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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je m’amuse à peindre les sottises des hommes, et je vais jusqu’à l’année présente . La matière est abondante

... Einstein dira même que c'est la seule chose qui est réellement infinie .

  http://www.leglobelecteur.fr/wordpress/wp-content/uploads/2013/02/lucien_jerphagnon_la_sottise_m.jpg

http://www.leglobelecteur.fr/piste-4-la-sottise-89

 

 

« A Bernard-Louis Chauvelin

22 novembre [1762] à Ferney 1

Bénies soient vos excellences, qui aiment notre tripot, et qui l’aiment au point de vouloir bien payer un port exorbitant pour une pièce médiocre 2! Le titre en est beau, je l’avoue ; mais je tiens avec vous, monsieur l’ambassadeur, qu’il vaut mieux être possesseur de madame de Chauvelin que d’avoir le droit des prémices de toutes les filles de village.

Quand vous serez bien las de cette comédie, ne pourriez-vous pas l’envoyer à M. d’Argental, sous l’enveloppe de M. le duc de Praslin ? Il pourra, en qualité d’amateur du tripot, se donner l’amusement de la faire jouer, pour divertir les Anglais qui sont à Paris.

Vous êtes un vrai ministre. Vous avez vite envoyé à M. d’Argental certain quatrième acte tragique sans m’en rien dire ; mais je m’en suis bien douté, et je vous jure que je vous ai pardonné ce tour de tout mon cœur. Je sens bien qu’il serait bon [que]3 ce quatrième acte fût aussi plein de fracas que les autres . Je veux laisser reposer quelque temps la pièce et moi. Les choses ont souvent besoin d’être quittées pour être senties. Vous avez un goût infini . Je suis aussi charmé de vos judicieuses réflexions que de vos bontés. Si j’avais autant de génie que vous avez de lumières, je vous assure qu’on verrait beau jeu. Mais avouez que le rôle d’Olympie ferait un effet merveilleux dans la bouche de madame l’ambassadrice, à Ferney. Vous m’avez promis de revenir à la paix ; la voilà faite. Quand ferons-nous venir les violons pour l’orchestre ? passerez-vous votre vie à Turin ? Vos amis de Paris n’auront point de repos s’ils ne vous revoient. La société de ce pays-là a besoin de vous ; vous en faites le charme, et il faut surtout que vous aidiez au bon goût à se maintenir . On dit qu’il va un peu en décadence. Vous me réchaufferez en passant. Je crois que je suis à présent le seul vieillard qui fasse des tragédies et qui plante. Je vous donne rendez-vous au printemps, moi, mes arbres, et mon théâtre. S’il me vient quelques idées bien tragiques cet hiver, je vous consulterai sur-le-champ ; mais à présent c’est le quartier de l’histoire. Je m’amuse à peindre les sottises des hommes, et je vais jusqu’à l’année présente . La matière est abondante. Adieu, monsieur ; conservez-moi des bontés qui font la consolation de ma vieillesse, de ma retraite, et de mes travaux. Je me mets aux pieds de madame l’ambassadrice.

V. »

1 L'éditeur a hésité entre 1762 et 1763 .

2 Le Droit du seigneur .

3 V* a oublié que qui s'impose ici .

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06/10/2017 | Lien permanent

si je me livrais au plaisir que j'ai de vous voir à la tête des affaires, et d'avoir obligation au plus aimable de tous

... Je serais sans aucun doute le plus pitoyable lèche-cul de notre beau royaume de France qui n'en manque certes pas ; le régime des faveurs, passe-droits, trafics d'influences, piston, ayant un cours fort élevé , la bourse aux valeurs républicaines est dans la débine continuellement . Nicht wahr Manuel ? ou plutôt "no es cierto ?"

Mais que faire dans un pays où l'on manifeste "contre" comme on pète bien avant d'avoir digéré le plat proposé ?

 peter.jpg

 http://www.bmlisieux.com/curiosa/curios01.htm

 

« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul 1

Aux Délices près de Genève

9 mars 1759 2

Monseigneur, puisque vous avez tant de bonté pour l'ermite des Alpes et du mont Jura, il dira tout est bien et il vous devra l'agrément du reste de sa vie . Je suis vieux et encore plus malingre . Je n'ai pas voulu attendre les moments auxquels on ne sait ce qu'on fait, ni ce qu'on dit, ni ce qu'on entend, ni le pays où l'on va, pour laisser à mes nièces le peu de bien que j'ai sauvé des naufrages de ce monde . Mais j'aurais fait un présent funeste à ma nièce Denis pour laquelle vous avez eu des bontés, si la petite seigneurie de Ferney que je lui ai achetée était privée des droits et des franchises dont elle a jouit deux cents années . Il eût été bien dur qu'une catholique sujette du roi eût vu périr entre ses mains des privilèges dont des étrangers huguenots souvent ennemis du roi ont été en possession sans y être jamais troublés .

