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13/08/2019

Aimons la vertu, mon cher frère, et rions des fous

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Il serait fou de ne pas rire .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

29è juin 1764 1

C’est à vous, mon cher frère, que je dois adresser ma réponse à madame de Beaumont. Me voilà partagé entre elle et son mari. Voilà un couple charmant : l’un protège généreusement l’innocence, l’autre rend la vertu aimable 2. Voilà des amis dignes de vous.

Quel M. Fargès s’il vous plaît, à opiné si noblement 3 ? car il y en a deux. J’en connais un qui est haut comme un chou, et dont les jambes ressemblent assez à celles de l’abbé Chauvelin ; il lui ressemble sans doute aussi par le cœur et par la tête, puisqu’il a parlé avec tant de grandeur et de force.

J’ai déjà écrit à M. le duc de La Vallière pour le prier, en qualité de grand-veneur, de faire tirer sur le procureur-général de la commission, s’il ne prend pas l’affaire des Calas aussi vivement que nous-mêmes.

Serez-vous étonné si je vous dis que j’ai reçu une lettre anonyme de Toulouse, dans laquelle on ose me faire entendre que tous les Calas étaient coupables, et que les juges ne le sont que d’avoir épargné la famille ? Je présume que, si j’étais à Toulouse, on me ferait un assez mauvais parti. Je pense qu'il faudra que M. Hulin se contente de ce qui est chez M. de Laleu ; j'écrirai en conséquence ; il me semble que cela ne doit pas faire de difficulté ; mais en attendant je pense qu'il est bon de ne se pas dégarnir tout à fait . M. l'abbé Arnaud votre ami, est celui à qui il faut donner la préférence . Le reste viendra ensuite .

Ce pauvre Panckoucke est tout effaré de ce qu’une partie de sa lettre a couru ; il dit qu'il la désavouera . Ce serait s'achever de peindre . J’ai la lettre signée de sa main, et je la ferais contrôler comme un billet au porteur .

Que dites-vous de ce monstre 4 fou de Jean-Jacques qui prétend que je suis son persécuteur ? Ce misérable, parce qu’il m’a offensé, ainsi que tous ses amis, s’imagine que je me suis vengé ; il me connaît bien mal. Aimons la vertu, mon cher frère, et rions des fous. Ecr. l’inf. »

1 L'édition de Kehl supprime la fin du quatrième paragraphe ( à partir de Je pense qu'il faudra …) et insère le 5ème paragraphe dans la lettre du 26 juillet 1764 , à la suite de la copie Beaumarchais .

2 Elle vient de publier les Lettres du marquis de Roselle ; voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6355166z/f11.image.texteImage

4 Mot biffé sur la copie et absent des éditions .

12/08/2019

les rois titulaires feront gloire d’imiter les rois régnants

... On croirait bien que Volti connait Zidane et ses doutes pour le mercato madrilène .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

29è juin 1764 à Ferney 1

Mes divins anges, vous devez avoir reçu, de la part de l’ex-jésuite, force vers pour les roués. Ce pauvre diable me dit toujours que la chaleur de la saison et la froideur de la pièce le font trembler. Il se souvient surtout qu’il a oublié de corriger ce vers :

A mon cœur désolé que votre pitié s’ouvre.2

Il dit qu’il ne manquera pas de le corriger pour la première poste . Il dit qu’il n’est pas aujourd’hui fort en train.

Seriez-vous capable de me dire quel Fargès a opiné pour faire des injonctions aux juges de Toulouse ?3 C'est très noblement opiner , à mon avis . J'ai vu chez moi un Fargès pas plus haut que ma jambe ressemblant assez à monsieur le coadjuteur . J’ai reçu une lettre anonyme de Toulouse, assez bien raisonnée en apparence ; mais le fond de la lettre est que tous les Calas étaient complices, et que les juges n’ont à se reprocher que de ne les avoir pas tous condamnés. Cette lettre ne me donne aucune envie d’avoir un procès à Toulouse.

