Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

A vous rendre justice en Europe on s'empresse; Mais parmi tant de sang, de pleurs et d'attentats, L'Europe, abandonnée a

... A vous Angela Davis , vous qui venez d'un pays où être noir est déja un risque supplémentaire de mort violente et qui plus est de la main de policiers ineptes : http://www.leparisien.fr/flash-actualite-culture/une-sculpture-dediee-a-la-memoire-des-esclavages-inauguree-a-brest-10-05-2015-4760491.php

 angela davis nantes 10 05 2015.jpg

 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de SAXE-GOTHA.
14 mai [1760]
Que vous avez raison, jeune et belle princesse,
D'aller en Amérique étaler vos appas!
A vous rendre justice en Europe on s'empresse;
Mais parmi tant de sang, de pleurs et d'attentats,
L'Europe, abandonnée au démon des combats,
Aux meurtres, au pillage, à la fraude traîtresse,
Même en vous admirant, ne vous méritait pas.


Madame, ce petit compliment est pour celle qui a daigné honorer et embellir le rôle d'Alzire. Mais que ne dois-je point à son auguste mère! Je lui jure que si j'avais eu un peu de santé, j'aurais fait le voyage, j'aurais été le témoin des talents du prince et de la princesse. Les raisonneurs, les politiques, auraient dit ce qu'ils auraient voulu, j'aurais contenté le plus cher de mes désirs, de venir me mettre encore aux pieds de Votre Altesse sérénissime.
J'ai usé de la permission qu'elle m'a donnée ; j'ai fait partir un petit ballot pour Mme la comtesse de Bassevitz, et je l'ai adressé à Gotha directement à Votre Altesse sérénissime, afin que le respect pour votre nom le fît arriver en sûreté.
Je profite encore des mêmes bontés pour vous supplier, madame, de vouloir bien honorer de votre protection la lettre incluse 1. Je crois mon commerce fini avec le chevalier Pertriset 2. J'ai pris la liberté de lui dire tout ce que j'avais sur le cœur; mon âge, mon ancienne liberté, les malheurs auxquels il s'expose, m'ont autorisé et m'ont peut-être conduit trop loin. Il ne tenait certainement qu'à lui de s'arranger très-bien avec son oncle ; mais il aime mieux plaider. Je suis sûr que Mlle Pertrizet en est fâchée.
Je ne sais rien, madame, des nouvelles publiques. Je plante, je bâtis; je ne me mêle point des affaires des princes; mais il y a une princesse aux pieds de laquelle je voudrais être.
Le Suisse V. »

1 On ne sait de quelle lettre il s'agit ; ce sont ordinairement des lettres à Frédéric II, (le « chevalier Pertriset ») que V* fait passer par la duchesse de Saxe-Gotha .

2 Frédéric II. A propos des sentiments de celui-ci, voir lettre du 12 mai 1760 de Frédéric à V* : page  385: http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6514333b/f399.texte.r=4109

 

Lire la suite

10/05/2015 | Lien permanent

Je ne songe qu'à mes campagnes, à mes moissons, à mes vins ; mais beaucoup plus à vous madame pour qui j'aurai toute ma

...

 

« A Charlotte-Sophie von Altenburg, comtesse Bentinck

5 juillet [1760]

Got soit béni, madame, et vous aussi . L'oncle et le nièce se flattent que la victoire de M. de Laudon 1 est complète . Plusieurs lettres parlent de huit mille prisonniers 2, mais nous nous en tenons à vos trois mille . Cela est bien honnête . Voilà donc la Silésie ouverte aux armes victorieuses de votre auguste impératrice . Il est à croire que ses victoires amèneront la paix . Si on y va du même train, elle n’aura plus d'ennemis à la fin de la campagne . Tous ceux qui s'intéressent à sa prospérité et par conséquent au bonheur public espèrent que M. le maréchal de Dawn suivra bientôt l’exemple de M. de Laudon et que les Russes les seconderont . L'année 1760 sera mémorable à jamais, et le repos de la divine Marie-Thérèse ne sera plus troublé . L'archiduc va se marier sous des auspices bien favorables 3. Ses myrtes seront tout couverts de lauriers . Les affaires ne me font pas oublier , madame, vos affaires particulières . Je suis occupé sans cesse de M. du Triangle et du chicaneur . Ce chicaneur m'a envoyé quelques uns de ses mémoires que j'ai mis en bonnes mains , et qui n'ont pas rendu sa cause meilleure . J’espère qu'il perdra son injuste procès, et que M. du Triangle qui connait une partie de ses abominables manœuvres lui fera payer tous les frais d'une affaire si injuste .

