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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Les fanatiques ont commencé par l’humilité et par la douceur, et ont tous fini par l’orgueil et par le carnage.

... Ce qui n'est que trop vrai ; l'histoire contemporaine confirme ce constat du XVIIIè siècle .

Et la phrase suivante va vous rappeler des personnages dont l'existence n'est pas fictive , tant dans le monde oriental qu'occidental, au nord comme au sud : " Enfin ils sont infaillibles : car ils ont trente millions de rente. On peut certainement adorer ces messieurs-là ." Le Dieu Dollar ne connait pas de frontières .

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Heureusement , le beau et le tendre  existent encore .

 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha 1

5 septembre [1762]

Madame,

Voilà donc la paix presque faite. Votre Altesse sérénissime s’en réjouit, et il y a grande apparence que Votre Altesse ne fera plus les honneurs de chez elle qu’à ceux qui viendront uniquement pour lui faire leur cour. On y venait en trop grande compagnie, et sans y être prié, ce qui est assurément contre les règles de la civilité. Le grand fléau qui désolait l’Europe va donc cesser, jusqu’à la première fantaisie d’un roi et d’un ministre qui voudront faire parler d’eux. Il ne nous reste plus que les petits fléaux ordinaires. L’aventure de Calas est de ce nombre, et j’espère qu’on réformera ce détestable arrêt d’assassins en robe. J’y travaille du fond de ma retraite, et malgré mes infirmités, je ne veux point mourir que je n’aie vu la fin de cette affaire.

Je crois celle de Russie finie ; la czarine a fait une plaisante oraison funèbre de monsieur son mari 2.

Votre Altesse sérénissime veut un Meslier ; le voilà, accompagné d’un petit sermon 3 qu’on a imputé au roi de Prusse, quoique à tort. Je ne vous envoie, madame, ces deux ouvrages extrêmement rares, que parce qu’ils ne sont empoisonnés d’aucun levain d’athéisme. On y déteste les erreurs humaines, et l’infâme charlatanisme qui donne encore aujourd’hui tant d’honneurs et tant d’argent aux corrupteurs de la raison. Les fanatiques ont commencé par l’humilité et par la douceur, et ont tous fini par l’orgueil et par le carnage. Tous sont également les ennemis de Dieu, du père de tous les hommes, les ennemis du sens commun que Dieu nous a donné, les ennemis de notre liberté et de notre repos. Enfin ils sont infaillibles : car ils ont trente millions de rente. On peut certainement adorer ces messieurs-là.4

Ce qui est adorable après Dieu, si on peut user de ce terme, c’est la vertu aimable ; donc …

Mille profonds respects.

V. »

1  L'édition Voltaire à Ferney date de 1760, corrigé par Moland .

La duchesse écrit notamment à V* le 16 août 1762 : « M. de Forster, chambellan du duc, a pris la résolution de mener son fils cadet à Genève pour l'y faire étudier quelques années . Il voudrait que ce jeune homme pût profiter de vos lumières […] : il s'imagine que ma recommandation lui sera de quelque utilité à cet égard […] Vous me ferez plaisir monsieur de me procurer le testament du curé de Champagne, pourvu qu'il ne soit pas athée comme bien des gens l'en accusent […] . Que dites-vous monsieur de la grande révolution arrivée en Russie ? et de cette mort tragique, et amenée aussi à propos de Pierre trois ? […] On ne peut rien lire de plus affreux et en même temps de plus touchant que le mémoire que vous avez la bonté de m'envoyer [...] J'ai lu de même le placet de la mère et son factum adressé au roi [...]»

2 Le manifeste du 7 juillet dans lequel Catherine attribue la mort de son mari (assassiné) à des hémorroïdes et à des coliques .

4 L'édition Bavoux et François donne : « On peut certainement adorer un Dieu sans adorer ces messieurs-là. »

 

 

 

 

 

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02/08/2017 | Lien permanent

est-ce que les livres font du mal ? est-ce que le gouvernement se conduit par des livres ?

...  Je pense que la réponse à la première question est "non", et que la seconde est "oui" : les livres de comptes .

Confinement : le gouvernement français s'apprête à suivre nos déplacements  | Urtikan.net

https://www.urtikan.net/dessin-du-jour/covid-19-le-gouver...

