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31/12/2019

me dire entièrement ce que vous ne m'avez dit qu'à moitié dans votre avant-dernière lettre

... C'est à peu près , monsieur le Président, ce que vous demande une majorité de Français ; pensez-y quand vous parlerez ce soir, comme vous y oblige une tradition gaulienne  dont vous vous seriez sans doute passé, quoi que vous disiez -vous le savez si vous connaissez un petit peu vos concitoyens bas de plafond-,  ne changera pas d'un iota l'opinion de vos opposants .

L'abolition des privilèges -4 août 1789- fut signée par des parlementaires à la pointe des baïonnettes , et nos pseudo-républicains du XXIè siècle, grèvistes infantiles, sont d'imbéciles pleurnichards accrochés à leurs régimes spéciaux immérités pour la majorité d'entre eux ,.

 

 

« A Cosimo Alessandro Collini

Le pauvre aveugle vous prie, mon cher Collini, de présenter ce paquet à Son Altesse Électorale et d'assurer M. de Schoepflin 1 de mes très humbles et très tendres obéissances .

Vous devriez bien me dire comment mon ami Fréron a été reçu ? s'il a mangé avec l’Électeur, et me dire entièrement ce que vous ne m'avez dit qu'à moitié dans votre avant-dernière lettre . Je vous embrasse de loin, et certainement je vous embrasserai de près l'été prochain, si j'ai des yeux .

7è novembre 1764 . »

1 Johann Daniel Schoepflin, président honoraire de l'Académie de Manheim ;https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Daniel_Schoepflin

30/12/2019

il y a même bien des choses qui ressemblent assez aux oracles de cette vieille, c'est-à-dire qu'on ne les entend guère

... J'hésite à ce sujet entre Ségolène Royal et Marine Le Pen . Et puis après tout, mettons les dans le même panier quand il s'agit de prévisions .

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Gilet jaune qui marche au gaz hilarant en semaine ( et au lacrymogène le samedi )

 

 

« A Louis Dutens

Au château de Ferney, par Genève,

6 novembre 1764 1

Monsieur,

Vous rendez un grand service à tous les amateurs des sciences, en faisant une collection complète des œuvres du célèbre Leibnitz 2 . Près de la moitié étaient éparses comme les feuilles de la Sibylle ; et il y a même bien des choses qui ressemblent assez aux oracles de cette vieille, c'est-à-dire qu'on ne les entend guère . Vous les enrichirez sans doute, monsieur, de vos judicieuses remarques . Je suis malheureusement peu à portée de vous servir ; je commence même à désespérer de pouvoir lire ce recueil intéressant , car je suis en train de perdre entièrement la vue . L'état où je suis ne me permet pas de vous écrire de ma main ; je n'en suis pas moins sensible à l'honneur que vous me faites , j'en sens tout le prix . J'ai l'honneur d'être, avec la plus respectueuse estime,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire

de la chambre du roi. »

29/12/2019

j'ai pris toutes mes mesures depuis longtemps pour vivre et mourir libre, et je n'aurai certainement pas la bassesse de demander, comme M. d'Argenson, la permission de venir expirer à Paris entre les mains d'un vicaire

... Aussi, tout profanement, je me réjouis qu'il y ait des spectacles tels que celui-ci :

https://www.arte.tv/fr/videos/093018-000-A/cirque-du-soleil-luzia/

 

 

 

« A Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

[vers le 5] novembre 1764 aux Délices 1

Madame l'ange est suppliée d'être l'arbitre entre M. de Foncemagne et moi ; si elle me condamne je me tiens pour être très bien condamné . Je sais bien que j'ai affaire à forte partie, car c'est plutôt contre Mme la duchesse d'Aiguillon et M. le maréchal de Richelieu que contre M. de Foncemagne que je plaide . Il me semble que le procès est assez curieux.

