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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

il faut séparer toute espèce de religion de toute espèce de gouvernement

"Les hommes ne sont pas encore assez sages", "Je mourrai avec la douleur de n'avoir pas vu cet heureux temps".

Mon pauvre Volti ! ton pronostic pessimiste, mais en réalité terriblement vrai, ne pas voir la religion être une affaire privée, seulement privée.

Le choix de sa nourriture céleste comme on choisit sa nourriture terrestre, mais quand verra-t-on cette liberté ?

La lettre de ce jour me plait particulièrement .

Je vous recommande, aussi particulièrement, la lecture du "Catéchisme du Japonais".

 

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« A Élie Bertrand

Premier pasteur de l'Église française, membre de plusieurs académies etc. à Berne

 

A Ferney 19è mars 1765

 

Mon cher philosophe, vous n'êtes pas de ces philosophes insensibles qui cherchent froidement les vérités ; votre philosophie est tendre et compatissante . On a été très bien informé à Berne du jugement souverain en faveur des Calas i, mais j'ai reconnu à certains traits votre amitié pour moi . Vous avez trouvé le secret d'augmenter la joie pure que cet heureux évènement m'a fait ressentir . Je ne sais point encore si le roi a accordé une pension à la veuve et aux enfants , et s'ils exigeront des dépens, dommages et intérêts de ce scélérat de David ii qui se meurt . Le public sera bientôt instruit sur ces articles comme sur le reste . Voilà un évènement qui semblerait devoir faire espérer une tolérance universelle, cependant on ne l'obtiendra pas sitôt, les hommes ne sont pas encore assez sages ; ils ne savent pas qu'il faut séparer toute espèce de religion de toute espèce de gouvernement ; que la religion ne doit pas plus être une affaire d'État que la manière de faire la cuisine iii: il doit être permis de prier Dieu à sa mode, comme de manger selon son goût ; et que pourvu qu'on soit soumis aux lois, l'estomac et la conscience doivent avoir une liberté entière . Cela viendra un jour, mais je mourrai avec la douleur de n'avoir pas vu cet heureux temps .

 

Je vous embrasse avec la plus vive tendresse .

 

V[OLTAI]RE. »

 

i La réhabilitation des Calas ; voir lettre du 17 mars aux d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/03/17/m...

ii David de Beaudrigue, capitoul de Toulouse .

http://histoire-geographie.ac-toulouse.fr/web/509-proces-...

iii Voir le « Catéchisme du japonais » dans le Dictionnaire philosophique .

http://www.voltaire-integral.com/Html/18/catechisme_du_ja...

 

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19/03/2011 | Lien permanent

Avoir soin de fermer la grille d’entrée de ma maison les dimanches

4h du mat et pas de frisson, 40ème symphonie de WAM sur mon phone-réveil, puis j'enchaine par un sublime concerto pour violon de Ludwig van . Pour couronner le tout et finir de m'ouvrir l'esprit, The intertainer de Scot Joplin : http://www.youtube.com/watch?v=7cFkae0j_Ns

Il y a pire comme décolleur de tympans!

 

La journée s'annonce belle et chaude comme l'amour . Heureux visiteurs du château de Volti, venez nombreux, vous ne le regretterez pas . Vous aurez en prime de la visite une exposition "Voltaire en tête(s)" qui vous montrera les représentations de ce sacré gaillard sur trois siècles ... Vaut le détour !...

 

Je blogue, je blogue, mais le travail m'attend . Il le peut car je suis en avance et comme disait Coluche , à moins que ça ne soit de moi, "il n'y a rien de plus patient que le travail, si ce n'est toi qui t'en occupe"....

 

 

 

 

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« A Cosimo Alessandro Collini

Chez Monsieur de Voltaire aux Délices à Genève.

 

 

                            Il faut que Loup fasse venir de gros gravier ; qu’on en répande et qu’on l’affermisse depuis le pavé de la cour jusqu’à la grille qui mène aux allées des vignes. Ce gravier ne doit être répandu que dans un espace de la largeur de la grille. Les jardiniers devraient avoir déjà fait deux boulingrins carrés, à droite et à gauche de cette allée de sable, en laissant trois pieds à sabler aux deux extrémités de ces gazons, comme je l’avais ordonné.