Ces droits sont fort peu de chose, et ne diminuent ni n'augmentent les contributions de la province de Gex, Mme Denis étant demoiselle 3 et veuve d'un gentilhomme ne paye point la taille . Il ne s'agit donc que des dîmes attachées à la seigneurie, et de la faculté de vendre son blé à Genève ou en Suisse . Ces bagatelles pourraient rencontrer des longueurs à un parlement, ou devant un intendant de province, et n'en trouveront point chez un protecteur tel que vous .

J'ai l'honneur de vous soumettre , monseigneur, un extrait des contrats par lesquels Mme Denis est en possession de Ferney, et de quelques terres adjacentes .

Ces contrats ne spécifient aucun des champs, ni des prés, ni des vignobles, compris dans ce qu'on appelle l'ancien dénombrement, on s'en est toujours rapporté à la notoriété publique, à l'usage, aux rôles des tailles, le tout fondé sur les anciens cadastres rongés des vers à Genève et chez le subdélégué de Gex . On ne consulte ces registres que dans les cas où l'assise de la taille ferait une difficulté ; et c'est ce qui ne nous regarde pas . Les deux seuls points sont les dîmes inféodées 4 et le droit de vendre nos denrées . L'objet des dîmes inféodées intéresse particulièrement Mgr le comte de La Marche, seigneur suzerain, qui perdrait son droit de lods et vente sur cette partie, si quelque curé s'avisait de vouloir nous les enlever . Un mot du roi nous met à l'abri de tout, et nous vous en aurons une obligation éternelle . Nous n’avons point encore l'expédition des contrats qui sont à Gex pour y être contrôlés et Mme Denis vous accuse la vérité de tout ce qu'ils contiennent .

J'ai pris la liberté de joindre à son récit un exposé des raisons qui peuvent justifier le brevet du roi, et des grâces qu'elle demande . Cela est court, et ne vaut pas la peine d'être long . Ma lettre n'est que trop longue, elle le serait bien davantage si je me livrais au plaisir que j'ai de vous voir à la tête des affaires, et d'avoir obligation au plus aimable de tous les ministres .

J'ai l'honneur d'être avec un profond respect et la plus vive reconnaissance

monseigneur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire du roi »

2 Le manuscrit olographe porte deux mentions : « M. de Voltaire . Sur la demande que la terre de Ferney acquise par Mme Denis continue à jouir des privilèges des terres de l'ancien dénombrement », et « envoyé à M. Joly de Fleury Intendant de Bourgogne » . La lettre fut transmise à Choiseul accompagnée d'un mémorandum fait par un de ses assistants .

3 C'est à dire de naissance noble .

4 Les dîmes inféodées sont des dimes abandonnées pour l’Église au seigneur du lieu .

 

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12/04/2014 | Lien permanent

C'est la honte de la nature humaine que des gens qui se sont toujours plaints de l'intolérance, deviennent eux-mêmes les

 "Il y a tel hypocrite qui a l'insolence de faire sur son palier le petit persécuteur, et que je pourrai bien faire sauter par les fenêtres quand je le rencontrerai sur le mien"

J'adore Volti quand il prend ce ton goguenard et combattif.



Et surtout, vous qui geignez sans cesse, qui voulez le beurre, l'argent du beurre (pour les intégristes juifs , l'argent du Beur ! )et la main de la crémière (hallal ou casher, la crémière ? ), qui voulez imposer vos religions, vos idées plus ou moins ineptes par la force, la guerre, vous qui vous dîtes les élus de Dieu(x), -de tous bords-, lisez et réfléchissez à cette simple pensée d'un homme de bonne volonté : Voltaire .

 

"C'est la honte de la nature humaine que des gens qui se sont toujours plaints de l'intolérance, deviennent eux-mêmes les plus intolérants des hommes."

 

http://www.deezer.com/listen-7199248

 

 

 

« A Paul-Claude Moultou

 

15è septembre 1764

 

C'était à vous, mon cher philosophe, à faire La Philosophie de l'Histoire [i]. J'étais déjà bien convaincu que les misérables habitants d'un petit pays resserré de tous côtés par des nations puissantes avaient puisé chez ces nations toutes les fables absurdes que son infâme superstition a consacrées. Tout est phénicien, ou égyptien chez ces misérables Hébreux. Le nom de Jéhovah même était phénicien.

 

Il me parait démontré d'ailleurs que les Juifs écrivent très tard, et eurent tard des lois, puisque ces voleurs vagabonds ne s'établirent en Canaan que lorsque les Chaldéens, les Égyptiens, les Syriens, les Phéniciens faisaient déjà une très grande figure dans le monde. C'est un grand malheur que les livres de leurs maîtres soient perdus et que les fables des esclaves soient restées.

 

Je ne savais pas un mot, mon cher philosophe, des passages singuliers dont vous voulez bien me faire part.

