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20/12/2010

Leur impertinente démarche ne mérite que des croquignoles

 Note rédigée le 24 juillet 2011 pour parution le 20 décembre 2010 .

croquignoles kid paddle.jpg

 

 

 

« A Gabriel Cramer

 

[vers le 20 décembre 1763]

 

Vous savez, caro, que votre f. consistoire a dénoncé la lettre de l'autre quakre 1, à votre Conseil 2. Il faut que ces gens-là soient enragés . Il m'est tombé entre les mains une de ces lettres . Il n'y a rien qui regarde ces polissons ni qui puisse offenser directement le premier établissement de leur polissonnerie . Leur impertinente démarche ne mérite que des croquignoles . Cependant vous voyez bien quel esprit d'animosité et de vertige les anime . Ils se doutent que vous avez imprimé la Lettre du quakre . Ils veulent la faire condamner pour vous exclure de l'auditorerie 3. J'ai donné à M. Bertrand la seule lettre quakerienne qui me restât . Si vous n'en avez pas laissé courir de copie je ne conçois pas comment ces animaux-là en ont attrapé une . Attendez, je me souviens encore que j'en ai donné une à Constant qui peut-être l'aura donnée au professeur 4 qui l'aura donnée à un prêtre .

 

Je serais fâché qu'il y eut un éclat et d'autant plus fâché que je rends actuellement un service important au Conseil.5

 

Vous pourriez engager M. le syndic Cramer 6 à diriger le Conseil dans cette affaire ; le parti le plus sage serait de répondre aux cuistres qu'on veillera sur l'écrit dénoncé, qu'on empêchera le débit s'il y en a dans Genève, et de s'en tenir là .

 

Quant aux barbares du consistoire de Berne, vous savez qu'ils sont gomaristes, et qu'ils ont pu être choqués d'une note de la Tolérance qui déclare le dogme de Gomar un dogme infernal 7. Or, comme ces messieurs sont très infernaux, ils ont agi selon leur vocation .

 

Je croyais que vous étiez instruit du changement de scène à Versailles et de la nomination d'un conseiller du parlement à l'administration des finances .8

 

Puisque vous voulez des nouvelles de notre pays, Bigot, intendant du Canada, et trois consorts condamnés au bannissement perpétuel 9, confiscation et restitution, les autres accusés à un bannissement limité, et la France condamnée à perdre le Canada .10

 

Pour vous Messieurs, vous êtes condamnés éternellement aux tracasseries . Interim vale et me ama.

 

N.B.- Tâchez de déterrer le délateur . Voyez à qui vous avez donné des Quaker, car vous savez que je n'en ai pas envoyé à Genève . »

1 A savoir le quaker prétendu auteur de la Lettre d'un quakre à Jean-George Lefranc de Pompignan, évêque du Puy-en-Velay,etc.etc.…, par opposition au quaker Claude Gay dont il était question le 12 novembre et le 9 décembre .

http://www.voltaire-integral.com/Html/25/03_Quaker1.html

2 La requête du consistoire contre la Lettre d'un quakre est notée dans les Registres de la Compagnie des pasteurs le 8 décembre, elle est transmise au Conseil le 10 ; le résultat négatif de l'enquête ordonnée par le Conseil est annoncé le 14 .

3 Charge d'auditeur au Conseil de Genève qui venait d'être conférée à Gabriel Cramer .

4 Pictet .

5 V* faisait « prier » le duc de Praslin , par les d'Argental, de présenter Crommelin au duc de Choiseul ( qui est par son ministère « colonel général des suisses ») et d'appuyer un mémoire que Crommelin, représentant de Genève à Paris, devait présenter au sujet du problème des recrues qui embarrasse « extrêmement » le Conseil de Genève . Choiseul fera une réponse favorable à V* qui la communiquera au Conseil le 15 janvier 1764.

Jean-Pierre Crommelin : page 360 : http://books.google.fr/books?id=jjiha4kR_z0C&pg=PA360...

