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13/08/2009

intéresser des gens qui ne s’intéressent qu’à eux-mêmes,

Cet après-midi, j'ai la surprise et le plaisir -je ne vous le cache pas- d'avoir mon fils ainé dans ma visite . Je ne lui ai pas demandé ce qu'il pense de celle-ci. Je laisse refroidir et je le questionnerai plus tard .

La dernière fois qu'il a visité ce château, c'était de nuit , sans les collections, à la lueur d'une lampe de poche , donc fort contraste. Les fantômes de la nuit se font très discrets au soleil, à peine un reflet sur un tableau ou derrière un buste, les visites nocturnes étant réservées aux amis et parents, qu'on se le tienne pour dit .

loveV, vous êtes une amie donc ....

Cette belle journée m'a fait repenser à des vacances lointaines où ce fils ainé et sa petite soeur étrennaient leurs premières vacances à la mer et où j'avais eu le plaisir de rencontrer un artiste peintre et chanteur de talent : Michel Murty : http://www.michel-murty.com/ .

Ah ! le VVF, on ne dira jamais assez le plaisir de ces villages de vacances et de leurs animations qui permettaient à certains de faire leurs premières armes.

 

esperance.jpg

 Je sais que cette photo n'a rien à voir avec ce qui suit, ni ce qui précède , mais , bon ,c'est moi qui publie, des fois en vrac, je dois le reconnaitre, comme la vie pour ce qui nous arrive . Cette photo est une dédicace à kala69 ( http://www.flickr.com/photos/kala69 ) que je vous recommande, il a l'esprit et le coup d'oeil affutés .

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Volti courtisan amuseur forcé "honteux à son[mon] age de quitter sa[ma] philosophie pour être baladin des rois". Il s'acquittera bien de ce pensum en ayant recours , sur le tard à J-J Rousseau, qui le croirait en pensant à leur avenir houleux .

 

 

 

 

« A Marie-Louise Denis

Chez Monsieur de Fontaine, maitre des comptes, rue Pavée derrière la place Royale, à l’hôtel d’Herbouville quartier Saint Antoine à Paris.

 

 

Ma chère nièce, j’aurai bientôt la consolation de vous embrasser ; je quitte la tranquillité de Cirey pour le chaos de Paris. Il faut absolument que je revienne préparer des fêtes [représentation de La princesse de Navarre composée pour le mariage du dauphin avec l’infante d’Espagne ], et peut-être de l’ennui à notre dauphine et une cour pour laquelle je ne me sens point fait. Je me sens un peu honteux à mon âge de quitter ma philosophie et ma solitude pour être baladin des rois ; mais on dit qu’il y avait presse à être revêtu de cette grande dignité, et on m’a fait l’honneur de me donner la préférence [Richelieu l’a chargé de ce divertissement]. Il faut donc la mériter, tacher de faire rire la cour, mêler le noble au comique, intéresser des gens qui ne s’intéressent qu’à eux-mêmes, donner un spectacle où il y ait de tout, et où la musique n’étouffe point les paroles, avoir affaire à vingt comédiens, à l’opéra, aux danseurs, décorateurs, et tout cela pourquoi ? pour que la dauphine me fasse en passant un signe de tête [il espérait plutôt « quelque marque de bonté qu’on me doit pour des bagatelles d’une autre espèce dans lesquelles je n’ai pas laissé de rendre service »]. Allons, il faut partir puisque je vous verrai, et que nous nous consolerons tous deux, vous de vos pertes [Mme Denis est veuve depuis le 12 avril et a des difficultés pour régler la succession], et moi de la ridicule vie que je mène, toute contraire à mon humeur et à ma façon de penser. J’embrasse tendrement votre aimable sœur et son cher mari. Je ne sais, mon enfant, aucune nouvelle d’aucun sous-fermier, et les Montigni [la famille Mignot de Montigny] ne m’ont point mandé l’établissement de Mlle Montigni. Tout ce que je sais, c’est que le plus riche fermier général ne serait pas trop bon pour elle. Encore faudrait-il qu’il fut fort aimable. Elle mérite bien d’être heureuse. Elle a de l’esprit et des talents, et pense tout à fait à ma fantaisie.