 

C'est la honte de la nature humaine que des gens qui se sont toujours plaints de l'intolérance, deviennent eux-mêmes les plus intolérants des hommes. Il y a tel hypocrite qui a l'insolence de faire sur son palier le petit persécuteur, et que je pourrai bien faire sauter par les fenêtres quand je le rencontrerai sur le mien. Je prévois qu'il est impossible qu'un homme de votre mérite et de votre probité reste dans ce malheureux tripot [ii], et je crois qu'il viendra un temps où vous irez vous établir dans la France, votre patrie. Rien ne vous sera plus aisé que d'être de l'Académie des belles-lettres, vous serez aimé et considéré à Paris, et cent fois plus libre que vous ne l'êtes dans un pays qui se dit libre.

 

Je ne vous ai point renvoyé, je crois, le Persan Hyde [iii], je pense que c'est Cramer qui l'a remis à la bibliothèque. J'ai encore le Van Dale [iv], je le renverrai par la première occasion. Quand vous n'aurez plus besoin du premier tome de Bolingbroke, je vous supplierai de me le renvoyer. C'est bien dommage qu'il soit trop bavard ; un bon abrégé de son livre eût fait un effet prodigieux.

 

Je vous embrasse en Platon, en Cicéron, en Pythagore, en Confucius etc. etc. »

 

i Elle paraitra en 1765.

ii Genève, où Moultou est pasteur.

iii Historia religionis veterum Persarum eorumque magorum ... Zoroastris vita ... Oxonoii, 1700, que v* demanda vers juin .

iv De oraculis veterum ethnicorum dissertationes duae ou Dissertations de origine ac progressu idolatriae et superstitionum : de vera et falsa prophetia , 1683, 1696.



"C'est la honte de la nature humaine que des gens qui se sont toujours plaints de l'intolérance, deviennent eux-mêmes les plus intolérants des hommes"

L'intolérance ne m'étonne plus ; si elle me dégoûte, elle n'est que le reflet de l'avidité des hommes qui se cachent lâchement derrière une volonté divine ; je me crois dans une vaste cour de récréation où de sales mômes disent sempiternellement :" M'dame/M'sieur ! c'est pas moi qui ai commencé, c'est lui ! "

Plus petit que ça, tu meurs !

 

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15/09/2010 | Lien permanent

Le public ...ne prendra aucun plaisir à voir un fripon qu'il méprise.

"Aucun plaisir à voir un des fripons qu'il méprise", voici ce qui m'empêche de regarder la télévision la plupart du temps .

Elle nous les montre comme des modèles et le reste de mon sens critique et moral me sauve d'applaudir à la réussite de ces guignols. Chacun mettra les noms qu'il désire sur "guignols" ! Prévoyez une grande page !

http://www.youtube.com/watch?v=mWsc01PccJ0&feature=re...

Et pourquoi pas ? Voilà un exemple de ce qu'une recherche sur "épinette" amène!

Bien sûr vous voyez le lien évident avec Epinay !

Il va être juste temps de penser au repas de midi ; que diriez-vous de tester cette recette ?

http://www.recettes-de-chefs.ca/blogs/les_recettes_martin_gagne/archive/2009/06/04/grillade-de-caribou-et-son-jus-de-cervide-reduit-a-l-epinette-noire.aspx

 

 


« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'Epinay

 

30 juin [1760]



Ma charmante et respectable philosophe (car ce nom est toujours beau malgré la comédie et Joly de Fleury)[« comédie » Les Philosophes de Palissot ; de plus Joly de Fleury a prononcé un réquisitoire devant le parlement contre l'Encyclopédie en janvier-février 1759 , cf. lettre du 10 juin], vous êtes bien bonne de songer aux scènes de Frelon [Frelon = Fréron dans L'Ecossaise (ou Le Caffé)]. Si on voulait faire quelque chose de cette pièce, je conseillerais au traducteur de Hume de retrancher absolument ce misérable qui d'ailleurs ne sert en rien au dénouement. Je crois deviner que Hume [la pièce est présentée comme faite «par M. Hume, traduite en français par Jérôme Carré »] n'a introduit dans son drame anglais ce bélître de Frelon que pour peindre un coquin à qui il en voulait. Ce Frelon est sans doute quelque ennemi de la philosophie anglaise. On veut jouer L'Écossaise à Paris et ce n'est pas mon avis. Le public s'intéresse à l'humiliation des philosophes qu'il respecte malgré lui, mais il ne prendra aucun plaisir à voir un fripon qu'il méprise.