6 Jean Cramer, cousin de Gabriel et syndic en 1763 .

7 V* écrit cette note du chapitre IV : « Gomar … soutint … que Dieu a destiné de toute éternité la plus grande partie es hommes à être brûlés éternellement ; ce dogme infernal fut soutenu … par la persécution ... ». Page 423 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80022x/f428.image

8 Charles-Clément-François de Laverdy avait remplacé Bertin le 12 décembre . http://en.wikipedia.org/wiki/Cl%C3%A9ment_Charles_Fran%C3...

http://en.wikipedia.org/wiki/Henri_L%C3%A9onard_Jean_Bapt...

9 Occasion de plaisanterie pour V* qui écrit le 21 décembre à Damilaville : « Je sais l'aventure des bigots . Voilà le seul bigot qu'on ait puni. » François Bigot avait été condamné pour fraude. Page 346 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80036m/f351.image.r...

10 Ce qui sera effectif par le traité de Paris de février 1763. http://fr.wikipedia.org/wiki/Trait%C3%A9_de_Paris_(1763)

 

 

19/12/2010

il me dénoncerai comme auteur de quelques livres contre la religion, moi qui assurément n'en ai jamais fait

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http://www.deezer.com/listen-315556 : cette interprètation a le don de me faire frissonner, moi qui ne suis pourtant pas frileux comme Volti . 

Beethoven est grand et Furtwängler est son prophète !

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

 

19è décembre 1770

 

Que l'on fasse ou non la guerre aux Anglais, que le Parlement fasse ou non des sottises -moi je fais sottises et guerre. Mes anges recevront par M. le duc de Praslin un paquet. Ce paquet est la tragédie des Pélopides, c'est à dire Atrée et Thyeste . Il est vrai qu'elle a été faite sous mes yeux en onze jours par un jeune homme i. La jeunesse va vite, mais il faut l'encourager.

 

Ma sottise – vous la voyez .

 

Ma guerre est contre les Allobroges qui ont soutenu qu'un Visigoth nommé Crébillon avait fait des tragédies en vers François, ce qui n'est pas vrai ii.

 

Mes divins anges, il y va ici de la gloire de la nation.

 

De plus le nasillonneur De Brosses, président, veut être de l'Académie. C'est Foncemagne qui veut le faire entrer . Il est bon que Foncemagne sache que j'ai une consultation de neuf avocats de Paris qui m'autorisent à lui faire un procès pour dol. J'enverrai cette consultation, si on veut. Le président pour détourner le procès m'a écrit pour me faire entendre que si je lui faisais un procès, il me dénoncerai comme auteur de quelques livres contre la religion, moi qui assurément n'en ai jamais fait iii.

 

J'enverrai la lettre si on veut.

 

Tous les gens de lettres doivent avoir De Brosses en recommandation . Mes anges diront à M. de Foncemagne ce qu'ils voudront iv, je m'en remets à leur bonté, discrétion, prudhommie, et à leur horreur contre de tels procédés.

 

V. »

 

i V*, bien sur.

 

ii Crébillon père avait fait un Atrée et Thyeste représenté en 1707, imprimé en 1716 : http://fr.wikipedia.org/wiki/Atr%C3%A9e_et_Thyeste

Voir ce que dit V* dans son article « Langue française » des Questions sur l'Encyclopédie, 1771 et son appréciation des vers de Crébillon ; « françois », graphie considérée comme barbare par V* qui veut que l'on respecte la prononciation dans la graphie.Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-dictionnaire-ph...

et : http://books.google.fr/books?id=MSMHAAAAQAAJ&pg=PA163...

 

iii Cf. lettre à d'Alembert du 10 décembre 1770 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/09/s...

et lettre à Mme Denis du 6 avril 1768 .

 

iv Le 12 décembre, d'Alembert a écrit à V* de faire intervenir d'Argental auprès du « doucereux Foncemagne » pour éviter la « plate acquisition » de De Brosses par l'Académie.Page 391 : http://books.google.fr/books?id=zzQHAAAAQAAJ&printsec...