Quant au Portatif je ne plaide point et je décline toute juridiction . Il est très avéré que cet ouvrage (horriblement imprimé, quoiqu'il ne l'ai pas été chez les Grasset ) est fait depuis plusieurs années, ce qui est très aisé à voir puisque à l'article chaîne des évènements, page 70, il est parlé de soixante mille Russes en Poméranie .2

Il n'est pas moins certain que la plupart des articles étaient destinés à l’Encyclopédie, par quelques gens de lettres dont les originaux sont encore entre les mains de Briasson . S'il y a quelques articles de moi, comme Amitié, Amour, Anthropophages, Caractère, la Chine, Fraude, Gloire, Guerre, Lois, Luxe, Vertu, je ne dois répondre en aucune façon des autres . L'ouvrage n'a été imprimé que pour tirer de la misère une famille entière . Il me paraît fort bon, fort utile, il détruit des erreurs superstitieuses que j’ai en horreur, et il faut bénir le siècle où nous vivons qu'il se soit trouvé une société de gens de lettres et dans cette société des prêtres qui prêchent le sens commun . Mais enfin , je ne dois pas m'approprier ce qui n'est pas de moi . L'empressement très inconsidéré de deux ou trois philosophes de Paris, de donner de la vogue à cet ouvrage au lieu de ne le mettre qu'en des mains sûres m'a beaucoup nui . Enfin la chose a été jusqu’au roi qu'il fallait détromper, et vous n'imagineriez jamais de qui je me suis servi pour lui faire connaître la vérité . Je n'ai pas les mêmes facilités auprès de maître Omer mon ennemi, qui me désigna indignement et très mal à propos il y a quelques années dans son réquisitoire contre Helvétius . Son frère , l’ancien intendant de Bourgogne a fait venir le livre pour le lui remettre, et pour faire l'usage ordinaire .

Cet usage ne me paraît que ridicule, mais il est pour moi de la dernière importance qu'on sache bien qu'en effet l'ouvrage est de plusieurs mains, et que je le désavoue entièrement . C'est le sentiment de toute l'Académie . Je lui en ai écrit par le secrétaire perpétuel 3 . Quelques académiciens qui avaient vu les originaux chez Briasson, ont certifié une vérité qui m'est si essentielle . Au reste j'ai pris toutes mes mesures depuis longtemps pour vivre et mourir libre, et je n'aurai certainement pas la bassesse de demander, comme M. d'Argenson, la permission de venir expirer à Paris entre les mains d'un vicaire 4. Un des Omer disait qu'il ne mourrait pas content qu'il n'ai vu pendre un philosophe ; je peux l'assurer que ce ne sera pas moi qui lui donnerai ce plaisir .

Soyez bien persuadée, madame, que d'ailleurs toutes ces misères ne troublent pas plus mon repos que la lecture de l'Alcoran ou celle des Pères de l’Église, et soyez encore plus persuadée de mon tendre et inviolable respect .

Voulez-vous bien, madame, donner à M. de Foncemagne ma réponse dans laquelle je ne crois avoir manqué à aucun des égards que je lui dois ?

N. B. – Je reçois la petite lettre de M. le duc de Praslin . C'était , ne vous déplaise, M. l'évêque d'Orléans qui avait déjà parlé, mais je préfère la protection de M. le duc de Praslin à celle de tout le clergé . Pour M. le duc de Choiseul, il m'a écrit, Vieux Suisse, vielle marmotte, vous vous agitez comme si vous étiez dans un bénitier, et vous vous tourmentez pour bien peu de chose.5

Je ne suis pas tout à fait de son avis 6. »

1 L'ouvrage joint à la lettre est certainement constitué par les Doutes nouveaux (voir lettre du 2 novembre 1764 au comte d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/12/16/je-leur-reponds-a-tous-4-et-vous-croyez-bien-que-ce-n-est-pas-pour-leur-dir.html ), d'où la date proposée ( et non fin novembre comme l'impriment toutes les éditions par référence à l'Arbitrage .)

