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27/11/2019

Moi, qui ne suis chargé de rien, j’ai bien de la peine à écrire un petit mot

... Aussi, je donne la parole à plus inspiré que moi : Voltaire . C'est mieux .

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Un coup de chiffon, trois gouttes d'huile, et je m'y mets !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

8è octobre 1764 1

Cher frère, vous me ravissez, comment pouvez-vous écrire des lettres de quatre pages, étant malade et chargé d’affaires ? Moi, qui ne suis chargé de rien, j’ai bien de la peine à écrire un petit mot. Je deviens aussi paresseux que frère Thieriot ; mais je ne change pas de patrons 2 comme lui. Apparemment qu’il sert la messe de son archevêque. Pour moi, qui ne les sers ni ne les entends, je suis toujours fidèle aux philosophes.

J’espère que le petit recueil fait par M. Des Buttes ne fera de tort ni à la philosophie ni à moi. Je voudrais que chacun de nos frères lançât tous les ans les flèches de son carquois contre le monstre, sans qu’on sût de quelle main les coups partent. Pourquoi faut-il que l’on nomme les gens ? il s’agit de blesser ce monstre, et non pas de savoir le nom de ceux qui l’ont blessé. Les noms nuisent à la cause, ils réveillent le préjugé. Il n’y a que le nom de Jean Meslier qui puisse faire du bien, parce que le repentir d’un bon prêtre, à l’article de la mort, doit faire une grande impression. Ce Meslier devrait 3 être entre les mains de tout le monde.

Nous avons converti depuis peu un grand seigneur attaché à M. le Dauphin . C’est un grand coup pour la bonne cause. Il y a dans les provinces des gens zélés qui commencent à combattre avec succès.

Est-il vrai que l'auteur du Traité de la nature est un M. Robinet ?4

Je crois vous avoir déjà mandé que nous n'aurons de quelques mois le livre attribué à Saint-Evremond . Je vous embrasse tendrement . 

Ecr. l’inf. »

1 L'édition de Kehl, suite à la copie Beaumarchais amalgame une version abrégée de la lettre du 3 octobre 1764 à celle du 8 .

2 Au fil de la correspondance de V* on trouve Thieriot commensal ou parasite successivement des Bernières, de Mme de Fontaine-Martel, des La Popelinière, des Montmorency, des Paulmy, et de Baron enfin .

3 Et non devait (Besterman).

26/11/2019

Il doit y avoir des frais assez considérables pour l'affranchissement de ces paquets

... Ce qui ne doit pas gêner les candidats à la présidentielle U.-S. , pauvres petits milliardaires en quête d'un siège à la mesure de leur égo : https://www.20minutes.fr/monde/2659739-20191125-president...

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Pour les amoureux des petites images qui ne veulent pas les tristes et banales vignettes

 

 

« A Henri Rieu

M. de Voltaire et Mme Denis font mille compliments à monsieur de Rieu, et le prient de vouloir bien présenter leurs très humbles obéissances à Mmes et Mlle de Rieu 1.

Il est prié de vouloir bien dire si Michel Rey a reçu le paquet, et quelle est l'adresse de Michel Rey . Il doit y avoir des frais assez considérables pour l'affranchissement de ces paquets . Monsieur de Rieu est supplié de vouloir bien dire à quoi ils se montent . On désire infiniment avoir l'honneur de le voir .

7è octobre [1764 ?] »

1 A savoir la mère d'Henri Rieu, sa femme née Marie-Jeanne Guichard, et sa fille Julie . Voir : https://gw.geneanet.org/rossellat?n=rieu&oc=&p=henri

et https://data.bnf.fr/fr/12044592/henri_rieu/

25/11/2019

c’était un apprenti prêtre qui a renoncé au métier, et qui parait assez philosophe. Comme on prétend qu’il n’est plus permis en France de l’être, je serais très fâché

... Et cependant, statistiquement parlant, être Français, c'est tout bon : https://www.20minutes.fr/insolite/2657763-20191122-nation...