 

18/12/2010

J'ai toujours regardé l'athéisme comme le plus grand égarement de la raison

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 J'ai choisi celui-ci car j'en ai un dans ma voiture depuis cet automne, c'est une "petite tortue" ! (je vous jure que je ne vois pas d'éléphant rose posé sur mon rétroviseur ! ).

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« A Anne-Madeleine-Louise-Charlotte-Auguste de La Tour du Pin de Saint Julien

15è décembre 1766 à Ferney

Charmant papillon de la philosophie, de la société et de l'amour, j'aurais été enchanté de vous voir honorer encore ma retraite d'une de vos apparitions, vous auriez même été mon premier médecin, car il y a environ deux mois que je ne sors guère de mon lit.

Savez-vous bien, madame, que j'ai des choses très sérieuses à répondre à la lettre très morale que vous n'avez point datée. Vous m'apprenez que dans votre société on m'attribue Le Christianisme dévoilé, par feu M. Boulanger i; mais je vous assure que les gens au fait ne m'attribuent point du tout cet ouvrage . J'avoue avec vous qu'il y a de la clarté, de la chaleur, et quelquefois de l'éloquence, mais il est plein de répétitions, de négligences, de fautes contre la langue, et je serais très fâché de l'avoir fait, non seulement comme académicien, mais comme philosophe, et encore plus comme citoyen.

Il est entièrement opposé à mes principes . Ce livre conduit à l'athéisme que je déteste. J'ai toujours regardé l'athéisme comme le plus grand égarement de la raison, parce qu'il est aussi ridicule de dire que l'arrangement du monde ne prouve pas un artisan suprême, qu'il serait impertinent de dire qu'un horloge ii ne prouve pas un horloger.

Je ne réprouve pas moins ce livre comme citoyen. L'auteur parait trop ennemi des puissances . Des hommes qui penseraient comme lui ne formeraient qu'une anarchie, et je vois trop par l'exemple de Genève, combien l'anarchie est à craindre.

Ma coutume est d'écrire sur la marge de mes livres ce que je pense d'eux. Vous verrez, quand vous daignerez venir à Ferney les marges du Christianisme dévoilé chargées de remarques qui démontrent que l'auteur s'est trompé sur les faits les plus essentiels iii.

Il est assez douloureux pour moi, Madame, que la malignité, et la légèreté des papillons de votre pays, qui n'ont ni votre esprit, ni vos grâces, m'imputent continuellement des ouvrages capables de perdre ceux qu'on en soupçonne.

Quant à M. le maréchal de Richelieu, je me doutais bien qu'il n'aurait pas le temps de parler à M. le comte de Saint-Florentin de la famille infortunée qui a excité votre compassion iv. Il allait partir pour Bordeaux. Votre jolie âme en a fait assez ; cette famille obtient par vos bontés une pension sur son propre bien dont on lui arrache le fonds pour avoir donné il y a vingt-six ans à souper à un sot prêtre hérétique v.

Quand j'aurai quelque grâce à implorer pour des malheureux, je demanderai votre protection, Madame, auprès de M. le duc de Choiseul. Je l'ai importuné quelquefois de mes indiscrètes requêtes, et il a toujours daigné m'accorder ce que j'ai pris la liberté de lui demander. Je craindrais bien de fatiguer ses bontés si je ne savais par vous-même quel est l'excès de sa générosité.

Venez à Ferney, Madame, nous chanterons ses louanges et les vôtres pour le prologue de l'opéra de Pandore vi, et vous serez ma Pandore, mais vous n'ouvrirez point la boîte.

Agréez, Madame, le respect et l'attachement du vieux solitaire.

