21/11/2019
Divins anges, vous avez à étendre vos ailes sur deux hommes assez singuliers
... qui n'en font qu'un , extraordinaire : François-Marie Arouet de Voltaire , né le 21 novembre 1694 et dont on fête le 325è anniversaire ce jour .
BON ANNIVERSAIRE VOLTAIRE
Longue vie aux Voltairiens !
Divins anges protégez aussi LoveVoltaire - Mam'zelle Wagnière , qui me manque infiniment .
Je vous dédie https://www.youtube.com/watch?v=nioKJNp8ADE
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
3 octobre [1764]1
Divins anges, vous avez à étendre vos ailes sur deux hommes assez singuliers ; c’est le petit ex-jésuite en vers et le petit huguenot Des Buttes en prose . Ce Des Buttes, auteur du Dictionnaire, trouve vos idées et vos conseils tout aussi bons que le jésuite, et il y défère tout aussi vite. Il m’apporta hier un gros cahier d’articles nouveaux et d’anciens articles corrigés 2. Je les ai lus, je les ai trouvés à la fois plus circonspects et plus intéressants que les anciens. C’est un travailleur qui ne laisse pas d’avoir quelque érudition orientale, et qui cependant a quelquefois dans l’esprit une plaisanterie qui ressemble à celle de votre pays. S’il n’était pas si vieux et si malade, vous pourriez en faire quelque chose.
Ce serait un grand coup d’engager frère Marin à faire imprimer les nouveaux cahiers de frère Des Buttes . Il y aurait assurément du bénéfice ; et si on n’ose pas proposer à frère Marin cette rétribution, il peut en gratifier quelque ami. Il peut surtout adoucir quelques teintes un peu trop fortes, s’il y en a , ce que je ne crois pas, car Des Buttes s’est tenu par les cordons.
Dans quelques jours on enverrait le reste de l’ouvrage . Il pourrait aisément être répandu dans Paris, avant que son diabolique prédécesseur fût connu. Tout ce que je puis dire sur ce livre, c’est qu’il n’est point de moi, et que ceux qui me l’attribuent sont des malavisés, des gens sans pitié, des Welches.
Je voudrais que mon ami le défroqué servît son ami Des Buttes, qu’il pût faire jouer le drame des Roués pour faire diversion, comme Alcibiade faisait couper la queue à son chien, pour empêcher les Athéniens de remarquer certaine frasque dont on commençait à parler.
Voici Desbuttes qui entre chez moi . Il ne me donne aucun repos. Il faut donc que je vous en donne, et que je finisse.
Le paquet du huguenot est adressé à M. le duc de Praslin.
Respect et tendresse.
N. B. – J'ai reçu deux lettres de frère Marin cachetées à vos armes ou du moins d'un cachet fort approchant . J'ai cru qu'il les avait écrites chez vous et j'en ai été bien aise .
J'apprends dans ce moment que votre ami M. Tiepolo vient de mourir . J'en suis sensiblement affligé . »
1 L'édition de Kehl, suite à la copie Beaumarchais omet les deux derniers paragraphes.
2 On a ici une précision de date intéressante sur cette première série d'additions au Dictionnaire philosophique ; voir l'édition de ce texte aux Classiques Garnier, et spécialement l'établissement du texte par R. Naves . Voir : https://voltaire-lire.msh-lse.fr/spip.php?article27
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Dictionnaire_philosophique
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20/11/2019
Mon cher frère, la tempête gronde de tous côtés
... Alors quel cap choisir ?