 

                            Je prie monsieur Collini de recommander cet ouvrage qui est aisé à faire. Je recommande à Loup d’avoir soin de fermer la grille d’entrée de ma maison les dimanches. Les jardiniers enfermeront le jardin de palissades, comme ils le faisaient auparavant. Ils condamneront la petite porte jaune qui va de la cour au jardin sous la chambre au pilier ; et ils empêcheront le petit peuple d’entrer dans le jardin et de le détruire, comme on l’a déjà fait. Les allées de gazon qu’on a semées dans le jardin seraient absolument gâtées, et c’est une raison honnête à opposer à l’indiscrétion des inconnus qui veulent entrer malgré les domestiques.

 

                            Je pris Monsieur Collini de renvoyer les maçons, au reçu de ma lettre, ils n’ont plus rien à faire .Mais je voudrais que les charpentiers pussent se mettre tout de suite après le berceau du côté de la Brandie.

 

                            Il faut que les domestiques aient grand soin de secouer les marronniers, de faire tomber les hannetons, de les donner à manger aux poules.

 

                            Voilà à peu près, mon cher Collini, toutes mes grandes affaires. J’ai fort à cœur qu’on rétablisse le talus derrière le berceau proposé vis-à-vis la Brandie, et qu’on soutienne ce talus par quelques piquets en y laissant deux petites rigoles pour l’écoulement des eaux.

 

                            Ne m’envoyez point mes lettres à Berne mais à Montriond. Je vous embrasse.

 

                            Voltaire

                            A Berne 23 mai 1756. »

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23/05/2009 | Lien permanent

être aimé de vous, voilà la plus belle de toutes les places

Maintenant, je sais pourquoi Alain Delon parle de lui à la troisième personne, il a été surement contaminé par cet affreux écrivain dit  François-Marie de Voltaire ! Pardonnons donc à AD. ce détachement qui peut sembler hautain pour le vulgum pecus dont je fait partie ! Ah ! Voltaire que de mal tu as fait ! Un jeune premier à qui tout souriait, bourré de talent , à n'en point douter, et qui tombe dans l'immodestie la plus sincère comme un vulgaire (vulgus, ou vil-gugusse, c'est vous qui choisissez ! )chef d'état bling-bling !!

Veuillez trouver ci-dessous les germes de l'agent contaminateur!

Mettez des lunettes et des gants, à lire avec précaution !!...

«  A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental et à Jeanne –Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d’Argental

 

 

                            Voltaire sait d’hier la mort du président Bouhier [académicien mort le 17 mars], mais il oublie tous les présidents vivants et morts quand il voit M. et Mme d’Argental . On a parlé déjà à V. de la succession dans la partie de fumée [le siège à l’Académie] qu’avait à Paris ledit président commentateur . V. est malade, V. n’est guère en état de se donner du mouvement, V. grisonne et ne peut honnêtement frapper aux portes, quoiqu’il compte sur l’agrément du roi . Il remercie tendrement ses adorables anges . Il sera très flatté d’être désiré, mais il craindra toujours de faire des démarches [pour l’élection à l’Académie française, où il sera élu le 25 avril]. Mes divins anges ! être aimé de vous, voilà la plus belle de toutes les places.

 

                            V.

                            20 mars 1746. »

Pour les curieux , réf . Bouhier : http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://upload.wikim...

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20/03/2009 | Lien permanent

Je suis fâché de n'avoir point encore de procès

... Stop ! hit the brakes !! je n'en suis pas pas encore à réclamer quelque procès, si petit fut-il , mes moyens ne me le permettent pas et je ne suis pas chicanier . Nourrir un avocat , plus celui de la partie adverse, que Thémis m'en garde .

 Afficher l'image d'origine

Qui aura le coeur de jouer à colin-maillard avec une femme en nuisette armée d'un glaive ?

 

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

A Ferney en Bourgogne 20 mai 1761

En qualité de bon Bourguignon monsieur et presque de Franc-Comtois, je dois joindre mon petit tribut de joie, et d'acclamations et de compliments qui ne sont pas du bout de la plume, mais du cœur, à tous ceux qui sont adressés de toutes parts à votre aimable et respectable famille . Vous voilà trois premiers présidents 1. Je suis fâché de n'avoir point encore de procès . Je n'en ai qu'avec l'air qui est toujours troublé du vent du nord, avec la terre qui ne répond pas à mes travaux, avec l'eau que la sécheresse a tarie ; et pour compléter les quatre éléments, je n'ai plus de feu dans les veines .