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Nous sommes malgré tout en odeur de sainteté .

 

 

« A Charles Bordes

de l'Académie de Lyon

à Lyon

Aux Délices 6è octobre 1764 1

Madame Cramer m’a parlé, monsieur, d’une comédie 2 remplie d’esprit et de bonnes plaisanteries. Si vous voulez quelque jour en gratifier le petit théâtre de Ferney, les acteurs et actrices tâcheront de ne point gâter un si joli ouvrage. Je serai spectateur , car, à mon âge de soixante et onze ans, j’ai demandé mon congé, comme le vieux bonhomme Sarrazin 3. Permettez-moi de vous parler d’un livre nouveau qu’on m’attribue très mal à propos . Il est intitulé Dictionnaire philosophique. L’auteur est un jeune homme assez instruit, nommé Des Buttes ; c’était un apprenti prêtre qui a renoncé au métier, et qui parait assez philosophe. Comme on prétend qu’il n’est plus permis en France de l’être, je serais très fâché qu’on imprimât cet ouvrage à Lyon, car je m’intéresse fort à ce pauvre M. Des Buttes . Pourriez-vous avoir la bonté de me dire si en effet on imprime le Dictionnaire philosophique dans votre ville ? au moins Des Buttes enverrait un errata. Il dit qu’il s’est glissé des fautes intolérables dans l’édition qui se débite. Il serait mieux qu’on n’imprimât pas ce livre ; mais si on s’obstine à en faire une seconde édition, Des Buttes souhaite qu’elle soit correcte : il implore votre médiation, et je me joins à lui. Mais j'ai bien plus à cœur cette jolie comédie . Plût à Dieu que nous puissions la jouer devant l'auteur à qui toute la troupe est tendrement attachée aussi bien que le barbouilleur de cette lettre . »



 

1 L'édition de Kehl , suite à la copie Beaumarchais amalgame cette lettre abrégée avec celle du 27 octobre 1764 : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/08/correspondance-annee-1765-partie-31.html

3 Pierre-Claude Sarrazin s'est retiré de la scène en 1759 à l'âge de soixante-dix ans, ce qui ne l'empêchera pas de se remarier l'année suivante . Voir : https://www.comedie-francaise.fr/fr/artiste/pierre-claude...#

et : https://data.bnf.fr/fr/14658209/pierre_sarrazin/

Le peu que mes yeux très malades et très faibles m'a permis de lire, m'a paru un recueil assez mal digéré

... Qu'est-ce donc ? Tout simplement le questionnaire de culture générale pour les Miss France 2020 .

A vous de jouer : https://www.francebleu.fr/infos/medias-people/reussirez-v...

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Faites-vous mieux que Miss Guadeloupe : Clémence Botino ?

 

 

« A Elisabeth-Sophie Gilly , marquise de Jaucourt 1

A Ferney 3 octobre [1764]

Je n'ai jamais senti madame plus cruellement les désagréments que la maladie entraine avec elle, qu’en étant privé de l'honneur de vous faire ma cour .

Mme Du Deffand me charge de lui envoyer par vous madame un livre intitulé Dictionnaire philosophique . Je ne puis obéir à son ordre . J'ai fait chercher vainement ce livre dans Genève . Je n'en ai pu déterrer qu'un seul exemplaire auquel même il manquait une feuille . J'ai appris avec étonnement qu'on m’attribuait cet ouvrage . Ce serait encore une raison de plus pour ne m’en pas charger . Mme Du Deffand ne fait pas là une grande perte . Le peu que mes yeux très malades et très faibles m'a permis de lire, m'a paru un recueil assez mal digéré de ce qu'on trouve dans vingt auteurs . Il est d’ailleurs horriblement mal imprimé et rempli de fautes absurdes . Il y aurait bien de la malignité à m'imputer cette rapsodie . J'ose donc vous supplier madame de vouloir bien m’excuser auprès de Mme Du Deffand . Je n'aurais point de plus grand plaisir que d’obéir à ses ordres comme aux vôtres . Permettez-moi madame de présenter mes hommages à MM. de Jaucourt, et à Mme de Gourgues .

