31/12/2016
Rien ne pouvait être plus douloureux pour moi que le contretemps que j'éprouve
... Nous dira peut-être Fanfoué Hollande dans son discours de voeux, que je me ferai un plaisir -- non dissimulé -- de zapper .
Images d'un expert en contretemps, un vrai pro !
« A Gabriel Cramer
[1761-1762]
Rien ne pouvait être plus douloureux pour moi que le contretemps que j'éprouve . Je n'ai jamais varié sur l'ordre des pièces qui doivent former le recueil de Pierre Corneille avec le commentaire . J'ai toujours dit à monsieur Cramer ce que j'ai mandé à l'Académie, que je commencerais par Médée, Le Cid, Les Horaces, Cinna, et que je rejetais à la fin de l'édition les comédies indignes de ce grand homme et de notre siècle que personne ne peut lire, et qui ne servent qu'à faire voir de quelle grossièreté et de quelle barbarie nous sommes sortis .
Il n'était donc pas vrai que Gravelot ait fait sept dessins comme il le disait . En trois mois il n'en a fait que deux . Je serai mort avant qu'on puisse donner l'ouvrage au public .
Le vain et misérable ornement des estampes est très inutile, comme je l'ai toujours pensé, dans un ouvrage fait pour être feuilleté par tous ceux qui voudront s'instruire du théâtre et de la langue .
Mon cher Gabriel, je vous conjure de dire à Gravelot qu'il faut absolument donner l'ouvrage entier dans le cours de 1662 1. Il ne peut faire trente-deux estampes dans un temps si court . Il faut se partager supposé qu'on veuille des tailles douces 2.
Je ne sais pas pourquoi vous n'achevez pas Jeanne . Cela me fait plus de peine que le retardement
de Pierre, et je ne crois pas ce délai utile à vos intérêts . Caro Gabriele songez donc que nous sommes mariés ensemble ; et qu'il faut que votre presse roule pour moi jusqu'à ce que la mort m'empêche de griffonner . Pourquoi envoyer cent pistoles à qui n'a rien fait encore ?
Je suis désespéré d'un malentendu si désagréable . Quoi j'ai déjà fait vingt commentaires et il n'y a pas une estampe de commencée !
Il est encore temps de mettre ordre à tous ces embarras en payant à Gravelot l'inutile ouvrage qu'il a fait à peine, et en prenant une ferme résolution de travailler sans estampes, en diminuant le prix, à moins que l'on ne soit sûr des graveurs qui s'engageront à donner les estampes dans un temps convenu . Il serait bon de se voir avant d'envoyer mille francs, car ce pourrait bien être mille francs de perdus . Ne les envoyez point, et entendons nous . Ces gravures des détestables pièces de Mélite et de La Suivante me dégoûtent et m'indignent à mesure que je vous en parle .
N'envoyez point d'argent, et entendons nous. »
1 Sic . Voir : http://www.livre-rare-book.com/search/current.seam?maximumPrice=0.0&keywords=&firstResult=0&faceted=true&ISBN=¢ury=ALL&quicksearch=&l=fr&bookType=ALL&reference=&matchTypeList=ALL&author=&title=theatre+de+pierre+corneille++avec+des+commentaires++c+++c+++c&description=&minimumPrice=0.0&sorting=RELEVANCE&minimumYear=0&ageFilter=ALL&keycodes=&maximumYear=0&cid=3264717
2 Ces sept derniers mots sont ajoutés entre les lignes sur le manuscrit .
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30/12/2016
Les Français commencent à se former
... A l'école de la république . Brillantes pédagogies dont voici un bref résumé en image ...
« A Gabriel Cramer
[vers le 30 décembre 1761]
Je souhaite la bonne année à monsieur Caro, à madame Cara, à madame la mère, et à monsieur Philibert .
