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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je voudrais que vous commandassiez l'armée, et que vous tuassiez force Prussiens

 ... Et que vous m'épatâtes en leur flanquant la pâtée !

Ah ! qu'elle est belle la langue française ! Quand donc journalistes et hommes politiques seront-ils capables d'utiliser à bon escient le subjonctif ? Je ne vois plus guère que les chanteurs de rap et de slam qui puissent en être capable, avec Jean d'Ormesson et Jacques Chancel et Alphonse Allais bien entendu.

 

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« A M. le maréchal duc de RICHELIEU.

Aux Délices, 1er novembre [1756].

Je n'ai point eu de cesse, mon héros, que je n'aie fait venir dans mon ermitage M. le duc de Villars, de son trône de Provence 1, pour le faire guérir par Tronchin d'un léger rhumatisme; et moi, j'en ai un goutteux, horrible, universel, que Tronchin ne guérit point, et qui m'a empêché de vous écrire. Quel plaisir m'a fait ce gouverneur des oliviers, quand il m'a parlé de vos lauriers et de l'idolâtrie qu'on a pour vous sur toutes les côtes ! Je vous avais envoyé de très-fausses nouvelles que je venais de recevoir de Strasbourg. J'en reçois de Vienne qui ne sont que trop vraies 2. On y est dans un chagrin de dépit et de consternation extrême. Il est certain que l'impératrice hasardait tout pour délivrer le roi de Pologne. M. de Brown avait fait passer douze mille hommes par des chemins qui n'ont jamais été pratiqués que par des chèvres; il avait envoyé son fils au roi de Pologne. Ce prince n'avait qu'à jeter un pont sur l'Elbe, et venir à lui. Il promit pour le 9, puis pour le 10, le 12, le 13, et enfin il a fait son malheureux traité, des fourches caudines. Les Anglais et les guinées ont persuadé, dit-on, ses ministres. On mande de Fontainebleau qu'on a prié le ministre du roi de Prusse 3 de s'en retourner. Je n'ose le croire je ne crois rien, et j'espère peu. On prétend que le roi de Prusse mêle actuellement les piques de la phalange macédonienne à sa cavalerie. Ce sont les mêmes piques dont mes compatriotes les Suisses se sont servis longtemps. Je ne suis pas du métier, mais je crois qu'il y a une arme, une machine bien plus sûre, bien plus redoutable; elle faisait autrefois gagner sûrement des batailles. J'ai dit mon secret à un officier 4, ne croyant pas lui dire une chose importante, et n'imaginant pas qu'il pût sortir de ma tête un avis dont on pût faire usage dans ce beau métier de détruire l'espèce humaine. Il a pris la chose sérieusement. Il m'a demandé un modèle; il l'a porté à M. d'Argenson. On l'exécute à présent en petit; ce sera un fort joli engin. On le montrera au roi. Si cela réussit, il y aura de quoi étouffer de rire que ce soit moi qui sois l'auteur de cette machine destructive. Je voudrais que vous commandassiez l'armée, et que vous tuassiez force Prussiens avec mon petit secret.
J'ai eu la vanité de souhaiter qu'on sût mes nobles refus à votre cour.5 J'aurais celle d'aller à Vienne, si j'étais jeune et ingambe, et si je n'étais pas dans mes Délices avec votre servante; mais je suis un rêveur paralytique, et je mourrai de douleur de ne pouvoir vous faire ma cour avant de mourir. Je n'ai de libre que la main droite; je m'en sers comme je peux pour renouveler mon très-tendre respect à mon héros, qui daignera me conserver son souvenir. »

1 Le duc de Villars était gouverneur de Provence.

2 La capitulation de l'armée saxonne, du 15 octobre 1756.

3 Le baron de Kniphausen.

4 Philippe-Antoine de Claris,marquis de Florian; voir la lettre du 15 mai 1757 ; http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/05/13/il-y-aura-toujours-des-fous-qui-se-feront-egorger-des-fous-q.html

5 Il n'a pas donné suite à l'invitation de Frédéric II .

 

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29/08/2012 | Lien permanent

S'ils vous ennuient, vous n'avez qu'à les jeter dans la mer

... Solution tout à fait envisageable, et même recommandable pour cette sotte/ridicule équipe de foot française * battue sans gloire par l'Espagne . Outre l'inculture crasse de ses membres, un égo surdimensionné, -plus que les mollets qui leurs tiennent lieu de cerveau,- est le point commun de ces petits joueurs .

