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15/11/2018

Gardez-vous bien , ..., d'envoyer aucune lettre du quakre, avant que j'aie revu la seconde épreuve

... Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage, c'est aussi ce que demandent au gouvernement les "gilets jaunes" qui vont semer le souk sur les routes ce week end, ou "Comment augmenter le désordre pour les Nuls", grenouilles qui veulent se faire aussi grosses que le boeuf .

Comment voulez-vous qu'on paye encore des amendes pour stationnement génant alors que des milliers de zozos vont, eux, impunément bloquer des routes ?

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 20 novembre 1763]

Mon cher Caro, je me félicite de ce que vous avez votre liberté encore pour un an . Nous jouirons de vous quand nous n'aurons plus de neige . Dieu nous en a donné à Ferney la valeur de trois bons pieds .

Je vous envoie une addition que je vous prie de mettre à la fin de la vie de Pierre . Gardez-vous bien , je vous prie , d'envoyer aucune lettre du quakre, avant que j'aie revu la seconde épreuve, et que j'aie corrigé trois ou quatre mots qui sont essentiels .

Mandez- moi qui est auditeur à votre place 1. Faites bien nos compliments à toute votre famille . Je suis malade et aveugle . Adieu . »

14/11/2018

Il faut bien, sans doute, que la tolérance soit bonne à quelque chose, puisque la persécution n’a rempli la terre que d’hypocrisie, d’horreur et de carnage

...

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

Au château de Ferney, 20 novembre 1763

Madame, un vieux solitaire, presque réduit au sort de Tirésie et d’Homère, et presque entièrement aveugle comme eux, sans avoir vu ni chanté comme eux les secrets des dieux, met aux pieds de Votre Altesse Sérénissime ce petit ouvrage, qui n’est point encore public. On doit des prémices à un esprit aussi juste, aussi éclairé et aussi naturel que le vôtre. On les doit, surtout, à la protectrice des infortunés Calas et à celle qui aime la tolérance et la vérité. Votre suffrage, madame, sera la plus belle récompense de ce travail.

Que Votre Altesse Sérénissime daigne agréer mes souhaits pour votre prospérité et pour celle de toute votre auguste famille. Que la grande maîtresse des cœurs veuille bien ne pas oublier 1. J’ose me flatter que cet essai sur la tolérance ne déplaira pas à sa belle âme. Il faut bien, sans doute, que la tolérance soit bonne à quelque chose, puisque la persécution n’a rempli la terre que d’hypocrisie, d’horreur et de carnage.

Je suis avec un profond respect

madame

de Votre Altesse Sérénissime

le très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »



1V* veut sans doute dire m'oublier .

13/11/2018

on ne sait plus à quel saint se vouer

...

https://www.youtube.com/watch?v=OvdutJhElnk

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

19è novembre [1763]

Mon cher frère saura que voilà tout ce qu'on a pu trouver pour le présent ; qu'on lui a depuis plus de quinze jours adressé un gros paquet par les anges ; qu'on lui enverra sans faute tout ce qu’on pourra découvrir ; qu'on craint toujours quelque anicroche pour les paquets ; qu'on lui adressa pendant le voyage de Fontainebleau , sous l'enveloppe de mes anges un paquet dans lequel il y avait une lettre pour M. Mariette ; qu'on craint fort que cette lettre ne soit pas parvenue ; qu'il a dû recevoir aussi d'autres paquets par différentes voies ; qu'on ne sait plus à quel saint se vouer ; qu'on se recommande à mon cher frère et aux prières de tous les frères .

Écr l'inf . »

12/11/2018

Ce neveu-là a une belle vocation pour écrire l'histoire des catins ; il se prépare de l'occupation pour toute sa vie

... Je doute que Stéphane Bern soit un neveu de mon académicien préféré et que Christine Bravo soit une nièce cachée du patriarche, mais tous deux s'intéressent à ce qui a fait l'histoire en passant sous la ceinture et les jupons féminins qui sont un instrument de tourment ou de pouvoir . Toujours est-il que Voltaire ne se trompe pas en supposant un travail et un gagne pain infini en révélant les Dessous de l'histoire et Sous les jupons de l'histoire .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

19è novembre 1763

Mes divins anges, mon neveu du Grand Conseil me mande que vous avez la bonté de me faire parvenir une Histoire de Jeanne 1. Ce neveu-là a une belle vocation pour écrire l'histoire des catins ; il se prépare de l'occupation pour toute sa vie .