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

28 avril 1766 1

J’étais donc bien mal informé, mon cher ami, et je n’ai eu qu’une joie courte. On m’avait assuré que le grand livre paraissait, et vous m’apprenez qu’on m’a trompé. Par quelle fatalité faut-il que les étrangers fassent bonne chère, et que les Français meurent de faim ? pourquoi ce livre ferait-il plus de mal en France qu’en Allemagne ? est-ce que les livres font du mal ? est-ce que le gouvernement se conduit par des livres ? Ils amusent et ils instruisent un millier de gens de cabinet, répandus sur vingt millions de personnes ; c’est à quoi tout se réduit. Voudrait-on frustrer les souscripteurs de ce qui leur est dû, et ruiner les libraires ?

On me fait espérer l’ouvrage de Fréret 2, qui est, dit-on, achevé d’imprimer. Ceux qui l’ont vu me disent qu’il est très-bien raisonné. C’est un grand service rendu aux gens qui veulent être instruits : les autres ne méritent pas qu’on les éclaire. Il est certain, mon ami, que la raison fait de grands progrès, mais ce n’est jamais que chez un petit nombre de sages. Pensez-vous, de bonne foi, que les maîtres des comptes de Paris, les conseillers au Châtelet, les procureurs, et les notaires, soient bien au fait de la gravitation et de l’aberration de la lumière ? Ce sont des vérités reconnues, mais le secret n’est que dans les mains des adeptes. Il en est de même de toutes les vérités qui demandent un peu d’attention. Il n’y aura jamais que le petit nombre d’éclairé et de sage. Consolons-nous en voyant que le nombre augmente tous les jours, et qu’il est composé partout des plus honnêtes gens d’une nation.

Je m’attendais que vous mettriez dans le paquet le mémoire de M. de Beaumont pour les Sirven ; dites-moi, je vous prie, quand vous pourrez me l'envoyer .

J’ai dans la tête que la prochaine assemblée du clergé fait suspendre le débit de l’Encyclopédie 3. On craint peut-être que quelques têtes chaudes n’attaquent quelques articles auxquels il est si aisé de donner un mauvais sens. On pourrait fatiguer monsieur le vice-chancelier par des clameurs injustes : ainsi il me paraît prudent de ne pas s’exposer à cet orage. Si c’est là en effet la cause du retardement, on n’aura point à se plaindre.

Il y a un autre livre que nous attendions, et pour lequel j'avais souscrit il y a deux ans ; c'est un Racine avec les commentaires . Je crois vous en avoir déjà parlé . On ne sait point quel est le libraire qui a entrepris cette édition ; Merlin ne pourrait-il pas vous en informer ? Actuellement que ma bibliothèque est arrangée, je ne suis plus curieux que de livres ; c'est la consolation de ma vieillesse .

Non vraiment, mon cher ami, mes souscrivants pour l'estampe des Calas ne sont pas si libéraux que vous l'imaginez ; ils ont compté ne donner que leur écu par estampe et n'en donneront pas davantage . Je vous ai supplié de donner à M. de Beaumont de quoi payer la signature des avocats pour Sirven . Ce sont actuellement les Sirven seuls qui m’occupent, parce qu’ils sont les seuls malheureux. Ma santé s’affaiblit de jour en jour, et il faut se presser de faire du bien. Je vous embrasse tendrement. »

1A partir de la copie Beaumarchais, les éditions sont amputées du passage suivant le premier paragraphe, est-ce que le gouvernement... ; et du troisième paragraphe et des deux derniers en entier . Voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1766/Lettre_6325

3 Cette assemblée se réunit en juin 1766 .

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21/07/2021 | Lien permanent

Je cours un très grand risque d'être ruiné en France

... Dit Nanard le Malin !

Et paraphrasant Voltaire je lui dirais "Tâchez de ne pas l'être en Belgique, ou autre pays qu'il vous plaira d'utiliser ." Il est beau de penser à sa progéniture (en lui assurant un pactole), et ce cher Laurent Tapie suit les traces de son illustre géniteur . Hélas !

Toujours la frite ?

 DSCF3773 nanard a la frite.png

 

 

« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck

née comtesse d'Oldembourg

à Lausanne

Aux Délices 5 septembre [1758]

On ne se porte pas trop bien aux Délices, madame, mais on vous y est très attaché . Nos désastres publics sont grands . Le naufrage paraît universel . Il faut que chaque particulier songe à rassembler les débris de son vaisseau . Je cours un très grand risque d'être ruiné en France . Tâchez de ne pas l'être en Allemagne . Les princes font le malheur du genre humain . Heureux qui se met à portée d'être indépendant d'eux .