J'ai l'honneur d'être avec bien du respect

madame

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

24/11/2019

Il y a peut-être un état assez agréable dans le monde, c’est celui d’imbécile

... La race des imbéciles heureux nous fournit même des présidents : Trump, Bolsonaro, etc. Parfaitement immondes, mais au sommet de l'échelle . A déguiller sans tarder !

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise Du Deffand

Aux Délices près de Genève

3è octobre 1764

Il y a huit jours que je suis dans mon lit, madame. J’ai envoyé chercher à Genève le livre que vous voulez avoir 1, et qui n’est qu’un recueil de plusieurs pièces dont quelques-unes étaient déjà connues. L’auteur est un nommé Desbuttes 2, petit apprenti prêtre huguenot. Je n’ai pu en trouver à Genève ; j’ai écrit à madame de Jaucourt. Cet ouvrage est regardé par les dévots comme un livre très audacieux et très dangereux. Il ne m’a pas paru tout à fait si méchant ; mais vous savez que j’ai beaucoup d’indulgence. Je n’ai pas moins d’indignation que vous de voir qu’on m’impute ce petit livre, farci de citations des Pères du second et du troisième siècle. Il y est question du Targum des Juifs 3: la calomnie me prend donc pour un rabbin ; mais la calomnie est absurde de son naturel, et, tout absurde qu’elle est, elle fait souvent beaucoup de mal ; elle m’a attribué ce livre auprès du roi, et cela trouble ma vieillesse, qui devrait être tranquille. La nature nous fait déjà assez de mal, sans que les hommes nous en fassent encore. Cette vie est un combat perpétuel ; et la philosophie est le seul emplâtre qu’on puisse mettre sur les blessures qu’on reçoit de tous côtés : elle ne guérit pas, mais elle console, et c’est beaucoup. Il y a encore un autre secret, c’est de lire les gazettes. Quand on voit, par exemple, que le prince Ivan a été empereur à l’âge d’un an, qu’il a été vingt-quatre ans en prison, et qu’au bout de ce temps il est mort de huit coups de poignard, la philosophie trouve là de très bonnes réflexions à faire, et elle nous dit alors que nous devons être heureux de tous les maux qui ne nous arrivent pas, comme la maîtresse de l’avare est riche de ce qu’elle ne dépense point 4. Je cherche encore un autre secret, c’est celui de digérer. Vous voyez, madame, que je me bats les flancs pour trouver la façon d’être le moins malheureux qu’il me soit possible ; car, pour le mot d’heureux, il ne me paraît guère fait que pour les romans. Je souhaiterais passionnément que ce mot vous convînt. Il y a peut-être un état assez agréable dans le monde, c’est celui d’imbécile ; mais il n’y a pas moyen de vous proposer cette manière d’être ; vous êtes trop éloignée de cette espèce de félicité. C’est une chose assez plaisante qu’aucune personne d’esprit ne voudrait d’un bonheur fondé sur la sottise . Il est clair pourtant qu’on ferait un très bon marché. Faites donc comme vous pourrez, madame, avec vos lumières, avec votre belle imagination et votre bon goût ; et quand vous n’aurez rien à faire, mandez-moi si tout cela contribue à vous faire mieux supporter le fardeau de la vie.

Agréez mes très tendres respects .

V. »

1 Le Dictionnaire philosophique portatif.

2 V* se plait à jouer avec ce nom : Dubut, Dubu, des Buttes, de Buttes, etc.

4 L'Avare, II, 5 , de Molière, voir la tirade de Frosine : http://www.toutmoliere.net/acte-2,405355.html#scene_v

23/11/2019

Je suis si attaché à cette belle entreprise que je voudrais que tout en fût parfait ; mais le bon y domine à tel point qu'elle fera l'honneur de la nation

... Nous avons le choix de "l'entreprise" : la réforme des retraites, la réforme du monde médical, la mise en place d'actions contre les violences faites aux femmes, etc., etc. L'honneur de la nation en sortira-t-il grandi ?

