08/12/2010
la raison vient de Dieu, et la superstition vient des hommes
« A Peacock i
A Ferney, 8 décembre 1767
Je ne saurais , Monsieur, vous remercier en anglais, parce que ma vieillesse et mes maladies me privent absolument de la facilité d'écrire. Je dicte donc en français mes très sincères remerciements sur le livre instructif que vous avez bien voulu m'envoyer ii. Vous m'avez confirmé de vive voix iii une partie des choses que l'auteur dit sur l'Inde ; sur ses coutumes antiques conservées jusqu'à nos jours ; sur ses livres, les plus anciens qu'il y ait dans le monde ; sur les sciences, dont les brachmanes ont été les dépositaires ; sur leur religion emblématique, qui semble être à l'origine de toutes les autres religions . Il y a longtemps que je pensais, et que j'ai même écrit une partie des vérités que ce savant auteur développe . Je possède une copie d'un ancien manuscrit iv qui est un commentaire du Veidam, fait incontestablement avant l'invasion d'Alexandre. J'ai envoyé à la Bibliothèque royale de Paris l'original de la traduction faite par un brame, correspondant de notre pauvre Compagnie des Indes, qui sait très bien le français.
Je n'ai point de honte, Monsieur, de vous supplier de me gratifier de tout ce que vous pourrez retrouver d'instructions sur ce beau pays où les Zoroastre, les Pythagore, les Apollonius de Thyane ont voyagé comme vous.
J'avoue que ce peuple, dont nous tenons les échecs, le tric-trac, les théorèmes fondamentaux de la géométrie, est malheureusement d'une superstition qui effraie la nature. Mais avec cet horrible et honteux fanatisme il est vertueux, ce qui prouve bien que les superstitions les plus insensées ne peuvent étouffer la voix de la raison : car la raison vient de Dieu, et la superstition vient des hommes qui ne peuvent anéantir ce que Dieu a fait.
J'ai l'honneur d'être, Monsieur, avec une très vive reconnaissance ... »
ii Deux premiers volumes de Interesting historical Events relative to the provinces of Bengal and the Empire of Indostan, 1766-1771, de J. Z. Holwell. http://books.google.fr/books?id=s_0RAAAAYAAJ&printsec...
iii A Chabanon, le 26, V* écrira qu'il a eu chez lui « le fermier général du roi de Patna » qui « sait très bien la langue courante des brahmes. »
iv Cf. la lettre à Deshauterayes du 21 décembre 1760 au sujet de ce prétendu ancien manuscrit.http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/12/26/o...
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07/12/2010
la haine cordiale que j'ai pour votre métier de César.
Dans le domaine "je me fous de votre gueule et je me gave", un César, qui au demeurant ne manquait pas de talent artistique, et qui a eu celui de vivre grâce au mauvais goût de ses contemporains, dont un exemple suit :
Etre Cesar ! Est-ce bien enviable ? http://www.deezer.com/listen-5803986
Rendons à Cesar ce qui appartient à Jules : http://www.deezer.com/listen-2417346 ; merci à Georges Chelon, que, malheureusement, on n'entend qu'à dose homéopathique sur nos ondes hertziennes.
Une curiosité : http://www.deezer.com/listen-1566386
« A Frédéric II, roi de Prusse
A Ferney, 8 décembre [1773]
Sire,
Une belle dame de Paris i (dont vous ne vous souciez guère) prétend que vous serez fâché contre moi de ce que je donne Votre Majesté au diable ii; et moi je lui soutiens que vous me le pardonnerez, et que Belzébuth même en sera fort content, attendu qu'il n'y a jamais eu personne plus diable que vous à la tête d'une armée, soit pour arranger un plan de campagne, soit pour l'exécuter, soit pour réparer un accident.
Je n'aime point du tout, il est vrai, votre métier de héros, mais je le révère ; ce n'est point à moi de juger de la Tactique de M. Guibert. Je ne m'entends point à ces belles choses ; je sais seulement qu'il vous regarde avec raison comme le premier tacticien, et moi, j'ajoute : comme le premier politique ; car vous venez d'acquérir un beau royaume, sans avoir tué personne iii, et non seulement vous voilà pourvu d'évêchés et d'abbayes, non seulement vous voilà général des jésuites iv après avoir été général d'armée, mais vous faites des canaux comme à la Chine, et vous enrichissez le royaume que vous vous êtes donné par un trait de plume. Que vous reste-t-il à faire ? rien d'autre que de vivre longtemps pour jouir.