 

 

                            En vous remerciant, ma chère enfant, des Mahomet. Je vous prie de dire à votre ami La Porte qu’il me les garde jusqu’à ce que je lui donne une adresse. Présentez-lui bien mes remerciements. Je vous souhaite santé et tranquillité. Adieu ma chère nièce, je me flatte du plaisir de vous embrasser tous incessamment. Mme du Châtelet vous fait mille compliments.

 

 

                            V.

                            Ce 13 août 1744 à Cirey. »

28/07/2009

Cela est à la vérité composé par de la canaille, et fait pour être lu par la canaille

 

http://www.youtube.com/watch?v=F-rWf2PMHbw&feature=re...

 

Volti a encore frappé fort et j'ose le souhaiter n'a pas été qu'un sujet d'intéret touristique . Je m'explique : ce jour nous avons reçu une délégation officielle (d'un grand pays, très grand pays , inventeur de la porcelaine, d'où le clip précédent!), qui laisse un bon souvenir. Son élément principal, homme cultivé et agréable accompagné de son épouse, a beaucoup apprécié la visite conduite par Eilise et a l'intention de revenir. Il sera le bienvenu , c'est un poête, qui connait le français, l'anglais et jouait gentiment le rôle d'interprête auprès de son épouse. Puisse-t-il appliquer le plus souvent possible les idées généreuses de Voltaire, c'est notre voeu le plus cher ....

 

 

Volti, tu défends bec et ongle ton enfant , jeune Pucelle, que tu mis vingt ans à mettre au monde (tu dis trente, qui dit mieux ! ;-)): longue grossesse, accouchement difficile, présentation par le saint siège, tentative de version, forceps, césarienne , et sans anesthésie ! Je comprends que tu hurles "au charron" .

Sachez que cette Pucelle constitue ma récréation . N'appelez pas la police, je ne la touche que des yeux et je ris . Concentré de malice, voilà ce qu'elle est .

 Je vous invite à le vérifier : http://books.google.fr/books?id=bXYDefqNRGQC&dq=la+pu...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

 

 

           Je ne suis pas excessivement dans les délices, mon cher et respectable ami ; toute cette aventure de Jeanne d’Arc est bien cruelle. Le porteur [son secrétaire Collini, envoyé à Paris] vous remettra mon ancienne copie. Vous la trouverez assurément plus honnête, plus correcte, plus agréable [le 6 juillet, V* écrit : qu’ « on trouve ici (l’ouvrage) très joli, très gai, et point scandaleux. On dit que les contes de La Fontaine sont cent fois moins honnêtes. Il y a bien de la poésie, bien de la plaisanterie, et quand on rit on ne se fâche point. »]  que les manuscrits qu’on vend publiquement. Je vous supplie d’en faire tirer une copie pour Mme de Fontaine, d’en laisser prendre une à Thiriot, et de permettre à vos amis qu’ils la fassent aussi copier pour eux. C’est le seul moyen de prévenir le péril dont je suis menacé. On s’est avisé de remplir toutes les lacunes de cet ouvrage commencé il y a plus de trente années. On y a ajouté des tirades affreuses. Il y en a une contre le roi. Je l’ai vue. Cela est à la vérité composé par de la canaille, et fait pour être lu par la canaille. [des vers assez proches sont annotés par V* dans les marges de la copie de La Pucelle «  Quel est le laquais qui a fait la plupart de ces vers ? Quel est le maraud de la lie du peuple qui peut écrire ces insolentes bêtises ? »: « …Dort en Bourbon la grasse matinée / …. Et quand saint Louis, là-haut mon compagnon / M’a prévenu qu’un jour certain Bourbon / M’en donnerait à pardonner bien d’autres » Chant I, vers 320 sq.]

