Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

19/12/2009

le suppliant espère en la miséricorde de son héros, et en ses plaisanteries.

 

 

http://www.youtube.com/watch?v=qQIO3pBFfXI&feature=fvw

phil collins et genesis : in too deep

For jump ?

too_Deep_For_Jump.jpg

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

 

19è décembre 1764 à Ferney

 

Remontre très humblement François de V. l’aveugle à son héros :

         1° Que son héros n’a pas autant de mémoire que d’imagination et de grâces ; qu’il daigna mander le 1er sept. A son vieux courtisan : Vous êtes, et serez toujours le maître des rôles de toutes vos pièces. C’est un droit qui vous serait moins disputé qu’à personne, et une loi où l’on obéira en vous battant des mains ; je le veux absolument.

 

                   Voilà les propres  paroles de monseigneur le maréchal.

 

         2° Que ces propres paroles étaient en réponse d’un placet présenté par l’aveugle, dans lequel ledit aveugle avait supplié son héros de lui permettre de faire une nouvelle distribution de ces rôles.

 

         3° Que ledit suppliant a été depuis environ quarante ans en çà berné par son dit héros, lequel lui a donné force ridicules le plus gaiement du monde [cf lettre à d’Argental le 1er mai 1736].

 

         4° Que ledit pauvre diable ne mérite point du tout le ridicule d’être accusé d’avoir entrepris quelque chose de sa tête dans cette importante affaire, et qu’il n’a rien fait, rien écrit que muni de la permission expresse de son héros, de son ordre positif, qu’il garde soigneusement.

 

         5° Qu’il écrivit en conséquence au grasseyeur Grandval, qu’il instruisit ledit grasseyeur de la permission de monseigneur le maréchal, et que partant, il est clair que le berné n’a manqué à aucun de ses devoirs envers son héros le berneur.

 

6° Qu’il n’a consulté en aucune manière Parme et Plaisance [D’Argental, représentant du duc de Parme à Paris, et sa femme ], sur les acteurs et actrices du tripot de Paris, mais que sur le rapport de plusieurs farceurs, grands connaisseurs, barbouilleurs de papier et autres grands personnages, il a distribué ses rôles selon toute justice sous le bon plaisir de monseigneur le maréchal [il confiait des rôles « à Mlles Doligny et Luzy » et écrivait aux d’Argental le 27 novembre :  « je crois (le) goût (de M. de Richelieu) pour Mlle d’Epinay (de l’Epinay) passé. » Alors que le 22 octobre, après avoir recommandé à Richelieu « un acteur excellent …nommé Aufresne », il ajoutait : « Je vous en donne avis ; Monsieur le premier  gentilhomme de la chambre fera ce qu’il lui plaira. »], et des autres gentilshommes de la chambre, ce qu’il a expressément recommandé dans toutes ses lettres aux connaisseurs représentant le parterre.

 

7° Qu’il n’a envoyé au grasseyeur se dernières disposition sous une enveloppe parmesane que pour éviter les frais de la poste au grasseyeur, et pour lui faire parvenir la lettre plus sûrement, une première ayant été perdue. [ le 7 décembre V* se plaint aux d’Argental de la perte d’un paquet, à eux adressé, qui contenait « les provisions des dignités comiques pour Grandval et les demoiselles Doligny et Luzy » ]

 

         Ces sept raisons péremptoires étant clairement exposées, le suppliant espère en la miséricorde de son héros, et en ses plaisanteries.

 

         Il supplie son héros d’examiner la chose un moment de sang-froid, sans humeur et sans bons mots, et de lui rendre justice.

 

         Il y a plus de quinze jours que j’ai écrit pour faire venir quatre exemplaires de ce cher Julien l’Apostat  [Défense du paganisme par l’empereur Julien, en grec et ne français, avec des dissertations et des notes pour servir d’éclaircissement au texte et pour en réfuter les erreurs, par M. le marquis d’Argens (Berlin 1764)] pour vous en faire parvenir un par la voie que vous m’avez ordonnée.