Je pense toujours que M. de Hulin doit se contenter du paquet qui l’attend chez M. de Laleu 4, et que les rois titulaires feront gloire d’imiter les rois régnants.

Au reste, je me flatte que mes anges auront aisément trouvé quelque bavard qui parlera de Pierre-le-Cruel à des bavards de sa connaissance. M. de Chauvelin l’ambassadeur est dans le secret, comme vous le savez . Je ne crois pas qu’il en parle à la Sérénissime République. Je n’ai plus rien à dire.

Respect et tendresse. »



1 L'édition de Kehl, suivant la copie Beaumarchais, supprime la première moitié du second paragraphe biffée sur la copie .

2 Ce vers fut supprimé .

3 Il s'agissait de François Fargès de Polisy, 1738-1792, (fils du personnage, Jean-François-Marie Fargès de Polisy ,1700-1779, avocat du roi de 1720 à 1723, cité dans la lettre à Thieriot de 1720 : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-quand-francois-marie-arouet-devient-voltaire-partie-6-71583397.html ). Voir : https://gw.geneanet.org/pierfit?lang=en&p=francois&n=de+farges+de+polisy

Ce maître des requêtes a opiné que les juges de Toulouse fussent punis .

4 Pour le roi de Pologne .

11/08/2019

quand les hommes sont ou méchants ou prévenus, il faut ou les fuir ou les détromper 

...

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

27è juin 1764, à Ferney

27 juin 1764 1

Notre commerce à tâtons devient vif, madame. Votre grand’tante faisait très bien de prendre le temps comme il vient et les hommes comme ils sont 2 . Mais quand le temps est mauvais, il faut un abri ; et quand les hommes sont ou méchants ou prévenus, il faut ou les fuir ou les détromper : c’est le cas où je me trouve. Vous ne vous attendiez pas à être chargée d’une négociation, madame. C’est ici où le quinze-vingts des Alpes a besoin des bontés de la très judicieuse quinze-vingts de Saint-Joseph.

Rousseau, dont vous me parlez 3, m’écrivit, il y a trois ans, ces propres mots de Montmorency : « Je ne vous aime point, vous donnez chez vous des spectacles ; vous corrompez les mœurs de ma patrie pour prix de l’asile qu’elle vous a donné. Je ne vous aime point, monsieur, et je ne rends pas moins justice à vos talents. 4»

Une telle lettre, de la part d’un homme avec qui je n’étais point en commerce, me parut merveilleusement folle, absurde et offensante. Comment un homme qui avait fait des comédies pouvait-il me reprocher d’avoir des spectacles chez moi, en France ? Pourquoi me faisait-il l’outrage de me dire que Genève m’avait donné un asile ? Eh ! j’en donne quelquefois ; je vis dans mes terres, je ne vais point à Genève ; en un mot, je ne comprends point sur quel prétexte Rousseau put m’écrire une pareille lettre. Il a sans doute bien senti qu’il m’avait offensé, et il a cru que je m’en devais venger ; c’est en quoi il me connaît bien mal.

Quand on brûla son livre 5 à Genève, et qu’il y fut décrété de prise de corps, il s’imagina que c’était moi qui avais fait une brigue contre lui, moi qui ne vais jamais à Genève 6. Il écrit à Mme la duchesse de Luxembourg que je me suis déclaré son plus mortel ennemi 7 ; il imprime que je suis le plus violent et le plus adroit de ses persécuteurs 8. Moi, persécuteur ! C’est Jeannot Lapin qui est un foudre de guerre. Moi, j’aurais été un petit père Le Tellier ! quelle folie ! Sérieusement parlant, je ne crois pas qu’on puisse faire à un homme une injure plus atroce que de l’appeler persécuteur.