J'ai imaginé pour me réchauffer d'imprimer les œuvres du grand Corneille avec des notes pour l'instruction des amateurs, des auteurs et des étrangers . L'Académie française a envie de donner à l'Europe des auteurs classiques . Je commence par celui qui a commencé à rendre notre langue respectable . J'ai proposé que le profit de l'édition fût pour l'héritier de ce grand homme qui est dans la misère ; l'idée a été reçue avec acclamation par l'Académie et par tout Paris . L'édition aura l'honneur d'être faite dans votre ressort . Je me flatte que cette entreprise aura votre approbation , et celle de M. de Ruffey . Je serais trop flatté de mettre la première pierre à cet édifice en votre présence et sous vos auspices . M. de Ruffey m'a fait entrevoir monsieur un bonheur que je désire plus que je l'espère ; il disait qu'au mois d'août je pourrais répéter après Virgile, amat bonus otia Daphnis – ipsi laetitia voces sider tollunt – intonsi montes 2. Ma chaumière n'est pas digne de vous recevoir, mais mon cœur est digne de vous rendre ses hommages . Je vous les renouvelle de trop loin avec les plus tendres respects .

Voltaire .

Permettez-moi de présenter mes respects à monsieur votre fils . »

2 Virgile, Bucoliques, V, 61-63 ; Le bon Daphnis aime la paix . Les monts chevelus eux-mêmes élèvent vers les astres des cris d'allégresse .

 

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20/04/2016 | Lien permanent

Le sacrement du baptême est peu de chose en comparaison de celui du mariage

... Et à mes yeux, ils sont tous deux également surévalués, comme tous les prétendus sacrements de toutes les religions, sacré nom d'une pipe !

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Pas de sacrement hindouiste , mais des momeries débiles : pas prêt à me convertir, je vous l'assure !

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

On n’a eu la lettre, pour père et mère, qu’après avoir fermé le gros paquet, mes anges auront donc toute l’endosse, personne ne sait ici où demeure le cousin, issu de germain, des Horaces et de Cinna. Mes anges ont du crédit ; ils protègent Marie, et ils feront trouver père et mère ; ils remettront entre les mains de nos anges l’extrait baptistaire demandé, supposé qu’il y en ait un , s’il n’y en a point, nous nous en passerons très bien. Le sacrement du baptême est peu de chose en comparaison de celui du mariage1»

1 La fin de la lettre a été arrachée et le texte fait défaut ; pour le passage présent, voir lettre du même jour aux mêmes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/12/17/n-b-qu-on-pourrait-confier-cet-argent-a-la-mere-qui-le-ferait-durer.html

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19/12/2017 | Lien permanent

Ce délai qui dépend de vous sera pour moi le comble de vos bontés

... Dixit flavo vestiesque . Amen .

-- Praeses ait : ite missa est, amen .

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Gilet jaune angélique, d'avant les taxes

 

 

« A Jean-Philippe Fyot de La Marche

9 décembre 1763, à Ferney

Monsieur,

Quoique vous n'ayez point d'hérétiques dans votre ressort, permettez-moi de vous présenter cet ouvrage sur les hérétiques . Il m'est tombé entre les mains, et je crois qu'il ne peut être mieux que dans les vôtres . Il y en a très peu d'exemplaires ; les ministres n'en sont pas mécontents . Je me flatte que vous trouverez au moins que l'ouvrage est d'un bon citoyen .

Je ne sais pas encore si le roi vous enverra les anciens traités faits avec les ducs de Savoie, les Suisses et Genève, sur lesquels le droit des dîmes est fondé ; mais j'ose vous supplier, monsieur, de vouloir bien différer de mettre sur le rôle le procès des dîmes de Ferney, jusqu'à ce que M. le duc de Praslin ait pris avec vous les arrangements qui pourront vous agréer . Ce délai qui dépend de vous sera pour moi le comble de vos bontés .

J'ai l'honneur d'être avec beaucoup de respect et de reconnaissance,

monsieur,

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

 

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06/12/2018 | Lien permanent

Je vous envoie une lettre de change de six mille livres , dont je vous prie de m'accuser réception

... Ainsi que ma lettre de rupture de vie commune avec vous, UE, pour cause d'incompatibilité d'humeur . Pour l'alliance, vous pouvez la garder, pour les six mille livres, ce sera tout ce que vous pouvez espérer de moi et je compte bien obtenir une pension alimentaire conséquente, tenez le vous  pour dit .  I say ! "

signé :

Theresa May, premier ministre d'Angleterre, du Pays de Galle... (NDLR : et c'est tout ! pour autant que nous sachions à l'heure actuelle ). 