Comme Votre Majesté recevra probablement mon petit paquet aux bonnes fêtes de Noël, et que le Dieu de paix va naître avant qu'il soit trois semaines, je me recommande à lui, afin qu'il obtienne ma grâce de vous et que vous me pardonniez toutes les pouilles que j'ai dites à Votre Majesté, et la haine cordiale que j'ai pour votre métier de César. Ce César comme vous savez, pardonnait à ses ennemis quand il les avait vaincus ; et vous aurez pour moi la même clémence, après vous être bien moqué de moi v.
Le vieux malade de Ferney, qui s'égaye quelquefois dans les intervalles de ses souffrances, se met à vos pieds avec cinq ou six sortes de vénérations pour vos cinq ou six sortes de grands talents, et pour votre personne qui les réunit. »
i Mme Necker ; V* en parlait à d'Alembert le 5 décembre.
ii En parlant de l'Essai général de tactique de Guibert, V* dans la Tactique écrit : « A Frédéric surtout portez ce bel ouvrage, / Et soyez convaincu qu'il en fait davantage : / Lucifer l'inspira bien mieux que votre auteur ; / Il est maître passé dans cet art plein d'horreur, / Plus adroit meurtrier que Gustave et qu'Eugène. » ; cf. lettre à d'Alembert du 19 novembre. http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques-Antoine-Hippolyte_de...
Tactique de V* : page 6 : http://books.google.fr/books?id=0y4HAAAAQAAJ&printsec...
iii Partage de la Pologne en 1772, -traité ratifié par le roi de Pologne et la diète le 18 septembre 1773,- alors que Frédéric n'a pas participé à la guerre. Il se justifia auprès de V* le 9 octobre 1773 : « ... l'Europe croit assez généralement que le partage que l'on a fait de la Pologne est une suite de manigances politiques qu'on m'attribue, cependant rien n'est plus faux. Après avoir proposé vainement des tempéraments différents, il fallut recourir à ce partage comme l'unique moyen d'éviter une guerre générale. » D'autre part il écrivit : « je concours depuis longtemps aux opérations des Russes par des subsides que je leur paie, et vous devez savoir qu'un allié ne fournit pas des troupes et de l'argent en même temps... »
iv Cf. lettre à d'Alembert du 19 novembre.
v Le 9 octobre, Frédéric venait de se moquer des attitudes contradictoires de V* face à la guerre.
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06/12/2010
On pourrait même dans ce programme, donner quelque échantillon, comme, par exemple, l'article « Femme » , afin d'amorcer vos chalands
"Cela dépend entièrement de toi, elle sera comme tu la vois, si tu penses que c'est une belle femme, elle sera une belle femme, si dans ton coeur tu nourris des pensées pernicieuses, tu ne verras qu'un monstre."
Gao Xingjian, (Prix Nobel de littérature)"La montagne de l'âme" Ed. L'aube poche
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Et je vous recommande particulièrement ceci :http://www.deezer.com/listen-4122806 , et autres cris du coeur de cette chanteuse engagée, Mannick .
Comme vous pouvez le constater, l'homme du XVIIIè siècle n'est au fond pas fait autrement que celui du XXIè ...
... Sauf quelques imbéciles qui se croient bénis de Dieu quand ils infligent des règles scélérates aux femmes ; ils iront en paradis quand on pourra faire passer un chameau par le chas d'une aiguille -comme il est dit dans les Ecritures -. Pierre Perret, je vous salue : http://www.deezer.com/listen-7604656
Volti aurait fait un redoutable publicitaire si j'en crois les conseils qu'il donne à un éditeur ; certes il ne propose pas d'affiche en 4x5 m avec une dame-oiselle dénudée pour vendre un presse-purée, mais quand même, il est assez réaliste pour dire qu'un article "Femme" est une bonne accroche pour l'acheteur de prose philosophique.
Et ce qui me fait encore bondir de joie, c'est son aveu frais et ingénu de "jeune homme" de 76 ans qui est heureux (comme je le suis moi-même ! ) de la beauté de certaines femmes : "mes compliments à madame votre femme dont j'ai toujours l'idée dans la tête depuis que je l'ai vue à Ferney" . Il ne manque pas de franchise, ni d'audace ce Volti. Cet "aveugle" est assez sélectif dans ce qui est capable d'imprimer ses rétines !
