Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17/06/2018

Je ne peux absolument entamer l'affaire dont vous me parlez

... Je suis déprimé !"

Telle serait la réponse d'un quart des Français au travail . J'en suis effaré . Si ceux qui ont la chance d'avoir un travail ont une attitude de Caliméro , que peuvent donc dire ceux qui sont au chômage ?

https://www.youtube.com/watch?v=ubgStwPmF70&list=RDub...

 Image associée

French attitude ?

 

 

« A François de Chennevières

27 juin [1763]

Je ne sais mon cher confrère si vous avez reçu le second tome de Pierre qu'on vous a dépêché par la poste . Il faut que vous ayez un furieux crédit si on n'a pas retenu le paquet, car on confisque sans miséricorde tous les imprimés . C'est probablement Jean-Jacques Rousseau qui nous a valu cette petite inquisition .

Je ne peux absolument entamer l'affaire dont vous me parlez . Il y a deux ans que j'ai rompu tout commerce avec un homme dont je n'ai qu'à me plaindre, et qui ne m'aiderait ni à vivre ni à mourir, si j'avais besoin de lui dans ces deux cas . Son commerce n'était qu’embarrassant . Je suis vieux , infirme, presque aveugle, j'écris à peine à mes amis, et je suis devenu trop philosophe pour écrire à des princes . Je vous embrasse, nous vous embrassons tous , et la sœur du pot permettra qu'on lui en fasse autant .

V. »

16/06/2018

On a tant brûlé de livres bons ou mauvais, tant de mandements d’évêques, tant d’ouvrages dévots ou impies, que cela ne fait plus la moindre sensation. Les livres deviennent ce qu’ils peuvent

... et les candidats au Bac de même . Faute d'étudier, et a fortiori réviser , ils vont se fier aux prédictions des Madame Soleil électroniques , grand bien leur fasse !

https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/06/14/bac-s-20...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

23 juin [1763]

Mon cher frère, vous m’annoncez par votre lettre du 18 que Robin mouton débite, contre la foi des traités, le tome de l’Histoire générale avec les feuilles qui ne doivent pas y être. J’en ai parlé à Gabriel Cramer, qui jure Dieu et Servet qu’il n’a envoyé aucun exemplaire à Robin mouton. Si ce Robin mouton a acheté de Merlin par quelque colporteur aposté les exemplaires impurs et s’il les vend, il faut l’écorcher, ou du moins il faut lui faire peur. Mais que puis-je faire ? je crois qu’il ne me convient que de me taire, et m’en rapporter à M. d’Argental. Au reste, tout ce que j’ai souhaité, c’est que mon nom ne parût pas . Car, en vérité, il m’importe assez peu que le livre  soit condamné ou non. On a tant brûlé de livres bons ou mauvais, tant de mandements d’évêques, tant d’ouvrages dévots ou impies, que cela ne fait plus la moindre sensation. Les livres deviennent ce qu’ils peuvent. Je n’ai travaillé à cette nouvelle édition que pour faire plaisir aux frères Cramer ; je n’y ai pas le plus léger intérêt . Mais pour la personne de l’auteur, c’est autre chose. Je ne voudrais pas être obligé de désavouer mon ouvrage, comme Helvétius. On ne peut jamais procéder que contre le livre, et contre l’auteur, quel qu’il soit, on désignera, si on veut, un quidam, on ordonnera des recherches, on n’en fera pas à Ferney, ni aux Délices. Pourquoi d’ailleurs en faire ? parce qu’on a réimprimé dans une Histoire générale la lettre de Damiens 1, imprimée par le parlement même ? Dira-t-on que cette lettre fait soupçonner que les discours de la grand-salle tournèrent la tête de Damiens ? Ne l’a-t-il pas avoué ? cela n’est-il pas formellement dans son procès-verbal ? Le parlement a fait imprimer cet aveu de Damiens ; et moi, je n’ai pas dit un seul mot qui pût jeter le moindre soupçon sur aucun membre du parlement. Il faudra donc chercher d’autres motifs de condamnation. Or, si on cherche d’autres motifs, pourquoi irai-je parler dans les papiers publics de la lettre de Damiens, qui ne peut être l’objet de la censure qu’on peut faire ? Il me semble que cette démarche de ma part ne servirait qu’à réveiller des idées qu’il faut assoupir. De plus, je m’avouerais l’auteur de l’ouvrage, et, en ce cas, je fournirais moi-même des armes à la malignité , ce 2 serait prier ceux qui voudraient me nuire de me condamner juridiquement sous mon propre nom.