V. »

 

i C'est le baron d'Holbach qui a écrit sous le nom de Boulanger .http://books.google.fr/books?id=wRQ-AAAAcAAJ&printsec...

ii Horloge est originellement du genre masculin.

iii V* a écrit sur la page de titre « livre dangereux ».

iv La famille d'Espinas, pour qui V*, le 28 octobre a demandé à Richelieu de « dire un mot » en sa faveur à Saint Florentin.

v Le père avait été condamné aux galères en 1740 et y était resté jusqu'en 1756, son bien avait été confisqué, sauf un tiers pour l'entretien de ses trois enfants, mais en fait ces derniers n'auraient jamais « joui de cette grâce ».

vi La Borde l'avait mis en musique à Ferney ; cf. lettre à Mme du Deffand du 24 septembre 1766.

 

17/12/2010

Il n'y a certainement que l'un de vous deux qui puisse l'avoir écrite . Le troisième n'existe pas

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Faut-il que je vous fasse un petit dessin ?

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Il n'y a pas de Troisème homme, faut-il vous le répéter ?

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Et pour le plaisir seulement , que j'espère partagé :

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« A Charles Bordes

 

A Ferney, 15è décembre 1766

 

Je vous suis très obligé, Monsieur, des deux livres que vous voulez bien me confier et que je vous rendrai très fidèlement dès que je les aurai consultés i. J'espère les recevoir incessamment . L'abbé Coyer me jure qu'il n'est point l'auteur de la Lettre à Pansophe, c'est donc vous qui l'êtes . Il n'y a certainement que l'un de vous deux qui puisse l'avoir écrite . Le troisième n'existe pas ii. De plus vous étiez tous deux à Londres dans le temps que cette lettre parut ; il n'y a que vous deux qui puissiez connaitre les Anglais dont on trouve les noms dans cette pièce . Le style en est parfaitement conforme à la profession de foi très plaisante que vous fîtes il y a quelques années entre les mains de Jean-Jacques iii.

 

Vous avez très grande raison d'avouer que ce Jean-Jacques a quelquefois de la chaleur dans ses déclamations, et qu'il est souvent contraint, obscur, insolent, hérissé de sophismes, et plein de contradictions. Si vous vouliez ajouter à cette confession générale que vous vous êtes réjoui fort agréablement à ses dépens dans la Lettre à Pansophe, vous auriez une absolution plénière, sans être obligé ni à la pénitence, ni au repentir, et vous seriez certainement sauvé chez tous les gens de goût.

 

Je ne trouve dans cette publication de la Lettre à Pansophe d'autre défaut sinon qu'elle me met en contradiction avec moi-même comme Jean-Jacques . Je dis à M. Hume qu'il y a plus de sept ans que je n'ai écrit à ce polisson, et cela est très vrai. La Lettre à Pansophe semble me convaincre du contraire . Vous m'avez toujours marqué de l'amitié ; je vous en demande instamment cette preuve . La Lettre à Pansophe vous fait honneur et me ferait du tort . Vous avouez l'ode que vous avez mise sous mon nom iv, avouez donc aussi la prose, et croyez qu'en vers et en prose je connais tout votre mérite, et que je vous suis tendrement attaché. »

 

i Le 29 novembre, il a demandé à Bordes « deux ... libelles de jésuites contre les parlements » : Il est temps de parler ou compte rendu au public des pièces légales de M. Ripert de Monclar et de tous les évènements arrivés en Provence à l'occasion de l'affaire des jésuites, de l'abbé Dazès, 1763 , et : Tout se dira ou l'esprit des magistrats destructeurs, de Balbany, 1763 : http://books.google.fr/books?id=FfSZq5-9XpkC&printsec...

 

ii La Lettre à Pansophe est attribuée à V*, publiée en novembre 1766 avec la Lettre de Voltaire à Hume. http://www.voltaire-integral.com/Html/26/02_Pansophe.html ; http://www.voltaire-integral.com/Html/26/03_Hume.html

 

iii Profession de foi philosophique, 1763, jugée « digne des Lettres provinciales », mais où V* reproche quand même que Bordes reconnaisse du génie à Jean-Jacques dans une note de dernière page .

http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_Borde

Voir note page 35 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k70706d/f2.image.pag...

