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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Le découragement n’est point fait pour le génie et pour le mérite. Combattez et triomphez

... Femmes d'Afghanistan, et hommes qui ne sont pas dégénérés et les soutiennent, courage, les jours sont comptés pour vos esclavagistes : https://www.youtube.com/watch?v=Ql7IsQo_Nu4

 

 

 

« A Jean-Benjamin Laborde

4 juin [1767] 1

Je vous l’avais bien dit, mon cher Orphée , la lyre n’apprivoise pas tous les animaux, encore moins les jaloux ; mais il ne faut pas briser sa lyre, parce que les ânes n’ont pas l’oreille fine. Les talents sont faits pour combattre, et, à la longue, ils remportent la victoire. Combattez, travaillez, opposez le génie au mauvais goût, refaites ce quatrième acte, qui est de l’exécution la plus difficile. Je pense qu’il vaut mieux cent fois 2 faire jouer votre opéra à Paris que de mendier à la cour une représentation qu’on ne peut obtenir, tout étant déjà arrangé. Croyez que c’est au public qu’il faut plaire. Vous en avez déjà des preuves par devers vous. Je suis persuadé que vous en aurez de nouvelles, quand vous voudrez vous plier à négocier avec les entrepreneurs des doubles croches et des entrechats.

Un jeune homme m’a montré une espèce d’opéra-comique dans le goût le plus singulier du monde 3. J’ai pensé à vous sur-le-champ ; mais il ne faut courir ni deux lièvres ni deux opéras à la fois. Songez à votre Pandore, tirez de la gloire et des plaisirs du fond de sa boîte : faites l’amour et des passacailles 4. Pour moi, je suis bien hardi de vous parler de musique, quand je ne dois songer qu’à des De profundis 5, qui ne seront pas même en faux bourdon.

Voudriez-vous avoir la bonté de m’envoyer une copie des paroles de Pandore, telles que vous les avez mises en musique ? Je tâcherai de rendre quelques endroits plus convenables à vos talents, et qui vous mettront plus à l’aise. Envoyez-moi ce manuscrit contre-signé ; cela vous sera très aisé.

Adieu, mon cher et digne ami ; ne vous rebutez point. Quand un homme comme vous a entrepris quelque chose, il faut qu’il en vienne à bout. Le découragement n’est point fait pour le génie et pour le mérite. Combattez et triomphez. Ne parlez point surtout au maître des jeux 6 ; il est impossible qu’il fasse rien pour vous cette année . Je vous en avertis avec très grande connaissance de cause. Ne manquez pas d’exécuter votre charmant projet de venir au 1er de juillet . Nous aurons des voix et des instruments. Je vous dirai franchement que madame Denis se connaît mieux en musique que tous les gens dont vous me parlez. Venez, venez, et je vous en dirai davantage. »

1 Copie par Boissy d'Anglas ; copie ancienne (B.N.F.) ayant servi de base à la première édition ; édition Cayrol.

2 L'édition BNF porte une fois .

3 Ceci peut difficilement être autre que Les Deux Tonneaux : https://www.theatre-classique.fr/pages/programmes/edition.php?t=../documents/VOLTAIRE_DEUXTONNEAUX.xml

. Grétry a affirmé que V* composait des opéré-comiques pour lui ; et effectivement le compositeur se rendit souvent à Ferney pendant son séjour à Genève en 1766 ; voir ses Mémoires, Paris , an V [1796-1797], I, 166 et I, 136. : voir https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1121008/f114.image.r=voltaire

et voir : https://data.bnf.fr/fr/12061599/jean-benjamin_de_la_borde/

4 Airs de danse.

5 Manuscrit I donne simplement qu'à des profundis .

6 Richelieu .

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26/12/2022 | Lien permanent

Non, Madame, ce n’est pas le souper qui fait l’amitié

Ah qu'il est bon de commencer la journée avec un soleil radieux (je ne me force pas pour trouver des termes plus élogieux ) et une jolie femme encensée par un Volti-champagne (même s'il apprécie le tokai )...