 Brexit : l’Ecosse s’oppose à Theresa May

L'Irlande du Nord la botte aussi en touche , non mais !

 

 

 

« A Ami Camp, Banquier

à Lyon

Aux Délices 6è mai 1762 1

J'ai été bien malade, mon cher monsieur, je ne peux encore vous écrire de ma main . Je vous envoie une lettre de change de six mille livres , dont je vous prie de m'accuser réception ; je vous prie aussi de me dire si vous avez reçu les dix-huit mille livres de M. de Laleu .

Je vous avais demandé un group de trois cents louis, tant pour le paiement de mes ouvriers, que pour le mois de Mme Denis, ce mois se montant à seize cents louis, que j’ai tirés sur M. Cathala, qui s'en sera prévalu sans doute sur vous .

Quand vous voudrez m'envoyer un group de deux cents, vous me ferez plaisir .

Mme Denis vous a prié, monsieur de lui envoyer un ballon de verre, ou lanterne, pour mettre à la place de celui que M. le duc de Villars nous a cassé ; nous avons la poulie ; ainsi il ne s'agit que de la lanterne et son couvercle de verre .

Quant aux autres fournitures d'amusement que vous avez eu la bonté d'envoyer à Mme Denis, nous en ferons un compte séparé au bout de l'année, qui sera imputé sur les douze cents louis que je lui donne pour la manutention de la maison . Je vous demande mille pardons de tous ces détails, mais vous m'avez accoutumé à vos bontés . Je vous supplie de vouloir bien ne me pas oublier auprès de M. Tronchin lorsque vous lui écrirez, et de me croire, avec les sentiments les plus inaltérables, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire. »

1 Le lendemain 7 mai, Julie von Bondeli écrit de Könitz (Berne) à J.-G. Zimmermann : « M. Lekain, le Garrick français, est actuellement à Ferney chez M. de Voltaire, tout Genève et les environs est sous le charme en le voyant représenter Tancrède et Zamore . Olympia, nouvelle tragédie, fait dit-on un effet merveilleux sur le théâtre . Vous savez sans doute l'affreuse histoire des Calas de Toulouse , voici un propos de Voltaire à cette occasion . Oui,c'est avec honte que je suis obligé de convenir, que ma nation est aussi atroce que frivole, elle court indifféremment de l'opéra à la saint Barthélémy, et regarde les roues du même œil que les marionnettes . Voltaire s'est si bien conduit dans toute cette affaire , que depuis lors il est réconcilié avec tout Genève . » (E. Bodemann, Julie von Bondeli und ihr Freudenkreis, 1874 )

 

PS.- Je fais ici amende honorable suite à ma note http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/09/15/i... ; j'ignorais alors cette utilisation de manutention comme on le faisait autrefois, comme je l'ai appris ce jour : http://www.cnrtl.fr/lexicographie/manutention . Merci mon cher Voltaire d'élargir mes connaissances, et mes plates excuses envers le rédacteur de la pancarte dont je me suis  moqué .

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30/03/2017 | Lien permanent

Je n'ose même aller à la messe de peur que la chambre des comptes ne saisisse mon fief

... Voilà la pauvre excuse que François (Ier élu par ordre chronologique) donna à François Ier papa (mais non marié) pour justifier ses liaisons hors mariage . L'entrevue fut brève, les sourires crispés, l'absolution hors de question, la pénitence suit son cours .

 

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 "Merci à mon François préféré ! " et dixit Deus .

 

« A Germain-Gilles-Richard de RUFFEY 1
Aux Délices 7 janvier 1759
Ainsi donc, monsieur, vous m'envoyez des roses, et quidquid calcaveris rosa fiet.2 Avez-vous vu M. le président de Brosses 3? S'il vient dans un an à Tournay, il demandera où était le château.
Le plaisir de bâtir et de planter flatte un peu l'amour-propre, et cela est vrai ; mais le plaisir de mettre les choses dans l'ordre est bien plus grand. J'ai une telle horreur pour la difformité que j'ai rajusté deux maisons en Suisse, uniquement parce que leur irrégularité me blessait la vue 4. Les propriétaires ne sont pas fâchés de trouver un homme de mon humeur. Je ne me mêle point de réformer les mauvais livres, qui pleuvent dans Paris, mais bien les maisons où je loge.

