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21/02/2023

je suis hors de combat, mais j'encourage les combattants

...

 

« A Philippe-Antoine de Claris, marquis de Florian

et à

Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine, marquise de Florian

24è juillet 1767 1

Mes chers patrons d'Hornoy, je suis toujours prêt à aller trouver le duc de Virtemberg, et je ne pars point. Mauvaise santé, travaux nécessaires, affaires qui m'ont traversé, tout s'est opposé jusqu'à présent à mon voyage.

Il est vrai que Mme Denis a donné de belles fêtes, mais je suis trop vieux et trop malade pour en faire les honneurs. Je crois que l'affaire des Sirven sera jugée à Compiègne à la fin du mois, et nous espérons qu'elle le sera favorablement. Ce sera une seconde tête de l'hydre du fanatisme abattue.

Je profite de l'adresse que vous m'avez donnée pour vous envoyer un petit mémoire qui regarde un peu votre pays de Languedoc. Il a déjà eu son effet. M. de Gudanes, commandant au pays de Foix, a menacé le sieur La Beaumelle de le mettre pour le reste de sa vie dans un cachot s'il continuait à vomir ses calomnies.

Je ne sais point encore de nouvelles du procès de M. de Beaumont ; son affaire est bien épineuse, et il est triste qu'il réclame en sa faveur la sévérité des mêmes lois contre lesquelles il a paru s'élever, avec l'applaudissement du public, dans le procès des Calas et des Sirven.

MM. de Chabanon et de La Harpe sont toujours à Ferney; cela vous vaudra deux tragédies nouvelles pour votre hiver. Pour moi, je suis hors de combat, mais j'encourage les combattants.

Aimez-moi toujours un peu, et soyez sûrs de ma tendre amitié. 

V.»

1 L'édition de Kehl amalgame cette lettre avec celle du 9 juin 1767 .

20/02/2023

j’aime mieux mes enfants tortus et bossus, que les beaux bâtards que l’on me donne

... Paroles du président à qui l'on demande de liquider son gouvernement ?

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

A Ferney, 22è Juillet 1767.

Je me flatte, monseigneur, que c’est par votre ordre que M. de Gudanes, commandant au pays de Foix, a fait de justes menaces à La Beaumelle ; mais ces menaces ne l’empêchent pas de faire secrètement réimprimer dans Avignon les calomnies affreuses qu’il a vomies contre la maison royale, et contre tout ce que nous avons de plus respectable en France . Après le crime de Damiens, je n’en connais guère de plus grand que celui d’accuser Louis XIV d’avoir été un empoisonneur, et de vomir des impostures non moins exécrables contre tous les princes. J’ignore si vous êtes actuellement à Paris ou à Bordeaux ; mais, en quelque endroit que vous soyez, vos bontés me sont bien chères, et j’espère qu’elles feront toujours la plus grande douceur de ma retraite. Je compte sur votre protection pour les Scythes à Fontainebleau ; j’aurai l’honneur de vous envoyer la nouvelle édition qu’on fait à Lyon ; je vous demanderai qu’il ne soit pas permis aux comédiens de mutiler mes pièces. Vous savez qu’il y a des gens qui croient en savoir beaucoup plus que moi, et qui substituent leurs vers aux miens. Je ne fais pas grand cas de mes vers ; mais enfin j’aime mieux mes enfants tortus et bossus, que les beaux bâtards que l’on me donne.

Je ne sais pas encore quelles sont vos résolutions sur Gallien ; il y a longtemps que je ne l’ai vu ; il est presque toujours à Genève. Si j’avais cru que vous le destinassiez à être votre secrétaire, je l’aurais engagé à former sa main ; mais comme vous ne m’avez jamais répondu sur cet article, et que je n’ai point d’autorité sur lui, je me suis borné à le traiter comme un homme qui vous appartient, sans prendre sur moi de lui rien prescrire. Je souhaite toujours qu’il se rende digne de vos bontés.

Je n’ai que des nouvelles fort vagues touchant le curé de Sainte-Foy et les protestants qui sont en prison. Cette affaire m’intéresse, parce qu’elle peut beaucoup nuire à celle des Sirven qui se jugera à Compiègne.

Je vous supplie de conserver vos bontés au plus ancien serviteur que vous ayez, et au plus respectueusement attaché.

V. »

 

 

 

 

 

 

Je vous prie d'excuser un vieillard malade, qui a presque perdu la vue

... Honneur et bon anniversaire à ce grand homme , né, selon lui-même le 20 février 1694 (ce que je veux bien croire, car qui peut être davantage concerné que lui-même ?) .