Qu'il me soit permis de le paraphraser et de dire "mes tendres compliments à Mam'zelle Wagnière dont j'ai chaque jour l'idée en tête et au coeur depuis qu'elle est venue à Ferney".
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« A Charles-Joseph Panckoucke
6 de décembre [1769]
Vous savez, Monsieur, que je vous regarde comme un homme de lettres i et comme un ami ; c'est à ces titres que je vous écris.
On a besoin sans doute d'un supplément à l'Encyclopédie ; on me l'a proposé ii; j'y ai travaillé avec ardeur ; j'ai fait servir tous les articles que j'avais déjà insérés dans le grand dictionnaire ; je les ai étendus et fortifiés autant qu'il était en moi ; j'ai actuellement plus de cent articles de prêts. Je les crois sages ; mais s'ils paraissent un peu hardis, sans être téméraires, on pourrait trouver des censeurs qui feraient de mauvaises difficultés, et qui ôteraient tout le piquant pour y mettre de l'insipide. Je vous réponds bien que tous ceux qui sont à la tête de la librairie ne mettront aucun obstacle à l'introduction de cet ouvrage en France, et je vous réponds d'ailleurs qu'il sera vendu dans l'Europe, parce que, tout sage qu'il est, il pourra amuser les oisifs de Moscou, aussi bien que les oisifs de Berlin. Puisque vous avez été assez hardi pour vous charger de mes sottises in-4°, il faut que cette sottise-ci soit de la même parure.
Il ne serait pas mal à mon avis de faire un petit programme par lequel on avertirait Paris, Moscou, Madrid, Lisbonne et Quimper-Corentin, qu'une société de gens de lettres, tous Parisiens, et point Suisses, va , pour prévenir les jaloux, donner un Supplément, etc. On pourrait même dans ce programme, donner quelque échantillon, comme, par exemple, l'article « Femme » iii, afin d'amorcer vos chalands.
Au reste, je pense qu'il faut se presser, parce qu'il se pourrait bien faire qu'étant âgé de soixante et seize ans, je fusse placé incessamment dans un cimetière, à côté de mon ivrogne de curé iv qui prétendait m'enterrer, et qui a été tout étonné que je l'enterrasse.
Encore un mot, Monsieur, ; avant que vous vous fussiez lancé dans les grandes entreprises, vous aviez, ce me semble, ouvert une souscription pour les malsemaines de Martin Fréron v. Je me suis aperçu, à mon article « Critique vi» que je dois dévouer à l'horreur de la postérité les gueux qui pour de l'argent, ont voulu décrier l'Encyclopédie et tous les bons ouvrages de ce siècle, et que c'est une chose aussi amusante qu'utile de rassembler les principales impertinences de tous ces polissons. Envoyez-moi tout ce que vous avez , jusqu'à ce jour, des imbéciles méchancetés de Martin, afin que je le fasse pendre avec les cordes qu'il a filées.
Je vous embrasse de tout mon cœur, sans cérémonie, et je vous prie de vouloir bien faire mes compliments à madame votre femme, dont j'ai toujours l'idée dans la tête depuis que je l'ai vue à Ferney. »
i Il avait en particulier traduit Lucrèce et publié De l'homme et de la reproduction... 1761. http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles-Joseph_Panckoucke
Page 575 : http://books.google.be/books?id=egkJAAAAQAAJ&pg=PA575...
ii Cf lettre à d'Alembert du 28 octobre.
iii Qui paraitra dans les Questions sur l'Encyclopédie . V* avait beaucoup critiqué l'article « femme » de Desmahis paru dans l'Encyclopédie ; cf. lettre à d'Alembert du 13 novembre 1766.
http://www.monsieurdevoltaire.com/article-36117250.html
iv Le curé Pierre Gros. Quelques rapports plus ou moins houleux avec ce curé en 1769 : pages 72-73 : http://books.google.be/books?id=KS0HAAAAQAAJ&pg=PA73&...
v A savoir pour L'Année littéraire de « l'âne » Fréron.
vi Qui paraitra dans les Questions sur l'Encyclopédie ; un article « critique » a déjà paru dans le Dictionnaire philosophique.
