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14/12/2010

Mon âme recommanda à mon corps de la suivre aux États . J'allai à Gex

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 http://www.deezer.com/listen-2571853 : Yedid nefesh !

http://www.deezer.com/listen-894819 : Je n'ai que mon âme ! Dédié à Mam'zelle Wagnière .

 http://www.deezer.com/listen-2703589 : La couleur de mon âme ! LES couleurs ... de cette partie de nous-même que l'on dit éternelle .

 Si mon âme en partant : http://www.deezer.com/listen-229965 

J'ai vendu mon âme au diable : http://www.deezer.com/listen-4868416 ; marché de dupe !

 

« A Anne-Madeleine-Louise-Charlotte-Auguste de La Tour du Pin de Saint-Julien

 

A Ferney 14è décembre 1775

 

Je n'ai point encore eu un plus beau sujet d'écrire à notre protectrice i. C'était mardi, douzième du mois, que je devais lui mander notre triomphe sur ceux qui s'opposaient au salut du pays, et qui avaient mis les prêtres dans leur parti. Mon âme recommanda à mon corps de la suivre aux États . J'allai à Gex tout malingre et tout misérable que j'étais. Je parlai, quoique ma voix fût entièrement éteinte. Je proposai au clergé d'accepter la bulle Unigenitus de M. Turgot, c'est-à-dire la taxe de trente mille livres ii, purement et simplement, avec une reconnaissance respectueuse. Tout fut fait, tout fut écrit comme je le voulais . Mille habitants du pays étaient dans les environs aux écoutes, et soupiraient après ce moment comme après leur salut malgré les trente mille livres. Ce fut un cri de joie dans toute la province. On mit des cocardes à nos chevaux, on jeta des feuilles de laurier dans notre carrosse. Nos dragons accoururent en bel uniforme, l'épée à la main. On s'enivra partout à votre santé, à celle de Turgot et de M. de Trudaine. On tira nos canons de poche toute la journée iii.

 

Je devais donc, Madame, vous écrire tout cela le mardi ; mais il fallut travailler à mille détails attachés à la grande opération. Il fallut envoyer des paquets à Paris. J'étais excédé, et je m'endormis. Ma lettre ne partira donc que demain vendredi 15è du mois. Et vous verrez par cette lettre qu'il n'y a point de joie pure dans ce monde, car pendant que nous passions doucement notre temps à remercier monsieur Turgot, et que toute la province était occupée à boire, les pandoures de la ferme générale, qui ne doivent finir la campagne qu'au 1er janvier, avaient des ordres secrets de nous saccager. Ils marchaient par troupes au nombre de cinquante, arrêtaient toutes les voitures, fouillaient dans toutes les poches, forçaient toutes les maisons, y faisaient le dégât au nom du Roi et obligeaient tous les paysans à se racheter pour de l'argent. Je ne conçois pas comment on n'a point sonné le tocsin contre eux dans tous les villages, et comment on ne les a point exterminés. Il est bien étrange que la ferme générale, n'ayant plus que quinze jours pour tenir leurs troupes chez nous en quartier d'hiver, ait pu leur permettre et même leur ordonner des excès si punissables. Les honnêtes gens ont été très sages, et ont contenu le peuple qui voulait se jeter sur ces brigands comme sur des loups enragés.

 

Puisse monsieur Turgot nous délivrer de ces monstres pour nos étrennes, comme il nous l'a promis.

 

Le palais Dauphin iv est bien loin d'être couvert. M. Racle nous avait flattés qu'il le serait au 1er novembre, mais tout s'est borné à des préparatifs, et à la piquer à coups de marteau de grandes pierres de roche, qui à mon gré ne conviennent point du tout à une maison de campagne. Il en a fini entièrement une pour lui, qui contient de grands magasins, et des appartements commodes, et qui coûte quatre fois moins. Tout le monde est persuadé que notre petit pays va s'enrichir et se peupler v. On s'empresse à me demander des maisons à toute heure. Mais je ne bâtis pas comme Amphion, et je n'ai plus de lyre. Tout va bientôt me manquer, mais j'aurai au moins achevé à peu près mon ouvrage, et je mourrai avec la consolation d'avoir été encouragé par vous.