Comme je ne peux pas la payer en même monnaie, je lui envoie les Remarques sur l’Histoire générale, et le Traité sur la tolérance, qui est, comme vous savez , d'un brave théologien, que je ne connais pas . Je prends la liberté de m'adresser à vous pour lui faire tenir cette petite cargaison, accompagnée d'une lettre qui est dans le paquet . J'abuse de vos bontés, mais vous m'avez accoutumé à l’excès de votre indulgence . Nous vous prions, Mme Denis et moi, d'être plus que jamais les anges de Ferney . Nous n’avons pas un moment à perdre pour rappeler notre affaire au Conseil du roi, c’est le seul moyen de nous tirer d'embarras . Nous vous supplions de nous mander les intentions de M. le duc de Praslin . Cette affaire est pour nous de la dernière importance ; toute la douceur de notre vie en dépend ; nous remettons notre destinée entre vos mains .

On parle d’une tragédie nouvelle qui a beaucoup de succès 2 , et vous ne nous en dites rien . Vous croyez donc que nous ne nous intéressons pas au tripot ? Un coquin de janséniste vient d’imprimer un gros volume contre le théâtre . Les jésuites, du moins, ne se seraient pas rendus coupables de ce fanatisme . On nous a défaits des renards et on nous a mis sous la dent des loups . Moi je me mets toujours à l'ombre de vos ailes . »

1 Histoire de Jeanne première, reine de Naples, comtesse de Piémont, de Provence et de Forcalquier, 1764, de l'abbé Vincent Mignot . Voir : https://books.google.fr/books/about/Histoire_de_Jeanne_premi%C3%A8re_reine_de_Na.html?id=ozkH5K1-vsQC&redir_esc=y

2 Le comte de Warwick, première pièce de La Harpe, jouée avec succès le 7 novembre 1763 et qui aura 15 représentations pour la première série .

11/11/2018

vous devez avoir reçu plusieurs paquets de moi, et vous en recevrez encore

... Paquets de bits et octets en pagaille, petits éclairs électroniques sensés apporter un semblant d'information, à prendre au vol et à oublier de même pour ne pas devenir un big data sur pattes dénué de logiciel de tri , un âne de Buridan .

 Image associée

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

17è novembre 1763

Mon cher frère, vous devez avoir reçu plusieurs paquets de moi, et vous en recevrez encore. Votre petit billet du 12 vient de m’être rendu. Vous me dites que la nymphe Clairon a reçu une brochure ; c’est sans doute un Cramer qui la lui a envoyée , mais vous devez en avoir beaucoup par M. d’Argental et par d’autres voies. Je vous supplie de me mander si tout cela est parvenu entre vos mains. Il y a surtout une lettre pour M. Mariette, qui m’inquiète beaucoup : c’est au sujet de mon affaire des dîmes ; je vous l’adressai il y a environ quinze jours , l’affaire presse beaucoup, et il serait bien triste que cette lettre fût perdue.

Quant au digne frère de l’auteur des chansons hébraïques 1, on nous fait espérer une instruction 2 très pastorale, qui sera plus approfondie et meilleure que celle de l’évêque d’Alétopolis . Sitôt qu’elle pourra me parvenir, je ne manquerai pas de vous en faire part . Mais, au nom de Dieu, mandez-moi si vous avez reçu des nouvelles de Lyon, de Besançon et de M. d’Argental, depuis un mois. Je vous suis attaché plus que jamais.

Ecr. l’inf. »

1 Pompignan , évêque du Puy ; voir lettre du 17 septembre 1759 à Mme du Deffand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/10/09/je-suis-a-peu-pres-reduit-a-l-etat-d-abelard-mais-malheureus-5464788.html

2 La première Lettre d'un quakre .

il y a des choses qu’un ministre doit lire

... Il DOIT lire les discours écrits par ses conseillers et scribouillards attitrés d'une part, et les textes de loi qu'ils est appelé à défendre, sinon à comprendre ( c'est parfois trop demander quand on voit ce qu'ils peuvent pondre comme âneries ) . Pour le reste, à chacun selon ses goûts .

