31/05/2018
J'ai cru découvrir des idées neuves dans vos réflexions
... En dirai-je autant après l'allocution présidentielle de ce jour inaugural ?
... Ce 31 mai 1778, Voltaire fait un de ses derniers voyages, dans un carrosse, privé de son coeur et de son cerveau .
... Ce 31 mai 2018, Emmanuel Macron fait un de ses nombreux voyages, par avion et voiture officielle, nanti de son coeur et de toute sa cervelle, fort heureusement .
L'un va à son tombeau, l'autre au château du premier .
Un président va louer les qualités d'un royaliste qui lui-aussi avait quelques qualités républicaines .
Fête au château , officielle, avant qu'il reprenne son rôle de témoin-phare de la tolérance . Toutes les nationalités y sont bienvenues, comme au temps de l'Aubergiste de l'Europe, il n'est qu'à lire les livres d'or pour le vérifier .
Il y a huit ans, au dessus du château, le soleil chasse la brume
« A Charles Palissot de Montenoy
J'ai tardé longtemps à vous répondre, monsieur, et à vous remercier ; mais je n'ai pas toujours les yeux : ils sont, comme l'imagination, sujets à la faiblesse et à l’inégalité . Je suis alternativement aveugle , borgne, et voyant : voilà ce que me vaut le climat des Alpes . Je veux lire vos ouvrages au plus vite, à présent que je suis dans l'intermittence de mes fluxions . J'ai déjà entrevu des beautés qui me donnent plus d'envie que jamais de n'être point aveugle .
J'ai cru découvrir des idées neuves dans vos réflexions sur les premiers temps de l'histoire romaine 1. Dès que le livre sera revenu de Genève, où je le fais relier dans le goût de ma petite bibliothèque ( car je n'en ai pas une si belle que celle du marquisat de Pompignan) , je lirai vos trois tomes avec le plaisir que tous vos ouvrages doivent donner : celui de les tenir de vous m'est bien plus précieux . Pardonnez à ma faible vue si je n'entre pas dans de plus longs détails, et comptez, monsieur, sur tous les sentiments , etc.
Aux Délices, 31 mai 1763. »
1Le troisième tome des Œuvres de M. Palissot consiste en une réédition de l'Histoire des rois de Rome, sous le titre d’Histoire des premiers siècles de Rome .
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On ennuie parfois ses protecteurs
...Ce qui ne sera pas le cas du château de Voltaire envers Emmanuel Macron, qui je l'espère sera accompagné de son épouse . Une journée consacrée à Voltaire et son aura internationale ne sera pas de trop dans notre histoire singulièrement tourmentée actuellement .
Je garde précieusement mon carton d'invitation, ce n'est pas tous les jours qu'on est invité par le président de la République ... Je ne sais quand je pourrai visiter à nouveau un lieu, unique à mes yeux à plus d'un titre, qui doit être un trait d'union pour tous ceux qui reconnaissent le génie et l'humanité voltairienne . Mam'zelle Wagnière, puissiez vous y aller, j'en serais heureux .
Que faro senza voi ?
https://www.youtube.com/watch?v=0bUAM0ER-Dw
« A César-Gabriel de Choiseul, duc de Praslin
Aux Délices30 mai [1763]
Monseigneur,
Pardon de mes indiscrétions . On ennuie parfois ses protecteurs .
On me mande des bureaux de M. le comte de Saint-Florentin que c'est à lui qu'il faut s'adresser pour la requête présentée par Mme Denis au roi, aux fins d'obtenir attribution au Conseil des causes concernant les droits de la terre de Ferney établis sur les traités etc. Je n'ose vous supplier monseigneur de faire parvenir à M. de Saint-Florentin la dite requête honorée d'un mot de recommandation .
Il ne s'agirait que de dire à un de vos secrétaires, Portez cela et recommandez cela à M. de Livy, premier commis des bureaux de M. de Saint Florentin .
Je vous demande pardon de mes instances, répétitions, requêtes ; je tâche pourtant d'être court .
Lorsque je serai bavard, ce sera pour vous dire combien je vous suis attaché, et pour vous témoigner le respect et la reconnaissance qui sont pour vous monseigneur dans le cœur de ce vieux Suisse .
V.
N.B. – J'ai pris la liberté de vous adresser le 28 mai un gros paquet pour M. d'Argental 1. »
1 Voir lettre du 28 mai à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/05/26/ce-sont-des-pates-tout-chauds-assez-insipides-qui-sortent-du-6054720.html
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30/05/2018
Mais avec quoi n'ai-je pas de la peine ?
... Ami Voltaire, tu t'es bien battu tout au long de ta vie, et ce jour nous devons rappeler ton décès il y a deux cent quarante ans . Quelques semaines avant cette nuit fatale, tu écrivais , en le pensant sincèrement :
"Je meurs en adorant Dieu, en aimant mes amis, en ne haïssant pas mes ennemis, en détestant la superstition."
