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04/06/2018

Il a peint un prêtre, et moi j’ai voulu peindre un bon prêtre ; je m’en rapporte à vous

... aurait pu dire Stéphane Bern : https://actu.orange.fr/societe/people/religion-le-coup-de...

 Le curé des loubards est venu avec son blouson, ses santiags et son humour décapant.

S'il est un bon prêtre sur terre, Guy Gilbert l'est selon mon coeur .

http://www.lest-eclair.fr/25479/article/2017-05-21/guy-gi...

 

 

« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville

4è juin 1763 au château de Ferney

par Genève 1

Mon cher et ancien camarade, toujours le même refrain, toujours les mêmes regrets de ce que Ferney n’est pas en Normandie, et Launay dans le pays de Gex . Nous sommes quatre à présent à Ferney, et nous ne pouvons courir , Madame Denis est languissante ; je le suis plus qu’elle, et je deviens aveugle . J’écris avec peine . Je vois à peine mes caractères, et je les forme gros pour me soulager . Vous êtes seul, vous avez de la santé, vous pouvez aller. Vous devriez bien un jour entreprendre le voyage  . Car enfin il faut se voir avant de mourir ; il est clair que nous ne converserons pas ensemble quand nous serons cinis, fabula et manes 2 . J’aurais bien voulu vous envoyer Olympie . Mais comment vous l’adresser ? il n’y a plus moyen d’envoyer aucun imprimé par la poste. La lettre de Jean-Jacques Rousseau à Christophe de Beaumont, archevêque de Paris, a mis l’alarme partout. On a ouvert et supprimé tous les paquets qui contenaient du moulé 3, de quelque nature qu’ils fussent  . Ainsi on a coupé les vivres de l’âme . Notre Corneille avance ; nous en sommes malheureusement à Bérénice. Vous savez qu’il ne sortit pas de ce combat à son avantage. Je fais imprimer la Bérénice de Racine avec des remarques qui m’ont paru nécessaires. J’en fais peu sur la pièce de Corneille . Vous savez qu’elle n’en mérite pas ; mais il faut tout pardonner à l’auteur de Cinna . Vous avez vu que j’étais dans le goût des remarques, par celles que j’ai faites sur Olympie . Elles sont un peu philosophiques. J’avais dès longtemps assez d’antipathie contre le rôle de Joad, dans Athalie. Je sais bien qu’en supposant qu’Athalie voulait tuer son petit-fils, le seul rejeton de sa famille, Joad avait raison . Mais comment imaginer qu’une vieille centenaire veuille égorger son petit-fils pour se venger de ce qu’on a tué tous ses frères et tous ses enfants ? cela est absurde  . Quodcumque ostendit mihi sic, incredulus odi 4. Le public n’y fait pas réflexion, il ne sait pas sa sainte écriture. Racine l’a trompé avec art ; mais, au fond, il résulte que Joad est du plus mauvais exemple. Qui voudrait avoir un tel archevêque ? Il a peint un prêtre, et moi j’ai voulu peindre un bon prêtre ; je m’en rapporte à vous . Adieu, mon cher ami ; nous vous aimerons tant que nous vivrons.

V. »

1 Cideville a écrit le 10 mai 1763 : « J'ai eu la bonne fortune, illustre et cher ami, d'entendre votre tragédie d'Olympie chez Mme du Boccage . M. Saurin, quelle ne connait point, était chargé , lui-dit-il, de la lui envoyer . Elle est imprimée à Francfort et un M. Collini, éditeur, dit ce me semble qu’elle a été représentée à Manheim devant l’Électeur . Elle nous fut lue par M. l'abbé Trublet . Je crus voir un de ces chanoines nègres, nu, comme la main, le bonnet carré en tête, n'ayant point pour tout surplis qu'une aumusse sur le bras, que peint si plaisamment Mme de Sévigné, forcé comme l'esprit immonde de chanter les louanges du Très-Haut ; en effet le pauvre diable chanta assez bien vos beaux vers et fut obligé avec tout le monde de les applaudir . Cette pièce, à quelques longueurs près que vous avez dit-on retranchées, me parut la digne cadette de ses sœurs ainées . […] Mais pourquoi donc ne pas nous envoyer cette belle tragédie, si pleine de mœurs et de bons sentiments ? Pourquoi ne pas la donner à prêcher à Clairon qui sera en état dans quelques mois d'en entretenir un nombreux auditoire ? […] Pour moi, mon cher ami, je suis totalement confisqué ; j'ai des vapeurs, j'ai un trouble dans la tête qui ne me permet plus de m'appliquer […] , on veut me faire revenir la goutte . Je prends depuis quinze jours des bains […] Je vais sur la fin du mois à Launay cultiver mon petit jardin. »

2 D'après Perse, Satires, I, 152 : cendre, manes et fantôme .

3 De l'imprimé ; moulé est le vieux mot dans ce sens, et survivait chez les paysans de la région parisienne de l'époque .