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05/12/2010
je n'ai point de culs noirs , et j'ai renoncé aux blancs que j'aimais autrefois à la folie
Voici un cul-noir sur fond noir : Eh! oui, il est à fleurs !!
J'ai ri de bon coeur en apprenant la nouvelle de ces irascibles voyageurs en partance pour Casablanca qui ont voulu jouer les fortes têtes dans leur avion .
Rendez-vous compte : au moment de leur départ, ils sont informés que suite à une panne sur un avion de la même compagnie, ils vont devoir passer par deux autres étapes imprévues pour aller récupérer les passagers en difficulté, avant d'atteindre leur destination : bilan, 6 h de voyage en plus prévues .
Ces gens -là, qui ne voient pas plus loin que le bout de leur intérêt de consommateurs égoïstes, n'entendent point partager leur bel avion avec ceux qui sont en rade .
Et ça devient très moral heureusement : quelques meneurs décident l'occupation de l'avion et quelques transactions plus tard, beaucoup plus tard, ceux-là qui ne voulaient pas perdre 6h de leur précieux temps libre de vacanciers privilégiés, ceux-là donc sont encore au sol au point de départ 14h plus tard que prévu et au départ effectif de l'avion auront "gagné" près de 24h de colère imbécile à ajouter à leur vie bornée.
Rions mes frères et Ecr[asons] l'Imb[écile] !
« A Nicolas-Claude Thiriot
5è décembre [1759] aux Délices
Ermite de l'arsenal, l'ermite de Tournay et des Délices est dictateur i, parce qu'il a mal aux yeux. Vous m'écrivez toujours à Genève comme si j'étais un parpaillot, mettez par Genève, s'il vous plait ; je ne veux pas que l'enchanteur qui fera mon histoire prétende sur la foi de vos lettres que j'ai fait abjuration. La bonne compagnie de Genève veut bien venir chez moi, mais je ne vais jamais dans cette ville hérétique ; c'est ce que je vous prie de signifier à frère Berthier, supposé qu'il vive encore, ou à frère Garassise ii, ou même à l'auteur des Nouvelles ecclésiastiques iii; il me semble qu'il faudrait faire une battue contre toutes ces bêtes puantes ; mais les philosophes ne sont presque jamais réunis, et les fanatiques après s'être déchirés à belles dents se réunissent tous pour dévorer les philosophes. Un de mes plaisirs dans mon petit royaume, est de tirer à cartouches contre ces drôles-là sans les craindre ; c'est un amusement de ma vieillesse.
On dit que la tragédie de M. de Thibouville iv n'a pas si bien réussi que l'apparition de frère Berthier v; il y a quelques années que les choses sérieuses ne réussissent guère en France ; témoin la prose réitérée du traducteur de Pope vi, et témoins nos combats sur terre et sur mer ; il faut espérer que le diable qui n'est toujours pas à la porte d'un pauvre homme vii, ne sera pas toujours à la porte de la pauvre France.
O passi graviora, dabit deus his quoque finem.viii
On profitera sans doute des bons exemples des Russes, et du maréchal Daun. Retenez pour votre vie, mon ancien ami, une anecdote singulière. Le roi de Prusse me mande du 17 novembre ces propres mots : Dans trois jours je vous en écrirai davantage de Dresde. Et au bout de trois jours, il perd vingt mille hommes ix; vous m'avouerez que ce monde-ci est la fable du pot au lait ; vous avez sans doute une mauvaise copie de La Femme qui a raison, et soyez sûr qu'on n'a que de très détestables copies de presque tous nos amusements de Tournay et des Délices ; vous auriez bien dû venir voir les originaux ; nous avons joué une nouvelle tragédie x sur un petit théâtre vert et or ; et nous avons fait pleurer deux des plus beaux yeux que je connaisse, qui sont ceux de Mme l'ambassadrice de Chauvelin, sans compter ceux de son mari, moins beaux, à la vérité, mais appartenant à une tête pleine d'esprit et de goût. Ma nièce n'a pas tous les talents de Mlle Clairon ; mais elle est beaucoup plus attendrissante, et non moins vraie. Pour moi, je suis, sans vanité, le meilleur vieillard que nous ayons à la comédie. Je me suis un peu ruiné, mon cher ami, en bâtiments et en châteaux, et mes moutons meurent de la clavelée ; cependant je n'ai point envoyé ma vaisselle à la monnaie xi; attendu qu'il n'y [a] point d'hôtel, ni même aucune monnaie dans le pays de Gex, et je ne veux point la vendre aux huguenots ; je n'ai point de culs noirs xii, et j'ai renoncé aux blancs que j'aimais autrefois à la folie.
