10/08/2022
Il est certain que si les animaux raisonnaient avec les hommes, ils auraient toujours raison, car ils suivent la nature, et nous l’avons corrompue
... Qu'en dit le béluga égaré en Seine et qu'il aurait fréquentée sans trop de gène si celle-ci n'était pas aussi polluée ? Il ne mange pas, et cela inquiète, il vaudrait mieux se demander quelles saletés il a déjà avalées et dont il ne veut plus . https://www.francetvinfo.fr/animaux/bien-etre-animal/belu...
« A Frédéric II, roi de Prusse
Du 3è mars 1767
Sire,
J’entends très bien l’aventure des deux chiens 1, et je l’entends d’autant mieux que je suis un peu mordu. Mes petites possessions touchent aux portes de Genève. Tout commerce est interrompu par cette ridicule guerre ; elle n’ensanglante pas encore la terre, mais elle la ruine. Vos chiens répondent très pertinemment à nos héros français et bernois. Il est certain que si les animaux raisonnaient avec les hommes, ils auraient toujours raison, car ils suivent la nature, et nous l’avons corrompue.
À l’égard du violon 2, je crains de n’entendre pas le mot de l’énigme 3. Est-ce le roi de Pologne, qui, ne pouvant pas lui-même venir à bout de ses évêques, s’est voulu secrètement appuyer de Votre Majesté, de la Russie, de l’Angleterre, et du Dannemark, et qui n’est actuellement appuyé que de la Russie ? Est-ce l’impératrice de Russie, qui soutient seule à présent le fardeau qu’elle avait voulu partager avec trois puissances ?
Il me paraît que je tourne autour du mot de l’énigme ; mais je peux me tromper ; vous savez que je ne suis pas grand politique.
Votre alliée l’impératrice a eu la bonté de m’envoyer son mémoire justificatif 4, qui m’a semblé bien fait. C’est une chose assez plaisante, et qui a l’air de la contradiction, de soutenir l’indulgence et la tolérance les armes à la main ; mais aussi l’intolérance est si odieuse qu’elle mérite qu’on lui donne sur les oreilles. Si la superstition a fait si longtemps la guerre, pourquoi ne la ferait-on pas à la superstition ? Hercule allait combattre les brigands, et Bellérophon les Chimères ; je ne serais pas fâché de voir des Hercules et des Bellérophons délivrer la terre des brigands et des Chimères catholiques.
Quoi qu’il en soit, vos deux contes sont bien plaisants ; votre génie est toujours le même, votre raison supérieure est toujours ingénieuse et gaie. J’espère que Votre Majesté daignera m’envoyer quelque nouveau conte sur la folie de ne vouloir pas qu’un prince afferme son bien 5, lorsqu’il est permis au dernier paysan d’affermer le sien . Cela ne me paraît pas juste, et mérite assurément un troisième conte.
J’ai eu l’honneur de vous parler, dans ma dernière lettre 6, du nommé Morival, cadet dans un de vos régiments à Vesel ; c’est un jeune homme très bien né, et dont on rend de fort bons témoignages. Est-il convenable qu’il ait été condamné à être brûlé vif chez des Picards, pour n’avoir pas salué une procession de capucins, et pour avoir chanté deux chansons ? L’Inquisition elle-même ne commettrait pas de pareilles horreurs. Pour peu qu’on jette les yeux sur la scène de ce monde, on passe la moitié de sa vie à rire, et l’autre moitié à frémir.
Conservez-moi sire, vos bontés, pour le peu de temps que j’ai encore a végéter et à ramper sur ce malheureux et ridicule tas de boue. »
1 Pour comprendre la lettre de V*, voir la lettre de Frédéric II du 10 février 1767 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1767/Lettre_6736
Voir, dans les Œuvres posthumes de Frédéric, la fable intitulée Les Deux Chiens et l’Homme : http://friedrich.uni-trier.de/fr/oeuvres/12/235/text/?h=les|deux|chiens|et|l%27homme
Voir aussi : https://lepetitjournal.com/berlin/correspondance-chien-frederic-ii-prusse-331278
2 Voir dans les Œuvres posthumes de Frédéric, le Conte du Violon : http://friedrich.uni-trier.de/fr/oeuvres/12/233/text/?h=le|conte|du|violon
3 Frédéric donnera lui-même à V* le mot de l'énigme dans une lettre du 24 mars 1767 : http://friedrich.uni-trier.de/fr/oeuvres/23/145-o2/text/?...|mars|1767
4 Manifeste sur les dissensions de Pologne intitulé Exposition des droits des dissidents joints à ceux des puissances intéressées de les maintenir, que Frédéric II a reçu le 11 février 1767 ; voir Politische Correspondenz, XXVI, 51 , et : https://books.google.fr/books?id=gZ1dAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false
et page 19 et suiv . : http://friedrich.uni-trier.de/fr/oeuvres/6/19/text/
5 Allusion à un passage de la lettre du 24 octobre 1766 : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6544
dans laquelle , en réponse à des demandes concernant l'établissement de la « colonie philosophique » à Clèves, Frédéric a écrit : « Les fermes que j'ai en ce pays-là s’amodient, et je ne saurais passer un contrat avec un autre fermier qu'après [que] l’échéance du bail est terminée . »
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09/08/2022
Il est mort en brave homme .