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«  A Jeanne-Antoinette Poisson Le Normant d’Étioles, marquise de Pompadour

 

 

Sincère et tendre Pompadour,

Car je veux vous donner d’avance

Ce nom qui rime avec l’amour,

Et qui sera bientôt le plus beau nom de France,

Ce tokai dont Votre excellence

Dans Étioles me régala

N’a-t-il pas quelque ressemblance

Avec le roi qui le donna ?

Il est comme lui sans mélange,

Il unit comme lui la force et la douceur,

Plait aux yeux, enchante le cœur,

Fait du bien, et jamais ne change.

 

Le vin que m’apporta l’ambassadeur manchot du roi de Prusse (qui n’est pas manchot) derrière son tombereau d’Allemagne qu’il appelait carrosse, n’approche pas du tokai que vous m’avez fait boire. Il n’est pas juste que le vin d’un roi du Nord égale celui d’un roi de France, surtout depuis que le roi de Prusse a mis de l’eau dans son vin par sa paix de Breslau.

 

                   Dufresnay a dit dans une chanson que les rois ne se faisaient la guerre que parce qu’ils ne buvaient jamais ensemble. Il se trompe. François Ier avait soupé avec Charles Quint et vous savez ce qui s’ensuivit. Vous trouverez en remontant plus haut qu’Auguste avait fait cent soupers avec Antoine. Non, Madame, ce n’est pas le souper qui fait l’amitié.

 

                   Etc.

 

                   Voltaire

                   Mai-juin 1745. »

A+, le travail m'appelle. Je n'ose pas plaider la surdité, j'y vais et cède la place à ma vaillante Babeth sur cette bécane.

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20/05/2009 | Lien permanent

elle avait esprit, talents et belle âme . Cela n'est pas excessivement commun

... Voltaire dépeint fort bien Mam'zelle Wagnière qui nous laisse sans nouvelles depuis trop longtemps . Help !

 

 

« A Philibert-Charles-Marie Varenne de Fénille 1

à l'hôtel de La Marck rue d'Aguesseau

à Paris 2

13è janvier 1765 à Ferney

Il y a assurément, monsieur, dans vos jolis vers de quoi faire chanter un aveugle, et je vous aurais répondu sur le même ton si je n'étais affligé que des yeux ; mais ma vieille maison étant tout aussi mauvaise que mes fenêtres il n'y a pas moyen de faire des vers dans l'état où je suis . On dit que les cygnes chantent en mourant, mais je n'ai pas l'honneur d'être cygne, je ne suis qu'un vieux hibou retiré dans une chaumière au milieu des montagnes . Je vous prie de mettre ce hibou aux pieds de Mme la comtesse de La Mark, puisqu'elle a la bonté de se souvenir de moi . Je lui ai connu deux beaux yeux à qui je souhaite qu'il n'arrive jamais ce qui arrive aux miens ; elle avait esprit, talents et belle âme . Cela n'est pas excessivement commun . Adieu, monsieur,on ne peut être plus sensible que je le suis à votre souvenir .

V. »

2 L'édresse a été rectifiée : « M. Billard, rue des Deux-Ecus, à l'hôtel des Deux Ecus ».

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27/03/2020 | Lien permanent

il s'agit de vér... Ce n'est pas pour moi, Dieu merci ; mais ce n'est pas non plus pour ma nièce

... Vérité ? que nenni !

Vérole ? Oui da ! Comme le chantait si bien le grand Georges "Madame la marquise m'a filé des morpions " et plus si affinité . Dr Fleming vous fûtes le bienvenu , alleluhia !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

11 janvier 1761 1

Je vous envoie toujours, monsieur, mes lettres ouvertes : tout doit être commun entre amis . Celle que je prends la liberté de vous envoyer pour M. Bagieu est pourtant cachetée ; mais c'est qu'il s'agit de vér... Ce n'est pas pour moi, Dieu merci ; mais ce n'est pas non plus pour ma nièce, ce n'est pas pour Mlle Corneille que je tiens plus pucelle que la Pucelle d'Orléans, et qui est beaucoup plus aimable ; c'est pour un officier de mes parents dont je prends soin, et que j'ai laissé aux Délices, injustement soupçonné et mourant . Pardonnez donc la liberté que je prends, et continuez moi vos bontés . »

1 L'édition de Kehl fond une bonne partie de cette lettre dans celle du 16 janvier 1761 au même .

 

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11/01/2016 | Lien permanent

Un simple compliment n'est guère lu, s'il n'est soutenu par des choses utiles.