En voilà trop, mon cher frère, sur une chose qui n’aurait pas fait le moindre bruit, si l’esprit de parti ne faisait pas des monstres de tout. Je vous embrasse vous et nos frères.

Ecr. l’inf…

Permettez que je vous adresse cette lettre 3 pour M. Mariette. Il est bien étrange que M. le procureur-général de Toulouse n’ait pas encore envoyé les pièces quand le terme est expiré. »

1 Voir chapitre XXXVII du Précis du siècle de Louis XV : https://fr.wikisource.org/wiki/Pr%C3%A9cis_du_si%C3%A8cle_de_Louis_XV/Chapitre_37

2 V* a écrit je rayé et remplacé par ce.

15/06/2018

J'aurai l'honneur d'entrer dans un plus long détail avec vous quand il en sera temps

... disent les seize doctorants qui ont, ce mercredi, présenté leurs thèses en seulement trois minutes ( et je parie mon pesant de cacahuètes qu'ils n'ont jamais fait partie de ces râleurs boutonneux qui saccagent universités et lycées pour s'opposer à une sélection justifiée et inéluctable ) . Bravo aux jeunes talentueux : https://www.lemonde.fr/campus/article/2018/06/14/ma-these... 

PS .- Il n'y a pas que le foot au monde .

Philippe Le Bouteiller, gagnant de la cinquième édition du concours entouré de Colin Gatouillat (2e) et Camille Vautier (3e).

 

 

 

« A Pierre Mariette

A Ferney , 23 juin [1763]

Je vous suis très obligé monsieur d'avoir eu la bonté de faire rectifier la petite omission du bureau, au sujet des lettres patentes .

M. Dupuits joint ses remerciements aux miens . Il vous a recommandé deux petites affaires, l'une pour l’exportation de ses blés que M. de Courteilles a renvoyée à l'intendant, et qui n'est qu'une chose de faveur dont nous sommes peu en peine , l'autre est une requête au conseil pour ne pas payer la capitation en deux différents endroits ; elle est accompagnée de pièces justificatives . Vous l'avez remise au bureau de M. d'Ormesson . M. Dupuits lui a écrit . Ce qu'il demande paraît juste. Quand vous aurez occasion de parler aux commis de ce bureau ou à M. d'Ormesson lui-même j'espère que cette affaire ne souffrira pas grande difficulté .

J’ai présenté une autre requête au roi en son Conseil au nom de Mme Denis, ma nièce, pour avoir nos causes commises au Conseil concernant les droits de notre terre de Ferney, droits fondés sur les traités des rois avec les dominations voisines, droits qui nous ont été confirmés . Nous réclamons les arrêts du Conseil qui défendent aux parlements de reconnaître ces droits . Il reste à savoir si nous devons obtenir en général une commise de nos causes au Conseil, ou attendre qu'on nous attaque . J'aurai l'honneur d'entrer dans un plus long détail avec vous quand il en sera temps . Je vous explique seulement en général ce dont il s'agit afin que vous soyez au fait si on vous parle de ma requête aux bureaux de M. de Saint-Florentin 1.

Je viens à la grande affaire des Calas qui vous a fait tant d'honneur . Il est bien étrange que le procureur général de Toulouse n'ait pas envoyé les procédures au Conseil le onze de ce mois qui est l'échéance du terme prescrit par le roi .

Nous nous flattons que vous demanderez le renvoi au Grand Conseil . C'est ce qui peut arriver de plus favorable .

Je pense qu'il faut bien se donner de garde de rien écrire sur cette affaire ni en vers ni en prose . Elle est en règle . Les déclamations sont inutiles, et il n'appartient qu'à vous d'écrire, quand on instruira la révision du procès . On espère tout de votre sagesse, de votre véritable éloquence et de votre bonne volonté .

J'ai l'honneur d'être avec tous les sentiments que je vous dois monsieur votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Saint-Florentin a écrit à V* le 9 juin 1763 : « Le roi ayant bien voulu, monsieur, permettre à madame votre nièce de faire les échanges portés dans la requête qui m'a été remise de sa part, je vous en donne avis avec plaisir, et que les lettres patentes confirmatives seront adressées incessamment à son avocat au conseil . Quant au nouveau mémoire qui était joint à la lettre que vous avez eu agréable de m'écrire, je ne manquerai pas de m'en faire rendre compte [...] .»

Il me vient bien des idées . Je crois que j'ai un bien beau sujet . Mais je suis si vieux, si vieux !