Au reste, ma belle philosophe, si Fabrice [= « le maître du café » dans la pièce L'Ecossaise] ce bon homme conseillait des méchancetés à Fréron, vous voyez bien qu'on aurait alors deux coquins au lieu d'un et c'est trop. Je crois que mademoiselle Vadé vous a envoyé Le Pauvre Diable de son cousin [oeuvre de V* : Le Pauvre Diable, ouvrage en vers aisés de feu M. de Vadé, mis en lumière par Catherine Vadé, sa cousine, dédié à maître Abraham ; cf. lettre du 10 juin] sous l'enveloppe de M. d'Epinay. Je tiens La Vanité d'un frère de la doctrine chrétienne [=V*, bien sûr, auteur de La Vanité]. Ayez la charité d'accuser la réception de l'une et de l'autre. On m'a parlé du Russe à Paris,[i] poème singulier composé en effet par un Russe qui connait très bien la France. Mais il faut savoir si le prophète [=Grimm, devenu secrétaire du duc d'Orléans et auteur du Petit prophète de Boemischbroda ] a reçu le paquet adressé au secrétaire de Mgr le duc d'Orléans au Palais-Royal . Comment faut-il faire d'ailleurs pour adresser ses paquets ? Est-ce à M. d'Epinay à l'Hôtel des Postes?



Dites-moi des nouvelles de tout, je vous en conjure, Madame. Je salue votre belle âme, vous beaux yeux noir, votre esprit etc., etc.



V. »



 

 

iLe Russe à Paris, Petit poème en vers alexandrins composé à Paris au mois de mai 1760 par M. Ivan Alethof est de V* ; Alethof est composé du radical du mot grec qui signifie vérité avec un suffixe russe : V* connaissait et rencontrait effectivement des Russes et en parle à son correspondant Schouvalov et aux d'Argental.

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30/06/2010 | Lien permanent

un ou deux Anglais pensants qui sont ici, et qui dit-on, s’humanisent jusqu’à parler

Don't worry, be happy!!

http://www.dailymotion.com/video/x2b3xk_bobby-mcferrin-do...

 

 

Charmant accueil pour un réveil, de la part d'un réveille-matin mutin ...

Journée pluvieuse (recherchée pour les mariages : mariage pluvieux, mariage heureux... qui peut encore croire à de telles niaiseries si ce ne sont les parents qui ont payé fort cher l'évènement . Méthode Coué...)

Du coup les visiteurs se font rares, vivement le soleil .

 

 

 

 

« A Nicolas-Claude Thiriot

 

 

                            Mon cher correspondant, me voici dans une cour sans être courtisan. J’espère vivre ici comme les souris d’une maison qui ne laissent pas de vivre gaiement sans jamais connaitre le maitre ni la famille. Je ne suis pas fait pour les princes, encore moins pour les princesses. Horace a beau dire

 

Principibus placuisse viris non ultima laus est.[plaire aux premiers d’entre les hommes n’est pas la dernière des gloires]

 

Je ne mériterai point cette louange. Il y a ici un excellent physicien nommé M. de Varinge [Philippe Vairinge], qui  de garçon serrurier est devenu un philosophe estimable grâce à la nature, et aux encouragements qu’il a reçus de feu M. le duc de Lorraine qui déterrait et qui protégeait tous les talents. Il y a aussi un Duval bibliothécaire qui de paysan est devenu un savant homme, et que même le duc de Lorraine Léopold rencontra un jour gardant ses moutons et étudiant la géographie. Vous croyez bien que ce sont là les grands de ce monde à qui je ferai ma cour. Joignez-y un ou deux Anglais pensants qui sont ici, et qui dit-on, s’humanisent jusqu’à parler. Je ne crois pas qu’avec cela j’aie besoin des princes. Mais j’aurais besoin de vos lettres. Je vous prie de ne pas oublier votre philosophe lorrain qui aime encore les rabâchages de Paris surtout quand ils passeront par vos mains. Je prie instamment M. Thiriot le marchand [Thiriot frère, marchand de draps]de me mander s’il a reçu les réponses de la fermière de Belle-Poule, si mes lettres de change ont été acceptées, et s’il a bien voulu finir mon petit compte [ la rente due par d’Estaing est payée par les fermiers du domaine de Belle-poule].

 

                   Joue-t-on toujours l’opéra des Grâces ? que fait la Comédie Française ? comment gouvernez-vous votre maîtresse, ou si vous l’aimez mieux, votre putain [Mlle Salé]? Faites bien mes compliments à notre ami Sovot qui a en prose plus d’imagination qu’un poète. Dites lui qu’il n’oublie pas qu’il m’       a promis de m’écrire. Je suis bien fâché de n’avoir pu profiter des bontés que MM. des Alleurs et chevalier d’Aydie [Blaise-Marie d’Aydie] m’ont conservées, dites leur, je vous en prie, que si jamais je retourne à Paris, je compte bien leur faire ma cour. Vale.

 

                   V.

                   A Lunéville, ce 15 mai 1735

                   M. le bailli de Froulay vient de partir de Lorraine. Je l’ai manqué. J’en suis fâché.

 

                   Mon adresse à Lunéville chez Mme la duchesse de Richelieu. »

 

 

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15/05/2009 | Lien permanent

il a encore plusieurs choses à finir avant d'y pouvoir travailler. Heureusement, vous savez qu'il les fait fort vite

... Rude programme pour François qui doit ménager les susceptibilités des membres de son camp , tout en imposant ses idées .



