Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Si vous avez du loisir, amusez-vous

... étonnant petit Laurent !  Le bac à huit ans !!

Si les maths  sont pour toi une passion invincible, grand bien te fasse, mais tu n'es pas un ordinateur, joue , chante, fais de la musique, du sport, des bêtises , adopte un chat-tortue-kangourou-axolotl , rêve , ...

 

 Si jeune, si savant , si ignorant des choses de la vie

 https://www.demotivateur.fr/article/en-belgique-un-enfant...

 

 

« A Henri Rieu 1

17 juillet 1763

Mon très cher corsaire, tout le monde vous regrette et vous devez vous en douter . Notre petite troupe de Ferney soupire . Vous voilà donc hollandais , tâchez de l’être le moins longtemps que vous pourrez .

Si vous avez du loisir, amusez-vous à lire la tragédie sainte de Saül et de David . Si vous aimez à gratifier le public faites un recueil pour l'édification des saintes âmes, et croyez que la mienne est à vous bien tendrement .

V. »

Lire la suite

03/07/2018 | Lien permanent

Si bene vales, ego quldem valeo

... Bonne journée !

9 ways to answer the question ÇA VA ? in French - YouTube

A part ça : https://www.lijmermoz.org/journee-internationale-contre-la-violence-le-harcelement-en-milieu-scolaire-et-le-cyber-harcelement/

 

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

30è septembre1767

Mon ancien ami, j'ai été fort occupé, et ensuite fort malade. Je n'ai pu vous remercier aussitôt que je l'aurais voulu des bons conseils que vous avez donnés à la Duchesne. J'ai chez moi un régiment entier que les tracasseries de Genève nous ont attiré. Aucun des officiers qui sont dans mon château ou dans mon village ne sait si le capitaine Bélisaire a des querelles avec la Sorbonne. Les officiers soupent chez moi pendant que je suis dans mon lit, et les soldats me font un beau chemin aux dépens de mes blés et de mes vignes, mais ils ne me défendront pas du vent du nord, qui va me désoler pendant six mois, ou qui va me tuer.

Tâchez de conserver votre santé, et que je puisse vous dire Si bene vales, ego quldem valeo 1.

Je ne sais plus où vous demeurez. J'envoie cette lettre à M. Damilaville, dont la santé m'inquiète beaucoup, et dont l'amitié, toujours égale, ardente et courageuse, est pour moi d'un prix inestimable.

Je vous embrasse de tout mon cœur.

V. »

1 Si tu te portes bien, moi je me porte bien .

Lire la suite

09/05/2023 | Lien permanent

je craindrais même que la passion de boire qui était autrefois un goût de bel air, et qui est aujourd'hui hors de mode,

 

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

Correspondant du roi de Prusse

rue Jacinthe la dernière grande porte cochère à droite de l'hôtel d'Ormesson à Paris.

 

 

Vous saurez, mon ancien ami, que le jeune magistrat 1 attendait le livre de l'abbé de Châteauneuf 2 pour faire une préface dans laquelle il voulait faire connaître le caractère de la célèbre Ninon que Préville ne connait point du tout ; je l'avais flatté que ce petit livre pourrait venir par la poste ; mais comme vous l'avez envoyé par les voitures publiques, il n'arrivera que dans trois semaines . Je n'en suis pas fâché . L'auteur aura tout le temps de limer son ouvrage, qu'il veut intituler Le Dépositaire et non pas Ninon, parce qu'en effet le dépôt fait par Gourville à un dévot est le principal sujet de sa pièce , et tout le reste parait accessoire .

 

Il est vrai que l'ouvrage n'est pas dans le goût moderne, et je craindrais même que la passion de boire qui était autrefois un goût de bel air, et qui est aujourd'hui hors de mode, ne parût insipide . J'ai pris la liberté de dire à l'auteur qu'un tel rôle ne peut réussir que quand il est supérieurement joué et je l'ai engagé à livrer sa pièce à l'impression plutôt qu'au théâtre . Il vous l'enverra donc dès qu'il y aura mis la dernière main, et vous en ferez tout ce qu'il vous plaira .

 

Quoique l'on soit aujourd'hui très sévère, et qu'on s'effarouche de tout ce qui aurait passé sans difficulté du temps de Molière, je crois que vous obtiendrez aisément une permission . Il est plus aisé à présent d'être imprimé que d'être joué .