 Professeur Bernard DEVAUCHELLE

Congrès France ADOT 01 

 30è anniversaire - 24 mars 2012- Bourg-en-Bresse

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N'oubliez pas ce regard d'homme de bonne volonté, ni cette main qui redonne un visage et donc une vie à des êtres défigurés .

N'oubliez pas de dire à vos proches si vous êtes pour le don de vos organes ou non .

N'oubliez pas que votre mort peut n'être pas inutile , et être source de vie. 

 

 

 

« A M. le maréchal duc de RICHELIEU.

Aux Délices, 12 septembre [1755]

Je vous envoie, monseigneur, à la hâte, et comme je peux, votre filleul l'Orphelin, dont vous voulez bien être le parrain : ce sont les premiers exemplaires qui sortent de la presse 1. Je crois que vous joindrez à toutes vos bontés celle de me pardonner la dissertation que je m'avise toujours de coudre à mes dédicaces. J'aime un peu l'antique, cette façon en a du moins quelque air. Les épîtres dédicatoires des anciens n'étaient pas faites comme une lettre qu'on met à la poste, et qui se termine par une vaine formule; c'étaient des discours instructifs. Un simple compliment n'est guère lu, s'il n'est soutenu par des choses utiles. Il y a, à la fin de la pièce, une lettre à Jean-Jacques Rousseau 2, que j'ai cru nécessaire de publier dans la position où je me trouve.

Je suis honteux de vous entretenir de ces bagatelles, lorsque je ne devrais vous parler que du chagrin sensible que m'a causé la perte de votre procès 3. Je ne sais pas si une pareille décision se trouve dans l’Esprit des Lois. J'ignore la matière des substitutions, j'avais seulement toujours entendu dire que les droits du mineur étaient inviolables; et, à moins qu'il n'y ait une loi formelle qui déroge à ces droits, il me paraît qu'il y a eu beaucoup d'arbitraire dans ce jugement. Je ne puis croire surtout qu'on vous ait condamné aux dépens, et je regarde cette clause comme une fausse nouvelle. Je n'ose vous demander ce qui en est. Vous devez être surchargé d'affaires extrêmement désagréables. Il est bien triste de succomber, après tant d'années de peines et de frais, dans une cause qui, au sentiment de Cochin, était indubitable, et ne faisait pas même de question.
Vous êtes bien bon de me parler de tragédie et de dédicaces, quand vous êtes dans une crise si importante , c'est une nouvelle épreuve où l'on a mis votre courage. Vous soutenez cette perte comme une colonne anglaise 4 mais les canons ne peuvent rien ici, et ce n'est que dans votre belle âme que vous trouvez des ressources. C'est à cette âme noble et tendre que je serai attaché toute ma vie avec les sentiments les plus inviolables et les plus respectueux. Vous savez que ma nièce pense comme moi. Permettez que je revienne à la pièce qui est sous votre protection. Je vous demande en grâce qu'on la joue à Fontainebleau, telle que je l'ai faite, telle que Mme de Pompadour l'a lue et approuvée, telle que j'ai l'honneur de vous l'envoyer, et non telle qu'elle a été défigurée à Paris. En vérité, je ne puis concevoir comment elle a pu avoir quelques succès avec tant d'incongruités. Il faut que Mlle Clairon soit une grande enchanteresse. »

1 L'Orphelin de la Chine imprimé par les frères Cramer à Genève .

2 Lettre du 30 août : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/03/22/o... en réponse à la lecture de Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes .

3 On trouve dans les Ouvres de Cochin (édition in-8°, tome IV, page 391) un mémoire ou plaidoyer pour M. le duc de Richelieu, héritier substitué de M. le cardinal de Richelieu, son grand-oncle, contre M. de Chabezé, M. Payen, etc., etc., et autres possesseurs de maisons situées dans les environs du Palais-Royal, faisant partie de la substitution, et indûment aliénées. Le procès remontait aux environs de 1735. (Beuchot.)