Je n'ai point de nouvelles madame à vous mander de Paris ; vous avez pleuré sans doute la mort de Mme la princesse de Zerbst 4 votre amie . D'ailleurs tout ce qui se passe aujourd’hui dans cette capitale des plaisirs est assez triste et assez ridicule . Je ne songe qu'à mes campagnes, à mes moissons, à mes vins ; mais beaucoup plus à vous madame pour qui j'aurai toute ma vie le plus respectueux et le plus fidèle attachement .

Le Suisse V. »

1 Le baron Gidéon Ernst Laudon , général autrichien qui avait infligé une défaite au baron Heinrich August de La Motte-Fouquet à Landshut .

2 Waddington, IV, 13, donne le chiffre de neuf mille tués et prisonniers au total .

4 Morte le 31mai 1760 .

 

 

Lire la suite

04/07/2015 | Lien permanent

Je n'ai pas plus de foi aux dames qui disent qu'elles quitteront Paris qu'à celles qui prétendent quitter l'amour

... Paris, -Voltaire le sait bien,- est le huitième péché capital, que seules les femmes peuvent connaître/commettre .

 

quitter paris.png

 http://www.mademoisellecaroline.com/2012/08/sortie-...

 

« A Octavie BELOT

cloître Saint Thomas-du-Louvre

à Paris 1
20è juin 1760 aux Délices .
Je réponds si tard à votre lettre, madame, que vous êtes en droit de me croire coupable de la belle intelligence que vous me supposez avec M. Palissot de Montenoy; je suis cependant très- innocent. Il m'a même outragé dans sa préface ou post-face, en prétendant que je vaux mieux que ceux qu'il offense. Je serais digne de marcher à quatre pattes si je ne sentais pas toute la supériorité des lumières et des profondes connaissances de MM. d'Alembert et Diderot; je les regarde comme les premiers hommes du siècle. Jamais M. Palissot ne m'a envoyé son manuscrit : j'aurais fait l'impossible pour l'empêcher d'être l'Aristophane des Socrates. Il m'a envoyé l'ouvrage imprimé, et je lui ai répondu les mêmes choses que je vous écris. Le style de la pièce est bon; mais le sujet de la pièce est horrible; il représente les plus honnêtes gens du monde enseignant à voler dans la poche. Voilà précisément ce que je lui ai mandé.
Oui, madame, la maison en question est très-près des Délices 2; mais vous en êtes bien loin. Je n'ai pas plus de foi aux dames qui disent qu'elles quitteront Paris qu'à celles qui prétendent quitter l'amour. On ne peut venir dans l'enceinte de nos montagnes que par un coup de la grâce ; je suis converti ; mais je ne me flatte pas de faire des conversions. Il faut avoir furieusement compté avec soi-même pour se vouer à la retraite. Tout ce que je peux faire, madame, c'est de prier Dieu pour vous. Puisse-t-il vous inspirer autant de haine pour les sottises de Paris que vous m'inspirez d'estime pour votre mérite !

V. »

1 Sur l'original, l'adresse est surchargée : « Par Étampes à Morigny » et « Mme Belot chez M. Sibert à Morigny , par Étampes à Morigny »

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Morigny-Champigny

 

Lire la suite

22/06/2015 | Lien permanent

Mais quand chacun tire à soi on n'attrape rien . Voilà mon avis . Vous pouvez en faire part à François si vous le trouve

... No comment ! Qui de plus actuel que Voltaire ?

 

« A Jean-Robert Tronchin

Au château de Ferney 6 janvier 1761 1

Mon cher correspondant, bénis soient les vents du midi qui ont repoussé la flotte britannique . Maudits soient les gens qui laissent prendre Ponticheri . Mais que fait-on de nos annuités , de nos billets de loterie, de nos tontines ?

Oserais-je vous importuner d'un petit résumé que je fais dans ma tête ? J'ai tort de ne pas tenir un registre de ce que je prends chez vous, et de ce que je vous envoie . Mais vous êtes le seul avec lequel j'en use ainsi , puisque vous avez la bonté d'être mon registre . Je compte que j’avais chez vous indépendamment des malheureux effets royaux environ 145 000 livres tournois à la Saint-Jean Baptiste 1760, et qu'en comptant les 15 000 livres que vous prêtez à M. de Chapeaurouge, et que je défalque dès à présent ; en compensant vos envois et les dépenses dont vous avez daigné vous charger, par les petits rafraîchissements que je vous ai envoyés, s'il vous reste ès mains 200 000 livres pour votre serviteur, c'est tout le bout du monde . Je vous supplie de me dire si je me trompe de beaucoup . Cela m'est important , parce qu'il faut être sage , parce que je bâtis une église et que Mme Denis et la cousine de Chimène veulent un théâtre, parce que mes fardeaux se multiplient et que mes forces diminuent .