 

16/12/2010

unis dans la communion des gens de bien, lisons bien la Sainte Écriture et écr l'Inf.

Vous permettez ...?http://www.deezer.com/listen-3367725diner des philosophes.jpg  , "aujourd'hui, c'est le dîner ... des gens bien" .

http://www.deezer.com/listen-1124660

        J'ai lu dans la sainte Ecriture : http://www.deezer.com/listen-7840867

                 Jusqu'à la tolérance :http://www.deezer.com/listen-2295094

 

 

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

[pour frère d'Alembert]

 

15è décembre [1763]

 

Mon très aimable philosophe, c'est pour vous dire que l'ouvrage du saint prêtre sur la tolérance ayant été très toléré des ministres et des personnes plus que ministres, et ayant été même jugé fort édifiant i, quoiqu'il y ait peut-être quelques endroits dont les faibles pourraient se scandaliser, il a semblé bon au Saint-Esprit et à nous, mon cher frère, de vous supplier de donner une saccade, et un coup d'éperon, au cheval qui a rué contre la Tolérance, et qui l'a empêchée d'entrer en France par Lyon . Figurez-vous que ce ballot est actuellement sur l'avare mer, exposé à être pris par les Numides, avec qui nous sommes en guerre. Si votre ami M. Bourgelat ii avait un mors de votre façon, son allure deviendrait plus aisée. Les frères Cramer feraient au plus vite une nouvelle édition qu'ils enverraient en la cité de Lyon en guise d'un ballot de soie iii, et les fidèles jouiraient bientôt de l'œuvre honnête dont ils sont privés. Dieu sait quand vous recevrez votre exemplaire.

 

Je vous demande en grâce de m'envoyer copie de la lettre dont vous avez honoré Jean-Georges iv. Vous savez qu'on a imprimé un Examen de notre sainte religion, attribué à St Evremond et qui est de Du Marsais v; je ne l'ai point vu, mais comme je sais que Du Marsais est un très bon chrétien, je souhaite passionnément que cet ouvrage soit entre les mains de tout le monde . Soyons toujours tendrement unis dans la communion des gens de bien, lisons bien la Sainte Écriture et écr l'Inf. »

 

i  Son Traité sur la Tolérance ; Choiseul lui écrivit le 27 novembre : « Mme de Pompadour, Mme de Gramont, tous ceux qui ont lu ... le livre de votre prêtre en ont été enchantés ... »   http://www.voltaire-integral.com/Html/25/01_Tolerance.html

 

ii  Claude Bourgelat , vétérinaire et adjudicataire de la ferme des fiacres à Lyon, ami de d'Alembert; V* demanda à celui-ci le 13 décembre de « lui laver la tête. »                               http://fr.wikipedia.org/wiki/Claude_Bourgelat

http://www.lyon-photos.com/diaporama/moyenne_555.htm

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iii  A Gabriel Cramer : si d'Alembert intervient auprès de Bourgelat « ... vous ne feriez pas mal d'en tirer sur le champ mille exemplaires, que vous enverriez par Lyon tout droit à Paris . Vous pourriez employer le plus petit caractère ... Il y aurait de plus quelques corrections à faire ... » « Cet ouvrage n'est point un oiseau de passage, il parait être de toutes les saisons. »

 

iv Le 8 décembre, d'Alembert écrit à V* : « ...ce Jean-Georges ( Lefranc de Pompignan) ... a fait une réponse impertinente à la lettre par laquelle je lui mandais que j'avais envoyé son instruction pastorale à son libraire ... J'ai répondu à sa réponse en lui prouvant très poliment qu'il était un sot et un menteur ... » ; il enverra le 29 décembre copie des deux lettres à V*.