... Daniel Levi , qui s'est bien battu : https://www.youtube.com/watch?v=mCog_OTKjjE
« A David-Louis Constant de Rebecque, seigneur d'Hermenches
3è mars 1767 à Ferney
Je ne pouvais croire, mon cher colonel, que vous eussiez fait ces vers 1 pour ne les point dire ; mais puisque ce n’est qu'un amusement que vous avez voulu vous donner je suis bien loin de le trouver mauvais . Je suis bien aise au contraire qu’on s'amuse de ses talents en tout genre .
Au reste, je vous prie instamment de considérer qu'Athamare ne doit guère faire de compliments sans l'état où il est au quatrième acte . C'est bien assez qu'il dise à Hermodan :
Il m'en coûte
D'affliger la vieillesse et de percer ton cœur
Ton fils eût mérité de servir ma valeur etc.
Il est mort en brave homme .
Il est essentiel qu'il parle un peu durement à Sozame dont il est très mécontent, sans quoi Sozame paraîtrait trop cruel de ne pas s'opposer au sacrifice au cinquième acte en présence des Scythes . Enfin il me paraît qu'Athamare ne doit parler qu'en maître à Sozame au milieu du tumulte du quatrième acte .
J'ai changé quelque chose à Sozame dans le cinquième, mais je ne vous l'envoie point afin de ne point fatiguer la mémoire des acteurs .
Je vous prie surtout de considérer que si Athamare disait : Peins mon désespoir à Hermodan, les Scythes paraîtraient beaucoup trop barbares en le condamnant à mort . Vous conviendrez bien encore que quand un homme est présent on ne dit point à un autre, peins-lui mon désespoir ; on s'adresse à lui-même . Enfin, vous jugerez qu'il ne doit point être désespéré d'avoir tué un rival qui lui a parlé très insolemment .
Vous savez sans doute que retard ne se dit point dans la poésie noble 2, et qu'il n'y en a aucun exemple .
On ne peut être plus sensible que je le suis à toute la bonté que vous avez . Deux de nos acteurs de Ferney ont été obligés d'aller à Lyon, ainsi nous ne jouerons pas la pièce aussitôt que nous l’espérions . Une maladie de Lekain est cause aussi d'un retardement ou d'un retard à Paris . S'il arrivait quelque inconvénient pareil à Lausanne, je vous prie de m'en avertir . Je compte toujours que la pièce restera fidèlement entre vos mains . Et quelque chose qu'il arrive je n'ai que des grâces à vous rendre . »
1 Voir lettre du 24 février 1767 à Constant de Rebecque : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/07/25/tu-peux-pretendre-a-tout-en-marchant-sous-ma-loi-6393583.html
2 Curieuse remarque sur retard . Effectivement c'est le mot ancien retardement que l'on retrouve ordinairement à sa place jusqu'au XVIIIè siècle .
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08/08/2022
Je vous l'ai déclaré, Je respecte un usage en ces lieux consacré
... Parler librement .
« A Henri Rieu
2 mars 1767
Mon cher corsaire, puisque vous voulez qu'on joue Les Scythes,il faut tâcher, non seulement qu'ils soient bien joués, mais qu'ils soient dignes de l'être . C'est à la première scène du cinquième acte :
Sozame a-t-il appris à sa fille qui m’aime,
Les rites consacrés de cette loi suprême ?
Obéide
Je n'en apprends que trop .