J'espère avoir l'honneur de vous voir avant votre triste voyage de Vienne . Puissiez-vous en rapporter deux choses nécessaires , fortune et tranquillité . Je vous plains d'être à Montriond par un si mauvais temps . Nous ne sommes pas moins à plaindre d'être loin de vous . Vous m'appelez donc ingrat 1 à votre tour ! Mais je ne passe pas six mois sans vous écrire .

Mille respects .

V. »

 

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19/10/2013 | Lien permanent

je vous supplie de la part de l’auteur de faire une très jolie édition

... Grattez, fouillez, faites votre choix : https://www.fnac.com/Tous-les-prix-litteraires-de-la-rentree-2021/cp36004/w-4

Calendrier des prix littéraires de l'automne 2021 - La lettre du Libraire

Soyons open !

 

 

« A Jacques Lacombe

28 juillet 1766 1

J’ai reçu, monsieur, votre lettre du 21 juillet. Quoique je sois ami de l’auteur, il s’en faut bien que je pense de son ouvrage 2 aussi favorablement que vous. Il n’est point du tout théâtral ; mais je pense comme vous qu’on pourra le lire, et que les notes sont curieuses. Vous êtes prié de vouloir bien m’adresser la préface, qu’il faut absolument corriger. On vous la renverra sur-le-champ, et si vous pouvez indiquer une adresse franche par la poste, on s’en servira ; je vous supplie de la part de l’auteur de faire une très jolie édition. On ne vous conseille pas d’en tirer un grand nombre d’exemplaires, par la raison que, si l’ouvrage avait un peu de succès, on y joindrait quelques autres écrits, et cela pourrait vous procurer une seconde édition qui serait recherchée. On vous renouvelle, monsieur, les sentiments d’estime et d’amitié qu’on a pour vous, et c’est de tout mon cœur 3.



Corrections pour la tragédie des Scythes

Acte Ier, scène 1ère

L'olivier à la main, devant moi se présente

mettez

Sur un coursier superbe à nos yeux se présente .4



Sozame ne dit point :

Mais je crains que ma fille au désert enterrée

il dit

Mais je sens que ma fille au désert enterrée,

Du faste des grandeurs autrefois entourée,

Dans le secret du cœur pourrait entretenir

De ses honneurs passés l'importun souvenir.



Acte II, scène 1ère

Obéïde ne dit point :

[…] mon père veut un gendre

C'est dans ses derniers ans un parti qu'il faut prendre .

elle dit :

Mon père veut un gendre :

Il ne commande point, mais je sais trop l'entendre :

Le fils de son ami doit être préféré .



Acte III

Athamare ne finit point sa scène avec Obéïde par ce vers :

J'obéis, allons voir quel sang je dois répandre .

il dira :

J'obéis – malheureux, quel sang faut-il répandre ?



Acte IV, scène 7

Sous mes yeux, à ma porte, et dans la place même .

corrigez

Sous vos yeux, sous les miens, et dans la place même .



Acte V, scène dernière

Hermodan

Dieux ! Vîtes-vous jamais deux plus malheureux pères ?

Athamare

Dieux ! De tant de tourments tranchez l'horrible cours.

Sozame

Tu dois vivre, Athamare, et j'ai payé tes jours .

Auteur infortuné des maux de ma famille,

Ensevelis du moins le père avec la fille.

Va régner, malheureux !



La pièce ne finit point par ces deux vers :

Scythes contentez-vous de ce grand sacrifice,

Et sans être inhumains cultivons la justice .

il y a :

Nous sommes trop vengés par un tel sacrifice ;

Scythes, que la pitié succède la justice . »

1 L'original est en deux parties, l'une et l'autre à la B. N. ; le corps de la lettre dont les sept derniers mots sont autographes est conservée sous la cote F. 12937, les corrections sous la cote N. 24335, f° 105 . L'édition Cayrol ne donne que la lettre ; de fait il n'est pas certain que les corrections aient été envoyées avec la présente lettre, mais on ne voit pas à quelle autre lettre connue elles auraient pu se rattacher . Elles furent toutes effectuées avant la publication .

2 Le Triumvirat .

3 Ces derniers mots sont de la main de V*.

4 Le manuscrit porte ici en note : N. B. – car si ce Persan vient avec l'olivier à la main, on ne peut lui dire : « Viens-tu nous insulter ? »

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25/10/2021 | Lien permanent

Ayez la bonté de me donner une note des prix . Je vous enverrai une lettre de change sur-le-champ

... Lettre du gouvernement aux grandes surfaces ?