En cas de Stormy weather :

http://www.youtube.com/watch?v=towtYP6bpBI&feature=related

 

wrapyourtroublesindreams4910.JPG


... Wrap your troubles in dreams :

http://www.youtube.com/watch?feature=endscreen&v=OOjw...

 

 

 

 

 

« De madame DENIS à LEKAIN 1

23 janvier 1756.

Je suis bien sensible, monsieur, à la lettre que vous venez de m'écrire; je reconnais dans toutes les occasions votre amitié pour moi. Sans trop de prévention pour la Coquette punie 2, j'imaginais pourtant que, pour un coup d'essai, surtout venant d'une femme, elle m'aurait fait quelque honneur, et n'aurait point été à charge à la Comédie, tous les gens raisonnables en avaient porté le même jugement; vous savez comme on en a usé avec moi, et cela fin it par me voler mon sujet. Que faire? Rien, je crois, sinon de détromper le public, en cas que le vol soit trop manifeste. Je souhaite beau-
coup de prospérité à La Noue 3, mais son procédé est d'autant plus extraordinaire qu'il dit à M. de Richelieu que le sujet d'une Coquette ne pourrait plus réussir au théâtre, qu'il était trop usé. Il est plaisant qu'après un pareil propos il en fasse une sur le même modèle de la mienne. Ressouvenez-vous que l'hiver où on refusa ma pièce vous en jouâtes cinq nouvelles qui tombèrent à plat toutes les cinq. La Noue, par l'imprudence de M. de Richelieu, a eu ma pièce quatre jours sous prétexte de l'étudier pour la bien lire effectivement, il la possédait si bien qu'en la lisant il passait adroitement les jolis détails et les deux meilleures scènes de l'ouvrage. A la Comédie, vous savez comme elle a été lue; j'aurais défié à un ange d'y rien comprendre; enfin il faut tâcher d'oublier les choses désagréables et injustes, c'est ce que j'ai fait. Je me ressouviens pourtant que j'ai laissé mon rôle de la Coquette à Mlle Grandval; je ne doute pas que La Noue ne s'en soit aidé c'est le meilleur de la pièce, et je souhaite qu'il en ait tiré un bon parti; mais ne parlons plus de cela.

Vous demandez à mon oncle une tragédie, et vous avez raison, donnez- lui donc le temps de la faire. Son sujet est choisi, mais l'ouvrage n'est pas encore commencé; il a encore plusieurs choses à finir avant d'y pouvoir travailler. Heureusement, vous savez qu'il les fait fort vite; il fait des vers mieux que jamais, et, s'il vit, comme je l'espère, je ne doute pas que vous n'ayez encore plusieurs tragédies de lui. Pour moi, je l'y porterai de tout mon cœur, et surtout je l'engagerai à faire deux beaux rôles un pour vous, et un pour Mlle Clairon, et c'est bien son intention.
Le pauvre Châteaubrun est tombé,4 aussi pourquoi, lorsqu'on a eu le bonheur de réussir dans deux pièces médiocres, en donner, coup sur coup, une troisième, moins bonne que les premières ? Pour un homme de soixante-dix ans, c'est une furieuse imprudence. Adieu, monsieur, je souhaite que
l'Orphelin vous dédommage. Jouiez-vous dans Astyanax ? Mlle Clairon y jouait-elle? Mandez-moi cela; faites-moi l'amitié aussi de me dire quels sont les acteurs qui joueront dans la pièce de La Noue, on a beau être loin de Paris, on s'intéresse toujours à lui; mais je m'intéresse encore bien plus
à vous et à vos succès. Continuez, monsieur, de plaire au public et d'aimer vos amis pour moi, je serai toujours des vôtres; j'aime passionnément vos talents, et j'estime votre cœur et votre façon de penser. Conservez-moi votre amitié, et ne doutez jamais de la mienne elle est à vous pour ma vie.
DENIS »

1 Mémoires de Lekain, page 281.

2 Comédie écrite par Mme Denis .

4 Insuccès de sa pièce Astyanax , qu'il retire après sa première représentation .

 

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09/05/2012 | Lien permanent

les faibles ouvrages qui ont pu échapper à mon loisir, et à l'inutilité où j'ai toujours été dans le monde

... Sont à n'en pas douter de la veine des fumeuses Cinquante nuances de Grey (ou caca d'oie ) qu'un mien parent s'est avisé de m'offrir dans la version complète en trois volumes (sans l'avoir lue auparavant, il n'est pas du genre "lecteur" il est vrai ) . Pour en avoir le coeur net, j'ai, -bien entendu-, commencé ma lecture par le troisième tome, je n'ai pas dépassé la page 42, et je compte bien offrir ce meuble au premier banc public pour un amateur de ce best seller sans relief et sans intérêt . L'auteure a réussi un exploit : faire trois volumes plats . La lecture d'un Bottin est plus intéressante !