« A Etienne-Noël Damilaville
1er octobre 1764
Mon cher frère, la tempête gronde de tous côtés contre le Portatif . Quelle barbarie de m'attribuer un livre farci de citations de saint Jérôme, d'Ambroise, d'Augustin, de Clément d'Alexandrie, de Tatien, de Tertullien, d'Origène ! N'y a-t-il pas de l'absurdité de soupçonner un pauvre homme de lettres d'avoir seulement lu aucun de ces auteurs ? Le livre est reconnu pour être d'un nommé Dubut, petit apprenti théologien de Hollande . Hélas ! Je m'occupais tranquillement de la tragédie de Pierre le Cruel, dont j’avais déjà fait quatre actes, quand cette funeste nouvelle est venue troubler mon repos . J'ai jeté dans le feu et ce malheureux Portatif que je venais d'acheter, et la tragédie de Pierre, et tous mes papiers ; et j'ai bien résolu de ne me mêler que d'agriculture le reste de ma vie .
Je vous le dis, je vous le répète : ce maudit livre sera funeste aux frères si on persévère dans l’injustice de me l'attribuer . On sait comment la calomnie est faite . Voilà son style, dit-elle ; ne le reconnaissez-vous pas à ce tour, à cette phrase 1? Eh madame l'impudente ! Qui vous a dit que M. Dubut n'a pas le même style ? Est-il donc si rare de trouver deux auteurs qui écrivent à peu près dans le même goût ? Est-il donc permis de persécuter un pauvre innocent parce qu'on a cru reconnaître sa manière d'écrire ? La calomnie répond à cela qu’elle n'entend point raison, qu'il faut venger Pompignan et maître Aliboron, et qu'elle poursuivra les philosophes tant qu'elle pourra .
Opposez-donc, mon cher frère, votre éloquence à ses fureurs . En vérité tous les philosophes sont intéressés à repousser des accusations de cette nature . Interim écrasez l'infâme.
Voici un petit billet pour Protagoras . 2»
1 Ainsi Goldoni écrivait à Albergati , le 3 (selon le catalogue de la vente) ou le 30 (selon l'édition de Kehl) octobre, qu'il avait pu lire le livre qui courait secrètement, sans avoir encore pu l'acheter, et il ajoutait : Tout le monde le dit de Voltaire, et lui ne le reconnaît pas pour sien ; mais s'il n’est pas de lui il y a au monde un autre Voltaire que je ne connais pas . Celui qui l’a écrit n'a pas peur du diable .
2 C'est la lettre à d'Alembert du même jour : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/11/17/ce-livre-renie-par-moi-n-est-point-de-moi-6191348.html
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19/11/2019
Je deviens tous les jours plus difficile, à mesure que j’avance en âge et que j’approche de la majorité
... y compris la majorité parlementaire !
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
1er octobre 1764
Le petit ex-jésuite qui me vient voir souvent m’a dit aujourd’hui : Je ne suis point content du monologue qui finit le 3è acte . Je deviens tous les jours plus difficile, à mesure que j’avance en âge et que j’approche de la majorité. Voici donc une nouvelle scène que je vous supplie de présenter à vos anges ; il est aisé de la substituer à l’autre. Je suis un peu guéri des illusions de l’amour-propre, tout jeune que je suis ; mais je m’imagine qu’on pourrait facilement obtenir de MM. les premiers gentilshommes de la chambre que le drame fût joué à Fontainebleau. Une de mes craintes est qu’il ne soit mal joué ; mais il faut se servir de ce qu’on a.
O mes anges ! j’avoue que je n’ai prêté qu’une attention légère au discours de notre prêtre. J’avais la cervelle tout entreprise d’une requête de nos petits États 1 au roi, pour obtenir la confirmation des lettres patentes de Henri IV, enregistrées au parlement de Dijon, en faveur des dîmes de notre pays. Je me conforme en cela aux vues et aux bontés de M. le duc de Praslin, et je me flatte qu’un curé ne tiendra pas contre Henri IV et Louis XV.