2 Ce passage fut supprimé .

4 On verra pourtant qu'une dizaine d'années plus tard V* commencera à se soucier de ce problème, qui finira par l'occuper plus que tout autre .

5 Voir cette lettre de Choiseul-Stainville , du 27 octobre 1764 , en note dans la lettre du 29 octobre 1764 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/12/15/c... . V* aura assez d'habileté pour en citer les passages qui lui conviennent, en faisant silence sur le reste .

6 Ici se termine la quatrième page de la copie Beaumarchais ; la suite manque .

28/12/2019

Il est bon de prévenir l'effet des méchancetés

...

 

« A Henri Rieu

5 novembre [1764] au soir 1

Je vous serai très obligé, mon cher corsaire, de vouloir bien envoyer ce petit avertissement aux journaux de Hollande que vous connaissez . Il est bon de prévenir l'effet des méchancetés . On me mande que ces lettres ont été recueillies par La Beaumelle, et par lui envoyées à un nommé Schneider qui est dit-on libraire en Hollande .

Mandez-moi je vous prie si vous connaissez ce Schneider . Je soupçonne plutôt Marc-Michel Rey .

Serez-vous encore longtemps à Chouilly ? N'aurez-vous pas la bonté de passer par Ferney avant de retourner à Genève ? Mille respects à toute votre famille . »

1 Cette lettre est en rapport avec l'affaire de la correspondance Voltaire-Frédéric II préparée en Hollande ; voir lettre du 1er novembre 1764 à Thulemeier :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/12/16/rien-ne-saurait-etre-fait-en-hollande-qui-puisse-deplaire-a-un-prince.html

27/12/2019

la tolérance ne peut être amenée que par l'indifférence . Voilà ce qui fait que les Anglais sont heureux, riches et triomphants depuis environ quatre-vingts ans . J'en souhaite autant aux Welches

... On en reparlera après le Brexit ... Quid des voeux de notre président ?

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

5è novembre 1764 aux Délices

Voici, mon cher ange, un autre procès, jugez-moi avec M. Le duc de Praslin, et jugez le cardinal de Richelieu . Ce petit procès peut amuser et faire diversion . Je crois que M. le maréchal de Richelieu, et Mme la duchesse d’Aiguillon, tout opiniâtres qu'ils sont, m'accorderont liberté de conscience sur le testament de leur grand-oncle ; et je me flatte que M. de Foncemagne leur avocat ne sera pas mécontent de la discrétion avec laquelle je plaide contre lui .

Dès que mes fluxions sur mes yeux me permettront d'entrevoir le jour, je reprendrai les Roués en sous-œuvre ; et dès que vous m'aurez marqué quels rôles il faut donner à Mlle Doligny et de Luzy, je leur enverrai les provisions de leurs charges .

Je vous supplie de remarquer que c'est une vérité certaine que le Portatif est de plusieurs mains, et ce n'est pas un petit avantage pour l'affermissement du règne de la raison, que plusieurs personnes, parmi lesquelles il y a même des prêtres, aient contribué à cet ouvrage . Des conseillers de Genève en ont vu de leurs yeux des preuves démonstratives, et doivent même l'avoir mandé à M. Crommelin . C'est une vérité dont personne ne doute ici . La sottise qu'on a faite à Genève n'a été qu'un sacrifice au parti de Jean-Jacques 1 qui a toujours crié qu'il fallait brûler l'évangile puisqu'on avait brûlé Émile . Où serait donc le mal ? où serait l'inconvenance, si M. le duc de Praslin, convaincu de la vérité que le Portatif est de plusieurs mains, disait dans l'occasion, il est de plusieurs mains. En quoi cela pourrait-il le compromettre ? J'ai su que les Omer se trémoussaient beaucoup . Cette famille n'est pas philosophe . Le règne de la raison avance, mais plus elle fait de progrès, plus le fanatisme s'arme contre elle . On ne laisse pas d'avoir quelque obligation à ceux qui combattent pour la bonne cause, ainsi il ne faut pas qu'ils soient martyrs . Le fanatisme qui a tant désolé le monde ne peut être adouci que par la tolérance, et la tolérance ne peut être amenée que par l'indifférence . Voilà ce qui fait que les Anglais sont heureux, riches et triomphants depuis environ quatre-vingts ans . J'en souhaite autant aux Welches .