 

« A Jacques Lacombe, Libraire

Quai de Conti

à Paris

17è juillet 1767, à Ferney

Si vous pouvez, monsieur, m'envoyer par la poste Le Siècle littéraire de Louis XIV de M. d'Aquin 1 je vous serai très obligé ; vous avez imprimé je crois, un Dictionnaire raisonné de l'histoire naturelle 2. Vous pourriez me le faire tenir par la même voie dans un second envoi .

Voudriez-vous bien aussi faire mettre à la diligence de Lyon le Tableau de l'histoire moderne 3en trois volumes .

L'Essai sur le nombre des hommes 4.

L'Histoire de la comtesse Mathilde 5.

Les voyages de Cyrus de Ramsay 6.

L'Histoire des troubles de France, ou l'Esprit de la Ligue 7.

Les Anecdotes sur la constitution 8.

Agrippa, De vanitate scientiarum 9.

Les Anecdotes littéraires de l'abbé Raynal 10.

Les éloges prononcés dans les différentes académies par Fontenelle 11, Mairan 12, Boze 13, Fréret 14, Le Beau 15 et Fouchy 16.

Les Œuvres de Boindin 17.

On dit qu'il y a un Dictionnaire historique et critique en huit volumes 18. Je voudrais l'avoir . J'ai déjà celui de l'abbé Ladvocat 19, et le Dictionnaire historique portatif par une société de gens de lettres en quatre volumes in-8° 20. Savez-vous qui sont les auteurs de ce dernier ouvrage ?

Ayez la bonté de me donner une note des prix . Je vous enverrai une lettre de change sur-le-champ.

Voyez, mon cher monsieur, si vous pouvez me faire tous ces petits plaisirs que je vous demande . Vous avez très bien fait de ne pas réimprimer Les Scythes . Je les ai beaucoup retravaillés . J'en fais faire une petite édition nouvelle à Lyon seulement pour donner à mes amis . Vous en aurez des premiers et le tout sans compliment.

V. »

1 Pierre-Louis d'Aquin de Château-Lyon : Le Siècle littéraire de Louis XIV, 1753 . Le Louis XIV de V* est un lapsus . En marge, Lacombe a porté le prix , « 2.10s »

2 Peut-être M.D.L.C.D.B. [ François-Alexandre Aubert de La Chesnaye Des Bois], Dictionnaire raisonné et universel des animaux, 1759.

3 Guillaume-Alexandre Chevalier de Méhégan, Tableau de l'histoire moderne, depuis la chute de l'empire d'Occident jusqu'à la prise de Westphalie, 1766 .

4 Robert Wallace, Essai sur la différence du nombre des hommes dans les temps anciens et modernes [trad. Élie de Joncourt], 1754 . Catalogue Ferney, dans la marge « 2,5 » et « R »,ce qui signifie certainement relié.

5Probablement Francesco Maria Fiorentini, Memorie della gran contessa Matilda, 1756 ; dans la marge « 4 ».

6 Andrew Michaël Ramsay , Les Voyages de Cyrus, 1727 ; dans la marge « 4R » et « ici »

7 Louis-Pierre Anquetil, L'Esprit de la Ligue, 1767 ; dans la marge « 7, 10 R ».

8 Joseph-François Bourgoing de Villefore, Anecdotes , ou Mémoires secrets sur la constitution Unigenitus, 1730-1733 ; dans la marge « 6R, 3V » (six volumes reliés en trois .)

9 On n'avait publié aucune édition récente de cet ouvrage . Néanmoins, Lacombe note en marge « I, 15R »

10 Guillaume-Thomas-François Raynal, Anecdotes littéraires, 1750 ; Lacombe note en marge « 2 vol, 5 # » ; cela signifie que Lacombe avait en vue une édition antérieure ; seules les éditions de 1750 sont en deux volumes, alors que les éditions de 1752 et de 1756 en comportent trois .

11 Bernard Le Bovier de Fontenelle, Histoire du renouvellement de l'Académie royale des sciences en 1769, et les éloges historiques de tous les académiciens morts depuis ce renouvellement, 1708. l'édition la plus récente était Éloges des académiciens de l'académie royale des sciences, 1766.