 

Permettez-moi, Madame, de présenter mon respect à monsieur votre frère vi, et agréez l'attachement inviolable de votre protégé V, qui est à vous jusqu'à son dernier soupir. »

 

i Protectrice du pays de Gex, elle utilise ses relations pour aider V* à obtenir la liberté de commerce dans ce pays.Elle (1730-1820) a épousé François-David Bollioud de Saint-Julien, baron d'Argental (1713-1788), en 1754.

 

ii Chiffre fixé par Turgot pour le rachat du monopole des fermiers généraux ; cf. lettre du 8 décembre à Turgot.

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/12/08/q...

 

iii Hennin, résident de France à Genève, le 19 décembre, donnera à Vergennes le détail de ce qui fut un jour de triomphe pour V* : quand il arriva aux États «  tout le monde se rangea autour de lui » ; le député du clergé le remercia ...; on adopta les conditions à l'unanimité ; ensuite « on pria M. de Voltaire d'aider les États de ses conseils dans la répartition de l'impôt et de continuer à s'occuper des avantages du pays dont il faisait le bonheur » ; à sa sortie le peuple rassemblé cria : « Vive le roi ! Vive M. de Voltaire ! », « orna ses chevaux de lauriers et de fleurs » ...; « il fut escorté par sa bourgeoisie de Ferney à cheval ; dans tous les villages où il passa mêmes acclamations, même profusion de lauriers » ; Hennin conclut : « Pour l'homme le plus sensible au bonheur de ses semblables, et à sa gloire personnelle, c'eût été certainement une journée bien brillante ; à plus forte raison pour M. de Voltaire qu'on peut dire qui réunit à l'excès ces deux sentiments »

 

iv Maison que Mme de Saint Julien se faisait construire et qui s'écroulera avant d'être finie.

 

v Ce qu'écrit effectivement le résident Hennin à Vergennes.

 

vi Le marquis de La Tour du Pin, devenu marquis de Gouvernet commandant de Bourgogne.

 

 

13/12/2010

Il serait bon que Mme l'abbesse fît tenir aussi quelques particularités dont on pût faire usage

chevalier_barre1.jpg Statue détruite en 1941, remplacée par celle ci-dessous

 Mme l'abbesse vue par Juliette : http://www.deezer.com/listen-1161938

 

« A Charles-Joseph Dumaisniel, seigneur de Belleval i


13è décembre 1773

 

La personne à qui monsieur de Belleval a fait parvenir un papier signé de lui le 9è de novembre 1773 ii est obligé de lui dire que le journal en question iii est tout entier de la main de M. Casin, avocat au Conseil, écrit de sa main. Il a été imprimé dans les Questions encyclopédiques, auxquelles plusieurs gens de lettres ont travaillé. On en achève présentement une nouvelle édition dans laquelle le même article est déjà inséré iv. Si monsieur de Belleval a des instructions à donner, on les imprimera à la suite, et on corrigera l'article suivant ses intentions v. Il serait bon que Mme l'abbesse fît tenir aussi quelques particularités dont on pût faire usage.

 

Le roi de Prusse protège beaucoup le fils de M. d'Etallonde, et a promis d'avoir soin de son avancement. »

 

i  Belleval : père d'un des co-accusés , -de Saveuse de Belleval,- dans l'affaire du chevalier de La Barre ;                                                                                 voir : http://gaelleju.free.fr/secret-public/IMG/pdf/TEXTE_14_Cl...

iii  Relation de la mort du chevalier de La Barre, publiée par V* sous le nom de Cassen.                                             http://www.voltaire-integral.com/Html/25/35_Relation.html

iv  Voir note dans la lettre à Damilaville du 14 juillet 1766 où V* parle du rôle peu honorable attribué à Belleval dans l'affaire de La Barre par la prétendue lettre d'Abbeville du  7 juillet 1766. http://users.skynet.be/litterature/ressources/voltairelab...

 

v La rétractation concernant l'article « Justice » des Questions sur l'Encyclopédie où était imprimée la Relation ... parut seulement à la fin du dernier volume des Questions sur l'Encyclopédie dans l'édition encadrée en 1775. Voir billet à Cramer du 31 décembre 1773. Et page 361 - ... : http://books.google.fr/books?id=2R4tAAAAYAAJ&pg=PA361...

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12/12/2010

J'ai eu la hardiesse de prévenir l'arrêt du parlement.

