Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

queste coglionerie mi trastullano un poco . Elles me délassent de mille requêtes inconsidérées, et de mille propositions

... Mais qu'est-ce qui peut amuser un président en exercice comme Emmanuel Macron , qui manque visiblement de sommeil ?

Personnellement j'ai un fort faible pour les humoristes de France Inter : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/bouquet-l-humour-d-inter

 

 

« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul

16è mars 1768 1

J'ai reçu avec satisfaction la lettre de bonne année que vous avez pris la peine de m'écrire, en date du 4 de janvier. Je continuerai toujours à vous donner des marques de mes bontés; et, quoique vous radotiez quelquefois, j'aurai de la considération pour votre vieillesse, attendu que je connais votre sincère attachement pour ma personne, et les idées que vous avez de mon caractère. J'ai souvent fait des grâces à des Genevois quand vous m'en avez prié, quoiqu'ils ne les méritent guère. Ils m'ont excédé pendant deux ans pour leurs sottes querelles et quand ils ont obtenu un jugement définitif, ils ne s'y sont point tenus . C'était bien la peine que je leur fasse l'honneur de leur envoyer un ambassadeur du roi

Je sais que vous avez très bien traité les troupes que j'ai fait séjourner neuf mois dans vos quartiers, que vous avez fourni le prêt à la légion de Condé 2, que vous avez eu dans votre chaumière pendant deux mois M. de Chabrillant, et tous les officiers du régiment de Conti et si M. de Chabrillant, chargé des plus importantes affaires, a oublié de marquer sa satisfaction à Mme Denis, qui lui a fait de son mieux les honneurs de votre grange, je prends sur moi de vous savoir gré de votre attention pour les officiers, et des couvertures que vous avez fait donner aux soldats dans votre hameau.

Je n'ignore pas que le grand chemin ordonné par moi pour aller de l'inconnu Meyrin à l'inconnu Versoix, dans l'inconnu pays de Gex, vous a coupé quatre belles prairies, et des terres que vous ensemencez au semoir . Cela aurait ruiné l'homme aux quarante écus de fond en comble, mais je vous conseille d'en rire.

Tout décrépit que vous êtes, on ne dira pas que vous êtes vieux comme un chemin, car vous avez, ne vous en déplaise, soixante et quatorze ans passés, et mon chemin de Versoix n'a qu'un an tout au plus.

Je sais que vous avez pleuré comme un benêt de ce que j'ai opiné dans le Conseil contre la requête des Sirven . Vous êtes trop sensible pour un vieillard goguenard tel que vous êtes. Ne voyez-vous pas que toutes les formes s'opposaient à l'admission de la requête, et que, dans les circonstances où je suis, il y a des usages consacrés que je ne dois jamais heurter de front ?

Consolez-vous. Je sais que Sirven est dans votre maison avec sa famille . Elle est bien infortunée et bien innocente. J'en aurai soin, je leur donnerai, dans Versoix, un petit emploi qui, avec ce que vous leur fournissez, les fera vivre doucement. Je fais le bien que je peux, mais il m'est impossible de tout faire.

On m'a dit que La Harpe s'était pressé d'apporter à Paris votre second chant de la Guerre de Genève, qui n'était pas achevé . Il faut que vous le raccommodiez. Est-il vrai qu'il y a cinq chants?

Envoyez-les-moi, queste coglionerie mi trastullano un poco 3. Elles me délassent de mille requêtes inconsidérées, et de mille propositions ridicules que je reçois tous les jours.

Je veux que vous me donniez la nouvelle édition du Siècle de Louis XIV . C'était un beau siècle, celui-là, pour les gens de votre métier. Je suis fâché d'avoir oublié de recommander à Taulès de vous fournir des anecdotes . Votre ouvrage en vaudrait mieux. C'est un monument que vous érigez en l'honneur de votre patrie . Je pourrai le présenter au roi dans l'occasion.