Monsieur Caro saura que le 22è décembre notre frère Damilaville n'avait reçu aucune consolation, aucune instruction de monsieur Caro . Que monsieur Caro devait écrire à M. de Mazières fermier général . Que c'est la seule manière d'obtenir grâce pour son ballot . Que ce ballot est très hasardé, et qu'on n'a pris aucune des précautions nécessaires . Je ne doute pas que monsieur Caro n'ait déjà prévenu toutes les plaintes de notre très aimé et très zélé frère Damilaville .
On a imprimé, et on débite à Paris , un livre attribué à Saint-Evremond, intitulé Examen de la religion 1. C'est le livre le plus pulvérisant qu'on ait jamais écrit sur cette matière . Les Français commencent à se former . »
1 Examen de la religion dont on cherche l'éclaircissement de bonne foi . Attribué à M. de Saint-Evremond, traduit de l'anglais de Gilbert Burnet, 1761 .On avait toujours attribué cet ouvrage à La Serre, mais Gustave Lanson a réfuté cette attribution dans ses « Questions diverses sur l'histoire de l'esprit philosophique en France avant 1750 », 1912 . Sur un des exemplaires qu'il possédait, V* a écrit en face du nom de Saint-Evremond : « Il lui est très faussement attribué. Ce n'est point là son style, j'en ignore l'auteur .»
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Agréez le tendre respect d'un vieux radoteur du pays des Alpes
...
« A César-Gabriel de Choiseul, comte de Choiseul
Aux Délices , 28 décembre 1761 1
Monseigneur, vous donnez la bonne année à la France en lui donnant l'Espagne . Cela vaut ma foi mieux que Le Droit du seigneur .
Je vous recommande Luc .
Agréez le tendre respect d'un vieux radoteur du pays des Alpes .
V. »
1 Le manuscrit olographe est passé en dernier lieu à la vente de l'école de droit de Northwestern university (Chicago) le 12 décembre 1931 ; l'édition Suard donne à tort le duc de Choiseul pour destinataire .
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cette unité ferait un trop grand contraste avec les zéros qu'on trouve
... Un peu partout !
Et dire que ces zéros croient dur comme fer que parce qu'ils sont nombreux et unis ils font plus que zéro , défi en toute logique à toute loi mathématique, sauf erreur . Zéros, en pagaille, je sais que vous ne vous reconnaitrez pas, et continuerez à vous prendre pour les guides du peuple, oubliant que vous n'êtes que derrière la virgule, impuissants .
« A Marie-Françoise-Catherine de Beauvau-Craon, marquise de Boufflers-Remiencourt 1
Aux Délices par Genève 28 décembre 1761
Vous m'avez permis madame d'avoir l'honneur de vous écrire quelquefois . Je profite de cette liberté pour vous dire que le roi ayant daigné souscrire pour la valeur de deux cents exemplaires de la nouvelle édition de Corneille, l'empereur pour cent, l'impératrice pour cent, l'impératrice de Russie 2 pour deux cents, Sa Majesté le roi de Pologne a souscrit pour un 3. Nous allons imprimer les noms des souscripteurs . Je crains qu'il y ait une méprise dans cette unité du roi de Pologne . Il me paraît que cette unité ferait un trop grand contraste avec les zéros qu'on trouve dans la souscription de tant d'autres souverains . Je crains de lui déplaire et c'est le but de ma lettre . Mlle Corneille ne demande point une libéralité trop forte et qui ne puisse être à charge . Mais j'ai peur qu'il ne convienne pas à la dignité du roi de Pologne que son nom paraisse pour un seul exemplaire .
J'ai cru que je ne pouvais mieux m’adresser qu'à vous madame pour savoir ce qui convient, et quelle est l'intention de Sa Majesté .
Pardonnez-moi cette importunité, elle me procure l'honneur de me rappeler à votre souvenir .
Il est vrai que Mlle Corneille n'est pas Lorraine, mais elle est la nièce du grand Corneille . Le roi de Pologne est devenu français, il écrit en français . Il s'appelle le bienfaisant .
J'ai l'honneur d'être avec bien du respect
madame
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire . »
1 Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie-Fran%C3%A7oise-Cather... ; http://souvenirsdutemps.vraiforum.com/t3849-MARIE-FRANCOI...