Hoc curo et omnis in hoc sum 5.
J'ai été trop fâché de n'avoir pu avoir l'honneur de vous loger dans mon chétif ermitage des Délices, pour ne pas bâtir au plus vite quelque chose de plus digne de vous recevoir. Votre chambre des comptes n'entendra pas sitôt parler de moi. L'acquisition de la terre de Ferney m'a causé plus d'embarras que celle de Tournay; tout a été fini en un quart d'heure avec M. de Brosses; mais pour Ferney, il n'en va pas de même : monseigneur Paramont, le sérénissime comte de La Marche, me remet la moitié des droits, et son conseil exige que je spécifie ce qui dépend de lui et ce qui n'en dépend pas ; c'est une distinction très-difficile à faire et qui demande des recherches de bénédictins. Je me donne bien de garde de faire des actes de seigneur à Ferney. Je n'ai point encore signé le contrat : je n'agis jusqu'à présent qu'avec une procuration du vendeur. Je n'ose même aller à la messe de peur que la chambre des comptes ne saisisse mon fief. N'aurai-je pas même encore, s'il vous plaît, six mois après la signature pour vous donner aveu et dénombrement ? Je m'en rapporte à vous ; j'espère qu'on ne me chicanera pas ; mais, mon cher président, ce que j'ai bien plus à cœur et ce que je regarde comme la plus belle des acquisitions, c'est d'avoir quelque part dans le souvenir de Mme de Ruffey 6. S'il y a beaucoup de dames à Dijon qui lui ressemblent, c'est à Dijon qu'il faut vivre. Aussi aurais-je déjà fait le voyage si je n'avais embrassé bien fermement le parti de la retraite pour le reste de ma vie.
Vous pourrez dire de moi :
Namque sub Œbaliæ memini me turribus altis
Corycium vidisse senem, cui pauca beati
Jugera ruris erant, etc.7

Et qu'est-ce qui me retient sur les bords de mon lac ?
Libertas, quae sera tamen respexit inertem.8
Voilà trop de latin. Je vous dirai en français que toute ma famille est aux pieds de Mme de Ruffey, et que mon cœur est à vous pour jamais. »

2 Et sous tes pas naitront des roses .

3 M. de Brosses ne faisait qu'arriver à Dijon, de retour de Tournay, qu'il venait de vendre à vie à Voltaire.

4 V* a tendance à exagérer un peu mais il faut reconnaître qu'il a commencé les améliorations de ses logis dès son séjour à Cirey, puis aussi notablement aux Délices , avant de s'attaquer à Tournay et Ferney .

5 Voilà ce qui m'inquiète et ce qui m'occupe tout entier .Horace, Épîtres, I,i,ii .

6 Mme de Ruffey avait accompagné son mari dans la visite qu'il fit à Voltaire en octobre 1758.

7 Et en effet je me souviens d'avoir vu, au pied des hautes tours de la cité d'Oebalos, un vieillard corycien qui avait quelques arpents d'une terre bénie . Virgile, Georgiques, IV, v, 125 et 127-128 .

8 La liberté, qui bien tard est venue me favoriser, malgré mon insouciance . Virgile, Bucoliques, I, 28 .

 

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27/01/2014 | Lien permanent

le monde est plein de pestiférés qui ont besoin de contre-poison

... Du monde de l'esprit voltairien, nous sommes passés au concret combat contre un virus désolant . Que ceux qui refusent le "contrepoison" aient la décence d'appliquer les techniques enrayant la contamination : masque et distanciation, ce n'est quand même pas sorcier ; la liberté dont ils se gargarisent est respectée . Sinon qu'ils aillent au diable !

https://charliehebdo.fr/wp-content/uploads/2021/07/web-coco-160721-antivax-4-512x512.jpg?x20791

Antivax idéologiques , vous voyez, vous avez de merveilleux pays qui vous comprennent .