J'ai ma propre explication à cette récente défaite : traditionnellement, le Français ne va en territoire espagnol que pour prendre des vacances, alors que l'Espagnol vient en territoire français pour travailler, ce qui fut mis en évidence sur ce modèle réduit engazonné de nos territoires respectifs .

NDLR : * Veuillez pardonner ce pléonasme qui associe ces redondances de "ridicule" et "équipe de foot française"

.

 

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« A M. le maréchal duc de RICHELIEU.

Aux Délices, 16 avril [1756]

C'est un trait digne de mon héros de daigner songer à son vieux petit Suisse, quand il s'en va prendre ce Port-Mahon. Savez-vous bien, monseigneur, que l'île de Minorque s'appelait autrefois 1'île d'Aphrodite, et qu'Aphrodite, en grec, c'est Vénus? Je me flatte que vous donnerez pour le mot Venus victrix; cela vous siéra à merveille. Ce mot-là ne réussit pas mal à un de vos devanciers, qui eut aussi affaire en son temps aux Anglais et aux dames 1.
Je ne conçois pas comment les Anglais pourraient s'opposer à votre expédition. Ils ont quatre cent cinquante lieues à traverser avant d'être dans la mer de vos îles Baléares et quand même ils arriveraient à temps, auront-ils assez de troupes? Vous n'avez pas cent lieues de traversée. Si le sud-ouest vous est contraire, ne l'est-il pas aussi aux Anglais? Enfin j'ai la meilleure opinion du monde de votre entreprise. Il vient tous les jours des Anglais dans ma retraite. Ils me paraissent très-fâchés d'avoir chez eux des Hanovriens, et ils ne croient pas qu'on puisse vous empêcher de prendre Port-Mahon, fussiez-vous quinze jours aux îles d'Hyères. Comme on peut avoir quelques moments de loisir sur le Foudroyant, dans le chemin, je prends la liberté grande de vous envoyer mes Sermons, ils ne sont ni gais ni galants ils conviennent au saint temps de Pâques. Ils sont bien sérieux, mais votre sphère d'activité s'étend à tous les objets. S'ils vous ennuient, vous n'avez qu'à les jeter dans la mer. Je ne dirai Tout est bien que quand vous aurez pris la garnison de Port-Mahon prisonnière de guerre. En attendant, je songe assez tristement aux choses de ce monde. J'ai reçu de Buenos-Ayres le détail de la destruction de Quito, c'est pis que Lisbonne. Notre globe est une mine, et c'est sur cette mine que vous allez vous battre. Vous savez que les jésuites du Paraguai s'opposent très-saintement aux ordres du roi d'Espagne 2. Il envoie quatre vaisseaux chargés de troupes pour recevoir leur bénédiction. Le hasard a fait que je fournis, pour ma part, un de ces vaisseaux dont une petite partie m'appartenait. Ce vaisseau s'appelle le Pascal. Il est juste que Pascal combatte les jésuites; et cela est plaisant. Pardon de bavarder si longtemps avec mon héros. Mme Denis et moi, nous lui présentons nos tendres respects, nos vœux, nos espérances, notre impatience. »


 

 

 

1 Le cardinal de Richelieu, arrière-grand-oncle du maréchal.

 

 

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25/06/2012 | Lien permanent

une galanterie que le roi m'a faite, ou plutôt à lui ; il a voulu que je l'admirasse dans sa gloire .

Note rédigée le 23 août 2011 pour parution le 16 octobre 2010 .

http://www.youtube.com/watch?v=fNabASQ1N5k

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« A Pierre-Louis Moreau de Maupertuis

membre de toutes les académies de l'Europe

chez M. Moreau de Maupertuis

rue Sainte Anne à Paris

 

A Brunswik 16 octobre 1743

 