Voulez-vous bien donner cours à l'incluse ?2

On s'y est bien mal pris pour faire votre frère François syndic . On devait savoir que le noir Du Pan 3 partagerait les voix ; donc il ne fallait pas encore partager les voix opposées et se mettre à trois ou quatre contre lui . Il fallait que les compétiteurs cédassent à François qui combattant seul aurait réuni la majorité en sa faveur ; et François et la tronchinerie auraient à la première occasion donné tout leur parti à ceux qui cette fois lui auraient donné le leur . Mais quand chacun tire à soi on n'attrape rien . Voilà mon avis . Vous pouvez en faire part à François si vous le trouvez bon . C'était ainsi qu'on en usait dans l'ancienne Rome qui ressemble à Genève comme deux gouttes d'eau . Oncle, nièce, Chimène, tout vous aime, tout vous embrasse .

V. »

 

1 L'édition Tronchin est limitée à un fragment .

2 Cette phrase ajoutée en fin de page est en fait un post scriptum .

3 Barthélémy Du Pan a été élu syndic pour l'année 1761 .

 

Lire la suite

je le ferai mettre dans un tonneau avec la moitié d'un manteau sur son vilain petit corps à bonnes fortunes .

... Ce qui évoque pour moi immédiatement Dirty Silly Keutard de triste mémoire, ce "vilain [très vilain] petit corps à bonnes fortunes"

 Afficher l'image d'origine

 

 

« A Etienne -Noël Damilaville

9 mai 1761

J'envoie aux philosophes le seul exemplaire que j'aie du procès du théâtre anglais 1, seul procès que nous puissions gagner aujourd'hui contre messieurs d'Albion . Monsieur Damilaville ou monsieur Thiériot doit avoir la lettre de M. le duc de La Vallière et la réponse  ; M.  le duc de La Vallière a lu cette réponse à Mme de Pompadour, et à M. le duc de Choiseul et en ont été très contents, et il mande qu'il faut sur-le-champ l'imprimer .

Il y a bien longtemps qu'on n'a reçu de nouvelles de monsieur Thieriot .

Les Anglais nous font bien du mal au dehors, et la superstition au dedans . Ne mettra-t-on point ordre à tout cela ? Les échos de nos montagnes nous disent que Belle-Isle est pris 2 ; c'est le dernier coup porté à notre commerce maritime : il faut songer à cultiver la terre .

Prault petit-fils est un petit sot . Il a imprimé l’Appel aux nations avec autant de fautes qu'il y a de lignes . Que monsieur Thieriot ne s'expliquait-il ? Je lui aurais envoyé depuis deux ans de quoi faire un honnête pécule en rogatons .

Vous me trouverez un peu de mauvaise humeur ; mais comment voulez-vous que je ne sois pas outré ? Je bâtis un joli théâtre à Ferney , et il se trouve un Jean-Jacques dans un village de France qui se ligue avec deux coquins de prêtres calvinistes pour empêcher un bon acteur de jouer chez moi . Jean-Jacques prétend qu'il ne convient pas à la dignité d'un horloger de Genève de jouer Cinna chez moi avec Mlle Corneille . Le polisson ! Le polisson ! S'il vient au pays, je le ferai mettre dans un tonneau avec la moitié d'un manteau sur son vilain petit corps à bonnes fortunes .

Pardonnez à ma colère , monsieur, vous qui n'aimez point les enthousiastes hypocrites .

V. »

1 L'Appel aux nations .

2 Belle-Ile-en-Mer, au sud de la presqu'ile de Quiberon avait fait l’objet le 8 avril 1761 d'un débarquement anglais . Le fort du Palais fut réduit le 7 juin, et l'île gardée par les Anglais jusqu'à la paix de paris en 1763, par laquelle elle fut échangée contre l'Acadie . Une partie des habitants de l'Acadie furent rapatriés à Belle-Ile et y firent souche . Voir : http://www.belle-ile-histoire.org/hist/diapo1761.pdf

et : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k65036969/f35.image

et : http://retz-info-histoire.over-blog.com/article-6777617.html

et : http://www.infobretagne.com/sauzon.htm

 

Lire la suite

17/04/2016 | Lien permanent

Grands, petits, riches, gueux, fous, sages, Tous aveugles dans leurs efforts, Tous à tâtons font des ouvrages Dont il

... Je ne l'ai pas lu, mais le sujet a l'air sympa ...

