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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

de pareils sujets mériteraient d’être mis souvent sur la scène. Il est vrai qu’ils sont difficiles à traiter

... La vie des agriculteurs, français en particulier, est brutalement mise au grand jour, quelles seront les solutions compatibles entre écologie, santé publique et revenus raisonnables pour ceux qui nous nourrissent ?

https://www.20minutes.fr/societe/4072676-20240125-manifes...

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« A Paul-Phlippe Gudin de La Brenellerie 1

Si je n’ai pas eu l’honneur, monsieur, de vous remercier plus tôt, pardonnez à un vieillard malade. Je n’en ai pas moins senti le mérite de votre pièce, et les bontés dont vous vouliez m’honorer. Je viens de lire votre tragédie 2, qui a été imprimée à Genève depuis un mois; il n’y a plus moyen de vous parler en critique, quand l’ouvrage est publié : je ne dois vous parler qu’en homme très reconnaissant, et surtout très persuadé que de pareils sujets mériteraient d’être mis souvent sur la scène. Il est vrai qu’ils sont difficiles à traiter ; mais il paraît, à votre coup d’essai, que vous seriez capable de faire des chefs-d’œuvre ; la conformité de votre manière de penser avec la mienne semble me permettre de compter un peu sur votre amitié ; les philosophes n’ont plus d’autre consolation que celle de se plaindre ensemble.

J’ai l’honneur d’être, avec tous les sentiments que vous méritez,

monsieur,

votre très humble, et très obéissant serviteur

V. 

6 juin 1768.»

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26/01/2024 | Lien permanent

Un jour, rois, papes, empereurs font des ligues, demain ils seront ennemis mortels

 ... Nous verrons bien quand le nouveau pape sera sous tiare comment il se comportera avec les soi-disant grands de ce monde .

Combien vont tenir parole ?

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« A M. Jean-Robert TRONCHIN
à Lyon
Aux Délices 7 décembre [1757].
Vous devez savoir la journée des dix-sept ponts jetés en même temps sur l'Oder, des treize attaques faites à la fois aux retranchements prussiens, et du sang répandu pendant six heures, et des Prussiens battus, et de leurs canons pris, et de leur retraite dans Breslau, et de Breslau bloquée. J'attends de Vienne un plus ample détail. Voilà ce qu'on m'a marqué en gros et à la hâte, à l'arrivée des postillons cornant du cor et annonçant dans Vienne, le 25 novembre, cette grande affaire du 22, qui nous venge et qui nous humilie.

Je serai bien stupéfait si on veut écouter à Versailles des propositions du roi de Prusse; ce qu'on y craint le plus, après le feu roulant, c'est de donner le plus léger ombrage à l'impératrice. On ne peut plus séparer ce qu'un moment a uni. Le roi de Prusse peut encore donner une bataille, dire des bons mots, plaire aux vaincus, et déchirer des draps pour faire des bandages aux blessés; c'est ce qu'il fit le 5 novembre au soir mais, à la fin, il faut qu'il succombe, à moins qu'on ne se conduise comme en 1742. Je ne sais encore nulle nouvelle positive de la fidélité des Hanovriens et des Hessois mais il est bien sur que, sans les Autrichiens, nous serions perdus.
Qui aurait dit au cardinal de Richelieu que les Français devraient un jour leur salut en Allemagne aux armes autrichiennes, l'eût bien étonné. Cosi va il mondo.

Fan' lega oggi Re, papi, imperadori,

doman' saranno capitani 'nimici. 1

Le bled renchérit . Ainsi trouvez bon que je mette dans votre escarcelle un petit billet d'Andalousie de 4386 livres tournois .

Permettez que je mette les incluses dans votre paquet .

Les arbres viendront bien à propos avant que j'aille, à Lausanne et que je sois tout suisse.

Je vous embrasse du meilleur de mon âme . Ainsi fait Mme Denis .

V.

A propos ne vous ai-je pas dit que demeurant à la campagne j'envoie quelquefois mes lettres trop tard à la ville et que vous les recevez l'ordinaire d'après ? »

1  Vers adaptés de l'Arioste, dans l'Orlando furioso : Ainsi va le monde, Un jour, rois, papes, empereurs font des ligues, demain ils seront ennemis mortels .