 

 

C’est dormir à la Bourbon la grasse matinée

C’est… saint Louis le bon apôtre

A Louis XV en pardonne bien d’autres.

Les Richelieux le nomment maquereau.

[il ne manquera pas de citer ce vers à Richelieu le 31 juillet et d’ajouter « Les La Beaumelle, les Fréron et les autres espèces qui vendent sous le manteau cette abominable rhapsodie sont prêts, dit-on de les faire imprimer. »]

 

 

 

           Figurez-vous tout ce que les halles pourraient mettre en rimes. Enfin on y a fourré plus de cent vers contre la religion qui semblent faits par le laquais d’un athée.

 

 

           Ce coquin de Grasset dont je vous dois la connaissance a apporté ce beau manuscrit à Lausanne. J’ai profité de vos avis, mon cher ange, et les magistrats de Lausanne [Grasset travaillait chez l’imprimeur Bousquet à Lausanne] l’ont intimidé. Il est venu à Genève ; et là, ne pouvant faire imprimer cet ouvrage, il est venu chez moi me proposer de me le donner pour cinquante louis d’or. [Grasset dit que c’est V* qui l’envoya chercher. Il lui demanda d’aller voir la personne qui possédait le manuscrit. Celle-ci lui dit qu’on pouvait l’acheter 50 louis ; qu’il « provenait d’une copie que M. de Voltaire avait vendue 100 louis au prince royal de Prusse et que l’ayant donnée à copier à un secrétaire infidèle, celui-ci en avait fait une copie pour lui et l’avait vendue au possesseur actuel 100 ducats ». Grasset copie dix-sept lignes impies comme pièce à conviction, conformément aux instructions de V*. Il les lui apporta, lui demandant de faire faire une copie et de lui rendre la feuille écrite de sa main. V* promit ; mais, une fois en possession du papier, il refusa de le rendre et prit au collet Grasset en l’accusant d’avoir composé le manuscrit. Grasset dut finalement mettre la main à l’épée pour se libérer de V* et de ses gens, et il alla se plaindre aux autorités. Il avoue toutefois qu’il a fait une seconde copie des dix-sept lignes destinée, dit-il à Bousquet « sans autre vue que de (le) ce voulons pas d’un homme de cette pièce ».] Je savais qu’il en avait déjà vendu plus de six copies manuscrites. Il en a envoyé une à M. de Bernstof, premier ministre en Danemark. Il m’a présenté un échantillon, et c’était juste un de ces endroits abominables, une vingtaine de vers horribles contre Jésus-Christ. Ils étaient écrits de sa main. Je les ai portés sur le champ au résident de France. Si le malheureux est encore à Genève, il sera mis en prison, mais cela n’empêchera pas qu’on ne débite ces infamies dans Paris, et qu’elles ne soient bientôt imprimées en Hollande. Ce Grasset m’a dit que cet exemplaire venait d’un homme qui avait été secrétaire ou copiste du roi de Prusse, et qui avait vendu le manuscrit cent ducats. Ma seule ressource à présent, mon cher ange, est qu’on connaisse  le véritable manuscrit composé il y a plus de trente ans, tel que je l’ai donné à Mme de Pompadour, à M. de Richelieu, à Mme de La Vallière, tel que je vous l’envoie. Je vous demande en grâce ou de le faire copier ou de le donner à Mme de Fontaine pour le faire copier. Je vous prie qu’on n’épargne point la dépense. J’enverrai à Mme de Fontaine de quoi payer les scribes. Si vous avez cet infâme chant de l’âne qu’on m’attribue, il n’y a qu’à le brûler. Cela est d’une grossièreté odieuse, et indigne d’être dans votre bibliothèque. En un mot, mon cher ange, le plus grand service que vous puissiez me rendre est de faire connaitre l’ouvrage tel qu’il est, et de détruire les impressions que donne à tout le monde l’ouvrage supposé.

 

 

           Je vous embrasse tendrement et je me recommande à vos bontés avec la plus vive insistance.