La vie à tâtons  - Marie Fitzgerald

... L'auteur(e) , quant à elle, semble avoir trouvé le bon  ressort de l'histoire .

Et toujours A taton , chantons un peu :

https://www.youtube.com/watch?v=5q-uwSo8xBU

 

 

« A Charles-Philippe-Théodore de Sulzbach, électeur palatin

Est-ce une fille, est-ce un garçon ?

Je n’en sais rien ; la Providence

Ne dit point son secret d’avance,

Et ne nous rend jamais raison.



Grands, petits, riches, gueux, fous, sages,

Tous aveugles dans leurs efforts,

Tous à tâtons font des ouvrages

Dont ils ignorent les ressorts.

 

C’est bien là que l’homme est machine ;

Mais le machiniste est là-haut,

Qui fait tout de sa main divine

Comme il lui plaît, et comme il faut.

 

Je bénis ses dons invisibles,

Car vous savez que tout est bien.

On ne peut se plaindre de rien

Au meilleur des mondes possibles.

 

S’il vous donne un prince, tant mieux

Pour tout l’Etat et pour son père ;

Et s’il a votre caractère,

C’est le plus beau présent des cieux.

 

Si d’une fille il vous régale,

Tant mieux encor : c’est un bonheur :

En grâce, en beautés, en douceur,

Je la vois à sa mère égale.

 

O couple auguste ! Heureux époux !

L’esprit prophétique m’emporte :

Fille ou garçon, il ne m’importe,

L’enfant sera digne de vous.



Monseigneur, il m’importe cependant ; et je partirais en poste pour savoir ce qui en est, si cette Providence, qui fait tout pour le mieux, ne me traitait pas misérablement. Elle maltraite fort votre petit vieillard suisse, et m’a fait l’individu le plus ratatiné et le plus souffrant de ce meilleur des mondes. Je ferais vraiment une belle figure au milieu des fêtes de vos altesses électorales ! Ce n’était que dans l’ancienne Egypte qu’on plaçait des squelettes dans les festins. Monseigneur, je n’en peux plus. Je ris encore quelquefois ; mais j’avoue que la douleur est un mal. Je suis consolé si Votre Altesse électorale est heureuse. Je suis plus fait pour les extrêmes-onctions que pour les baptêmes.

Puisse la paix servir d’époque à la naissance du prince que j’attends . Puisse son auguste père conserver ses bontés au malingre, et agréer les tendres et profonds respects du petit Suisse .

Le 10è juin 1761 au château de Ferney.1 »

 

1 Copie par Wagnière ; l'édition Lettres de M. de Voltaire à l'Electeur palatin et au roi de Prusse, 1761, qui date « A Ferney ce 9 septembre 1761 » ce qui est impossible puisque l'enfant naquit et mourut le 28 juin 1761 ; voir lettre du 7 juillet 1761 à Collini : «  […] j'ai reçu la vôtre [lettre] du 29 juin qui m'apprend que le baptême s'est changé en enterrement . »

 

Lire la suite

07/05/2016 | Lien permanent

vous voyagerez chez les nations étrangères avec plus de connaissance et de goût que vous n’en trouverez peut-être dans l

... monsieur le président, -soit dit sans vouloir vexer quelque nation que ce soit,- vous en verrez des vertes et des pas mures, et comme disait Shakespeare "il y a quelque chose de pourri" dans un trop grand nombre de pays . Vaille que vaille, il faudra y passer, diplomatie oblige .

 Image associée

Je n'en pense pas moins !