 

S'il y a quelques nouvelles dans la littérature, je me flatte que vous m'en donnerez . Je ne crois pas que vous soyez au fait de ce qu'on imprime en Hollande . Marc-Michel Rey a donné une Histoire du parlement de Paris 3 que les connaisseurs jugent fidèle et impartiale . Connaissez-vous Le Cri des nations 4?

 

Avez-vous entendu parler des aventures d'un Indien et d'une Indienne mis à l'inquisition à Goa du temps de Léon X , et conduits à Rome pour être jugés? Il y a dans cet ouvrage une comparaison continuelle de la religion et des mœurs des brames avec celle de Rome . L'ouvrage m'a paru un peu libre, mais curieux, naïf et intéressant . Il est écrit en forme de lettres dans le goût de Paméla 5. Le titre est : Lettres d'Amabed et d'Adaté . Mais dans les six tomes de Paméla il n'y a rien . Ce n'est qu'une petite fille qui ne veut pas coucher avec son maître à moins qu'il ne l'épouse, et les Lettres d'Amabed sont le tableau du monde entier depuis les rives du Gange jusqu'au Vatican .

 

Adieu, mon ancien ami, qui êtes mon cadet de plusieurs années ; votre vieil ami vous embrasse .

 

29è mai 1769. »


1 Auteur prétendu de la pièce intitulée Le Dépositaire . http://www.voltaire-integral.com/Html/06/06DEPOSI.htm

5 Cette comparaison du conte de Paméla et la similitude des termes utilisés confirment l'hypothèse que V* désignait ainsi fin 1753-début 1754 non seulement les lettres factices de Prusse à Mme Denis, mais déjà une ébauche des Lettres d'Amabed ; voir lettre du 20 décembre 1753 à Mme Denis et Mme de Fontaine : page 97 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f101.image.r=.langFR

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k411337x/f453.tableD...

 

Lire la suite

29/05/2011 | Lien permanent

ce mot d'inutile convient beaucoup à tout ce qui se fait dans ce monde

... Inutile que j'y rajoute un commentaire; il n'est qu'à voir le monde des réseaux sociaux, --pour se limiter à ce qui est le plus pratiqué,-- pour constater que le Patriarche a bien raison .

 

 

« A Marie-Louise Denis

3è avril 1769

Vous avez dû recevoir,ma chère nièce, trois pièces de vers inutiles, et quatre médailles plus inutiles encore ; car ce mot d'inutile convient beaucoup à tout ce qui se fait dans ce monde .

Je compte parmi ces inutilités mon remerciement à M. de Saint-Lambert que vous ne connaissiez pas, et La Canonisation de saint Cucufin 1 qui m'est enfin venue de Hollande, et que je vous ai envoyée par M. de La Borde, premier valet de chambre du roi . À l'égard des quatre médaillons en argent, ils doivent vous être parvenus par M. Jeannel .

Vous m'avez parlé souvent d'une lettre instructive que vous me destiniez, et que vous deviez me faire tenir par un voyageur, mais je ne sais qui est ce voyageur, et je n'ai pas reçu cette lettre . Il faut apparemment qu'il ne soit point encore parti .

Vous ignorez sans doute que dans la foule épouvantable des sottises qu'on imprime tous les jours à Paris avec approbation et privilège du roi, la veuve Duchesne au Temple du goût, rue Saint-Jacques a donné La France littéraire en deux volumes . C'est un livre qui peut être de bibliothèque, parce que c'est une notice de toutes les académies du royaume, de tous les auteurs vivants, par ordre alphabétique, et de tous leurs ouvrages ; mon article est très long . Il a été probablement rédigé par Fréron ou par quelque homme de cette tempe . On m'y fait auteur du Catéchumène 2, un des billets les plus criminels qu'on ait jamais composés, et dont vous et moi connaissons l'écrivain . On m'y impute un détestable livre de Hollande intitulé Tableau philosophique du genre humain 3 , et quantité d'autres brochures infâmes.

Si je laissais subsister ce monument d'impostures je paraîtrais l'avoir approuvé, je m'avouerais moi-même coupable, et je donnerais aux fanatiques les armes les plus terribles contre moi . J'étais dans mon onzième accès de fièvre entre la vie et la mort lorsque la veuve Duchesne m'envoya ces deux volumes, n'y entendant point finesse, et ne sachant même ce dont il s'agit . C'est ainsi qu'en usent la plupart de vos libraires de Paris qui commandent un livre à des barbouilleurs mercenaires, et qui font travailler leurs nègres à leurs manufactures ; c'est le plus grand avilissement de l'esprit humain .