Sozame
Je vous l'ai déclaré,
Je respecte un usage en ces lieux consacré ;
Mais des sévères lois par vos aïeux dictées
Les têtes de nos rois pourraient être exceptées .
Le Scythe
Plus les princes sont grands et plus nos autels , etc.
Si j'ai un peu de loisir, je viendrai quelque jour faire une répétition chez M. Hennin ou chez vous . Mais je n'ai ni loisir ni santé . En attendant que j'aie l'un et l'autre que je n'aurai peut-être point, je vous prie de vous faire représenter le rôle d'Obéide et celui de Sozame et de faire coller avec des petits pains le changement que je vous envoie .
Tout Ferney embrasse notre cher corsaire . Mille tendres respects à toute la famille .
V. »
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07/08/2022
ses sentiments se déploient sur le pont aux ânes des imprécations, pont aux ânes que l’on passe toujours avec succès
... Mélenchon en est un parfait exemple, montrant par là, soit une grande lâcheté face à la puissance chinoise, soit un puant irrespect de la démocratie , et finalement les deux à la fois : https://www.ouest-france.fr/politique/jean-luc-melenchon/...
« A Henri-Louis Lekain
2è mars 1767
Mon cher ami, vous êtes bien sûr que je m’intéresse plus à votre santé qu’à tous les Scythes du monde. Ménagez-vous, je vous en prie ; il faut se bien porter pour être héros : tous ceux de l’antiquité avaient une santé de fer. Il importe fort peu qu’on joue les Scythes devant ou après Pâques ; mais, si vous en pouvez donner quatre ou cinq représentations avant la fin du carême, je vous conseille de ne pas perdre ces quatre ou cinq bonnes chambrées, parce qu’il est presque impossible que dans la quinzaine de Pâques l’édition de Cramer ne devienne publique.
Je n’avais point eu dessein d’abord de faire jouer cette pièce, et la préface l’indique assez ; mais, puisqu’on la joue à Genève, à Lausanne et chez moi, et qu’on la jouera à Lyon et à Bordeaux, il est bien juste que vous en donniez quelques représentations. Comptez que j’aurai soin de vos intérêts dans l’édition qu’on en fera à Paris, quoiqu’il soit difficile d’obtenir des libraires des conditions aussi favorables pour une pièce déjà imprimée que pour une qui serait toute neuve.
Je vous prie de vous amuser, pendant votre convalescence, à faire collationner sur les rôles tous les changements que je vous ai envoyés. En voici un que je vous recommande : c’est à la première scène du cinquième acte. Il m’a paru, à la représentation, que c’était à Sozame à parler avant sa fille, et qu’Obéide devait être trop consternée pour répondre à la proposition qu’on lui fait d’immoler Athamare. Voici ce petit changement :
Obéide
Je n’en apprends que trop.
Sozame
Je vous l’ai déclaré 1:
Je respecte un usage en ces lieux consacré ;
Mais des sévères lois par vos aïeux dictées,
Les têtes de nos rois pourraient être exceptées.
Le Scythe
Plus les princes sont grands, etc.
Au reste, je ne compte sur le rôle d’Obéide qu’autant que vous voudrez bien conduire l’actrice. Vous avez reçu sans doute l’imprimé en marge duquel j’ai écrit mes petites indications. Ce personnage exige une douleur presque toujours étouffée, des repos, des soupirs, un jeu muet, une grande intelligence du théâtre. Ce n’est guère qu’au cinquième acte que ses sentiments se déploient sur le pont aux ânes des imprécations, pont aux ânes que l’on passe toujours avec succès.
Mme Denis vous fait mille compliments ; elle ne joue plus la comédie, ni moi non plus ; mais M. de La Harpe est un excellent acteur. Je vous embrasse de toute mon âme. »
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Mais tandis que la raison parle, le fanatisme hurle
... Et puis la raison se tait et fait parler les armes : https://www.la-croix.com/Monde/Larmee-israelienne-frappe-...
Et les morts font hurler, et la loi du talion reste maître ! Insensés !
« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin
2è mars 1767
Mon cher philosophe, vous avez dû recevoir dix exemplaires de notre commentaire 1. M. de Servan, avocat général de Grenoble a fait un discours très pathétique sur le même sujet ; il est imprimé, et vous l'avez peut-être vu . La raison et l'humanité commencent à percer de tous côtés . L'impératrice de Russie m'écrit ces propres mots : « Malheur aux persécuteurs, ils méritent d'être mis au rang des furies 2. » Mais tandis que la raison parle, le fanatisme hurle 3. On poursuit Fantet, on en poursuit bien d'autres . M. le Riche se signale en faveur de Fantet ; j'espère qu'il viendra à bout de mettre un frein à la persécution ; après ces petits préliminaires il faut que je vous consulte sur la manière dont on peut se tirer d'affaire dans le cas que je vais vous exposer .
J'ai fait un contrat sous seing privé avec un paysan pour un échange, à condition que le contrat serait rédigé par devant notaire à la première sommation de l'une des parties . Un de ses enfants a consenti au contrat ; ni le père, ni le fils de pouvaient signer, ils ont fait leurs marques en présence de témoins . Je leur a payé cent écus de plus-value .
Lorsque nous étions prêts de faire le contrat par-devant notaire, le paysan est mort . Son fils, qui avait fait sa marque au bas de l'acte, et son frère, tous deux très majeurs, ont joui pendant six ans du champ qui leur a été cédé en échange et de l'argent qui leur a été délivré . Un chicaneur leur a conseillé depuis peu de revenir contre cet acte ; ils me menacent de me faire assigner ; que dois-je faire, mon maître ?
Mme Denis vous fait bien ses compliments ; je vous embrasse de tous mon cœur ; écrasez l'infâme .
Brillon est venu demander au greffe de Porami la déclaration que fit il y a longtemps entre vos mains Ravanas, de ce qu'il devait aux hoirs Brochet pour le loyer de la maison qu'il tient de ces hoirs, laquelle rente Brillon a fait saisir entre les mains dudit Ravanas . Nous n'avons point pu retrouver cette déclaration . Si vous l'aviez encore, voudriez-vous l’envoyer, on vous serait infiniment obligé . »
1 Voir lettre du 13 septembre 1766 à d'Argental : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6497
2 Voir lettre du 27 février 1767 à Catherine II : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/07/25/si-vous-voulez-faire-des-miracles-tachez-seulement-de-rendre-6393680.html
3 Le mot est écrit heurle ; Furetière donne encore les deux formes, hurler et heurler .
01:03 | Lien permanent | Commentaires (0)
06/08/2022
J'approuve cet hymen, je l'ai déjà pressé
... C'est ce que ce tordu de Mélenchon --"composant à part entière" des dictateurs-- affirme, pour l'unité du territoire chinois par annexion de Taïwan par la Chine continentale de Xi Jin Ping : https://www.ladepeche.fr/2022/08/05/melenchon-remercie-pour-son-soutien-par-la-chine-les-propos-du-leader-de-lfi-ne-font-pas-lunanimite-a-la-nupes-10474871.php
« A Henri Rieu
à Genève
[février-mars 1767]
Nouveaux changements : acte Ier , scène IIè.
Sozame
Ô mon fils ! Ô mon cher Indatire !
Ma fille est, je le sais, sou mise à mon empire :
Elle est l'unique bien que les dieux m'ont laissé .
J'approuve cet hymen, je l'ai déjà pressé,
Mais je n'userai point de la loi paternelle,
Son sort est dans ses mains, tout doit dépendre d'elle.
Que ton père aujourd'hui etc.
Acte Vè, scène Ière
Hermodan
au lieu de ces deux vers :
Sozame a-t-il appris à sa fille qui m'aime
Les rites consacrés de cette loi suprême ?
mettez ces deux-ci :
Sozame a-t-il appris à sa chère Obéide
Tout ce qu'on attend de son cœur intrépide ?
Monsieur Rieu est prié de faire porter ces changements sur les rôles . »
09:25 | Lien permanent | Commentaires (0)
05/08/2022
je pourrais bien aller me faire enterrer ailleurs que dans la terre à pot du pays de Gex
... A titre personnel ....
« A Gabriel Cramer
[février-mars 1767]
Je vous supplie , mon cher Caro, de me renvoyer le discours de M. Thomas et l'autre brochure, qu'il faut que je fasse relier avec d'autres pièces détachées .
Avez-vous songé à donner volume par volume la nouvelle Histoire générale ? Je vous avertis que je ne veux point mourir sans en avoir vu au moins deux tomes imprimés ; d'ailleurs, votre guerre m'ennuie si prodigieusement que je pourrais bien aller me faire enterrer ailleurs que dans la terre à pot du pays de Gex . »
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