Si jamais j’ai parlé de Rousseau autrement que pour donner un sens très favorable à son Vicaire savoyard, pour lequel on l’a condamné, je veux être regardé comme le plus méchant des hommes. Je n’ai pas même voulu lire un seul des écrits qu’on a faits contre lui, dans cette circonstance cruelle où l’on devait respecter son malheur et estimer son génie.

Je fais madame la maréchale de Luxembourg juge du procédé de Rousseau envers moi et du mien envers lui . Je me confie à son équité, et je vous supplie de rapporter le procès devant elle. J’ambitionne trop son estime pour la laisser douter un moment que je sois capable de me déclarer contre un infortuné.

Je suis touché si sensiblement que je ne puis cette fois-ci vous parler d’autre chose. Vous aurez sans doute chez vous M. d’Argenson, et vous vous consolerez tous deux du mal que la fortune a fait à l’un et que la nature a fait à l’autre 9. Adieu, madame, pour moi je serai consolé si vous me défendez de l’imputation calomnieuse que j’essuie. Comptez sur mon très tendre et très sincère attachement.

V. »

1 La répétition à Ferney[...]1764 est de la main de V* .

2 Mme Du Deffand écrit le 17 juin 1764 : « Ne parlons plus de bonheur […] on ne se rend point heureux par système, il n'y a de bonnes recettes pour le trouver que celle d'une de mes grand’tantes, de prendre le temps commme il vient et le sgens comme ils sont . »

3 « Avez-vous lu la dernière lettre de Rousseau, où il parle de M. de Luxembourg ? J'ai fait lire à Mme de Luxemb[ourg] ce que vous m'avez écrit pour elle, cela a été reçu couci-couci . Vous êtes, dit-elle, le plus grand ennemi de Jean-Jacques, et elle se pique d'un grand amour pour lui . »

5 Le 19 juin 1762 .

6 Outre que l'affirmation de V* n'est pas exacte ( voir lettre du 22 juin 1764 à Théodore Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/06/24/l... ) , la raison qu'il donne n'est guère convaincante car il voit assez de genevois à Ferney et aux Délices pour avoir toutes les relations nécessaires à Genève .

7 Il le dit plutôt dans sa lettre du 28 mai , cette phrase de Rousseau n'est pas connue autrement .

8 Voir lettre du 22 juin 1764 à de Château-Lyon .

9 L'un est exilé, et l'autre aveugle .

10/08/2019

tant vaut l’homme, tant vaut son Église

...

 

« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis

27 juin [1764] aux Délices

Monseigneur,

Il faut que vous permettiez encore cette petite importunité. Je sais respecter vos occupations. Mais il y a une bagatelle très importante pour moi, pour laquelle je vous implore . Elle n’est ni sacerdotale ni épiscopale, elle est académique. On va jouer une tragédie où Votre Éminence n’ira pas, et où je voudrais qu’elle pût aller. C’est ce Triumvirat, cet assemblage d’assassins et de coquins illustres, sur quoi je vous consultai l’année passée quand vous aviez du loisir. J’ai oublié de vous demander le secret, et je vous le demande aujourd’hui très instamment. On va donner la pièce sous le nom d’un petit ex-jésuite. Prêtez-vous à cette niche, si on vous en parle. Je vous prends pour mon confesseur . Vous ne me donnerez peut-être pas l’absolution ; cependant je vous jure que j’ai suivi vos bons avis autant que j’ai pu. Si la pièce est sifflée, ce n’est pas votre faute, c’est la mienne. Comme vous voilà établi mon confesseur, je vous avouerai, toute réflexion faite, que, malgré mon extrême envie de vous voir uniquement à la tête des lettres, vivant en philosophe, cependant je vous pardonne d’être archevêque.

Je ne trouve qu’une bonne chose dans le testament attribué au cardinal de Richelieu 1: c’est qu’il faut qu’un évêque soit homme d’État plutôt que théologien. Le métier est bien triste pour qui s’en tient aux fonctions épiscopales . Mais un grand seigneur archevêque peut, dans les occasions, tenir lieu de gouverneur, d’intendant, de juge, et tant vaut l’homme, tant vaut son Église. Si vous aviez siégé à Toulouse, l’horrible affaire de Calas ne serait pas arrivée.

