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17/08/2022

ils aiment la liberté comme des fous, et moi aussi

... Pas mieux !

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

6 mars 1767

Mon cher philosophe, il y a une dizaine de fautes ridicules dans cet ouvrage de mathématiques, mais les gens au fait rectifierons aisément les méprises d'algèbre . Je ne sais pas trop comment je pourrais faire pour vous envoyer ces planches . Voudriez-vous que je m'adresse à M. Marin ?1 C'est bien le plus sûr .

Vous devez être étonné qu'on ait mis trois mois au lieu de trois jours à ces gravures de courbes ; mais je vous ai déjà dit qu'on ne savait plus ce qu'on faisait à Genève ; mais dans quel pays sait-on ce qu'on fait ?

Si Mme la dauphine se trouve mieux, on jouera Les Scythes . Je vous recommande ces polissons-là ; ils aiment la liberté comme des fous, et moi aussi .

Que dites-vous de votre impératrice, qui a fait un beau mémoire sur la tolérance et qui est toute prête à se battre pour elle ?

Nous venons de lire une Lettre à un conseiller 2 ; c'est un chef-d’œuvre . »

1 Le texte porte Morin, ce qui est certainement une erreur de lecture .

2 La Lettre à M.***, conseiller au parlement de ***, pour servir de supplément à l'ouvrage qui […] a pour titre Sur la destruction des Jésuites en France, 1767, dont d'Alembert parle déjà couvert à V* dans une lettre du 27 février 1765 . La Seconde lettre de M*** […] sur l'édit du roi d'Espagne pour l'expulsion des jésuites est datée du 15 juillet 1767 . toutes deux sont de d'Alembert .

Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Sur_la_destruction_des_J%C3%A9suites_en_France

16/08/2022

Le premier de l’État, quand il a pu déplaire, S’il est persécuté, doit souffrir et se taire 

... Est-ce bien entendu M. Emmanuel Macron ?

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

4è mars 1767 1

Mon cher ami, le mémoire des Sirven réussira. Les traits du premier mémoire, conservés dans le second, feront un très grand effet. L’éloquence perce à travers le style du barreau.

Je vous adresserai les Sirven aussitôt que vous voudrez. Vous serez leur protecteur à Paris. Je me réserve à vous écrire plus amplement sur leur compte, quand je les ferai partir. Il faudra un passeport de M. le duc de Choiseul : nous sommes bien sûrs de n’être pas refusés.

La querelle que l’on fait à mon cher Marmontel n’est qu’une farce, en comparaison de la tragédie des Sirven et des Calas. Cette farce sera sifflée. Voici un petit madrigal d’un jeune homme de Mâcon 2, sur la bêtise de la sacrée faculté :

Vénérables sorboniqueurs,
De l’enfer savants chroniqueurs,
Vous prétendez que Marc-Aurèle
Doit cuire à jamais dans ce lieu :
Pour récompenser votre zèle,
Puisse incessamment le bon Dieu
Vous donner la vie éternelle !

Vous voyez que les provinces se forment. Je n’ai pas le temps de vous parler beaucoup des Scythes. Je vous dirai seulement qu’un serment de punir de mort les gens convient fort dans les premiers actes de Tancrède et de Brutus, mais qu’il serait un peu déplacé dans un mariage, et qu’il serait assez ridicule qu’une femme prévît qu’on tuera son mari, lorsqu’il n’est menacé par personne. Vous sentez qu’une telle finesse serait trop grossière.

Tout dépendra du rôle d’Obéide. Il faudra que Lekain se donne la peine d’adoucir et d’attendrir la voix de Mlle Durancy, qu’on dit un peu dure et un peu sèche. Si vous avez lu la préface que je voulais aussi faire lire à M. Diderot, vous aurez vu que mon intention n’était point de faire jouer cette pièce ; mais puisque mes amis veulent qu’on la représente, j’y consens. Cela pourra donner quatre ou cinq représentations avant Pâques. Les comédiens en ont besoin ; après quoi je ne m’en mêlerai plus. Je suis bien aise que la police ait passé ces deux vers :

Le premier de l’État, quand il a pu déplaire,
S’il est persécuté, doit souffrir et se taire ,3


et encore celui-ci :

Pourrais-tu rechercher cette basse grandeur ?4

La police a jugé sagement que ces choses-là n’arrivaient qu’en Perse.

Je vous remercie, mon cher ami, de l’intérêt que vous prenez à mes petites affaires. Je ne me suis point encore ressenti des arrangements économiques de M. le duc de Virtemberg.