Portez-vous bien et si vous avez quelques petits calculs dans la vessie et dans l'urètre, prenez du remède espagnol 4, je m'en trouve bien. L'Espagne doit contribuer à ma guérison, puisque j'ai contribué à sa grandeur et à celle de la France par mon pacte de famille.

Bonsoir, ma chère marmotte je crois que je deviens aussi bavard que vous

Signé le duc de Choiseul.

15 mars 1768. »

1 Minute autographe que Wagnière a intitulé « folie à M. le duc de Choiseul » ; édition Kehl. Cette plaisanterie de V* consiste à envoyer à Choiseul la réponse qu'il est censé faire aux demandes et aux lettres de V* . c'est un amusant pastiche du style de Choiseul . V* récidivera cette plaisanterie le 21 mars 1768, avant même que Choiseul n'ait répondu à celle du 16 .

2 Le prêt est l'argent avec lequel les officiers font à leurs hommes l'avance de leur paie.

3 Ces couillonneries m'amusent un peu .

Lire la suite

05/11/2023 | Lien permanent

Ayons seulement la consolation de voir avec l’excès de l’horreur et du mépris de méprisables et d’horribles coquins

... La politique et les trafics de toutes sortes nous fournissent encore trop de ces méprisables individus, y compris ceux en cols blancs, et l'actualité riche en meurtres entretien notre horreur plus que de raison . Notre mépris redouble aussi pour ces chroniqueurs du style TPMP qui sont prêts à toutes les bassesses pour garder leur salaire, lèche-cul d'un Hanouna bas de plafond, menteur, lâche et brasseur du pire  .

Alors j'écoute Berurier Noir qui eux, ne sont pas des dégonflés : " Porcherie " https://www.youtube.com/watch?v=FpH0gre8AQw&ab_channe...

images.jpg

https://www.youtube.com/watch?v=Eg1yDB3c6rY&ab_channel=Alice%27spunkcorner

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

7è novembre 1768 1

Mon Dieu, que les articles de physique de M. O 2 sont bien faits ! On me lit l’Encyclopédie tous les soirs. Si tout était dans le goût de M. O, quel excellent livre ! Et voilà ce qu’on a persécuté ! Ah ! infâmes Welches ! Et le XVè chapitre de Bélisaire aussi persécuté ! ah, les monstres ! L’abbé Caille 3 grince des dents . Toutefois il vous prie instamment, mon cher philosophe, d’engager les adeptes à ne point prodiguer ces trois empereurs ;

Hic est panis angelorum,
Non mittendus canibus
4.

Ayons seulement la consolation de voir avec l’excès de l’horreur et du mépris de méprisables et d’horribles coquins ; je ne sais si je m’explique. Je vous aime autant que je les abhorre. »

2 L’O est la lettre indicative des articles de d’Alembert dans l’Encyclopédie . Voir lettre du 3 mars 1758 à Tressan : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/06/30/le-cri-public-est-la-plus-infaillible-des-intrigues-et-la-me.html

3 Pseudonyme de V* pour Les Trois Empereurs .

4 Prose du Saint-Sacrement à la messe : Ceci est le pain des anges, qui ne doit pas être donné aux chiens.

 

Lire la suite

16/05/2024 | Lien permanent

nous pourrons avoir incessamment le plaisir de nous ruiner à votre parlement

Il est des rencontres qui laissent au fond de soi un rappel de l'enfance, la joie de créer avec ce qui nous tombe sous la main. Le gaillard entre les mains de qui je vais vous laisser va vous étonner, et le mot est faible . Original ? oui, et je crois même unique au monde !