J'ai reçu dans mes courses la lettre où mon cher aplatisseur de ce globe 1 daigne se souvenir de moi avec tant d'amitié . Est-il possible que je ne vous aurai jamais vu que comme un météore toujours brillant et toujours fuyant de moi ? n'aurai-je pas la consolation de vous embrasser à Paris ? J'ai fait tous vos compliments à vos amis de Berlin, c'est-à-dire toute la cour, et particulièrement à M. de Valori, vous êtes là comme ailleurs aimé et regretté ; on m'a mené à l'académie de Berlin, où le médecin Eller a fait des expériences par lesquelles il fait croire qu'il change l'eau en air élastique . Mais j'ai été encore plus frappé de l'opéra de Titus 2, qui est un chef-d’œuvre de musique . C'est, sans vanité, une galanterie que le roi m'a faite, ou plutôt à lui ; il a voulu que je l'admirasse dans sa gloire . Sa salle d'opéra est la plus belle de l'Europe . Charlottembourg est un séjour délicieux, Frédéric en fait les honneurs et le roi n'en sait rien . Le roi n'a pas encore fait tout ce qu'il voulait . Mais sa cour, quand il veut bien avoir une cour, respire la magnificence et le plaisir . On vit à Potsdam comme dans le château d'un seigneur français qui a de l'esprit, en dépit du grand bataillon des gardes, qui me paraît le plus terrible bataillon de ce monde . Jordan ressemble toujours à Ragotin 3, mais c'est Ragotin bon garçon et discret avec seize cents écus d'Allemagne de pension . D'Argens est chambellan avec une clé d'or à sa poche, et cent louis dedans payés par mois . Chazot, ce Chazot que vous avez vu maudissant la destinée doit la bénir ; il est major, et a un gros escadron qui lui vaut environ seize mille livres au moins par an . Il l'a bien mérité, ayant sauvé le bagage du roi à la dernière bataille 4. Je pourrais dans ma sphère pacifique jouir aussi des bontés du roi de Prusse, mais vous savez qu'une plus grande souveraine nommée Mme du Châtelet me rappelle à Paris . Je suis comme ces Grecs qui renonçaient à la cour du grand roi pour venir être honnis par le peuple d'Athènes .

 

J'ai passé quelques jours à Bareith . Son Altesse Royale m'a bien parlé de vous 5. Bareith est une retraite délicieuse où on jouit de tout ce qu’une cour a d'agréable sans les incommodités de la grandeur . Brunswik où je suis a une autre espèce de charmes . C'est un voyage céleste où je passe de planète en planète pour revoir enfin ce tumultueux Paris où je serai très malheureux si je ne vois pas l'unique Maupertuis que j'admire et que j'aime pour toute ma vie .

 

V. »


2 Tito Vespasiano, ovvero la Clemenza di Tito, musique de J. A .de Hasse, livret de Metastasio . Dans ses Mémoires, V* écrira qu'il était « mis en musique par le roi lui-même aidé de son compositeur »

http://www.youtube.com/watch?v=fNabASQ1N5k

4 A Chotusitz .

5 Wilhelmine, sœur de Frédéric II, margravine de Bayreuth.

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16/09/2010 | Lien permanent

une plus grande souveraine nommée Mme du Châtelet me rappelle à Paris .

Note rédigée le 23 août 2011 pour parution le 16 octobre 2009

 

gloire soleil.jpg

http://www.youtube.com/watch?v=fNabASQ1N5k

 

« A Pierre-Louis Moreau de Maupertuis

membre de toutes les académies de l'Europe

chez M. Moreau de Maupertuis

rue Sainte Anne à Paris

 

A Brunswik 16 octobre 1743

 

J'ai reçu dans mes courses la lettre où mon cher aplatisseur de ce globe 1 daigne se souvenir de moi avec tant d'amitié . Est-il possible que je ne vous aurai jamais vu que comme un météore toujours brillant et toujours fuyant de moi ? n'aurai-je pas la consolation de vous embrasser à Paris ? J'ai fait tous vos compliments à vos amis de Berlin, c'est-à-dire toute la cour, et particulièrement à M. de Valori, vous êtes là comme ailleurs aimé et regretté ; on m'a mené à l'académie de Berlin, où le médecin Eller a fait des expériences par lesquelles il fait croire qu'il change l'eau en air élastique . Mais j'ai été encore plus frappé de l'opéra de Titus 2, qui est un chef-d’œuvre de musique . C'est, sans vanité, une galanterie que le roi m'a faite, ou plutôt à lui ; il a voulu que je l'admirasse dans sa gloire . Sa salle d'opéra est la plus belle de l'Europe . Charlottembourg est un séjour délicieux, Frédéric en fait les honneurs et le roi n'en sait rien . Le roi n'a pas encore fait tout ce qu'il voulait . Mais sa cour, quand il veut bien avoir une cour, respire la magnificence et le plaisir . On vit à Potsdam comme dans le château d'un seigneur français qui a de l'esprit, en dépit du grand bataillon des gardes, qui me paraît le plus terrible bataillon de ce monde . Jordan ressemble toujours à Ragotin 3, mais c'est Ragotin bon garçon et discret avec seize cents écus d'Allemagne de pension . D'Argens est chambellan avec une clé d'or à sa poche, et cent louis dedans payés par mois . Chazot, ce Chazot que vous avez vu maudissant la destinée doit la bénir ; il est major, et a un gros escadron qui lui vaut environ seize mille livres au moins par an . Il l'a bien mérité, ayant sauvé le bagage du roi à la dernière bataille 4. Je pourrais dans ma sphère pacifique jouir aussi des bontés du roi de Prusse, mais vous savez qu'une plus grande souveraine nommée Mme du Châtelet me rappelle à Paris . Je suis comme ces Grecs qui renonçaient à la cour du grand roi pour venir être honnis par le peuple d'Athènes .