 

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13/02/2013 | Lien permanent

La France a besoin d'une belle campagne pour sa gloire, mais elle a encore plus besoin de la paix pour son argent

... La France se dispenserait bien de toute campagne militaire à vrai dire , gloire ou pas gloire à la clé . Existe -t-il ou a-t-il jamais existé une seule guerre qui ne soit pas une défaite tant du vainqueur que du vaincu ?

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 Ou "comment garnir des cimetières"


« A Jean-Robert Tronchin

à Paris

23 janvier 1760

Vous êtes bien bon,mon cher monsieur, de songer à votre fermier des Délices, au milieu de toutes vos affaires et même des affaires générales, sur lesquelles je ne doute pas que vous n'ayez donné de bons conseils, quoique vous ne vous en vantiez pas 1. La France a besoin d'une belle campagne pour sa gloire, mais elle a encore plus besoin de la paix pour son argent .

Je vois bien,monsieur, que le paiement de mes coupons est un tour de votre amitié ; je vous reconnais bien là ; je n'ai jamais que des grâces à vous rendre . Quant à MM. Tourton et Baure 2, il me semble qu'ils pourraient bien me faire le petit plaisir de me payer ; le ministre de Mgr l’Électeur palatin m'a mandé, de la part de son maître, qu'ils avaient ordre de me payer toujours aux échéances, sans aucun délai . Si vous rencontrez ces messieurs ne pourriez-vous pas avoir la bonté de leur dire que je les supplie d'écrire un petit mot en conformité à M. le baron de Beckers, à Manheim ; je serais fort aise de savoir cette petite affaire en règle . Je vous demande pardon de vous importuner de ces bagatelles, lorsque vous avez tant de choses importantes sur les bras .

Je vous embrasse de tout mon cœur .

Votre très humble obéissant serviteur

V.

M. le duc de Choiseul m'a accordé une grâce pour un de vos citoyens 3 de Genève, dont je suis très touché . »

2 Banquiers parisiens , dont on entendra parler encore dans la défense de la famille Calas (voir par ex. : http://www.monsieurdevoltaire.com/pages/En_direct_par_VOL... ).

3 Prévost ; voir aussi lettre du 22 décembre 1759 à Tronchin .

 

 

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28/01/2015 | Lien permanent

vous adoucissez vos souffrances par la lecture. C’est en effet une grande ressource ; mais ce n’en est une que pour les

... Hélas !

 

« A Anne-Marie Cholier, baronne de Verna

3 juillet 1764, au château de Ferney 1

Madame,

La conformité de votre état au mien est une nouvelle raison qui devait m’engager à répondre plus tôt à la lettre dont vous m’avez honoré ; et c’est précisément ce qui m’en a empêché. Une fluxion sur les yeux, qui se joint à tous mes maux, m’ôte la liberté d’écrire ; mais votre lettre est bien capable de me faire penser. Je vois que vous adoucissez vos souffrances par la lecture. C’est en effet une grande ressource ; mais ce n’en est une que pour les bons esprits, qui sont en très petit nombre. Bien peu de dames cherchent à s’instruire ; c’est un grand avantage que vous avez sur elles. Mes ouvrages ne sont pas dignes assurément de l’honneur que vous leur faites ; mais vous y suppléez en pensant de vous-même les choses que je n’ai pas dites. Je ne fais que mettre sur la voie ; je présente des esquisses, et vous achevez dans votre esprit ce que je n’ai fait qu’ébaucher.

Il y a des vérités qu’on ose à peine faire entrevoir au public, mais que des personnes comme vous saisissent tout d’un coup, et qu’elles développent. Je souhaite, madame, que ces vérités, qui ne sont faites que pour les philosophes, vous soient de quelque consolation. La philosophie est le plus grand des remèdes, c’est la santé de l’âme ; et il paraît que si votre corps souffre, votre âme se porte très bien. Vous ne trouverez point, madame, que ma philosophie soit rebutante, elle est même quelquefois un peu trop gaie. Dans ce dernier cas, j’ai besoin de votre indulgence.

