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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je suis persuadé que vous en pourrez faire quelque chose de bien neuf et de bien intéressant ; mais il faut surtout que

... Mot d'ordre du président pour légiférer sur la fin de vie assistée :  https://www.francetvinfo.fr/societe/euthanasie/fin-de-vie...

Combien de temps cela va-t-il prendre ?

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol ; comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

À Ferney, ce 22 auguste 1768

Ce possédé 1 me disait hier : « Pourquoi m’avez-vous forcé à envoyer mon brouillon 2 à vos anges ? Vous êtes plus possédé d’eux que je ne le suis de ma drôlerie. La copie qu’ils ont est pleine de fautes de commission et d’omission, et, qui pis est, de répétitions. Je suis tout honteux que vos anges m’aient vu si incorrect. Je vous prie d’obtenir d’eux qu’ils me renvoient mon brouillon, et ils auront sur-le-champ la copie la plus nette. — Monsieur le possédé, lui ai-je répondu, c’est ainsi que j’en use avec eux depuis longtemps. Le même esprit malin s’est emparé de nous deux : il nous fait faire les mêmes sottises, et nous les réparons tous deux comme nous pouvons. Je vais écrire à mes anges, et les supplier de vouloir bien renvoyer votre drôlerie contre-signée. Je suis persuadé que vous en pourrez faire quelque chose de bien neuf et de bien intéressant ; mais il faut surtout que cela soit écrit avec autant de pureté et de force que de naïveté.

« À l’égard des allusions que les malins pourraient faire, je crois que vous pouvez les prévenir, à l’impression, par une préface sage et modérée, telle qu’il convient à un jeune homme qui entre dans cette épineuse carrière. Vous serez trop heureux d’être guidé par mes anges, à qui je vous recommanderai. Ils sont indulgents ; ils vous pardonneront de leur avoir envoyé une copie si informe. »

Voilà exactement ce qui s’est passé entre le possédé et moi . Je ne sais si vous avez vu un petit ouvrage traduit de l’italien, intitulé Les Droits des hommes et les Usurpations des autres 3. On y discute les droits du Saint-Père sur Naples, sur Ferrare, sur Castro et sur Ronciglione, etc., d’une manière qui ne déplairait pas aux apôtres, mais qui déplaira beaucoup à la chambre apostolique. Ce petit morceau est curieux. On me dit que votre prince 4 le possède ; il me semble que son envoyé doit l’avoir aussi. »

2 Le brouillon des Guèbres.

4 Le duc de Parme.Les d'Argental doivent comprendre : « Envoyez un exemplaire de cet ouvrage au duc de Parme. »

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12/03/2024 | Lien permanent

quoique vous soyez préféré de Baal, et moi noachide , nous pouvons en qualité d'hommes nous réunir pour faire le bien

... Ce qui devait être le mot d'ordre des chefs- d'Etats lors du G20 à Hambourg .

Volonté absolument opposée à celle des manifestants anti-capitalistes et des pourris qui les accompagnaient , véritables terroristes au sens premier du terme ; plaignons Angela Merkel d'avoir ces engeances à réprimer, comme si elle et l'Allemagne et le monde n'avaient pas assez de problèmes .

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« A Jacob Vernes

[août 1762]

Vous avez dû voir, monsieur, le premier mémoire .

Dès que vous aurez lu le second vous êtes prié instamment de faire un petit voyage à Genève .

Il y aurait ce me semble une chose assez belle à faire et on ne peut ni la faire ni même la proposer sans vous . Tâchez de venir aux délices . Car quoique vous soyez préféré de Baal, et moi noachide 1, nous pouvons en qualité d'hommes nous réunir pour faire le bien . »

1 C'est-à-dire appartenant à la secte de Noé . V* a écrit nochaide . Voir Joahann Jacob Bodmer : Der Noah, 1752, rebaptisé plus tard Die Noahchide .