Des femmes brandissent les prénoms de victimes, lors d’une manifestation pour dénoncer les féminicides, le 19 octobre à Paris.

Quand les hommes sont pires que les bêtes , les femmes souffrent, les femmes meurent, les enfants sont déchirés . Assez !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

3è octobre 1764 1

Je crois vous avoir mandé mon cher frère, que le jeune homme nommé Des Buttes, auteur du Dictionnaire portatif, s'en était déclaré publiquement l’auteur . La calomnie qui me l’attribue doit se taire ; mais elle ne se taira pas ; je connais sa langue de serpent . Il n'y a d'autre parti à prendre que d'écarter le livre des mains des profanes, et de répandre dans le public que ce n'est qu'un recueil d'anciennes pièces de divers auteurs dont la plupart même étaient connues . On ne dira rien que de très véritable .

On m'a extrêmement alarmé sur cet ouvrage qu’on m'impute si mal à propos . Ainsi, ne soyez point étonné de la fréquence de mes lettres .

Aurez-vous la bonté de me faire parvenir les remarques sur l'Encyclopédie 2.

J'aurais bien voulu que des Cahusac et des Desmahis n’eussent pas travaillé à cet ouvrage ; qu'on se fût associé à de vrais savants, et non pas à des petits freluquets , et qu'on n'eût pas eu la malheureuse complaisance d'insérer à côté des articles des Diderot et des d'Alembert, je ne sais quelles puériles déclamations qui déshonorent un si bel ouvrage . Je suis si attaché à cette belle entreprise que je voudrais que tout en fût parfait ; mais le bon y domine à tel point qu'elle fera l'honneur de la nation, et qu'assurément on doit à M. Diderot des récompenses .

On dit qu'on a donné des lettres de noblesse et une grosse pension au sieur Joseph Outrequin pour avoir arrosé le boulevard 3. Si je travaillais à l'Encyclopédie je dirais à l'article pension, M. Outrequin en a reçu une très forte, et M. Diderot a été persécuté .

Bonsoir, belle âme, qui gémissez comme moi sur le sort de la philosophie .

Écr l'inf. »

1 L'édition de Kehl, suite à la copie Beaumarchais, amalgame une version abrégée de cette lettre et celle du 8 octobre 1764 pour en faire une « lettre' datée du 8 octobre 1764 .

3 Voir Le Pauvre Diable, page 111, vers 354-357 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome10.djvu/121 ; l'arrosage des rues en été passait pour une mesure hygiénique de premier ordre .

22/11/2019

Je ne sais ce que c'est qu'empoises ni avances dues au seigneur

...Et je ne sais ce que veulent les salariés SNCF, qui tout en sachant pertinemment ce que perd l'entreprise pour chaque jour de  grève (entre 20 et 40 millions d'euros ! mazette !), se permettent de s'opposer à une réforme absolument nécessaire . Bossez et arrêtez de pourrir la vie de ceux qui vous payent : les clients et les contribuables .

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Meeting d'égoïstes ferroviaires

 

 

« A Joseph-Marie Balleidier

à Gex

Je ne sais ce que c'est qu'empoises 1 ni avances dues au seigneur . Monsieur Balleidier me fera plaisir de m'en instruire ainsi que des autres affaires dont il me parle . Je serai toujours empressé à lui témoigner mon estime et quand il n'aura rien à faire il me fera grand plaisir de venir aux Délices.

V.

3 octobre [1764] »

1 Le mot d'empoise ne convient pas . Faut-il lire emprise ? Mais ce mot n'existe pas au XVIIIè siècle au sens moderne , et le sens ancien (entreprise) ne convient pas davantage .