Je suis obligé de parler ici à Votre Éminence d’un archevêque de votre voisinage qui a fait un étrange mandement. Il m’y a fourré très indécemment . C’est monsieur d’Auch. Il prenait bien son temps, tandis que je faisais mille plaisirs à son neveu, qui est un gentilhomme de mon voisinage. On dit que c’est un Patouillet, jésuite, qui est l’auteur de ce mandement brûlé à Toulouse. Il faut que ce Patouillet soit un fanatique bien mal instruit. Il ne savait pas que j’avais recueilli deux jésuites, dont l’un est mon aumônier, et l’autre demeure dans un de mes petits domaines. Le temps où nous vivons, monseigneur, demande des hommes de votre caractère et de votre esprit à la tête des grands diocèses. Comme je ne suis qu’un profane, je n’en dirai pas davantage, et je vous demande votre bénédiction.

Je voudrais bien que vous pussiez lire la Tolérance . Je crois que vous y trouveriez quelques-uns de vos principes. L’ouvrage est un peu rabbinique, mais il vous amuserait.

J’aurai l’honneur d’écrire à Votre Éminence quand elle sera tranquille au pays des Albigeois et débarrassée de la grosse besogne. Je la supplie de me conserver ses bontés et d’agréer mon très tendre respect.

V. »

1 A propos duquel V* se trompe , voir : http://montesquieu.ens-lyon.fr/spip.php?article871

09/08/2019

Il y a des occasions où c’est n’avoir pas le sens commun que de vouloir trop chercher le sens commun

...L'excès en tout nuit ! Et que dire du consensus ?

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Suivre la majorité, est-ce toujours raisonnable ?

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

23 juin [1764] aux Délices

Je reçois, au départ de la poste, une lettre d’un ange, du 18 de juin, et je suis très affligé que l’autre ange soit malade. Répondons vite.

Quant au vers, le danger suit le lâche, et le brave l’évite , si ce vers n’était pas précédé de ceux qui l’expliquent, il serait ridicule ; mais, pour prévenir tout scrupule, il n’y a qu’à mettre :

Le lâche fuit en vain, la mort vole à sa suite :

C’est en la défiant que le brave l’évite 1.

Quant à l’affaiblissement qu’on demande de la description du combat de Pompée, c’est vouloir être froid pour vouloir paraître plus vraisemblable. Il y a des occasions où c’est n’avoir pas le sens commun que de vouloir trop chercher le sens commun. Je demande très instamment, très vivement, qu’on ne change rien à cette scène ; je demande surtout qu’on suive les dernières corrections que j’ai envoyées ; elles me paraissent favoriser beaucoup la déclamation, ce qui est un point très important. Il ne s’agit pas seulement de faire des vers, il faut en faire qui animent les acteurs.

On se mourait hier de chaud, on se meurt aujourd’hui, on est mort. Les comédiens ont le diable au corps de jouer une pièce nouvelle dans un temps où personne ne peut venir à la comédie.

Quoi ! vous n’auriez pas reçu les lettres où je vous parlais des Calas ! J’apprends, mes divins anges, qu’il s’est tenu un conseil où vous avez admis la pauvre veuve. Vos bontés ne se refroidissent point ; vous avez un grand avantage sur les autres hommes, c’est que vos vertus sont persévérantes. Vous ne me parlez point de la lettre de M. Panckoucke et de ma réponse . La chose est pourtant plaisante et mériterait d’être connue.

Je n’ai encore rien d’Italie : les Italiens, par ce temps-ci, ne font que la méridienne.

