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24/04/2018

Permettez que je vous informe de ce qui vient de m’arriver avec M. Makartney

... je viens de commencer la journée en écoutant Another day , que je ne connaissais pas encore, ça me donne le blues , comme il dit "It's just another day / So sad, so sad / Sometimes she feels so sad ", et je me réjouis avec "With a little luck" , que je dédie à Mam'zelle Wagnière qui me manque terriblement :

With A Little Luck, We Can Help It Out.
Avec un peu de chance nous pouvons nous rendre utile
We Can Make This Whole Damn Thing Work Out.
Nous Pouvons résoudre ce fichu problème
With A Little Love, We Can Lay It Down.

https://www.youtube.com/watch?v=oJlwuha_TG0

 

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Epanouissons-nous ensemble

 

 

« A César-Gabriel de Choiseul, duc de Praslin 1

1er mai [1763] aux Délices 2

Monseigneur,

Permettez que je vous informe de ce qui vient de m’arriver avec M. Makartney, gentilhomme anglais très jeune, et pourtant très sage ; très instruit, mais modeste ; fort riche et fort simple , et qui criera bientôt en parlement mieux qu’un autre. Il m’a nié que vous eussiez des bontés pour moi . Je me suis échauffé . Je me suis vanté de votre protection. Il m’a répondu que si je disais vrai, je prendrais la liberté de vous écrire. Il m'en a défié . Je n'ai pu alors me contenir . J’ai les passions vives, pardonnez-donc, Monseigneur, au zèle, à l’attachement, et au profond respect du vieux montagnard.

Voltaire. »

1 Nouveau nom de Choiseul .

2 Le destinataire est parfois identifié, à tort, comme le duc de Richelieu ; le manuscrit aurographe est passé en dernier lieu à la vente Parke-Bernet le 2 février 1971 .

23/04/2018

Il trouve notre nation fort drôle ; il dit que sitôt qu’il paraît une vérité parmi nous, tout le monde est alarmé comme si les Anglais faisaient une descente

... Allusion à une déclaration de Mister Trump Donald ? Non, ce serait trop beau ! alors qu'il reçoit notre président , et qu'il est par ailleurs si peu doué pour l'humour et encore moins pour l'esprit .

 

 

« A Claude-Adrien Helvétius

1er mai 1763 1

Voici, mon illustre philosophe, un gentilhomme anglais très instruit, et qui par conséquent vous estime. Je me suis vanté à lui d’avoir quelque part à votre amitié ; car j’aime à me faire valoir auprès des gens qui pensent . M. Makartney pense tout comme vous ; il croit, malgré Omer et Christophe, que si nous n’avions point de mains 2, il serait assez difficile de faire des rabats à Christophe et à Omer, et des sifflets pour les bourdons de Simon Le Franc, favori du roi, etc., etc., etc. Il trouve notre nation fort drôle ; il dit que sitôt qu’il paraît une vérité parmi nous, tout le monde est alarmé comme si les Anglais faisaient une descente.

Puisque vous avez eu la bonté de rester parmi les singes, tâchez donc d’en faire des hommes. Dieu vous demandera compte de vos talents, vous pouvez plus que personne écraser l’erreur, sans montrer la main qui la frappe. Un bon petit catéchisme 3 imprimé à vos frais par un inconnu, dans un pays inconnu, donné à quelques amis qui le donnent à d’autres , avec cette précaution, on fait du bien et on ne craint point de se faire du mal, et on se moque des Christophe, des Omer, etc., etc., etc., etc.

Jean-Jacques dit, à mon gré, une chose bien plaisante, quoique géométrique 4, dans sa Lettre à Christophe, pour prouver que, dans notre secte, la partie est plus grande que le tout. Il suppose que notre Sauveur Jésus-Christ communie avec ses apôtres . En ce cas, dit-il, il est clair que Jésus mit sa tête dans sa bouche. Il y a par-ci par-là de bons traits dans ce Jean-Jacques.

On m’a envoyé ces deux extraits de Jean Meslier. Il est vrai que cela est écrit du style d’un cheval de carrosse ; mais qu’il rue bien à propos ! et quel témoignage que celui d’un prêtre qui demande pardon en mourant d’avoir enseigné des choses absurdes et horribles ! Quelle réponse aux lieux communs des fanatiques qui ont l’audace d’assurer que la philosophie n’est que le fruit du libertinage !