 

 

P.S.- On vient de mettre ce coquin de Grasset en prison à Genève. On devrait traiter ainsi à Paris ceux qui vendent cet ouvrage abominable.

 

 

           Voltaire

           Aux Délices 28 juillet 1755. »

03/06/2009

si j’avais obligation au diable je dirais du bien de ses cornes.

 

Alleluiah ! Jésus n'est pas mort (car il bouge encore, me direz-vous, bande d'iconoclastes ), pas mort sur la croix d'infâmie (ou de rédemption, c'est vous qui voyez ). Qui donc a été crucifié ? Son frère, qui s'est sacrifié pour lui !...

Et Jésus ? En toute facilité et incognito, il est allé jusqu'au Japon -proche banlieue de la Palestine- y finir ses jours de riziculteur , père de famille, à plus de cent ans .

Preuve à l'appui de mes dires de mécréant : son tombeau est surmonté d'une croix, chose rare au pays du soleil levant .

Trop fort Jésus, comme on dit dans les banlieues !

Trop fort surtout ces japonais qui sont intimement persuadés de ces faits , nouvelle version des saintes écritures à paraître ! Que fait le Vatican ? Va-t-il lancer une fatwa comme tout intégriste qui se respecte ? Heureusement non . Pour une fois, la tolérance pour des croyances déviantes est respectée . C'est vrai que le sujet est tellement gros qu'il laisse sans voix mais non sans sourire ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

 

 

                        La lettre de mon héros m’a donné un tremblement de nerfs qui m’aurait rendu paralytique, si je n’avais pas le moment d’après reçu une lettre de M. le Chancelier [Maupéou] qui a remis mes nerfs à leur ton, et rétabli l’équilibre des liqueurs. Il est très content, il a seulement changé deux  mots et fait réimprimer la chose [brochure Les Peuples aux Parlements qui contient quelques allusions élogieuses à Choiseul, en deux lignes que Maupéou fera supprimer]. On en a fait quatre éditions dans les provinces. C’est la voix de Jean prêchant dans le désert et que les échos répètent.

 

                Mon héros sait que quand César releva les statues de Pompée, on lui dit : « Tu assures les tiennes. » Ainsi mon héros dans son cœur trouvera très bon qu’on montre de la reconnaissance pour un homme qu’on appelle en France disgracié [Choiseul], et qu’on relève ses statues, pourvu qu’elles n’écrasent personne.

 

                J’avoue que je suis une espèce de Don Quichotte qui se fait des passions pour s’exercer. J’ai pris parti pour Catherine seconde, l’étoile du Nord, contre Moustapha le cochon du croissant. J’ai pris parti contre nos seigneurs [le parlement de Paris, l’ancien] sans autre motif que mon équité et ma juste haine envers les assassins du chevalier de La Barre et du jeune Talonde [d’Etallonde, ami de La Barre, que V* recommandera auprès de Frédéric II en 1767]  mon ami, sans imaginer seulement qu’il y eût un homme qui dût m’en savoir gré.

 

                J’ai dans toutes mes passions détesté le vice de l’ingratitude, et si j’avais obligation au diable je dirais du bien de ses cornes.

 

                Comme je n’ai pas longtemps à ramper sur ce globe, je me suis mis  à être plus naïf que jamais. Je n’ai écouté que mon cœur ; et si on trouvait mauvais que je suivisse ses leçons, j’irai mourir à Astracan, plutôt que de me gêner dans mes derniers jours chez les Welches.

 

                J’aime passionnément à dire des vérités que d’autres n’osent pas dire, et à remplir des devoirs que d’autres n’osent remplir. Mon âme s’est fortifiée à mesure que mon pauvre corps s’est        affaibli.

 

                Heureusement mon caractère a plu à l’homme auquel il aurait pu déplaire [Maupéou]. Je me flatte qu’il ne vous rebute pas, et c’est ce que j’ai ambitionné le plus.

