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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Il n'y a rien de si dangereux qu'un homme indépendant comme moi, qui aime à rire et qui hait les sots

...

Description de cette image, également commentée ci-après

 Adorable et précieuse hulotte (chat huant).

 

 

« A monsieur l'abbé [Pierre-Joseph Thoulier] d'Olivet de

L'Académie française rue Saint-

Nicaise

à Paris

Mon cher maître votre grave magistrat a l'air d'avoir la gravité des chats huants . Ils ont la mine sérieuse, et ils craignent que les oiseaux ne leur donnent des coups de bec : il ne veut donc pas qu'on découvre en riant la tête de Midas ; il faut qu'il ait ses raisons . Non l'agriculture n'est point un sujet riant pour des Parisiens 1. Ils ne savent pas la différence d'un sillon à un guéret, mais ils se connaissent en ridicule . Malheur à qui chanterait Cérès au lieu de rire des sots .

Je voudrais que vous lussiez l'Appel aux nations 2 au sujet de notre procès du théâtre de Paris contre le théâtre de Londres . J'ai été malheureusement le premier qui ait fait connaître en France la poésie anglaise . J'en ai dit du bien comme on loue un enfant maussade devant un enfant qu'on aime et à qui on veut donner de l'émulation ; on m'a trop pris à mon mot .

Biaux chires loups, n'écoutez mie

Mère tencahnt son fieux qui crie.3

Laf.*

L'archidiacre 4 est l’agresseur . Il a donc tort . Ne pouvait-il pas louer La Motte et son Œdipe en prose, sans attaquer gens qui ont bec et ongles ? Ce monde-ci est une guerre . J'aime à la faire, cela me ragaillardit . Melliflus non tangere clamo . Flebit et insignis tota cantabitur urbe 5. Il n'y a rien de si dangereux qu'un homme indépendant comme moi, qui aime à rire et qui hait les sots . Mais je ne mets pas l'archidiacre au rang des sots ; et après l'avoir pincé tout doucement, je lui accorde généreusement la paix .

Mon cher maître il y a longtemps que nous sommes dans le siècle du petit esprit ; celui du génie est passé . Tout est devenu brigandage . Sauve qui peut . C'est bien assez qu'il y ait eu un siècle depuis la fondation de la monarchie . Rome n'en a eu qu'un . Il n'y a pas de quoi crier . Buvons gaiement la lie de notre vin .

À propos je suis fâché que nous mourions sans nous revoir .

Urbis amatorem Olivetu salvere jubemus

ruris amatores .6

Au château de Ferney 25 avril [1761]7 »

3 Deux vers en picard tirés des Fables de La Fontaine : Le loup, la Mère et l'Enfant : http://www.la-fontaine-ch-thierry.net/louchevreau.htm

5 Il vaut mieux, je le dis bien haut, me laisser en paix – [celui qui m'aura provoqué] celui-là pleurera, et sera la risée de toute la ville . Horace, Satires, II, I, 45-46 .

6 D'après Horace, Épîtres, I, x, 1-2 ; Nous autres amants de la campagne saluons d'Olivet, amant de la ville .

7 Toutes les éditions placent cette lettre en 1764, mais toutes les allusions indiquent qu'elle est de 1761 .

 

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04/04/2016 | Lien permanent

Il a fait avec Le Droit du seigneur la même petite infamie qu'avec Mahomet . Il prétexta la religion pour empêcher que M

... On croirait que notre ami Voltaire parle de ce néfaste et minus Tariq Ramadan qui ment encore plus facilement qu'il respire, la preuve : http://www.prochoix.org/cgi/blog/index.php/2007/02/11/117...

Les islamistes, salafistes, fumistes intégristes , défenseurs d'un autoproclamé prophète et d'un dieu ni meilleur ni pire qu'un autre, passent leur temps à pourrir ce monde qui se passerait bien d'eux . Pire pollueurs qu'eux, je n'en trouve pas . Allez, du balai , passez à la trappe !