 

 

 

« A Philippe-Charles-François-Joseph de Pavée, marquis de Villevielle,

Capitaine au Régiment

du roi

à Nancy

À Ferney, 26è avril 1766

Je n’ai reçu qu’aujourd’hui, monsieur, la lettre dont vous m’avez honoré, du 28è mars. J’étais trop malade pour jouir des talents de la personne que vous avez bien voulu m’annoncer. Je vous supplie de vouloir bien engager le libraire à m’envoyer trois exemplaires du livre de Fréret 1 qu’il imprime. Il n’aurait qu’à les adresser au premier secrétaire de l’intendance de Franche-Comté, avec un petit mot par lequel ce secrétaire serait supplié de me faire tenir le paquet incessamment. C’est un ouvrage que j’attends depuis longtemps avec la plus vive impatience. Il est bon qu’il en paraisse souvent de cette nature : le monde est plein de pestiférés qui ont besoin de contre-poison, et il y a des médecins qui doivent faire une collection de tous les remèdes. Il y a des apothicaires qui les distribuent, et, en qualité d’apothicaire, je saurai où placer mes trois exemplaires. Le libraire n’aura qu’à me mander comment il veut que je lui fasse tenir son argent, et il sera payé avec ponctualité. Je vous demande bien pardon de la liberté que je prends ; mais je vous crois bon médecin, et j’implore vos bontés pour l’apothicaire, qui est votre très humble et très obéissant serviteur. »

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21/07/2021 | Lien permanent

Le seul prix de tous mes travaux est votre suffrage, et celui de tous les hommes qui pensent comme vous

Décidément, les allusions au monde électoral / illusions du monde électoral sont aisées à trouver . Merci Voltaire !

 

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 http://archives-lepost.huffingtonpost.fr/article/20...

 

 

« A M. DE MALESHERBES

Aux Délices, 12 septembre [1755]

J'ai l'honneur, monsieur, de vous envoyer le premier exemplaire d'une pièce représentée loin de moi, et imprimée sous mes yeux. Je vous dois cet hommage. J'ai fait don de la pièce au sieur Lambert pour la France, et aux Cramer pour les pays étrangers. Je n'ai d'autres intérêts avec les libraires et les comédiens que celui de leur être utile. Le seul prix de tous mes travaux est votre suffrage, et celui de tous les hommes qui pensent comme vous.

Vous sentez, monsieur, combien la conversation que M. l'abbé Mignot a eue avec vous a pénétré de douleur Mme Denis, et moi, et toute ma famille. Je n'ai appris que fort tard cette cruelle affaire, que Mme Denis me tenait cachée dans ma dernière maladie. Jugez quelle dut être ma crainte, quand elle me dit qu'on imprimait à Paris une partie de l'histoire du roi, que le ministre m'avait recommandé de tenir longtemps secrète. Et quelle histoire encore? des mémoires informes, des minutes de rebut, volées indignement et vendues à un libraire. Mon désespoir fut au comble, quand j'appris que vous-même vous pensiez que j'étais d'accord de cette manœuvre qui pouvait me perdre. Mme de Pompadour et M. d'Argenson étaient les seuls qui avaient mon véritable manuscrit; je les offensais, ainsi que le roi lui-même, si je le donnais au public dans les circonstances où est l'Europe.
Cependant ce manuscrit est près de paraître, le libraire ne daigne pas seulement m'en avertir. On lui parle, il refuse de me consulter; on mande enfin à Mme Denis, de plusieurs endroits différentes, que l'auteur du larcin est connu, qu'il a vendu les brouillons de cet ouvrage, volé chez elle, vingt-cinq louis d'or , que vous le savez; que le libraire Prieur vous l'a avoué, comme à plusieurs autres personnes le fait devient public. Que devait, que pouvait faire Mme Denis, que de vous écrire, monsieur, et d'écrire à Mme de Pompadour? Elle vous soumet toute sa conduite; elle ne fait pas une démarche sans vous en instruire , elle compte sur votre amitié et sur votre justice , elle fait tout pour m'épargner les suites funestes de ce larcin, qui seraient aussi cruelles que celles de cette prétendue Histoire universelle, volée de même, falsifiée de même, connue par toute l'Europe littéraire pour m'avoir été dérobée, et qui cependant m'a perdu auprès du roi.

Je suis très-persuadé, monsieur, que vous, qui êtes à la tête des lettres, vous ne voudrez point qu'un homme qui les a préférées à tout, et qui ne les cultiva que pour elles-mêmes, soit continuellement la victime de la calomnie et de la rapine, c'est une affreuse récompense. Je dois croire qu'une âme comme la vôtre entre dans ma juste douleur, bien loin de la redoubler.

 

M. d'Argenson m'avait flatté qu'il pouvait recevoir sous votre enveloppe; vous me pardonnerez cette liberté.

J'ai l'honneur d'être avec respect, monsieur, votre très- humble et très-obéissant serviteur. »

 

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29/03/2012 | Lien permanent

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