Les sieurs Christin, Wagnière et Bigex s'amusèrent à lire quelques articles de ce livre, et étant indignés des impostures dont il était plein, ils écrivirent la lettre la plus forte à la veuve Duchesne, et lui envoyèrent un article tel qu'il doit être imprimé 4. Mais cette précaution sera inutile si vous n’engagez pas M. d'Hornoy à passer sur-le-champ chez la veuve Duchesne, et à exiger incontinent l'impression du carton dont on lui a envoyé le modèle .

Les belles-lettres de France sont dans le plus grand opprobre, mais les libraires respectent une robe, et réellement vous me rendrez un très grand service .

D’ailleurs, il est un peu de l’intérêt de la famille que le pauvre oncle ne soit pas éternellement vilipendé .

Les enfants me sont venus voir plusieurs fois pendant ma maladie, Joly y est venu une seule fois par amitié, et je me suis tiré d'affaire tout seul .

J'ai vu d'Hermenches qui retournait en Corse, et qui en est aussi mécontent que du Siège de Calais . Et de quoi n'est-on pas mécontent ? Je ne connais guère que le poème des Quatre Saisons qui ait mérité le suffrage des connaisseurs . Voilà la seule chose à mon gré, qui nous sauve de la décadence générale . Il y a sans doute beaucoup d'esprit à Paris, mais cela est répandu comme de la petite monnaie, et il n'y a pas une seule grande fortune . Je suis persuadé que vous avez choisi une société parmi ceux qui sont les plus riches .

J'écris une longue lettre à Mme Du Deffand, sa grand-maman n'y est pas oubliée . Vous pourrez lui en demander communication quand vous la verrez .

Je ne vous parle point du procès que nous fait Choudens, nous nous défendrons de notre mieux .

Comme j'allais fermer ma lettre, je reçois la vôtre du 26 mars 5 . Vous m'apprenez que c'est Perrachon par qui vous me mandez des choses que j’ignore . Vraiment, vous avez choisi un plaisant commissionnaire . Il ne reviendra probablement pas dans le pays, il craint d'y retrouver Dupuits . Si votre lettre contient des choses secrètes, j'en suis très affligé . Tâchez de me mettre au fait avec vos précautions ordinaires .

Si la caisse d'escompte fait banqueroute 6, je perds le seul effet dont je pouvais disposer .

Ce que vous me mandez de votre aversion pour Paris dérange toutes mes idées . Il serait nécessaire que je vécusse encore un peu pour arranger mes affaires ; mais je ne dois pas compter sur une longue vie .

Voici le billet que vous me demandez pour M. de Laleu 7 . Je vous embrasse avec le peu de forces qui me restent, et très tendrement .

N'oubliez pas, je vous prie, d'engager d'Hornoy à passer chez la veuve Duchesne . »

1 Voir lettre du 21 décembre 1768 à Mme Du Deffand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/20/je-deteste-les-poules-mouillees-et-les-ames-faibles.html

On a ici la première référence à cette pièce sous forme imprimée .

2 Sur Le Catéchumène, voir lettre du 1er mars 1768 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/10/11/je-ne-veux-pas-payer-pour-lui-6465393.html

3 Le Tableau philosophique de l'esprit humain, 1767, n'est pas de V*, mais de Charles Bordes . La fin de la phrase (et quantités d'autres brochures infâmes ) permet à V* de rejeter du même coup la responsabilité des autres ouvrages qui , eux , sont incontestablement de lui .

4 Effectivement, cette lettre (certainement inspirée et approuvée par le maître V* ) et écrite par Wagnière en son nom et au nom de Christin et Bigex, datée du 29 mars est passée à la vente Capelle le 6 juin 1849 . On n'en connaît qu'un résumé .

5 Cette lettre de Mme Denis à laquelle répond V* à partir d'ici est conservée .

6 Cette caisse d'escompte, dont parle Mme Denis, et à laquelle présidait Laborde, fut supprimée le 21 mars avec effet du 1er avril .

Lire la suite

07/10/2024 | Lien permanent

qui, en se laissant battre neuf années de suite, apprit à battre l'ennemi le plus intrépide

... Parlerait-on ici de ce malheureux Bayrou, de cet exécrable Le Pen et sa Marine de fille, serait-ce prémonitoire pour l'agité et menteur Sarkozy, je n'ose me prononcer ; Mme Soleil n'est plus là pour m'éclairer et Elisabeth Teissier pédale dans la semoule .