 

                Je sens vivement vos bontés. Je ne désespère pas de faire un jour, si je vis, un petit tour très incognito à Paris ou à Bordeaux pour vous faire ma cour, vous jurer que je meurs en vous aimant, et m’enfuir au plus vite. Mais je crois qu’il attendre que j’aie quatre-vingts ans sonnés. Je n’en ai que soixante et dix-huit, je suis encore trop jeune.

 

                J’ai d’ailleurs fondé une colonie [avec les émigrants fuyant Genève, il fonde une manufacture de montres ] que l’homme à qui je dois tout faisait fleurir, et qui me ruine à présent en exigeant ma présence.

 

                Ce que vous daignez me dire sur ma santé et Tronchin me fait cent fois plus de plaisir que votre vesperie [=admonestation] ne m’alarme ; aussi vous suis-je plus attaché que jamais avec le plus tendre et le plus profond respect, et le plus éloigné de l’ingratitude.

 

 

                        Voltaire

                        A Ferney 3ème juin 1771. »

 

 

 

 

 

 

 

02/05/2009

que Volt. s’aille faire f. et qu’on n’en parle plus

Petit coup de blues ...

J'ai déblogué quelques jours .

 

 

poirier espalier.jpg

Circontances atténuantes, il y a eu un vilain refroidissement dans le secteur, puis le beau revenant (timidement) -sans permettre le maillot de bain (ou alors seulement sous sa douche)- j'en ai profité pour jouer au débroussailleur fou .

Massacre à la tronçonneuse. Sus aux ronces qui ont l'audace de prolifèrer ! Paradoxe, j'adore la confiture de mûres et devrais donc aller chercher mon régal à des kilomètres plus loin . Mais j'ai une dent contre ce fil de fer barbelé naturel qui ose venir faire concurrence à quelques malheureux poiriers en espalier , mal traités, abandonnés depuis des années, ridés et qui offrent malgré tout une floraison prometteuse . Prometteuse certes, mais l'an passé ce furent des promesses d'homme politique en campagne (électorale ! car la mémoire courte se pratique aussi bien en ville qu'aux champs ): paroles fleuries, résultat nul . Peut mieux faire !!

 

ronces.jpg

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

 

                            Il s’agit, mon aimable protecteur, d’assurer le bonheur de ma vie.

 

                            M. le bailly de Froulay qui vint me voir hier m’apprit que toute l’aigreur du garde des Sceaux contre moi venait de ce qu’il était persuadé que je l’avais trompé dans l’affaire des Lettres philosophiques et que j’en avais fais faire l’édition. Je n’appris que dans mon voyage à Paris de l’année passée comment cette impression s’était faite ? J’en donnai un mémoire. M. Rouillé, fatigué de toute cette affaire qu’il n’a jamais bien sue, demanda à M. le duc de Richelieu s’il lui conseillait de faire usage de ce mémoire. M. de Richelieu plus fatigué encore et las du déchainement et du trouble que tout cela avait causé,[à Montjeu, en mai 1734, juste après le mariage de Richelieu, V* avait fui, car poursuivi pour l’édition des Lettres philosophiques]  persuadé d’ailleurs (parce qu’il trouvait cela plaisant) qu’en effet je m’étais fait un plaisir d’imprimer  et débiter le livre, malgré le garde des Sceaux, M. de R., dis-je, me croyant trop heureux d’être libre dit à M. Rouillé : l’affaire est finie, qu’importe que ce soit Jore ou Josse, qui ait imprimé ce f. livre ? que Volt. s’aille faire f. et qu’on n’en parle plus. Qu’arriva-t-il de cette manière légère de traiter les affaires sérieuses de son ami ? que M. Rouillé crut que mes propres protecteurs étaient convaincus de mon tort, et même d’un tort très criminel. Le garde des Sceaux fut confirmé dans sa mauvaise opinion, et voilà ce qui en dernier lieu m’a attiré ces soupçons cruels de l’impression, de la P.[La Pucelle] C’est de là qu’est venu l’orage qui m’a fait quitter Cirey.

