Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

20/12/2016

De là vient que la vie des sots devient enfin un enfer

... Comment ? me direz-vous .

En devenant dévot, tout bêtement . Ou un fan de ... Un supporter de foot . Un ami de Cyril Hanouna .... Etc, etc.  Adieu liberté .

 Afficher l'image d'origine

 

 

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

Aux Délices 23 décembre 1761 1

Vraiment c'est un port de vin du marché . Nous venons d'en boire aussitôt qu'il est arrivé aux Délices, et nous avons répété le vers de votre fontaine, qui pour jouer sur le mot, est digne de La Fontaine :

Là sans crainte des loups l'agneau se désaltère .

Jugez comme vous avez été fêté, loué, célébré par Mme Denis et par nos convives . Vraiment ce n’est pas de belle eau claire que vous faites boire à vos agneaux des Délices . Vous vous êtes souvenu que vos agneaux sont bourguignons . Le président fétiche ne nous aurait jamais fait boire que du vinaigre, ou de l'eau bourbeuse .

Que je suis enchanté de vos estampes mon digne et grand magistrat ! Vous n'avez cru graver que votre reconnaissance, et vous avez gravé votre gloire ; votre inscription pour M. de Berbisey 2, est simple, noble, précise, affectueuse et modeste . C'est le cœur qui parle avec esprit sans chercher l'esprit . J'ai le malheur jusqu'à présent de n'avoir pu être que le bienfaiteur de l’Église . J'ai fait bénir la mienne en grande cérémonie . Mon grand christ en Apollon du Belvédère, doré comme un calice, attire tous les curieux . Quelle piété ! dit-on . Je l'avais toujours prévu que ce vieux mauvais plaisant finirait par être dévot . Voilà de que disent les bonnes âmes, et on assure que tous les mondains finissent par là . C'est la mode de tous les temps .

Inde Acherusia fit stultorum denique vita 3.

Je ferais une œuvre bien plus méritoire si je pouvais arracher mon petit pays de Gex à la tyrannie des fermiers généraux . Mais il est plus aisé de s'accommoder avec Dieu qu'avec eux , aussi sont-ils maudits par saint Matthieu qui les connaissait bien pour avoir été leur commis .

Puisque je suis en train sur ces belles matières je prends la liberté de vous envoyer un petit sermon 4 qu'on m'a fait tenir ces jours passés et que vous ne montrerez pas à l'ambassadeur de Portugal 5. Le rabin Akib me paraît un bon diable . Vous pensez sans doute comme lui au judaïsme près . Personne n'a moins l'air d'un Juif que vous .

Nous vous adorons à Ferney et aux Délices, du culte de dulie, et de la plus tendre dulie 6. »

1 V* semble avoir utilisé un papier déjà daté « 22. j » qu'il a modifié ; la date est confirmée par un endos contemporain .

2 Sur Jean de Berbisey, voir lettre du 4 novembre 1761 à Fyot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/11/09/a-5872214.html

3 De là vient que la vie des sots devient enfin un enfer ; Lucrèce, De natura rerum . Pour inde, lire hic .

4 Sermon du rabbin Akib, 1761 .

5 Le sermon est une satire mordante à propos de l'exécution de Malefinda . Voir : http://voltaire.lire.ish-lyon.cnrs.fr/IMG/pdf/RV_11_1_6_AGurrado.pdf

6 Le culte de dulie est rendu aux saints, le culte de latrie à Dieu seul .

 

19/12/2016

Pardon de ces petits détails

... Mais à mes yeux, ces notules de Voltaire nous le montrent au jour le jour, le dépoussièrent de son aspect de philosophe, côté rébarbatif pour nos lycéens .

La bonne année !

#boost #ledeclicanticlope / Demain je me lève de bonheur:

Surtout ne remet pas à demain ce que tu peux faire aujourd'hui !