Mes yeux en compote m'obligent à remettre mon voyage de Virtemberg et du Palatinat . Je crierai toujours sur le Portatif comme un aveugle qui a perdu son bâton pour peu que maître Omer instrumente . 

V.»

1 J.-J. Rousseau vient précisément d'écrire la 4 novembre à Du Peyrou, en parlant du Dictionnaire philosophique : « Il est agréable à lire ; il y règne une bonne morale ; il serait à souhaiter qu'elle fut dans le cœur de l'auteur et de tous les hommes . Mais ce même auteur est presque toujours de mauvaise foi dans les extraits de l’Écriture ; il raisonne souvent fort mal, et l'air de ridicule et le mépris qu'il jette sur les sentiments respectés des hommes, rejaillissant sur les hommes mêmes, m'apparait un outrage fait à la société et punissable devant les tribunaux humains . »

26/12/2019

On dit que vous êtes dans un beau château, dans une belle terre, et ce qui vaut bien mieux c'est que vous passez votre vie entre deux maris fort aimables

...

 

« A Marie-Jeanne Pajot de Vaux

3è novembre à Ferney

Que Pâté et Mme de Vaux sont aimables ! Si j'étais assez heureux pour n'avoir que soixante ans comme père Adam j'aurais franchi les vilaines montagnes qui nous séparent, et je serais venu vous faire mon compliment pour 1 le petit pâté que vous nous donnerez dans quatre mois. On dit que vous êtes dans un beau château, dans une belle terre, et ce qui vaut bien mieux c'est que vous passez votre vie entre deux maris fort aimables . Que ne puis-je être le témoin de votre bonheur ! Mon cœur le partage, et ni les neiges qui nous séparent , ni mon âge encore plus froid que les neiges, n’affaiblissent mes sentiments pour vous . Jouissez d'une vie toujours heureuse, vous la méritez par votre caractère, et votre bonheur redouble en faisant celui avec qui vous vivez ; vous êtes chérie où vous êtes, et regrettée où vous n'êtes pas . Adieu, excellent pâté, qui réveilleriez l'appétit de tous les estomacs . Je vous serai attaché le reste de ma vie avec le respect le plus tendre .

V. »

1 La copie porte que au lieu de pour, ce qui ne donne pas de sens . Ce que est amené par le que qui suit .

25/12/2019

J’ai toujours pris hautement le parti de ceux qui étaient attaqué par l’envie, par l’imposture, et même par l’autorité

... Qui d'autre que Voltaire peut en dire autant aujourd'hui ?

Joyeux Noël

 

 

« A Charles Pinot Duclos

Aux Délices 2è novembre 1764

Je vous supplie, mon cher confrère, de recevoir mes remerciements, et de vouloir bien présenter à M. le duc de Nivernais ce que je lui dois.

Vous avez dû recevoir de moi un petit mot 1 concernant le Portatif, qu’on m’imputait. Je sais combien vous êtes persuadé que les gens de lettres se doivent des secours mutuels. J’ai toujours pris hautement le parti de ceux qui étaient attaqué par l’envie, par l’imposture, et même par l’autorité. Si les véritables gens de lettres étaient unis, ils donneraient des lois à tous les êtres qui veulent penser. Si vous voyez M. Helvétius, je vous prie de lui dire combien je suis fâché qu’il n’ait pas fait le voyage de Genève. Je redeviens toujours aveugle dès que les neiges tombent sur nos montagnes. Mon cœur vous dit combien il vous est attaché ; mon esprit, combien il vous estime ; mais ma main ne peut l’écrire.