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

et à

Nicolas-Claude Thieriot

Le 11 octobre [1761]1

Eh bien, frère Thieriot m'a donc caché ma turpitude et celle de Joliot de Crébillon 2! Certes, ce Crébillon n'est pas philosophe ! Le pauvre vieux fou a cru que j'étais l’auteur du Droit du Seigneur, et sur ce principe il a voulu se venger de l'insolence d'Oreste qui a osé marcher à côté de Clytemnestre . Il a fait avec Le Droit du seigneur la même petite infamie qu'avec Mahomet . Il prétexta la religion pour empêcher que Mahomet ne fût joué ; et aujourd'hui il prétexte les mœurs . Hélas ! Le pauvre homme n'a jamais su ce que c'est que tout cela . Il faut pour son seul châtiment qu'on sache son procédé .

Le meilleur de l'affaire c'est que pouvant à toute force faire accroire qu'il y avait quelques libertés dans le second acte, il ne s'est jeté que sur le 3è et le 4è qu'on regarde comme des modèles de décence et d'honnêteté , et où le marquis fait éclater la vertu la plus pure . Le mauvais procédé de ce poète aussi méprisable dans sa conduite que barbare dans ses ouvrages, ne peut faire que beaucoup de bien . Le public n'aime pas que la mauvaise humeur d'un examinateur de police, le prive de son plaisir .

Qu'en pensent les frères ? Pour moi je me console avec Pierre . Le plat ouvrage que le testament de Belle-Isle 3 . »

1 La copie Beaumarchais-Kehl joint à cette lettre quelques mots de la lettre du 28 octobre 1761 à Damilaville , suivie par les éditions .

2 Claude-Prosper Jolyot de Crébillon , alors censeur royal de la Librairie depuis 1759 ; https://fr.wikipedia.org/wiki/Claude-Prosper_Jolyot_de_Cr%C3%A9billon

 P.S. -- Note mise en ligne le 4 octobre 2016 depuis une médiathèque, SFR étant encore une fois en panne de fourniture de réseau internet; réparateur prévu le 7, panne depuis le 1er . A la prochaine panne, ne serait-ce que de 10 minutes, je change de FAI .

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02/10/2016 | Lien permanent

J'y perds quelque chose mais si cela donne la paix je me console .

... Est-il quelque va-en-guerre qui soit capable d'un tel altruisme actuellement ? ça se saurait !... Guerre religieuse, guerre de conquête, guerre de clans politiques, chasse au pouvoir , on n'a que l'embarras du choix, surtout l'embarras d'ailleurs .

 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen duchesse de Saxe-Gotha

[vers le 1er janvier 1761]

Madame, il faut donc que l'année 1761 recommence avec la guerre ! Il faut donc que toutes vos vertus, ou toute la conciliation de votre esprit ne puissent détourner ce fléau de votre voisinage et même de vos États ! Voilà donc les choses à peu près comme elles étaient dans le commencement de ces funestes troubles ! Il y a longtemps , madame, que je n'ai pris la liberté de mêler ma douleur à celle que Votre Altesse Sérénissime ressent de tant de désastres . Les larmes qu'elle verse sur les malheurs de l'Allemagne sont d'autant plus belles, que les désolations qui vous environnent ne vont point jusqu'à vous . Une princesse ne souffre guère personnellement : mais une âme comme la vôtre souffre des peines d'autrui . J'ignore si l'interruption du commerce attachée au fléau de la guerre n'a point empêché le petit paquet qui contenait l’Histoire de Pierre Ier de parvenir jusqu'à Votre Altesse Sérénissime .

Il faut au moins que je l'amuse d'une petite aventure de nos climats pacifiques . J'ai quelques terres dans le pays de Gex aux portes de Genève . Les jésuites en ont aussi, ce sont mes voisins . Non contents du royaume du ciel dont ils sont sûrs, ils avaient usurpé un domaine très considérable sur six pauvres gentilshommes, tous frères , tous mineurs, tous servant dans le régiment des Deux-Ponts . J'ai pris le parti de ces messieurs . Il fallait quelque argent . Je l'ai donné . Calvin ne me le rendra pas, mais enfin j'ai arraché le bien des mains des jésuites et je l'ai fait rendre aux propriétaires . Voilà madame ma bataille de Lissa 1. Je sais bien que saint Ignace ne me pardonnera pas . Mais n'est-il pas vrai que je trouverai grâce à vos yeux, madame ? Il n'y a point de saint dont j'ambitionne la protection comme la vôtre . Je suis sûr que la grande maîtresse des cœurs rira de me voir vainqueur des jésuites . Elle aimera les guerres qui finissent par rendre à chacun ce qui lui appartient . On dit Pontichéri au pouvoir des Anglais . J'y perds quelque chose mais si cela donne la paix je me console .