 

v  César Chesneau Du Marsais : http://fr.wikipedia.org/wiki/C%C3%A9sar_Chesneau_Dumarsais ; il écrivit : Analyse de la religion chrétienne : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k84514n

La Vraie Religion traduite de l'Écriture sainte dont V* parle le 11 décembre à Damilaville est plutôt l'Examen de la religion dont on cherche l'éclaircissement de bonne foi, Attribué à M. de Saint-Evremond, traduit de l'anglais de Gilbert Burnet, 1761 ; cf. lettre à Cramer vers le 30 décembre 1761.

Cf. Page 591 :http://books.google.fr/books?id=-gzgAAAAMAAJ&pg=PA591...


15/12/2010

Vous ne trouverez pas une femme dans Paris qui se tue pour n'être pas violée

 

Titre provocant ! Tape à l"oeil !!

J'assume ce choix, style revue people, car mon but est de faire mieux connaitre Voltaire par ses écrits, et donc titre accrocheur (c'est à vous de me le dire ! )

Par ailleurs je suis de tout coeur avec Ni pute ni soumise, et je suppose que Volti soutiendrait ce mouvement de défense des femmes .

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 Note écrite le 28 juillet 2011 pour parution le 15 décembre 2010 .

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

15è décembre 1776

 

Mon cher ange, il y a environ soixante ans passés que vous êtes occupé à me consoler et à m'encourager . Je commence à croire que ni l'Ancien 1 ni le Nouveau 2 Testament ne troubleront mes derniers jours , et qu'on a autre chose à faire à la cour que de persécuter un vieux rimailleur pour des sottises dont personne ne se soucie .

 

Je démêlerai peut-être des affaires très embrouillées et très mal conduites de notre pauvre petit pays de Gex, 3 mais je ne me tirerai pas si bien de l'entreprise dont Mme de Saint-Julien vous a donné si bonne opinion 4. Si ce n'est pas elle qui vous en a parlé, c'est l'abbé Mignot . Le commencement de l'ouvrage me donnait à moi-même de très grandes espérances, mais je ne vois sur la fin que du ridicule . J'ai bien peur qu'on ne se moque d'une femme qui se tue de peur de coucher avec le vainqueur et le meurtrier de son mari , quand elle n'aime point son mari , et qu'elle adore ce meurtrier . Cela ressemble aux vierges chrétiennes de la légende dorée qui se coupaient la langue avec leurs dents , et la jetaient au nez des païens pour n'être pas violées par eux . Il y a quelque chose de si divin dans ces catastrophes qu'elles en sont impertinentes . D'ailleurs, la pièce roulant uniquement sur le remords continuel d'aimer à la fureur le meurtrier de son mari ne pouvait comporter cinq actes . J'étais obligé de me réduire à trois, et cela me paraissait avoir l'air d'un drame de M. Mercier 5 . C'est bien dommage, car il y avait du neuf dans cette bagatelle, et les passions m'y paraissaient assez bien traitées ; il y avait quelques peintures assez vraies, mais rien ne répare le vice d'un sujet qui n'est pas dans la nature . Vous ne trouverez pas une femme dans Paris qui se tue pour n'être pas violée . Bérénice, qui est le plus mince et le plus petit sujet d'une pièce de théâtre, était beaucoup plus fécond que le mien, comme beaucoup plus naturel ; cela me fâche et m'humilie . Un père n'est pas bien aise de se voir obligé de tordre le cou à son enfant . Voilà trois mois entiers de perdu, et le temps est cher à mon âge .

 

Je reçois dans ce moment une lettre de M. de Thibouville, il augmente mes regrets . Il me dit surtout des choses si intéressantes sur Mlle Saint-Val, que je suis homme à mourir de chagrin de n'avoir pu rien faire qui soit digne d'elle .

 

Je suis de votre avis sur Rodogune . Il n'y a pas de sens commun dans toute cette pièce qu'on a regardée comme le chef-d’œuvre de Corneille . La dernière scène même qui semble demander grâce pour le reste n'est nullement vraisemblable, mais il y a tant d'illusion théâtrale d'un bout à l'autre que le public a été séduit . Nous n'avons point une pareille ressource dans une petite pièce qui ne consiste qu'à dire : J'aime mon amant comme une folle, mais je suis dévote, et j'aime mieux me tuer que de coucher avec lui .