... Peuvent dire tour à tour Mahathir Mohamad, élu premier ministre de Malaisie  en mai, à 92 ans, et son successeur probable dans deux ans, fraichement sorti de prison gracieusement, Anwar Ibrahim, jeunot de 70 ans . Deux dirigeants échappés de l'hospice pour diriger un si grand pays, ça fait peur (d'autant que le plus gamin est un ami d'Erdogan , c'est tout dire ! )

https://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2018/06/14/...

 Résultat de recherche d'images pour "anwar ibrahim  mahathir mohamad"

 L'ancêtre et l'homme aux dents longues

 

« A Charles-Augustin Ferriol comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

23 juin [1763]

Mes divins anges, je ne savais pas que les auteurs de la feuille 1 que vous protégez sont ceux-là même qui sont chargés de la Gazette .

Est-ce pour se moquer de La Condamine qu'ils ont inséré son appel à la nation britannique à l'occasion de deux shillings 2? Certes cette aventure est importante . Quoi qu'il en soit , on ne m'a pas envoyé une seule feuille de la Gazette littéraire et j'ai toujours  peur de déplaire en servant .

Permettez que je vous adresse cette lettre à cachet volant pour frère Damilaville . Je ne vous parle point du contenu, pour ne pas faire un double emploi .

Il me vient bien des idées . Je crois que j'ai un bien beau sujet 3. Mais je suis si vieux, si vieux ! Il faudra que vous m'échauffiez .

Respect et tendresse . »

1 La « feuille » est la Gazette littéraire de l’Europe, et la « gazette » est la Gazette de France dont Arnaud est un des éditeurs . Voir : https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_1985_num_17_1_1554

14/06/2018

des additions et des corrections à fournir

... le 18 juin 2018 , par la commission mixte paritaire, à propos du texte voté  par les parlementaires et les sénateurs à propos de la réforme SNCF . Bien entendu, nos chers syndicats, chantres de la grève à outrance, oublient que pour leur petit confort, ils négligent l'entretien matériel et on se retrouve avec des pannes dues à des pièces d'un âge qu'aucun cheminot ne veut atteindre sans être mis à la retraite . Et après, ils s'indignent qu'on veuille les remplacer par des robots !

Résultat de recherche d'images pour "pannes sncf humour"

Fluctuat et mergitur

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 22 juin 1763]

Monsieur Cramer est prié de me mander s'il est vrai que quelque libraire s’est chargé à Genève de réimprimer le Traité sur l'éducation de M. de La Chalotais, parce que si en effet on le réimprime il a des additions et des corrections à fournir . »

Je ne sais quelle maligne influence est tombée sur ce pauvre peuple ; mais il m’est avis qu’il est sorti de son élément, qui était la gaieté

...

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

A Ferney , 22 juin [1763]

Si je pouvais rire, monseigneur le grand médecin, ce serait de voir maître Omer de Fleury usurper vos droits, et se mêler de l’inoculation en plein parlement, sans vous avoir consulté. Cet ennemi de l’inoculation a pourtant gardé madame de Forcalquier, et fait des vers pour Tronchin, non pas le fermier-général, mais Tronchin l’inoculateur. Vous me direz que ces vers valent sans doute sa prose ; et vous aurez raison. Mais avouez qu’il est plaisant de voir le parlement donner un arrêt contre la petite-vérole. Il est bien clair que la faculté de médecine sera contre l’inoculation, et que la sacrée faculté sera de l’avis de l’autre. Tout le monde viendra se faire inoculer à Genève ; il faudra agrandir la ville. Je crois que madame la comtesse d’Egmont a eu la petite-vérole . C’est bien dommage . Sans cela nous l’inoculerions, et nous lui donnerions des fêtes. Je voudrais bien, pour la rareté du fait, voir, avant de mourir, M. le maréchal amener sa fille dans notre pays huguenot. Le bruit a couru que vous alliez troquer votre gouvernement de Guyenne contre celui de Languedoc . C’était une grande joie chez toutes les parpaillotes. Cependant il paraît que votre nation n’est pas si aimable que vous . Elle est toute rassotie 1 de vos lits de justice et de vos parlements, qui ne veulent pas obtempérer.

Je ne sais quelle maligne influence est tombée sur ce pauvre peuple ; mais il m’est avis qu’il est sorti de son élément, qui était la gaieté. Pour moi, il est vrai que je suis aussi dérouté que la nation ; mais je suis vieux, aveugle, et sourd ; et ces petits agréments ne rendent pas un homme excessivement folâtre. Il n’appartient qu’aux héros d’être toujours gais . Vous le serez quand vous aurez mon âge, et fort au-delà. Avec de la santé, de la gloire, de grands établissements, de l’esprit, des amis, on peut se livrer tout naturellement à une joie honnête.

