13/10/2025
Si je reviens au monde, ce sera pour m’occuper de tout ce qui pourra servir à votre entreprise
... dit le Président ( avant d'aller se faire contempler en Egypte ), à son Premier ministre ému qui ne pu que lui demander de l'écrire, en vain il est vrai . Toute phrase commençant par "si" dans la bouche d'un politicien laisse autant de chance de réalisation que de gagner le Super Loto , non nulle , mais peu probable . Chat échaudé ...
« A Élie Bertrand
Conseiller
du roi de Pologne, etc.
à Yverdon
7è mai 1770 à Ferney 1
Je suis beaucoup plus malade, monsieur, que je ne l’étais lorsque j’ai eu la consolation de vous voir avec M. d’Osterwald 2. Si je reviens au monde, ce sera pour m’occuper de tout ce qui pourra servir à votre entreprise 3. Elle m’est plus chère que la manufacture de montres que j’ai établie dans mon village, et qui prospère plus que je ne l’osais espérer.
Vous me ferez un extrême plaisir de m’envoyer
La Primauté du Pape 4,
La Législation du Divorce 5,
et le Traité de l’amitié perpétuelle entre la Pologne et Catherine 6.
J’ai reçu ce que vous avez bien voulu m’envoyer par le coche. Vous me paraissez bien mieux fourni que les libraires de Genève, qui ne vendent que des romans de France et des opéras-comiques.
Je vous demande en grâce, monsieur, de ne vous point constituer [de] frais pour m’envoyer les livres dont vous me gratifiez. Permettez que je vous les rembourse, et envoyez-moi tout ce que vous croirez pouvoir contribuer à la petite Encyclopédie à laquelle j’aurais bien voulu travailler avec vous. J’attends surtout, avec impatience, le Traité de l’amitié perpétuelle ; mais comme il est fait par un ennemi, je crois qu’il faut s’en défier : audi et alteram partem 7. Tout ce que je sais bien positivement, c’est que le prince Repnin 8 lui-même a fourni tous les mémoires à M. Bourdillon 9, et qu’il a fait imprimer deux mille Bourdillons à la Haye.
Ne m’oubliez pas, je vous prie, auprès de M. d’Osterwald.
Votre très fidèle ami V. sans cérémonies. »
1 Original ; éd. Lettres inédites (1818).
2 Frédéric Samuel Osterwald a établi, avec Jean Élie Bertrand , son gendre, la Société typographique de Neuchâtel ; l'un et l'autre souhaitent disposer de la collaboration de V* . On sait assez peu de chose sur les négociations ; le 13 [janvier probablement] 1770 Élie Bertrand, oncle de Jean Élie, y fait allusion d'une façon obscure ( Neuchâtel, 1121, f°227 r ) dans une lettre autographe à Osterwald . Il annonce alors qu'il ne peut encore aller à Ferney, la saison étant trop rude .
3 Spécialement l'Encyclopédie imprimée par la Société typographique à laquelle collabora Bertrand ; voir Charly Guyot, Le rayonnement de l’Encyclopédie en Suisse française ( 1955) : https://archive.org/details/lerayonnementdel0000unse/page/n9/mode/2up
4 Pinel , De primatu romani pontificis, 1769 : https://archive.org/details/bim_eighteenth-century_de-la-primaut-du-pape_pinel-de-lratorie_1769
5 De Cerfvol, Législation du divorce, précédé du cri d'un honnête homme qui se croit fondé en droit naturel et divin à répudier sa femme, 1769 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1091942d/f2.item.texteImage
6 Trait d'amitié perpétuelle et de garantie de la part de la Russie entre Catherine II […] et Stanislas-Auguste, 1769 . Voir : https://portal.sds.ox.ac.uk/articles/physical_object/117_11_Trait_d_amiti_perp_tuelle_et_de_garantie_de_la_part_de_la_Russie_entre_Catherine_II_imp_ratrice_de_toutes_les_Russies_et_Stanislas-Auguste_roi_et_la_R_publique_de_Pologne_sign_Varsovie_le_24_13_f_vrier_1768_avec_des_observations_par_/23746455
7 Saint Augustin, De duabus animabus, XIV, ii : https://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1963_num_61_69_5199_t1_0119_0000_1
Trad. : J’écoute aussi l'autre partie . En fait V* n'écoute en l’occurrence que l'une des parties , voir lettre du 15 juin 1771 à la princesse de Talmont : https://fr.wikisource.org/wiki/Correspondance_de_Voltaire/1771/Lettre_8308
8Précisément, le prince Repnin a été l'exécutant principal de la politique de Catherine II à l'égard de la Pologne sous le prétexte des « dissidents » .
9 Ce Bourdillon est V* lui-m^me . C’est sous ce nom que Voltaire a donné son Essai historique et critique sur les dissensions des églises de Pologne ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome26.djvu/461
et voir lettre du 25 août 1767 à Vorontsov: http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/04/13/je-suis-idolatre-de-trois-choses-de-la-liberte-de-la-toleran-6438089.html
et du 7 octobre 1767 à Golitsin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2023/05/15/une-assez-longue-maladie-ne-m-a-pas-permis-encore-de-lire-le-6443262.html
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