Je me mets aux pieds de Votre Altesse Sérénissime et de toute votre auguste famille avec le plus tendre respect .

Le Suisse V. »

 

1 Lissa avait été fondée par des Moraves chassés de Bohème au XVIè siècle ; en outre V* pensait à une autre ville nommée Lissa (= Leuthen ) champ de bataille qui avait vu la victoire de Frédéric II (voir lettre du 20 décembre 1757 à d'Argental : … ). Dans l'espoir de prendre ses quartiers d'hiver en Silésie, le prince Charles et Daun avaient marché sur Leuthen, mais Frédéric II s'attendant à ce mouvement manœuvra si bien que le 5 décembre 1757 il infligea une sévère défaite aux Autrichiens (19 décembre) , leur tuant ou leur prenant prisonniers 55000 hommes sur un total de 90 000 alors qu'il n'avait que 40 000 hommes .

 

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01/01/2016 | Lien permanent

Ce que vous m’apprenez, monsieur, me surprend beaucoup, si pourtant quelque chose dans ce monde doit nous surprendre

... Il est vrai que la réalité dépasse la fiction , tout comme la télé-réalité dépasse l'affliction.

 

realite fiction.png

De preux chevaliers tuent des dragons pour sauver/sauter de gentes dames tous les jours 

[NDLR : Avec nos excuses, dames et damoiselles ; James a fumé l'herbe de la pelouse de Sofia]

 

 

« A Pierre Rousseau

à Francfort

Au château de Ferney en Bourgogne,

par Genève, 28è novembre 1762

Ce que vous m’apprenez, monsieur, me surprend beaucoup, si pourtant quelque chose dans ce monde doit nous surprendre. Je vous croyais à l’abri de tout dans le pays des Ardennes, et au milieu des rochers; je m’imaginais que M. le duc de Bouillon y était absolument le maître , et en état de vous favoriser ; vous me paraissiez avoir sa protection , je ne vois pas ce qui a pu vous l’ôter. Si vous m’aviez averti plus tôt, j’aurais tâché de vous être utile , il aurait été peut-être plus convenable à vos intérêts que vous eussiez accepté le château que je vous offrais dans le voisinage de Genève, vous y auriez joui de la plus grande indépendance, et vous auriez eu les débouchés les plus sûrs pour le débit de votre journal 1 ; mais votre dernier naufrage vous a conduit dans un port qui est bien au-dessus de tout ce que je pouvais vous offrir ; vous n’auriez eu chez moi que de la liberté, et vous avez à Manheim la protection d’un prince aussi éclairé que bienfaisant. Heureusement pour vous il n’y a dans le Palatinat que des jésuites allemands qui n’entendent pas le français, et qui ne savent que boire.

Ne doutez pas que je n’aie l’honneur d’écrire à Son Altesse Électorale tout ce que je pense de vous et de votre journal. Je n’ai point ici la tragédie d’Olympie ; je l’ai envoyée à un de mes amis, dans le dessein de la corriger encore. Elle a servi aux amusements de Mgr l’Électeur palatin ; elle a même servi aux miens, je l’ai fait jouer sur mon petit théâtre de Ferney ; mais ce n’est pas assez de s’amuser, il faut tâcher de bien faire, et cela est prodigieusement difficile. Je suis fâché qu’un autre prince 2 dont vous parlez vous ait pris pour un Wigh, et qu’il ait cassé vos vitres ; on s’attendait autrefois qu’il casserait celles de Londres, il paraît que les temps sont bien changés, et qu’il l’est encore davantage. Les horribles malheurs qu’il a essuyés doivent, ce me semble, consoler les particuliers qui ont à se plaindre de la fortune. Je m’intéresse extrêmement, monsieur, à tous les chagrins que vous avez essuyés ; et si mon faible suffrage peut contribuer à votre félicité à la cour de Manheim, vous pouvez y compter, comme sur mon estime et mon attachement.