J’écris à Cadix au sujet de la banqueroute des Gilly, mais j’espère très peu de chose. Les Gilly n’ont fait que de mauvaises affaires.

Vous m’avez mandé, par votre dernière lettre, que Mlle de L’Espinasse 5 désirait des sottises complètes . Il n’y a qu’à en prendre un recueil chez Merlin, le faire relier, et le lui envoyer. Ce sera autant de payé sur les mille livres qu’il doit à Wagnière.

Je reçois dans ce moment une lettre de M. de Courteilles, qui est enchanté de votre mémoire.

Je vous embrasse plus fort que jamais. E[crasez] L['infâme] .

M. Damilaville est prié de donner cours aux incluses 6

1 Copie contemporaine Darmstadt B. ; édition de Kehl. Le poste scriptum,manquant dans la copie Darmstadt est remplacé par Kehl et toutes éditions, sauf celle de 1813, par une phrase empruntée à la lettre du 6 mars : Je voudrais vous envoyer du Lamberta, mais comment faire ? 

2V* lui-même , bien entendu .

3 Les Scythes, Ac. I, sc. 3 .

4 Ibid, mais le vers a été légèrement modifié .

5 Voir lettre du 3 mars 1766 à d'Alembert : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvre... .

6 Ce peut être la lettre à M***, conseiller au parlement, etc. :.D’Alembert ne publia qu’en 1767 la Lettre à M***, conseiller au parlement de ***, pour servir de supplément à l’ouvrage qui est dédié à ce même magistrat, et qui a pour titre : Sur la Destruction des jésuites en France, par un auteur désintéressé ; mais cette lettre était faite dès 1765. Ou alors il s'agit sans doute d'un certain nombre de lettres de ce 4 mars 1767 , sinon toutes .

15/08/2022

Tu me glaces d’horreur !

...Vu sur Google actualités le 13/8/2022 ! Fabuleuse conception de nos US fournisseurs de data de ce qu'est un divertissement ; ils seront bien capables de mettre les fusillades meurtrières communes chez eux dans cette rubrique

Le Parisien
 
 

 

« A Henri-Louis Lekain

Mercredi au matin, après les autres lettres écrites,

4 mars [1767]

Il m’a paru convenable de jeter, dans les premiers actes des Scythes, quelques fondements de la loi qui fait le sujet du cinquième acte ; mais il n’est pas naturel qu’on parle dans un mariage de venger la mort d’un époux dont la vie semble en sûreté, et qui n’est encore menacé de rien par personne.

On peut, dans Tancrède et dans Brutus, commencer le premier acte par dévouer à la mort quiconque trahira sa patrie ; on peut commencer dans Œdipe par la proscription du meurtrier de Laïus : cet artifice serait grossier et impraticable dans les Scythes. Cependant il serait heureux que le spectateur pût au moins deviner quelque chose de cette loi, qui a, en effet, existé en Scythie. Voici comme je m’y prends à la deuxième scène du second acte ; voici le couplet qu’Indatire doit substituer à son premier couplet, qui commence par ces mots : en ce temple si simple.

Cet autel me rappelle à ces forêts si chères ;
Tu conduis tous mes pas, je devance nos pères :
Je viens lire en tes yeux, entendre de ta voix,
Que ton heureux époux est nommé par ton choix.
L’hymen est parmi nous le nœud que la nature
Forme entre deux amants, de sa main libre et pure.
Chez les Persans, dit-on, l’intérêt odieux,
Les folles vanités, l’orgueil ambitieux,
De cent bizarres lois la contrainte importune,
Soumettent tristement l’amour à la fortune :
Ici le cœur fait tout, ici l’on vit pour soi ;

D’un mercenaire hymen on ignore la loi ;
On fait sa destinée. Une fille guerrière
De son guerrier chéri court la noble carrière,
Se plaît à partager ses travaux et son sort,
L’accompagne aux combats, et sait venger sa mort.
Préfères-tu nos mœurs aux mœurs de ton empire ?
La sincère Obéide aime-t-elle Indatire ?

Obéide

Je connais les vertus, j’estime ta valeur, etc.

Non-seulement ces vers préparent un peu le cinquième acte, mais ils sont plus forts et meilleurs.

M. Lekain est prié de les donner à M. Molé, et de lui faire de ma part les plus sincères compliments. Je persiste toujours à croire qu’il ne faut donner que cinq ou six représentations avant Pâques. La pièce demande à être beaucoup répétée, et, en ce cas, l’approbation du public pourra produire quelque avantage aux acteurs après Pâques.