 

         Vous croyez bien que j’ai reçu de mon mieux l’ambassadeur de Mme d’Egmont [fille de Richelieu]. Je vois que votre voyage dans mon pays de neiges est assez éloigné encore ; mais si jamais Mme d’Egmont veut passer le mont Cenis et aller à Naples, je me ferai prêtre pour l’accompagner en qualité de son aumônier Poussatin [personnage des Mémoires du comte de Gramont, de Hamilton ]. Je suis honteux de mourir sans avoir vu le  tombeau de Virgile, la ville souterraine, Saint Pierre de Rome, et les facéties papales [ vus par ses personnages de contes : Princesse de Babylone (1768) et Amabed (1769)].

 

         Je me mets aux pieds de mon héros avec une extrême colère, un profond respect, et un attachement sans bornes.

 

                   V. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

En lisant les pages qui vont suivre, écoutez :

http://www.youtube.com/watch?v=v2E8bhDHESk

Question de frivolité, de distraction, au XVIIIème ! Profitez de cette recherche avec Mme d'Egmont comme sujet :

http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://pagesperso-o...

 

 

 

                  

 

 

 

 

15/07/2009

nous étions si unis que vous aviez le frisson quand j’avais la fièvre.

Hier soir , je me suis senti une âme de justicier, aussi j’ai applaudi aux exploits de Louis la Brocante qui plein d’astuces a lutté contre une forme moderne d’esclavagisme.

louis_la_brocante.jpg
Ci dessus, le vrai héros !

Je passe sous silence mets en avant un morceau de bravoure où Louis le débrouillard, devant deux gendarmes médusés (il est vrai qu’un rien les étonne, pas vrai ?) réussit à faire passer son fourgon chargé trop en hauteur en se contentant de dégonfler les roues arrières .

Moi je dis : « gonflé le mec ! mais un peu con-con ! si tu ne dégonfles pas aussi à l’avant, tu te retrouves avec une décapotable !! » .

Amis scénaristes et aussi acteurs, de la féérie oui, du réalisme aussi, SVP !. Une vraie histoire belge ou de fada que vous connaissez surement : « pourquoi tu dégonfles les pneus, c’est le haut du camion qui est trop haut ! ».

 

Comme l'animatrice, je fais du vent !helicoptere.jpg

Dans le domaine « Protégeons les candidats de jeux télévisés contre la torture », je m’élève bien haut (en hélicoptère, pour l’occasion !) contre les affreux tortionnaires de la Chasse au trésor !

Ces rois du bon goût et de la psychologie appliqués sont capables de remettre, sans sourire, un jeu et la console qui va avec à l’équipe perdante de la manche de sélection . Où est le mal me direz-vous ?

Tout simplement, à ces éliminés qui en gros sur la patate, qui viennent de voir s’envoler l’espoir de toucher 10000 euros, on offre un jeu « La Chasse au trésor », qui je cite, leur « permettra de revivre les aventures du jeu » !!!

A ceci, j’aimerais entendre répondre : « Sadiques, cruels animateurs, idiots !... Vous savez ce que je vais en faire de votre console de débile, de votre DVD pourri ? A coté de moi les champions olympiques du lancer du disque et du marteau réunis vont pleurer d’envie ; record du monde, satellisées vos saletés !

Vous êtes juste bons à offrir le film de l’accident d’un tétraplégique !

Revivre un échec, et puis quoi encore ? Dire merci ? Je suis heureux d’avoir participé et de m’être fait « boiter » et botter en touche ! ».

 

Je vous laisse le soin de figurer en bonne place dans les records du bétisier télévisuel, bande de zozos !

 

Personnellement, lorsque je ne fais pas un bon score au tir à l’arc, n’essayez pas de me consoler en me disant : « tu n’es quand même pas mal placé !» .Je ne vais pas en compétition pour me faire battre, sinon j’irais à la pêche, bande de moules !(à la pêche aux moules-moules…)

 

 

 

 

 

 

Remets-toi, Volti ! Ton ami Thiriot mène une vie de bâton de chaise et a des amours à géométrie variable, ne mets pas ton doigt dans l’engrenage . Nous sommes en été, et Emilie te fais bon accueil ! Profite …

 

« A Nicolas-Claude Thiriot

 

 

           Je n’ai point été intempérant, mon cher Thiriot, et cependant j’ai été malade. Je suis un juste à qui la grâce a manqué. Je vous exhorte à vous tenir ferme car je crois être encore au temps où nous étions si unis que vous aviez le frisson quand j’avais la fièvre.

