21/11/2018
il faudra que le roi, Mme de Pompadour, M. le duc de Choiseul etc. aient leurs exemplaires avant que le public ait les siens
... Ce privilège de l'Ancien Régime a toujours cours, "selon que vous serez puissant ou misérable etc., etc.", et les prétendus Insoumis et chefs syndicaux ne sont pas en reste .
Interdit aux culs de prolétaires
« A Gabriel Cramer
[novembre-décembre 1763]
Voici un carton nécessaire que je prie monsieur Cramer de vouloir bien faire .
Je le prie aussi de m'envoyer l'épreuve de l’addition qui doit être mise à la fin du 2è volume . Il y a quelques lignes à y joindre ; nous parlerons ensemble de la liste des souscrivants . Je crois que monsieur Cramer ne ferait pas mal d'envoyer lui-même dans les provinces la lettre dont Duchesne est chargé pour Paris .
Vous avez par exemple, M. le prince de Beaufremont auprès de Besançon qui a souscrit pour dix exemplaires et à qui vous pourriez envoyer la lettre circulaire . Je ne doute pas que vous n'ayez eu la bonté de marquer à Duchesne ceux qui ont souscrit sans faire le premier paiement, soit qu'ils habitent Paris, soit qu'ils demeurent dans les provinces .
Comme tout ceci demandera un peu de temps, et qu'il faudra que le roi, Mme de Pompadour, M. le duc de Choiseul etc. aient leurs exemplaires avant que le public ait les siens, il se pourra bien faire que M. Du Clos ne soit plus à Paris, lorsque vous enverrez des exemplaires à cette Brunet-Regnard 1. En ce cas , il me semble qu'il vous a indiqué un académicien qui tiendra sa place .
Bonsoir, monsieur, tout est entre vos mains, mon corps et mes yeux sont en trop mauvais état pour que je puisse me mêler de quelque chose . »
1 La veuve Marie-Catherine-Angélique Brunet est libraire de l'Académie ; voir page 332-333 : https://books.google.fr/books?id=2txvEw-voiEC&pg=PA333&lpg=PA333&dq=Brunet-Regnard+cramer+voltaire+1763&source=bl&ots=PQR1D3hMKi&sig=M0SsoECG5fOs8PjBnubK_3EH8tY&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjX4czfmuTeAhVG1BoKHcevDB4Q6AEwAnoECAIQAQ#v=onepage&q=Brunet-Regnard%20cramer%20voltaire%201763&f=false
et voir lettre du 17 mai 1762 à Pinot Duclos : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/04/03/ayez-la-bonte-de-me-mander-monsieur-si-vous-approuvez-cette-5928993.html
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20/11/2018
n'avez-vous pas un château pour habitation ? vos enfants ne partagent-ils pas avec ceux de la première femme ?
... Laeticia, écoutez Voltaire , convenez d'un arbitrage "car les frais vous ruineront", le fisc et les avocats se régalent, le temps joue contre vous, vous êtes la Perrette au pot au lait moderne, bientôt vous direz "adieu royalties, villas, am'ur ! ".
https://www.gala.fr/l_actu/news_de_stars/la-bourde-de-lae...
« A Catherine-Josèphe de Loras du Saix, baronne de Monthoux 1
à Belley
30è novembre 1763 au château de Ferney
par Genève
Vous êtes, madame, dans la situation malheureuse de toutes les veuves 2, dont le mari avait des enfants du premier lit . Vous devez vous préparer à des discussions très épineuses ; mais enfin , n'avez-vous pas votre douaire réglé par votre contrat de mariage ? n'avez-vous pas un château pour habitation ? vos enfants ne partagent-ils pas avec ceux de la première femme ? Je voudrais que vous passiez convenir d'un arbitre qui liquidât vos affaires, car les frais vous ruineront . Je ne sais pas pourquoi vous êtes dans la ville de Belley en France, au lieu de poursuivre vos droits en Savoie . Ne pourriez-vous plus habiter le château d’Annemasse ? Je m'intéresse bien sensiblement, madame, à votre situation . Si vous revenez en Savoie, et que vous puissiez passer par Ferney, nous nous empresserons Mme Denis et moi, à faire tout ce qui en nous pourra dissiper vos chagrins .