2 V* a écrit puis rayé pour cent .
3 Une note en marge, apparemment de la main du chevalier de Boufflers, selon Cayrol, dit : « M. de Voltaire s'est trompé et le roi de Pologne a souscrit pour 50, qui lui ont été remis . » En fait, le roi Stanislas ne figure pas dans la liste des souscripteurs .
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29/12/2016
Quoi ! sérieusement, vous voulez rendre la théologie raisonnable ? mais il n’y a que le diable de La Fontaine à qui cet ouvrage convienne
...
De prime abord, "théologie" et "raisonnable" m'ont parus comme l'huile et l'eau, incompatibles, ou alors seulement elles bien secoué(e)s et nous donnant une mayonnaise plus ou moins digeste , enfer et damnation !
http://www.eglise-numerique.org/2015/04/retour-sur-une-te...
« Au cardinal François-Joachim de Pierre de Bernis
Aux Délices , ce 28 décembre [1761] 1
Monseigneur, Les chevaux et les Ânes 2 étaient une petite plaisanterie ; je n’en avais que deux exemplaires, on s’est jeté dessus ; car nous avons des virtuoses. Si je les retrouve, Votre Éminence s’en amusera un moment ; ce qui m’en plaisait surtout, c’est que le théatin Boyer était au rang des ânes.
Voyez, je vous prie, si je suis un âne dans l’examen de Rodogune. Vous me trouverez bien sévère, mais je vous renvoie à la petite apologie que je fais de cette sévérité à la fin de l’examen. Ma vocation est de dire ce que je pense, fari quae sentiam 3: et le théâtre n’est pas de ces sujets sur lesquels il faille ménager la faiblesse, les préjugés et l’autorité. Je vous demande en grâce de consacrer deux ou trois heures à voir en quoi j’ai raison et en quoi j’ai tort. Rendez ce service aux lettres, et accordez-moi cette grâce. Dictez il vostro parere 4 à votre secrétaire. Vous lirez au coin du feu, et vous dicterez sans peine des jugements auxquels je me conformerai.
Bene si potria dir, frate, tu vei
L’altrui monstrando, e non vedi il tuo fallo 5.
Et puis vous me parlerez de poutre et de paille dans l’œil 6; à quoi je répondrai que je travaille jour et nuit à rapetasser mon Cassandre, et que je pourrai même vous sacrifier ce poignard qu’on jette au nez des gens, etc., etc., etc.
Quoi ! sérieusement, vous voulez rendre la théologie raisonnable ? mais il n’y a que le diable de La Fontaine à qui cet ouvrage convienne. C’est La chose impossible 7.
Laissez là saint Thomas s’accorder avec Scot 8. J’ai lu ce Thomas, je l’ai chez moi ; j’ai deux cents volumes sur cette matière, et qui pis est, je les ai lus. C’est faire un cours de Petites-Maisons. Riez, et profitez de la folie et de l’imbécillité des hommes. Voilà, je crois, l’Europe en guerre pour dix ou douze ans. C’est vous, par parenthèse, qui avez attaché le grelot 9. Vous me fîtes alors un plaisir infini. Je ne croyais point que le sanglier 10 que vous mettiez à la broche fût d’une si dure digestion. C’est, je crois, la faute de vos marmitons. Une chose me console, avant que je meure : c’est que je n’ai pas peu contribué, tout chétif atome que je suis, à rendre irréconciliables certain chasseur et votre sanglier. J’en ris dans ma barbe ; car, quand je ne souffre pas, je ris beaucoup, et je tiens qu’il faut rire tant qu’on peut. Riez donc, monseigneur, car, au bout du compte, vous aurez toujours de quoi rire. Je me sens pour vous le goût le plus tendre et le plus respectueux. Je me souviens toujours de vos grâces, de votre belle physionomie, de votre esprit ; vivez felix 11. Daignez m’aimer un peu, vous me ferez un plaisir extrême. »