Je gémis toujours devant Dieu de l’injustice criante qu’on me fait de m’attribuer un Portatif ; vous savez quelle est mon innocence. Je me suis avisé d’écrire, il y a quelques jours, une lettre à frère Marin, adressée tout ouverte chez M. le lieutenant-général de police. Dans cette lettre je le priais d’empêcher un scélérat de libraire, nommé Besongne 2, natif de Normandie, d’imprimer l’infernal Portatif . Je ne sais si frère Marin a reçu cette lettre 3. En attendant, je trouve vos conseils divins, et je vais engager l’auteur à vous envoyer un portatif raisonnable, décent, irréprochable, et même un peu pédantesque ; et si frère Marin n’était pas riche, si on pouvait lui proposer de tirer quelque avantage de l’impression, cela ne serait peut-être pas mal avisé. J’en ai parlé à l’auteur, qui est proche parent de l’ex-jésuite ; en vérité ils sont tout à fait dociles dans cette famille-là ; il lui a dit qu’il s’allait mettre à travailler, tout malade qu’il est. Cet auteur s’appelle Dubut ; mais il a encore un autre nom ; il a étudié en théologie, et possède Tertullien sur le bout du doigt. Ce serait bien là le cas de donner les Roués ; il est bon de faire des diversions.
Je baise le bout des ailes de mes anges en toute humilité, avec la plus vive reconnaissance. »
1 Voir lettre du 29 septembre 1764 à Choiseul : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/11/17/nous-n-avons-contre-nous-qu-un-concile-du-douzieme-siecle.html
La requête des États du pays de Gex figure dans les papiers envoyés .
2 Jacques Besongne , voir page 507 : https://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_1989_num_147_1_450546
Le Dictionnaire Philosophique est édité par Gabriel Grasset , et non par les Cramer (Andrew Brown et Ulla Kölving )..
3 Cette lettre à Marin , secrétaire général de la Librairie, n'est pas connue . V* y dénoncerait le …. Dictionnaire philosophique ! Mais a-t-il vraiment écrit cette lettre ?
Voir : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/548-francois-marin
et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Louis_Claude_Marin
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18/11/2019
ce livre renié par moi n'est point de moi
... clame Mélenchon à la sortie de La chute de la maison Mélenchon, de Tomas Guénolé . Ce président de la France Insoumise, -parti créé pour les besoins matériels du susdit qui se voulait présidentiable,- a vraiment bonne mine quand il joue à la victime , la vierge effarouchée, et sonne plus faux qu'une cloche fêlée . Mélenchon , tu es un petit à grande gueule !
Tel quel !
« A Jean Le Rond d'Alembert
1er octobre [1764]1
Premièrement mon cher et grand philosophe, je vous conjure encore d'affirmer sur votre part de paradis, que votre frère n'a nulle part au Portatif . Car votre frère jure et ne parie pas, que jamais il n'a composé cette infamie, et il faut l'en croire , et il ne faut pas que les frères soient persécutés . Ce n'est point le mensonge officieux que je propose à mon frère, c’est la clameur officieuse, le service essentiel de bien dire que ce livre renié par moi n'est point de moi, c'est de ne pas armer la langue de la calomnie et la main de la persécution . Ce livre est divin à deux ou trois bêtises près qui s'y sont glissées . Quas aut incuria fudit aut humana parum cavit natura, mais je jure par Sabaoth et Adonaï quia non sum author hujus libri 2. Il ne peut avoir été 3 inspiré que par le diable, car il y a là du moral et de l'infernal .
Mon second point c'est que je suis tombé aujourd'hui sur l'article dictionnaire , en votre Encyclopédie . J'ai vu avec horreur ce que vous dites de Bayle 4, heureux s'il avait plus respecté la religion et les mœurs, ou quelque chose d'approchant . Ah que vous m'avez contristé ! Il faut que le démon de Jurieu 5 vous ait possédé dans ce moment-là . Vous devez faire pénitence toute votre vie de ces deux lignes . Qu'auriez-vous dit de plus de Spinoza et de La Fontaine ? Que ces lignes soient baignées de vos larmes ! Ah monstres ! ah tyrans des esprits ! quel despotisme affreux vous exercez ! si vous avez contraint mon frère à parler ainsi de notre père .