 Image associée

B-A, BA, B-A , BA  = route du Rhum

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

Aux Délices , 17 novembre [1763]

Mes divins anges, vous devez avoir reçu un petit livre intitulé la Tolérance, lequel j’ai grande envie que vous tolériez. Je viens d’en envoyer un autre à M. le duc de Praslin, non pas à lui directement, mais à vous sous son enveloppe, et à vous sans cachet ; et je vous dis, dans un petit billet , engagez M. le duc de Praslin à lire cet ouvrage, s’il en a le temps. Il est, à la vérité, prodigieusement théologique ; mais il est honnête, et il y a des choses qu’un ministre doit lire. Tandis que vous étiez à Fontainebleau, je n’en savais rien, et j’envoyais toujours mes paquets sous le nom de M. de Courteilles. Il y en avait un pour M. Damilaville qui m’inquiète beaucoup ; il contenait un mémoire pour M. Mariette : il s’agissait de ma dîme. La chose presse, attendu que la Saint-Martin est arrivée, et que les prêtres poursuivent au parlement de Dijon.

Vous savez que la lettre de M. le duc de Praslin, au nom du roi 1, ne réussira pas auprès de Messieurs ; ils connaissent peu les lettres des ministres ; il leur faut des lettres patentes. J’ai toujours prévu que je serais obligé de poursuivre cette affaire litigieusement au Conseil des  dépêches, et je compte toujours sur les bontés de M. le duc de Praslin dans ce tribunal.

Permettez-moi de vous demander des nouvelles de votre conspiration 2. Est-elle en bon train ? avez-vous bien posté vos assassins ? avez-vous fait jouer vos ressorts ? avez-vous mis le feu aux poudres ? y a-t-il quelque chose de nouveau dans le tripot ?

Respect et tendresse.

V. »

2 Le Triumvirat .

10/11/2018

malheureusement pour nous, nos solitudes ne sont pas bien fécondes en nouvelles. Tout ce que j’espère faire, c’est de vous dire que je vous aime de tout mon cœur

... chère Mam'zelle Wagnière qui êtes si loin pour un temps, et si attachante pour toujours .

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« A Mme de Champbonin 1

Aux Délices, 17 novembre [1763] 2

Je ne sais si vous savez, mon cher gros chat, que je deviens aveugle ; vous me direz que je suis très clairvoyant sur le mérite des Pompignan ; je vous assure que je ne le suis pas moins sur les devoirs de l’amitié. Je vous écrirais plus souvent si j’avais du temps et des yeux ; mais tout cela me manque : vous savez de plus que j’ai l’honneur d’avoir soixante-dix ans, et qu’étant né très faible, je n’acquiers pas de la force avec l’âge. On meurt en détail, ma chère amie , puissiez-vous jouir d’une meilleure santé que la mienne ! Je n’ai pas la consolation d’espérer de vous revoir ; nous sommes l’un et l’autre dans des hémisphères différents. J’ai un ami dans ce pays-ci qui va souvent en Amérique, mais qui en revient comme de Versailles à Paris ; il n’en est pas de même d’un gros chat dont la gouttière est en Champagne, et d’un aveugle posté dans les Alpes. Il faut se dire adieu, ma chère amie ; cela est douloureux. Je sens que je passerais avec vous des moments bien agréables ; mais nous sommes cloués par la destinée chacun chez nous, et, malheureusement pour nous, nos solitudes ne sont pas bien fécondes en nouvelles. Tout ce que j’espère faire, c’est de vous dire que je vous aime de tout mon cœur. Quand cela est dit, je vous le redis encore : c’est comme l’Ave Maria qu’on répète . On dit qu’il ennuie la Sainte Vierge, et j’ai peur d’ennuyer gros chat par de pareilles répétitions. Que n’êtes-vous la nièce de Corneille ? Je vous aurais remariée, et vous seriez grosse actuellement, et nous vivrions ensemble le plus gaiement du monde.

Adieu, mon cher gros chat ; vivons tant que nous pourrons ; mais la vie n’est que de l’ennui ou de la crème fouettée. »

2 L'édition de Kehl date de 1764 ; Beuchot corrige l'année .