 

J'ai passé quelques jours à Bareith . Son Altesse Royale m'a bien parlé de vous 5. Bareith est une retraite délicieuse où on jouit de tout ce qu’une cour a d'agréable sans les incommodités de la grandeur . Brunswik où je suis a une autre espèce de charmes . C'est un voyage céleste où je passe de planète en planète pour revoir enfin ce tumultueux Paris où je serai très malheureux si je ne vois pas l'unique Maupertuis que j'admire et que j'aime pour toute ma vie .

 

V. »


2 Tito Vespasiano, ovvero la Clemenza di Tito, musique de J. A .de Hasse, livret de Metastasio . Dans ses Mémoires, V* écrira qu'il était « mis en musique par le roi lui-même aidé de son compositeur »

http://www.youtube.com/watch?v=fNabASQ1N5k

4 A Chotusitz .

5 Wilhelmine, sœur de Frédéric II, margravine de Bayreuth.

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16/10/2009 | Lien permanent

il a voulu que je l'admirasse dans sa gloire

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A écouter sans modération pour oublier les âneries (je reste poli, mais je n'en pense pas moins) de ces imbéciles syndicats et partis de gauche suivis de leurs maigres imbéciles séides qui pourissent la vie de ceux qui veulent vivre et travailler tout simplement . Je vous crache à la figure, bandes de Tartuffes qui sciez la branche sur laquelle nous sommes assis, faible branche que celle des retraites, mais qui par vos soins ne sera que fétu dans peu d'années.

Je vous botte le cul aussi, sans retenue . Crétins et lâches que vous êtes ! Vous flattez ce qu'il y a de moins bon dans la population qui devient populace , hooligans politiques !

 

 

 

 

« A Pierre-Louis Moreau de Maupertuis

membre de toutes les académies de l'Europe,

chez M. Moreau de Maupertuis rue Sainte Anne à Paris

 

 

A Brunswick 16 octobre 1743

 

J'ai reçu dans mes courses la lettre où mon cher aplatisseur de ce globe [i] daigne se souvenir de moi avec tant d'amitié. Est-il possible que je ne vous aurai jamais vu que comme un météore toujours brillant et toujours fuyant de moi ? n'aurai-je pas la consolation de vous embrasser à Paris ? J'ai fait vos compliments à vos amis de Berlin, c'est-à-dire à toute la cour, et particulièrement à M. de Valori, vous êtes là comme ailleurs , aimé et regretté ; on m'a mené à l'académie de Berlin, où le médecin Eller [ii] a fait des expériences par lesquelles il croit faire croire qu'il change l'eau en air élastique. Mais j'ai été encore plus frappé de l'opéra de Titus,[iii] qui est un chef-d'œuvre de musique. C'est sans vanité une galanterie que le roi m'a faite, ou plutôt à lui ; il a voulu que je l'admirasse dans sa gloire. Sa salle d'opéra est la plus belle de l'Europe. Charlottembourg est un séjour délicieux, Fédéric en fait les honneurs et le roi n'en sait rien. Le roi n'a pas encore fait tout ce qu'il voulait. Mais sa cour, quand il veut bien avoir une cour, respire la magnificence et le plaisir. On vit à Potsdam comme dans le château d'un seigneur français qui a de l'esprit, en dépit du grand bataillon des gardes, qui me paraît le plus terrible bataillon de ce monde. Jordan ressemble toujours à Ragotin [iv], mais c'est Ragotin bon garçon et discret avec seize cents écus d'Allemagne de pension. D'Argens est chambellan avec une clef d'or à sa poche, et cent louis dedans payés par mois. Chazot, ce Chazot que vous avez vu maudissant la destinée, doit la bénir ; il est major, et a un gros escadron qui lui vaut seize mille livres au moins par an. Il l'a bien mérité, ayant sauvé le bagage du roi à la dernière bataille [v]. Je pourrais dans ma sphère pacifique jouir aussi des bontés du roi de Prusse, mais vous savez qu'une plus grande souveraine nommée Mme du Châtelet me rappelle à Paris. Je suis comme ces Grecs qui renonçaient à la cour du grand roi pour venir être honnis par le peuple d'Athènes.

