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26/05/2017

que la vérité soit connue ; la justice viendra ensuite.

... Il est des priorités qu'on ne peut abolir .

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Un beau trio .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

7 juillet 1762 aux Délices 1

Mes divins anges, nous ne demandons autre chose au conseil sinon que, sur le simple exposé des jugements contradictoires du parlement de Toulouse, et sur l’impossibilité physique qu’un vieillard faible, de soixante-huit ans, ait pendu un jeune homme de vingt huit ans, le plus robuste de la province, sans le secours de personne, on se fasse représenter la procédure.

A cet effet, un des fils de Calas, qui est chez moi, envoie sa requête à M. Mariette, avocat au conseil, lequel la rédigera ; et nous espérons qu’elle sera signée de la mère.

Nous craignons que le parti fanatique qui accable cette famille infortunée à Toulouse, et qui a eu le crédit de faire enfermer les deux filles dans un couvent, n’ait encore celui de faire enfermer la mère, pour lui fermer toutes les avenues au conseil du roi.

Mais le fils, qui est en sûreté, remplira l’Europe de ses cris, et soulèvera le ciel et la terre contre cette iniquité horrible.

Je répète qu’il est peu vraisemblable que la veuve Calas puisse tirer les pièces de l’antre du greffe de Toulouse, puisqu’il y a  des défenses sévères de les communiquer à personne.

Cette seule défense prouve assez que les juges sentent leur faute.

Si, par impossible, les juges ont eu des convictions que les accusés étaient coupables, s’ils n’ont puni que le père, et si, contre les lois, ils ont élargi les autres, en ce cas il est toujours très important de découvrir la vérité. Il y a d’un côté ou d’un autre le plus abominable fanatisme, et il faut le découvrir.

J’implore M. de Courteilles, uniquement pour que la vérité soit connue ; la justice viendra ensuite.

Tous les étrangers frémissent de cette aventure. Il est important pour l’honneur de la France que le jugement de Toulouse soit ou confirmé ou condamné.

Je présente mon respect à monsieur et à madame de Courteilles, à monsieur et madame d’Argental. Cette affaire est digne de toute leur bonté. 

V.»



1   Le même jour le duc de Villars écrit à V* : « Je viens d'écrire, monsieur, comme vous le souhaitiez à M. le comte de Saint-Florentin en faveur de Mme Calas . Je prie ce ministre de vouloir bien prendre connaissance des motifs de l'arrêt rendu contre son mari par le parlement de Toulouse […] et de lui accorder sa protection pour faciliter les moyens de justification qu'elle peut avoir ; […] je n'ai pas pu lui assurer que l'arrêt était injuste parce que je ne le crois pas . Les pièces que vous m'avez envoyées, et dont je vous remercie,ne me font point changer de sentiment . »

Coquerel donne en bas de page la note suivante : « Nous avons lu cette lettre de Villars au ministre en date du 7 juillet . Elle est aussi peu favorable que possible aux Calas . »

 

Je n'abandonnerait cette affaire qu'en mourant

... Combien de nos 577 futurs députés de tout poil ( et surtout les grandes gueules de l'opposition)  auront le dixième du courage de Voltaire qui fut, lui,  capable de joindre les actes à la parole ?

Je ne sais .

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 Dieu seul le sait, quand il arrête de jouer avec nous ... yohh man !

 

 

« A Philippe Debrus

[6 juillet 1762]

J'obtiendrai aussi aisément un ordre du conseil sur la requête du fils que sur celle de la mère .

C'est le seul parti qu'il y ait à prendre . On conduira la pauvre veuve à Paris comme on voudra, on attendra vainement des procédures inutiles .

Ce n'est point à Mme Calas à faire venir ces procédures, c'est au roi à les demander .

La mère et le fils doivent supplier le roi de se les faire représenter en vertu de la contradiction évidente des deux arrêts de Toulouse .

Je prie monsieur Debrus de faire signer à Donat Calas la requête ci-jointe, du 6 juillet 1762, à Châtelaine 1.

Je l'enverrai demain à l'avocat au conseil qui seul est en droit de la signer et de la présenter, ce ministère n'étant point du tout du ressort des avocats du parlement .
J'enverrai copie de la requête à tous les amis du chancelier .

Il faut absolument tirer la vérité du puits du parlement toulousain . Il faut soulever l'Europe entière, et que ses cris tonnent aux oreilles des juges . Je n'abandonnerait cette affaire qu'en mourant . »

1 La Requête au roi en son conseil est signée de « Donat Calas, Châtelaine, 7 juillet 1762 » . Elle était accompagnée d'un feuillet signé de la même façon, À monseigneur le chancelier ; les deux documents avaient été composés par Voltaire . Voir : http://data.bnf.fr/10234053/donat_calas/#allmanifs

et : https://books.google.fr/books?id=0nnxGEXYcR0C&pg=PA486&lpg=PA486&dq=Donat+Calas,+Ch%C3%A2telaine,+7+juillet+1762%C2%A0&source=bl&ots=KPVQCnK-3W&sig=gkkFcav-Gk2WHflvhUb75ItAf_0&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwjppcXt74zUAhXJBcAKHVAKBs4Q6AEIMjAB#v=onepage&q=Donat%20Calas%2C%20Ch%C3%A2telaine%2C%207%20juillet%201762%C2%A0&f=false

et : http://sweet.ua.pt/fmart/calas.htm

 

Vous savez, mon cher frère, que la place sur laquelle vous avez des vues est promise depuis longtemps et que vous déplairiez si vous insistiez

... Voilà ce que l'on a pu, sans doute, écrire, ou plutôt dire (car heureusement pour certains les paroles s'envolent) lors du choix des candidats aux législatives prochaines, et je me garde bien de vous rapporter les réponses mal seyantes y correspondant .

Les vieux chevaux de retour ne sont pas disposés à céder leurs places si aisément , leur train-train (de sénateur ? ) et leurs rentes en dépendent trop, de plus il n'est jamais agréable de voir parachuter un histrion sur un fief tenu de longue date ( lesquels parachutistes -- magouille and C°-- n'ont plus le courage de se représenter dans leurs cantons d'origine ).

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« A Etienne-Noël Damilaville

Aux Délices 5 juillet [1762] 1

Vous savez, mon cher frère, que la place sur laquelle vous avez des vues est promise depuis longtemps et que vous déplairiez si vous insistiez . Plût à Dieu que vous puissiez demander et obtenir celle de Lyon . Il y a déjà un philosophe dans cette ville ; vous seriez deux, et l'archevêque, s'il osait , serait le troisième .

Je vous prie d'envoyer par la petite poste deux exemplaires des pièces originales à M. Mignot, conseiller au grand conseil, chez Mme de Fontaine de Florian, maîtresse des comptes, rue Saint-Antoine et une chez MM. Dufour et Mallet banquiers, rue Montmartre . C'est chez eux que demeure cette veuve si à plaindre .

Les deux ermites vous embrassent . »

1 L'édition de Kehl, à la suite de la copie Beaumarchais, amalgame la plus grande partie de cette lettre avec celle du 8 juillet 1762 à Damilaville ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1762-partie-19-123062338.html