Et ton dernier écrit, le 26 mai 1778, alors que l'agonie approche , est un encouragement et un geste d'amitié : "« Au chevalier Trophime-Gérard de Lally-Tollendal
Le 26 de mai
Le mourant ressuscite en apprenant cette grande nouvelle ;[l’arrêt du parlement qui avait condamné le père naturel du chevalier venait d’être cassé . V* « ressuscite » effectivement . Les éditeurs de Kehl notent que V* « était au lit de mort… sembla se ranimer pour écrire ce billet ...; il retomba après l’avoir écrit, dans l’accablement dont il n’est plus sorti… »] il embrasse bien tendrement M. de Lally ; il voit que le roi est le défenseur de la justice ; il mourra content. »
Je pense que la venue d'Emmanuel Macron, demain matin au château de Voltaire sera un signe important pour le monde culturel et plus encore pour souligner les valeurs prônées par le Patriarche : liberté, amitié et tolérance .
Ah ! que ne puis-je y être ! J'en rêve depuis trois ans ... That's life !...
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
30 mai [1763]
Mes saints anges je vous ai envoyé des Olympie, des Zulime, sous l'enveloppe de M. le duc de Praslin, et cependant j'ignore si vous les avez reçues . Notre résident m'a dit qu'on lui arrêta un jour à la poste de Paris un livre qu'il envoyait à M. de Sainte-Foy sous le couvert de M. le duc de Praslin . Rien n'est sacré . Je vous avertis que dans l'un de mes deux paquets il y avait une lettre assez importante du moins pour moi, que je vous adressais à cachet volant pour M. le président de Mesnières . J'ai cessé de vous écrire mes anges par la voie de M. de Courteilles parce que je sais qu'il est à la campagne .
J'attends vos ordres pour savoir comment je dois m'y prendre pour continuer à vous soumettre mes pensées et mes sentiments .
Mais comment vont vos yeux ? J'ai bien de la peine avec les miens . Mais avec quoi n'ai-je pas de la peine ?
À l'ombre de vos ailes . »
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29/05/2018
Si la chose est juste et facile, nous implorons votre protection
... Ce qui n'enlève rien au mérite du protecteur .
Mamoudou Gassama, en sauvant un petit garçon et mettant en péril sa propre vie, n'a demandé la protection de personne, mais il est mille fois juste qu'Emmanuel Macron fasse en sorte qu'il soit aidé, récompensé et mis en valeur .
[Quant au voisin, je le trouve un peu gonflé quand il déclare : "J'espère revoir Mamoudou pour le féliciter de cet exploit, qu'on a accompli ensemble. ". Mon cher, l'intention ne vaut pas l'action , jamais , hormis peut être dans la liste des péchés à confesser . ]
https://www.ouest-france.fr/societe/faits-divers/qui-est-...
Qu'en disent tous ceux qui vitupèrent contre les migrants ?
« A César-Gabriel de Choiseul, duc de Praslin
Aux Délices 28 mai [1763]
Monseigneur,
Je n'ai point vu ce qu'on a imprimé de la Gazette littéraire ; mais s'il est vrai comme on me le mande qu'elle se contente de donner une notice des livres nouveaux, et qu'elle n'entre dans aucun détail intéressant, je crains qu'elle n'ait pas un grand succès .
L'intérêt que vous daignez y prendre a pu seul m'animer .
Permettez que j’adresse ce paquet pour vos amis sous votre enveloppe .
Voudriez-vous avoir la bonté d'ordonner qu'on m'envoyât les premières feuilles de la Gazette littéraire sous contreseing ?
J'ai eu l'honneur de vous envoyer une requête de Mme Denis 1. Elle est de votre ressort . Si la chose est juste et facile, nous implorons votre protection .
Agréez monseigneur le respect et l'attachement
du vieux bonhomme des Alpes .