M. de Paulmy a-t-il renoncé à l'exécrable dessein d'aller en Pologne xiii? Présentez-lui mes respects, et dites-lui que s'il persiste dans cette triste idée, j'avertirai les hussards prussiens qui le prendront en passant ; n'a-t-il donc pas assez de son mérite pour vivre à Paris, toujours estimé et honoré ?
Bona noce, mon ancien ami.
V. »
i = Celui qui dicte, au sens premier de dictator, en latin.
ii Allusion à la Relation ...du jésuite Berthier (cf. deux billets de septembre-octobre 1759 et la lettre du 25 août) qui se termine par « l'Apparition de frère Berthier à frère Garassise continuateur du Journal de Trévoux », et peut-être déjà à la future Relation du voyage de frère Garassise ... publiée en 1760. http://www.voltaire-integral.com/Html/24/17_Relation_Bert...
iii Les Mémoires ecclésiastiques ou mémoires pour servir à l'histoire de la constitution Unigenitus (1728-1803)de tendance janséniste, dont les principaux rédacteurs étaient alors Fontaine de La Roche et semble-t-il Louis Guidi. http://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelles_eccl%C3%A9siastiques
http://c18.net/dp/dp.php?no=1027
iv Namir, joué le 12 novembre. http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri-Lambert_de_Thibouville Page 367 : http://books.google.be/books?id=UlEHAAAAQAAJ&pg=PA367...
v « Cette brochure s'est vendue à tous les carrefours et les plaisanteries en on fort réussi. » écrivit Thiriot le 28 novembre.
vi Celle des édits de Silhouette qui avait aussi traduit Pope; cf. lettre du 30 novembre.
vii Est-ce une allusion à son Pauvre Diable ?
viii Oh ! Vous avez supporté des maux si lourds ! La divinité mettra également un terme à ceux ci .
ix Frédéreic perdit 15 000 hommes, tant blessés que prisonniers le 21 novembre à Maxen. En fait les « propres mots » de Frédéric étaient : « Je vous écrirai dans une huitaine de jours de Dresde. » V* commence un chapitre de ses Mémoires par cette « anecdote singulière ».
x Tancrède ; cf. lettre du 5 novembre 1759.
xi Comme les Français de France, y compris le roi, sous le ministère de Silhouette par son arrêt du 26 octobre 1759.http://www.comite-histoire.minefi.gouv.fr/admin_eco/minis...
xii C'est-à-dire de la vaisselle de faïence (à la place de la vaisselle d'argent), au dessous recouvert d'un vernis brun.http://www.leblogantiquites.com/2007/06/cul-noir-de-for.h... http://www.alienor.org/ARTICLES/faience_patronyme/prod02....
xiii Comme ambassadeur.
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04/12/2010
Je ne vous parlerai pas aujourd'hui, mon cher ange, des deux enfants que j'ai faits dans ma quatre-vingt-quatrième année
http://www.youtube.com/watch?v=qgre_75wrsU
Je viens de revoir comme partenaire de la petite rousse, la brune Zouc, et comme Volti se vante de faire des enfants à 84 ans, parlons d'accouchement :
http://www.youtube.com/watch?v=CZ4vjgxylE0&feature=re...
« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental
6è décembre 1777 à Ferney
Je ne vous parlerai pas aujourd'hui, mon cher ange, des deux enfants que j'ai faits dans ma quatre-vingt-quatrième année i. Vous les nourrirez s'ils vous plaisent ; vous les laisserez mourir s'ils sont contrefaits. Mais je veux absolument vous parler d'un autre monstre, c'est de cet animal amphibie qui n'est ni fille ni garçon ii; qui est, dit-on, habillé actuellement en fille ; qui porte la croix de Saint Louis sur son corset, et qui a comme vous douze mille francs de pension. Tout cela est-il bien vrai ? Je ne crois pas que vous soyez de ses amis s'il est de votre sexe, ni de ses amants s'il est de l'autre. Vous êtes à portée plus que personne de m'expliquer ce mystère . Il ou elle m'avait fait dire par un Anglais de mes amis, qu'il ou elle, viendrait à Ferney iii, et j'en suis très embarrassé.