N. B. Au cinquième acte :

Obéide

[· · · · ]· C’est assez, seigneur ; j’ai tout prévu :
J’ai pesé mon destin, et tout est résolu.
Une invincible loi me tient sous son empire ;
La victime est promise au père d’Indatire ;
Je tiendrai ma parole. Allez, il vous attend
Qu’il me garde la sienne ; il sera trop content.

Sozame

Tu me glaces d’horreur !

Obéide

Hélas ! je la partage.
Seigneur, le temps est cher, achevez votre ouvrage,
Laissez-moi m’affermir ; mais surtout obtenez
Un traité nécessaire à ces infortunés
, etc.

N. B. Comment des gens du monde peuvent-ils condamner sénat agreste ? Ils n’ont pas vu les conseils généraux des petits cantons suisses. Le mot agreste est noble et poétique. Il est vrai qu’étant neuf au théâtre, quelques Frérons peuvent s’en effaroucher au parterre ; mais c’est à la bonne compagnie à le défendre. »

 

14/08/2022

En vérité, il s’agit dans cette affaire de l’honneur de la France

... "Zaporijia : la France "préoccupée par la menace "": https://www.youtube.com/watch?v=FOz8V4vckls

Préoccupation, à quand l'occupation ? Il est vrai que les nuages radio-actifs, depuis Tchernobyl, savent s'arrêter à nos frontières orientales !

 

 

 

« A Philippe-Antoine de Claris , marquis de Florian

4è mars 1767

Grand Turc, grand écuyer persan, cadi, et vous, grande écuyère 1, tombe sur vous la rosée du ciel, et soit votre rosier toujours fleuri 2! Qui a donc fait la chanson de Molé 3? Elle est naïve et plaisante. N’en fera-t-on point sur la Sorbonne, qui persécute si sottement Marmontel ?

Les Gilly 4 m’ont fait pis ; leur banqueroute est forte. Je serai fort obligé à monsieur le cadi s’il fait agir vigoureusement le procureur boiteux dans mon affaire contre des Normands.

Mme Denis et moi remercions le Grand Turc de la mainlevée. Mahomet favorise ses bons serviteurs. J’aurai bientôt, je crois, une plus grande obligation aux maîtres des requêtes. Vous avez vu sans doute le mémoire de M. de Beaumont : il faudrait avoir une âme de bronze pour ne pas accorder une évocation aux Sirven. En vérité, il s’agit dans cette affaire de l’honneur de la France ; il est trop honteux de se faire continuellement un jeu d’une accusation de parricide. Mon cher grand écuyer y est surtout intéressé pour l’honneur de son Languedoc. Pour moi, je m’intéresse plus aux Sirven qu’aux Scythes : je n’avais fait cette pièce que pour mon petit théâtre et pour mes chers Genevois, qui y sont un peu houspillés. M. et Mme de La Harpe la jouent très bien ; elle nous fait un très grand effet. Les changements que les anges nous proposent nous paraissent absolument impraticables : ce serait nous couper la gorge. Il faut donner la pièce telle qu’elle est, avec ses défauts ; mais il ne la faut donner que quand Mlle Durancy sera sûre de son rôle, et qu’elle aura appris à répandre et à retenir des larmes, et quand les deux vieillards sauront imiter la nature, ce qui est aussi rare dans ce tripot que dans celui de Nicolet.

Si le grand écuyer et le Grand Turc veulent se donner le plaisir des répétitions, ils feront un grand plaisir au Scythe, qui les embrasse de tout son cœur.

Il leur enverra incessamment la Guerre de Genève, dès qu’il en aura fait faire une copie. Cela peut amuser quelques moments ceux qui connaissent les masques.

Mille et mille tendres amitiés.

V. »

1 L’abbé Mignot, le marquis de Florian, d’Hornoy, son beau-fils, et la marquise de Florian, mère de ce dernier.

2 Réminiscence du Bourgeois gentilhomme, de Molière, Ac ; IV, sc. 6 :

3 Cette chanson, qui commence par ce vers :

Quel est ce gentil animal,

Tourne à Paris toutes les têtes,

Et pour qui l'on donne des fêtes ?

Ce ne peut être que Molet

Ou le singe de Nicolet.