V. »
1 La protection que demande V* concerne ses droits sur Ferney ; voir lettre du 14 mai 1763 à Choiseul-Praslin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/05/08/il-faudrait-que-nous-fussions-bien-malheureux-si-nous-ne-reu-6049690.html
et celle du 23 mai 1763 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/05/21/il-y-aurait-peut-etre-une-autre-tournure-a-prendre-ce-serait-6053401.html
Voici la réponse de Choiseul-Praslin, courtoise , mais en forme de fin de non recevoir partielle : « A Versailles le 29 mai 1763./ J'ai reçu, monsieur, la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire le 14 de ce mois, ainsi que le mémoire et la copie du brevet qui y étaient joints . Je me suis fait représenter tous les papiers relatifs à ce qui a été fait en votre faveur en 1759, et j'y ai vu que l'on avait jugé alors ne pas devoir particulariser davantage, et étendre le brevet qui vous était accordé pour éviter les plaintes des tiers, et surtout celles que le parlement de Bourgogne aurait pu faire . Les privilèges des terres appelées de l'ancien dénombrement, ont été conservés lors du traité de Lyon en faveur des étrangers qui les possédaient, et qui passaient sous une domination qu'on voulait leur rendre aussi douce que celle qu'ils quittaient . Mais vous imaginez bien qu'on s'est proposé d anéantir ces privilèges à mesure que les dites terres changeraient de maîtres et viendraient à appartenir à des sujets du roi . Le brevet que M. le duc de Choiseul vous a fait accorder en1759, maintient Mme Denis et vous monsieur dans ces mêmes prérogatives, mais elles ne sont exprimées que pour vos personnes seulement et non pour les possesseurs qui vous succèderaient à la seigneurie de Ferney . Il semble donc qu'il n'y a rien à ajouter à ce brevet, et qu'il ne saurait manquer d'avoir tout son effet à quelque tribunal que vous soyez dans le cas de le présenter . Pour ce qui est des dîmes inféodées, le roi ayant donné en 1757 un arrêt qui défend aux parlements d'en connaître, si c'est là le procès que vous fait votre curé, cette arme doit vous suffire contre lui . Un arrêt particulier d'attribution vous serait superflu, et vous sentirez aisément qu’en justice il vaut mieux partir d'une règle générale que d'un privilège personnel . Au reste, monsieur, je puis vous répondre de toute la bonne volonté que nous mettrions M. le duc de Choiseul et moi s'il s'agissait de vous maintenir dans vos droits attaqués injustement, et puisque vous devez à ce ministre le premier titre de vos privilèges, je serai sûrement très aise de contribuer à vous en procurer la confirmation. / J'ai l'honneur d'être etc. »
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28/05/2018
Il est dur aux ouvriers de la vigne de manquer une façon
... quand la vigne est ravagée par la grêle , mais par contre il semble d'une facilité déconcertante aux ouvriers SNCF de se mettre en grève . On en arrive au point où le terme "ouvrier SNCF gréviste" est un pléonasme .
« A Etienne-Noël Damilaville, premier commis des
bureaux du vingtième
Quai Saint-Bernard
à Paris .
28 mai [1763]
Mon cher frère, je vous ai donné avis que je vous adressais deux Olympie, l’une sans précaution, l'autre avec la précaution de la mettre sous le couvert même de M. Jeannel .
Je retrouve l'article Idolâtrie . Ainsi voilà de la peine épargnée pour frère Platon .
J'ai toujours sur le cœur, le curé adressé à l'adepte de Bruc . Il est dur aux ouvriers de la vigne de manquer une façon, mais j'espère toujours en la miséricorde de Dieu qui bénira nos travaux .
Écrasez l'infâme . »
09:18 | Lien permanent | Commentaires (0)
27/05/2018
ce sont des pâtés tout chauds, assez insipides qui sortent du four
... C'est ce que je me dis en lisant, ou prenant connaissance par tout média, de nouvelles sans intérêt qui abondent, surabondent , débordent .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
28è mai [1763]1
Mes chers anges, voici deux Olympie et deux Zulime que je mets au bout de vos ailes, en vous suppliant d'en donner une à Mlle Clairon , à qui Zulime est dédiée . Je devrais vous envoyer cela proprement relié, mais il faudrait trois semaines à Genève ; ce sont des pâtés tout chauds, assez insipides qui sortent du four .
Je vous envoie, à cachet volant, mes remerciements, ma réponse, et mes modestes objections , à M. le président de Mesnières . Je vous surcharge de prose et de vers .
On me mande que la Gazette littéraire n'est qu'un ouvrage décharné, une simple notice des livres nouveaux . Si cela est , j'ai bien perdu mon temps, mais ce n'est pas le perdre que de vouloir vous plaire .
Est-il possible que vous donniez la préférence à Olympie sur Zulime ? Allons, il faut tout souffrir de ses anges . »
1 L'édition Cayrol date par erreur du 24 : voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-18.html
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26/05/2018
il me semble que le ministère mérite la confiance du public plus que des remontrances
... Et les gens de la SNCF qui veulent le beurre-l'argent-du-beurre-et-la-main-de-la-crémière devraient bien réaliser qu'ils sont en train [sic] d'avoir un effacement de dette pharaonique aux dépens de la population .
Quant à la "marée populaire" attendue ce jour, je pense que ce sera une vaguelette mourant sur la grève, pour surfeur de baignoire, en attendant de se passionner ridiculement pour le mondial de foot, exutoire banal de velléitaires menés comme des oies par des forts en gueule ( seule chose grandes chez eux ) tels Martinez et Mélenchon : destructeurs et négatifs patentés qui pètent plus haut que leurs culs .
« A Etienne-Noël Damilaville
On m’apprend, mon cher frère, que nous pouvons recevoir dans les pays étrangers des imprimés de Paris mais que nous ne pouvons pas y en envoyer dans votre ville . Je crains fort que vous n'ayez pas reçu l'Olympie que je vous ai expédiée ; je prends le parti d'adresser à M. Jeannel une Olympie pour vous ; j'ose me flatter qu'elle arrivera à bon port, et que M. Jeannel ne se servira des prérogatives que lui donne sa place, que pour favoriser un commerce aussi innocent que le nôtre .
Eh bien donc, y aura-t-il lit de justice comme on le dit , il me semble que le ministère mérite la confiance du public plus que des remontrances . J'embrasse tous les frères ; frère Thieriot ne m'écrit plus .
Écrasez l’infâme .
27è mai [1763] »
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