Voir : http://books.google.fr/books?id=TVgOAAAAQAAJ&pg=PA398&lpg=PA398&dq=oeuvres+de+cochin+duc+de+richelieu&source=bl&ots=R2vxRMtSyc&sig=8ErSzKfhEwgpPI0TkXMm8E2uSYI&hl=fr&sa=X&ei=QgJzT-OHBM-u8QPN0_VY&sqi=2&ved=0CCAQ6AEwAA#v=onepage&q&f=false

4 Voltaire, trompé par des relations inexactes, et aveuglé par sa partialité pour son héros, croyait que celui-ci, à la bataille de Fontenoy, avait donné le premier l'avis de faire avancer quatre canons contre le front de la colonne anglaise. (CL.) Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/categorie-11835145.html

 

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28/03/2012 | Lien permanent

Il n'est point du tout honnête de s'emparer aussi du bien de ses camarades. On ne fait point de pareils tours à la Chine

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http://www.deezer.com/listen-7488618 Chet Baker, celui que vous avez ci-dessus !

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Il Y A : http://www.deezer.com/listen-7488632  , parfois on regarde les choses en se disant : pourquoi pas ?...

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« A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d'Hornoy

 

28è novembre 1770

 

Mon cher conseiller, les scènes que vous avez jouées à la campagne sont sûrement plus plaisantes que celles qu'on donne quelquefois sur votre grand théâtre de législation. Je vous trouve un très grand philosophe de savoir joindre les amusements aux affaires. Vous pourriez bien en avoir une avec votre ancien confrère M. l'abbé Terray au sujet de cent mille francs qui vous appartiennent et sur lesquels il semble avoir mis une main qu'il n'a pas encore retirée i. Il n'est point du tout honnête de s'emparer aussi du bien de ses camarades. On ne fait point de pareils tours à la Chine. Vous savez sans doute que les remontrances des six premiers grands tribunaux y ont force de loi. Voilà ce gouvernement qu'on nous a peint comme si despotique. Il faut bien qu'on y soit heureux puisque l'empereur fait des vers ii.

 

On n'est pas si heureux dans mon petit empire de Ferney. Le blé y vaut cinquante francs (le setier de Paris [http://fr.wikipedia.org/wiki/Setier]) depuis un an, et à présent vingt écus [= 60 francs ; http://erwan.gil.free.fr/index.php?mod=freepages&page...]. Il faut que la France soit devenue bien riche depuis le système de MM. les économistes et les Éphémérides du citoyen iii.

 

Comme mon commerce avec le roi de la Chine commence à faire du bruit dans votre province d'Europe, il est juste que vous en soyez instruit. Je vous envoie une des lettres à ce monarque que la malice m'attribue iv.

 

Je salue madame votre femme à la chinoise. Je voudrais bien un jour prendre avec elle une tasse de thé. Je vous embrasse de tout mon cœur.

 

V. »


i En cadeau de mariage, V* a donné à son petit-neveu d'Hornoy, de l'argent à récupérer sur celui des rescriptions perdu (provisoirement au moins) à la suite des mesures prises par le contrôleur général des finances Terray.

 

ii Allusion à l'Éloge de la ville de Moukden et de ses environs... de Kien Long ; cf. lettres à Thiriot et à Catherine II du 26 novembre 1770.

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/11/24/s...

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/11/25/i...

 

 

iii Que publie Dupont de Nemours ; cf. lettre du 16 juillet.

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/07/30/t...

 

 

iv Épître au roi de la Chine.

 

 

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29/11/2010 | Lien permanent

Ali, ce fameux gendre de Mahomet, n'est élu et ne règne qu'au milieu des troubles, etc.