 

 

« A Ivan Ivanovitch Schouvalov

19è décembre 1762 , au château de Ferney

Enfin donc, monsieur, j’aurai la consolation de ne point mourir sans avoir eu l’honneur de vous voir. J’étais fort malade quand j’ai reçu par M. le prince de Galitzin, les douces espérances que vous m’avez données 1. Je vous ai déjà dit, je crois, du moins j’ai dû vous dire, que vous êtes, pour les arts de l’esprit et de l’agrément, ce que Pierre-le-Grand a été pour la police de son empire : la différence sera que vous voyagerez chez les nations étrangères avec plus de connaissance et de goût que vous n’en trouverez peut-être dans la plupart des pays que vous verrez. Je me flatte, monsieur, que vous aurez la bonté de m’informer du temps de votre départ. Vous passerez sans doute par l’Allemagne et par Genève pour aller en France . Vous verrez tantôt des cours brillantes, et tantôt des ermitages rustiques. Je suis dans le dernier cas . Vous ne verrez en moi qu’un philosophe champêtre , vous passerez de la magnificence à la simplicité, mais songez que c’est dans cette simplicité champêtre que se trouvent la vérité et l’effusion du cœur ; la vanité vous donnera ailleurs des fêtes , mais la cordialité vous fera les honneurs de Ferney et des Délices. Si vous venez en hiver, vous trouverez autant de neige que chez vous ; si vous venez au printemps, vous trouverez des fleurs.

Comme je suis précisément entre la France et l’Allemagne, je me flatte d’avoir l’honneur de vous voir à votre passage et à votre retour. Ce seront deux époques bien agréables dans ma vie. Cette espérance adoucit tous les maux auxquels la nature me livre ; je les souffre patiemment, et je vous désire ardemment. Votre Excellence doit être bien persuadée des tendres et respectueux sentiments de votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

1 Lettre de Schouvalov du 29 octobre 1762 : « […] vous prenez trop de part à ce qui me regarde pour que je ne vous avertisse que j'ai pris le parti de faire un voyage . Vos sages conseils ont beaucoup contribué à ma résolution . Jugez de ma satisfaction lorsque je me représente d’avance de vous voir  […] . Je dois vous dire, monsieur, que depuis l'époque fatale pour moi [il était le favori de l'impératrice Elisabeth, décédée le 5 janvier 1762], je ne suis plus le même, je cherche vainement un bonheur, dont mon cœur ne connait plus ni le choix ni l'effet . Vous me servirez d'oracle . »

Lire la suite

29/10/2017 | Lien permanent

je vous envoie le livre très chrétien que vous demandez, et que des lâches ont fait brûler, à ce qu'on dit, pour faire p

... La censure littéraire au XVIIIè siècle qui semble à beaucoup inepte, totalement le fait du roi et des nantis privilégiés, est plus vivante que jamais au XXIè siècle, siècle où chacun s'érige en arbitre du bon et du mauvais, du politiquement correct , et nous vaut une mine d'imbécillités impardonnables et inépuisable .

Voir : https://charliehebdo.fr/2020/01/societe/interview-les-nou...

et : https://www.liberation.fr/debats/2019/11/26/de-quoi-l-enf...

Merci Voltaire !

 

 

« A Théodore Tronchin

[novembre-décembre 1764] 1

Mon cher Esculape, je vous envoie le livre très chrétien que vous demandez, et que des lâches ont fait brûler, à ce qu'on dit, pour faire plaisir à des fripons . Il y a un chapitre ou deux de M . Abauzit, qui est comme vous savez un excellent chrétien . Il y en a d'autres d'un pasteur de la sainte Église réformée . Vous avez demandé ce livre en qualité d'excellent chrétien, et moi comme excellent chrétien je me prive des deux seuls exemplaires que j'aie, afin de faire passer en vous la grâce qui surabonde en moi .

Je suis bien fâché qu'Esculape, Hippocrate, Asclépiade, Andronicus, Musa, Celse, Galien , etc. n'aient pas été aussi d'excellents chrétiens, car vous sentez bien qu'il est impossible d'être bon médecin sans être bon chrétien . Je vous embrasse le plus chrétiennement du monde .

Mes compliments, je vous prie, au bon chrétien Du Luc 2, et à tous les saints de cette espèce . »

1 L'édition Cayrol imprime cette lettre comme un post scriptum de la lettre du 4 mars 1765, sous cette date ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/2014/09/correspondance-... . C'est le 24 novembre 1764 que le conseil de Genève condamna au feu le Dictionnaire philosophique, d'où la date proposée ci .

Lire la suite

02/02/2020 | Lien permanent

on me fait espérer que je ne serai pas aveugle , et alors je vous verrai de très bon œil

... Dès que le confinement cessera !

Seule consolation : le sport individuel reste autorisé, et même s'il ne l'était plus, en plein air j'aimerais bien voir celui qui voudrait m'en empêcher ! Quant à me munir d'un "document attestant sur l'honneur le motif de mon déplacement", wtf !

Résultat de recherche d'images pour "covid 19 confinement sport"

J'ai les boules !