 

 

           Vous voilà donc vengé de votre nymphe [Mlle Sallé , maitresse de Thiriot, que V* appellera « votre putain »]. Elle a perdu sa beauté. Elle sera dorénavant plus humaine, et trouvera peu de gens humains. Vous pourrez lui dire :

 

Les dieux ont vengé mon outrage,

Tu perds à la fleur de ton âge

Taille, beautés, honneurs et bien.

 

           Mais avec tout cela je crains bien que quand elle aura repris un peu d’embonpoint, et dansé belle chacone, vous ne redeveniez son chevalier plus enchanté que jamais. J’ai reçu une lettre charmante de votre ancien rival, ou plutôt de votre ancien ami M. Balot [Balot de Sovot qui publiera l’Eloge de monsieur Lancret , peintre du roi (1743) et un acte du ballet Pigmalion (1748)]; mais vraiment je suis trop languissant à présent pour lui répondre.

 

 

           Quand je vous ai demandé des anecdotes sur le siècle de Louis XIV, c’est moins sur sa personne que sur les arts qui ont fleuri de son temps. J’aimerais mieux des détails sur Racine et Despréaux, sur Quinault, Lully, Molière, Lebrun, Bossuet, Poussin, Descartes, etc. que sur la bataille de Stinkerke. Il ne reste plus rien que le nom de ceux qui ont conduit des bataillons et des escadrons. Il ne revient rien au genre humain de cent batailles données, mais les grands hommes dont je vous parle ont préparé des plaisirs purs et durables aux hommes qui ne sont point encore nés. Une écluse du canal qui joint les deux mers, un tableau de Poussin, une belle tragédie, une vérité découverte sont des choses mille fois plus précieuses que toutes les annales de cour, que toutes les relations de campagnes. Vous savez que chez moi les grands hommes vont les premiers, et les héros les derniers. J’appelle grands hommes tous ceux qui ont excellé dans l’utile ou dans l’agréable. Les saccageurs de provinces ne sont que des héros. Voici une lettre d’un homme moitié héros, moitié grand homme que j’ai été bien étonné de recevoir et que je vous envoie. Vous savez que je n’avais pas prétendu m’attirer des remerciements de personne, quand j’ai écrit l’Histoire de Charles XII, mais je vous avoue que je suis aussi sensible aux remerciements de cardinal Alberoni, qu’il l’a pu être à la petite louange très méritée que je lui ai donnée dans cette histoire [V* dit d’Alberoni :  « puissant génie qui a gouverné l’Espagne assez longtemps pour sa gloire, et trop eu pour la grandeur de cet Etat »]. Il a vu apparemment la traduction italienne qu’on a faite à Venise. Je ne serais pas fâché que M. le Garde des Sceaux [Chauvelin] vît cette lettre,[Alberoni écrit :  « …avec votre style sublime vous avez dit plus en deux mots de moi que ce qu’a dit Pline de Trajan dans son panégyrique. Heureux les princes qui auront le bonheur de vous intéresser dans leurs faits ! Votre plume suffit pour les rendre immortels… »] et qu’il sût que si je suis persécuté dans ma patrie, j’ai quelque considération dans les pays étrangers. Il fait tout ce qu’il peut pour que je ne sois pas prophète chez moi.

 

 

           Continuez, je vous en prie, de faire ma cour aux gens de bien qui peuvent se souvenir de moi. Mille tendres compliments à Balot, c’est un aimable correspondant. Je voudrais bien que Pollio [par assimilation à Asinius Pollio, homme de lettre et mécène de Virgile] de La Popelinière pensât de moi plutôt comme les étrangers que comme les Français.

 

 

           On m’a écrit que ce portrait est imprimé [Portrait de Voltaire, attribué au comte Charost, à l’abbé de La Marre, à Ramsay, à Jean-Baptiste Rousseau, puis à Piron, lettre manuscrite en quatre pages, tout en antithèses]. Je suis persuadé que les calomnies dont il est plein seront crues quelque temps et je suis encore plus sûr que le temps les détruira.

 

 

           Adieu, je vous embrasse tendrement, le temps ne détruira jamais mon amitié p[ou]r vous.