Vous me ferez plaisir, monsieur, de me dire quel est l'honnête homme qui aime tant la messe, et si peu la vertu . Il est bon de connaître son monde . Je m'intéresse assez à vous pour souhaiter des détails de toutes les injustices que vous avez essuyées . 3»

2 Frédéric II .

3 L'édition Lettres inédites supprime ce dernier paragraphe, qui sera restitué seulement par Moland .Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/05/correspondance-annee-1762-partie-31.html

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09/10/2017 | Lien permanent

Je compte encore sur l'honneur qui dirige toutes ses actions, et qui ne lui permettra pas de faire une chose si contrair

... Ceci peut-il rassurer et consoler notre Stéphane Bern national , effondré par la "trahison" d'Harry envers sa grand'ma Lizbeth the II ?

 

 

« A Sébastien Dupont , Avocat au Conseil

souverain d'Alsace, etc.

à Colmar 1

Vous voilà , mon cher ami, du conseil de M. le duc de Virtemberg mais songez que vous êtes aussi à la tête du mien . Soyez arbitre entre lui et moi, entre la grandeur et l'amitié .

Il me semble que quelques publicistes allemands prétendent que toute les terres dépendantes du comté de Montbéliard sont substituées à perpétuité par des pactes de famille . Si cela était, comme je le présume, ma famille risquerait beaucoup ; ma nièce surtout, aurait à se plaindre, et il se trouverait que je l'aurais dépouillée de mon bien en voulant le lui assurer . Je sais que M. le duc de Virtemberg s’oblige pour lui et pour ses hoirs, mais ces hoirs pourront fort bien ne se point croire obligés . M. le prince Louis-Eugène de Virtemberg, frère du duc régnant, semble même refuser de s'engager par une simple parole d'honnêteté et de générosité qu'on lui demandait . Peut-être avec le temps pourrait-on obtenir de lui cette démarche que l'âme noble d'un prince ne doit pas refuser . Mais enfin nous n'avons fait jusqu'ici auprès de lui que de vains efforts .

Vous sentez bien, mon cher ami, que ce n'est pas mon intérêt qui me guide . Je tombe dans une décrépitude infirme, et le duc régnant me survivra sans doute, mais Mme Denis peut lui survivre, et vous savez que j'étais prêt de passer un autre contrat avec lui, en faveur de mon autre nièce et de mes neveux . La difficulté qui se présente arrête la conclusion de cette affaire, et fait trembler pour les précédentes .

Vous êtes à portée de savoir si en effet le duc régnant a pu stipuler pour ses hoirs, si les domaines de Franche-Comté et d'Alsace répondent de la dette, et quelles mesures on pourrait prendre pour nous donner toutes les sûretés nécessaires . J'avoue que je n'avais jamais douté que M. le prince Louis qui m'a honoré de ses bontés depuis son enfance, et qui est aujourd'hui mon voisin, pût faire la moindre difficulté d'acquitter un jour une dette si légitime, en cas qu'on eût le malheur de perdre son frère aîné . Je compte encore sur l'honneur qui dirige toutes ses actions, et qui ne lui permettra pas de faire une chose si contraire à l'élévation de son âme, et à la noblesse de son rang : mais enfin, il vaut mieux dépendre de la sanction des lois que de la volonté des hommes .

Je m'en remets à vous, mon cher ami ; je vous prie de conduire ce pauvre aveugle, qui l'est surtout en affaires, et qui vous aime de tout son cœur .

V.

 

20è novembre 1764 à Ferney.