Vous me faites bien regretter, madame, d’avoir si peu profité du temps que vous êtes venue passer à Genève. Vous aviez malheureusement alors plus besoin de M. Tronchin que de moi. Si jamais vous croyez en avoir besoin encore, daignez, madame, ne prendre d’autre maison que la mienne. J’ai l’honneur d’être, avec bien du respect, etc. »

1 L'original signé est passé à la vente du baron Dauphin de Verna à Lyon le 4 novembre 1895 . La destinataire , à Grenoble, est la femme de François Dauphin, baron de Verna . Voir : https://gw.geneanet.org/ellorer?lang=en&pz=marine&nz=rerolle&p=anne+marie&n=de+cholier+de+cibeins

et : https://gw.geneanet.org/ellorer?lang=en&pz=marine&nz=rerolle&p=francois&n=dauphin+de+verna

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25/08/2019 | Lien permanent

honteux, je ne le suis pas, au contraire

... Pense certainement Edouard Philippe qui a bombardé Jean-Guy Talamoni, d'un titre ministériel : lapsus ou prémonition ?... Lapsus calami !

http://www.bfmtv.com/politique/edouard-philippe-s-adresse...

La Corse dispose assez de privilèges sans avoir besoin d'un gouvernement autre que celui de la République française, je le pense .

 Résultat de recherche d'images pour "ministres en corse"

Les ministres, les vrais, se contentent de prendre  leurs vacances en Corse  .

 

« A Béatrix de Choiseul-Stainville, duchesse de Gramont

aux Délices, par Genève, 18 mars 1763

Madame,

Il faut que le quatre-vingts des Alpes se mette encore à vos pieds . Il craint d’avoir fait une sottise en lui envoyant un si énorme paquet . On peut très bien dire : De quoi vous avisez-vous d'importuner toujours Mme la duchesse de Gramont, et d'abuser de ses bontés ? Vous lui demandez une grâce pour le capitaine Pictet, brave Suisse de Genève 1, elle l'accorde sur le champ . Vous lui demandez sa protection pour Mlle Corneille, et elle fait partir deux cents louis d'or pour la souscription du roi . Vous l'implorez pour la veuve Calas, et la veuve Calas gagne son procès . N'êtes-vous pas content et honteux ?

À cela je réponds, madame, que je suis pénétré d'admiration pour votre caractère et de reconnaissance pour vos bienfaits ; mais pour honteux, je ne le suis pas, au contraire, je suis persuadé que, si vous daignez obtenir la moindre petite aumône pour la veuve Calas, vous gagnerez encore plus d'âmes à vous que de huguenots à l’Église . Je ne peux vous dire à quel point cette petite attention de Sa Majesté pour une famille infortunée tournerait la tête à six ou sept cent mille hommes . Ils sauraient bien que ce serait à vous , madame, qu'elle devrait cette consolation . Ce serait bien alors que la mémoire du pauvre Calas serait réhabilitée . Non, madame, le roi ne peut rien faire de plus beau à moins de frais . Quand il ne donnerait que cent écus, je regarderais ce don comme un trésor inestimable .

Daignez, madame, pardonner à mon zèle, à mon indiscrétion .

J'ai dans l'idée que vous pouvez très bien vous passer de montrer mon inutile lettre à Mme de Pompadour . Un mot de votre bouche doit tout faire . Il me semble que tout cela va de soi-même . On parle au roi de la petite Calas, qui s'évanouit deux fois pendant ce Grand Conseil qui se tenait à Versailles ; on lui dit que les gens tenant la cour du parlement sont bien puissants, puisqu'ils font rouer les pères de famille , sans forme de procès ; le roi s'attendrit, il donne une petite somme de sa cassette, et l'Europe applaudit .

Je me jette à vos pieds, madame, avec le plus profond respect et l'enthousiasme que vos bontés m'inspirent .

Le quinze-vingts des Alpes Voltaire. »

1 Probablement, Pierre Pictet, surnommé « la grand âme » par V* ; voir page 3 : http://www.archivesfamillepictet.ch/bibliographie/documents/VoltaireetRousseau.pdf

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14/03/2018 | Lien permanent

Il y a en France une espèce d'inquisition sur les livres

... Censure et sanction, de nos jours, en France ? Allons donc ! dit-on de prime abord . Et puis à la réflexion, tout bien pesé  : oui, Voltaire voit encore juste au XXIè siècle : http://www.plume-escampette.com/la-censure-litteraire-exi...