 

 

           Voltaire

           Vers le 15 juillet 1735. »

 

 

          

26/05/2009

Je hais les conquérants,....Je songe à l’humanité, Sire, avant de songer à vous-même

La lettre du jour me plait car on y trouve le Volti toujours aussi peu avare de compliments, lesquels compliments n'excluent pas l'expression du fond de la pensée de l'auteur. Plutôt que des lois répressives comme il en fleurit tous les jours (par la grâce de parlementaires et de ministres qui veulent justifier leur passage au pouvoir sans songer au réel bien du menu peuple ! SVP, oubliez ce mouvement d'aigreur matinal !!), Volti nous amène à réfléchir sur notre conduite, apprécie ce qui est correct et nous place face à l'insupportable que nous devons éviter . Il le dit et l'écrit, bien sot celui qui ne saurait pas en tirer les conséquences...

 

 

« A Fréderic II, roi de Prusse

 

 

Le Salomon du Nord en est donc l’Alexandre ?

Et l’amour de la terre en est aussi l’effroi ?

L’Autrichien vaincu fuyant devant mon roi [bataille de Chotusitz (=Czaslau) 17 mai]

Au monde à jamais doit apprendre

Qu’il faut que les guerriers prennent de vous la loi,

Comme on vit les savants la prendre.

J’aime peu les héros, ils font trop de fracas ;

Je hais les conquérants, fiers ennemis d’eux-mêmes,

Qui dans les horreurs des combats

Ont placé le bonheur suprême ;

Cherchant partout la mort, et la faisant souffrir

A cent mille hommes leurs semblables ;

Plus leur gloire a d’éclat, plus ils sont haïssables.

O ciel que je dois vous haïr !

Je vous aime pourtant, malgré tout ce carnage

Dont vous avez souillé les champs de nos Germains,

Malgré tous ces guerriers que vos vaillantes mains

Font passer au sombre rivage.

Vous êtes un héros ; mais vous êtes un sage.

Votre raison maudit les exploits inhumains

Où vous força votre courage,

            Au milieu des canons, sur des morts entassés,

Affrontant le trépas, et fixant la victoire,

Du sang des malheureux cimentant votre gloire,

Je vous pardonne tout, si vous gémissez.

 

Je songe à l’humanité, Sire, avant de songer à vous-même ; mais après avoir en abbé de Saint Pierre [ abbé Charles-Irénée Castel de Saint-Pierre, auteur d’un Projet de paix perpétuelle -1713, : Frederic dira : « il ne manque pour faire réussir ce projet que le consentement de l’Europe et quelque autre bagatelle semblable… » ; de Réflexions sur l’Anti-Machiavel de 1740 -1741 ] pleuré sur le genre humain dont vous devenez la terreur, je me livre à toute la joie que me donne votre gloire. Cette gloire sera complète si Votre Majesté force la reine d'Hongrie à recevoir la paix, et les Allemands à être heureux .Vous voilà le héros de l’Allemagne, et l’arbitre de l’Europe. Vous en serez le pacificateur, et nos prologues d’opéra [Quinault y  célébrait les victoires de Louis XIV] ne seront plus que pour vous.

 

La fortune qui se joue des hommes, mais qui vous semble asservie, arrange plaisamment les évènements de ce monde. Je savais bien que vous feriez de grandes actions ; j’étais sûr du beau siècle que vous alliez faire naître ; mais je ne me doutais pas, quand le comte du Four [Frederic avait fait un voyage sous le nom de comte du Four en 1740, avec son frère et Algarotti,  à Strasboug] allait voir le maréchal de Broglio, et qu’il n’en était pas trop content, qu’un jour ce comte du Four aurait la bonté de marcher avec une armée triomphante au secours du maréchal, et le délivrerait par une victoire. Votre Majesté n’a pas daigné jusqu’à présent instruire le monde des détails de cette journée. Elle a eu, je crois, autre chose à faire que des relations,[Friedrich von Borck apporta la nouvelle à Paris le 23 mai] mais votre modestie est trahie par quelques témoins oculaires, qui disent tous qu’on ne doit le gain de la bataille qu’à l’excès de courage et de prudence que vous avez montré. Ils ajoutent que mon héros est toujours sensible, et que ce même homme qui fait tuer tant de monde est au chevet du lit de M. de Rotembourg. Voilà ce que vous ne mandez point, et que vous pourrirez pourtant avouer comme des choses qui vous sont toutes naturelles. Continuez, Sire, mais faites autant d’heureux au moins dans ce monde que vous en avez ôté ; que mon Alexandre redevienne Salomon le plus tôt qu’il pourra, et qu’il daigne se souvenir quelquefois de son ancien admirateur, de celui qui par le cœur est à jamais son sujet, de celui qui voudrait passer sa vie à vos pieds, si l’amitié plus forte que les rois et que les héros, ne le retenait, et qui sera attaché à jamais à Votre Majesté avec le plus profond respect et la plus tendre vénération.