 

M. de Thibouville m'apprend qu'on va jouer Oreste 6 et qu'elle sera très bien remise au théâtre . Je crois qu'elle réussirait mieux si nous étions en Grèce, mais j'ai peur que des déclamations grecques ne réussissent point à Paris .

 

Je me mets à l'ombre de vos ailes, mon très cher ange .

V. »

 

1 Allusion aux Lettres de quelques juifs … à M. de Voltaire, de l'abbé Guénée ; voir lettre du 8 décembre à d'Alembert : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2008/12/09/a-tetes-chaudes-marrons-chauds.html

L'oeuvre fut bien accepté tant par ses détracteurs (Voltaire, D'Alembert) que le public. L'auteur y fait montre d'une argumentation nourrie et érudite, ce que Voltaire applaudit lui-même. Les Lettres ne sont pas une défense de l'Eglise, mais de la religion ; l'abbée Guenée établit un dialogue avec Voltaire ; http://biblioweb.hypotheses.org/2689

2 L’Église .

3 Voir lettre à Mme de Saint-Julien du 5 décembre :

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2008/12/06/g...

4 Irène .

5 Louis-Sébastien Mercier, qui écrivit entre autres ,

La Brouette du vinaigrier, 1755, drame en 3 actes : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k108522c/f1.image

ainsi que Chilpéric premier, 1774 : http://books.google.com/books?id=H2sGAAAAQAAJ&printse...

Le faux ami, 1772 : http://www.youscribe.com/BookReader/EmbedPreview/303105?w...

Jean Hennuyer, 1772 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k108519p

Le Juge, 1774 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k108525h/f3.image.r=...

6 Pièce jouée à Paris les 17 et 22 décembre, et le 19 décembre à Versailles .

 

 

Il a vu Mandrin à Nyon. J'espère avoir bientôt cet honneur

Volti n'aura pas "cet honneur" de voir Mandrin qui s'attaqua si fort aux fermiers généraux, grands voleurs légaux devant l'éternel (notre fisc n'a changé que la qualification de ses prélèvements ! ). Volti affiche clairement ses sympathies et luttera pour sa part contre ces percepteurs, au moins dans le pays de Gex, avec l'aide de quelques uns de ses amis bien placés et en payant de sa poche.

http://www.mandrin.org/

louis-mandrin.jpg

 

 

 

http://www.youtube.com/watch?v=uBGWkxwL7vU&NR=1

http://www.youtube.com/watch?v=Hegtu7bSLZE&feature=re...

Silence of a candle : http://www.youtube.com/watch?v=I6FNcN7KXRU&feature=re...

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De Marie-Louise Denis

 et

Voltaire

 

« A Jean-Louis-Vincent Capperonnier de Gauffecourt

 

Ce 15 décembre [1754] à Prangins i


Bon Dieu que tous les Tronchin ii sont aimables, et que nous vous sommes obligés de nous les avoir fait connaitre ! Nous avons été reçus à Genève à merveille, on a même eu l'attention de nous garder les portes de la ville jusqu'à six heures et demie, ce qui ne se fait pour personne iii. Mais ces messieurs ont eu la politesse de dire qu'ils tenaient toujours leurs portes ouvertes au mérite . Mlle de Choisy iv est venue, Monsieur, me voir de votre part, elle m'a fait tous [sic] les offres possibles de service. Je conviens du meilleur de mon cœur que nous vous avons bien des obligations, et que nous sommes très fâchés d'être si loin de vous . Mon oncle vous aime passionnément et nous vous regrettons tous deux bien sincèrement.

 

J'écris à Mme de Fleurieux et à l'abbé Pernetti v. J'espère les revoir cet hiver dans cette belle ville où ils nous ont donné tant de marques de leur amitié .