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10/07/2017 | Lien permanent

L’enfer est une fort bonne chose, mais il est bien évident que Moïse ne l’avait pas connu

 

 

 


« A Jean Le Rond d’Alembert

Aux Délices, 24 [mai 1757]

Voici, mon cher et illustre philosophe, l’article Mages de mon prêtre [Polier de Bottens ; cet article pour l‘Encyclopédie ne fut pas utilisé]. Ce premier pasteur de Lausanne pourrait bien être condamné par la Sorbonne. Il traite l’étoile des mages fort cavalièrement. Il me semble que son article est entièrement tiré des prolégomènes de dom Calmet, et que mon prêtre n’y ajoute guère qu’un ton goguenard. Vous en ferez l’usage qui vous plaira. Il y a  quelques articles dans le Dictionnaire qui ne valent pas celui de mon prêtre.

Je voudrais que votre typographe Briasson pensât un peu à moi. Permettez que je vous adresse ce petit billet pour lui. Je joins à tout cela une liste de tous les articles que mon prêtre prépare.

Je suis fâché de voir que le chevalier de Jaucourt, à l’article Enfer, [l’article est de E. Mallet ; Jaucourt a écrit Enfer (poétique)] prétend que l’enfer était un point de la doctrine de Moïse. Cela n’est pas vrai, de par tous les diables. Pourquoi mentir ? L’enfer est une fort bonne chose, mais il est bien évident que Moïse ne l’avait pas connu. C’est-ce monde ci qui est l’enfer. Prague en est actuellement la capitale. [depuis la bataille du 6 mai 1757, une partie de l’armée autrichienne est prise dans Prague où les vivres commencent à manquer] La Saxe en est le faubourg. [la Saxe envahie par Frédéric en août 1756] Les Délices seront le paradis quand vous y reviendrez.

Vous avez des articles de théologie et de métaphysique qui me font bien de la peine. Mais vous rachetez ces petites orthodoxies par tant de beautés et de choses utiles qu’en général le livre sera un service rendu au genre humain.

Mme Denis vous fait mille compliments. »

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24/05/2010 | Lien permanent

Toute cette affaire aura servi du moins à déployer bien des lumières et bien des connaissances

... Quelle affaire me direz-vous ?

L'affaire ! l'AFFAIRE !!

Celle de votre choix .

De celles qui vous résorbe le chômage chez les juges et les avocats .

Sans pour autant remplir la moindre cellule ...

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On ne manque pas de cette denrée indigeste au beau royaume de France, il va falloir nous mettre au régime, à base d'honnêteté et de justice, autant dire faire une révolution ou, comme disent volontiers les cathos modernes, "une conversion" ( comme au ski , exactement ) .

Quelques-uns de nos élus, actuels, futurs et passés se sont particulièrement distingués dans le top ten des suspects et coupables avérés de fraudes et délits divers dont la liste prouve bien qu'ils maitrisent l'art des malfrats en col blanc .

Plus quelques déchets dans l'audiovisuel pour faire bonne mesure, si j'ose dire .

 

 

 

 

« A Gabriel Cramer

27 octobre [1761]

Caro je vous avoue que j'ai été encore plus content de la cinquième lettre 1 que des autres . Toute cette affaire aura servi du moins à déployer bien des lumières et bien des connaissances . On peut dire de votre pays, il a plus d'esprit qu'il n'est gros .
Quand aurai-je les épreuves de la vie de Pierre 2?

Je crois que l'intendant de M. le comte de Lauraguais demeure à son hôtel .

Je ne sais si M. le duc de Penthièvre a souscrit 3 . Il demande à qui il faut s'adresser pour avoir ses exemplaires .

Ne pourriez-vous pas faire souscrire par le moyen de M. Bertrand 4 les Anglais qui sont à Genève ?

Toute ma petite famille vous fait mille compliments .