Oh ! si quelque galant homme, écrivant avec pureté et avec force, donnant à la raison les grâces de l’imagination, daignait consacrer un mois ou deux à éclairer le genre humain ! Il y a de bonnes âmes qui font ce qu’elles peuvent, elles donnent quelques coups de bêche à la vigne du Seigneur ; mais vous la feriez fructifier au centuple – amen !

Toutefois ne faites point apprendre à vos enfants le métier de menuisier ; cela me paraît assez inutile pour l’éducation d’un gentilhomme 5.

Vale . Je vous estime autant que je vous aime. »

1 Dans l'édition de Kehl cette lettre apparaît deux fois à des dates différentes, dont la seconde en 1765 .

2 De l'Esprit, I, chapitre 1 : « Si la nature, au lieu de mains et de doigts flexibles, eût terminé nos poignets par un pied de cheval, qui doute que les hommes, sans arts, sans habitations, sans défense contre les animaux, tout occupés du soin de pourvoir à leur nourriture et d’éviter les bêtes féroces, ne fussent encore errants dans les forêts comme des troupeaux fugitifs ? », voir : https://fr.wikisource.org/wiki/De_l%E2%80%99Esprit/Discours_1/Chapitre_1

3 V* travaillait au Catéchisme de l'honnête homme : https://fr.wikisource.org/wiki/Cat%C3%A9chisme_de_l%E2%80%99honn%C3%AAte_homme

4 C'est-à-dire démonstrative .Voir : http://www.cnrtl.fr/definition/g%C3%A9om%C3%A9trique

5 Comme dans l'Emile .

22/04/2018

Une douzaine d’êtres pensants, à la tête desquels vous êtes, empêche que la France ne soit la dernière des nations

... Dédicace à Emmanuel Macron .

Ca me fait penser qu'on n'a pas dit la même chose à Jésus, si j'en crois mon catéchisme , et pour cause, les apôtres n'étant pas réputés pour leur savoir et leur réflexion, de plus la France n'était que la Gaule  ! Je souhaite une fin plus heureuse à notre président .

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

1er mai [1763] 1

Mon cher et grand philosophe, je suis aveugle quand il neige, et je commence à voir quand la terre a pris sa robe verte. Vous me demandez ce que je fais . Je vois et je voudrais bien vous voir : comptez que c’est un très grand plaisir d’avoir les yeux crevés pendant quatre mois ; cela rend les huit autres délicieux. Je souhaite que madame du Deffand puisse avoir mon secret. Quand je serai aveugle tout à fait, je lui écrirai régulièrement ; mais je ne suis pas encore digne d’elle .

J’ai lu la Poétique 2 dont vous me parlez : on voit que c’est un philosophe-poète qui a fait cela. Si vous ne le faites pas intrare in nostro docto corpore 3 à la première occasion, en vérité, messieurs, vous aurez grand tort. Il faut qu’il entre, et qu’ensuite Diderot entre ; et si Jean-Jacques avait été sage, Jean-Jacques aurait entré ou serait entré ; mais c’est le plus grand petit fou qui soit au monde. Il y a des choses charmantes dans sa  Lettre à Christophe : il lui prouve que le tout est plus petit que la partie chez les papistes , il prétend qu’il est très vraisemblable que Christ en instituant la divine eucharistie, mangea de son pain bénit, et qu’alors il est visible qu’il mit sa tête dans sa bouche . Mais nous répondrons à cela que la tête dans le pain n’était pas plus grosse qu’une tête d’épingle. Au reste Jean-Jacques parle un peu trop de lui dans sa lettre ; il assure que tous les États policés lui doivent une statue . Il jure qu’il est chrétien, et donne à notre sainte religion tous les ridicules imaginables. Il y a un petit mot sur Omer Fleury ; il soupçonne Omer d’être un sot, mais ce n’est qu’en passant : Christophe et Christ sont ses grands objets. Luc lui donne un habit par an, du bois et du blé, et il vit dans son tonneau assez fièrement à Môtiers-Travers, entre deux montagnes.