Je voudrais, madame, être à portée de vous rendre des services essentiels, et de vous témoigner l'attachement et le respect avec lequel j’ai l’honneur d'être, madame, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
2 Le baron de Monthoux, son mari , est mort le 21 janvier 1793 Voir : https://data.cerl.org/thesaurus/cnp01896380
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19/11/2018
L'état où je suis ne me permet guère d'écrire
... C'est dit !
« A Louis-Gaspard Fabry, Syndic et député
des États du pays de Gex
à Autun 1.
Vous avez vu sans doute monsieur à vos états M. le comte de La Touraille 2 qui vous a annoncé à Son Altesse Sérénissime Mgr le prince de Condé 3 et à M. le comte de La Guiche 4.
Voulez-vous bien avoir la bonté de lui présenter ma respectueuse reconnaissance ? L'état où je suis ne me permet guère d'écrire . Agréez monsieur le sincère attachement de votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.
À Ferney 27 novembre [1763] 5»
1 Mots remplacés deux fois par à Gex sur le manuscrit .
5 Manuscrit olographe passé en dernier lieu à la vente Quaritch à Londres en novembre 1968 . L'année est fixée par la lettre du 16 novembre 1763 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/11/09/on-doit-servir-la-bonne-cause-et-la-patrie-tant-qu-on-respire.html
09:27 | Lien permanent | Commentaires (0)
18/11/2018
Ma jouissance est de savoir qu'on jouit
... but I can't get no satisfaction , and I try
https://www.youtube.com/watch?v=nrIPxlFzDi0
« Marie-Louise Denis et Voltaire
à Charles-Joseph, prince de Ligne
A Ferney 26 novembre [1763] 1
Vous ne vous contentez pas monsieur d'être aimable et d'avoir honoré de votre présence deux personnes dont vous avez gagné les cœurs, vous daignez encore vous en ressouvenir et leur en donner des marques . C'est mettre le comble à leur satisfaction .
Pouvez-vous douter du plaisir extrême que nous a fait votre lettre et du désir de mon oncle de connaître les remarques que vous avez faites pendant cette malheureuse guerre ? La seule consolation qu'on éprouve étant privé de l'honneur de vous voir est celle de vous lire .
Vous nous promettez monsieur de revenir l'année prochaine dans nos montagnes . Je vous somme d'une parole aussi agréable . Si je pouvais être sûre du temps où nous vous posséderons vous trouveriez à votre arrivée une belle tragédie toute prête à jouer . Pour rendre la pièce plus intéressante, il faudrait que vous daignassiez y prendre un rôle . Si le cœur vous en dit mandez-le moi, nous conviendrons de la pièce et du rôle qui vous plairait davantage , vous l'apprendriez avant votre arrivée et vous augmenteriez nos plaisirs en voulant bien les partager . Je n'aurais pas tardé si longtemps monsieur à répondre à votre obligeante lettre si ma santé me l'avait permis . Elle est toujours fort languissante mais je retrouve des forces pour vous assurer combien j'ai l'honneur d'être monsieur
votre très humble et très obéissante servante
Denis .
Tous nos enfants sont bien flattés de l'honneur de votre souvenir et me chargent de vous en faire leurs très humbles remerciements .
Agréez aussi monsieur le Prince, ceux d'un vieillard, car tous les âges sont également sensibles à votre mérite . Il est vrai que je ne peux plus jouer la comédie, mais il en est de ce plaisir comme de tous ceux auxquels il faut que je renonce, je les aime fort dans les autres . Ma jouissance est de savoir qu'on jouit . Je désire plus que je n'espère de vous revoir entre nos montagnes . L'apparition que vous y avez faite nous a laissé des regrets qui dureront longtemps . Nous serions trop heureux si nous étions faits pour vous posséder comme nous le sommes pour vous aimer et pour vous respecter . Le vieux malade s'acquitte parfaitement de ces deux devoirs .
… V. »
1 L'édition de Kehl est limitée au post scriptum de V*, avec un mot d'introduction inventé, suivant la copie Beaumarchais-Kehl .
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17/11/2018
les parlements de France n'admettent plus de simples lettres écrites au nom du roi par les ministres
... Nom de Zeus ! en serait-on arrivé à cette étrange pratique qu'est la démocratie ? les ministres et le président, à leur tour, admettront-ils les demandes des "gilets jaunes" populaires, poil à gratter non négligeable ?
« A Jacob Favre
26è novembre 1763 à Ferney 1
Monsieur,
Je suis obligé d'avoir l'honneur de faire part au Conseil, de ces mots de M. le duc de Praslin du 19è du présent mois .