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Ci-dessus : Logo de : http://www.eurafecam.org/EURAFECAM/Bibliotheque/Crimes/so...

Pop crimes :  http://www.deezer.com/listen-5918978 ; ne me demandez pas ce qu'il chante , mais c'est lourd, rythmé et gai comme une porte de prison .

Après les crimes du passé dont nous parle Volti, Crimes of the future : ça a l'air de faire mal  ! http://www.deezer.com/listen-6267553

And now : 9 Crimes ! exactly ! Pas un de plus ! De ceux qu'on ne regrette pas ; à écouter sereinement :   http://www.deezer.com/listen-697670 , ou à voir et écouter : http://www.youtube.com/watch?v=cgqOSCgc8xc

 

 

 

 

« A Joseph Vasselier

 

Vous avez dû, mon cher correspondant, recevoir trois volumes à votre adresse avec un petit billet, le tout sous une enveloppe à M. Tabareau. De sorte que vous avez chacun vos Questions encyclopédiques jusqu'au C.

 

Voici une feuille du quatrième volume, où il est question de Mme Lerouge 1, à la page 164. J'ai eu la hardiesse de prévenir l'arrêt du parlement. S'il ne confirme pas ma sentence je serai bien étonné.

 

Je vous prie, mon cher correspondant, de m'envoyer le mémoire pour Sirven 2.

 

Voici des Questions encyclopédiques que vous êtes supplié de vouloir bien faire remettre à M. de Bordes 3.

 

10è décembre [1770] à Ferney. »

 

1 Dans l'article « Des Crimes » des Questions sur l'Encyclopédie, Mme Lerouge, de Lyon, avait accusé à tort sa voisine Mme Perra d'avoir tué sa fille dont on retrouva le corps dans le Rhône, et on avait fait témoigner contre Mme Perra son propre fils âgé de cinq ans et demi.Pages 163 -166: http://www.archive.org/stream/questionssurlenc04volt#page...

2 Le 30 août 1769, V* a demandé à l'abbé Audra de lui faire parvenir par Vasselier le Mémoire pour le sieur Pierre-Paul Sirven ... appelant . Contre les consuls et communauté de Mazamet, de Pierre Firmin de La Croix. Le livre sera annoté par V* : note 832 : http://books.google.be/books?id=3W7IVGRHzAAC&pg=PA115...

3 Charles Bordes de l'Académie de Lyon.http://cths.fr/an/prosopo.php?id=100466

11/12/2010

s'il se présente quelque évêque ou quelque balayeur du collège de Sorbonne

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Balayeur : http://www.deezer.com/listen-2148635

Evêque : http://www.deezer.com/listen-628031

Balayeur : http://www.deezer.com/listen-2119137

 Saint Nicolas , même après sa fête, ça compte encore : http://www.deezer.com/listen-3416201

Balayeur Yéyé : http://www.deezer.com/listen-1336294

Et, en ce temps hivernal, pour se réchauffer a "brandy for the bishop" (ou plus si affinité ! ) : http://www.deezer.com/listen-5857712

http://www.deezer.com/listen-2650147 vie d'un balayeur vue par un  prince de la poésie, Prévert .

 

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 Cet évêque-ci est doublement utile ; comme son modèle de chair (ici, il ne reste que l'os )  il cure les oreilles (des pécheurs : qui abet audias audiat audiendi !) et les débarasse de leurs (ignorance ? ) crasse (sous-ongulaire) . Allez ! et ne grattez plus !

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

 

Mon cher philosophe, mon cher ami, il est important que nous ayons i avec M. Gaillard un littérateur quel qu'il soit ii, attaché à l'Académie, philosophe, et intrépide ennemi des cagots. On m'a parlé beaucoup de M. de Malesherbes iii.

 

On dit aussi que le président de Brosses se présente. Je sais qu'outre les Fétiches iv et les Terres australes v, il a fait un livre sur les langues vi, dans lequel ce qu'il a pillé est assez bon, et ce qui est de lui détestable.

 

Je lui ai d'ailleurs envoyé une consultation de neuf avocats, qui tous concluaient que je pouvais l'arguer de dol à son propre parlement vii. Il a eu un procédé bien vilain contre moi, et j'ai encore la lettre dans laquelle il m'écrit en mots couverts que si je le poursuis il pourra me dénoncer comme auteur d'ouvrages suspects que je n'ai certainement pas faits. Je puis produire ces belles choses à l'Académie, et je ne crois pas qu'un tel homme vous convienne viii.