Je vous demande en grâce de me dire un mot de cette énigme.
Je ne sais point de nouvelles de la santé de M. de Thibouville, vous croyez bien que je m'y intéresse. La mienne est bien déplorable,vous savez que je n'ai pas besoin d'un fort hiver.
Je remercie de loin votre fort aimable secrétaire qui a bien voulu raccommoder les langes de mon dernier enfant iv. Savez-vous bien que je vous en enverrais encore un autre, si celui-là ne mourait pas en nourrice ? Il est plaisant que je sois si prolifique en étant continuellement à la mort.
Avez-vous mis en nourrice mon Contantinopolitain v chez M. le maréchal de Duras vi? Je ne vous fais cette question, mon cher ange, que pour vous remercier de vos bontés, car je ne suis pressé de rien. Si j'avais des passions vives, ce serait de venir me mettre à Paris sous les ailes de mon ange. Je me recommande à M. de Thibouville.
V. »
iii Cependant,V* le 16 septembre a écrit au chevalier qu'il aspirait au plaisir de voir un capitaine-femme aussi célèbre. George Keate lui ayant vanté dans une lettre du 15 août les mérites du chevalier d'Éon, dont « on ne parlera plus à présent ... que sous le titre de Mlle de Beaumont » qui souhaitait vivement « passer deux ou trois jours dans sa société [de V*] » dans le courant de septembre .http://fr.wikipedia.org/wiki/George_Keate
iv V* a envoyé le 17 novembre « des emplâtres pour mettre un appareil à toutes les blessures d'Irène » en indiquant le mode d'emploi à l'« aimable secrétaire » : « J'ose instamment supplier la secrétaire aimable que vous avez élevée de vouloir bien placer ces petits papiers que j'envoie. Il n'y a qu'à lire l'indication de chacun, ensuite in coupe avec des ciseaux cette indication , et on met la correction avec quatre petits pains à cacheter à la place convenable. »
v Irène.
vi Premier gentilhomme de la chambre alors « d'année » qui décide des programmes des spectacles à la Comédie Française.
Emmanuel-Félicité de Durfort, duc de Duras : http://wapedia.mobi/fr/Emmanuel-F%C3%A9licit%C3%A9_de_Dur...
Zouc encore, parce que je l'aime : http://www.dailymotion.com/video/x109eh_zouc_fun
http://www.dailymotion.com/video/x7kib0_zouc-chez-michel-...
http://www.dailymotion.com/video/x169z4_zouc-la-fourmi_fun
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03/12/2010
Plus vous serez gai, plus longtemps vous vivrez
http://www.deezer.com/listen-537667
http://www.deezer.com/listen-3407388
http://www.deezer.com/listen-4208103
Dédié à tous les candidats, politiques en mal de reconnaissance : http://www.deezer.com/listen-294527 ; je vous le recommande chaudement (surtout en ce temps hivernal !)
http://www.deezer.com/listen-1566451
Deux fous géniaux : http://www.deezer.com/listen-7156802
Un déglingué modèle qui a vérifié le titre de cette note : http://www.deezer.com/listen-2420943
« A Frédéric II, roi de Prusse
A Ferney, ce 6 décembre [1771]
Sire,
Je n'ai jamais si bien compris qu'on peut pleurer et rire dans le même jour. J'étais tout plein et tout attendri de l'horrible attentat commis contre le roi de Pologne i, qui m'honore de quelque bonté. Ces mots qui dureront à jamais : Vous êtes pourtant mon roi, mais j'ai fait serment de vous tuer ii m'arracheraient des larmes d'horreur, lorsque j'ai reçu votre lettre et votre très philosophique poème iii qui dit si plaisamment les choses du monde les plus vraies. Je me suis mis à rire malgré moi, malgré mon effroi et ma consternation. Que vous peignez bien le diable et les prêtres, et surtout cet évêque, premier auteur de tout le mal !iv
Je vois bien que quand vous fîtes ces deux premiers chants, le crime infâme des Confédérés n'avait point encore été commis. Vous serez forcé d'être aussi tragique dans le dernier chant que vous avez été gai dans les autres, que Votre Majesté a bien voulu m'envoyer v. Malheur est bon à quelque chose, puisque la goutte vous a fait composer un ouvrage si agréable vi: depuis Scarron, on ne faisait point de vers si plaisants au milieu des souffrances. Le roi de la Chine ne sera jamais si drôle que Votre Majesté vii, et je défie Moustapha d'en approcher.