 

J'ai passé quelques jours à Bareith. Son Altesse Royale [vi] m'a bien parlé de vous. Bareith est une retraite délicieuse où on jouit de tout ce qu'une cour a d'agréable sans les incommodités de la grandeur. Brunswik où je suis a une autre espèce de charmes. C'est un voyage céleste où je passe de planète en planète pour revoir enfin ce tumultueux Paris où je serai très malheureux si je ne vois pas l'unique Maupertuis que j'admire et que j'aime pour toute ma vie.

 

V. »

i Cf. lettre du 6 octobre.

iii Tito Vespasiano, ovvero la Clemenza di Tito, de Johann Adolf Hasse. Dans ses Mémoires, V* dit qu'il était « mis en musique par le roi lui-même aidé de son compositeur. »

iv Dans Le Roman comique de Scarron:

vi Wilhelmine, margravine de Bayreuth soeur de Frédéric.http://fr.wikipedia.org/wiki/Wilhelmine_de_Bayreuth

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16/10/2010 | Lien permanent

vouloir échauffer dans le cœur d'un homme qui se pique de sentiments, les bontés dont votre aimable ambassade lui donne

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

conseiller du parlement

rue de la Sourdière à Paris.

 

Aux Délices 21 juin [1758]




Premièrement, mon divin ange, le confident Tronchin fera sa principale occupation de ménager mon bonheur, c'est à dire de vous attirer à Lyon [Jean-Robert Tronchin, ami de feu le cardinal de Tencin et de Mme de Grolée, est chargé d'obtenir qu'elle invite d'Argental à Lyon ; celui-ci n'aurait alors qu'à « plaire » et ce serait un premier pas vers l'héritage et de plus V* pourrait voir son ami]. Et je veux absolument croire qu'il en viendra à bout.



Quand à la négociation d'un très aimable ambassadeur je n'en connais pas de plus facile [Chauvelin, ambassadeur à Turin, chargé de la négociation avec le représentant de l'Autriche et le gouvernement français en faveur de V*; cf. lettre du 24 mai 1758] . Et je vous aurai la plus grande obligation à vous et à lui du petit mot en général qu'il veut bien avoir la bonté de dire de lui-même. Il peut très aisément et sans se compromettre encourager les sentiments favorables qu'on me conserve [= l'abbé de Bernis, académicien, poète et qui a fait comme V* autrefois des vers à Etioles chez Mme de Pompadour ], il peut faire regarder comme une chose honnête et même honorable de revoir un ancien camarade en poésie, en Académie et non pas en visage [V* se plait à opposer la face « rubiconde » de Bernis à la sienne ; cf. lettre du 24 mai]. Il y a du mérite, il y a de la gloire à faire certaines actions. Et tout cela peut être représenté sans être mendié, et sans autre dessein que de vouloir échauffer dans le cœur d'un homme qui se pique de sentiments, les bontés dont votre aimable ambassade lui donne l'exemple. C'est d'ailleurs un plaisir de dire à un auteur que je suis un des plus ardents partisans de sa pièce [= les traités d'alliance avec l'Autriche en 1756 et 1757, dont Bernis a été un des principaux auteurs], et que je la prône partout. Je ne veux point qu'on me donne une loge. Je ne veux rien mais je désire ardemment que votre ancien ami parle à votre ancien ami comme vous parleriez vous-même. Et je vous prie de remercier d'avance votre ambassadeur.



