28/03/2009
tout est perdu quand on digère mal. C’est l’estomac qui fait les heureux.
Bon début de journée avec la distribution de flyers pour la collecte de sang du lundi 30 mars à Gex ( qu'on se le dise ! "Tout donneur de sang se trouve du bon côté de l'humanité", paroles d'une jeune femme sauvée par une transfusion ).
Le vendeur de pains sur le marché m'a fait cadeau d'un petit pain aux céréales, offert, car fait de la veille ; pour moi qui me suis abonné au pain de campagne au levain depuis longtemps, j'ai l'habitude de manger du pain qui tient le coup 4 à 5 jours sans devenir dur comme du chien ou mou comme une vieille savate .Petit pain aux céréales, tu ne vas pas avoir le temps de rassir davantage !!!
Et pour continuer la matinée, le plaisir de vous faire partager cette lettre, la seule que j'ai touvée datée d'un 28 mars . Let's go !

« A Sophie-Frédérique-Wilhelmine de Prusse, margravine de Bayreuth
Madame,
Frère malingre, frère hibou, frère griffonneur est plus que jamais aux pieds de Votre Altesse Royale. S’il lui écrivait aussi souvent qu’il pense à elle, Son Altesse aurait des lettres de lui cinq ou six fois par jour.
J’attends, Madame, l’heureux temps où j’aurai assez de santé pour faire le voyage de Bareith. Il me semble que j’aie renoncé à celui de France et d’Italie, mais je me berce toujours de l’espérance de vous faire ma cour. Il fallait autrefois que les virtuoses allassent à Naples, à Florence, Ferrare, c’est maintenant à Bareith qu’il faut aller.
Si Votre Altesse Royale a envie de faire représenter un nouvel opéra chez elle, qu’elle ne prenne pas Orphée [Orpheo ed Eurydice, à Berlin le 27 mars] que le roi son frère vient de faire jouer .Jamais je n’ai vu un si sot Pluton, et un Orphée si ennuyeux. Il y a toujours de beaux morceaux dans la musique de Graun mais cette fois ci le poète l’avait subjugué. Le roi qui s’y connait bien avait heureusement fait beaucoup de retranchements. Je disais à un vieux militaire qui baillait à coté de moi et qui n’entendait pas un mot d’italien : En vérité, Monsieur, le roi est le meilleur prince de la terre, il a plus que jamais pitié de son peuple. - Comment donc ? dit-il. – Oui, ajoutai-je, il a accourci cet opéra-ci de moitié. Je me flatte que Votre Altesse Royale aura eu cet hiver de belles fêtes et la santé. Mais, Madame, songez à la santé surtout. C’est là ce qu’il faut vous souhaiter : la beauté, la grandeur, l’esprit, le don de plaire, tout est perdu quand on digère mal. C’est l’estomac qui fait les heureux.

Vraiment, Madame, je sais plus de nouvelles de La Pucelle que Votre Altesse Royale ne croit.. Il est vrai que Madame la duchesse de Virtemberg passa une nuit chez vous à en transcrire quelques lambeaux, mais ce qu’on a à Vienne des dépouilles de cette pucelle vient de la bataille de Sore [Sohr, 30 septembre 1745]; les houzards qui s’amusèrent à piller le bagage du roi pendant qu’il battait les troupes réglées d’Autriche, volèrent Le Siècle de Louis XIV et ce que le roi avait de La Pucelle [on fera une édition pirate du Siécle et V* soupçonnera Frederic ; il lui avait aussi donné deux manuscrits de La Pucelle en 1742 et 1743]. Cela consiste en sept ou huit cents vers détachés du corps de l’ouvrage . Ainsi Jeanne a été un peu houspillée, mais elle n’a pas perdu tout à fait son pucelage. Cette Jeanne était destinée à être toujours prise à la guerre.
J’en fis deux nouveaux chants il y a quelques mois, j’y fourrai un gros Tirconel, mais mon Tirconnel (sic) [Milord Tyrconnel, envoyé de France, mort le 2 mars 1752] ne l’a pas porté loin.
Pardon, Madame, il ne me reste point de place pour présenter à Vos Altesses Royales les profonds respects de frère V.
Berlin, 28 mars 1752. »
http://fr.wikipedia.org/wiki/Wilhelmine_de_Bayreuth
Bébé potelé et drolement attiffé que la petite princesse !!
Bébé a maintenant 36 ans, et il y a du monde au balcon !