 

                            M. le bailly de Froulay qui connait le terrain, qui a un cœur et un esprit dignes du vôtre m’a conseillé de poursuivre vivement l’éclaircissement de mon innocence. L’affaire est simple. C’est Josse, François Josse, libraire rue Saint-Jacques A la fleur de lis, le seul qui n’ait point été mis en cause, le seul impuni, qui imprima le livre, qui le débita par la plus punissable de toutes les perfidies .Je lui avais confié l’original sous serment, uniquement, afin qu’il le relia pour vous le faire lire.

 

                            Le principal colporteur instruit de l’affaire est greffier de Lagny. Il se nomme Lyonnois. J’ai envoyé à Lagny avant-hier. Il a répondu que François Josse était en effet l’éditeur. On peut lui parler.

 

                            Il est démontré que pour imprimer le livre j’avais donné 1500 livres tournois à Jore de Rouen, c’est Pasquier, banquier, rue Quincampois, qui lui compta l’argent .Jore de Rouen fut fidèle et ne songea à débiter son édition supprimée que quand il vit celle de Josse de Paris. Voilà les faits vrais et inconnus. Échauffez M. Rouillé en faveur d’un honnête homme, de votre ami malheureux et calomnié.

 

 

                            Voltaire

                            Hôtel d’Orléans, vers le 1er mai 1736. »

 

 

 

 

 

 

 

PS: De défilé le 1er mai, point . De muguet, point. Loin de moi ces deux poisons, le premier pour l'esprit le second pour le corps. Belles intentions, bon parfum, mais méfiance.

 

 

voir : http://www.chru-lille.fr/cap/ca5-99avril1.htm

 

28/04/2009

Ce sera une consolation pour moi que mon dernier travail soit pour la défense de la vérité

Je satisfais à la fois mon goût pour le chocolat et celui pour la vie de Volti. Preuve illustrée :

 

lally-tollendal1.jpg

Faute de vous régaler du chocolat, régalez-vous du texte ci-dessous ...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Au chevalier Trophime-Gérard de Lally-Tollendal

[fils naturel de Lally-Tollendal condamné]

 

                            J’avais eu l’honneur, Monsieur, de connaitre particulièrement M. de Lally, et de travailler avec lui sous les yeux de M. le maréchal de Richelieu à une entreprise dans laquelle il déployait tout son zèle pour le Roi et pour la France [V* et Lally-Tollendal de 1744 à 1746 militaient pour Charles-Edouard Stuart et étaient favorables à un débarquement en Angleterre avec richelieu] .Je lus avec attention tous les mémoires qui parurent au temps de sa malheureuse catastrophe [Lally-Tollendal est exécuté le 9 mai 1766]. Son innocence me parut démontrée . On ne pouvait lui reprocher que son humeur aigrie par tous les contretemps qu’on lui fit essuyer. Il fut persécuté par plusieurs membres de la Compagnie des Indes, et sacrifié par le parlement.

 

                            Ces deux compagnies ne subsistent plus. Ainsi le temps parait favorable. Mais il me parait absolument nécessaire de ne faire aucune démarche sans l’aveu, et sans la protection de M. le Chancelier.

 

                            Peut-être ne vous sera-t-il pas difficile, Monsieur, de produire des pièces qui exigeront la révision du procès. Peut-être obtiendrez-vous d’ailleurs la communication de la procédure. Une permission secrète au greffier criminel pourrait suffire. Il me semble que M. de Saint-Priest, conseiller d’État, peut vous aider beaucoup dans cette affaire. Ce fut lui qui ayant examiné les papiers de M. de Lally, et étant convaincu non seulement de son innocence, mais de la réalité de ses services, lui conseilla de se remettre entre les mains de l’ancien parlement. Ainsi la cause de M. de Lally est la sienne, aussi bien que la vôtre. Il doit se joindre à vous dans cette affaire si juste et si délicate.