Et nous avons la chance de l'avoir tout près

http://www.associations-blanquefort.fr/arbrassons/index.php?option=com_content&view=article&id=17&Itemid=25

arbrason concert.jpg

 

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

ancien premier Président de Bourgogne

chez M. de Pont de Veyle

rue du Faubourg Saint-Antoine numéro quatorze [indication de numéro rare à cette époque]

à Paris

 

12è février [1763] à Ferney

 

                            Comme je deviens un tant soit peu aveugle, Monsieur, permettez que j’aie l’honneur de vous écrire par mon clerc. Nous marions demain Mlle Corneille à un Bourguignon fort joli, officier des dragons de son métier, et fils d’un maître des comptes [de Dôle]. Mes anges M. et Mme d’Argental ont si bien fait par  toutes leurs bontés, ont tellement suppléé à notre ignorance d’une publication de ban qui devait se faire à Paris, que rien ne nous retarde plus. Un enfant, qu’on dit plus aveugle que moi, et qui est beaucoup plus puissant [Cupidon ! ], se mêle de la cérémonie. Nous avons signé le contrat de mariage ; j’ai usé de la permission que vous m’avez donnée, d’assigner à Mlle Corneille désormais Mme Dupuits, vingt mille livres sur la plus belle terre de Bourgogne. Comme il faut que je fasse apparoir, et que j’annexe au contrat que ces vingt mille livres m’appartiennent, j’ai recours à vos bontés [V* essayait depuis quelque temps mais en vain de faire faire par son vieil ami, une reconnaissance de dettes en bonne et due forme ; il saisit donc l’occasion du contrat].

 

                            On nous flatte dans nos déserts que nous pourrons avoir incessamment le plaisir de nous ruiner à votre parlement. Si Mme la comtesse de Pimbêche avait été bourguignonne, elle serait morte de chagrin ces deux années-ci [La comtesse de Pimbèche est la plaideuse invétérée dans les Plaideurs de Racine, ; or, le parlement de Bourgogne, en conflit avec le roi, refusait de juger les procès ].

 

                            Je crois qu’on débusquera à la fin les jésuites nos voisins [ceux d’Ornex, à qui V* veut faire rendre la terre qu’ils ont enlevée aux jeunes frères de Crassier] que vous connaissez ; il y en a un pourtant qui fait notre mariage demain à minuit [père Adam]. Je pense qu’il ne leur restera bientôt pour tout bien que les sacrements [La Compagnie a déjà été dissoute par le parlement de Paris et les parlements de province] ; on les lapide au bout de soixante et dix ans avec les pierres de Port-Royal [quelques jours plus tard, V* raconte à Damilaville, et le 25 février aux d’Argental, qu’il « y avait chez (lui), ces jours passés » deux ou trois jésuites « avec une nombreuse compagnie » et qu’on « joua une parade » : il s’était « établi premier président » et avait jugé les jésuites ; la sentence se terminait par : « La cour vous condamne à être lapidés sur le tombeau d’Arnaud avec les pierres de Port-Royal. »].

 

                            Conservez-moi vos bontés et agréez mon tendre respect.

 

                            V. »

 

Lire la suite

12/02/2010 | Lien permanent

ceux qui se font tuer pour ces messieurs là sont de terribles imbéciles

 http://www.youtube.com/watch?v=6F2gh4YygWo

Contraste avec le bon Georges Brassens , anar au coeur tendre !

Image de l'Apocalypse : pour foutre la trouille au crédule humain, et les soumettre  tous les moyens sont bons !

Audio-visuel de l'époque : un tonsuré (ou non ) qui tonne en chaire et

des illustrateurs plus ou moins crétinisés en ce domaine de l'espoir de la vie éternelle (qui n'appartient qu'aux humbles et respectueux du clergé en place ) .

fanatique apocalypse.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

Volti se fait fort de les démasquer et les remettre à leur place :"Fanatiques ... pétris de la même merde ... ". Quelle terrible lucidité ...