N.B. – Je présume que les terres du duc de Virtemberg qui sont en France, sont régies selon les lois de la France, et il me semble que nos lois ne permettent plus les substituions perpétuelles, excepté sur les duchés-pairies, mais j'ai cherché en vain ces règlements dans les conférences de Bornier 2. Il est rare de trouver dans les livres ce qu'on y cherche . Je vous supplie de conférer de tout cela avec M. de Bruge, qui doit être depuis longtemps au fait des affaires de la maison de Virtemberg. »

1 Le manuscrit original porte le cachet « Strasb[ourg] » ; Dupont a porté sur le manuscrit « répondu le 1er décembre 1764 » et « Struve Corp[us] juris public [academicum, Jena, 1734] p. X, 196. Alsatia illustrata t. 2, P. 78 ordonn[ance] d'Orléans oct [obre] 17] 59 la Novelle 159 »

2 Philippe Bornier , Conférences des nouvelles ordonnances de Louis XIV […] avec celles des rois prédécesseurs de sa Majesté, 1681 .Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9607069f.texteImage

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15/01/2020 | Lien permanent

Je ne me console point de voir que ceux qui devraient combattre les uns pour les autres, sous le même drapeau, soient ou

... Voltaire aurait-il assisté secrètement à "l'université de rentrée" du LREM pour nous en donner un si exact bilan ?

https://www.20minutes.fr/politique/2599519-20190909-pique...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

21è juillet 1764 1

Mon cher frère, j'espère qu'avant qu'il soit un mois vous aurez quelques exemplaires du livre que vous demandez . Je ne sais si M. Marin a eu l'exemplaire de Corneille que frère Cramer lui avait promis . En cas qu'il n'en ait point pouvez-vous lui en donner un ? Je ne sais encore s'il en reste pour MM. Du Clairon et Chamfort . Ce sont les trois seuls que je vous recommande, supposé que vous ayez des fonds pour ces petites libéralités . On m'a dit qu'une traduction d'une pièce anglaise en trois actes, intitulée Saül et David, se débite à Paris sous mon nom . C'est un libraire nommé Besogne qui a eu cette insolence et cette malice . Je regarde ces supercheries des libraires comme des crimes de faux . On est aussi coupable de mettre sur le compte d'un auteur un ouvrage dangereux que de contrefaire son écriture .

Je me trouve dans des circonstances épineuses, où ces odieuses imputations peuvent me faire un tort irréparable, et empoisonner le reste de ma vie . Je veux bien être confesseur, mais je ne veux pas être martyr . Je vous prie, mon cher frère, au nom de l'amour de la vérité qui nous unit, de vouloir bien faire parvenir cette lettre à M. Marin 2. Il me semble qu'il vaut mieux s'adresser à ceux qui sont à portée de parler aux gens en place, que de fatiguer par des désaveux dans des journaux un public qui ne vous croit pas . C’est un triste métier que celui d'homme de lettres, mais il y a quelque chose de plus dangereux, c'est d'aimer la vérité .

Je ne me console point de voir que ceux qui devraient combattre les uns pour les autres, sous le même drapeau, soient ou des poltrons, ou des déserteurs, ou des ennemis. La folie de Rousseau m’afflige. Est-il vrai que c’est à Duclos qu'il écrivait cette indigne lettre dans laquelle il disait que j’étais le plus violent et le plus adroit de ses persécuteurs ?3 y eut-il jamais une démence plus absurde ? Faut-il mon cher frère, qu'on ait à la fois les fidèles et les infidèles à combattre, et qu'on passe pour un persécuteur tandis qu'on est soi-même persécuté ?4 Tout cela fait saigner le cœur . L’amitié seule d’un philosophe peut guérir ces blessures.

Que dit Gabriel ? Que fait-il ? L'avez-vous bien grondé ?

Ecr l'inf. »

1 L’édition de Kehl suite à la copie Beaumarchais incorpore à une version incomplète de la présente lettre des extraits déformés de la lettre du 24 juillet 1764 . L'effet recherché est toujours le même : dissimuler l'excessive assiduité de la correspondance entre V* et Damilavile . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/08/correspondance-annee-1764-partie-25.html

2 Cette lettre à Marin n'est pas connue . Il s'agit également d'une « lettre ostensible3.

4 V* fait allusion à son affaire des dîmes, qu'il aurait perdue devant la parlement de Bourgogne si on ne l'avait pas déféré au conseil d’État ; dans le même temps on vient de lui rétablir sa pension d'historiographe du roi qu'il n'exerce plus en réalité .