Il faut que je vous confie, mon cher ange, que je vais passer quelques jours à la campagne chez Mgr l'Électeur palatin .Je laisserai les nièces se réjouir et apprendre des rôles de comédie pendant ma petite absence. Je ne peux remettre ce voyage. Il faut que pour mon excuse vous sachiez que ce prince m'a donné les marques les plus essentielles de sa bonté, qu'il a daigné faire un arrangement pour ma petite fortune et pour celle de ma nièce [un prêt de 130 000 livres à l'Electeur qui doit assurer « une rente considérable » à Mme Denis], que je dois au moins l'aller voir et le remercier. M. l'abbé de Bernis a bien voulu m'envoyer de la part du roi un passeport dans lequel Sa Majesté me conserve le titre de gentilhomme ordinaire, de façon que mon petit voyage se fera avec tous les agréments possibles. J'aimerais mieux, je vous en réponds, en faire un pour venir remercier Mme la princesse Robecq [Anne-Marie de Luxembourg de Montmorency, princesse de Robecq] de la bonté qu'elle a de m'accorder son suffrage. Elle a bien senti que rien ne devait être plus glorieux et plus consolant pour moi. C'est à vous que je dois l'honneur de son souvenir et c'est par vous que mes remerciements doivent passer. Adieu mon cher et respectable ami, je pars dans quelques jours, et à mon retour je ne manquerai pas de vous écrire.



V. »

 

 

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21/06/2010 | Lien permanent

Tout hérétique que vous êtes, votre argent est catholique

... Pas plus qu'il n'a d'odeur , l'argent n'a de religion et sert indifféremment Mère Théresa, soeur Emmanuelle et tous les dictateurs et tyrans du monde .

Devenu, avec un zeste de réflexion , totalement irreligieux, je me permets de rappeler l'utilité de l'oeuvre d'un catholique, l'abbé Pierre qui n'eut pas la lâcheté de nombre de bien-pensants et agit pour ses frères humains en détresse sans chercher à les convertir à d'autre foi qu'en eux-mêmes . Il est rejoint par l'abbé Guy Gilbert, le prêtre de loubards, qui remit à sa place (celle de punaise de sacristie intégriste) une soi-disant bonne catholique qui lui reprochait, au cours d'une conférence à Gex, d'avoir parfois des jeunes musulmans comme enfants de choeur ; Jésus Christ, juif, avait des apôtres juifs, ce que bien des chrétiens oublient .

argent catholique.jpg

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

Chez vous vendredi 11 novembre [1757]

Vos Délices recevront à belles baisemains 1 vos pommiers mon cher correspondant, mais songez qu'il faut que vous mangiez des pêches aussi bien que des pommes et que je commence à désespérer des Chartreux . J'ai fait vos espaliers il serait triste qu'ils fussent nus . On ne sait pas quand M. Chaban 2 reviendra . Si vous voulez manger des pêches croyez- moi, écrivez en droiture au procureur du couvent . Tout hérétique que vous êtes, votre argent est catholique et en vous recommandant de ce M. Chaban vous aurez tout le clos des Chartreux .

Vous savez qu'il ne nous faut que quatre-vingt pêches d'espèces qui se suivent, dix abricotiers, dix beurrés, dix virgouleuses, dix figues . Si je n'ai pas d'abord fait ce compte dans mes précédentes supplications, je le fais aujourd'hui par le conseil des jardiniers . Cela est égal pour MM. les Chartreux . Regardez je vous prie cette affaire comme importante . Celles de l'Allemagne iront comme elles pourront, mais il faut que vous mangiez des pêches et des figues que j'aurai plantées .

En vous remerciant des baguettes dorées . Point d'agrafes . C'est pour des tableaux d'antichambre et de vestibule . Vous voyez que je partage mes hommages entre Genève et Lausanne, mais je suis toujours fidèle à mon lac comme à vous .

M. de Laleu m'a mandé il y a longtemps qu'il a payé les 25 000 livres tournois . »

1   Ici nous avons une locution proverbiale et baisemain se met au féminin , comme main .

 

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28/01/2013 | Lien permanent

S'il nous arrive malheur je ne vois pas quelles seront les ressources . Le crédit anéanti, le commerce ruiné, l’argent d

... Rassurons-nous braves concitoyens, c'était en période de guerre au XVIIIè siècle !

-- Eh ! James , te crois -tu en période de paix au XXIè ?

 

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« A Jean-Robert Tronchin

à Lyon

[26 novembre 1759]

Mon cher correspondant, on dit que vous vendez au roi très chrétien votre vaisselle à 56 livres le marc . Pour moi je garde la mienne, attendu qu'elle est en grande partie hérétique au poinçon de Genève . Mais comme il faut se retrancher je voudrais deux cafetières du levant 1 au lieu de cafetières d'argent, l'une de quatre tasses, l'autre de cinq ou six, et je vous prie de m’aider dans cette partie de l'académie de lésine .