 

 

de Voltaire

A Paris ce 26 mai 1742. »

 

                       

 

09/01/2009

blocus d'hier, chaos-K.O. d'aujourd'hui !

"A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul

Mon héros, mon protecteur,

C'est pour le coup que vous êtes mon colonel . Le satrape Elochivis [=Choiseul ] environne mes poulaillers de ses innombrables armées, et le bonhomme qui cultive son jardin au pied du mont Caucase est terriblement embarassé par votre funeste ambition [ blocus de Genève suite aux dissensions dans cette république ].

Permettez-moi la liberté grande de vous dire que vous avez le diable au corps . Maman Denis et moi nous nous jetons à vos pieds . ce n'est pas les Genevois que vous punissez, c'est nous , grâces à Dieu . Nous sommes cent personnes à Ferney qui manquons de tout, et les Genevois ne manquent de rien . Nous n'avons pas aujourd'hui de quoi donner à dîner aux généraux de votre armée .

A peine l'ambassadeur de votre Sublime Porte eut-il assuré que le roi de Perse prenait les honnêtes Scythes sous sa protection et sauvegarde spéciale, que tous les bons Scythes s'enfuirent  [ Scythes = Genevois, Persans = Français ; fuite et émigration de patriciens après le refus du Règlement de Médiation ]. Les habitants de Scythopolis peuvent aller où ils veulent, et revenir, et passer et repasser avec un passeport du chiaoux Hennin ; et nous pauvres Persans, parce que nous sommes votre peuple, nous ne pouvons ni avoir à manger, ni recevoir nos lettres de Babylone, ni envoyer nos esclaves chercher une médecine chez les apothicaires de Scythopolis .

Si votre tête repose sur les deux oreillers de la justice et de la compassion, daignez répandre la rosée de vos faveurs sur notre disette .

rosée.jpg

Dès qu'on eut publié votre rescrit impérial dans la superbe ville de Gex où il n'y a ni pain, ni pâte, et qu'on eut reçu la défense d'envoyer du foin chez les ennemis, on leur en fit passer cent fois plus qu'ils n'en mangeront en une année . Je souhaite qu'il en reste assez pour nourrir les troupes invincibles qui bordent actuellement les frontières de la Perse .

Que Votre Sublimité permette donc que nous lui adressions une requête qui ne sera point écrite en lettres d'or sur parchemin couleur de pourpre selon l'usage, attendu qu'il nous reste à peine une feuille de papier que nous résevons pour votre éloge .

Nous demandons un passeport signé de votre main prodigue en bienfaits pour aller, nous et nos gens, à Genève ou en Suisse selon nos besoins et nous prierons Zoroastre qu'il intercède auprès du grand Orosmade pour que tous les pêchés de la chair que vous avez pu commettre vous soient remis .

zoroastre.jpg

Voltaire

9 janvier 1767"

Quand Voltaire passer autant de pommade, Voltaire fâché tout rouge ! Il met en évidence l'imbécilité d'une situation de conflit qui lèse plus ceux qui veulent la faire cesser que ceux qui la causent . Notre président ( enfin, celui de ceux qui l'ont élu ! ) sert-il du "Votre Sublimité " à ses interlocuteurs interloqués laquais d'un lacis inextricable de laconiques lacunes de pensée ( ça fait du bien de dire un peu n'importe quoi sans faire de mal à ses sacrés nom.... de concitoyens ! ). Je prierai moi aussi le grand Zoroastre et Nanabozo le Grand Lapin pour l'absolution de "tous les pêchés de la chair " , passés, présents et à venir ... pourvu qu'ils soient nombreux !!