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10/09/2019 | Lien permanent

nous espérons justice, une grande partie de l'Europe la demande avec nous

... Suite aux propos imbéciles de Mr Trump, président par accident .

 

 

« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis

Au château de Ferney 15è février 1763

Une des raisons, monseigneur, qui font que je n'ai eu depuis longtemps l'honneur d'écrire à Votre Éminence, n'est pas que je sois fier ou négligent avec les cardinaux, et les plus beaux esprits de l’Europe ; mais le fait est que je deviens aveugle , au milieu de quarante lieues de neige, pays admirable pendant l'été, et séjour des trembleurs d'Isis pendant l'hiver 1. On dit que la même chose arrive aux lièvres de nos montagnes . Je me suis mêlé ces jours-ci des affaires d'un autre aveugle, petit garçon fort aimable, inconnu sans doute, aux princes de l’Église romaine, mais avec lequel on ne laisse pas de jouer avant qu'on ne soit prince : j'ai marié Mlle Corneille à un jeune gentilhomme, dont les terres touchent les miennes . Il se nomme Dupuits, il est officier de dragons, estimé, et aimé dans son corps, très attaché au service, et voulant absolument faire de petits militaires qui ne se feront pas tuer par des Anglais ou des Allemands . Je regarde comme un devoir de vous donner part de ce mariage, comme à un des protecteurs du nom de Corneille, et au meilleur connaisseur de ses beautés et de ses fatras .

Je cherchais un descendant de Racine , pour ressusciter le théâtre, mais n'en ayant point trouvé, j'ai pris un officier de dragons . J’écris à l'Académie française, à laquelle je dédie l'édition, qui fera une partie de la dot, et je demande que tous ceux qui assisteront à la séance, à la réception de ma lettre, me permettent de signer pour eux au contrat .

Je commence par demander la même grâce à Votre Éminence, l'ombre de Pierre vous en sera très obligée, et moi, autre ombre, je regarderai cette permission comme une très grande faveur . Nous n’avons point clos le contrat, et nous vous laissons, comme de raison, la première place parmi les signataires, si vous daignez l'accepter .

Je suppose que vous vous faites apporter les nouveaux ouvrages qui en valent la peine, et que vous avez vu les factums pour les Calas . L'affaire a été rapportée au conseil avec beaucoup d’équité, c'est-à-dire, de la manière la plus favorable ; nous espérons justice, une grande partie de l'Europe la demande avec nous . Cette affaire pourra faire rentrer bien des gens en eux-mêmes, inspirer quelque indulgence, et apprendre à ne pas rouer son prochain, uniquement parce qu'il est d'une autre religion que nous .

Voulez-vous, monseigneur, vous amuser avec l'Héraclius de Calderon, et la conspiration contre César de Shakespear ? J'ai traduit ces deux pièces, et elles sont imprimées, l'une après Cinna, l'autre après l'Héraclius de Caldéron 2, comme objets de comparaison . Cela rendra cette édition assez piquante . J'aurai l'honneur de vous adresser ces deux morceaux, si vous me le commandez . Je n'ai point encore reçu le discours de notre nouveau confrère l'abbé de Voisenon ; on en dit beaucoup de bien .

Agréez, monseigneur, les tendres respects du vieil aveugle de soixante et dix ans, car il est né en 1693 3. Il est bien faible, mais il est fort gai , il prend toutes les choses de ce monde pour des bouteilles de savon 4, et franchement, elles ne sont que cela . »

1Allusion à l'opéra de Quinault et Lulli, Isis, 1677 . Acte IV , scène 1, la scène représente « l'endroit le plus glacé de la Scythie », un chœur des peuples des climats glacés » paraissent « transis de froid » chante sur des notes répétées à effet saisissant de tremblement : « L'hiver qui nous tourment / S'obstine à nous geler ; / Nous ne saurions parler / Qu'avec une voix tremblante ./ La neige et les glaçons / Nous donnent de mortels frissons / Les frimas se répandent / Sur nos corps languissants, / Le froid transit nos sens / Les plus durs rochers se fendent ./ La neige et les glaçons / Nous donnent de mortels frissons . ». Ecouter : https://open.spotify.com/album/3OQkSKJ7VX9ApIGW9aSfs7