Elle est du spirituel chevalier de Boufflers, et figure dans les Œuvres complètes de Boufflers, 1827 . Elle comporte une strophe regardant Voltaire :

Si la mort étendait son deuil

Ou sur Voltaire ou sur Choiseul,

Paris serait moins en alarmes,

Et répandrait bien moins de larmes

Que n'en ferait verser Molet

Ou le singe de Nicolet .

Note : Molet désigne le comédien Molé ; Nicolet est un entrepreneur en spectacles, célèbre à l'époque par son singe savant .

4 Les Gilly de Montaud, célèbres financiers . c'est l'un d'entre eux que Lescure a prétendu, à la fin du XIXè siècle, reconnaît dans le « vieux G.M. » de Manon Lescaut. .

13/08/2022

personne assurément ne vous enviera

... ni demain , ni jamais, vous qui vivez avec la menace de mort lancée par un vieil iman fanatique en 1989  : https://www.lemonde.fr/international/article/2022/08/12/l-auteur-britannique-salman-rushdie-attaque-sur-scene-lors-d-une-conference-dans-l-etat-de-new-york_6137893_3210.html

30 ans après la fatwa le condamnant, Salman Rushdie ne veut plus vivre  caché - The Times of Israël

Le Parisien

Bravo Google Actualités , rois de l'info : un crime en rubrique Divertissement , visible ce matin sur votre site !

 

 

 

« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont

Avocat, etc.

4è mars 1767

Mes yeux ne me permettent pas d’écrire, mon cher Cicéron ; je n’ai pas actuellement auprès de moi celui 1 qui vous fait d’ordinaire mes remerciements ; mais vous n’en verrez pas moins que j’ai reçu votre mémoire 2. Nous l’avons lu, nous avons pleuré. Ou les hommes seront de bronze, ou les Sirven seront justifiés comme les Calas. La consultation est de la plus grande habileté, et d’une bienséance qui fera beaucoup d’honneur à celui qui l’a rédigée. La victoire me paraît sûre. Les protestants et les catholiques vous béniront également, et personne assurément ne vous enviera la terre de Canon 3. On dira qu’il est bien permis au défenseur de l’humanité de se défendre lui-même, et de réclamer le bien des ancêtres de sa femme. Je vous prie de vouloir bien me faire envoyer un second exemplaire par M. Damilaville. Le premier sera pour messieurs du conseil de Berne ; le second sera signé par Sirven et ses filles. Messieurs de Berne doivent en avoir un parce qu’ils ont promis de continuer aux Sirven la petite pension qu’ils veulent bien leur faire pendant qu’ils poursuivront leur procès à Paris, et qu’ils ont mis pour condition qu’ils verraient le mémoire par lequel ils seraient appelés à venir auprès de vous.

Je vous enverrai Sirven et une de ses filles aussitôt que vous l’ordonnerez ; il y en a une qui est incapable de faire le voyage ; je ne puis trop vous réitérer mes tendres remerciements. Je vous embrasse cent fois, sage et éloquent vengeur de l’innocence. 

V.»

1La date est cependant de la main de Wagnière .

12/08/2022

Toutes ces sottises couvertes par d’autres sottises tombent dans un éternel oubli au bout de vingt-quatre heures

... Un exemple entre autres : https://fr.style.yahoo.com/stephane-plaza-seducteur-clien...

à multiplier par centaines de milliers en notre monde d'absurdie .

 

 

« A Claude-Joseph Dorat 1

4 mars [1767] 2

Je ne sais, monsieur, si mon amour-propre corrompt mon jugement ; mais vos derniers vers 3 me paraissent valoir mieux que les premiers . Ils sont, à mon gré, plus remplis de grâces. Votre muse fait ce qu’elle veut ; je la remercie d’avoir voulu quelque chose en ma faveur, quoiqu’il y ait encore un coup de patte. Je vous jure, sur mon honneur, que je n’ai aucune connaissance des vers qu’on a faits contre vous  4. Personne ne m’en a écrit un mot ; il n’y a que vous qui m’en parliez. Toutes ces sottises couvertes par d’autres sottises tombent dans un éternel oubli au bout de vingt-quatre heures. Je suis uniquement occupé de l’affaire de Sirven, dont vous avez peut-être entendu parler. Ce nouveau procès de parricide va être jugé au conseil du roi ; il m’intéresse beaucoup plus que les Scythes, dont je ne fais nul cas. Je n’avais destiné cet ouvrage qu’à mon petit théâtre ; mais on imprime tout : on a imprimé ce petit amusement de campagne. Les comédiens se repentiront probablement d’avoir voulu le jouer. J’ai donné un rôle à Mlle Durancy, à qui j’en avais promis un depuis très longtemps. Je ne connaissais point Mlle Dubois ; je vis ignoré dans ma retraite, et j’ignore tout. Si j’avais été informé plus tôt de son mérite et de ses droits, j’aurais assurément prévenu ses plaintes ; mais je vous prie de lui dire qu’elle n’a rien a regretter : le rôle qu’elle semble désirer est indigne d’elle. C’est une espèce de paysanne pendant trois actes entiers ; c’est une fille d’un petit canton suisse qui épouse un Suisse ; et un petit-maître français tue son mari. Je ne connais point de pièce plus hasardée ; c’est une espèce de gageure, et je gage avec qui voudra contre le succès. Mais on peut faire une mauvaise pièce de théâtre, et ambitionner votre amitié . C’est là ma consolation et ma ressource.