 

J'ignore s'il se présente quelque évêque ou quelque balayeur du collège de Sorbonne. Si on veut un homme de lettres, il me semble qu'il en faut un qui puisse servir la littérature et l'Académie. Il n'y en a peut-être pas de plus propre à remplir ces deux objets que M. Marin. Il a réussi dans quelques histoires bien écrites ix; il a fait de jolis vers ; il a obligé tous les gens de lettres x; il est dans un âge et dans une place qui répondent de sa conduite. Voyez ce que vous pouvez faire. Je crois que de tous les littérateurs c'est celui dont vous serez le plus content. Je devine très bien quelle est la souscription xi dont vous me parlez, cela serait charmant.

 

L'aventure de l'archevêque de Toulouse n'est que trop vraie, et vous ferez très bien de savoir qu'il a eu des ordres supérieurs xii. C'est un mystère qu'il faut absolument éclaircir.

 

Permettez-moi d'embrasser M. de Condorcet et vos autres amis.

 

V. 

 

A Ferney ce 10 décembre 1770 »

 http://www.deezer.com/listen-5247380

 

i  = qu'on élise à l'Académie française.

 

ii   Cf. lettre à Richelieu du 4 février 1771; et pour connaitre les titres de Gabriel-Henri Gaillard : http://www.academie-francaise.fr/immortels/base/academici...

Et lettres à d'Alembert au sujet de cette élection prévue : pages 518-... : http://books.google.be/books?id=HhJEAAAAYAAJ&pg=RA4-P...

 

iii    Lamoignon de Malesherbes qui sera reçu à l'Académie le 16 février 1775. http://www.academie-francaise.fr/immortels/base/academici...

http://fr.wikipedia.org/wiki/Chr%C3%A9tien_Guillaume_de_L...

 

iv   Du culte des dieux fétiches, ou parallèle de l'ancienne religion de l'Égypte avec la religion actuelle de Nigritie, 1760. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k106440f

De Brosses : http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Brosses

 

v   Histoire des navigations aux terres australes, 1756.http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k751404

 

vi   Traité de la formation mécanique des langues et des principes physiques de l'étymologie, 1765. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50476b/f2.image.pag...

 

vii   De Dijon . Voir les lettres de V* à Mme Denis du 6 avril 1768 et lettres de novembre 1761 pour les démêles de V* avec de Brosses à qui il a acheté le comté de Tournay en 1758.

 

viii    V* , ulcéré, écrira à d'Alembert le 28 décembre 1770 : « Je passe le Rubicon pour chasser le nasillonneur, délateur et persécuteur, et je déclare que je serai obligé de renoncer à ma place si on lui en donne une. »

 

ix   Marin a écrit une Histoire de Saladin , 1758, http://books.google.be/books?id=98IGAAAAcAAJ&printsec...

et des pièces de théâtre, 1765, participé à des éditions et à la compilation de la Bibliothèque du théâtre français, 1768.

 

x  Marin en temps que secrétaire général de la Librairie rend des services aux philosophes et à V* particulièrement en essayant de faire pénétrer ses ouvrages en France et lui faisant parvenir des lettres. Par la suite V* changera d'avis sur Marin. http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois-Louis_Claude_M...

 

xi  Pour la statue de V* par Pigalle.

 

xii   Le 23 novembre, V* écrit déjà à d'Alembert : « ... votre archevêque de Toulouse, si tolérant, a fait mourir par son intolérance, le pauvre abbé Audra (qui enseignait l'Histoire de V* et en avait fait un manuel) ... Il a fait un mandement cruel contre lui, et a sollicité sa destitution de sa place de professeur en histoire ... Cette aventure a donné la fièvre et le transport au pauvre abbé, et il est mort au bout de quatre jours »(le 17 octobre). D'Alembert répondra : « ... L'abbé a forcé l'archevêque à donner son mandement, en manquant à sa parole, en retirant sa démission, en voulant compromettre un des grands vicaires ; l'archevêque avant ce temps-là avait résisté pendant un an aux clameurs du parlement, des évêques, de l'Assemblée du clergé . A la fin on lui a forcé la main. » L'abbé est mort d'une « fièvre maligne ». Voir aussi : http://fr.wikisource.org/wiki/Page:Voltaire_-_%C5%92uvres...