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 http://alain-prunier.com/blog/index.php?post/2012/10/20/50-shades-of-Grey-Cinquante-nuances-de-Grey

 

« A Jean-Chrysostome de Larcher, comte de La Touraille

10 mars 1760 par Genève aux Délices 1

Il paraît, monsieur, par votre lettre et par vos vers que vous êtes bien digne d'être auprès d'un prince qui nous fait espérer de revoir bientôt le grand Condé 2, il en a l'esprit et la valeur ; les faibles ouvrages qui ont pu échapper à mon loisir, et à l'inutilité où j'ai toujours été dans le monde méritent peu d'être honorés de ses regards ; je ne dois sans doute qu'à vous, monsieur, cette bonté de Son Altesse sérénissime . Recevez-en mes remerciements . Le parti de la retraite que j'ai pris ne me rend point insensible à l'honneur que vous me faites ; je ne suis depuis cinq ans qu'un laboureur et un jardinier, mais quoique je ne sacrifie plus qu'à Cérès et à Pomone, votre commerce me ferait encore aimer les muses . Je me souviens avec plaisir de mes premières passions, quand elles sont justifiées par votre exemple ; un commerce tel que le vôtre me serait bien précieux ; s'il vous prenait envie de m'envoyer quelque chose, soit de vous, soit de vos amis, je vous prierais de vouloir bien adresser les paquets sous enveloppe de M. de Chennevières , premier commis de la guerre , à Versailles .

J'ai l'honneur d'être, monsieur, avec l'estime que vous m'inspirez et les sentiments que je vous dois, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme du roi »

1 D'après une note manuscrite qui figure sur l'olographe de La Touraille, celui-ci, dès l'enfance grand admirateur de Voltaire, avait cherché à se faire présenter à lui par Vauvenargues, son parent ; mais celui-ci mourut avant de l'avoir pu . La Touraille vit V* en 1745 « dans des sociétés respectables et charmantes » (Sceaux?) mais sans oser se présenter à lui . Il passa ensuite en Prusse . Finalement, les relations s'établirent par l’entremise de la comtesse de La Neuville que V* connait au moins depuis 1733 .

 

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11/03/2015 | Lien permanent

qui défend ses vers et sa prose est un sot, qui ne détruit pas la calomnie est un lâche

...Résultat de recherche d'images pour "qui ne détruit pas la calomnie est un lâche"

https://www.youtube.com/watch?v=IfyCau4yyBk

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

Aux Délices 6 février [1761]

Monsieur, souffrez que je vous remercie de votre lettre , je la regarde comme un bienfait . Vous y peignez la plus belle âme du monde . Elle mérite bien d'être la plus heureuse . Nous sommes sur le soir d'une bien courte journée, j'espère que cette soirée vous sera très agréable . Si vous ne daignez pas franchir nos montagnes pour venir voir notre délicieux vallon entouré d'horreurs , je descendrai sûrement chez vous du haut du mont Jura, pourvu que je puisse jouir de vos bontés et de votre charmant commerce dans une de nos campagnes . Car sans haïr les hommes je hais les villes . On n'y est point libre , on n'y jouit ni de ses amis ni de soi-même . C'est vous et non Dijon que je veux voir . Je suis à la porte de Genève et je n'y entre jamais .

Vous voyez combien je suis éloigné en tout de ce très bel esprit Fontenelle que vous voulez que je prenne pour modèle . Donnez-moi donc son cœur insensible, donnez-moi son indifférence pour tout ce qui n’était pas l'art de montrer de l'esprit et de se faire valoir 1 . Faites-moi renaître normand . Je suis bien loin d'être dans sa position . Jugez-en par le petit brimborion que je vous envoie . Vous verrez qu'il n'est pas ici question de défendre des Lettres du chevalier d'Her, ou des églogues, ou des dialogues dans lesquels les morts font des pointes . Il s'agit des plus détestables calomnies, il s’agit de parer des coups mortels ; qui défend ses vers et sa prose est un sot, qui ne détruit pas la calomnie est un lâche . Il était réservé au siècle où nous vivons d'accuser d'irréligion tous les auteurs dont on est jaloux . Si on avait laissé faire Lefranc, si on ne l'avait pas couvert de ridicules, l'usage se serait établi de n'être reçu à l'Académie qu'à condition de déclamer contre les philosophes . Il s'élevait une cabale infâme de fanatiques et d'hypocrites . Il a fallu les faire taire . C'est un service que j'ai rendu à l'Académie et aux lettres, et je vous jure que cela ne m'a pas beaucoup coûté .