4 Tout ce qu'il me montre ainsi, ne me convainc ni ne me plait ; Horace, Art poétique, 188.

03/06/2018

Si vous consultez, expliquez nettement l'affaire

... Le corps soignant n'est pas un corps de devins, et surtout n'attendez pas d'être à l'agonie . Quelques affaires en rapport avec les services d'urgence montrent que la clarté est difficile quand on exprime une souffrance, hélas .

 

 

« A Joseph-Marie Balleidier

[vers le 3 juin 1763]1

Monsieur Balleidier peut occuper, subhaster, agir pour Mme Burdet . Je paierai les frais ayant de l’argent à elle sans me mêler d'autre chose que de payer .

Je lui ai remis l'extrait de la subhastation de Prévessin que monsieur Balleidier me rendra .

Par la coutume de Bourgogne tout père est usufruitier du bien de ses enfants . Reste à savoir s'il en est de même à Gex .

Par l'emprunt des 5000 fait par Frezier à sa femme, mère de la dame Burdet, il se soumet à payer cette somme aux ayants cause de sa femme . Ceci est un cas différent, la dame Burdet est ayant cause, et quand Frezier dit qu'il est usufruitier de cet argent, il plaide contre sa signature .

Il faut voir comment est conçue la quittance que ladite Burdet a déjà faite à son père de 1000 livres sur ce qui doit lui revenir de sa part des 5000 livres .

Si vous consultez, expliquez nettement l'affaire, envoyez à Dijon, je paierai les frais .

Voltaire . »

1 L'édition Vézinet est incomplète .Balleidier a noté sur le manuscrit : « De M. de Voltaire sans date reçue le 4 juin 1763 par la Burdet en conséquence et responsive à celle du 1er dud[it] ! »

02/06/2018

Je ne suis pas aujourd'hui dans mon bon jour

... Vivement demain !

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... que je me remplume ...

 

 

« A César-Gabriel de Choiseul, duc de Praslin

Au château de Ferney

par Genève 2è juin 1763

Monseigneur,

Mes anges me mandent que vous n'êtes pas mécontent de ma diligence, mais je ne sais point dans quel goût on fait la Gazette littéraire, si les extraits doivent être longs ou courts . Vous pouvez ordonner qu'on m'envoie cette gazette, afin que je me conforme à la méthode qu'on y suit . Je suis à sec pour la Suisse , elle vous fournira toujours plus de régiments que de livres nouveaux .

Je doute encore , malgré l'avis des bureaux de M. de Saint-Florentin, que je doive adresser ma requête à d'autres qu'à vous . Cette requête est uniquement fondée sur les traités , et particulièrement sur le onzième article du traité d'Arau ; il me semble que cela dépend entièrement de votre ministère . J'ai envoyé, à tout hasard, copie de la requête et du brevet , à M. de Saint-Florentin, mais je ne puis croire que l'évocation au Conseil des affaires entièrement relatives aux traités, sont d'un autre ressort que du vôtre . Je puis encore moins espérer une meilleure protection, et qui me soit plus chère que celle dont vous voulez bien me flatter . Je ne suis pas aujourd'hui dans mon bon jour pour les yeux, pardonnez si je ne vous écris pas de ma main .

Vous savez avec combien de respect et de reconnaissance j'ai l'honneur d'être

Monseigneur

Votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

L’anecdote mérite d’être approfondie en faveur de la modestie ecclésiastique.

... Voir par exemple ceci : http://actualites.leparisien.fr/ecclesiastique

 

 

« A Cosimo Alessandro Collini Secrétaire

et Historiographe de S. A. E.

Mgr l’Électeur palatin

Manheim

2 juin [1763] 1

Votre chirurgien a fait là une étrange opération . Voilà un horrible fou . J’ai reçu votre paquet, mon cher historiographe ; en vous faisant mes remerciements, j’y ajoute une prière. Son Altesse Électorale. a une suite de médailles de monnaies papales. Nous n’avons pas de telles curiosités à Genève. Je vous prie instamment de voir si le mot Dominus 2 se trouve dans la monnaie de quelque pape ; et en cas que vous trouviez un dominus, ou domnus, ou domn, mandez-moi, je vous prie, à quel pape il appartient. Cette connaissance m’est nécessaire pour éclaircir un point d’histoire. A qui puis-je mieux m’adresser qu’à un historiographe  3? N’auriez-vous point aussi dans votre belle bibliothèque quelque notice concernant la bulle d’or ? Les derniers articles furent, comme vous savez, promulgués à Nuremberg, en présence du dauphin de France, qui faisait là une pauvre figure, et qui fut placé au-dessous du cardinal d’Albe. Ce dauphin est celui qui fut depuis le roi Charles V. Auriez-vous quelque paperasse concernant cette séance ? Ce cardinal d’Albe était-il légat a latere ?4 Siégeait-il avec les Électeurs, ? devant, ou après ? L’anecdote mérite d’être approfondie en faveur de la modestie ecclésiastique.