10/12/2010

J'ai goûté la vengeance de consoler le roi de Prusse ; et cela me suffit.

For Babet : http://www.deezer.com/listen-5129630 : ça laisse rêveur !

"Une" Babet qui me semble plus séduisante que "le" Babet-bouquetière de Volti : http://www.deezer.com/listen-7179858

 

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

conseiller d'honneur du parlement

rue de la Sourdière à Paris

 

Aux Délices 10 décembre [1757]

 

Mon cher et respectable ami, je reçois une lettre de Babet i qui a troqué son panier de fleurs contre le portefeuille de ministre . J'en suis enchanté. M. Amelot ni même M. de St Contest n'écrivaient pas de ce style. Je vous remercie de m'avoir procuré un bouquet de fleurs de la grosse Babet. Rengainez mes inquiétudes ii, mais si dans l'occasion on vous parlait encore de mes correspondances assurez bien que ma première correspondance est celle de mon cœur avec la France. J'ai goûté la vengeance de consoler le roi de Prusse iii; et cela me suffit . Il est battant d'un côté, et battu de l'autre iv. A moins d'un nouveau miracle, il sera perdu. Il valait mieux être philosophe comme il se vantait de l'être. »

 

ii V* a fait part de ses inquiétudes à d'Argental le 2 et 3 décembre. On était mécontent en France de sa correspondance avec le roi de Prusse avec qui on était en guerre et on craignait que notre alliée autrichienne n'en prenne ombrage ; il avait conseillé Frédéric (qui voulait se suicider) de négocier et l'avait confié à Bernis. Bernis ne lui répondit même pas .On avait dû « penser que cette confidence était la suite de l'intérêt qu'il prenait encore au roi de Prusse »!

Pages 335-339 : http://books.google.fr/books?id=thNEAAAAYAAJ&pg=PA336...

iii Alors que Frédéric vaincu voulait se suicider ; cf. lettres du 2 septembre 1757 à JR Tronchin et du 15 octobre à Frédéric. http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/09/01/s...

iv Vainqueur à Rossbach le 5 novembre contre les Français et Autrichiens, Frédéric est battu par les Autrichiens à Breslau les 22-23 novembre. Rupture le 28 novembre de la convention de Closter-Seven entre Français et Anglais. Frédéric sera de nouveau vainqueur le 5 décembre. Cette guerre, vue d'outre-atlantique : http://amerindien.e-monsite.com/rubrique,guerre-de-sept-a...


09/12/2010

nous avons été honorés aussi d'un petit tremblement de terre ...et le dîner n'en a pas été dérangé.

Pour rester dans le ton léger de Volti au sujet du tremblement de terre en territoire genevois :

http://www.youtube.com/watch?v=WePEHIQNh_o

Pour tous ceux qui connaissent le caractère suisse, nul étonnement à ce que même les tremblements de terre helvétiques se passent calmement, parce que : "y'aaa paaas l'feu auauauauau  lac !!"

bouteille bois casse tete.jpg

http://www.palason.ca/main.cfm?p=002&l=fr&SECID=4...

 

 

 

 

 

 

 

« A Jean-Robert Tronchin

Banquier à Lyon

 

 

Aux Délices près de Genève

10 décembre 1755

 

Vous apprendrez, Monsieur, par toutes les lettres de cet ordinaire que nous avons été honorés aussi d'un petit tremblement de terre . Nous en sommes pour une bouteille de vin muscat qui est tombée d'une table, et qui a payé pour tout le territoire. Il est heureux d'en être quitte à si bon marché. Ce qui m'a paru d'assez singulier, c'est que le lac était tout couvert d'un nuage très épais par le plus beau soleil du monde. Il était deux heures et vingt minutes ; nous étions à table dans nos petites Délices, et le dîner n'en a pas été dérangé. Le peuple de Genève a été un peu effarouché ; il prétend que les cloches ont sonné d'elles-mêmes, mais je ne les ai pas entendues.