« Pour statuer en règle, M. de Praslin a besoin d'une demande en forme de la République de Genève , M. Crommelin attend des ordres à ce sujet, et donnera en conséquence un mémoire qui mettra en état de prononcer . »
Il est inutile, monsieur, que je vous répète que les parlements de France n'admettent plus de simples lettres écrites au nom du roi par les ministres ; que l'assurance donnée à la République, au nom du roi, par M. le duc de Praslin, ne sera jamais regardée comme une pièce authentique ; que les curés de Gex se préparent à soutenir de prétendus droits, et qu'on peut les arrêter pour jamais par une démarche en forme . L'affaire présente regarde d'ailleurs principalement un de vos concitoyens auquel on redemande près de quinze années de jouissance . L’intérêt que j’ai à la chose est très peu considérable, mais ce qui m'est infiniment sensible c'est de recevoir par vous une marque de la bonté du magnifique Conseil.
J'ai l'honneur d'être avec respect monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 La lettre fut lue le 29 au conseil, qui accorda ce que demandait Voltaire . Les minutes du 30 précisent : […] Lecture faite dudit arrêt [du conseil du roi en 1635] l'avis a été de l'envoyer au sieur Crommelin et de lui donner des ordres d'agir comme il convient pour en obtenir un semblable, tant pour la dame de Ferney que pour celle de Collovrex. »
00:10 | Lien permanent | Commentaires (0)
16/11/2018
Souffrez que j'importune un moment Votre Excellence dans ses grandes occupations
... pourrait dire Raphaël Glücksmann en s'opposant à Emmanuel Macron par la création de son mouvement Place publique . Un mouvement d'opposition de plus, pourquoi pas, à la fête des fous, il y a plus d'un roi , avec les résultats que l'on sait .
https://www.liberation.fr/france/2018/11/16/place-publiqu...
« Au comte Wenzel Anton von Kaunitz-Rietberg 1
Ministre d’État etc.
à Vienne
A Ferney par Genève
25 novembre 1763 2
Monseigneur,
Souffrez que j'importune un moment Votre Excellence dans ses grandes occupations .
L'édition de Corneille est bientôt achevée . La famille de Corneille se met aux pieds de Leurs Majestés Impériales, dont elle vous doit les bienfaits et elle vous remercie des vôtres .
Les éditeurs attendent vos ordres, soit que Votre Excellence demande les deux cents exemplaires pour lesquels Leurs Majestés Impériales ont daigné souscrire, soit qu'elle veuille avoir quelques exemplaires reliés . Les éditeurs se conformeront à leurs volontés et aux vôtres .
Chaque exemplaire contient douze volumes avec les estampes, et ne coûte que deux louis en feuilles . Tous les souscripteurs ont payé un louis à l’avance pour chaque exemplaire, mais on se conformera entièrement à ce que Votre Excellence voudra déterminer . Je n'entre dans cette affaire qu'en qualité de souscripteur moi-même, et comme chargé de la part des éditeurs de demander les ordres de Votre Excellence . Je suis surtout chargé des remerciements de la famille d'un grand homme qui est pénétrée de vos bontés d'un plus grand homme, révéré dans un genre plus respectable .
Permettez que j'ose ajouter à la reconnaissance de cette famille, les sentiments d'admiration et de respect avec lesquels je suis
Monseigneur
de Votre Excellence
le très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
2 Le manuscrit se trouve, ou se trouvait dans les archives Kaunitz, à Jaromierice, près de Budejovice .
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c'est le temps de s'égayer, car la nature est bien triste
... C'est du moins ce qu'affirment les "gilets jaunes" pour justifier leurs manifestations en ces jours brumeux à l'excès , quelques "boutons d'or semés sur le bitume" pour les poètes en mal d'inspiration .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'ArgentaI
De Sibérie le 25è novembre 1763 1
Nous sommes enterrés sous la neige, c'est le temps de s'égayer, car la nature est bien triste . Je tâche de m'amuser et d’amuser mes divins anges . Je baise le bout de leurs ailes avec la plus grande dévotion . »
1 L'édition de Kehl annexe cette lettre à celle du 6 décembre 1763 : http://monsieurdevoltaire.com.over-blog.com/2014/07/correspondance-annee-1763-partie-36.html
08:35 | Lien permanent | Commentaires (0)