 Et puis, au fait , peut-on parler d'intrépidité à propos de candidats politicards ? Ennemis, certes, mais sans plus !

 intrepide ennemi.png

 

« A Élie BERTRAND.
De quoi vous avisez-vous, mon cher ami, de donner sitôt de l'argent 1 à Panchaud ? Il n'en a pas probablement tant de besoin que vous ; c'était à lui d'attendre votre commodité. Vous êtes bien heureux de n'avoir pas votre bien à Leipsick ; le roi de Prusse vient encore de lui extorquer 300000 écus. Tout ce qu'on voit, à droite et à gauche, fait aimer et estimer ce pays-ci, surtout si le sage gouvernement de Berne ne donne pas des lettres de naturalité à ce fripon de Grasset. Je crois qu'il faudra faire paraître à la fois les deux volumes de l'Histoire de Pierre le Grand, le plus sage et le plus grand des sauvages, qui a civilisé une grande partie de l'hémisphère, et qui, en se laissant battre neuf années de suite, apprit à battre l'ennemi le plus intrépide. Ce qui se passe aujourd'hui est juste le revers de Pierre; on a commencé par des victoires, on finira par le plus affreux revers. On m'écrivait le 17 novembre : Je vous en dirai davantage de Dresde, où je serai dans huit jours.
Vous voyez ce qui est arrivé le troisième jour. Pour la France, il n'y a rien à en dire. Il n'y a qu'à n'avoir point d'argent chez elle.
Mille tendres respects à M. et à Mme de Freudenreich. Voilà des gens sages et aimables ; je leur suis attaché pour ma vie.
Je vois, par mes archives, qu'un seigneur de leur nom 2 a possédé ma terre de Fernex, au XVIe siècle. Cela me rend tout glorieux.
Bonsoir, mon cher ami ; je vous embrasse tendrement de tout mon cœur. 

12 décembre 59 3»

1 Voltaire, un an auparavant, avait prêté cinquante louis à Bertrand en novembre 1758 ; voir lettre du 27 novembre 1758 : .http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/12/16/des-jesuites-qui-sont-plus-riches-que-vous-mais-qui-ne-sont-5248005.html . Panchaud : propriétaire de Montriond , -avec M. de Watteville,- que V* loua à Lausanne .

2 C'est faux ; la famille d'où sortiront les seigneurs de Fernex en 1453 s'appelait Frédéric ou Frédérick (Genève, Société d'histoire et d'archéologie )

3 Pour le mois écrit Xbre selon l'usage, V* a d'abord mis 9 bre, ensuite corrigé ; néanmoins Bertrand a endossé «  12è 9è 1759 » . Il n'est pas impossible que l'un et l'autre aient été influencés par la date du prêt .

 

 

Lire la suite

20/12/2014 | Lien permanent

je m'intéresse au pays de Gex, et je crois que de toutes les provinces de France , c'est sans contredit la plus mal gouv

... Fort heureusement, ceci n'est pas exact à ce jour !

 La preuve ?

https://www.youtube.com/watch?v=nyF_OdtzN3A

 Pas tout à fait , il en est qui savent danser sur les volcans . Et l'un de ceux-ci est la loi fédérale suisse qui contingente les travailleurs frontaliers, un autre est la cherté du franc suisse qui grève le budget des communes gessiennes . A suivre ...

 1_statue-de-voltaire-a-ferney.jpg

 

« A Louise-Suzanne Gallatin-Vaudenet

à Genève

[janvier-février 1760]

Mme Denis vous est bien obligée, notre très chère voisine . Sa maladie n'est qu'un mal de dents ; je ne vois pas ce que je pourrais faire pour votre protégé, je serais fort aise de lui procurer quelque place, je voudrais que personne ne succédât à celle qu'on lui a ôtée, nous avons beaucoup trop de commis et pas assez de laboureurs , je m'intéresse au pays de Gex, et je crois que de toutes les provinces de France , c'est sans contredit la plus mal gouvernée ; j'ai grande impatience, ma chère voisine, de vous présenter mes respects ce printemps dans ma petite retraite de Tournay, qui deviendra assez agréable, mais moins par les embellissements que j'y fais que par votre voisinage .

V. »

 

Lire la suite

05/02/2015 | Lien permanent

Je suis encore à concevoir les raisons pour lesquelles on l'a fait voyager quelque temps . Il faut que j'aie l'esprit bi

... Pour me poser encore la question et ne pas trouver de réponse à : "Est-il vraiment nécessaire que notre président Fanfoué, - comme avant lui, Nicolas Bling Bling-, fasse autant de voyages pour inaugurer des chrysanthèmes (expression consacrée), se faire voir, à défaut de se faire comprendre ?"