 

« A Etienne de Lafargue 1

A Ferney, 9 janvier [1765]

Je n'ai jamais tant souhaité de lire, monsieur, que depuis que vous avez bien voulu m'envoyer vos ouvrages . Je perds la vue, mais on me fait espérer que je ne serai pas aveugle , et alors je vous verrai de très bon œil . Ce que je connais déjà de vous me prévient favorablement pour le reste ; et vos vers auraient des charmes pour moi, quand vous ne m’auriez pas loué si délicatement . Vous êtes dans une maison 2 où l'esprit, la science et la vertu sont héréditaires ; et vous n'avez pas peu contribué à les y perpétuer . L'état où je suis ne me permet pas de longues lettres, mais ne m'empêche pas de sentir tout votre mérite . Recevez mes remerciements, et les sentiments d'estime et d'attachement avec lesquels j'ai l'honneur d'être , etc. »

1 Avocat au parlement de Pau , voir : https://data.bnf.fr/fr/14541566/etienne_de_la_fargue/

2 Chez les d'Ormesson, si on en croit une note de Beuchot , se basant sur la dédicace des Œuvres mêlées de M. de Lafargue, des Académies Royales des Sciences, Belles-Lettres Arts de Caen de Lyon. Paris, Duchesne, 1765 : voir https://books.google.fr/books?id=VOReAAAAcAAJ&pg=PA6&lpg=PA6&dq=Etienne+de+Lafargue+voltaire&source=bl&ots=2OUbZTsi4W&sig=ACfU3U3NxeTzbtxQ-klhvdJB4gIrDNxvlA&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwi4oYGX6KDoAhVLrxoKHY5UALoQ6AEwAHoECAcQAQ#v=onepage&q=Etienne%20de%20Lafargue%20voltaire&f=false

et https://www.normandy-auction.fr/lot/26770/5702987?npp=20&

Lire la suite

17/03/2020 | Lien permanent

vous vous souvenez que quand Luc me mordit à la jambe, je déclarai que c’était moi qui était dans mon tort

... mais que le roquet Jean-Luc (Mélenchon) s'avise d'en faire autant, et c'est à coups de pieds au cul qu'il sera remercié "  , ainsi pense, je l'espère, Emmanuel Macron .

 

Voltaire in a Cabriolet

 

 

« A Gabriel Cramer

à Genève

[vers le 25 décembre 1764] 1

Mon très aimable Caro, vous vous souvenez que quand Luc 2 me mordit à la jambe, je déclarai que c’était moi qui était dans mon tort . Je dois la même justice à Collete . Nous étions occupés Wagnière et moi à rembourrer notre coussin, et nous avions abandonné les rênes, Collete rencontra une borne , elle fit passer le cabriolet par dessus, nous tombâmes les uns sur les autres, c'est-à-dire Wagnière, Collete , le cabriolet et moi, nous nous relevâmes comme nous pûmes ; Collete me demanda mille pardons, me fit les plus charmantes mines du monde, et nous continuâmes notre promenade fort gaiement .

Je vous remercie tendrement, mon cher Caro, de l'intérêt que vous voulez bien prendre au cocher, et de l'envoi que vous faites à M. le prince Galitzin .

Quant à la lettre de change sur M. le comte de Lauraguais, je crois qu'il faudrait s'adresser chez lui à son homme d'affaires .

Est-il bien vrai qu'on réponde aux Lettres de la campagne 3?

Mille tendres amitiés à toute votre famille . »

1Lettre datée ntamment d'après la date de publication de l'ouvrage mentionné : Réponse aux Lettres écrites de la campagne, de d'Ivernois .

2 V* a eu un singe qu'il nommait Luc, ainsi que par moquerie il surnommait Frédéric II ; voir lettre du 21 août 1756 à J.-R. Tronchin , de Lyon : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/08/10/quand-le-dernier-des-autrichiens-aura-tue-le-dernier-des-pru.html

et voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1756/Lettre_3222

3 L'ouvrage de François-Henri d'Ivernois, parut le 1er janvier 1765, selon Emile Rivoire, sous le titre Réponse aux Lettres écrites de la campagne (par Tronchin), 1764 ; voir : https://books.google.fr/books?id=IClt2OdSWgEC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

Voir : https://data.bnf.fr/fr/12463095/francois-henri_d__ivernois/

et : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_d%27Ivernois

 

 

 

 

 

 

Lire la suite

28/02/2020 | Lien permanent

Page : 578 579 580 581 582 583 584 585 586 587 588