La censure ne connaissant pas de frontières, ce foutu Mahomet, celui par qui le scandale arrive dès qu'on l'évoque, est bel et bien protégé par des aigre-pisseux trouillards des USA :  https://www.lefigaro.fr/vox/culture/south-park-peut-se-moquer-de-tout-le-monde-sauf-de-mahomet-20200625

Un épisode de la série animée américaine South Park.

 

 

 

« A Jean-François Marmontel, de

l'Académie française, chez Mme

Geoffrin, rue Saint-Honoré vis-à-vis

les Capucins

à Paris

25è mars 1765 1

Mon cher confrère, vos contes sont pleins d'esprit, de finesse et de grâces ; vous parez de fleurs la raison, on ne peut vous lire sans aimer l'auteur . Je vous remercie de toute mon âme des moments agréables que vous m'avez fait passer . Il n'y a pas un de vos 2 nouveaux contes dont vous ne puissiez faire une comédie charmante . Vous savez bien que Michel Cervantes disait que sans l’inquisition Don Quichotte aurait été encore plus plaisant . Il y a en France une espèce d'inquisition sur les livres qui vous empêchera d'être aussi utile que vous pourriez l'être à l'intérêt de la bonne cause : c'est assurément grand dommage, mais c'est du moins une grande consolation que les philosophes se tiennent unis, qu'ils conservent entre eux le feu sacré, et qu'ils en communiquent dans la société quelques étincelles . Vous voyez, par l'exemple des Calas et des Sirven, ce que peut le fanatisme ; il n'y a que la philosophie qui puisse triompher de ce monstre, c'est l'ibis qui vient casser les œufs du crocodile .

Plus Jean-Jacques Rousseau a déshonoré la philosophie, plus de bons esprits comme vous doivent la défendre .

Je vous prie de faire mes compliments à M. Duclos et à tous les êtres pensants qui peuvent avoir quelques bontés pour moi . Mandez-moi , je vous prie, ce que vous pensez du Siège de Calais, parlez-moi avec confiance, et soyez bien sûr que je ne trahirai pas votre secret . On m'en a mandé des choses si différentes que je veux régler mon jugement par le vôtre . Je ne puis me figurer qu'une pièce si généralement et si longtemps applaudie n'ait pas de très grandes beautés . On dit qu'on ne l'aura sur le papier qu'après Pâques , et les nouveautés parviennent toujours fort tard dans nos montagnes . Adieu mon cher confrère . Conservez-moi une amitié dont je sens bien tout le prix .

V. »

1 Sur l'original, l'adresse à partir de chez Mme Geoffrin , est d'une autre main .

2 V* a corrigé ici des en de vos .

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26/06/2020 | Lien permanent

Je vois que l'industrie se perfectionne tous les jours, et qu'au fond la France est un corps robuste qui se rétablit ais

... AA ou AA-, peut importe la note donnée par des bureaucrates , suivons l'exemple voltairien : travaillons pour nous et nos contemporains et nos descendants , ayons "le ridicule de planter à mon âge" ; et tout ira mieux .

Thème De La Pollution Avec Illustration De La Déforestation | Vecteur  Premium

Stop !

 

 

« A François-Thomas Moreau , seigneur de La Rochette

3 novembre 1767 à Ferney 1

Les arbres dont vous me gratifiez, monsieur, sont heureusement arrivés à Lyon. Je vais les envoyer chercher. La saison est encore favorable. Je sens également l'excès de vos bontés, et le ridicule de planter à mon âge mais ce ridicule est bien compensé compensé par l'utilité dont il sera à mes successeurs, et au petit pays inconnu que j'ai tâché de tirer de la barbarie et de la misère.

J'ai eu dans mes terres, en dernier lieu, moitié du régiment de Conti et de la légion de Flandre; ils auraient été obligés de coucher à la belle étoile il y a dix ans. Les officiers et les soldats ont été fort à leur aise. Je suis toujours très convaincu que la France en vaudrait mieux d'un tiers si les possesseurs des terres voulaient bien en prendre soin eux-mêmes ; mais je gémis toujours sur les déprédations des forêts.