V. »

1 Cette Cinquième lettre, 1761, dont un exemplaire est conservé aux Archives de Genève, est une réplique aux quatre lettres de Ximénès contre La Nouvelle Héloïse ; voir la lettre de Montpéroux à Choiseul du 21 février 1761 .Voir page 67  : https://books.google.fr/books?id=bp0DOrSvtd8C&pg=PA67&lpg=PA67&dq=Cinqui%C3%A8me+lettre,+1761+voltaire&source=bl&ots=7TLcdZbY8m&sig=Qs6rD54TTYFw8HzdIH68kjpmIf0&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwj_8dHYr-TPAhULWhoKHZbpAywQ6AEIHjAA#v=onepage&q=Cinqui%C3%A8me%20lettre%2C%201761%20voltaire&f=false

2 Pierre Corneille . V* eut plus tard l'idée de reporter cet essai biographique dans le dernier volume, puis finalement le supprima . Voir lettre du 23 avril 1762 à Pinot Duclos : « ,,, le premier volume contenant seulement Médée , et Le Cid est déjà si énorme que je serai obligé de rejeter à la fin du dernier tome la vie de l'auteur et les anecdotes et réflexions que je mettrai dans mon épître dédicatoire à l'Académie. ,,, une note avertira que la vie de P. Corneille se trouvera au dernier volume ,,, »

3 Il avait souscrit pour dix exemplaires .

 

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27/10/2016 | Lien permanent

Voudriez vous bien monsieur, ajouter à vos bontés celle de me faire savoir ce que je dois vous rembourser ?

...Voilà ce que devrait dire M. Bouteflika , président de la république démocratique d'Algérie, s'il restait un semblant d'honnêteté dans son pays (je ne vais pas me faire que des amis là-bas), quand on sait qu'une modeste [sic] dette de six milliards d'euros reste due par tous ceux qui se sont fait soigner aux frais de la Sécurité Sociale française .

Ecoute, écoute ... à 2 minutes 22 s. : http://podcast.rmc.fr/channel38/20140115_invitebourdin_7.mp3

 Je signale que nous acceptons le paiement en gaz naturel et/ou pétrole , ou cash  (au cours du jour du pétrole :85 714 285 barils de quoi chauffer nos hôpitaux trop hospitaliers pendant quelque hivers )

 

 dette algérienne.jpg

Grosso modo cela représente un mois et demi de production de pétrole algérien, une goutte insignifiante devant leurs réserves . A suivre ...


 

 

« A Niklaus Friedrich Steiger, avoyer et baron de Montricher 1

A Tournay au pays de Gex

par Genève 2 janvier [1759]

Monsieur, j'apprends par M. de Brenles que c'est à vous que je dois quelques livres anglais philosophiques , un Bolingbroke homme disert sans méthode, un Hume qui me paraît plus méthodique, et non moins brave , un Midleton le plus honnête des prêtres, et Shaftsburi l'ennemi des prêtres . Je ne peux trop vous remercier monsieur de la bonté que vous avez eue de ma procurer ce petit recueil d'apôtres de la raison . Ces gens- là doivent être vos amis . Voudriez vous bien monsieur, ajouter à vos bontés celle de me faire savoir ce que je dois vous rembourser ? Je vous le ferai tenir sur le champ par un banquier mais je ne pourrai jamais m'acquitter de l'obligation que je vous ai .

Permettez-moi monsieur, de profiter de votre bienveillance pour vous demander si je ne pourrais point avoir à Berne une copie du traité d'Aarau fait en 1658 2 entre votre république et la France . Les droits de mes terres dans le pays de Gex sont en partie fondés sur ce traité . Il me semble qu'il n'est point dans la collection de Léonard 3. J'abuse trop de vos bontés . J'espère que cet été je pourrai venir vous remercier à Berne, et vous assurer des sentiments de respect et de reconnaissance avec les quels j'ai l'honneur d'être

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire

de la chambre du roi . »

1 Sur Steiger, et les livres anglais, voir lettre du 27 décembre 1758 à de Brenles : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/26/comment-diable-peut-on-avoir-un-beau-frere-catechiste.html

2 Il en est question dans l'examen de pétitions concernant les titres de Ferney : http://artflsrv01.uchicago.edu/cgi-bin/philologic/getobject.pl?c.687:1.toutvoltaire

3 Frédéric Léonard, imprimeur du roi de France  : Recueil des traités de paix, de trêve, de neutralité, ...[...] faits par les rois de France, 1693 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k937412.image.f2.vignettesnaviguer

Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fr%C3%A9d%C3%A9ric_L%C3%A9on...