VIVE   VOLTAIRE

329è ANNIVERSAIRE

 

 

« Au ch[evalier] CH. du C. 1

Du château de Ferney, près Genève, 24 juillet 1767

L'honneur que vous m'avez fait, monsieur, de me choisir pour m'apprendre qu'il y a à Andely une maison où a logé quelque temps le grand oncle de Mlle Corneille , que j'ai le bonheur d'avoir chez moi, et qui est très bien mariée, exigeait de moi une réponse plus prompte 2. Je vous prie d'excuser un vieillard malade, qui a presque perdu la vue . Je n'en suis pas moins sensible à votre attention .

J'ai l'honneur d'être, etc..

Voltaire

gentilhomme ordinaire

de la chambre du roi . »

1 Édition « Réponse de M. de Voltaire [etc.] », Mercure de France, septembre 1767 .

2 Le chevalier du C., gouverneur d'Andely (apparemment il s'agit à l'époque de Pierre Rémon, seigneur de Farceaux ) a écrit à V* le 24 juin 1767 pour lui dire à quel point la mémoire de Corneille est vénérée à Andely.

19/02/2023

Il est difficile de comprendre comment un corps entier s’obstine à se rendre ridicule

... Il est actuellement difficile de donner la palme, soit aux députés de l'opposition, soit au gouvernement, les uns semeurs de discorde et de haine, les autres incapables de donner un texte de loi qui soit juste et parfaitement nécessaire .

On dépasse, il est vrai le qualificatif de ridicule pour arriver à l'incompréhensible .

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

22 juillet 1767 1

Je ne puis que vous répéter, mon cher ami, que je suis très fâché que Lavaysse soit le beau-frère de La Beaumelle, mais que ce n’est pas une raison pour que je me laisse accabler par les calomnies de ce malheureux. Mon mémoire présenté aux ministres a eu déjà une partie de l’effet que je désirais. Le commandant du pays de Foix a envoyé chercher La Beaumelle, et l’a menacé des plus grands châtiments ; mais cela ne détruit pas l’effet de la calomnie. Le devoir des ministres est de la punir ; le mien est de la confondre. Je ne sais ni pardonner aux pervers, ni abandonner les malheureux. J’enverrai de l’argent à Sirven : il n’a qu’à parler.

M. Marin a dû vous faire tenir un paquet ; c’est la seule voie dont je puisse me servir.

Vous savez que j’ai écrit à M. Daguesseau. L'affaire de M. de Beaumont ne sera-t-elle pas rapportée au Conseil avant celle des Sirven ? C'est ce que j'ignore .

On m’assure que la Sorbonne lâchera toujours son décret contre Bélisaire. Il est difficile de comprendre comment un corps entier s’obstine à se rendre ridicule.

Je vous embrasse en courant, mais très tendrement. »

1 Copie contemporaine Darmstadt B. ; copie contemporaine B. H. ; édition de Kehl qui ; d'après la copie Beaumarchais, amalgame à la présente lettre une version déformée de la lettre du 27 juillet 1767, où manquent les mots « J'en ai encore à lui » et le troisième paragraphe réduit à J'ai écrit à M. d'Aguesseau . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/06/correspondance-annee-1767-partie-41.html

18/02/2023

il y a une différence immense entre les sentiments des sociétés de Paris et le reste de l’Europe !

... Particulièrement en ce moment, et ce n'est pas flatteur pour nous !

 

 

 

 A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

22 Juillet 1767.

Ah ! mon respectable ami, mon cher ange, qu’il y a une différence immense entre les sentiments des sociétés de Paris et le reste de l’Europe ! Il y a bien des espèces d’hommes différentes ; et quiconque a le malheur d’être un homme public est obligé de répondre à tous.

Vous me mandez, dans votre lettre du 15 de juillet, que La Beaumelle est oublié, tandis qu’il y a sept éditions de ses calomnies dans les pays étrangers, et que tous les sots, dont le monde est plein, prennent ses impostures pour des vérités. Il est triste en effet que La Beaumelle soit le beau-frère de Lavaysse . Sa sœur a fait cet indigne mariage malgré son père. Mais dois-je me laisser déshonorer par un scélérat dans toute l’Europe, parce que ce malheureux est le beau-frère d’un homme à qui j’ai rendu service ? N’est-ce pas au contraire à Lavaysse de forcer ce malheureux à rentrer dans son devoir, s’il est possible ? La Beaumelle a fait commencer secrètement une nouvelle édition de ses infamies dans Avignon. Le commandant du pays de Foix 1 est chargé, par M. le comte de Saint-Florentin, de le menacer des plus grands châtiments , mais cela ne le contiendra point ; c’est un homme de la trempe des d’Éon et des Vergy ; il niera tout, et il en sera quitte pour désavouer l’édition ; je n’ai de ressource que dans une justification nécessaire ; je n’envoie mon mémoire qu’aux personnes principales de l’Europe, dont les noms sont intéressés dans les calomnies que La Beaumelle a prodiguées . Je remplis un devoir indispensable.