Je vous ai envoyé l’éloge d’Algarotti, qui figurera bien dans la Gazette littéraire. Je vous ai écrit par M. le duc de Praslin et par M. de Courteilles , celle-ci sera sous l’enveloppe de M. l’abbé Arnaud. Remarquez, s’il vous plaît, que nous nous sommes rencontrés sous le masque de Don Pèdre. J’ai confié à M. de Thibouville que je travaillais fortement à ce Don Pèdre 2.

Adieu, mes divins anges ; rions, mais surtout que madame d’Argental n’ait plus son rhumatisme ; il n’y a pas là de quoi rire. »

1Octave, IV, 7 ; la nouvelle version fut effectivement adoptée .

2 Les éditions ajoutent : «  serait-il assez méchant pour m’avoir gardé le secret ? »

08/08/2019

Le spectacle d'un jeune pédant de soixante et dix ans, conduisant un cabriolet ne se donne pas tous les jours

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Allez roulez jeunesse !

 

 

« Au professeur Théodore Tronchin

à Genève

[22 juin 1764]

Le spectacle d'un jeune pédant de soixante et dix ans, conduisant un cabriolet ne se donne pas tous les jours ; mon cher Esculape j'allais chez vous . J'avais quelque chose à vous dire . Je n’avais point de chevaux de carrosse et j'ai pris le parti de vous aller voir en petit maître . N'allez pas en tirer vos cruelles conséquences, que je me porte bien, que je suis un corps de fer, etc. Ne me calomniez plus 1, et aimez moi .

V. »

1 Une lettre de Tronchin à Grimm du 23 juin 1764 éclaire la présente lettre et confirme les craintes de V* : « Voltaire se porte on ne peut mieux . Je le rencontrai hier entre les deux ponts du Rhône, conduisant un cabriolet, attelé d'un poulain qui n'a que deux ans . Je lui criai par la portière : Vieux enfant, que faites-vous ? Ce matin j'en ai reçu ce billet ! Voyez si c'est l'allure et le ton d'un agonisant . Il est plus étourdi que jamais. »

07/08/2019

l'abbé de Châteauneuf me disait : mon enfant, laissez crier le monde

...

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

22è juin 1764

Mon cher frère, encore une fois, plus j'y pense, moins j'imagine que le roi de Pologne veuille tous ses exemplaires . Il faudrait avoir une cinquantaine d'yeux pour lire 25 Corneille . Le roi de Pologne n'en a que deux comme moi, et encore ne sont-ils pas meilleurs que les miens . J'ai l'honneur d'être affligé de la vue comme lui . J'espère que M. Hulin se contentera du paquet qui est chez M. de Laleu, et que nous pourrons donner des Corneille aux gens de lettres . Frère Cramer n'en a pas assez tiré ; il s'est cru obligé de faire la petite édition des Commentaires pour les libraires de Paris 1; mais comme il se trouve que cette petite édition ne se rapporte point aux pièces de Corneille telles que les libraires de Paris les ont imprimées, par conséquent elle devient inutile . Tout cela ne paraît pas trop bien entendu .

Quoi qu'il en soit, mon cher frère, je crois que vous devez toujours garder vos exemplaires aussi bien que le petit billet pour M. Hulin . Je vous ai déjà mandé que j'avais écrit à M. Hulin par M. d'Argental . Je l'ai prié de faire retirer le paquet chez M. de Laleu pour le roi de Pologne ; et voici un autre billet pour M. de Laleu que je vous supplie de lui faire tenir . Vous voilà plus chargé des affaires du Parnasse que de celles du vingtième .

Ce M. Blin de Sainmore, vous dis-je, m'a écrit une belle lettre très bien raisonnée sur les pièces admirables de Racine , et sur les scènes imposantes de Corneille . Il y a quelque soixante ans que l'abbé de Châteauneuf me disait : mon enfant, laissez crier le monde, Racine gagnera tous les jours et Corneille perdra .

Pardonnez-moi encore une fois mes importunités, et permettez que je mette les trois lettres ci-jointes dans votre paquet .

Écr l'inf. »