 

« A Jean Le Rond d’Alembert

 

 

Aux Délices, 12 de décembre [1757]

 

                            Vous savez, mon cher philosophe, tous les murmures de la synagogue. M. de Lubières a dû vous en parler [Fils de l’ancien gouverneur de Neuchâtel ; le Conseil de Genève assemblé le 9 décembre a décidé de sursoir à toute intervention]. Ces drôles osent se plaindre de l’éloge que vous daignez leur donner [article « Genève » de l’Encyclopédie], de croire un dieu, et d’avoir plus de raison que de foi.

 

                            Quelques uns m’accusent d’une confédération impie avec vous [le 29 décembre V* « supplie instamment « Jacob Vernes de croire qu’il n’a pas « la moindre part à l’article »]. Vous savez mon innocence [V* écrivait à d’Alembert le 2 décembre : « On m’apprend que (l’article) de Genève se trouve dans le nouveau tome de l’Encyclopédie ; mais on prétend que vous y louez la modération de certaines gens . Hélas ! vous ne les connaissez point … »]. Ils disent qu’ils protesteront contre votre article. Laissez-les protester, et moquez-vous d’eux. Ils auront beau jurer qu’ils croient la Trinité, leurs camarades de Hollande, de Suisse et d’Allemagne savent bien qu’il n’en est rien ; ils n’auront que la honte d’avoir renié inutilement leur créance ; mais vous à qui quelques-uns se sont ouverts, vous qui êtes instruit de leur foi par leur bouche [lors de son séjour à Genève en juillet 1756], ne vous rétractez pas ; il y va de votre salut : votre conscience y est engagée. Ces gens là vont se couvrir de ridicule ; chaque démarche qu’ils font depuis le tombeau du diacre Pâris, la place où ils ont assassiné Servet, et jusqu’à celle où ils ont assassiné Jean Hus, les rend tous également l’opprobre du genre humain. Fanatiques papistes, fanatiques calvinistes, tous sont pétris de la même m… détrempée de sang corrompu. Vous n’avez pas besoin de mes saintes exhortations pour soutenir la gale que vous avez donnée au troupeau de Genève. Vous serez ferme, je ne suis pas en peine ; mais je ne peux m’empêcher de vous parler de leurs criailleries.

 

                            A l’égard de Luc [surnom de Frédéric, anagramme transparent,  et nom du singe de V* qui l’a effectivement mordu en octobre 1756], tantôt mordant, tantôt mordu, c’est un bien malheureux mortel ; et ceux qui se font tuer pour ces messieurs là sont de terribles imbéciles. Gardez-moi le secret avec les rois et avec les prêtres, et croyez que je vous suis attaché avec l’estime infinie et la reconnaissance que je vous dois.

 

 

                            Le vieux Suisse V. »

 

 

Lire la suite

12/12/2009 | Lien permanent

On m'envoie cela, et je vous fais part de cela

... Je n'en dirai pas davantage .

Et plutôt si .

Maroc : censure contre Much loved, menaces de mort pour les actrices .

On ne peut se taire quand la connerie humaine prend le dessus, dans quelque pays que ce soit . Il s'agit ici du Maroc, grand pays qui veut rivaliser d'hypocrisie avec les plus rétrogrades dictatures, et grand fournisseur de drogues interdites pourtant par un célèbre prophète polygame . La lâcheté des autorités, et donc du roi fameux commandeur des croyants, atteint des sommets et prouve, s'il en était besoin, que là-bas, la démocratie et la liberté d'expression et de pensée ne valent pas mieux qu'une merde de ces dirigeants .