1 V* répond à une lettre de Bernis du 24 décembre 1761 , où celui-ci écrivait : « Vous êtes curieux de savoir […] si je cultive encore les lettres . J'ai abandonné totalement la poésie depuis onze ans . Je savais que mon petit talent me nuisait dans mon état et à la cour […] J'aime l'histoire . Je lis, ou me fais lire quatre heures par jour . […] J'écris ou je dicte deux heures […] Je n'ai point abandonné Horace , ni Virgile . Je reviens toujours à eux avec plaisir . Vous dites que le cardinal de Richelieu faisait de la théologie à Luçon . Je suis tenté bien souvent de la réduire à ses véritables bornes ; c'est à dire de la dépouiller de toutes les questions étrangères au dogme, et d'enseigner par cette méthode l'art d'éteindre toutes les disputes d'école qui ont été, sont et seront la source des plus grands troubles et des plus grands crimes . Vous me demandez si je suis heureux ? Oui tant que l'humeur de la goutte ne me tracasse pas . Les grandes places m'avaient rendu malheureux, parce que je sentais que je ne pouvais y acquérir la réputation que mon âme ambitionnait, ni y faire le bien de ma patrie . J'étais trop sensible aux maux publics, quand le public avait droit de m'en demander la guérison . Envoyez-moi Les Ânes et les chevaux , s'il est convenable de me les envoyer . »
2 Voir les Satires : https://books.google.fr/books?id=7FIHjzDdVakC&pg=PA187&lpg=PA187&dq=les+chevaux+et+les+anes+satires+voltaire&source=bl&ots=L3rP7Whtf0&sig=ggmOZd_HksaudLxdOFjDnzydnm0&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjM7czwzZXRAhVTe1AKHXoZDMYQ6AEIIzAA#v=onepage&q=les%20chevaux%20et%20les%20anes%20satires%20voltaire&f=false
3 Dire ce que je pense ; réminiscence d'Horace, Épîtres, I, iv, 9 .
4 Ce qu'il vous en semble .
5 Heureux si je pouvais dire : Frère, tu vois pour montrer du doigt autrui, et tu ne vois pas ta propre faute .
6 Évangile selon Matthieu, VII, 3 .
7 Titre d'un conte de La Fontaine, IV, 14 ; http://www.lafontaine.net/lesContes/imprimeConte.php?id=61
8 Citation de Boileau, Satires, VIII, 229 .
9 A l'époque , on considérait généralement que la politique autrichienne de Bernis avait précipité la guerre ; en fait cette politique était clairvoyante à l'égard des ambitions de Frédéric II, et n’échoua que par l'infériorité des chefs militaires français ou alliés par rapport à Frédéric .« Nous parlerons quelque jour du grelot que vous dites que j’ai attaché, répondit Bernis le 30 janvier 1762, et des marmitons qu’on a voulu employer malgré moi. J’ai connu un architecte à qui on a dit : Vous ferez le plan de cette maison, mais bien entendu que l’ouvrage commencé, les piqueurs, ni les maçons, ni les manœuvres, ne seront point sous votre direction, et s’écarteront de votre plan autant qu’il leur conviendra de le faire. » (Georges Avenel.)
10 Le chasseur est Choiseul, le sanglier, Frédéric II .
11 Heureux .
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28/12/2016
Oh ! quelle bonne nouvelle !
... Le chômage est en régression, rendez-vous compte, près de trois chômeurs de moins pour chacune des 36000 communes françaises ! Champagne ! Champommy plutôt , ça suffira pour une telle annonce ! Et puis on est suffisamment saoulé par la ronde des chiffres de statisticiens qui ont la chance d'avoir un job, entretenus par l'Etat .
Comme dit Voltaire "L'Espagne a exaucé mes voeux"
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'ArgentaI
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'ArgentaI
Aux Délices ce 28 décembre 1761 1
Est-il donc bien vrai, mes anges, que l’Espagne a enfin exaucé mes vœux ? puis-je en faire mon compliment ? Oh ! quelle bonne nouvelle !
Me permettrez-vous de vous envoyer ce petit mémoire à l’Académie 2, que je vous supplie de faire passer à M. le secrétaire ?