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

C 'est seulement pour vous avertir mon cher correspondant, que Briasson vous fera présenter une lettre de 80 livres environ, un Bardin 1 de Genève 400 livres, un autre 600 livres . Pardon de ces petits détails . La nouvelle touchant le roi de Prusse est fausse, ce que j'ajoutais est vrai 2.

La bonne année .

V. 

21 décembre [1761]3»

1 La somme due à Briasson devait servir à payer des livres ; voir fin de la lettre du 10 janvier 1762 à Tronchin : « Briasson m'avait annoncé une caisse de livres . Elle ne vient point . » ; quant au paiement à Bardin, il suggère que V* aurait pu souscrire à la gazette bi-hebdomadaire d'Isaac-Marc Bardin (voir : http://data.bnf.fr/15644123/isaac_marc_bardin/ )

3 Année ajoutée par Tronchin .

 

ce théâtre dont on adore les actrices qu’ensuite on jette à la voirie

... Espérons que ce ne sera pas le sort de notre nouvelle Miss France 2017 , adulée , puis sacrifiée après trois petits tours médiatiques  !

Quel sera le premier torchon people qui sortira quelque détail graveleux ou présenté comme tel ? Aucun , il faut l'espérer .

 alicia-aylies-miss-france-2017-guyane

 

« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville, ancien

conseiller au parlement de Rouen

rue Saint-Pierre près du rempart

à Paris

et s'il n'y est pas

à sa terre de Launay par Rouen.

Aux Délices 20 décembre [1761] 1

J'ai peur mon ancien ami de ne vous avoir pas remercié de la Description du presbytère 2. Je crois que Corneille aurait mieux réussi s'il avait eu votre Launay à peindre . Il lui fallait de beaux sujets . Cinna inspirait mieux que Pertharite . Ce Corneille m'a coûté tant de soins, il a fallu écrire tant de lettres, envoyer tant de paquets à l'Académie, que je ne sais plus où j'en suis . La correspondance a pris tout mon temps . Il se pourrait très bien que je ne vous eusse point écrit . Si j'ai fait cette faute, pardonnez-la-moi . Nous allons poser bientôt les fondements du petit mausolée que nous élevons à la gloire de votre concitoyen, du père de notre théâtre, de ce théâtre que maître Dains et maître Fleury veulent absolument excommunier , de ce théâtre qui peut-être est la seule chose qui distingue la France des autres nations , de ce théâtre dont on adore les actrices qu’ensuite on jette à la voirie, etc.  etc.

Enfin Mlle Corneille a lu Le Cid . C'est déjà quelque chose . Vous savez que nous l'avons prise au berceau ? Nous comptons qu'elle jouera ce printemps Chimène sur notre théâtre de Ferney . Elle se tire déjà très bien du comique . Il y a de quoi en faire une Dangeville . Elle joue des endroits à faire mourir de rire, et malgré cela elle ne déparera pas le tragique . Sa voix est flexible, harmonieuse et tendre . Il est juste qu'il y ait une actrice dans la maison de Corneille .

Pour Mme Denis c'est bien dommage qu'elle n'exerce pas le talent plus souvent . Elle est admirable dans quelques rôles . Mais il est plus aisé de bâtir un théâtre que de trouver des acteurs . J’aimerais mieux avoir un procès à solliciter que des acteurs à rassembler . C'est beaucoup d'avoir trouvé quelquefois au pied des Alpes de quoi composer une assez bonne troupe . J'ai pris le parti de me bien amuser sur la fin de ma vie, de faire à la fois les pièces, le théâtre et les acteurs . Cela fait une vie pleine ; pas un moment de perdu . Dieu a eu pitié de moi . Mon cher et ancien ami réjouissez-vous tant que vous pourrez . Tout ce qui n'est pas plaisir est pitoyable . Êtes vous à Paris ? êtes-vous à Launay ? Je n'en sais rien . En quelque endroit que vous soyez, je vous aime de tout mon cœur .