10:06 | Lien permanent | Commentaires (0)
27/03/2009
mon vieux cœur, qui pour être vieux n’en est pas plus dur
En préambule, juste pour voir si vous avez encore le sens des réalités , exemple typique des hauts dignitaires, civils et religieux, excellents experts du "faites ce que je dis", oubliant d'ajouter "ne faites pas ce que je fais" !
http://www.linternaute.com/actualite/depeche/photos/2054/...

A combien de jours de nourriture pour un enfant du Sahel estimez-vous cette superbe tenue avec bijoux et éléments d'apparat en or ? Dites un chiffre, et pleurez ! Ou plutôt non, disons "e finita la comedia".
Pour retourner encore le couteau dans la plaie -(c'est mon côté tueur à sang froid ; Babeth excuse moi, c'est le naturel qui revient au galop !!) - : comment peut-on mettre hors la loi le modeste préservatif alors qu'on mobilise pour sa sainte protection - (en sus d'une cohorte d'anges qui bossent pour rien)- une foule de gardes du corps en sus d'une papamobile à vitres blindées ?? C'est vrai, il n'y a qu'un pape, et tout ce qui est rare est cher . A coté, ou plutôt en dessous de lui, il y a la foule des anonymes paumés qui n'ont même pas le droit à la protection d'un film de latex !! On a parlé du devoir d'ingérence pour les pays où sévit la guerre civile, le devoir de désobéissance est d'actualité .Je dois humblement le reconnaitre, je suis un horrible antipapiste voué à l'enfer, tant pis !!
« A Jean Le Rond d’Alembert
Mon très aimable Bertrand, votre lettre a bien attendri mon vieux cœur, qui pour être vieux n’en est pas plus dur. Je ne sais pas bien positivement si je suis encore en vie, mais en cas que j’existe c’est pour vous aimer.
Le gros Gabriel Cramer pendant ma maladie a imprimé un petit recueil dans lequel vous trouverez d’abord Les Lois de Minos, précédées d’une épître dédicatoire, et si la page 8 de cette épître dédicatoire ne vous plait pas, je serai bien attrapé [il demande à Richelieu de protéger « la véritable philosophie également éloignée de l’irréligion et du fanatisme »].
Je sais d’ailleurs que Raton aime Bertrand depuis trente ans et que Bernard pardonnera à une liaison de plus de cinquante [avec Richelieu].
Après la pièce sont des notes que probablement on ne réimprimera pas dans Paris, tant elles contiennent de vérités. Vous trouverez dans ce recueil la seule bonne édition de l’Épître à Horace, le Discours de l’avocat Belleguier, des réflexions [Quelques petites hardiesses de M. Clair à l’occasion d’un panégyrique de saint Louis] sur le Panégyrique de saint Louis prononcée par l’abbé Maury, lesquelles ne sont pas à l’avantage des Croisades.
Le Philosophe, par Du Marsais, qui n’a jamais été imprimé jusqu’à présent [en fait déjà imprimé de 1743 et réimprimé], se trouve dans ce recueil.
Il y a deux lettres très importantes de l’impératrice de Russie sur les deux puissances. [du 22 août/2 septembre 1765 et 9/20 juillet 1766 sur ses rapports avec les moines et prêtres et sur la tolérance]
Le principal ornement de cette collection est votre Dialogue entre Descartes et Christine.[demandé par V* le 18 mars 1771, après la visite du roi de Suède à l’Académie des Sciences ] .On y a fourré aussi la lettre du roi de Prusse dont l’original est conservé dans les archives de l’Académie, [du 28 juillet 1770, à d’Alembert, Frédéric II accepte sa contribution à la statue de V* par Pigalle, avec éloge de V*] et dont Cramer prétend qu’on a trouvé une copie dans les papiers de votre prédécesseur Duclos.
Presque toutes ces pièces sont accompagnées de remarques dont quelques unes sont assez curieuses.
J’oubliais de vous dire que, dans l’épître dédicatoire, M. de La Harpe est désigné comme le seul qui peut soutenir le théâtre français, et qui n’a éprouvé que persécutions et injustices pour tout encouragement. [La Harpe avait vu condamner son Éloge de Fénelon, et échec de son Gustave Vasa]
Comment m’y prendrai-je pour vous faire parvenir ce petit paquet de facéties allobroges ? Elles sont de contrebande et moi aussi.
Si j’ai encore quelque temps à vivre, je le passerai à cultiver mon jardin. Il faut finir comme Candide, j’ai assez vécu comme lui. Ma grande consolation est que vous soutenez l’honneur de nos pauvres Welches, en quoi vous serez bien secondé par M. le marquis de Condorcet.
Adieu, mon philosophe très cher, et très nécessaire. Adieu ; vivez longtemps.
V.
27 mars 1773. »

Je n'ai pas d'exclusive, la preuve : http://www.linternaute.com/actualite/depeche/photos/2054/...