M. le comte de Choiseul a eu tant de bonté, que j’en abuse. Il s’agit de bien autre chose que de M. d'Excideuil . Il est question de savoir s’il est vrai que la cour de France ait amusé pendant deux ans la cour russe d’un mariage du roi avec mon impératrice Élisabeth, alors pauvre princesse, et qui vient d’envoyer huit mille livres pour l’édition de mademoiselle Corneille. Il est très certain que M. Campédéon en parla très souvent à mon Pierre. Si cette recherche vous amuse, je vous conjure de vous informer de la vérité.
Cassandre ne va pas mal, il se débarbouille. Mille tendres respects, anges consolateurs !
N. b. qu’il y a deux ans que je dis : L’Espagne tombera sur le Portugal.
A propos que dire du tripot, qui fait en tout temps et en tout lieu mes plus chères délices ? Hier soir j'étais bien intéressant, je ressemblais au bon et attendrissant Bélisaire , j'avais un casque et un manteau de sénateur romain : j'ai attendri jusqu'aux larmes . Venez donc, vous jugerez mieux que personne, et votre suffrage me sera plus cher que celui du monde entier .
V.»
1 Copie par Boissy d'Anglas . Le manuscrit olographe est passé à la vente Sensier Charon le 18 mars 1845 . Une autre copie ancienne suivie par les éditions comporte des variantes : Est-il donc bien vrai dans la première phrase, et supppression de Oh quelle bonne nouvelle ! ; suppression de anges consolateurs, du dernier paragraphe et de l'initiale ; M. de Campredon , et à mon Pierre, au lieu de à mon père , dans la même phrase, qui est certainement correct et qui est ici adopté .Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1761-partie-53-122727874.html
2 C'est la lettre du 25 décembre 1761 à Pinot Duclos : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/12/24/comment-peut-on-dire-soyons-amis-a-un-homme-qu-on-accable-d-5890703.html
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27/12/2016
Comment s’accommodera-t-il d'être mari, précepteur, et solitaire ? On se charge quelquefois de fardeaux difficiles à porter
... Est-ce ce qui effraie notre Fanfoué national qui de son propre aveu dit, en substance, qu'il ne croyait pas que l'exercice de président de la République fut si dur, alors que ça ne dure que cinq ans, face au mariage qui est réputé éternel . En tout cas , ce n'est pas une excuse recevable .
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
et à
Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
[27 décembre 1761 ?]
L'imagination n'a pas encore dit son dernier mot sur cette pièce . La bonne femme est capricieuse et ne répond jamais de ce qui lui passera par la tête . Si quelque embellissement se présente à elle elle ne le manquera pas . Mes anges aiment Zulime . Je ne saurais m'en fâcher contre eux, mais assurément ils doivent aimer mieux Cassandre .
Mais que dirons-nous de notre philosophe de vingt-quatre ans ?1 Comment fera-t-il avec une personne dont il faudra finir l’éducation ? Comment s’accommodera-t-il d'être mari, précepteur, et solitaire ? On se charge quelquefois de fardeaux difficiles à porter . C'est son affaire . Il aura Cornélie-Chiffon quand il voudra .
Nous venons de répéter Le Droit du seigneur . Cornélie-Chiffon jouera Colette comme si elle était l'élève de Mlle Dangeville .
Le petit mémoire touchant l'ambassadeur prétendu de France à la Porte russe est précisément ce qu'il me fallait . Je n'en demande pas davantage et j'en remercie mes anges bien tendrement . Ils sont exacts, ils sont attentifs, ils veillent de loin sur leur créature . Je renvoie leur mémoire ou apostillé , ou combattu , ou victorieux selon que mon humeur m’y a forcé .
Sur ce je baise leurs ailes avec les plus saints transports . »
1 Ce personnage doit être Colmont de Vaugrenand , voir lettre du 26 décembre 1761 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/12/25/qu-il-arrive-de-plaisantes-choses-dans-la-vie-comme-tout-rou-5890984.html
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