V. »

1 Année ajoutée par Cideville .

 

18/12/2016

je crois que nous avons perdu la cervelle depuis cinq ans

... Si même  Voltaire le dit, c'est vrai, et pourtant il ne connait personnellement aucun de ceux qui ont mené la pays, de ceux qui ont manifesté à tort et à travers, des fraudeurs de tout acabit, des pollueurs de cervelles petits et grands .

Un nouveau quinquennat suffira-t-il pour compenser nos pertes neuronales ? J'ai comme un doute . Les pessimistes disent qu'on est fichus (et non pas hijabs), les optimistes retroussent leurs manches (sans raccourcir leurs bas de pantalons) .

Alors, au boulot, et vite !

 Afficher l'image d'origine

Dégâts collatéraux !

 

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

[19è décembre 1761, aux Délices] 1

L'emploi des coupons monsieur et d'une somme d'argent égale sera un bien petit objet, et je n'osais pas mettre si peu de chose sur la tête de Mlle Corneille . Mais puisque vous croyez la chose convenable, on peut toujours lui faire ce léger avantage sans préjudice de ce qu'on doit faire pour elle, et Mme Denis à qui j'en ai parlé approuve beaucoup cette disposition . Ainsi les faiseurs joindront le nom de Corneille à celui de Voltaire , et me feront sans doute trop d’honneur . Mlle Corneille se nomme Marie, et moi François . Je supplierai seulement que ce soit M. de Laleu mon notaire qu'on choisisse pour faire le contrat . Savez-vous qui est chargé à Lyon des affaires de M. le cardinal de Bernis ? Et votre ville de Lyon, fournira-t-elle un vaisseau au roi ? Passe pour Paris, puisqu'elle a un vaisseau dans ses armoiries . Nous sommes réduits à d’étranges extrémités . Nos villes se mettent à bâtir des vaisseaux pour les Anglais ! On dit des choses fort singulières de la cervelle du roi de Prusse . Je ne les crois pas, mais je crois que nous avons perdu la cervelle depuis cinq ans . Tout irait mieux mon cher monsieur si on avait été aussi sage que vous l’êtes . Les Délices font mille tendres compliments à votre maison.

V. »

1 Datée par Tronchin .

 

17/12/2016

Vous daignez faire tomber sur moi un peu de vos faveurs . Vous savez combien j'en sens le prix

... Dit d'un air pincé Fillon ( ces trois mots forment un pléonasme ) à Sarkozy au soir du premier tour des primaires . Les faveurs d'un Sarko ne valant pas tripette si  elles ne sont pas rendues par avance au centuple, je vous laisse estimer ce que vaut l'appui du vacancier thaïlandais .

 Afficher l'image d'origine

Pas possible ! pour être menteur comme ça, c'est inné ou il a pris des cours ?

 

 

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

Aux Délices 19 décembre [1761]