Nos élus locaux sont friands de ces visites, c'est vrai, même s'ils sont d'un parti d'opposition ça flatte leur ego, de vrais gosses qui croient au père Noël et à la poupée qui tousse . Alors  je ne crois pas que ce petit manège cesse bientôt , ni que je ne reste invinciblement bouché .

 Afficher l'image d'origine

 

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

Le 7 septembre [1761] 1

Comment, morbleu ! frère Damilaville, qui est à la tête de trente bureaux, se donne de la peine pour les frères, se trémousse, écrit, et frère Thieriot, qui n’a rien à faire, ne nous donne pas la moindre nouvelle ! … il écrit une fois en un mois ! Quel paresseux nous avons là ! Vive frère Damilaville !

Un de nos frères m’a régalé d’un gros paquet qui contient un gros poème en cinq gros chants, intitulé La Religion d’accord avec la raison 2. Je ne doute en aucune manière de cet accord ; mais les frères me condamnent-ils à lire tant de vers sur une chose dont je suis si persuadé ? Je n’ai pas un moment à moi, et ma faible santé ne me permet pas une correspondance bien étendue. L’auteur, nommé M. Duplessis de La Hauterive, est sans doute connu de mes frères. Je les supplie de me plaindre et de m’excuser auprès de M. de La Hauterive ; je mets cela sur leur conscience.

Frère Thieriot ne me mande point comment on a distribué les rôles de la pièce de M. Legouz. Ce n’est pas que je m’en soucie ; mais ce M. Legouz est un homme très vif et très impatient. J’ai souvent des disputes avec lui. Il veut bien qu’une comédie intéresse, mais il prétend qu’il doit toujours y avoir du plaisant. Il m’a presque converti sur cet article, et je commence à croire qu’on a besoin de rire.

Je m’unis toujours aux prières des frères, et je salue avec eux l’Être des êtres. 

Voici une petite lettre d'un M. de Montlebert lequel veut absolument que je lui réponde ; cela est désespérant 3. J'ai chez moi l'abbé Coyer . Je suis encore à concevoir les raisons pour lesquelles on l'a fait voyager quelque temps 4. Il faut que j'aie l'esprit bien bouché .

C'est pitié que la vieillesse ; Crébillon est devenu tout à fait fou . Je tremble pour moi 5

1 L'édition de Kehl suivie des autres incorpore dans cette lettre celle d'août 1761 :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/07/17/je-serai-plus-inflexible-pour-les-ouvrages-de-mes-amis-que-j-5827291.html

La présente lettre doit avoir été écrite avant la lettre du même jour à d'Argental dans laquelle V* se dispose à abandonner Legouz pour Picardet : « Je veux que Picardet soit l'auteur du Droit du seigneur . Picardet est mon homme . Voici donc la préface de Picardet . »

2 Cet ouvrage ne paraît pas avoir été imprimé .

3 Cette phrase est omise dans l'édition de Kehl .

5 Ce paragraphe est biffé sur la copie Beaumarchais-Kehl et manque dans toutes les éditions .

 

Lire la suite

11/08/2016 | Lien permanent

Le plus triste effet de la perte de la santé, ..., c'est de ne point voir ses amis, c'est de ne leur point écrire.

http://player.canalplus.fr/#/585757  :  Humour, sur un état des lieux qui laisse un terrible goût amer !

Le débat Fillon – Aubry, flot de paroles, m'a laissé de glace , la preuve :

flot de paroles me laisse de glace.JPG

 

 

 


« A M. DE BRENLES.

Aux Délices, 6 juin [1755]