J'ai fait partir de saint-Claude deux petits ballots et mes rêverie, l'un à monsieur le premier président, l'autre à monsieur le procureur général . Je les suppose arrivés . Je vous supplie monsieur de vouloir bien en donner avis à M. de Quintin 2 quand vous le verrez . Je ne lui écris point . Il ne faut pas de lettres inutiles aux hommes en place . Je ne demande pas que monsieur votre fils m'honore des mêmes bontés que vous, mais je me flatte qu'il en aura toujours un peu . Je sais qu'il est digne du plus respectable et du plus aimable des pères . Daignez ne me pas oublier auprès de M. de Ruffey . Il m'a paru qu'il a un cœur fait pour vous .

Mille très tendres respects .

Votre contemporain V. »

1 Allusion à diverses oeuvres de Fontenelle dont la dernièreest, bien entendu, les Dialogues des morts anciens et modernes , 1683 , de Bernard Le Bovier de Fontenelle ; ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Dialogue_des_morts_%28Fontenelle%29#Dialogues_des_Morts_anciens_avec_des_modernes ) contemporaine des Lettres galantes du chevalier d'Her***; 1683 ( https://books.google.fr/books?id=vXNCAAAAcAAJ&pg=PP7&... ).

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06/02/2016 | Lien permanent

Vivez donc, mes anges, pour vous opposer à ce torrent de bêtises de tant d'espèces qui inonde la nation

... Le sait-il, ce président qui va parler à 20 H , que bon nombre de citoyens.yennes l'accusent de penser et agir selon cette terrible constatation : " Allez, mes Welches, Dieu vous bénisse ! vous êtes la chiasse du genre humain." ?

Est-il persuadé que "Le fonds des Welches sera toujours sot et grossier." ?

Quelles solutions pour éviter cette conclusion : "la décadence est arrivée à son dernier période."?

Les Français-Welches de 2023 sont bien décrits par le Patriarche, que faire ?

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

2 septembre 1767

Nous nous apprêtons à célébrer la convalescence ; il y aura comédie nouvelle 1, souper de quatre-vingts couverts ; c'est bien pis que chez M. de Pompignan 2; et puis nous aurons bal et fusées.

J'envoyai, par le dernier ordinaire, un Ingénu, par M. le duc de Praslin, pour amuser la convalescente ; et vous aurez, mes anges, pour votre hiver, les tragédies de MM. de Chabanon et de La Harpe . Cela n'est pas trop mal pour des habitants du mont Jura; mais en vérité, vous autres Welches, vous êtes des habitants de Montmartre. Je vous assure que les Guillaume Tell 3 et Illinois 4 sont aux Danchet et aux Pellegrin ce que les Pellegrin et les Danchet sont à Racine. Je ne crois pas qu'il y ait une ville de province dans laquelle on pût achever la représentation de ces parades, qui ont été applaudies à Paris. Cela met en colère les âmes bien nées . Cette barbarie avancera ma mort. Le fonds des Welches sera toujours sot et grossier. Le petit nombre des prédestinés qui ont du goût n'influe point sur la multitude ; la décadence est arrivée à son dernier période.

Vivez donc, mes anges, pour vous opposer à ce torrent de bêtises de tant d'espèces qui inonde la nation. Je ne connais, depuis vingt ans, aucun livre supportable, excepté ceux que l'on brûle, ou dont on persécute les auteurs. Allez, mes Welches, Dieu vous bénisse ! vous êtes la chiasse du genre humain. Vous ne méritez pas d'avoir eu parmi vous de grands hommes qui ont porté votre langue jusqu'à Moscou. C'est bien la peine d'avoir tant d'académies pour devenir barbares! Ma juste indignation, mes anges, est égale à la tendresse respectueuse que j'ai pour vous, et qui fait la consolation de mes vieux jours.

Tout Ferney se réjouit de la convalescence. 

V.»

1 Charlot et La Femme qui a raison joués le 4 septembre ; voir le compte rendu de la soirée (Saint François )dans la Correspondance littéraire, VII, 454 et suiv. : https://fr.wikisource.org/w/index.php?title=Page:Correspondance_litt%C3%A9raire,_philosophique_et_critique,_%C3%A9d._Garnier,_tome_7.djvu/464&action=edit&redlink=1

2 Il n'y avait que vingt-six couverts au repas donné par Pompignan en 1763; voir la fin de la Lettre de M. de L'Ecluse et le début de la Relation du voyage de M. le marquis de Pompignan , voir page 461 : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome24.djvu/471

et voir : https://books.google.fr/books?id=HXxAAAAAcAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

3 Tragédie de Le Mierre. ; voir lettre du 22 novembre 1766 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/02/24/mais-voici-bien-une-autre-paire-de-manches-6368007.html

4 Tragédie de Sauvigny . Sur Hirza ou les Illinois , voir lettre du 16 mai 1767 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/12/02/nul-monarque-avant-moi-sur-le-trone-affermi-n-a-quitte-ses-e-6415043.html

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17/04/2023 | Lien permanent

attendu que j'ai été assigné en témoignage, et qu'il faut qu'un témoin ait l'air impartial

... Tout comme moi dans ce blogounet !