Nous avons payé aujourd’hui, monsieur votre frère et moi, votre beau mur de terrasse, mais en mandats sur MM. Cathala . C'est de quoi monsieur le conseiller vous rendra compte . Genève enfin a un bon procureur général de votre nom 2. Vous voilà tous bien ancrés dans la république . Elle perd beaucoup en annuités et billets mais il n'y a pas de banqueroutes comme à Paris . N'êtes-vous pas un peu blessé comme les autres dans cette défaite générale ? Voilà donc la flotte Conflans partie 3. Dieu la favorise et la ramène saine et sauve . S'il nous arrive malheur je ne vois pas quelles seront les ressources . Le crédit anéanti, le commerce ruiné, l’argent disparu font soupçonner que Martin avait raison quand il disait que tout allait mal dans le meilleur des mondes possibles .

Oserai-je vous supplier de me vouloir bien faire chercher chez quelque libraire de Lyon l'ordonnance des eaux et forêts 4 et la coutume de Bourgogne et de Gex 5? L'abbé Pernetti 6 qui est très officieux pourrait me rendre ce petit service, si vous aviez la bonté de lui en faire dire un mot .

Je vous embrasse de tout mon cœur .

V. »

1 V* , grand consommateur de café, avait déjà fait commande de ce type de cafetière : lettre du 23 juillet 1757 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/11/25/nous-avons-trouve-qu-ils-n-en-avaient-avale-que-vingt-boutei.html

Voir aussi lettre du 24 novembre 1759 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/12/01/a...

2 L'autre Jean-Robert Tronchin né en 1710, décèdera en 1793 ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Robert_Tronchin

 

 

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03/12/2014 | Lien permanent

Je donne au public beaucoup plus que je n’avais promis

... Nos chers (et certains même très onéreux) fonctionnaires ne semblent pas près d'entendre ceci de la bouche de l'élu présidentiel (faute d'être providentiel ! ) qui, ainsi que le prouve l'histoire, est rarement en capacité de donner ce qu'il a promis . [NDLR - James dit "il" car il n'envisage pas du tout une présidente, pas plus d'extrême droite que d'extrême gauche] .

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

5 juin 1762 1

Mes divins anges je suis à vos pieds, et j'y mets messieurs de la poste . Je vous dois quinze francs pour leur insolence, permettez-moi celle de vous les payer ; mais permettez-moi une autre insolence . Nous supplions madame d'Argental de vouloir bien nous envoyer la sœur de la cuvette charmante 2 qu'elle avait eu la bonté d'ordonner avec tant de goût .

Je suis aussi honteux que pénétré de toutes vos bontés ; je vous remercie de celles de M. le comte de Choiseul.

M. Duclos me mande qu’on a rendu les annonces des Cramer, si ridiculement saisies. Mes commentaires sont très sévères, et doivent l’être, parce qu’il faut qu’ils soient utiles ; mais après avoir critiqué en détail, je prodigue les éloges en gros, j’encense Corneille en général, et je dis la vérité à chaque ligne de l’examen de ses pièces.

Je donne au public beaucoup plus que je n’avais promis ; vous aurez bientôt le Jules César de Shakespear, traduit en vers blancs, imprimé à la suite de Cinna, et la comparaison de la conspiration contre César avec celle contre Auguste ; vous verrez si je loue Corneille, et Shakespear vous fera bien rire.

La Place n’a pas traduit un mot de Shakespear 3.

Vous aurez aussi la traduction de l’Héraclius de Calderon, et vous rirez bien davantage. Que les Français ne sont-ils dans la tactique ce qu’ils sont dans le dramatique !

Tronchin ne sait ce qu’il dit . Le lait d’ânesse m’a fait mal ; j’ai eu le malheur de travailler ; mais il est trop affreux de ne rien faire.

J’apprends dans l’instant qu’on vient d’enfermer dans des couvents séparés la veuve Calas et ses deux filles. La famille entière des Calas serait-elle coupable, comme on l’assure, d’un parricide horrible ? M. de Saint-Florentin 4 est entièrement au fait ; je vous demande à genoux de vous en informer. Parlez-en à M. le comte de Choiseul ; il est très aisé de savoir de M. de Saint-Florentin la vérité ; et, à mon avis, cette vérité importe au genre humain.