Le plus triste effet de la perte de la santé, mon cher et aimable philosophe, n'est pas de prendre tous les jours de la casse, et de la manne délayée dans de l'huile, par ordre de M. Tronchin, c'est de ne point voir ses amis, c'est de ne leur point écrire. Le découragement est venu combler mes maux.
J'aurais dû être ranimé par des traverses que le bon pays de Paris m'a envoyées dans ma solitude mais je ne sens plus que la privation de la santé et la vôtre. Je fais un peu ajuster cette maison, qui est trop loin de vous pour être appelée les Délices. Je fais aussi accommoder notre Monrion, et je ne jouis ni de l'un ni de l'autre. Il faudrait au moins être débarrassé des ouvriers, qui m'accablent ici, pour venir dans votre voisinage, et j'ai bien peur d'en avoir encore pour longtemps. Notre ami Dupont m'a mandé qu'il viendrait nous voir en septembre, c'est à Monrion qu'il faudra nous rassembler.
Il y a actuellement un nommé Grasset à Lausanne, il se mêle de librairie, et est lié avec M. Bousquet1. Cet homme vient de Paris, et je suis informé qu'on l'a pressé de faire imprimer des ouvrages qu'on m'impute2. Je n'ose vous prier d'envoyer chercher le sieur Grasset mais si par hasard il vous tombait sous la main, vous me feriez plaisir de l'engager à s'adresser directement à moi, il trouverait probablement plus d'avantage à mériter ma reconnaissance par une conduite honnête qu'il n'aurait de profit à imprimer de mauvais ouvrages.
Il est vrai que je me suis amusé à faire quelques vers3 sur votre beau lac, et à chanter votre liberté. Ce sont deux beaux sujets mais je n'ai plus de voix, et je détonne. Quant j'aurai le bonheur de vous voir, je vous montrerai ce petit ouvrage; je n'en suis pas encore content.
Adieu, mon cher philosophe ,vivez heureux avec celle qui partage votre philosophie, augmentez votre famille, et conservez- la. Mille tendres compliments, je vous en prie, à M. Polier4, quand
vous le verrez. Adieu, aimez toujours un peu ce solitaire qui vous aime tendrement. V. »

1 Marc-Michel Bousquet ,imprimeur à Lausanne , qui fut un temps employeur de François Grasset , après que celui-ci ait travaillé chez les frères Cramer .

2 Entre autres, La Pucelle .

3 L'Epître sur le lac de Genève : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-34308349.html

 

Lire la suite

03/02/2012 | Lien permanent

Des animosités, des aigreurs réciproques, de l’orgueil, de la vanité, de petits droits contestés, ont brouillé tous les

... Constat voltairien, constat constant de nos jours . Egalité et fraternité, où êtes-vous ?

Cerveau & Psycho n°130 - mars 2021 - Rester serein dans un monde incertain  | Cerveau & Psycho

Serein, bande de serins !

 

 

« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul

[vers le 18 mai 1766] 1

Mon colonel, mon protecteur Messala 2,

C’est pour le coup que je me jette très sérieusement à vos pieds ; ayez la bonté de lire jusqu’au bout.

Je vous dois tout, car c’est vous qui avez rendu ma petite terre libre ; c’est vous qui avez marié Mlle Corneille, et qui avez tiré son père de la misère par les générosités du roi et les vôtres, et celles de Mme la duchesse de Gramont.

C’est par vous que mon désert horrible a été changé en un séjour riant ; que le nombre des habitants est triplé, ainsi que celui des charrues, et que la nature est changée dans ce coin, qui était le rebut de la terre. Après ces bienfaits répandus sur moi, vous savez que je ne vous ai rien demandé que pour des Genevois ; car que puis-je demander pour moi-même ? je n’ai que des grâces à vous rendre.

Jean-Jacques Rousseau seul a troublé la paix de Genève et la mienne ; Jean-Jacques, le précepteur des rois et des ministres, qui a imprimé, dans son Contrat insocial,  qu’il n’y a, à la cour de France, que de petits fripons qui obtiennent de petites places par de petites intrigues 3 , Jean-Jacques, qui veut que l’héritier du royaume épouse la fille du bourreau 4, si elle est jolie ; Jean-Jacques, qui s’imagine follement que j’avais engagé le conseil de Genève à le proscrire ; Jean-Jacques, qui s’appuya d’un colonel réformé au service de Savoie, et pensionnaire d’Angleterre, nommé M. Pictet, pour commencer, sur cet unique fondement, la guerre ridicule que Genève fait à coups de plume depuis deux années.

Peut-être les Genevois, honteux d’un si impertinent sujet de discorde, n’ont osé avouer cette turpitude à M. le chevalier de Beauteville ; et moi, qui ne peux sortir et qui passe la moitié de ma vie dans mon lit et l’autre en robe de chambre, je n’ai pu instruire monsieur l’ambassadeur de ces fadaises dans le peu de temps qu’il a bien voulu me donner quand il a daigné venir voir ma retraite.

À la mort de M. de Montpéroux, toutes les têtes de Genève étaient dans une fermentation d’autant plus grande qu’il n’y avait en vérité aucun sujet de querelle. Des animosités, des aigreurs réciproques, de l’orgueil, de la vanité, de petits droits contestés, ont brouillé tous les corps de l’État pour jamais. Quelques personnes du conseil, plusieurs principaux citoyens, vinrent me trouver . Je leur proposai de venir tous dîner chez moi souvent, et de vider leurs querelles gaiement, le verre à la main. Comme ils disputaient alors sur des questions de loi qui sont survenues, ou plutôt qu’on a fait survenir, j’envoyai un mémoire 5 à des avocats de Paris, et je reçus une consultation fort sage.