 

                            Pour moi, je m’offre à être votre secrétaire malgré mon âge de quatre-vingts ans et malgré les suites très douloureuses d’une maladie qui m’a mis au bord du tombeau. Ce sera une consolation pour moi que mon dernier travail soit pour la défense de la vérité.[sans doute la dernière lettre connue actuellement de V* est un billet au chevalier]

 

                            Je ne sais s’il est convenable de faire imprimer le manuscrit que vous m’avez envoyé ; je doute qu’il puisse servir, et je crains qu’il ne puisse nuire. Il ne faut dans une pareille affaire que des démonstrations fondées sur les procédures mêmes. Une réponse à un petit libelle inconnu ne ferait aucune sensation dans Paris. De plus, on serait en droit de vous demander des preuves des discours que vous faites tenir à un président du parlement, à un avocat général, au rapporteur, à des officiers ; et si ces discours n’étaient pas avoués par ceux à qui vous les attribuez, on vous ferai les mêmes reproches que vous faites à l’auteur du libelle . Cette observation me parait très essentielle.

 

                            D’ailleurs, ce libelle m’est absolument inconnu, et aucun de mes amis ne m’en a jamais parlé. Il serait bon, Monsieur, que vous eussiez la bonté de me l’envoyer par M. Marin qui voudrait bien s’en charger.

 

                            Souffrez que ma lettre soit pour Mme la comtesse de Laheuze [cousine du chevalier] comme pour vous. Ma faiblesse et mes souffrances présentes ne me permettent pas d’entrer dans de grands détails. Je lui écris simplement pour l’assurer de l’intérêt que je prends à la mémoire de M. de Lally. Je vous prie l’un et l’autre d’en être persuadés.

 

                            J’ai l’honneur d’être avec tous les sentiments que je vous dois, Monsieur, votre très …

 

 

                            Voltaire

                            A Ferney 28 avril 1773. »

08/03/2009

.Je veux que vous soyez heureuse(s)

8 mars : Journée mondiale de LA FEMME : qu’elle en profite bien ! Demain elle devra se retrouver en concurrence avec la journée de l’astronomie, la journée de la fin de la guerre de 39-45, la journée de la fin de la guerre d’Algérie, la fête du travail (qui peut me dire que le travail est une fête, si ce n’est un chômeur ou un malade cloué sur son lit !!), la fête du fox à poils durs (à poil dur me semblait un peu restrictif-tif ! ) et la fête du chat-huant !

femme.jpg

Messieurs, rassurons-nous, il nous reste les Droits de l’HOMME !

http://www.linternaute.com/nature-animaux/fauve/photo/les...

Messieurs, vous avez le droit d’écrire à l’élue de votre cœur (oh ! comme c’est bien dit !!). Voici, ci-après,  un modèle…Enfin ... c’est vous qui voyez … !

 

 

 

« A Marie-Louise Denis

 

 