N'ayez plus la goutte, mais faites souvent des vers à Sans-Souci dans ce goût-là. Plus vous serez gai, plus longtemps vous vivrez : c'est ce que je souhaite passionnément pour vous, pour mon héroïne viii, et pour moi chétif.
Je pense que l'assassinat du roi de Pologne lui fera beaucoup de bien. Il est impossible que les Confédérés, devenus en horreur au genre humain, persistent dans une faction si criminelle. Je ne sais si je me trompe, mais il me semble que la paix de la Pologne peut naitre de cette exécrable aventure.
Je suis fâché de vous dire que voilà cinq têtes couronnées assassinées en peu de temps ix dans notre siècle philosophique. Heureusement, parmi tous ces assassinats, il se trouve des Malagrida x, et pas un philosophe. On dit que nous sommes des séditieux ; que sera donc l'évêque de Kiovie xi? On dit que les conjurés avaient fait serment sur une image de la Sainte Vierge, après avoir communié. J'ose supplier instamment Votre Majesté, si ingénieuse et si diabolique xii, de daigner m'envoyer quelques détails bien vrais de cet étrange évènement xiii, qui devrait bien ouvrir les yeux à une partie de l'Europe. Je prends la liberté de recommander à vos bontés l'abbaye d'Oliva xiv. Je me mets à vos pieds (pourvu qu'ils n'aient plus la goutte) avec le plus profond respect et le plus grand ébahissement de tout ce que je viens de lire. »
i Stanislas-Auguste Poniatowski a été victime d'un attentat le 3 novembre 1771 ; il fut seulement blessé, et selon les historiens, par hasard .Il se serait agi seulement de le déposer et pour cela de l'enlever. V*, le 3 décembre lui envoya ses « vœux pour (sa) conservation et pour (son) bonheur. »
ii Serment fait à la Vierge ; cf. note xiii
iii La Guerre des Confédérés, poème imité de La guerre civile de Genève de V* et destiné à « peindre les folies des Confédérés, ... les sottises d'un Krasinski, d'un Potocki, d'un Oginski ... » comme dit Frédéric le 18 novembre.
Les Confédérés sont des Polonais catholiques hostiles à l'égalité des Dissidents (non catholiques) hostiles à l'intervention politique et armée de Catherine II dans les affaires polonaises et au roi Stanislas qu'elle a contribué à mettre en place.
iv Dans le Chant I de son poème, Frédéric écrit : « Tout vieux démon est l'intime des prêtres ;/ .../ Tel parut-il (le diable) jouant la comédie, / Mais qui devint fatale tragédie, / ... Voir : Page 196 et suivantes : http://books.google.be/books?id=6cxWAAAAMAAJ&pg=PA463...
Au Chant II : « ... les seigneurs s'assemblèrent, / Parmi ces chefs éclatait Krasinsky,/ Malakowski, le vaillant Potocki... » : Page 204, etc .
v Le 12 janvier 1772, Frédéric répondra : « Il était vrai que mon poème était achevé lorsque cet attentat se commit ; je ne le jugeais pas propre à entrer dans un ouvrage où règne d'un bout à l'autre un ton de plaisanterie et de gaieté ; cependant je n'ai pas voulu, non plus , passer cette horreur sous silence, et j'en ai dit deux mots, en passant, au commencement du chant cinquième ... J'ai poussé la licence plus loin ; car , quoique la guerre dure encore, j'ai fait la paix d'imagination pour finir... Vous verrez par le troisième et quatrième chant que je vous envoie, qu'il n'était pas possible de mêler des faits graves avec tant de sottises... »
vi Une crise de goutte de cinq semaines a « donné le temps de rimer et de corriger tout à son aise » à Frédéric.
vii Allusion au poème de Kien Long, Éloge de la ville de Moukden ... et à l'épître-simulation que Frédéric a alors écrite à V* « de la part du roi de la Chine » ; cf. lettre à Frédéric du 20 décembre 1770.
ix Louis XV : attentat de Damiens en janvier 1757 ; Joseph de Portugal : 1758 ; Pierre III de Russie : juillet 1762 ;Ivan de Russie : juillet 1764; Stanislas de Pologne : 1770.