Menaces de mort pour les actrices et le producteur ! et puis quoi encore ? Vous allez nous refaire le coup de Charlie Hebdo ? 

http://www.huffingtonpost.fr/ruth-grosrichard/le-film-much-loved-de-nabil-ayouch-frappe-par-la-censure-au-maroc_b_7440592.html

Voir au moins ceci :

 https://www.youtube.com/watch?v=LMIgnYBBnBg

https://www.youtube.com/watch?v=kzOVlL3nXmY

 

much loved.jpg

De toute façon, le monde entier sait que le Maroc est remarquable  pour le tourisme sexuel qui rapporte

 

 

 

« A Nicolas-Claude THIERIOT
29 mai. [1760]
On m'envoie cela, et je vous fais part de cela. C'est un déluge de monosyllabes. Ceux-ci m'ont paru plus gaillards que les autres. Je n'ai pu encore parvenir à trouver le recueil des Quand, des Si, des Pourquoi, imprimés, dit-on, sur du papier couleur de rose. On a recours à des amis dans le besoin. Je vous prie, mon ancien ami, de ne me pas oublier. Je vous dois plusieurs livres; quand il vous plaira, nous compterons. Au reste, je ne sais pas pourquoi on me fourre dans toutes ces querelles, moi laboureur, moi berger, moi rat retiré du monde, dans un fromage de Suisse. Je me contente de ricaner, sans me mêler de rien. Il est vrai que je ricane beaucoup : cela fait du bien, et soutient son homme dans la vieillesse.
La pièce contre les philosophes n'a pu me faire rire. Peut- être cela est-il fort drôle au théâtre ; mais, à la lecture, on bâille. La première loi, quand on fait une comédie, c'est d'être comique : sans gaieté point de salut.
Si vous aviez quelque libraire à favoriser, un plaisant qui voyage m'a laissé un manuscrit 1 que je pourrais vous faire tenir. Ce manuscrit est d'une douzaine de pages; mais le plaisant demande le secret, et moi, je vous demande continuation d'amitié.
Que ne faites-vous comme Marmontel, qui vient nous voir?

Vale.

V.
29 mai
Qui sont les monstres qui disent que j'ai part aux que? Ah! les coquins !
A qui faut-il adresser vos paquets, pour que vous les ayez plus tôt? »

1 Il s'agit presque certainement duPlaidoyer pour Genest Ramponeau, cabaretier a la Courtille,: prononcé par lui-même, contre Gaudon, entrepreneur d'un théâtre des boulevards, de Voltaire bien sûr, quoiqu'on n'en connaisse pas l'édition séparée datée de Paris ; voir lettre du 9 juin 1760 à Thieriot : page 412 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f426.image.r=9%20juin

et : http://alde.auction.fr/_fr/lot/plaidoyer-pour-genest-ramp...

Voir : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k72883m/f5.image.r=P...

 

Lire la suite

28/05/2015 | Lien permanent

La superstition est le plus abominable fléau de la terre

... Et allez , zou ! allez ! vous dis-je, lire votre horoscope, gogos dangereux pour vous et vos concitoyens . Que le diable vous patafiole, s'il pouvait exister .

 

 

 

« A Isaac Pinto, etc .,Rue Coquillière, vis-à-vis la Rue des Vieux-Augustins à Paris.

Aux Délices par Genève 21è juillet 1762 1

Les lignes dont vous vous plaignez, monsieur, sont violentes et injustes 2. Il y a parmi vous des hommes très instruits et très respectables, votre lettre m'en convainc assez . J'aurai soin de faire un carton dans la nouvelle édition 3. Quand on a un tort il faut le réparer et j'ai eu tort d’attribuer à toute une nation les vices de plusieurs particuliers .

Je vous dirai avec la même franchise, que bien des gens ne peuvent souffrir ni vos lois, ni vos livres, ni vos superstitions ; ils disent que votre nation s'est fait de tout temps beaucoup de mal à elle-même, et en a fait au genre humain . Si vous êtes philosophe, comme vous paraissez l'être, vous pensez comme ces messieurs, mais vous ne le direz pas . La superstition est le plus abominable fléau de la terre ; c'est elle qui de tous les temps a fait égorger tant de juifs et tant de chrétiens ; c'est elle qui vous envoie encore au bucher chez des peuples d'ailleurs estimables . Il y a des aspects sous lesquels la nature humaine est la nature infernale . On sécherait d'horreur si on regardait toujours par ces côtés . Mais les honnêtes gens en passant par la Grève où l'on roue, ordonnent à leur cocher d'aller vite , et vont se distraire à l'opéra du spectacle affreux qu'ils ont vu sur leur chemin .