                                   Jaco Tronchin [=Tronchin-Calandrini, qui stoppera se activités politiques, frère de Tronchin-Boissier], qui de son coté a été quelquefois houspillé par le peuple, est celui qui veut acheter Ferney. Il balance entre votre terre et celle d’Alamoigne [Allemogne,- tout près de chez moi- ]. Je crois que vous devez saisir cette occasion qui ne se présentera plus. Il faudra baisser un peu le prix, car on peut avoir  Alamoigne pour 250 000 livres. Elle est affermée 9 000 livres et vous ne trouveriez pas un fermier qui donnât mille écus de Ferney. Je pense que si vous pouvez vendre Ferney avec les meubles pour 200 000 livres vous ne devez pas manquer ce marché. Si même on n’en voulait donner que 180 000, je vous dirais encore : donnez la terre à ce prix. Vous aurez dix mille livres de rente viagère et 80 000 livres d’argent comptant. Votre santé, vos goûts, la douceur de la vie de Paris, vos parents, vos amis, tout vous fixe à Paris, et je compte venir vous y voir dès que j’aurai arrangé mes affaires et les vôtres avec M. le duc de Virtemberg [à qui V* a prêté ]. Je compte avoir au mois de juillet les délégations en bonne forme qui assureront le payement exact de vos rentes et des miennes. Ce paiement ne commencera probablement qu’au mois de janvier 1769. Pour moi, j’ai à payer actuellement plus de seize mille livres tant à Genève qu’à Lyon et aux domestiques [Mme Denis a laissé « pour environ quinze mille livres de dettes criardes à payer », et le petit-neveu d’Hornoy en a pour « cinq mille livres de sa part »]. C’est à vous de tirer de M. le maréchal de Richelieu environ vingt-cinq mille francs que nous partagerons .Je crois que la maison de Guise [prêt de V* au défunt duc de Guise lors du mariage de sa fille avec le duc de Richelieu] en doit presque autant. Votre neveu et votre beau-frère [d’Hornoy et Florian] seront de bons intendants. Si vous vendez Ferney 200 000 livres vous vous trouverez d’un coup fort au-dessus de vos affaires .Il faudrait m’envoyer une procuration spéciale pour vendre Ferney et je vous donne ma parole d’honneur de ne la vendre jamais au-dessous de 180 000 livres. Je sais bien qu’en tout elle me revient à près de 500 000 livres, mais on ne revend point ses fantaisies et le prix d’une terre se règle sur ce qu’elle rapporte et non sur sa beauté. Encore une fois un fermier savoyard ne vous en rendrait pas 3 000 livres par an et il ne vous paierait pas. Il s’agit, entre nous, ou de n’en avoir rien ou de vous en faire tout d’un coup dix à douze mille livres de rente.

gravure façade chateau.jpg Vous me demandez ce que je deviendrai. Je vous répondrai que Ferney m’est odieux sans vous, et que je le regarde comme le palais d’Armide qui n’a jamais valu douze mille livres de rente. Si je vends Ferney, je me retirerai l’été à Tournay. Je songe plus à vous qu’à moi .Je veux que vous soyez heureuse, et je compte avoir vécu. J’ai gardé jusqu’à présent tous les domestiques et je ne suis pas sorti de ma chambre. Le thermomètre a été six degrés au-dessous de la glace .Tous les arbres nouvellement plantés périront. Je ne les regretterai pas .Je regretterai encore moins le voisinage de Genève. Ce sera toujours l’antre de la discorde .Le Conseil a presque tout cédé au peuple qui a fait la paix en victorieux. Ce n’était pas la peine d’envoyer un ambassadeur et des troupes pour laisser les maîtres ceux qu’on voulait punir [ambassadeur français : Beauteville ; les natifs pourront faire négoce des ouvrages fabriqués par eux, de plus il pourront être médecins, chirurgiens, apothicaires, et avoir accès aux jurandes ]. Mais la situation de Genève m’importe fort peu. La vôtre seule me touche. Je vous conseillerais de prendre une maison avec votre frère et l’enfant [l’abbé Mignot et Mme Dupuits née Corneille]. Je me logerais dans le voisinage, quand je pourrais revenir d’une manière convenable et à ma façon de penser et à mon âge, car vous savez que je ne présenterai jamais requête pour être mangé des vers dans une paroisse de Paris plutôt qu’ailleurs. Solitude pour solitude, tombeau pour tombeau, qu’importe ? Vivez, je saurai bien mourir très honnêtement. Il y a plus de dix-huit cents ans que Lucrèce a dit avant La Fontaine :

 

            Je voudrais qu’à cet âge

            On sortit de la vie ainsi que d’un banquet

            Remerciant son hôte et faisant son paquet.

 

J’aurais eu la consolation de mourir entre vos bras sans ce funeste La Harpe.

 

            Les vainqueurs viennent d’envoyer chez moi. Vous voyez bien qu’on vous avait trompée et que je ne méritais pas que vous me dissiez que je ne savais plaire ni à Dieu ni au diable. J’aurais voulu au moins ne pas vous déplaire. Ma douleur égalera toujours mon amitié.

 

                        Voltaire

                        Mardi au soir 8 mars 1768 »

 

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