La poste part ; je vous adore. »

1 Dans l'édition de Kehl, manquent les passages suivants , biffés sur le manuscrit : « je suis à vos pieds […] tant de goût . [début] et Je ne manquerai pas […] M. de Courteilles . [vers la fin ].

2 Sur cette cuvette ou « vaisseau » destiné à Jean-Robert Tronchin, voir lettre du 8 février 1762 aux mêmes : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2017/01/29/son-vaisseau-pour-les-verres-est-malheureusement-le-plus-bea-5904773.html

3 C'est exact .

4 Saint-Florentin avait dans son ministère la maison du roi, les affaire religieuses, le Languedoc, Montauban, et aussi les postes, où son premier commis était Chaban .Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Ph%C3%A9lypeaux_de_Saint-Florentin

 

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22/04/2017 | Lien permanent

je lui dirais qu'il ne fallait pas dans un temps de crise faire trembler les financiers, qu'on ne doit intimider qu'en t

... Mis en ligne le 8/8/2017 pour le 29/9/2015

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine

Aux Délices 29 septembre 1760 1

Je suis bien fatigué, ma chère nièce, monsieur le grand écuyer de Cyrus, monsieur le jurisconsulte, vous avez fait une course à Paris qui est d'une belle âme . Venir voir Tancrède, pleurer et repartir c'est un trait que l’enchanteur qui écrira votre histoire et la mienne ne doit pas oublier . Nous venons aussi de jouer Tancrède de notre côté, et nous vous aurions cent fois mieux aimés à Tournay qu'à Paris . Je vous avertis que la pièce vaut mieux sur mon théâtre que sur celui des comédiens . J'y ai mis bien des choses qui rendent l'action beaucoup plus pathétique . Je n'ai pas eu le temps de les envoyer aux comédiens de Paris, et d'ailleurs on ne peut commander son armée à cent lieues de chez moi . Je vous avertis que je la dédie à Mme de Pompadour, non seulement parce qu'elle a beaucoup d’ennemis, et que j'aime passionnément à braver les cabales . Vous avez pu juger par ma lettre au roi de Pologne si je sais dire des vérités utiles . Si je voyais votre ami M. de Silhouette, je lui dirais qu'il ne fallait pas dans un temps de crise faire trembler les financiers, qu'on ne doit intimider qu'en temps de paix ; et j'ajouterais que si jamais il revient en place, il fera du bien à la nation ; mais je doute qu'il rentre dans le ministère .

Je doute aussi que nous ayons la paix qui nous est nécessaire . J'ajoute à tant de doutes que j'ignore si je pourrai aller vous voir à Hornoy . Il faut que je fasse le 2e volume de l'histoire du czar, dont je vous envoie le premier qui ne vous amusera guère . Rien de plus ennuyeux pour une Parisienne que des détails de la Russie . En récompense, je joins à mon paquet deux comédies .

Monsieur le grand écuyer de Cyrus, l'histoire de la princesse de Russie est plus amusante que celle de son beau-père . Je suis au désespoir que ce soit un roman, car je m'intéresse tendrement à Mme d'Aubane 2.

Monsieur le jurisconsulte, pensez-vous que cette princesse morte à Pétersbourg, et vivante à Bruxelles, soit en droit de reprendre son nom ? Je vous avertis que je suis pour l'affirmative attendu que j'ai lu dans un vieux sermon que Lazare étant ressuscité revint à partage avec ses deux sœurs . Voyez ce qu'on en pense dans votre école de droit .

Pardon de ma courte lettre ; il faut répéter Mahomet et L'Orphelin de la Chine . Le duc de Villars qui est un excellent acteur joue avec nous en chambre 3, afin de ne pas compromettre sur le théâtre la dignité de gouverneur de province .

Le théâtre de Tournay sera désormais à Ferney . J'y vais construire une salle de spectacle malgré le malheur des temps . Mais si je me damne en faisant bâtir un théâtre je me sauve en édifiant une église ; il faut que j'y entende la messe avec vous, après quoi nous jouerons des pièces nouvelles . En un mot, il faut que que je vous voie soit à Paris, soit à Hornoy, soit chez moi ; aimez-moi, car je vous aime de tout mon cœur tous tant que vous êtes . »

 

1 Copie ancienne qui omet, de même que les éditions suivant Pièces inédites, la fin à partir de En un mot ...

2 Voir lettre du 27 septembre 1760 à Schouvalov :

3 C'est-à-dire en privé .

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29/09/2015 | Lien permanent

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