Je pourrais disputer avec vous sur les sciences que vous attribuez aux anciens Juifs, et vous montrer qu'ils n'en savaient pas plus que les Français du temps de Chilpéric 4; je pourrais vous faire convenir que le jargon d'une petite province, mêlé de chaldéen, de phénicien et d'arabe, était une langue aussi indulgente et aussi rude que notre ancien gaulois, mais je vous fâcherais peut-être et vous me paraissez trop galant homme pour que je veuille vous déplaire . Restez juif, puisque vous l’êtes, vous n'égorgerez point quarante-deux mille hommes pour n'avoir pas bien prononcé shibboleth 5, ni vingt-quatre mille pour avoir couché avec des Madianites 6 ; mais soyez philosophe, c'est tout ce que je peux vous souhaiter de mieux dans cette courte vie .

J'ai l'honneur d'être, monsieur, avec tous les sentiments qui vous sont dus, votre très humble et très obéissant serviteur.

V.

chrétien, gentilhomme ordinaire de la

chambre du roi très chrétien »

1 Copie contemporaine sur laquelle on lit deux mentions : l'une de Malesherbes, « J'ai fait copie de cette lettre sur l'original que M. Pinto m'a communiqué . » ; l'autre , d'une autre main, notant que le manuscrit original est autographe à partir de J'ai l'honneur . La copie a été suivie ici .

2 Pinto avait annoncé vers le 10 juillet 1762 à V* ses Réflexions critiques sur le 1er chapitre du tome VIIè des Œuvres de M. de Voltaire, 1762, . Le passage qu'il visait est au début du volume V( et non VII) de la Collection complète, 1756 . Il forme maintenant la première section de l'article « Juifs » du Dictionnaire philosophique . Sur Pinto, voir Arthur Hertzberg, The french enlightment and the Jews, 1968 . sur ses relations avec V* voir J. S. Wijler, 1923 .

3 V* ne tint pas cette promesse et ne fit pas de carton .

4 C'est largement le sujet du Taureau blanc .

5 Juges , XII, 6 .

6 Nombres, XXV, 6 .

 

 

Lire la suite

11/06/2017 | Lien permanent

des mains étrangères De ces débats ont profité

... Et le pénible Ciotti , grenouille qui veut se faire plus grosse que le boeuf, remporte une maigre victoire , président d'une bande de branquignols (qui --elle-- ne fait rire personne ). Il est vrai que la paye est bonne .

Primaires des républicains, Ciotti en finale - caricaturiste et caricature

 

 

 

« A Pierre-Laurent Buirette de Belloy

J’ai eu la hardiesse, monsieur, de me faire acteur dans ma soixante et quatorzième année. Des jeunes gens et des jeunes femmes ont corrompu ma vieillesse. Je n’ai pas soutenu la fatigue aussi bien qu’eux, et j’en ai été malade ; c’est ce qui a retardé un peu les tendres et sincères remerciements que vous doit un cœur pénétré de votre mérite et de la beauté de votre âme. Nous voilà, ce me semble, parvenus à imiter les Grecs, chez qui les auteurs jouaient eux-mêmes leurs pièce. M. de Chabanon et M. de La Harpe récitent des vers aussi bien qu’ils en font, et Mme de La Harpe a un talent dont je n’ai encore vu le modèle que dans mademoiselle Clairon. Enfin, par un concours singulier, la perfection de la déclamation s’est trouvée dans nos déserts . Mais ce qui fait plus d'honneur encore à la littérature, c’est l’exemple que vous donnez ; c’est l’amitié que vous me témoignez du sein de vos triomphes ; ce sont vos beaux vers 1 qui viennent au secours de ma muse languissante. 