2 Lapsus pour Corneille .

3 On sait qu'en réalité V* est né en 1694, le 21 novembre .

4 Sur ce mot bouteille, « bulle », voir lettre du 22 juillet 1761 à Mme du Deffand : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/06/24/qu-on-me-montre-un-homme-qui-soutienne-la-gloire-de-la-natio-5819043.html

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14/01/2018 | Lien permanent

Il y a beaucoup d’additions toutes prêtes, pour le texte et pour les notes sur la tolérance

... Et je crois bien qu'aucune n'est Donald Trump, semeur de zizanie  patenté ( ici je reste poli, vous savez bien ce qu'on sème quand on est un emmerdeur comme lui ), assez abruti pour reconnaître Jérusalem comme capitale israelienne, assez retors pour compter sur la réaction violente palestinienne . Cette réaction ne s'est pas faite attendre, les Palestiniens , par le Hamas tout aussi bornés/bernés que leurs adversaires,  réclament les armes à la main un territoire dont ils vont bientôt manger les racines de pissenlits . Mon pauvre Voltaire, comment parler de tolérance quand on mélange Yahwhe, Allah et le dollar ?   

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« A Gabriel Cramer

[vers le 20 janvier 1763]

En lisant les feuilles du volume des additions, je vois qu'on a fidèlement copié toutes les fautes de la première édition de l’Histoire, c'est ainsi qu'on en a usé quand on a réimprimé quelques tragédies . Je ne conçois pas comment les personnes que monsieur Cramer emploie ont pu avoir tant de négligence ou si peu de discernement .

Voici par exemple , la page 324 1 du volume des additions, feuille X, ligne 5 : aussi ces pays ne sont-ils pas aussi peuplés . Il est évident qu'il faut, aussi ces pays ne sont-ils pas assez peuplés .

Je suis trop malade pour faire une lecture suivie . Mais j'avertis en général, qu'un errata est très nécessaire ; parce qu'on ne manquerait pas , un jour , de copier toutes les fautes dans une nouvelle édition ; l'art de la typographie est un très bel art, par parenthèse, dont personne ne doit rougir, et où tous ceux qui s'y sont une fois livrés, devraient mettre tous leurs soins . Je ne dis pas cela pour Caro, il s'en faut de beaucoup, mais Caro ne peut pas tout faire ; et un pauvre homme comme moi, chargé de quatre ouvrages considérables, et de maladies, et d'années, est bien embarrassé . Je renvoie la feuille R de Nicomède, et je prie qu'on la remanie avec beaucoup d'attention .

J'embrasse Caro .

Il y a beaucoup d’additions toutes prêtes, pour le texte et pour les notes sur la tolérance . Si on veut m'envoyer le manuscrit tout à l'heure, nous arrangerons tout cela, et je renverrai le manuscrit lundi matin . Ainsi on préviendra les remaniements continuels qu’il faudrait faire à chaque feuille pour y insérer les nouveaux morceaux qui sont très essentiels . »

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09/12/2017 | Lien permanent

Vous me paraissez si supérieur dans votre genre que je ne suis point du tout étonné que vous ayez essuyé des dégoûts qui

... Oui, M. Collomb, c'est à vous que je m'adresse, vous qui venez de montrer si bien que vous avez atteint votre seuil d'incompétence, le niveau national étant trop élevé pour vous qui n'avez pour ambition que d'être maître à Lyon, petit Jules César qui préfére être maître de son village plutôt que second à Rome .

Vale .

 Image associée

Il arrive à temps pour le Beaujolais nouveau !

 

« A Jean-Georges Noverre 1

11 octobre 1763 2

J'ai lu monsieur, votre ouvrage de génie 3; mes remerciements égalent mon estime . Votre titre n'annonce que la danse, et vous donnez de grandes lumières sur tous les arts . Votre style est aussi éloquent que vos ballets ont d'imagination . Vous me paraissez si supérieur dans votre genre que je ne suis point du tout étonné que vous ayez essuyé des dégoûts qui vous ont fait porter ailleurs vos talents . Vous êtes auprès d'un prince qui en sent tout le prix .