 

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21/01/2014 | Lien permanent

Nous comptons même être en état de prier les gens de lettres qui ne sont pas riches de vouloir bien accepter un exemplai

... Est-il/ y a-t-il jamais eu un auteur plus prévenant que Voltaire ?

S'il en est un, qu'on me le dise .

Notre minus Sarkozy , à part dire "c'est gentil !", comme un automate, lors de ses séances de dédicace, est bien à mille lieues de penser à ceux qui sont sans le sou ; ce n'est qu'un tiroir caisse sur pattes (petites pattes) qui reçoit sans scrupules. S'il a quelque jour donné un exemplaire de son ramassis de platitudes, je plains le bénéficiaire et j'attends son témoignage sur ce riche "en état de favoriser les arts" ; je suis mauvaise langue sur ce dernier point : ne favorise-t-il pas effectivement  une chanteuse gravure de mode ? Quoique je croie que le favorisé politique vit aux dépens  de la favorisée people .

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Il faut aussi savoir accepter de recevoir .

 

 

« A Charles Pinot Duclos

18 auguste 1761

J’ai toujours oublié, monsieur, de vous parler de la personne qui prétendait vous apporter des papiers de ma part. Je n’ai eu l’honneur de vous en adresser que par M. d’Argental. Vous avez dû recevoir l’Epître dédicatoire à la compagnie, la préface sur le Cid, les notes sur le Cid, les Horaces et Cinna. Je vous prie de communiquer le tout à M. le duc de Nivernais et à M. le président Hénault ; mais il serait plus convenable encore que le tout fût examiné à l’Académie ; vos observations feraient ma loi. Les autres pièces suivront immédiatement, et les Cramer commenceront à imprimer sans aucun délai.

Les souscriptions que nous avons suffiront pour entamer l’entreprise, en cas que nous puissions compter sur le paiement des quatre cents louis que le roi daigne accorder. Nous comptons même être en état de prier les gens de lettres qui ne sont pas riches de vouloir bien accepter un exemplaire comme un hommage que nous devons à leurs lumières, sans recevoir d’eux un paiement qui ne doit être fait que par ceux que la fortune met en état de favoriser les arts. Il me paraît qu’une condition essentielle pour cet ouvrage, assez important et dédié à l’Académie, est que les noms des académiciens se trouvent dans la liste des souscripteurs.

M. le duc de Nivernais a commencé par souscrire pour  douze exemplaires.

   M. le cardinal de Bernis                                                     12

   M. le duc de Richelieu                                                       12

   M. le duc de Villars                                                              6

   M. le comte de Clermont                                                     6

   M. le président Hénault                                                        2

Je prends la liberté, en qualité d’entrepreneur de cette affaire, et de père de mademoiselle Corneille, de souscrire pour cent. Ce n’est point par vanité, c’est par nécessité, parce que si l’on se sert de grand papier, et s’il y a huit volumes, comme le prétendent MM. Cramer, les frais iront à cinquante mille livres.

J’avais écrit à M. le coadjuteur 1, en le remerciant de la bonté qu’il a eue de m’envoyer son discours, et à M. de Watelet 2, connu par son goût pour les arts, et par ses talents . Je n’en ai point eu de réponse 3. Je vous avouerai qu’il serait honteux pour l’Académie, dont tant de grands seigneurs sont membres, que des fermiers-généraux fissent plus qu’elle en cette occasion : cela jetterait même sur notre compagnie un ridicule dont les Fréron n’abuseraient que trop.

M. l’archevêque de Lyon 4 souscrira comme le cardinal de Bernis ; mais pour imprimer son nom dans la liste, il convient qu’il soit appuyé de celui du coadjuteur de Strasbourg, et du précepteur de M. le duc de Bourgogne 5. C’est ce que vous pouvez proposer, monsieur, avec plus de bienséance que personne, dans la place où vous êtes.