Les neuf muses sont sœurs, et les beaux-arts sont frères.

Quelque peu de malignité

A dérangé parfois cette fraternité ;

La famille en souffrit, et des mains étrangères

De ces débats ont profité.

C’est dans son union qu’est son grand avantage ;

Alors elle en impose aux pédants, aux bigots ;

Elle devient l’effroi des sots,

La lumière du siècle et le soutien du sage.

Elle ne flatte point les riches et les grands :

Ceux qui dédaignaient son encens

Se font honneur de son suffrage,

Et les rois sont ses courtisans.

J’ai grande opinion du chevalier Bayard 2. C’est un beau sujet. Je ne suis que le poète de l’Amérique et de la Chine, et vous êtes celui des Français Recevez, monsieur, les témoignages les plus vrais de ma sensible reconnaissance. 

A Ferney, ce 21 Mai [1767].3»

1 Sur la première représentation des Scythes. (G.Avenel) .Voir lettre du 19avril 1767 à de Belloy . : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2022/10/21/ou-est-le-temps-que-je-n-avais-que-soixante-dix-ans-je-vous-assure-que-je-j.html

2 Gaston et Bayard, tragédie qui fut jouée la première fois à la cour de Versailles en février 1770, puis à Paris le 24 avril 1771 : https://books.google.fr/books?id=Keimg5heXCkC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

3 Copie contemporaine ; édition « Seconde lettre de M. de Voltaire à M ; de Belloy », Mercure de France, juin 1767, avec ce commentaire : « M. de Belloy ayant remercié M. de Voltaire de la lettre obligeante que nous avons rapportée, a reçu cette nouvelle réponse, dont nous nous reprocherions de priver nos lecteurs. »

Lire la suite

12/12/2022 | Lien permanent

J'ai oublié de vous dire

 ... Tant et tant de choses que j'ai moi-même oublié ce que j'aurais pu (ou du ?) vous dire . Sans regret de ma part, sans importance pour vous lecteurs qui avez à disposition une mine d'informations inépuisable, sinon toujours pertinente .

Je vous invite à papillonner

DSCF4401 j ai oublié de vous dire.png


 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ARGENTAL.

A vous seul 24 juin [1758] 1

Mon cher ange, encore un mot avant que je parte pour le Palatinat. Il parait, par le compte que me rend le confident 2, que la tante 3 prétend que la santé de la nièce ne lui permettra pas de faire un voyage à Lyon. Cette extraordinaire tante dit qu'elle n'a à présent qu'un appartement, et qu'elle n'en aura deux qu'en 1759, à la Saint-Jean. Elle ajoute qu'alors M. de Pont-de-Veyle viendra et moi, j'ajoute qu'il serait bien peu convenable que les deux frères ne vinssent point. Nous les logerions aux Délices, nous leur donnerions la comédie; enfin, je ne peux me défaire de l'idée charmante de vous revoir.

Je reçois dans ce moment la lettre de Diderot. Vous avez dû voir Imagination et Idolâtrie. Je crois que ce dernier article (tout neuf qu'il est) , est si vrai qu'il passera chez l'examinateur théologien, pourvu qu'il ne lui soit pas donné sous mon nom.

Donnez-moi, mon cher ange, la consolation de recevoir une lettre de vous, dans un mois, aux Délices, à mon retour de Manheim. Adieu, mon cher et respectable ami.

V.

J'ai oublié de vous dire que Tronchin a été chargé de l'emprunt des six millions que la ville de Lyon fournit au roi. Puisse-t-il réussir auprès de la tante comme auprès du contrôleur général . »

1 Date complétée par d'Argental sur le manuscrit .

2 Jean-Robert Tronchin .

3 Mme de Grolée .

 

Lire la suite

si on se divise, si on a de petites faiblesses, on est perdu

 

 

 

« A Louise-Florence-Pétronille de Tardieu d'Esclavelles d'Epinay


 

14 juillet [1760] aux Délices


 

Voici ma réponse, madame, à une lettre très injuste adressée à notre cher docteur et qu'il vient de m'envoyer. Je vous en fais tenir copie ; comptez que c'est la loi et les prophètes.