Pour vous faire une idée neuve, voyez ce magnifique exemplaire de clairvoyance et de modestie :"je suis un homme modeste, je vais gérer la crise ". Ouf, j'ai cru un instant qu'il allait nous faire une crise et faire péter son lifting et ressortir les malles qu'il avait -autrefois- sous les yeux !
Oui DSK, tu es le plus beau, les femmes en tombent à tes genoux !
Gère la crise comme si ton portefeuille en dépendait, ça me rassurerait si tu partageais les risques du menu peuple ... même non socialiste ...
http://www.linternaute.com/actualite/depeche/photos/2054/...

16:49 | Lien permanent | Commentaires (0)
26/03/2009
Il est bon de s’accoutumer à se passer des hommes
On ne se refait pas, vous voyez j'ai des associations d'idées tirées de je ne sais où, ce qui fait que dès que j'ai vu le nom de cette comtesse j'ai cédé à la tentation . Klinglin et Lutzelbourg quelle magnifique association de sons ! Du coup je vais de ce pas (oui, la route est longue ), placer mes hochets bling bling au Luxembourg , ou peut-être au double-axel ou "ritberger", championnat de patinage oblige ! Ah ! ça y est ! Moi aussi je patine dans l'à peu près, la chute est moins dure pour mon verre de montre (peau des fesses, comme me l'ont appris mes nobles parents ), mais risquée pour l'inestimable estime dont m'honorent ceux qui osent encore me fréquenter !!
Que les honorables descendants de Marie-Ursule
ne me fassent pas une pendule.
Cette vache est trop belle
PS : la Marguerite me fait dire qu'elle n'est pas "chaine", mais plutot "cuir" ; avis aux amateurs....
« A Marie-Ursule de Klinglin, comtesse de Lutzelbourg
On me dit, Madame, que vous allez à Andelau et que ma lettre ne vous trouverait pas à Strasbourg. Je l’adresse à M. le baron Darstad [François-Christophe-Honoré de Klinglin, baron Hattstatt, neveu de la comtesse ]. J’ai bien bonne opinion de son procès. Dupont m’a lu son plaidoyer, il m’a paru contenir des raisons convaincantes, il tourne l’affaire dans tous les sens, et il n’y a pas un côté qui ne soit entièrement favorable .J’aurais bien mauvaise opinion de mon jugement ou de celui du Conseil d’Alsace, si monsieur votre neveu ne gagnait pas sa cause tout d’une voix. Je me flatte, Madame, de vous retrouver à l’île Jard quand je retournerai à Strasbourg. Il y a six mois que je ne suis sorti de ma chambre. Il est bon de s’accoutumer à se passer des hommes. Vous savez que j’en ai éprouvé les méchancetés jusque dans ma solitude. Ce père missionnaire [le père Mérat ]est venu s’excuser chez moi, et j’ai reçu ses excuses parce qu’il y a des feux qu’il ne faut pas attiser .Le père de Menoux a désavoué la lettre qui court sous mon nom et je me contente de son désaveu. Il faut sacrifier au repos dont on a grand besoin sur la fin de sa vie. Comme je m’occupe à l’Histoire [Précis de l’Histoire universelle], je voudrais bien savoir s’il est vrai qu’il y ait eu autrefois un parlement à Paris. Le chef du parlement de cette province [Christophe de Klinglin] m’honore toujours d’une bonté que je vous dois. Il vient me voir quelquefois. Je me sens destiné à être attaché à tout ce qui vous appartient. Je présente mes respects aux deux ermites de l’île Jard, je me recommande à leurs saintes prières.
L’ermite de Colmar
A Colmar 26 mars 1754. »
20:19 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, bling bling, ermite, hommes
25/03/2009
il est bon d’égayer les affligés
A force de fréquenter Volti, je prends goût de plus en plus pour ce gaillard étonnant en lisant sa prose, beaucoup moins ses vers, je suis allé voir une représentation de sa première tragédie qui lui a valu un succès monstre "Oedipe". Jusqu'à cet après-midi, je prononçais "Eu-dipe" alors que le bon usage est de dire "é-dipe" ; je me coucherai avec un modeste savoir de plus !

Tragédie : oui ! Tout le monde connait cet Oedipe, parricide et époux de sa propre mère par ignorance et fatalité du destin , origine du trop fameux complexe d'Oedipe cher aux psy ! Pour moi, soirée agréable, bonne performance d'acteurs qui ont su me faire oublier une chaise mal placée (tant pis pour moi, j'aurais dû faire une réservation ; tant mieux pour moi, j'ai pu entrer ). Si un jour, vous avez l'occasion d'assister à cette pièce, allez-y sans crainte et sans haine ! Si vous êtes déçus, dîtes moi pourquoi !