13 Claude Gros de Boze et Claude-Pierre Goujet, Histoire de l'académie royale des inscriptions et belles-lettres depuis son établissement, 1718-1773.

14 On ne connaît aucun éloge composé et publié par Nicolas Fréret .

15 Charles Le Beau publia une demi-douzaine d’Éloges, mais aucun n'est mentionné dans le Catalogue Ferney .

16 Jean-Paul Grandjean de Fouchy, Éloges des académiciens de l'Académie royale des sciences depuis l'an 1744, 1761.

17 Nicolas Boindin, Œuvres, 1733 ; dans la marge « 5# ».

18 Pierre Barral et autres, Dictionnaire historique, littéraire et critique, 1758-1759 ; l’ouvrage est en six volumes ; dans la marge « 33# ».

19 Jean-Baptiste Ladvocat, Dictionnaire historique portatif, 1752 ; le Catalogue Ferney mentionne seulement l'édition de 1777.

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09/02/2023 | Lien permanent

Nous manquons de laboureurs au pays de Gex, je fais bien plus de cas d'un bon valet de charrue que d'un colporteur de ma

... Je serais assez heureux de voir ce que ferait notre ministre de l'agriculture avec une bêche ou une trayeuse .

 

Mis en ligne le 18/11/2020 pour le 16/9/2015

 

 

« A Christophle de Laffrusse de Seynas

16 septembre 1760

Je ressens vivement vos bontés monsieur, vous rendez un très grand service à notre petit canton paisible, en le préservant des guerres littéraire ou antilittéraires . Cette partie du commerce de la librairie ne doit point en effet entrer dans les paiements de Lyon et de Genève ; toutes ces pauvretés sont essentiellement réservées à la bonne ville de Paris , où l'on n'a autre chose à faire qu'à se moquer de tout : Rigolet doit nous laisser en repos : on lui a renvoyé deux ballots de bêtises qu'il avait envoyés à Genève , et la messagerie en a donné son reçu ; Rigolet est très coupable, il ne l'est que parce qu'il est gueux : mais il faut qu'il tâche de gagner son pain à un métier plus honnête . Je suis persuadé monsieur qu'après avoir été averti et réprimandé par vous, il ne s'avisera plus de nous troubler par des impertinentes nouvelles . Nous manquons de laboureurs au pays de Gex, je fais bien plus de cas d'un bon valet de charrue que d'un colporteur de mauvais livres . Il serait fort bon que les R.1 et quelques autres encore travaillassent à la terre . Cette petite affaire ne m'a pas été tout à fait désagréable, elle m'a procuré une de vos lettres, et m'a valu vos bontés . Je vous remercie de tout mon cœur etc. »

1Certains éditeurs proposent les rois ? Personnellement je pense les Rigolet .

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16/09/2015 | Lien permanent

je me tue pour être persécuté. C’est la destinée d’un homme de lettres qui aime la vérité.

En ce jour anniversaire de débarquement, jour de fureur et de mort avant une libération, je pense au grand Jacques qui est à Rouen (non pas pour être grillé comme une merguez pucelle ) à l'insu de son mal gré et qui aimerait bien débarquer de son lit pour faire une virée en mer .Espoir de notre côté à l'annonce de sa reprise de voix : "va'z y, râle un bon coup, ça dégage les poumons".

 

 

 

 

 

Longue lettre d'un Volti qui brûle ses vaisseaux parisiens et fait un pari sur l'amour que lui porte Marie-Louise sans lui cacher la vérité des faits. Bel engagement de Volti qui connait ses limites jusqu'à se comparer à Abélard (bien sûr après l'opération que l'on sait !). Mme Denis suivra Volti encore de nombreuses années, avec des heurts et bonheurs, comment les éviter ?

 

 

 

« A Marie-Louise Denis

 

 

                            Ma chère enfant, il y avait longtemps que je n’avais entendu parler de vous. Votre lettre vient bien à propos pour tirer mon âme de la langueur désespérée où les souffrances continuelles, et les travaux exécutés avec crainte l’ont jetée. Il y a de la douceur à avouer son abattement à celle qui nous soutient. Je suis dans un  état fort triste, mais je m’imagine que tous les malades sont dans mon cas, lorsque le chagrin, l’incertitude de la destinée, et un peu de persécution se mettent de la partie.