Sera-t-il dit que nos grands seigneurs ne viendront à l’Académie que le jour de leur réception, qu’ils se contenteront de faire un discours, et qu’ils dédaigneront d’entrer dans un dessein honorable pour l’Académie et pour la France ? Je compte sur vous, monsieur, comme sur le protecteur le plus vif de cette entreprise digne de vous. Je vous prie de m’éclairer et de me soutenir dans toutes les difficultés attachées à tout ce qui est nouveau et estimable.

Je prévois que MM. Cramer persisteront dans la résolution de donner l’édition in-4° tome à tome, de trois en trois mois, sans aucune estampe, et que l’ouvrage qui coûterait au moins trois louis d’or chez les libraires, n’en coûtera que deux. Il y aurait une très grande perte sans les bontés du roi et de plusieurs princes de l’Europe, sans la générosité de M. le duc de Choiseul et de madame de Pompadour.

Ce ne sont point proprement des souscriptions qu’on demande ; il n’y a point de conditions à faire avec ceux qui donnent leur temps, leur argent, et leur travail, pour l’honneur de la nation. Nous ne demandons que le nom de quiconque voudra avoir un livre utile à bon marché, afin que les libraires proportionnent le nombre des exemplaires au nombre des demandeurs, et que ceux qui auront eu la bassesse de craindre de donner deux louis pour s’instruire ne puissent jamais avoir un livre qu’ils seraient indignes de posséder. Pardon de ma noble colère.

Je compte absolument sur vous, au nom de Pierre et de Marie Corneille. »

 

1 Le prince Louis de Rohan , coadjuteur de Strasbourg, plus tard cardinal, fameux par l’Affaire du collier de la reine ; la lettre que V* lui a écrite n'est pas connue . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Ren%C3%A9_de_Rohan

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_du_collier_de_la_reine

3 Voir pourtant la lettre du 14 août 1761 au comte de La Touraille : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/07/14/quoi-qu-il-arrive-je-donnerai-mon-temps-et-mon-argent-pour-le-succes-d-une.html ; la lettre n'était pas encore arrivée .

5 Le précepteur du duc de Bourgogne était Du Coëtlosquet, auparavant évêque de Limoges ; voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Gilles_du_Co%C3%ABtlosquet

et : http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/jean-gilles-du-coetlosquet

 

 

 

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21/07/2016 | Lien permanent

Il y a une destinée sans doute, et souvent elle est bien cruelle ... Si je meurs, je meurs tout entier à vous, et si je

... Belle déclaration d'amour touchante de ce septuagénaire qu'est Voltaire . Philosophe , oui, mais homme sensible d'abord et toujours , ce qui en fait ce patriarche aimable que j'apprécie et continue à suivre , et faire suivre au jour le jour .

 

 

« A Marie-Louise Denis

A Ferney mardi 1er mars [1768] à 2 heures après midi 1

Il y a une destinée sans doute, et souvent elle est bien cruelle . Je suis venu trois fois à votre porte, vous avez frappé à la mienne . J'ai voulu promener ma douleur dans le jardin . Il était 10 heures, je mettais l'aiguille sur dix heures au globe solaire, j'attendais que vous fussiez éveillée . J'ai rencontré M. Mallet . Il m'a dit qu'il était affligé de votre départ . J’ai jugé qu'il sortait de votre appartement . J'ai cru que vous dîneriez au château comme vous l'aviez dit . Aucun domestique ne m'a averti de rien, ils croyaient tous que j’étais instruit . J'ai fait venir Christin et père Adam . Nous nous sommes entretenus jusqu'à midi . Enfin je retourne chez vous . Je demande où vous êtes . Wagnière me dit : « Eh quoi vous ne savez pas qu'elle est partie à 10 heures ! » Je me retourne plus mort que vif vers père Adam . Il me répond comme Wagnière : « J'ai cru que vous le saviez ! » Sur le champ, j'envoie chercher un cheval dans l'écurie . Il n'y avait personne . Ainsi dans la même maison avec vingt domestiques nous nous sommes cherchés sans nous voir . Je suis au désespoir, et cette obstination de mon malheur m'annonce un avenir bien sinistre . Je sais que le moment de la séparation aurait été affreux; mais il est plus affreux encore que vous soyez partie sans me voir , tandis que nous nous cherchions l'un l'autre . J'ai envoyé vite chez Mme Racle pour pleurer avec elle . Elle dîne avec Christin, Adam et son mari ; et moi je suis très loin de dîner . Je me dévore et je vous écris . J'espère que ma lettre et les paquets pour M. de Choiseul et pour Marmontel 2vous serons rendus vendredi matin par M. Tabareau . Je les tenais tout prêts . J'avais encore d'autres papiers à vous communiquer quand vous êtes partie .