 

Mlle de Choisy se plaint de ce que vous ne venez presque plus à Genève vi, mais nous nous plaindrions bien plus qu'elle si vous ne veniez pas nous rechercher dans le pays de Vaud comme vous nous l'avez promis au mois de juillet . Adieu Monsieur. L'oncle par dessus tous les maux que vous lui connaissez a une grosse fluxion sur la joue . Cependant il a pris un appartement qui n'est pas sur le lac et qui commence à être chaud.

 

Adieu. N'oubliez pas vos ermites et comptez sur leur tendre amitié.

 

DENIS.

 

 

Nous sommes partis trop tôt de Lyon, mon cher Monsieur, il fallait attendre que vous n'y fussiez plus. Mme Denis est devenue garde-malade ambulante. Et moi je suis un perclus qui court la prétentaine . Je souffre beaucoup, et je suis plus sensible à vos bontés qu'à mes maux. Je ne puis accuser la nature puisqu'elle a fait des cœurs comme le vôtre.

 

Le major Rock vii chez qui je n'ai pu aller sort de chez moi . Il a vu Mandrin à Nyon. J'espère avoir bientôt cet honneur viii.

 

Adieu cœur noble et tendre . J'ai pris la liberté de vous adresser par M. Tronchin . Mes remerciements à M. le marquis de Rochebaron ix et à madame . On ne peut les voir sans les respecter, et les quitter sans être attendri. Je vous supplie de les assurer de ma vénération et de ma reconnaissance.

 V. »

 

i Ils sont au château de Prangins depuis deux jours. http://www.myswitzerland.com/fr/decouvrir_la_suisse/voyag...

 

 

ii  Rapports avec Jean-Robert Tronchin, banquier genevois à Lyon ; François Tronchin, Conseiller à Genève ; Théodore Tronchin, médecin qui pratique l'inoculation .

 

iii  Le 12 décembre, jour de la fête de l'Escalade à Genève . http://geneve.ialpes.com/escalade/escalade.htm

 

iv  Peut-être une fille de Jean-Jacques Choisy, fonctionnaire de Genève .

 

v  Mme de La Tourette de Fleurieux, femme du secrétaire de l'Académie de Lyon puis président qui sera nommé Directeur (4 décembre 1759) de l'Académie royale des Sciences, Belles-Lettres et Arts de Lyon, trois académies unifiées qui se réunissent et siègent à l'Hôtel-de-Ville. Jacques Pernetti est un érudit lyonnais : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Pernetti

 

 

vi   Gauffecourt a une maison d'été à Montbrillant, près de Genève ; il n'est plus membre de la représentation française à Genève. Pages 174-175 : http://books.google.be/books?id=YbIFAAAAQAAJ&pg=PA174...

 

vii   Il remerciera le 8 novembre 1755 le major Rochmondet, de Lausanne de lui avoir envoyé La Vue d'Anet de Lerber.

 

viii   Ce personnage de Mandrin impressionne V* qui en parle à plusieurs reprises, entre autres à la duchesse de Saxe-Gotha, il écrit le 14 janvier 1755 : « Il y a trois mois il n'était qu'un voleur, c'est à présent un conquérant ... ce brigandage peut devenir illustre et avoir de grandes suites . Les révolutions de la Perse n'ont pas commencé autrement. » http://www.mandrin.org/campagnes-de-mandrin.html

Mandrin sera roué vif en 1755. http://www.mandrin.org/execution-de-mandrin.html

 

ix  François de La Rochefoucauld, marquis de Rochebaron, commandant de Lyon.
En 1741, étant commandant pour le Roi en Lyonnais et Beaujolais, il vendit la terre de Rochebaron à Pierre François Joseph de Giry.
Il décéda à Lyon le 26 décembre 1766.
Il avait épousé en 1764 Marie Anne Joachim de Foudras
.

Jeton en argent de 1740 à ses armes et celles de Lyon:

 

jeton la rochefoucauld lyon.jpg 

http://www.youtube.com/watch?v=KHvTWdkR1rw&feature=re...