Ut ut est 6, je vous demande en grâce mon cher philosophe que je ne sois jamais l'auteur de ce Portatif . C'est une rapsodie, un recueil de plusieurs morceaux détachés de plusieurs auteurs . Je sais à quel point on est irrité contre ce livre . Les Fréron et les Pompignan crient qu'il est de moi, et par conséquent les gens de bien doivent crier qu’il n'en est pas . On ne peut ni vous estimer ni vous aimer plus que je fais .
V.
N. B. – J'apprends dans ce moment que les orages s'élèvent contre le Portatif . La chose est très sérieuse . L'ouvrage est d'un nommé Dubut, proposant, lequel n'a jamais existé, mais pourquoi me l'imputer ? »
1 V* a d'abord écrit 2 .
2 Qui sont, soit des négligences, soit des marques de l'infirmité humaine ….que je ne suis pas l'auteur de ce livre .
3 V* a oublié un mot comme écrit ou composé ou dicté .
4 D'Alembert a décrit le Dictionnaire de Bayle comme « un ouvrage que l'auteur aurait rendu infiniment estimable en supprimant ce qui peut blesser la religion et les mœurs. »Venant de lui , la formule est bien hypocrite .
5 Jurieu a violemment attaqué Bayle . Voir : http://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/425-pierre-jurieu
6 Quoi qu'il en soit .
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17/11/2019
nous n'avons contre nous qu'un concile du douzième siècle
... et le Nouveau Testament en qualité de catholiques soumis , un coran pour ou plutôt "contre" les musulmans, une bible et une torah tout aussi contraignantes pour les juifs . Toutes les religions, mono ou polythéistes sont basées sur des contraintes et l'entretien de la peur chez les fidèles , et l'intolérance pour tous ceux d'un autre bord . Lamentable .
« A César-Gabriel de Choiseul, duc de Praslin
Aux Délices près de Genève
29è septembre 1764
Monseigneur,
Malgré mon extrême crainte de parler des petites affaires à ceux qui en gouvernent de grandes, je ne peux me priver plus longtemps du plaisir de vous présenter les très humbles remerciements de Mme Denis et les miens . Nous sommes pénétrés de vos bontés autant que nous comptons sur votre production .
J'ose vous supplier de daigner parcourir les pièces ci-jointes 1. Les petits États de notre petite province se joignent à nous comme vous verrez par leur requête .
Nous avons pour nous Henri IV et M. Le duc de Praslin . Il est difficile qu'on ne se rende pas à ces deux noms .
Il est étrange que dans cette affaire qui a flotté cent trente ans entre des arrêts contraires les uns aux autres , on n’ait pas encore produit les lettres patentes de Henri IV enregistrées au parlement de Bourgogne qui devaient tout terminer . Il faut ou qu'on les eût ignorées ou que le parlement ait fait plus de cas du concile de Latran qui nous ôte nos dîmes, que de Henri le Grand qui nous les donne .
Nous espérons que les ordres de ce grand roi soutenus de ceux de Sa Majesté acquerront une nouvelle force en passant par vos mains . Nous plaidons pour deux républiques, pour les États de notre province, pour le maintien de quatre traités solennels , et nous n'avons contre nous qu'un concile du douzième siècle .
Agréez la reconnaissance et le respect avec lesquels je serai toute ma vie
Monseigneur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
1 Il s'agit toujours des dîmes du pays de Gex . Les documents sont conservés aux Archives des Affaires étrangères et ont été imprimées par Th. Besterman.
18:26 | Lien permanent | Commentaires (0)
Non seulement il faut crier, mais il faut faire crier les criailleurs en faveur de la vérité
... Et mettre en taule les casseurs, sans circonstances atténuantes .