 

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                            Je ne pourrai être que vers le douze à Plombières. Je vous l’ai déjà  mandé. Je vous conseille de vendre tout ce que vous pourrez et d’arriver vers le 20 avec beaucoup d’argent. Pourquoi ne vendriez-vous pas toute la vaisselle ?[vaisselle d’argent] Il faut se faire tout d’un coup un fonds avec lequel on puisse prendre sans embarras son parti en philosophe. Vous savez que le prince de Hesse est allé à Aix-la-Chapelle, qu’il ne paraît pas dans le dessein de prendre nos tableaux. Vous pourrez d’ici au 20 vous défaire de beaucoup de choses, et laisser le reste à vendre au portier ou à votre femme de chambre en leur indiquant les prix. En un mot faites tout comme il vous plaira.

 

                            J’envoie à M. De Malesherbes le troisième volume de l’Histoire universelle [la parenthèse est écrite en marge de la lettre ](c’est à condition qu’il ne le montrera à personne, car on l’imprimerait bien vite à Paris, comme les deux premiers, et cela ferait à mes libraires [Schoepflin, de Colmar et Walther de Dresde ; impression à Dresde et parution en France par Schoepflin, à l’étranger par Walther] un tort qu’ils pourraient me reprocher. Je vous en apporte un exemplaire aux eaux), que je donne uniquement pour faire voir que j’écris l’Histoire avec quelque exactitude. Je regarde ce 3ème tome comme mon apologie contre les deux premiers [publiés par Néaulme et d’après l’édition de Néaulme]. Je le soumets au goût, à l’esprit philosophique de M. de Malesherbes, je le recommande à ses bontés. Il peut y faire insérer les cartons qu’il jugera à propos. J’ai un quatrième volume tout prêt, un cinquième commencé, et si j’avais de la santé et la bibliothèque du roi, je renouerais bientôt le fil de toute cette Histoire universelle au Siècle de Louis XIV. Mais quand il s’agira d’imprimer ce qui regarde les guerres de religion, où faudra-t-il habiter ? Je ne peux à présent travailler aux deux premiers tomes quand le public est surchargé de neuf éditions faites en moins d’un an. Il faut du temps, il faut au moins une bibliothèque de moines [qu’il trouvera en séjournant à l’abbaye de Senones ] si on ne peut jouir de celle du roi. Cet ouvrage est immense, et je me tue pour être persécuté. C’est la destinée d’un homme de lettres qui aime la vérité.

 

                            Je suis fâché qu’on veuille dans l’Encyclopédie des articles si longs. Mais je rendrai celui de Littérature aussi ennuyeusement inutile qu’on voudra. [ il avait déjà fourni un petit « essai de quatre ou cinq pages » ; on lui demande de s’étendre ; V* répond : « Ne suffit-il pas dans un dictionnaire de définir, d’expliquer, de donner quelques exemples ? Faut-il discuter les ouvrages de tous ceux qui ont écrit sur la matière dont on parle ? »] .Si j’étais sur les lieux, je me ferais volontiers compagnon dans l’atelier de l’Encyclopédie.

 

                            Ma chère enfant, M. Liébault [Nicolas Liébault, proche de Mme de Graffigny] de Lorraine n’est point à portée de procurer des ouvertures et ce pays ne me convient guère. Je ne trouverais à Montpellier rien de ce qui m’est nécessaire pour l’Histoire universelle à laquelle je suis condamné.[il le dira à Richelieu, gouverneur du Languedoc]. Je vous ferai juge de ma situation et de ma conduite quand nous boirons des eaux dans ces montagnes cornues [Plombières]. J’ai reçu une scène de la tragédie [Amalazonte, jouée le 30 mai] de M. de Chimène dans un paquet énorme qui ressemble à un mémoire de bureau de ministre. Je vais pourtant le remercier.

 

                            Pagni n’est ni un bon physicien, ni un honnête homme [il avait fourni des machines pour expériences de physique à V* à Paris]. Tirez-en tout ce que vous pourrez. Qu’il fasse au moins un billet payable au porteur. Avec cette précaution on n’a point de procès en son nom et on se fait payer.

 

                            Ne remettez rien à Laleu ; apportez tout avec vous comme Bias [Bias  de Priène, un des sept sages de la Grèce qui partit les mains vides en disant qu’il emportait tous ses biens avec lui]. J’ai le malheur d’être réduit à être bien philosophe, si c’est de la philosophie que de n’aimer à vivre que dans la retraite et le travail. Mais vous ! ma chère enfant, comment vous accomoderez-vous d’une telle vie ? Nous verrons jusqu’à quel point vous êtes détrompée du monde. Héloïse veut-elle se faire religieuse avec Abélard V. ?

