m'a causés

Amitiés particulières de Serge Lama , chanson que je ne connaissais pas :

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Un peu d'amour et d'amitié :

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Dans le domaine de l'amitié, Volti me laisse pantois par sa fidèle amitié à la limite du déraisonnable , et avec la plus grande sincèrité .

 

"Est-il possible que nous ne ferons du bien que dans les pays étrangers !"

Là, Volti pense aux intellectuels, à ceux qui travaillent pour la vérité et le bon  goût, les Lumières  qui éclairent l'Europe, et, par là, le monde de ce temps .

De nos jours j'applique cette citation aux efforts sans fin, nécessaires au soulagement des misères de pays parfois lointains .

Et terrible dilemme, comment aider ces pays et résoudre dans le même temps les problèmes de la pauvreté sur notre territoire ?

Comment donner le beurre et l'argent du beurre ?

De quel côté de la tartine se retrouve le clochard, celui qui doit encore et encore faire appel aux Restos du Coeur ? Comment faire du bien partout ?

 

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Est-il possible que nous  ferons du bien partout ?

 

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Rendez-vous, à Lyon ?  http://www.deezer.com/listen-7311007

Oui, la harpe  ...



 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

 

6è mars 1768, à Ferney

 

Jugez, mon très cher philosophe, si j'ai envie de faire du tort à M. de La Harpe, et si j'ai mérité qu'il m'en fît i. J'écrivis à monsieur le contrôleur général pour les affaires du pays de Gex au commencement du mois d'août . Je pris cette occasion pour le prier d'accorder à M. de La Harpe la moitié d'une ancienne pension que j'ai, et dont je n'avais point sollicité le paiement depuis le commencement de la guerre, et même depuis la paix . Monsieur le contrôleur général me répondit sur les affaires du pays, et non sur M. de La Harpe ; mais il dit à M. de Boullongne ii qu'il lui ferait accorder une gratification . M. de Boullongne me le manda par sa lettre du 14 août, et j'en ai toujours gardé le secret à M. de La Harpe jusqu'au jour de son départ .

 

Il sait qu'en envoyant à M. le duc de Choiseul son Éloge de Charles V,iii je lui représentai le mérite et le peu de fortune de l'auteur . Il sait que sur le champ M. le duc de Choiseul eut la générosité de lui donner une pension . Je suis toujours dans la même résolution par rapport à la pension sur le roi que je voulais lui faire partager . Le fond de mon amitié pour lui n'a point été altéré par les violents chagrins qu'il m'a causés .

 

Tronchin iv, procureur général de la petite république ma voisine, fut assailli hier au soir à la porte de sa maison par plus de cinq cents personnes, dont plus de la moité criait qu'il fallait le mettre en pièces. Les commissaires du peuple eurent beaucoup de peine à le tirer de leurs mains, et le firent garder toute la nuit par cinquante bourgeois . Il n'y a plus là de plaisanterie . Voyez combien il est cruel que le chant v où il est question des Tronchin très mal voulus à Genève paraisse pendant des mouvements si violents .

 

Si M. de La Harpe avait eu assez d'amitié pour moi pour m'avouer au moins dans son premier voyage à Paris qu'il avait emporté ce manuscrit de ma maison, qu'il vous l'avait donné à vous, à M. de Rochefort, à M. Dupuits et à une autre personne, il aurait prévenu le désagrément que j'éprouve . Je l'aurais conjuré de prier ceux à qui il avait donné cette plaisanterie devenue si dangereuse, de n'en point donner de copie . Ces balivernes sont d'ailleurs fort insipides pour Paris qui ne se soucie point du tout de Genève, et très désagréables pour moi dans le pays que j'habite . Mais M. de La Harpe, au lieu de réparer le mal qu'il avait fait , m'écrivît de sa chambre à la mienne une lettre fort dure dans laquelle il m'insultait sans se justifier vi. Je ne lui ai fait à son départ aucun reproche ni sur ses procédés envers moi, ni sur sa lettre . Voilà où nous en sommes .

 

Je l'avais chargé en partant d'un paquet pour vous dans lequel il y avait une partie des choses que vous demandiez vii, et une lettre pour vous dans laquelle je vous rendais un compte succinct de cette aventure, et que je vous priais même de lui montrer .

 

Je suppose que vous avez reçu le tout et que vous en aurez fait l'usage que vous aurez cru convenable .

 

Je vous réitère encore que j'oublie entièrement cette petite imprudence de M. de La Harpe qui m'a été si préjudiciable ; que je lui rendrai tous les services qui dépendront de moi ; que ma grande passion est que je veux que ceux qui cultivent les beaux-arts avec succès soient tous unis, et qu'il faut oublier tous les sujets de plainte en faveur de la vérité et du bon goût dont ils doivent être les soutiens . Est-il possible que nous ne ferons du bien que dans les pays étrangers !

 

Je vous embrasse avec douleur, et avec la plus vive amitié .

 

V. »

 

i Pour les torts de La Harpe, voir les lettres

du 1er mars à Mme Denis :

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/03/05/5...

et du 2 mars à Damilaville :

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/03/02/i...

ii Intendant des finances . On accorda 50 louis à La Harpe .

M. de Boullongne : voir page 20 : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/be...

iii Éloge de Charles V, roi de France, discours qui a remporté le prix de l'Académie française en 1767, par M. de La Harpe . Voir note 18 : http://www.ville-ge.ch/bge/imv/gazette/26/a_propos.html#_...

iv Jean-Robert Tronchin-Boissier .http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Robert_Tronchin

Une élection de syndics avait été programmée pour le 5 mars et il y eut une sorte d'émeute . Les Représentants refusaient notamment l'obligation d'élire les syndics parmi les membres du Petit-Conseil . Plusieurs mois auparavant, ils avaient « jeté dans quelques boutiques des billets portant qu'on pendra les Négatifs (patriciens réactionnaires) avec les boyaux des Tronchin. »

v Le deuxième chant de La Guerre civile de Genève, que La Harpe avait volé à V* et répandu dans Paris pendant son séjour à l'automne 1767.

http://www.voltaire-integral.com/Html/09/09GUERCI.htm#CHANT DEUXIÈME

vi Le 11 avril, à d'Alembert : « Vous m'alléguez que vous ne l'avez donné à personne (le 2è chant), je vous crois, mais quelle raison auriez-vous de ne pas me croire lorsque je vous dis que c'est à Paris qu'on me l'a donné ? ... Ce n'est pas un homme lié avec vous qui a du être le plus empressé à posséder ce manuscrit ... Si vous faisiez de moi des plaintes qui me fussent injurieuses, vous me forceriez d'avoir avec vous une sorte de procès public. »

vii Sans doute les dernières brochures que d'Alembert réclamait entre autre pour Boullongne .