Voici bien une autre preuve des persécutions de ma destinée : la Harpe est cause de mon malheur . Qui m'aurait dit que La Harpe me ferait mourir à cent lieues de vous n'aurait pas été cru . Enfin tout est avéré . Damilaville est allé chez cet Antoine qui demeure rue Hautefeuille . Cet Antoine que La Harpe disait lui avoir donné copie de cette misère en question, cet Antoine qui ne lui avait donné qu'une copie infidèle sur laquelle il rectifia celles que lui La Harpe fit courir (parce qu'apparemment La Harpe en avait une copie fidèle ) . Remarquez bien tout cela : Antoine a répondu que La Harpe en avait menti ; et n'a pas ajouté à son nom des épithètes bien honorables . La Harpe ne s'est guère mieux conduit dans sa tracasserie avec Dorat 3 . Enfin voilà l'origine de mon malheur . Voilà ce qui ouvre à Ferney le tombeau que j'y ait fait bâtir . Je ne me plaindrai point de La Harpe ; je n'accuserai que cette destinée qui fait tout, et je pardonne entièrement à La Harpe .

Vous verrez MM. de Choiseul, de Richelieu, d'Argental . Vous adoucirez mes malheurs ; c'est encore là votre destinée . Vous réussirez à Paris dans vos affaires et dans les miennes , vous reverrez votre frère et votre neveu . Si je meurs, je meurs tout entier à vous, et si je vis ma vie est à vous . J'embrasse tendrement M. et Mme Dupuits . Je les aime, je les regrette, j'ai le cœur percé . »

1Édition Besterman K. avec fac similé reproduisant la totalité du texte . L'écriture de cette lettre est , pour V*, irrégulière . C'est pour la première fois l'écriture d'un vieil homme . Le matin du même jour où elle fut écrite, Mme Denis signait une procuration permettant à V* d'administrer (c mais non de vendre ) Ferney . Le même jour encore, Dupan écrit à Freudenreich : « On donnait hier pour nouvelle sûre que Mme Denis, la petite Corneille et son mari avaient quitté Ferney pour aller à Paris, que l'oncle et la nièce se sont brouillés, que Voltaire a exigé de sa nièce une reconnaissance que la terre de Ferney, quoique achetée sous son nom, appartenait à Voltaire, etc. En un mot, on dit qu'il est tout seul. » Le lendemain on ajoutait, : « Mme Denis ne partit qu'hier . Voltaire lui a donné 60 mi[lle] livres, 300 louis pour son voyage et une bonne partie de sa vaisselle . On dit même qu'il lui a promis une grosse pension . Il ne lui est resté qu’un complaisant ex-jésuite . Il s'est ennuyé de tenir une auberge, il veut vivre seul . Il a congédié tout à la fois sept maîtres, outre les enfants et les domestiques. »

2 Si ces paquets contenaient des lettres, comme probablement, celles-ci ne sont pas connues .

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13/10/2023 | Lien permanent

savoir s'il faut laisser paraître quelque écrit sur la barbare procession de Toulouse

... Rendez-vous compte, des supporters du Toulouse Football Club qui se désolidarisent de leur équipe , n'est-ce pas un acte d'une barbarie inouïe ? J'en frémis  d'horreur . Pas vous ?