Vale, amice.

V. »

1 Le manuscrit olographe porte la mention : « f[ran]co Canstat » . L'édition Collini donne une version abrégée et peu soignée .

2 La mention vers la fin de la lettre de la modestie ecclésiastique pourrait faire penser que V* se demande si un pape a pris ce titre de dominus, seigneur ; mais on observera que dans le catalogue des annales il fait figurer un pape Domnus en 974 . en réalité seul a existé un pape Donus, de 676 à 678 .

3 Collini a écrit l' Histoire du Palatinat .

4 Un légat a latere est un cardinal envoyé par le pape en mission extraordinaire ; a latere signifie au côté, c'est-à-dire de l'entourage du pape .

01/06/2018

Vous aurez demain ce que vous demanderez . Vous n'avez qu'à parler

... Promesse électorale ? ou promesse Amazon ?

 Image associée

 

Chose promise ... Pas question d'inverser les parts

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 1er juin 1763]

Caro après la belle pièce d'Attila sont deux Bérénice qui formeront je crois le tome 9 .

Pulchérie et Suréna pour le tome dix . Il faut tâcher de faire entrer Ariane et Le comte d'Essex dans ces tomes 9 et 10 .

Puis viennent les comédies, les discours, la vie de Pierre et de Thomas qui feront je pense le 11 et 12 tomes .

Vous aurez demain ce que vous demanderez . Vous n'avez qu'à parler . »

Servez-la de votre mieux

... Pour certains, c'est leur vocation envers notre république, et c'est remarquable .

Pour d'autres, il s'agit simplement de servir la soupe, tels Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, histoire de garder encore un moment leurs places de premiers de partis politiques dont on se passerait bien .

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Ceci n'est pas une louche . C'est louche ?

 

 

« A Joseph-Marie Balleidier

Je me flatte monsieur que la famille de MM. de Crassy entendra assez ses intérêts pour ne pas abandonner une affaire qui doit les faire rentrer dans leur bien .

Voici encore la dame Burdet qui veut faire nouvelles subhastations, et qui s'adresse à vous. Servez-la de votre mieux . Je suis autorisé à vous payer .

Voltaire . 

1er juin[1763] 1

1 L'édition Vézinet est limitée au 1er paragraphe . Sur le manuscrit original Balleidier a complété la date et ajouté : « Concernant Mme Burdet . Led[it] jour je lui ai écrit de ne point se mêler des affaires de lad[ite] et de ne rien acheter . Portant promesse de me payer . »

Il faut finir par cultiver son jardin . Tout le reste, excepté l'amitié, est bien peu de chose ; et encore cultiver son jardin n'est pas grand-chose

...

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

1er juin [1763] 1

Dans l'idée que M. de Courteilles aura laissé des ordres pour faire rendre à mes anges les paquets à eux adressés sous son enveloppe, je hasarde cette Olympie et cette Zulime, avertissant mes anges que je leur en ai déjà envoyé sous le couvert de M. le duc de Praslin avec une lettre à cachet volant pour M. le président de Mesnières . Comme depuis quelque temps la lettre de Jean-Jacques à Christophe a excité l'attention de ceux qui sont chargés de l'inspection de la poste , et qu'à cette occasion on a saisi plusieurs imprimés, j'ai craint, et je crains encore pour mes pauvres Olympie, et pour mes chétives Zulime . Je suis comme le lièvre qui tremblait qu'on prit ses oreilles pour des cornes .

Vous ai-je dit que toute la cour de l’Électeur palatin et les étrangers qui y sont, lui ont redemandé Olympie, qu'il l'a fait rejouer deux fois quoique les princes n'aiment pas à voir deux fois la même chose ? On prétend à Manheim que je n'ai jamais rien fait ni de moins mauvais ni de plus théâtral . Ne sera-ce donc qu'aux bords du lac Léman et sur ceux du Rhin que j'obtiendrai un peu d'indulgence ? J'en reviens toujours à Candide . Il faut finir par cultiver son jardin .

Tout le reste, excepté l'amitié, est bien peu de chose ; et encore cultiver son jardin n'est pas grand-chose .

Vanité des vanités et tout n'est que vanité, excepté de vivre tout doucement avec les personnes auxquelles on est attaché .

La nièce à Pierre, la nièce à François, et le vieux François baisent le bout de vos ailes .

V. »

1 L'édition de Kehl, suivie de toutes les autres , amalgame une partie de cette lettre avec les lettres du 10 juin et du 13 juin 1763 aux mêmes , avec des coupures et des collages ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/06/correspondance-annee-1763-partie-20.html