 

En attendant la fin du monde, je suis encore forcé de vous importuner, Monsieur, pour les bagatelles de cette vie. Notre sellier avait oublié de demander 8 aunes de grand galon pareil à celui que nous avons l'honneur et l'importunité de fourrer dans cette lettre.

 

L'insatiable Mme Denis jure encore que vous ne lui refuserez pas quatre milliers de clous dorés pour des fauteuils . Il me parait qu'il faut bien des choses pour habiter en terre hérétique.

 

Nous vous faisons mille tendre compliments, mon cher correspondant ; et nous partons pour voir s'il y a eu un tremblement de terre à Montriond.

 

V. »

 

08/12/2010

Qui vous empêchera, Monseigneur, de faire mettre vingt-cinq mille au lieu de trente mille, dans votre édit ?

 

 

 

« A Anne-Robert-Jacques Turgot

 

8è décembre 1775, à Ferney

 

Monseigneur,

 

Il faut encore que malgré vos immenses travaux, malgré les miens chétifs, malgré mon petit accident qu'on a honoré du nom d'apoplexie, et peut-être hélas ! malgré votre goutte, je vous fasse encore passer deux minutes à lire mes radoteries . Je vous dis comme à M. de Trudaine que je vais lundi 11 du mois dans nos États faire accepter votre arrêt i, purement et simplement comme la bulle Unigenitus, en dépit du premier ordre de l'État, qui est , dit-on, un peu rénitent.

 

Je regarde votre arrangement non seulement comme le salut de notre petite province, mais comme experimentum in anima vili, pour faire ailleurs de plus grandes opérations. L'article des corvées, surtout, est l'avantage du royaume . Et pour vos trente mille livres aux soixante colonnes de l'État ii, il faudra bien que nous les donnions, puisque vous croyez la chose juste.

 

Mais après avoir accepté, et signé, je vous demande hardiment une grâce, c'est l'aumône. Elle est de droit divin bien plus que la dîme et surtout bien plus que l'indemnité des trente mille livres. Je dis à chacun des soixante publicains : peccata tua eleemosinis redime iii, vous êtes maudits dans l'Évangile comme dans votre pays ; tâchez de gagner le royaume des cieux en vous faisant amicos ex mammona iniquitatis iv.

 

Qui vous empêchera, Monseigneur, de faire mettre vingt-cinq mille au lieu de trente mille, dans votre édit ? Songez, je vous en conjure, que nous sommes , de compte fait, le plus pauvre canton du royaume, que nous payons tout sur le fonds de nos terres, et que nos terres couvertes de glace pendant cinq mois de l'année ne rendent pas trois pour un. Songez que le corps des fermiers généraux est après celui des bernardins et des bénédictins le corps le plus riche du royaume, et qu'une aumône de cinq mille francs ne fut jamais mieux placée.

 

D'ailleurs, en vérité ces soixante rois des aides et gabelles méritent-ils tant de libéralité de votre part ? ne savez-vous pas tous les tours qu'ils veulent vous jouer, et tous les bruits ridicules qu'ils font courir ? n'êtes-vous pas précisément dans le cas où était le duc de Sully quand tant de financiers et de suppôts de financiers s'élevaient contre sa probité éclairée ? Il est bien juste de les condamner à une amende de cinq mille francs en faveur des pauvres de Gex qui vous bénissent.

 

Nous vous supplions surtout de vouloir bien, en faisant ce traité avec les soixante rois de France, leur signifier de retirer leurs troupes v au 1er janvier. Leurs grenadiers jouent de leur reste ; ils se croient dans un pays ennemi, et ils le désolent. Mais surtout paccata tua eleemosinis redime.

 

Je me mets à vos pieds goutteux ; et mon âme particulièrement se met aux pieds de la vôtre.

 

LE VIEUX MALADE DE FERNEY V. »

 

 

i  Qui concerne le rachat du monopole du sel aux fermiers généraux, l'expulsion de leurs commis et l'abolition des corvées.                                               Cf. lettres du 29 août à Moultou,31 août à de Vaines, 5 octobre à Mme de Saint-Julien, du 5 octobre à Turgot.http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/28/a...

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/08/31/m...

 

ii  Les soixante fermiers généraux.

 

iii  Rachète tes péchés par des aumônes.

 

iv  (Fais toi )des amis avec l'argent de l'injustice.

 

v  Leurs employés.