Gilets jaunes, au bout de tant de temps , manifestation après manifestation, vous ne pouvez ignorer que vous êtes complices des Black blocs ; même si ce n'est pas votre but premier, avouez, que dans le fond, vous n'êtes pas mécontents qu'on s'en prenne à l'autorité publique que vous rejetez, et aux biens que vous désireriez avoir .
Quant aux geignards parlementaires qui se plaignent du manque d'attention des policiers à leur égard, et que les gaz lacrymogènes sont exagérés, je dis "shut up, mouchez vos nez sales, et rentrez chez vous".
Délinquants en action ! Impunis .
« A Etienne-Noël Damilaville
29è septembre 1764 1
Votre fidèle frère recommande toujours à son cher frère de détruire l'opinion aussi dangereuse qu'erronée que je peux avoir quelque part à l'infernal Portatif . Non seulement il faut crier, mais il faut faire crier les criailleurs en faveur de la vérité . Rien ne serait d’ailleurs plus dangereux pour l'Encyclopédie que l'imputation d'un Dictionnaire philosophique à un homme qui a travaillé quelquefois pour l'Encyclopédie même . Cela réveillerait la fureur des Chaumeix, et le journal chrétien ferait beau bruit . Je me flatte que Protagoras me défendra vivement contre la calomnie .
Est-il vrai que l'archevêque de Paris revient à Conflans ?2 Il fera peut-être un mandement contre le Portatif pour s'amuser, mais il n'amusera pas le public .
Je ne peux avoir sitôt le recueil que je vous avais promis 3, mais est-il possible qu'il ne vienne rien de Paris dans ce goût ? Vos prophètes sont muets, les oracles ont cessé 4. Il y a trop peu de Meslier, trop peu de sermons, et trop de fripons .
Je vous prie de m'envoyer des remarques imprimées depuis peu sur l'Encyclopédie, en forme de lettres 5. C'est apparemment le secrétaire de l'envie qui a fait cet ouvrage . Mandez-moi si on daigne y répondre, et s'il serait à propos que les héritiers de Guillaume Vadé s'égayassent sur cet animal, quand ils n'auraient rien à faire ?
Thieriot est-il grand vicaire de Cambrai ? Il me paraît qu'il justifie un peu ce qu'a dit Jean-Jacques .
J'embrasse tendrement mon frère .
Écr l'inf . »
1 L'édition de Kehl , suite à la copie Beaumarchais, amalgame des versions abrégées de cette lettre et de celle du 1er octobre 1764, le tout daté du 29 septembre 1764 .
A la date du 27 septembre, on lit dans les mémoires secrets : « M. de Voltaire , suivant son usage, persifle le public et désavoue le Dictionnaire philosophique . Voici une anecdote à ce sujet, que nous tenons du sieur Cramer, son imprimeur à Genève, et qui est à Paris . Il nous a conté qu'il avait écrit […] une lettre à M. de Voltaire, dans laquelle , en lui rendant compte de ce nouveau livre dont on parlait à Paris, fort scandaleux, fort connu, fort couru, et très bien fait, au dire des connaisseurs, il ajoutait qu'on le lui attribuait, qu'il le priait en conséquence de vouloir bien lui en envoyer un exemplaire . M. de Voltaire lui a répondu qu'il [en] avait […] ouï parler […] qu'il désirait , ainsi que M. Cramer , très ardemment l'avoir ne sa possession ; qu'il lui demandait en grâce de lui en procurer la lecture, dès que ce livre tomberait entre ses mains . M. Cramer a riposté […] qu'il avait fait voir sa lettre à tout le monde, suivant ses intentions qu'il présumait […] qu'actuellement que la farce était jouée, il le suppliait de nouveau très instamment de lui envoyer un exemplaire de cet ouvrage ? »
Et le 26 septembre 1764, Montpéroux écrit au duc de Praslin , de Genève , que la bourgeoisie a marqué' « tant d'indignation contre cet ouvrage » que le conseil n’avait pu que le condamner « comme téméraire, impie, scandaleux, destructif de la Révélation » et qu'il avait en conséquence été « lacéré et brûlé par l’exécuteur de la haute justice devant la porte de l'Hôtel de Ville »
2 Voir lettre du 27 janvier 1764 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/02/02/e... . Il a en effet quitté la Trappe .