Je ne pense pas du tout que la France soit aussi dépeuplée qu'on le dit. Je vois, par le dénombrement exact des feux, fait en 1753, qu'il y a environ vingt millions de personnes dans le royaume, en comptant les soldats, les moines et les vagabonds. Je vois que l'industrie se perfectionne tous les jours, et qu'au fond la France est un corps robuste qui se rétablit aisément en peu d'années par du régime, après ses maladies et ses saignées. Je ne suis point du nombre des gens de lettres qui gouvernent l'État du fond de leurs greniers, et qui prouvent que la France n'a jamais été si malheureuse mais je suis du petit nombre de ceux qui défrichent en silence des terres abandonnées, et qui améliorent leur terrain et celui de leurs vassaux.

Je vous dois bien des remerciements, monsieur, de m'avoir aidé dans mon petit travail. Je dois payer au moins la peine de vos enfants trouvés qui ont arraché les arbres, et qui les ont fait voiturer à Chailly. Je vous supplie de vouloir bien me dire à qui et comment je puis faire tenir une petite lettre de change.

Continuez, monsieur, à être utile à l'État, par le bel établissement à la tête duquel vous êtes ; jouissez de vos heureux succès ; comptez-moi parmi ceux qui en sentent tout le prix, et qui sont véritablement sensibles au bien public.

J'ai l'honneur d'être avec autant de respect que d'estime, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Copie du XIXè siècle faite d'après l'édition « Correspondance de Voltaire avec feu M. Moreau de La Rochette, inspecteur général des pépinières de France », Mémoires d'agriculture […] publiés par la Société d’agriculture du département de la Seine (Paris , An X [1801-1802] par François de Neufchâteau . C'est le texte qui a été suivi .

Voir impérativement à l'heure où l'on met enfin l'écologie en avant : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5533755b/texteBrut

et pages 264 et suiv. : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5848750t/f269.image.r=voltaire

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03/06/2023 | Lien permanent

Le service est ingrat dans ce pays-là, les mœurs en général aussi dures que le climat , la jalousie contre les étrangers

... Ah que jamais on puisse dire cela de notre France !

 

 

 

« A Nicolas-Claude Thieriot

Je commence, mon cher ami par ce qui est le plus intéressant . La personne dont je respecte le nom et le mérite, se préparerait probablement de cruels repentirs si elle prenait le parti dont vous parlez . Le service est ingrat dans ce pays-là, les mœurs en général aussi dures que le climat , la jalousie contre les étrangers, extrême, le despotisme au comble, la société nulle ; le maréchal Keit n'y put tenir, et aima encore mieux la Prusse . C'est tout dire . L'impératrice est aimable, mais sa santé est fort équivoque ; elle est menacée d'un mal qui ne pardonne guère 1, et à sa mort il peut y avoir des révolutions . En général une telle transplantation ne peut convenir qu'à un soldat de fortune, jeune , robuste et sans ressource, mais elle est bien peu faite pour un homme d'un si grand nom, encore moins pour une jeune dame élevée en France . Le nom de M[ontmorency] 2 ne doit briller que dans nos armées . Il vaut mieux attendre tout du temps en France que d'aller chercher l'ennui et le malheur 3 sous le pôle . Tel est mon avis, puisqu'on me le demande . On peut d'ailleurs consulter sur cela M. Aléthof, jeune Russe qui parle français comme vous et dont on m'a montré un petit ouvrage 4que vous verrez dans peu .

Je vous ai renvoyé Le Pauvre Diable de Vadé que vous m'aviez confié, questa coyoneria m'a fort réjoui . M. Bouret a peur de son ombre . Il pouvait très bien sans rien risquer m'envoyer La Vision . M. le duc de Choiseul qui d'ailleurs abandonne Palissot à l’indignation publique sait très bien que je condamne plus que personne le trait indécent et odieux contre Mme la princesse de Robecq . Il est absurde de mêler les dames dans des querelles d'auteurs . Voilà des philosophes bien maladroits . Il faut se moquer des Fréron , des Chaumeix, des Lefranc et respecter les dames, surtout les Montmorency 5.