Les supporters du TFC, devant le Stadium de Toulouse, vendredi.

https://www.20minutes.fr/sport/2269515-20180511-tfc-degou...

 

 

« A Philippe Debrus

derrière le Rhône .

16è mai [1763]1

Je reçois monsieur une lettre de M. Dumas sur deux objets .

Le premier est son affaire de la Martinique . J'ai pris la liberté d'implorer pour lui les bontés de M. le duc de Choiseul et j'en espère une heureuse issue .

Le second objet est de savoir s'il faut laisser paraître quelque écrit sur la barbare procession de Toulouse avant l'envoi des procédures . Non sans doute .

Si vous lui écrivez vous voilà au fait .

Mille compliments à M. de Végobre . »

1 Sur le manuscrit olographe Debrus a porté : »Re[çu] le 14 », sans doute un lapsus .

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13/05/2018 | Lien permanent

Foudroyez-moi ces marauds-là, je vous en prie...quand ils passeront dans la rue et quand vous les aurez bien écorchés, b

... Consignes darmanesques pour les blacks blocs ? Non ? Je pense que la foule de ceux qui ont vu brûler leur voiture , dévaster leur magasin ou mairie ou autre bien approuvent la consigne voltairienne , en tout cas, moi j'en suis partisan .

Black blocs" : une mécanique bien huilée racontée de l'intérieur

Nuisibles en action , à éradiquer !

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

4 de septembre [1767] 1

Mon cher philosophe, voici une occasion d'exercer votre philosophie. Vous connaissez très bien les théologiens de Genève, pédants, sots, de mauvaise foi, et, Dieu merci, sans crédit, comme tout animal sacerdotal devrait l'être 2; mais vous ne connaissez pas les libraires. L'ami Cramer avait donné à un nommé Chirol le livre de mathématiques 3 à imprimer avec les planches corrigées. Ce Chirol est le même qui avait fait la première édition, et qui a refusé de faire la seconde. Je lui demande, depuis près de quinze jours, qu'il rende au moins l'exemplaire qu'on lui a confié en dernier lieu. Il dit qu'il ne l'a point reçu. Cramer dit qu'il le lui a donné, et je n'ai pas encore pu juger qui des deux se trompe ou me trompe. Il y a mille lieues de chez moi à Genève, et davantage, puisque toute communication est interrompue. Chirol est un pauvre diable qui n'a pas même encore pu payer le prix de la première édition, mais qui le payera.

Gabriel Cramer donne de grands soupers dans le petit castel de Tournay, que je lui ai abandonné. C'est un homme d'ailleurs fort galant, qui ne me paraît pas faire une extrême attention aux livres qu'on lui confie ; voilà l'état des choses. Je suivrai cette affaire, car je suis exact, et il s'agit de mathématiques. On dit qu'on vous a prêché 4 Louis IX et non pas saint Louis, qu'on s'est fort moqué des croisades et du pape  : le prédicateur 5 ne sera pas archevêque de Paris, mais il doit être de l'Académie. On parle d'une drôle de Théologie portative 6; je ne l'ai point encore. J'espère que bientôt tous ces marauds de théologiens seront si ridicules qu'ils ne pourront nuire. Notre impératrice russe les mène grand train. Leur dernier jour approche en Pologne : il est tout arrivé en Prusse et dans l'Allemagne septentrionale. Les maisons 7 d'Autriche et de Bavière sont les seules qui soutiennent encore ces cuistres-là 8 ; cependant on commence à s'éclairer à Vienne même. Pardieu, le temps de la raison est venu. Ô nature! grâces immortelles vous en soient rendues!

Mon cher philosophe, rendez tous ces pédants-là aussi énormément ridicules que vous le pouvez, dans vos conversations avec les honnêtes gens ; car cela est impossible à Paris par la voie de la typographie ; mais un bon mot vaut bien un beau livre. Foudroyez-moi ces marauds-là, je vous en prie 9.