... Et depuis le VIIè siècle de l'ère chrétienne , -le 1er siècle mahométan,- c'est le bordel en terre d'islam, tout comme nous avons eu nos guerres de religions chrétiennes, à cette différence près, c'est que nous avons su nous arrêter , ce que chiites, sunnites, wahabites et autres -ites musulmans semblent bien incapables de faire ; l'esprit petit chef des imams m'en semble bien responsable, chacun prêchant pour sa chapelle (oups ! mosquée! ) et le pouvoir/argent qui s'y attache . 

 http://www.teheran.ir/spip.php?article1490

ali mahomet gabriel.jpg

 

 

« Au Journal encyclopédique 1

Messieurs, les auteurs du Journal encyclopédique sont priés de vouloir bien corriger la petite inadvertance où l'on est tombé dans leur journal, où (page 79, mois de janvier 2) il est dit que dans l'Essai sur l'histoire générale, sur les mœurs et l'esprit des nations, depuis Charlemagne, l'auteur a oublié Ottman, troisième calife, et que cette omission est considérable ; elle le serait en effet, quoique le but de l'auteur de cet Essai sur l'histoire n'ai point du tout été de faire des mémoires chronologiques , mais de peindre les mœurs des hommes ; mais il s'en faut de beaucoup que cette omission soit vraie ; il n'y a qu'a jeter les yeux sur la page 47, on y trouvera ces mots , Omar est assassiné par un esclave perse en 603 ; Ottman, son successeur, l'est en 655, dans une émeute ; Ali, ce fameux gendre de Mahomet, n'est élu et ne règne qu'au milieu des troubles, etc.

Les auteurs n’avaient point apparemment le livre devant les yeux, quand ils ont fait l'extrait de la prétendue critique de cet Essai sur l'histoire générale 3 ; il se sont fiés à ce censeur téméraire ; ils n'ont pas cru qu'un auteur qui critique un livre connu de tout le monde, pût avancer une imputation si fausse, et de se tromper si grossièrement .

Au reste, on ne peut que remercier Messieurs les auteurs du Journal encyclopédique de la candeur et de l'équité qui caractérisent leur excellent journal, approuvé de toutes les sociétés de gens de lettres, et de toutes les religions de l'Europe ; tous ceux qui lisent ce journal, doivent des remerciements à M. le duc de Bouillon des instructions utiles et agréables que sa protection leur a procurées .

Au château de Tournay, pays de Gex, ce 31 mars 1760 .

Voltaire

gentilhomme ordinaire

de la chambre du roi. »

1 Copie ancienne, transcrite d'après l'édition Osborn ; « Remarque de M. de Voltaire au sujet d'une omission qui se trouve dans notre journal du 15 janvier de cette année » , Journal encyclopédique, Bouillon, 1er mars 1760, II, ii, 80-82 qui a été suivie .

2 Dans le numéro du 1er janvier 1760, I,i, 76-88, et plus précisément page 79, à l'occasion d'un compte rendu de la Critique de l'Histoire universelle de M. de Voltaire, au sujet de Mahomet et du mahométanisme . Voir aussi la lettre du 18 février 1760 à Thieriot : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/02/19/je-crois-en-savoir-beaucoup-sur-mahomet-que-j-ai-etudie-a-fond-je-n-ai-pas.html

3 Note du Journal encyclopédique : « Nous n'avons fait l'extrait qu'avec l'ouvrage de M. de Voltaire sous les yeux ; et l'omission dont se plaint cet illustre auteur, se trouve dans l'édition que nous avons de ses œuvres . À la vérité, elle est furtive, ou c'est plutôt une contrefaçon [sic] ; et cette faute y existe réellement, ce qui nous détermine d'autant plus à publier cette lettre, afin qu'elle serve de correctif à cet endroit défiguré. »

 

 

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31/03/2015 | Lien permanent

ce temps n'est pas loin, où l'on n'en sera pas moins syndic, pour avoir dit qu'un prêtre est un fripon

http://www.deezer.com/listen-267812 : un fripon, qui, je vous l'assure va finir entouré d'olives et de fouchettes acérées !

http://www.deezer.com/listen-299883 : une friponnerie allègre !