Les jésuites ci-devant empoisonneurs des âmes, et aujourd'hui des corps sont une plaisanterie si bien saisie de tout le monde qu'elle se trouve dans les notes de l'ouvrage intitulé Le Russe à Paris composé par M. Aléthof 6. Les beaux esprits se rencontrent . Ce poème vaut mieux à mon avis que celui que je vous renvoie, et dont pourtant je vous remercie, mais celui du Russe est cent fois plus varié, plus intéressant, plus général, plus utile .

La lettre à Palissot ne peut être confiée qu'avec le consentement de M. d'Argental par les mains de qui elle a passé . Je n'ai eu que par hasard le mémoire de Pompignan . Tout le monde me demandait ce que j'en pensais, et personne ne me le faisait tenir .

Vous auriez bien dû me dire sous quelle enveloppe il fallait vous écrire, car souvent M. Bouret et autres sont à la campagne et les lettres sont retardées . Je vous prie instamment de me dire ce qu'on fait de l'imprudent et excusable abbé Morellet, de ce pauvre Robin mouton, d'un autre typographe, des jésuites vendeurs d’orviétan, des crucifiés et des billets de loterie . Le nouvel emprunt avec deux tiers en coupons et le tiers en argent se remplit-il ? Vous n'êtes pas homme à être instruit de ce dernier article .

Comment vont vos petites affaires ? comment vous trouvez-vous de votre nouveau gite ? où logerez-vous dans trois mois ? Vale et ama anticum amicum.

V.

30 juin [1760 aux Délices] 7»

1 Élisabeth avait souffert d’évanouissements en septembre 1757 et depuis était malade, elle mourra le 5 janvier 1762 .

 

2 V* donne ici l’initiale du nom et plus loin le nom entier ; c'est le comte de Montmorency . On le retrouve dans la lettre du 7 juillet à Thiriot :

3 Et le malheur est ajouté au dessus de la ligne .

4 Voir lettre du 30 juin 1760 à Mme d'Epinay : blog 30/6/2010

5 Mme de Robecq était une Montmorency à la fois par sa naissance et par son mariage .

6 Voir lettre du 23 juin 1760 à Chenevières : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2015/06/29/i...

et du 2 juillet à la comtesse de Lutzelbourg :

7 Date complétée par Thieriot . L'édition de Kehl omet la phrase Vous auriez bien dû... retardées .

   Courrier (cette mise en ligne)  antidaté , comme ont pu le constater les lecteurs fidèles

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02/07/2015 | Lien permanent

le chapitre général va s’assembler. Ce chapitre est composé de quatre cents élus ; on donne à chacun six bouteilles de v

... Et voilà la vie, voilà la vie que tous les moines font !

Confinés volontaires, certes, mais dévoués au soutien de la filière vinicole , Dieu les bénisse . Chantons pour eux , en choeur, cette ritournelle, bluette de carabin, apprise en  amphithéâtre : https://xavier.hubaut.info/paillardes/moines.htm#MOIN

Nos députés et sénateurs vont en crever de jalousie, eux qui ne peuvent qu'a peine réclamer des masques et pleurnicher afin qu'on les consulte "avant" de prendre les arrêtés gouvernementaux nécessaires . La démocratie a bon dos lorsqu'elle est invoquée par certains politicards .

Les moines de Saint-Bernardin - Chansons paillardes de France et d ...

Après le carême ...

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

5 de février [1765] 1

Mon adorable philosophe, nous en sommes à H 2. Vous me rendez les lettres de l’alphabet bien précieuses. Vous me comblez de joie en me faisant espérer que vous ne vous en tiendrez pas aux jésuites. Un homme qui a des terres près de Cîteaux me mande que le chapitre général va s’assembler. Ce chapitre est composé de quatre cents élus ; on donne à chacun six bouteilles de vin pour sa nuit ; cela s’appelle le vin du chevet, et vous savez que ce vin est le meilleur de France. Ces moines-là ne vous paraissent-ils pas plus habiles que les jésuites ? Cîteaux jouit de deux cent mille livres de rentes, et Clairvaux en a davantage ; mais il est juste de combler de biens des hommes si utiles à l’État. Détruisez, détruisez tant que vous pourrez, mon cher philosophe ; vous servirez l’État et la philosophie.