Pour Simon Le Franc, apprenez qu’on se moque de lui à Montauban comme à Paris . On y chante sa chanson, et il fait de nouveaux cantiques hébraïques dans sa belle bibliothèque. Depuis Montmaur 4, l’abbé Malotru 5 et M. Chiempot la Perruque 6, personne n’a plus égayé sa nation.

Si vous allez voir Luc, passez par chez nous : vous trouverez que Genève a fait de grands progrès, et qu’il y a plus de philosophes que de sociniens. Luc est l’ami de votre impératrice ; rien ne vous empêchera d’aller voir votre Catherine. Vous serez plus fêté, plus honoré que tous nos ambassadeurs . Mais repassez par chez nous en revenant. Je vous avertis que toute la cour de Catherine joue des pièces françaises. Bientôt on parlera français chez les Kalmoucks. Ce n’est pourtant ni à messieurs du parlement, ni à messieurs des convulsions, ni à nos généraux, ni à nos premiers commis qu’on doit cette petite distinction. Une douzaine d’êtres pensants, à la tête desquels vous êtes, empêche que la France ne soit la dernière des nations. Continuez, mon cher philosophe, à lui faire honneur ; jouissez de votre considération personnelle et de votre noble indépendance. C’est à vous qu’il appartient de rire de tout, car vous vous portez bien, et je ne suis qu’un vieux malade. Au surplus, écrasez l’infâme.

Nota bene Voici un jeune anglais digne de vous voir et qui veut vous voir . C’est M. Makartney 7, savant pour son âge, philosophe, et qui brillera comme un autre et mieux qu’un autre en parliament. Je prends la liberté de recommander liberum hominem homini libero 8

V.»

1 La lettre à laquelle V* répond ici n'est pas connue .

2 La Poétique française, de Marmontel .

3 Le Malade imaginaire, intermède, acte III .

4 Sans doute le « parasite Montmaur », objet de virulentes satires, à savoir Pierre de Montmaur, professeur de langue grecque au Collège Royal .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_de_Montmaur

5 Note de Beuchot : « Dans des recueils manuscrits de chansons et autres pièces [sans doute le chansonnier Clérambault-Maurepas], de 1711 à 1727, on en trouve une intitulée : Portrait de l'abbé Malotru , avec un abrégé de l'histoire de sa vie, dédié à M. l'abbé de Saint-Martin. L'abbé [Michel] de Saint-Martin est bien connu par la Mandarinade, 1738-1739 . né à Saint Lô en 1614, il est mort en 1687 . quant à l'abbé Malotru, il paraît qu'il était protonotaire et écuyer, et auteur de diverses pièces . Il habitait peut-être Caen . »»

7 George Macartney, plus tard comte Macartney (1737-1806) , allait comme envoyé extraordinaire à Saint Pétersbourg ; il n'entra jamais au parlement . Sur sa visite, voir de Beer-Rousseau .

8 Un homme libre à un homme libre .

21/04/2018

Mieux vaut condescendance qu'opiniâtreté

... Ce me semble être la ligne de conduite des ZADistes de NDDL qui , enfin, acceptent de suivre une voie légale pour stopper cette guéguerre stupide et couteuse dans laquelle ils s'engluaient en dépit du bon sens .

 

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C.. comme la lune !

 

« A Gabriel Cramer

[avril-mai 1763]

Je suppose caro que vous avez mis les cartons nécessaires dans les envois faits à Dijon . Cela est d'une conséquence extrême . On m'apprend que Messieurs 1 de Paris doivent engager Messieurs de Dijon à proscrire la vérité . Le tapage augmente chez Messieurs . Ils disent nous fournissons des mémoires exacts, qu'on ait du moins l'attention de s'y conformer , cela est pourtant raisonnable . Il vaut mieux corriger deux chapitres que de voir toute votre édition saisie et elle le serait infailliblement .

Prêtons-nous donc aux faiblesses des hommes et surtout de Messieurs . Mandez qu'on suspende le débit . Je n'étais pas de cet avis , mais je suis forcé à présent d'en être . Mieux vaut condescendance qu'opiniâtreté 2.