 

Je sais mieux que personne ce qui se passe à Paris et à Versailles, au sujet des philosophes ; si on se divise, si on a de petites faiblesses, on est perdu. L'Infâme et les infâmes triompheront. Les philosophes seraient-ils assez bêtes pour tomber dans le piège qu'on leur tend ? soyez le lien qui doit unir ces pauvres persécutés.


 

Jean-Jacques aurait pu servir dans la guerre, mais la tête lui a tourné absolument. Il vient de m'écrire une lettre dans laquelle il me dit que j'ai perdu Genève [lettre de JJR à V* du 17 juin 1760, reproduite dans les Confessions]. En me parlant de Grimm, il l'appelle un Allemand nommé Grimm. Il dit que je suis cause qu'il sera jeté à la voirie quand il mourra, tandis que moi je serai enterré honorablement.


 

Que voulez-vous que je vous dise, Madame ? il est déjà mort ; mais recommandez aux vivants d'être dans la plus grande union .


 

Je me fais anathème pour l'amour des persécutés, mais il faut qu'ils soient plus adroits qu'ils ne sont ; l'impertinence contre Mme de Robecq, la sottise de lui avoir envoyé La Vision,[de l'abbé Morellet ; cf. lettres des 25 avril, 10 juin et 9 juillet] la barbarie de lui avoir appris qu'elle était frappée à mort, sont un coup terrible qu'on a bien de la peine à guérir ; on le guérira pourtant et je ne désespère de rien si on peut s'entendre. Je me mets à vos pieds, ma belle philosophe. »

 

 

Lire la suite

14/07/2010 | Lien permanent

On présente ses respects au cul de Mme la princesse

... Il est des culs plus respectables que d'autres, et certains honorables selon la volonté du porteur , on ne le dira jamais assez .

P.S.-- La princesse de Palestrine est la mère de la "vieille" dans Candide, le père étant le pape Urbain X ; cette vieille, comme Candide , ayant une vie absolument étonnante, je vous la recommande .

http://litgloss.buffalo.edu/voltaire/text11.shtml

 

sfar candide cul vieille.jpg

Illustration inimitable par Joann Sfar pour un Candide génial

 

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 17 septembre 1761] 1

On présente ses respects au cul de Mme la princesse de Palestrine .

On prie monsieur Caro d'ordonner qu'on ait grand soin des chiffres des pages .

J'attends la feuille O . Je prie monsieur Caro de m'envoyer au plus vite le premier tome du czar Pierre broché .

Je ne sais si je ne l'ai pas prié de tirer quelques exemplaires des premières feuilles du tome 3 . J'ai envoyé quelques-unes de ces feuilles à Mme du Deffand, j'en envoie à M. de Chauvelin ; cela met les gens en goût . Monsieur Caro peut-il m'en envoyer deux ou trois exemplaires ? »

1 La date a été donnée d'après l'hypothèse que les « premières feuilles du tome 3 » seraient les « cinq cahiers » envoyés à Mme Du Deffand ( voir lettre du 16 septembre 1761 à celle-ci : ) . Mais comme le premier paragraphe de la présente lettre ne peut être expliqué, cette hypothèse est loin d'être assurée .

 
P.S. --Le technicien SFR est venu, a vu, a tout trouvé bon, est reparti , sans diagnostic ni pronostic ni traitement . Si nouvelle panne, rappeler ! ah ! la belle affaire ! quel bonheur de se savoir bien portant, électroniquement parlant, à la merci d'un bug probable dans un avenir incertain . Wait and see .

 

Lire la suite

01/09/2016 | Lien permanent

Page : 520 521 522 523 524 525 526 527 528 529 530