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Seul témoin vraiment impartial .

 

« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault

Conseiller du Parlement

à Dijon

Au château de Ferney 8è mars 1761

Monsieur, je vous prie d'avoir la bonté de m'informer par quelle voie vous m'envoyez de votre nectar de Bourgogne . Cela m'est important, parce que je crois qu'il y a des droits à payer pour la sortie de France ; et il serait triste de payer quand on est bon français et surtout quand on est bourguignon comme j'ai l'honneur de l'être . Il est vrai que je suis séparé de vous par d'abominables montagnes ; et je crois que votre vin fait le grand tour, et arrive par Versoix . Je vous serai très obligé de vouloir bien me mettre au fait de la géographie de mes deux tonneaux .

Cette affaire est plus agréable que celle de ce maudit curé 1. Je sais fort bien, monsieur, que votre tribunal n'a rien à démêler avec celui de la confession, et qu'il y a une différence énorme entre la justice que vous rendez, et l'abus que les jésuites font quelquefois de ce beau sacrement de pénitence . Je me doute bien qu'on ne peut que les tympaniser, et non les actionner ; mais je ne veux point prendre parti dans cette affaire, attendu que j'ai été assigné en témoignage, et qu'il faut qu'un témoin ait l'air impartial . Ce beau procès ira sans doute au parlement . Cela apprendra du moins aux curés du petit pays de Gex à ne point aller battre les femmes chez elles pendant la nuit ; Jésus-Christ ne les battait point ; je me flatte que le parlement de Bourgogne ne souffrira chez les prêtres, ni les billets de confession, ni les coups de bâton .

Cependant buvons ; mille respects à Madame Le Bault, et avec les mêmes sentiments

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 Le père Joseph Fessy avait écrit une longue lettre de justification à Le Bault le 25 février 1761, en reprenant de son point de vue tous les éléments de l'affaire de Croze-Ancian, et en soulignant par d'autres références la haine de Voltaire à l'égard du clergé et des jésuites . En ce qui concerne le refus d'absolution, il écrit : « La fille de de Croze s'est présentée à moi en confessionnal, je l'ai écoutée, je lui ai dit ce qu'exigeait mon ministère, je ne sais rien de plus et je n'ai plus rien à dire […] On m'avait déjà tendu un piège le lendemain de la fête des Rois ; on m'attendit […] à Saconex […] on voulait me prier de passer chez [de Croze] à mon retour de Genève, dans le temps qu'on disait de Croze fils mourant , afin de me faire ensuite assigner en justice pour rendre témoignage de l'état prétendu désespéré dans lequel le jeune homme aurait feint de se trouver . Ce projet ne réussit pas parce que je fus obligé de rester à Genève ce jour-là et plusieurs jours de suite , et qu'avant que je pusse repasser par Saconex le prétendu assassiné se portait à merveille . Il fallut donc se retourner autrement, et comme on ne voulait pas me manquer, voici comment on s'y prit […] Je vais tous les samedis au soir d'Ornex à Genève pour y aider à desservir le dimanche la chapelle du roi . En y allant je passe par Saconex où je confesse les sœurs grises qui y ont un établissement . La fille aînée de de Croze , qui selon le bruit public gouverne tout dans la maison de son père, et a tout crédit sur son esprit, cette fille qui, de sa vie , ne s’était venue confesser à moi, y vint pour le première fois le samedi 24 janvier ; je l'écoutai, je continuai ensuite ma route, et me rendis à Genève à nuit tombante […] Dès le lendemain dimanche 25 janvier […] M. de Voltaire […] se hâte de faire faire des copies du billet de de Croze, ou plus probablement en fabrique lui-même un , au nom de de Croze, dans lequel il dépeint tragiquement la douleur du père, qui se plaint à lui, son unique protecteur […] [du refus] que le père Fessy, jésuite d'Ornex, avait fait de l'absolution de sa fille, jusqu'à ce qu'elle eût engagé son père à rétracter la plainte qu'il avait fait imprimer contre le curé de Moens . M. de Voltaire fait faire par son secrétaire et par d'autres personnes qui se trouvaient chez lui une foules de copies de ce billet, il en distribue à huit ou dix personnes qui dinaient chez lui, et à quatre heures après midi il y en avait dans toutes les meilleures maisons de Genève et qui avaient été portées par ses gens . » Plus loin , Fessy dit : « Je ne m'arrête pas à vous faire remarquer le tour digne du plus bas farceur, par lequel il substitue à mon nom de baptême, qui est Joseph, le nom de Jean, pour faire avec celui de Fessy un composé dans le goût sublime du théâtre de la foire, ou des gentillesses de La Pucelle . »

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27/02/2016 | Lien permanent

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