Une vieillesse très infirme m'a seule empêchée d'être témoin de ces magnifiques fêtes que vous embellissez si singulièrement ; vous faites trop d'honneur à La Henriade de vouloir bien prendre le temple de l'amour pour un de vos sujets : vous ferez un tableau vivant de ce qui n'est chez moi qu'une faible esquisse . Je crois que votre mérite sera bien senti en Angleterre, parce qu'on y aime la nature . Mais où trouverez-vous des acteurs capables d'exécuter vos idées ? Vous êtes un Prométhée ; il faut que vous formiez des hommes, et que vous les animiez .

J'ai l'honneur d'être, avec tous les sentiments que vous méritez, etc., etc. »

2 L'édition de Kehl place la lettre en septembre 1760 sans doute en rapport avec l'édition des Lettres sur la danse et sur les ballets, 1760 . mais V* avait reçu de Noverre un exemplaire de la seconde édition, 1763, en même temps qu'une lettre datée du 1er septembre 1763 à laquelle il répond . La date précise du 11 octobre est donnée dans le Vie de David Garrick, d'A. Murphy, traduite par J.-E.-F. Marignié, 1800 et par une édition des Lettres à peu près contemporaine (1800-1802).

Noverre dit notamment dans sa lettre envoyée de Stuttgart : « […] malgré la réussite de mes ouvrages, j'ai quitté ma patrie avec la résolution de ne plus y exercer mes talents ; ils y ont été repoussés par les directeurs de l'Opéra, auxquels je les offrais même gratuitement […] Je croirais, monsieur, n'avoir rempli qu'imparfaitement ma carrière, si j'abandonnais le théâtre sans avoir donné un ballet tiré de La Henriade […] Le neuvième chant […] m'offre une carrière vaste dans laquelle je puis déployer toutes les richesses de mon art, et réunir dans un seul cadre tous le sgenres d'expressions possibles : le tendre, le voluptueux, le terrible y paraîtront toutr à tour, s'y disputeront l'avantage d eplaire, et me fourniront, ave =c des contrastes admirables, ce clair-obscur si nécessaire à la réussite des arts . » Suivait une description détaillée de l'action et du projet chorégraphique .

3 Lettres sur la danse et sur les ballets ; voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k108204h.texteImage

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05/10/2018 | Lien permanent

Si vous voulez avoir des informations, je crois qu'il les faut juridiques ...vous auriez une réponse satisfaisante qui v

... Consigne raisonnable à tous élus et fonctionnaires , et tous dirigeants de tout poil .

 

 

« A Gian-Francesco Marengo à Paris

Au château de Ferney, 20 mai 1765 1

La confiance que vous voulez bien me témoigner, monsieur, me flatte et m'honore . La retraite profonde où je vis, mon âge avancé, et les maladies dont je suis accablé , mettent hors d'état de faire les recherches qui seraient nécessaires pour le dessein que vous avez . J'avoue que vous avez raison de penser que le sieur Jean-Jacques Rousseau, ne s'étant guère occupé à Paris qu'à exciter des troubles dans le parterre de l'Opéra, étant chassé de France, de Genève et de Berne , n'est guère propre à concilier les esprits d'une République . Mais, monsieur, je ne puis vous rendre un compte bien exact de ses livres que je n'ai presque point lus, ni de sa personne que je ne connais point du tout . Si vous voulez avoir des informations, je crois qu'il les faut juridiques ; je pense que si vous écriviez à messieurs du Conseil d’État de Genève, ou du mons à M. le procureur général, vous auriez une réponse satisfaisante qui vous mettrait en état de rendre à vos concitoyens le service qu'ils semblent attendre de vous . La voix d'un particulier est trop peu de chose dans une pareille affaire .

J'ai l'honneur d'être, bien respectueusement, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire

gentilhomme ordinaire du roi. »

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11/09/2020 | Lien permanent

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