Vous protégez donc de près mademoiselle d’Epinay 2. Cela dit qu’elle est buona roba 3, mais cela ne dit pas qu’elle soit bonne actrice. Qu’elle soit ce qu’il vous plaira, j’obéis à vos ordres de très grand cœur.

Je me prosterne devant votre force permanente, et devant vos agréments toujours nouveaux, devant votre esprit aussi sensé que gai, qui met aux choses, leur véritable prix, et qui sait très bien que la vie n’est qu’un pèlerinage qu’il faut semer de coquilles et de fleurs. Ma philosophie est la très humble servante de la vôtre 4.

Ed in tanto la riverisco sommamente con ogni ossequio 5.

V. »

1 Rassotie est une forme des dialectes du nord (picardie, etc.) de rassotée .

2 Sur les rapports de Richelieu et Mlle d'Epinay, voir lettre du 23 décembre 1762 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/10/30/temp-je-ne-vois-pas-comment-on-pourrait-supposer-que-des-anglais-qui-se-piq.html

3 C'est-à-dire « une bonne marchandise » .

4 Souvenir de Molière, Le médecin malgré lui, II, 4 : « Ma médecine est la très humble esclave de votre nourricerie. »

5 Et cependant je vous révère parfaitement avec tout le respect possible .

13/06/2018

Autrefois le triste emploi d’instruire la jeunesse était méprisé des honnêtes gens, et abandonné aux pédants, et, qui pis est, aux moines... faites de l’institution des enfants un grand objet de gouvernement.

... Voltaire a encore raison à ce sujet . Puisse le gouvernement actuel persévérer dans les réformes nécessaires de l'éducation nationale, et puissent les gugusses de la SNCF cesser de ponctionner les finances publiques (à leur seul profit) aux dépens de la filière éducative ou comment sacrifier l'avenir au bénéfice du seul présent .

 

 

« A Louis-René de Caradeuc de La Chalotais

A Ferney, le 22 juin [1763]

Monsieur, j’ai reçu enfin, et j’ai dévoré votre excellent Traité de l’Éducation 1. Autrefois le triste emploi d’instruire la jeunesse était méprisé des honnêtes gens, et abandonné aux pédants, et, qui pis est, aux moines. Vous donnez envie d’être régent de physique et de rhétorique . Vous faites de l’institution des enfants un grand objet de gouvernement. Pourquoi ne tirerait-on pas du sein de nos Académies les meilleurs sujets qui voudraient se consacrer à des emplois devenus par vous si honorables ? Mais il faudrait Michel de L’Hospital, ou M. de La Chalotais, pour chancelier.

Il vient d’arriver à Genève des ballots de votre livre . Il est lu et admiré. Genève croira que je vaux quelque chose, en voyant comme vous avez daigné parler de moi. C’est là tout ce qu’on pourra critiquer dans votre livre. Il me semble, à l’empressement que tous les pères de famille ont à vous lire qu’on sera bientôt obligé de faire ici une nouvelle édition, quoiqu’on ait fait venir de France une grande quantité d’exemplaires . En ce cas, je vous demanderai les additions dont vous voudrez embellir votre ouvrage . Ne voudriez-vous pas dire, en parlant des vingt-cinq ans que mettrait un boulet de canon à parcourir l’espace qui s’étend de notre globe au soleil, que c’est en supposant la vitesse toujours égale ? c’est une bagatelle. Je me conformerai exactement à tous vos ordres.

Vous donnez de beaux exemples en plus d’un genre au parquet de Paris. On prétend que maître Omer de Fleury ne les a pas suivis en faisant son réquisitoire contre l’inoculation.

J’ai peur que le gouvernement ne soit si embarrassé de la peine qu’auront tant d’hommes faits, à payer les impôts, qu’il ne pourra donner à l’éducation des enfants l’attention qu’elle mérite . Curtae nescio quid semper abest rei 2. C’est assurément ce qu’on ne dira pas de votre livre, quoiqu’on le trouve trop court.

Agréez, monsieur, le respect, l’attachement, et la reconnaissance de votre très humble, etc. »

2 Horace, Odes, III, xxiv, 64 ; ce vers conclut une ode contre la recherche excessive des richesses au détriment de la formation humaine . On peut traduire cette fin de vers : sans doute ses richesses s’accroissent sans scrupule, mais toujours, pour être complet, quelque chose manque à son avoir .