3 L’Évangile de la raison ; voir : https://books.google.fr/books?id=FY2_PsfRjgsC&pg=RA4-PA25&lpg=RA4-PA25&dq=L%27Evangile+de+la+raison+1764&source=bl&ots=QtdOo9jeDg&sig=ACfU3U2vMprXUhQzghfSX_j_zPTmICm24Q&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwikvKqF6vDlAhXQA2MBHTUJB3AQ6AEwBXoECAkQAQ#v=onepage&q=L'Evangile%20de%20la%20raison%201764&f=false
4 Rappel de Milton , Hymn on the morning of Christ's nativity
Vers 173- 180 de https://www.poetryfoundation.org/poems/44735/on-the-morning-of-christs-nativity
The Oracles are dumb;
No voice or hideous hum
Runs through the arched roof in words deceiving.
Apollo from his shrine
Can no more divine,
With hollow shriek the steep of Delphos leaving.
No nightly trance or breathed spell
Inspires the pale-eyed priest from the prophetic cell.
Les oracles sont muets, aucune voix ni murmure horrible ne passe en mots trompeurs à travers la voûte du toit . Apollon de son autel ne peut plus vaticiner avec des cris caverneux s'échappant de escarpement de Delphes . Plus de transe puissante, d'incantation exhalée inspirant le prêtre aux yeux pales dans sa cellule prophétique .
On disait que les oracles antiques s’étaient tus à la venue du Christ .
5 Jean Saas : Lettres sur l'Encyclopédie, pour servir de supplément aux sept volumes de ce dictionnaire : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9626805h
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16/11/2019
Vous avez encore un mérite qui vous distingue bien singulièrement de vos confrères, c'est que vous aimez la vérité
... Journaliste ? Parlementaire ? Ministre ? Président de la République ? Mais qui diable de tous ceux là aime la vérité pure et simple ?
En passant, au hasard, j'ai trouvé ceci : https://www.instagram.com/p/B4pZoPUBCjK/?utm_source=ig_em...
Merci Adibsamoud .
« A Paul-Claude Moultou
à Genève
26è septembre 1764
Mon cher philosophe, seriez-vous assez bon , et auriez-vous assez de loisir pour jeter sur le papier quelque chose d'un peu détaillé sur les ophionites ?1 Calmet qui parle de tout avec une ingénuité et une bonne foi imbécile qui enchante, ne dit rien sur cette matière . Je n'ai presque point de Pères de l’Église dans ma bibliothèque, et c'est bien dommage, car ce sont de bons recueils de subtiles bêtises .
Vous travaillez, sans doute, à votre grand ouvrage. Pourquoi n'en apporteriez-vous pas quelques cahiers à Ferney ? Il y a deux choses que j'aime passionnément, c'est tout ce que vous dites, et tout ce que vous écrivez . Vous avez encore un mérite qui vous distingue bien singulièrement de vos confrères, c'est que vous aimez la vérité . Ainsi c'est avec une vérité extrême que je vous suis attaché pour toute ma vie . »
1 Le mot ophionite n'est pas enregistré dans les dictionnaires, la racine grecque du mot signifie serpent, ce qui suggère le sens .
On trouve des insectes de ce nom : https://books.google.fr/books?id=QMd1ecHUVN8C&pg=PA169&lpg=PA169&dq=ophionite&source=bl&ots=att5F3kcxi&sig=ACfU3U1figolKE91x43bJCG8_z5xTVyYZA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwj-ka-EuO_lAhVSTBoKHWY5CpsQ6AEwDnoECAYQAQ#v=onepage&q=ophionite&f=false
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