Je vous supplie, monsieur, de compter sur les sentiments très sincères de votre très humble, etc. »

2 L'original est passé à la vente Lucas de Montigny, 30 avril 1860 ; l'édition C.-J. Dorat , Mes nouveaux torts, 1775, ne donne que des fragments de la lettre ; ici, édition de Kehl .

4 Il s'agit des vers commençant comme suit :

Bon Dieu, que cet auteur est triste en sa gaieté !

Bon Dieu, qu'il est pesant dans sa légèreté […]

et se terminant par :

Il est, si je l'en crois, un heureux petit-maître ;

Mais si j'en crois ses vers, ah ! Qu'il est triste d'être

Ou sa maîtresse ou son lecteur !

cités dans la Correspondance littéraire . Effectivement ils émanent de Ferney, mais ils sont l’œuvre de La Harpe ; voir : https://www.france-pittoresque.com/spip.php?article7698

11/08/2022

Dira-t-elle bien non de la manière dont on dit oui ?

... Fermement et sans hésitation, le "NON à Poutine et sa guerre contre l'Ukraine" a mené la journaliste russe Marina Ovsiannikova en prison , ce qui prouve , s'il en était besoin , qu'un ex-petit agent du KGB reste un tordu ennemi de la liberté : https://www.francetvinfo.fr/monde/russie/vladimir-poutine...

Vlad' souviens toi de ce qui est arrivé au dernier tsar de toutes les Russies !

 

 

 

« A Henri-Louis Lekain

4 mars 1767

Je me flatte, mon cher ami, que vous aurez rétabli votre santé quand cette lettre vous parviendra. Je pense que, pour prévenir les éditions dont on me menace de tous côtés, vous devez au moins vous assurer de quatre ou cinq représentations avant Pâques . Mon libraire de Paris tiendrait alors la pièce toute prête pour la rentrée, supposé que cette pièce méritât d’être reprise ; sinon vous vous contenteriez de ces quatre ou cinq représentations, et il n’en serait plus parlé.

On dit que le public n’aime pas Dauberval, et que Grandval conviendrait mieux 1: c’est à vous à décider, et à faire ce que vous trouverez à propos. Sans vous rien ne se peut ni ne se doit faire. Prendrez-vous la peine, mon cher ami, d’adoucir la voix de Mlle Durancy, surtout dans les premiers actes ? Baissera-t-elle les yeux quand il le faut ? Dira-t-elle d’une manière attendrissante :

Si la Perse a pour toi des charmes si puissants,
Je ne te contrains pas, quitte-moi, j’y consens ;

J’en gémirai, Sulma : dans mon palais nourrie,
Tu fus en tous les temps le soutien de ma vie ;
Mais je serais barbare en t’osant proposer
De supporter un joug qui commence à peser,
etc. 2.

Pleurera-t-elle, et quelquefois soupirera-t-elle, sans parler ? passera-t-elle de l’attendrissement à la fermeté, dans les derniers vers du troisième acte ? Dira-t-elle bien non de la manière dont on dit oui ? Si elle fait tout cela, ce sera vous qu’il faudra remercier. La pièce est difficile à jouer . Elle a surtout besoin de deux vieillards qui soient naturels et attendrissants. Les succès dépendent entièrement des acteurs . S’il y en avait trois ou quatre comme vous, vos parts seraient au moins de vingt mille livres.

M. de Thibouville a la bonté de se charger de bien des détails. Portez-vous bien ; je vous embrasse de tout mon cœur.

V. »

1 L'édition Lekain atténue : On dit que Grandval conviendrait mieux que d'Auberval [...]