J’espère que frère Gabriel Cramer enverra bientôt à frère Bourgelat 3 le recueil de soufflets que vous donnez à tour de bras aux jansénistes et aux molinistes. C’est bien dommage, encore une fois, que Jean-Jacques, Diderot, Helvétius, et vous, cum aliis ejusdem farinœ hominibus 4, vous ne vous soyez pas entendus pour écraser l’inf… Le plus grand de mes chagrins est de voir les imposteurs unis, et les amis du vrai divisés. Combattez, mon cher Bellérophon, et détruisez la Chimère.

N.B. – Vous saurez qu’ennuyé de la négligence du gros Gabriel, j’ai envoyé mon exemplaire de Corneille à l’adresse de M. Duclos, à la chambre syndicale, par la diligence de Lyon. Je supplie le philosophe frère Damilaville de vouloir bien payer les frais : c’est un philosophe de finance avec lequel je m’entendrai fort bien. Adieu : je vous embrasse ; je suis bien vieux et bien malade. »

1 La phrase « Ce chapitre est composé de quatre cents élus », manquante dans l'édition de Kehl est ajoutée par Desoer .

2 H pour huitième , huit pages de la Destruction des jésuites ont été imprimées .

3 Qui se trouve à Lyon .

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28/04/2020 | Lien permanent

il peut avoir défendu des lois, mais a-t-il jamais défendu l’humanité ?

... La question ne se pose malheureusement pas à propos du corps des juges de la Cour suprême des USA actuelle : la réponse est non ! Et dire que leur décision d'abolir l'IVG est due à une majorité apportée par un vote féminin !

 

 

« A Joseph-Michel-Antoine Servan 1

14 février [1767]

Je ne peux, monsieur, vous remercier assez du discours que vous avez bien voulu m’envoyer 2. Si l’éloquence peut servir au bonheur des hommes, ils seront heureux par vous. Les cinquante dernières pages surtout m’ont ravi en admiration, et m’ont fait répandre des larmes d’attendrissement : sept à huit personnes qui étaient à Ferney ont éprouvé les mêmes transports.

Il me semble, monsieur, que vous êtes le premier homme public qui ait joint l’éloquence touchante à l’instructive : c’est, ce me semble, ce qui manquait à M. le chancelier d’Aguesseau ; il n’a jamais parlé au cœur ; il peut avoir défendu des lois, mais a-t-il jamais défendu l’humanité ? Vous en avez été le protecteur dans un discours qui n’a jamais eu de modèle ; vous faites bien sentir à quel point nos lois ont besoin de réforme. Elles seraient intolérables s’il ne se trouvait pas tous les jours dans les tribunaux des âmes éclairées et honnêtes qui en expliquent favorablement les contradictions, et qui en adoucissent la barbarie. Ce M. Pussort, qui rédigea l’ordonnance criminelle, était une âme bien dure ; voyez comme il insulta M. Fouquet dans sa prison, et avec quel acharnement il voulait le perdre ! Le premier président de Lamoignon ne fut jamais de son avis dans la rédaction de l’ordonnance.

Je ne sais, monsieur, si vous avez lu un petit Commentaire sur les Délits et les Peines, par un avocat de province 3; il y a quelques faits curieux. Une seule page de votre discours vaut mieux que tout ce livre ; je ne vous l’envoie qu’à cause de deux ou trois historiettes qui sont la confirmation de tous les sentiments que vous avez si bien exprimés.

J’ai toujours peur pour Grenoble, monsieur, qu’on ne vous demande à la capitale et au conseil. Partout où vous serez vous ferez du bien, et vous jouirez de la véritable gloire, qui est la récompense des belles âmes.

Je compte parmi les consolations qui embellissent la fin de ma carrière le souvenir que vous voulez bien conserver des moments que vous m’avez donnés.

J’ai l’honneur d’être, avec l’estime la plus respectueuse, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

Voltaire. »

2 Sans doute celui-ci : Discours de Mr. Servan, avocat-général au parlement de Grenoble, dans la cause d'une femme protestante : https://books.google.fr/books?id=q4g8t2Hi23EC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

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29/06/2022 | Lien permanent

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