Interim vale et me ama . »

1 Les membres du parlement ; voir aussi : http://www.cnrtl.fr/definition/messieurs

20/04/2018

J'ai renoncé à Stilicon comme le public

... Oui, comme Voltaire et le public du XVIIIè , Stilicon valley, très peu pour moi, Bill Gates and Co ne méritent pas que je  fasse le voyage, l'ultraconnection, à d'autres ! le big crash viendra remettre le papier et le crayon d'actualité peut-être plus tôt que sont capables de vous  dire vos applications d'assistés permanents .

Ne pas oublier,  le côté obscur de la Ugly valley  , ça buggue à tout va : https://www.20minutes.fr/culture/2215187-20180205-brotopi...

 

 

 

« A Gabriel Cramer

Je ne commenterai que Le Comte d'Essex et Ariane . J'ai renoncé à Stilicon comme le public . Je crois qu'il faut honorer les deux pièces de Thomas de deux estampes . Si on l'en privait ce serait le trop traiter en cadet de Normandie .

À l'égard d'Olympie je ne demande point d'estampe . Un jour viendra peut-être que nous en aurons, mais comme on a déjà imprimé cette pièce bonne ou mauvaise en Allemagne je pense cher caro que vous devez vous dépêcher plutôt que de reculer .

Bonsoir mon cher caro .

Samedi [avril-mai 1763] »

19/04/2018

Il est bien singulier qu'une lettre adressée à un secrétaire d'un ministre ne lui parvienne pas

... Du coup, le président de la république doit se rendre en personne sur le terrain , au contact d'énervés grévistes et autres mécontents de tout poil .

Signalons au passage que les ZADistes de NDDL se dispensent de tout courrier et préfèrent la manière forte, manière de voyous, plutôt que de suivre la voie légale qui leur est offerte ; je serai curieux de voir leurs réactions quand des sans-foi-ni-loi viendront à leur tour s'installer en force sur leurs terres mal acquises .

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Utile, mais est-ce bien toujours nécessaire ?

 

 

« A Philibert-Charles-Marie Varenne de Fénille, Secrétaire 1

de Mgr le Contrôleur général

à Paris

Aux Délices 29è avril 1763

Assurément, monsieur, je vous ai répondu et j'ai glissé même des vers dans ma réponse 2, en trouvant les vôtres fort jolis, et en étant fort honteux des miens . J'ai adressé la lettre de la même manière que celle-ci . Elle n'était pas de mon écriture . J'étais alors presque aveugle , et à présent je ne suis que presque borgne . Voilà deux paquets sur lesquels je présume que la poste m'a fait quelques infidélités . Il serait bon de s'en instruire . Il est bien singulier qu'une lettre adressée à un secrétaire d'un ministre 3 ne lui parvienne pas . Ma lettre ne valait pas la peine d'être interceptée . Je vous demande en grâce d'aller aux informations . Votre très humble et très obéissant serviteur

V.

La lettre était de cette écriture-ci . »

2 Cette lettre ne nous est pas parvenue .

3 Jean-François-Claude Perrin de Cypierre, baron de Chevilly, intendant d'Orléans : https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_intendants_de_la_g%C3%A9n%C3%A9ralit%C3%A9_d%27Orl%C3%A9ans

 

18/04/2018

Voilà les beaux jours qui arrivent

...

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Eclatez-vous !

 

« A Alessandro Collini, Secrétaire

intime, historiographe de Son Altesse Électorale

à Manheim .

26 avril [1763] 1

  Mon cher historiographe, j’ai reçu votre petit paquet 2, et je vous en remercie. Je vous prie de me faire un second envoi, et de régaler Mme Defresney 3 d’un exemplaire. Ayez la bonté de lui écrire un petit mot . Cette attention et le présent que vous lui ferez d'un exemplaire l’engagera à me faire tenir les paquets sans se rebuter.

Voilà les beaux jours qui arrivent . Que ne puis-je venir vous voir ! Mais je suis dans ma soixante-dixième année, et il faut que j’achève l’édition de Corneille ?

Mettez-moi aux pieds de Leurs altesses Électorales . »

1 L'édition Collini donne une version incomplète et inexacte . La date est complétée par Collini sur le manuscrit .

2 Des exemplaires d'Olympie .