Sans vouloir être trop moqueur -quoique, si ! - , attendez-vous à "un suspense" comme le dit si naïvement un présentateur enthousiaste (trop, à mon avis, trop !). C'est un peu le même "suspense" que dans Titanic ou dans les Dix commandements : le paquebot va-t-il couler, Moïse va-t-il redescendre du mont Sinaï ? Oedipe va-t-il vivre heureux et avoir beaucoup d'enfants ( qui seront du même coup ses frères et soeurs et les petits enfants de Jocaste, comprenne qui peut !! ) ? ou va-t-il être puni et subir le châtiment mérité par ses crimes ? Vous le saurez dans le prochain épisode de "Fantasia chez les Thébains I ".
"A Claude-Philippe Fyot de La Marche
Il y a longtemps que je n’ai eu l’honneur d’écrire à celui qui sera toujours mon premier président. J’ai bien des choses à lui dire. Premièrement son parlement m’afflige [le parlement de Bourgogne a « cessé de rendre justice pour faire dépit au roi »]. Le roi se soucie fort peu qu’on juge ou non les procès auxquels je m’intéresse [Croze, contre le curé de Moëns qui a blessé gravement son fils, et les jeunes de Crassier contre les jésuites d’Ornex qui les ont spoliés] mais moi je m’en soucie .Voilà une plaisante vengeance d’écolier de dire : je ne ferai pas mon thème parce que je suis mécontent de mon régent. C’est pour cela au contraire qu’il faut bien faire son thème. J’apprends que vous faites tous vos efforts pour parvenir à une conciliation. Qui peut y réussir mieux que vous ? Vous serez le bienfaiteur de votre compagnie, c’est un rôle que vous êtes accoutumé à jouer. Je vous demande pardon de donner des fêtes quand la province souffre [le 24, représentation de Cassandre-Olympie, et le 7 mars il y avait eu Le Droit du Seigneur, suivi d’un bal], mais il est bon d’égayer les affligés. Il y en a de plus d’une sorte. Il vient de se passer au parlement de Toulouse une scène qui fait dresser les cheveux sur la tête. On l’ignore peut-être à Paris, mais si on en est informé, je défie Paris tout frivole, tout opéra-comique qu’il est, de n’être pas pénétré d’horreur. Il n’est pas vraisemblable que vous n’ayez appris qu’un vieux huguenot de Toulouse, nommé Calas, père de cinq enfants, ayant averti la justice que son fils ainé, garçon très mélancolique, s’était pendu, a été accusé de l’avoir pendu lui-même en haine du papisme pour lequel ce malheureux avait, dit-on, quelque penchant secret. Enfin le père a été roué ; et le pendu tout huguenot qu’il était a été regardé comme un martyr et le parlement a assisté pieds nus à des processions en l’honneur du nouveau saint. Trois juges [il corrigera plus tard : « Je me suis trompé sur le nombre des juges … Ils étaient treize, cinq ont constamment déclaré Calas innocent . S’il y avait eu une voix de plus en sa faveur, il était absous »] ont protesté contre l’arrêt. Le père a pris Dieu à témoin de son innocence en expirant, a cité ses juges au jugement de Dieu, et a pleuré son fils sur la roue. Il y a deux de ses enfants dans mon voisinage qui remplissent le pays de leurs cris [ deux versions existent dans la relation des faits selon Voltaire , soit un –Donat Calas-, soit deux]. J’en suis hors de moi. Je m’y intéresse comme homme, un peu même comme philosophe. Je veux savoir de quel côté est l’horreur du fanatisme. L’intendant de Languedoc est à Paris .Je vous conjure de lui parler ou de lui faire parler. Il est au fait de cette aventure épouvantable. Ayez la bonté, je vous en supplie, de me faire savoir ce que j’en dois penser. Voilà un abominable siècle, des Calas, des Malagrida, des Damiens, la perte de toutes nos colonies, des billets de confession et l’opéra-comique.
Mon cher et respectable ami, ayez pitié de ma juste curiosité. Je soupçonne que c’est vous qui m’a écrit il y a environ deux mois, mais les écritures quelquefois ressemblent à d’autres .Quand vous aurez la bonté de m’écrire mettez un M au bas de la lettre, cela m’avertit .Je devrais vous reconnaitre à votre style et à vos bontés, mais mettez un M. car quand je vous renouvelle mon tendre et respectueux attachement je mets un V.
V
A Ferney 25 mars 1762. »
17:23 | Lien permanent | Commentaires (0)