Répandez sur eux le sel dont il a plu à Dieu de favoriser votre conversation. Faites qu'on les montre au doigt quand ils passeront dans la rue et quand vous les aurez bien écorchés, bien salés, marchez-leur sur le ventre en passant, cela est fort amusant 10. Il paraît un ouvrage de feu milord Bolingbroke111 qui est curieux. Julien l'Apostat n'y fit œuvre 12. Bonsoir, vous dis-je ; je vous aime, je vous estime et je vous révère autant que je hais les b...13 dont j'ai eu l'honneur de vous parler. »

1 L'édition Renouard améliore le texte de l'édition de Kehl .

2 Les sept mots qui précèdent sont supprimés dans l'édition de Kehl et restitués par Renouard .

3 C'est bien entendu Sur la destruction des jésuites .

4 Édition 1 : qu'on vous prêche .

5 Abbé Alexandre Joseph de Bassinet  Panégyrique de saint Louis, roi de France, prononcé dans la chapelle du Louvre en présence de messieurs de l'Académie française, le 25 août 1767 , dont le ton n'est pas tout à fait orthodoxe .

Alexandre-Joseph Bassinet, né en 1734, mort le 16 novembre 1813;son Panégyrique de saint Louis a été imprimé en 1767, in-8°. Voir : https://data.bnf.fr/fr/12165639/alexandre-joseph_de_bassinet/

et : https://dictionnaire-journalistes.gazettes18e.fr/journaliste/039-alexandre-bassinet

7 Ed. 1 : La maison .

8 Ed. 1 : ces pédants .

9 Cette dernière phrase manque dans éd. 1 .

10 Depuis : et quand […], la phrase manque dans l'éd. 1 .

11 L'Examen important de milord Bolingbroke, nouvelle édition, 1767 dont c'est la première édition séparée .

12 N'y faire œuvre est un proverbe qui se dit de quelqu'un qui n'approche pas un autre : «  On dit d'un homme qui mange excessivement : Jamais Gargantua n'y fit œuvre » Furetière .

13 Ed. 1 : les pédants .

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19/04/2023 | Lien permanent

Pardonnez à un ami qui écrit si rarement. La philosophie et l’amitié en murmurent, mais elles n’en sont point altérées

... Je le crois chère amie Mam'zelle Wagnière .

 

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Nous sommes tous deux du même plant .

 

 

« A François-Achard Joumard Tison, marquis d'Argence

à son château de Dirac

près d’Angoulême

A Ferney 2 décembre 1762 1

Pardonnez à un ami qui écrit si rarement. La philosophie et l’amitié en murmurent, mais elles n’en sont point altérées, et la mauvaise santé et l’âge ne sont que des excuses trop valables. Aimez toujours, monsieur, un solitaire que votre sagesse et les folies des hommes vous attachent pour jamais. Une espèce de colporteur suisse m’a dit qu’il vous avait envoyé, il y a un mois, une brochure. Je soupçonne, par le titre, que vous n’en serez pas trop content. C’est, dit-il, l’ouvrage d’un curé ; et ce n’est pas un prône 2. Vous lisez tout, bon ou mauvais, et vous pensez que, dans les plus méchants livres il y a toujours quelque chose dont on peut faire son profit.

La paix va nous rendre les plaisirs, et ne fera pas de tort à la philosophie . Il vaut mieux cultiver sa raison que se battre. Je viens de détruire des maisons comme on faisait en Westphalie  mais je les ai changées en jardins et à la guerre on ne les change qu’en déserts. Je vous souhaite, dans votre agréable retraite des journées remplies et heureuses, des amis, qui pensent, l’exclusion des sots et une bonne santé. Je m’imagine que cela est votre lot . Il ne manque au mien que d’être avec vous. »

 

1 L'édition de Kehl date de 1761, ce qui sera corrigé par Beuchot . Date endossée par d'Argence sur le manuscrit .

2 Les sentiments du curé Meslier .

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14/10/2017 | Lien permanent

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