 

 

 

 

« A Gabriel Cramer

 

[vers le 10 septembre 1760]

 

Caro Gabriele, quiconque a précautionné les Genevois ses compatriotes contre les friponneries d'un tartufe a très bien fait [i]. Quiconque a mis un V. à la tête de l'ouvrage a très mal fait ; je ne veux point être le chat dont on se sert pour tirer les marrons du feu, et quand je les tire je les veux manger . On nomme trois personnes [ii], et je n'en nomme aucune ; tout ce qui m'étonne, c'est que celle des trois qui a attaché le grelot au cou du fripon, ne lui dise pas en face ce qu'il a écrit de lui ; si j'avais fait cette petite brochure, j'en ferais un gantelet pour ma main droite, et j'irais en donner un soufflet à tour de bras au coquin de Coltord [iii]; il me semble qu'un Genevois qui a eu le courage d'écrire tout ce qui est dans cette brochure doit avoir le courage de l'avouer ; et je vous prédis qu'il viendra un temps, et ce temps n'est pas loin, où l'on n'en sera pas moins syndic, pour avoir dit qu'un prêtre est un fripon. Je vous embrasse de tout mon cœur.

 

Jean-Louis [iv] ne compile, compile, compile [v] pas comme l'abbé Trublet, mais il demande, demande, demande toujours à Monsieur Cramer ; il craint enfin d'abuser de ses bontés, en lui demandant pour lui en propre un exemplaire du Czar [vi] qu'il lira dans sa chambre. »

iA la requête de V* lui-même l'ouvrage fut condamné au feu ; cf. lettre du 5 septembre sur ces Dialogues chrétiens... ou Préservatif contre l'Encyclopédie qui sont actuellement publiés dans ses Œuvres.  « ...un libraire, nommé Rigolet, a imprimé à Lyon une petite brochure dans laquelle l'auteur se moque également des prêtres de Juda et des prêtres de Baal ; c'est toujours bien fait... »

ii Le prêtre mis en scène dans les Dialogues a été supposé être un des rédacteurs du Journal chrétien : Trublet, Joannet ou Dinouart.

iii = Vernet ; cf. lettre du 8 janvier 1758 à Théodore Tronchin : « le col tors d'un tartufe », expression tirée de Pantagruel et de Gargantua.

iv Wagnière, son secrétaire.

vVoir Le Pauvre Diable : « Il compilait, compilait, compilait. » à propos de l'abbé Trublet exactement.

vi Histoire de l'Empire de Russie sous Pierre le Grand.

 

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11/09/2010 | Lien permanent

il n'est pas bien sûr que dans quatre jours je ne demande l'extrême-onction, au lieu de travailler à un ballet.

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« A Jules-David Cromot du Bourg

 

Ferney 20 septembre [1776]

 

Monsieur, en me donnant la plus agréable commission dont on pût jamais m'honorer [i], vous avez oublié une petite bagatelle ; c'est que j'ai quatre-vingt-deux ans passés. Vous êtes comme le Dieu des jansénistes qui donnait des commandements impossibles à exécuter ; et pour mieux ressembler à ce Dieu-là, vous ne manquez pas de m'avertir qu'on n'aura que quinze jours pour se préparer ; de sorte qu'il arrivera que la reine aura soupé avant que je puisse recevoir votre réponse à ma lettre.

 

Malgré le temps qui presse, il faut, Monsieur, que je vous consulte sur l'idée qui me vient.

 

Il y a une fête fort célèbre à Vienne, qui est celle de L'Hôte et de L'Hôtesse [ii]: l'Empereur est l'hôte, et l'Impératrice est l'hôtesse ; ils reçoivent tous les voyageurs qui viennent souper et coucher chez eux, et donnent un bon repas à table d'hôte. Tous les voyageurs sont habillés à l'ancienne mode de leur pays ; chacun fait de son mieux pour cajoler respectueusement l'hôtesse ; après quoi tous dansent ensemble. Il y a juste soixante ans que cette fête n'a pas été célébrée à Vienne : Monsieur voudrait-il la donner à Brunoy ?

 

Les voyageurs pourraient rencontrer des aventures : les uns feraient des vers pour la reine, les autres chanteraient quelques airs italiens ; il y aurait des querelles, des rendez-vous manqués, des plaisanteries de toute espèce.

 

Un pareil divertissement est, ce me semble, d'autant plus commode que chaque acteur peut inventer lui-même son rôle, et l'accourcir ou l'allonger comme il voudra.