M. Hennin arriva ; je lui remis la consultation, et je ne me mêlai plus de rien.

Les natifs de Genève vinrent me trouver, il y a quelques jours, et me prièrent de leur faire un compliment qu’ils devaient présenter à messieurs les médiateurs . Je ne pus ni ne dus refuser cette légère complaisance à trente personnes qui me la demandaient en corps . Un compliment n’est pas une affaire d’État. Ils revinrent après me communiquer une requête qu’ils voulaient donner à messieurs les plénipotentiaires ; je leur recommandai de ne choquer ni leurs supérieurs ni leurs égaux. Je n’ai eu aucune autre part aux divisions qui agitent la petite fourmilière. Je demeure à deux lieues de Genève ; j’achève mes jours dans la plus profonde retraite. Il ne m’appartient pas de dire mon avis, quand des plénipotentiaires doivent décider.

Soyez donc très persuadé, mon protecteur, qu’à mon âge je ne cherche à entrer dans aucune affaire, et surtout dans les tracasseries genevoises.

Mais je dois vous dire que, mes petites terres étant enclavées en partie dans leur petit territoire, ayant continuellement des droits de censive, et de chasse, et de dîme à discuter avec eux, ayant enfin du bien dans la ville, et même un bien inaliénable, j’ai plus d’intérêt que personne à voir la fourmilière tranquille et heureuse ; je suis sûr qu’elle ne le sera jamais que quand vous daignerez être son protecteur principal, et qu’elle recevra des lois de votre médiation permanente. Je vous conjure seulement de vouloir bien avoir la bonté de recommander à M. de Beauteville votre décrépite marmotte, qui vous adorera du culte d’hyperdulie 6 tant que le peu qu’il a de corps sera conduit par le peu qu’il a d’âme.

Monseigneur sait-il ce que c’est que le culte d’hyperdulie ? Pour moi, il y a soixante ans que je cherche ce que c’est qu’une âme, et je n’en sais encore rien.

V.

Ah ! si j’osais, je vous supplierais d’engager M. de Beauteville à demeurer, en vertu de la garantie, le maître de juger toutes les contestations qui s’élèveront toujours à Genève. Vous seriez en droit d’envoyer un jour, à l’amiable, une bonne garnison pour maintenir la paix, et de faire de Genève, à l’amiable, une bonne place d’armes quand vous aurez la guerre en Italie. Genève dépendrait de vous à l’amiable ; mais 7»

1 Minute autographe datée « février 1766 » par une autre main, suivie par les éditions ; l'édition de Kehl procède de la minute . V* répond à une lettre du 12 mai 1766 de Choiseul, d'où la date proposée . Choiseul précise : « Ne vous mêlez point de toute cette querelle […] Ne parlez point de ma lettre […] . Je m'étais imposé de ne pas vous écrire tant que cette affaire durerait, mais au fond, parce que Genève se perd, est-il juste que j'aie l'air d'oublier mon ami qui me promet d'être discrète ? »

Beuchot , lui, note : « Dans une récente édition des Œuvres de Voltaire, on a placé cette lettre au mois de novembre. Les éditeurs de Kehl l’avaient mise en février, et je m’en tiens à leurs dispositions. » et Garnier note dans son édition : « — Cette lettre à Choiseul doit avoir été écrite vers le même temps que le n° 6269 [12 février 1766 à d'Argental], plutôt que huit mois après. »

2 Marcus Valerius Messala Corvinus, homme de guerre et protecteur des arts : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcus_Valerius_Messalla_Corvinus

3 Le Contrat social , III, 6 ; voici ce que Rousseau y écrit : « […] ceux qui parviennent dans les monarchies ne sont le plus souvent que de petits brouillons, de petits fripons, de petits intrigants, à qui les petits talents, qui font dans les cours parvenir aux grandes places, ne servent qu'à montrer au public leur ineptie aussitôt qu'ils y sont parvenus. »

6 Nouvel emploi de ce mot rencontré à plusieurs reprises notamment dans les lettres aux d'Argental .

7 Le manuscrit finit ainsi, comme toutes les éditions qui en dérivent .

Lire la suite

12/08/2021 | Lien permanent

Laissons passer les fadeurs du jour de l’an

volt 's morning huber.jpg

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

30è décembre 1774

 