Je prends le parti d'adresser ma lettre chez M. de Pont-de-Veyle 1, car c'est chez l'amitié qu'on doit trouver M. de La Marche . L'amitié a toujours été à la tête de vos vertus . Je ne me trouve pas mal de ce beau penchant que vous avez dans votre cœur . Vous daignez faire tomber sur moi un peu de vos faveurs . Vous savez combien j'en sens le prix . Vous m'avez bien échauffé l’âme par votre apparition à Ferney, et puis vous voilà de moitié avec moi dans le monument que j'élève à Corneille . Vous ne sauriez croire à quel point je suis enchanté de tant de bontés . Quand vous aurez fini toutes les affaires qu'on a toujours à Paris, rempli bien des devoirs, fait et reçu bien des visites, quand vous serez oisif, n'est-il pas vrai que vous lirez mon œuvre des six jours ? Vous ne serez pas fâché d'y trouver un peu de religion . Il est vrai qu'elle n'est pas chrétienne mais elle a son mérite, et comme disait feu l'empereur de la Chine au jésuite Parennin, toutes les religions tendent au même but qui est de suivre la raison universelle, et de n'avoir point à se reprocher en mourant d’avoir insulté et obscurci cette raison 2. Voilà de belles paroles pour un Chinois qui renvoyait nos missionnaires . Je me flatte que vous ne trouverez pas dans mon œuvre des six jours une autre morale, et qu'il y a une religieuses qui vous attendrira . Si je ne peux avoir l'honneur de vous faire ma cour cet hiver du moins mes enfants vous la feront . J'ai dans l'idée que vous pourriez bien passer dorénavant vos hivers à Paris et vos étés à La Marche . Me trompai-je ? Je suis bien homme à vous rendre mes hommages les étés . Mais je ne prévois pas que je puisse jouir de ce bonheur longtemps . Je pourrai tout au plus m'échapper quelques jours . Ce ne seront pas mes travaux champêtres , mon église, et mon théâtre qui me retiendront . Ce sera Corneille . Nous allons commencer l'édition, et il n'y aura pas moyen de quitter . Je vous remercie encore une fois de la bonté que vous avez de permettre que vos protégés embellissent cette édition . Je voudrais être bientôt quitte de tant de vers pour venir entendre et lire votre prose . Il me semble que vous élèveriez et que vous échaufferiez mon âme, elle est remplie pour vous du respect le plus tendre depuis environ cinquante ans .

V. »

1 Note de l'édition Correspondance inédite : « M. de La Marche avait en effet conservé une liaison intime avec Pont-de-Veyle, son condisciple ... »

2 Ce passage fait penser au « catéchisme chinois » du futur Dictionnaire philosophique .

 

16/12/2016

il n'y a pas de patience d'ange qui puisse y tenir

... En écoutant la requête du pape François à Anne Hidalgo : « Je vous prie de bien vouloir prier pour moi ou de penser à moi en bien et de m'envoyer une onde positive. » . L'onde, avec un chèque, ou sans ? Et prier qui ?

Et de moi, qui en pense du bien ? et si c'est le cas, faites comme Galileo, envoyez moi une onde utile et réelle qui me permette de me situer .

 hidalgo pape.png

François, tout pape que tu sois,  méfie-toi, comme Jean-Paul II,  elle peut te mettre à poil !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

17 décembre 1761 1

Ils diront, ces anges, il n'y a pas de patience d'ange qui puisse y tenir, nous avons là un dévot insupportable . Renvoyez-moi donc votre exemplaire, et prenez celui-là . Je ne sais plus qu'y faire . Mes tutélaires je suis à bout, excédé, rebuté sur l'ouvrage . Mais croyez-moi le succès est dans le sujet . S'il est intéressant, il ne peut pas l'être médiocrement . S'il n'y a point d'intérêt, rien ne peut l'embellir .

La tête me fend, et si Cassandre ne vous plait pas vous me fendez le cœur .

Mais ce marquis d'Excideuil 2, ce prince de Chalais ambassadeur à Moscou avec le sieur Roussel ? Je le recommande à vos bontés . »

1 L'édition de Kehl et suivantes remplacent le dernier paragraphe par le texte de la lettre du 27 décembre 1761 aux mêmes .

 

15/12/2016

Nous avons sous les yeux une lettre de M. de Voltaire

... Ou plus exactement, ce jour, nous aurions pu lire une lettre de Voltaire ...

J'aime son écriture et ses idées . Un de mes rêves , avoir une de ses lettres, un jour, qui sait ...

 Afficher l'image d'origine

 

 

« A René Jourdan de Launay 1

[vers décembre 1761]

[Son commentaire sur Corneille lui prendra encore deux ans ; il en aura alors soixante-neuf, et il est trop vieux et trop attaché à la paix et au silence pour souhaiter retourner à Paris]2

De Voltaire

gentilhomme ordinaire du roi . »

2 Les indications fournies proviennent des Mémoires secrets du 26 février 1762, où elles sont précédées des mots suivants : « Nous avons sous les yeux une lettre de M. de Voltaire [...] »