 

 

                            8 juin 1754 encore à Colmar. »

 

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06/06/2009 | Lien permanent

Ils espèrent encore justice de ces violences.

Les grandes douleurs sont muettes, aussi je ne vous parlerai pas du grand show qui saluait le départ du "roi de la pop" victime d'un flop !

Ce grand show qui a réussi à unir la 1 et la 2, et qui a occuppé un certain nombre de journalistes experts, je l'ai bien entendu zappé . Tristesse dégoulinante, style milkshake sur la plage, très peu pour moi !!

Pour vous dire mon désespoir, je me suis réfugié sous l'aile (protectrice) de Amanda Lear pour l'Histoire du Disco. Que de souvenirs, que de rateaux pour le danseur émérite que je suis, souple et gracieux comme un sabot bressan (je dis bressan, car c'est proche de chez moi, pardonnez-moi, les Ventres-jaunes)!!...

 

 

Ce matin, je ne veux que joindre ma modeste voix à celles qui réclament justice pour cette jeune fille de 23 ans, Clotilde Reiss. Libérez-la, bande de mollahs à la cervelle amollie! Qui croyez-vous donc impressionner, si ce n'est un peuple que vous apeurez sur cette terre en les menaçant d'une vie éternelle de damnation ! Continuez à profiter lachement de vos avantages, vous êtes , sachez-le, sur une planche pourrie, à l'image de vos pensées ...

 

 

Je préfère une visite sur ce site : http://www.flickr.com/photos/kala69/2626247134/in/set-721...

Voyez et régalez-vous !

kala69 singe.jpg

 

 

 

Volti lui aussi a connu l'arbitraire, lui apôtre de la liberté, mais il a eu la chance de s'en tirer, sans  trop de mal.Il ne se taira pas, tant pour défendre ses droits que pour ceux de sa chère nièce Mme Denis, tant pour la mémoire de Calas que pour celle de Lally-Tollendal et la liberté de tant d'autres.

 

 

 

 

 

 

 

 

« Au Vénérable Conseil de Francfort-sur-le-Main

 

 

           La dame Denis trainée en prison par le nommé Dorn dans Francfort, le 20 juin, sans aucun ordre, sans aucun objet, et le sieur Voltaire, mis en prison de son côté à la réquisition du sieur Schmith sur la seule parole par lui donnée qu’il recevrait ordre de son maître de faire cette réquisition  ne cesseront point d’implorer le droit des gens et l’équité du vénérable Magistrat.

 

 

           Ils supplient 1° de rendre compte à Sa Majesté le roi de Prusse de la manière dont on a violé en son nom le droit des gens dans la personne de Mme Denis, et dont on a persécuté le sieur de Voltaire en abusant du nom de sa Majesté prussienne.

 

 

           Ils supplient de leur faire rendre l’argent que le sieur Schmith prit dans les poches du sieur de Voltaire le 20 juin au soir.

 

           Ils supplient le vénérable magistrat de faire justice du nommé Dorn qui a remporté le 7 juillet l’argent des suppliants sous prétexté qu’il a vu passer un homme avec un pistolet dans l’auberge de Lion d’Or.[la veille V* a écrit un billet en latin pour le conseil sur cette affaire de pistolet. Dorn prétend que V* l’a attaqué au pistolet. V* présente le témoignage de Collini, Frédéric Mieck et Boehm :  « Il est certain, d’après les témoins, que M. Voltaire passait dans son appartement avec un pistolet sans poudre, sans plomb, sans pierre, pour faire réparer ce pistolet en vue du voyage qu’il va entreprendre. »]

 

 

           Ils supplient que le vénérable Magistrat fasse droit sur la déposition des deux notaires jurés Mike et Beheme, déposition qui convainc le nommé Dorn de calomnie.

 

 

           Ils demandent justice du nommé Dorn, notaire cassé par sentence de la ville, qui ne demeure pas dans la maison du sieur Freitag, et qui est bourgeois de Francfort.

 

 

           Ils font souvenir le vénérable magistrat que le nommé Dorn a le 20 juin sans aucun ordre trainé dans les rues la dame Denis, l’a conduite en prison, lui a ôté sa femme de chambre et ses laquais et a eu l’insolence de souper seul dans la chambre de ladite dame et d’y passer toute la nuit. Ils espèrent encore justice de ces violences.