Ah ! mon cher  ange ! il faut que je vous gronde . M. de Thibouville, M. de Chabanon, Mme du Deffand m’apprennent que je venais vous voir au printemps . Oui, j’y veux venir, mais …

 

                            Je n’y vais que pour vous, cher ange que vous êtes . Je ne puis me monter à d’autres qu’à vous . Je suis sourd et aveugle, ou à peu près . Je passe les trois quarts de la journée dans mon lit, et le reste au coin du feu . Il faut que j’aie toujours sur la tête un gros bonnet, sans quoi ma cervelle est percée à jour . Je prends médecine trois fois par semaine, j’articule très difficilement, n’ayant pas, Dieu merci, plus de dents que je n’ai d’yeux et d’oreilles .

 

Jugez d’après ce beau portrait qui est très fidèle, si je suis en état d’aller à Paris in fiochi ? Je ne pourrais me dispenser d’aller à l’Académie et je mourrais de froid à la première séance.

 

                            Pourrais-je fermer ma porte, n’ayant point de portier, à toute la racaille des polissons soi-disant gens de lettres qui auraient la sotte curiosité de venir voir mon squelette ? et puis , si je m’avisais à l’âge de quatre vingt et un ans de mourir dans votre ville de Paris,, figurez-vous quel embarras, quelles scènes et quel ridicule ! Je suis un rat de campagne qui ne peut subsister à Paris que dans quelque trou bien inconnu . Je n’en sortirais pas dans le peu de séjour que j’y ferais . Je n’y verrais que deux ou trois  de vos amis, après qu’ils m’auraient prêté serment de ne point déceler le rat de campagne aux chats de Paris ?. J’arriverais sous le nom d’une de mes masures appelées terres, de sorte qu’on ne pourrait m’accuser d’avoir menti si j’avais le malheur insupportable d’être reconnu .

 

Gardez-vous donc bien , mon cher ange, d’autoriser ce bruit affreux que je viens vous voir au printemps . Dites qu’il n’en est rien, et je vais mander expressément qu’il n’en est rien.

 

                            Cependant consolez-vous de vos pertes, jouissez de vos nouveaux amis, de votre considération, de votre fortune, de votre santé, de tout ce qui peut rendre la vie supportable. Vous êtes bien heureux de pouvoir aller au spectacle ; c’est une consolation que tous vos vieux magistrats se refusent je ne sais pourquoi . C’était celle de Cicéron et de Démosthène . Notre parterre de la Comédie n’est rempli que de clercs de procureurs et de garçons perruquiers . Nos loges sont parées de femmes qui ne savent jamais de quoi il s’agit, à moins qu’on ne parle d’amour . Les pièces ne valent pas grand chose, mais je n’en connais pas de bonne depuis Racine, et avant lui il n’y a qu’une quinzaine de belles scènes, tout au plus .Mais je ne veux pas ici faire une dissertation.

 

                            Mon jeune homme m’occupe beaucoup . Si je puis parvenir seulement à écarter un témoin imbécile et très dangereux, je suis sur qu’il  gagnera son procès tout d’une voix. Il faudrait un avocat au Conseil bien philosophe, bien généreux, bien discret, qui prît la chose à cœur, et qui signât une requête au garde des Sceaux, pour obtenir la liberté de se mettre en prison, et de se faire pendre si le cas y échoit .Ces lettres du Sceau après les cinq ans de contumace ne se refusent jamais . Laissons passer les fadeurs du jour de l’an, et le tumulte du carnaval, après quoi nous verrons à qui appartiendra la tête de cet officier . Son maître commence à prendre la chose fort à cœur, mais non pas si chaudement que moi .Je regarde son procès comme la chose la plus importante et qui peut avoir les suites les plus heureuses, mais il faut que d’Hornoy m’aide . Ce sera à lui de disposer les choses de façon que rien ne traîne, et que ce ne soit qu’une affaire de forme . Je vais travailler de mon côté à écarter ce sot témoin, seul obstacle qui m’embarrasse ; si je ne réussis pas dans cette entreprise très sérieuse, je parviendrai du moins à procurer quelque fortune à cet officier auprès de son maître . Les Fréron et les Sabatier ne m’empêcheront pas de faire du bien tant que je vivrai.

 

Adieu, mon cher ange, amusez-vous, secouez-vous, occupez-vous, aimez toujours un peu le plus vieux, sans contredit, de tous vos serviteurs, qui vous aimera tendrement tant qu’il aura un souffle de vie .

 

                            Voltaire. »

Lire la suite

Page : 116 117 118 119 120 121 122 123 124 125 126