A l’égard des Scythes, je suis indigné de la lenteur du libraire de Lyon. Il me mande qu’enfin l’édition sera prête cette semaine ; mais il m’a tant trompé que je ne peux plus me fier à lui. Un libraire d’une autre ville veut en faire encore une nouvelle édition. On n’imprime pas, mais on joue les Illinois. Nous avons joué ici l’Orphelin de la Chine ; mais, Dieu merci, nous ne l’avons pas donné tel qu’on me fait l’affront de le représenter à Paris. Je ne sais si de Belloy a raison de se plaindre 2; mais, pour moi, je me plains très fort d’être défiguré sur le théâtre, et par Duchesne. Je me flatte que vos bontés pour moi ne se démentiront pas. Vous m’avouerez qu’il est désagréable que les comédiens, qui m’ont quelques obligations, prennent la licence de jouer mes pièces autrement que je ne les ai faites. Quel est le peintre qui souffrirait qu’on mutilât ses tableaux ?

Ayez soin de votre santé, mon cher ange ; portez-vous mieux que moi, et je serai consolé d’avoir une santé détestable. »

1 Effectivement Saint-Florentin a demandé au marquis de Gudanes, commandant de Foix, d'' « avertir » La Beaumelle « de se tenir tranquille et de laisser en repos M. de Voltaire » . Mais il n’était nullement question dans sa lettre des « plus grands châtiments » . Dans sa réponse à Gudanes, La Beaumelle nie toute participation à ces lettres anonymes . Il fait de même auprès de Saint-Florentin.

Pour Gudanes, voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ch%C3%A2teaux_de_Ch%C3%A2teau-Verdun_et_de_Gudanes#cite_note-20

17/02/2023

Il y a bien des fautes qu'il faudra corriger dans une seconde édition

... Tel est, à propos de la loi sur les retraites, le credo de Marine Le Pen qui se voit déjà maîtresse de la France et dictatrice bien-aimée capable seule de supprimer la loi adoptée -à contrecoeur-  à coup de 49-3 . Rendez-vous en 2027 .

 

 

« A Charles-Joseph Panckoucke

20è juillet 1767 à Ferney

Je retiens monsieur un exemplaire de votre Dictionnaire universel en vingt volumes 1 , et je suis prêt de le payer d'avance puisque c'est vous qui l'imprimez et que sans doute vous y travaillez . Je vous prie d'imprimer français et anglais par un a et de ne jamais parler de culs-de-sac . Pouvez-vous me dire qui sont les auteurs du Dictionnaire historique portatif 2 en quatre volumes chez le prétendu Marc-Michel Rey ? Il y a bien des fautes qu'il faudra corriger dans une seconde édition, et surtout dans votre grand ouvrage .

Votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Pierre-Jean-Jacques-Guillaume Guyot et autres, Le Grand Vocabulaire français, 1767-1774 , qui finit par compter 30 volumes . V* reçut les premiers volumes au début de 1768 (voir lettre du 1er février 1768 à Panckoucke : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/07/correspondance-annee-1768-partie-6.html

et https://www.christies.com/en/lot/lot-5996766 )

16/02/2023

sergent aux gardes, s'était illustré par une brochure qui avait remporté le prix de l'académie de Marseille

... Autre temps, autre sujet :l'économie ; https://www.ac-aix-marseille.fr/deuxieme-edition-national...

Il y a fort à parier que ces lauréat.e.s n'ont pas été consultés à propos de la loi sur la retraite, ils auraient eu plus de bons sens que bien des guignols de l'Assemblée et des syndicats .

 

 

« A Louis-Antoine de Gontaud Biron, duc de Lauzun

[20 juillet 1767] 1

[Recommande Ferdinand Desrivières à son attention .]

1 Cette lettre et son contenu sont connus par la réponse du duc le 4 septembre 1767 qui mentionne aussi une autre lettre de V* du 18 août 1767 sur le même sujet . À noter que Ferdinand Desrivières, sergent aux gardes, s'était illustré par une brochure qui avait remporté le prix de l'académie de Marseille : https://www.livresanciens.eu/loc/fr_FR/pages/books/19292/... . Voir aussi les lettres du 1er août 1767 à Wargemont ( lettre 6959 de https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411361p/texteBrut ou http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/06/correspondance-annee-1767-partie-42.html ) et du 14 août 1767 à Desrivières .