 

Je vous répète , Monsieur, qu'il me parait impossible de préparer un ouvrage en forme pour le peu de temps que vous me donnez ; mais voici ce que j'imagine : je vais faire une petite esquisse du ballet de L'Hôte et de L'Hôtesse ; je vous enverrai des vers aussi mauvais que j'en faisais autrefois ; vous me paraissez avoir beaucoup de goût, vous les corrigerez, vous les placerez, vous verrez quid deceat, quid non [iii].

 

Je ferai partir, dans trois ou quatre jours, cette détestable esquisse, dont vous ferez très aisément un joli tableau. Quand un homme d'esprit donne une fête, c'est à lui à mettre tout en place.

 

Vous pourriez, à tout hasard, Monsieur, m'envoyer vos idées et vos ordres ; mais je vous avertis qu'il y a cent vingt lieues de Brunoy à Ferney. Je vous demande le plus profond secret, parce qu'il n'est pas bien sûr que dans quatre jours je ne demande l'extrême-onction, au lieu de travailler à un ballet.

 

J'ai l'honneur d'être avec respect, et une envie, probablement inutile, de vous plaire, etc. »

i Ce surintendant de « Monsieur » le comte de Provence a demandé à V* de composer un divertissement pour la fête que le prince offrirait à la reine le 7 octobre à Brunoy.

ii Ce fût le titre du divertissement que V* composa et qui fût représenté.

iii Ce qui convient, ce qui ne convient pas.

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21/09/2010 | Lien permanent

On ne sait plus où se fourrer pour être bien. Je sais qu’il faut s’accommoder de tout mais cela n’est pas aussi aisé qu’

... De là à se fourrer dans des manifestations de rue stériles , et même nuisibles, il y a un grand pas , à ne pas faire si on a encore un brin de jugeotte .

 

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine, marquise de Florian

rue d'Anjou, au Marais

à Paris

Famille aimable, je vous embrasse tous. J’aimerais mieux assurément être picard que suisse 1 , et pour comble de désagrément, il faudra qu’au mois de mai je quitte la Suisse pour la Souabe 2. Il est comique que le bien d’un Parisien soit en Souabe ; mais la chose est ainsi. La destinée est une drôle de chose. Je ne dois ni ne veux mourir avant d’avoir mis ordre à mes affaires.

La destinée des Scythes est à peu près comme la mienne ; ce sont des orages suivis d’un beau jour. Ne regrettez point Paris quand vous serez à Hornoy, il n’y a plus à Paris que l’opéra-comique et le singe de Nicolet.

Je vois que les deux magistrats 3 resteront à Paris. Je prie le grand-turc de me dire pourquoi le baron de Tott 4 est à Neuchâtel . Il me semble qu’il n’y a nul rapport entre Neuchâtel et Constantinople.

Quand M. d’Hornoy rencontrera par hasard mon boiteux de procureur, je le prie de vouloir bien l’engager à recommander au marquis de Lézeau 5 de marcher droit.

Vous trouverez du blé en Picardie ; nous en manquons au pays de Gex : il faudra faire une transmigration à Babylone. On ne sait plus où se fourrer pour être bien. Je sais qu’il faut s’accommoder de tout mais cela n’est pas aussi aisé qu’on dirait bien.

Je finis, comme j’ai commencé, par vous embrasser du meilleur de mon cœur.

11è avril 1767. »

1 Le château de la marquise était en Picardie. (G.Avenel.)

2 Pour le Wurtemberg. (G.A.)

3 Mignot et d’Hornoy. (G.A.)

4 François, baron de Tott se trouva en effet à Neuchâtel en mission secrète du 16 janvier au 28 avril 1767 .

Voyez le Catalogue des correspondants. (G.A.)

Et voir : https://journals.openedition.org/ashp/1043

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_de_Tott

et : https://www.academia.edu/42664029/Voltaire_et_un_diplomate_fran%C3%A7ais_dorigine_hongroise_en_Orient

5 Son débiteur normand. que Voltaire appelle puant dans sa lettre du 28 mars 1760 à Cideville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/03/27/plus-on-avance-dans-sa-carriere-et-plus-on-est-convaincu-que-5591644.html

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30/09/2022 | Lien permanent

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