 

 

       A Mayence 8 juillet 1753

 

                  Voltaire

           pour lui et pour sa nièce

           dont il a procuration

           chez le notaire Behem. »

 

 

 Bonne nuit !505888426_7579bad224_o par Kala69

 

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Je vous demande en grâce d'éplucher mon prêche

 ... Peut rajouter François Hollande après son discours d'investiture ce jour-ci .

Y trouvera-t-on rose ou gratte-cul ?

 

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« A M. le comte d'ARGENTAL.

Février [1756]

Mon cher ange, si ceci 1 n'est pas une tragédie, ce sont au moins des vers tragiques. Je vous demande en grâce de me mander s'ils sont orthodoxes, je les crois tels mais j'ai peur d'être un mauvais théologien. Il court sous mon nom je ne sais quelle pièce sur le même sujet. Il serait bon que mon vrai sermon fît tomber celui qu'on m'impute. Je vous demande en grâce d'éplucher mon prêche. Le Tout est bien me paraît ridicule quand le mal est sur terre et sur mer. Si vous voulez que tout soit bien pour moi, écrivez-moi.
Je vous demande pardon, mon cher ange, de vous envoyer tant de vers, et point de nouvelle tragédie; mais j'imagine que vous serez bien aise de voir les belles choses que fait le roi de Prusse 2. Il m'a envoyé toute la tragédie de Mérope mise par lui en opéra. Permettez que je vous donne les prémices de son travail; je m'intéresse toujours à sa gloire. Vous pourriez confier ce morceau à Thieriot, qui en chargera sans doute sa mémoire, et qui sera une des trompettes de la renommée de ce grand homme. Je ne doute pas que le roi de Prusse n'ait fait de très-beaux vers pour le duc de Nivernais 3; mais, jusqu'à présent, on ne connaît que son traité en prose 4 avec les Anglais.
Mille respects à tous les anges. »

 

1 Poëme sur le désastre de Lisbonne.

 

2 Ironie. Voltaire se moque de l'opéra de Mérope, à la fin de sa lettre du 26 du même mois de février, à d'Argental.

3 Allusion sans doute à l'épigramme qu'aurait faite Frédéric contre le duc de Nivernais, envoyé de France en Prusse au moment où la Prusse signait un traité d'alliance avec l'Angleterre, ennemie de la France .

Dans ses Mémoires, V* écrit à ce propos : « Le roi de France voulant le retenir dans son alliance, lui avait envoyé le duc de Nivernais ... qui faisait de très jolis vers ... (Frédéric) se moqua du roi de France, et signa son traité avec l'Angleterre le jour même que l'ambassadeur arriva à Berlin, joua très poliment le duc et pair,et fit une épigramme contre le poète. » En fait, le duc arriva le 12 janvier, le traité fut ratifié à Londres le 16 janvier, et en Prusse le 16 février ; le duc fut très bien reçu, et on ne retrouve pas l'épigramme .

4  Traité de neutralité signé à Westminster du 16 janvier 1756. entre la Prusse et l'Angleterre : http://www.herodote.net/histoire/synthese.php?ID=86

 

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15/05/2012 | Lien permanent

Nous avons un singe, un perroquet, et un écureuil que nous ne laissons approcher d'aucun papier

... De même que je ne laisse aucun chat piétiner mon clavier !

 

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« A François de Chennevières

 De Lausanne 19 février [1758]

 Il y a huit jours, mon ami, que Mme Denis cherche dans ses paperasses, parmi ses rôles de tragédies, de comédies, d'opéras comiques etc., etc. votre gentille pastorale 1 qu'elle a lue avec tout le plaisir imaginable . Nous vous la renverrons dès que la femme de chambre qui a la garde des archives historiques et de la musique l'aura retrouvée . Comme nous avons été entourés d'ouvriers et qu'il a fallu essayer cinq à six habits de théâtre il y a un peu de confusion, mais soyez en sureté, l'ouvrage n'est pas sûrement sorti de la maison . Nous avons un singe, un perroquet, et un écureuil que nous ne laissons approcher d'aucun papier . Pardon, il faut aller répéter au théâtre aujourd'hui . Nous jouons demain . Tâchez de vous divertir aussi . »

 1Mysis et Glaucé, dont le manuscrit, envoyé par Chennevières en décembre 1757, sera retrouvé aux Délices ..Voir lettre du 18 mars 1758

 

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16/06/2013 | Lien permanent

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