x Des jésuites, comme Malagrida, avaient été impliqués dans l'attentat contre le roi de Portugal, Malagrida fut relâché. Cf. lettre du 10 février 1759 aux Cramer.
xi Sans doute Zaluski, un des instigateurs des Confédérés, dont parle Frédéric dans son poème , sans le nommer.
xii Le 18 novembre, en envoyant son poème, Frédéric écrit : « sur les folies des Confédérés » soutenus par le pape : « comme je suis un hérétique excommunié une fois pour toutes, j'ai bravé les foudres du Vatican. »
xiii Frédéric répond le 12 janvier : « L'horrible attentat entrepris et manqué contre le roi de Pologne s'est passé 'à la communion près) de la manière dont il est détaillé dans les gazettes. Il est vrai que le misérable qui a voulu assassiner le roi de Pologne en avait prêté le serment à Pulawski maréchal de confédération, devant le maitre-autel de la Vierge, à Czenstochow. Je vous envoie les papiers publics, qui peut-être ne se répandront pas en Suisse... ». « Le corps de la Confédération n'agît pas par système. Ce Pulawski ... est proprement l'auteur de la conspiration tramée contre le roi de Pologne. Il a été page du prince Charles de saxe et c'était pour placer ce prince sur le trône qu'il a tramé cet horrible complot. Les autres Confédérés rejettent ce prince ... les uns y veulent placer le landgrave de Hesse, les autres l'Électeur de Saxe, d'autres encore le prince de Teschen. Tous ces partis différents ont ... de la haine l'un pour l'autre. » En effet, les ambitions personnelles et les rivalités y sont importantes.
xiv Riche abbaye près de Dantzig dont l'abbé était par tradition un gentilhomme prussien jusqu'alors nommé par le roi de Pologne.
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02/12/2010
Je ne fais d'autre office que celui d'un grison qui rend des lettres.
Le titre reflète bien mon travail de blogger , non ?
"je me contente de bonnes doublures de peluche cramoisie que je préfère aux fourrures"
Pour une fois, le coup du lapin ne laissera pas de séquelles ...
Je ne pense pas que ce soit par sentimentalisme que Volti choisisse des doublures de peluche plutôt que de la fourrure, mais par goût .
On ne chantera pas alors : http://www.youtube.com/watch?v=PsJtoVBhmbw
« A Jean-Robert Tronchin i
2 décembre [1757]
Mon cher correspondant, vous trouverez folio verso de la pâture pour les réflexions d'un homme respectable ii qui pense comme il le doit .
Il en a fait sans doute de très justes sur l'aventure du 5 iii. Vous pouvez être sûr que tout était fini si on s'était emparé des hauteurs que le roi de Prusse garnit de cavalerie et de canons sans qu'on s'en aperçût. On était trois fois plus près de ces hauteurs que lui. Le général Marshall iv entrait en Saxe avec quinze mille hommes. Tout a été perdu par une seule faute bien grossière. L'artillerie prussienne emportait nos gens dix à dix, et on s'enfuit de tous côtés. Le roi de Prusse se donna le soir le plaisir de demander des draps (à une dame d'un château voisin chez laquelle il soupa v) pour faire des bandages à nos blessés. On ne peut nous humilier avec plus de générosité.
La reine de Pologne est morte de chagrin vi. La France se ruine. Voilà encore quarante millions en rentes viagères. Je ne crois pas que j'y mette mon denier. J'aime mieux mon Palatin vii, et je me contente de bonnes doublures de peluche cramoisie que je préfère aux fourrures. Il ne faut songer qu'à se tenir bien chaud cet hiver. Gare la convention de Stade viii! Le beau billet qu'a La Châtre ix! Bonsoir, vos fermiers vous embrassent.
V.
Mille respects, je vous prie, à M. et Mme de Montferrat. La nièce se joint à moi.
« Les mêmes instructions qu'on avait, on les a encore. J'écrirai au premier jour à M. le comte de Tencin. Assurez-le , je vous prie, de toute mon estime, et dites-lui que je persiste toujours dans mon système. »
Voilà les propres mots qu'on m'écrit du 23 novembre x. Je supplie qu'on écrive en droiture, si cela se peut sans hasarder que les lettres soient ouvertes sur la route. Il n'appartient qu'à la prudence de Son Excellence de conduire cette affaire très épineuse et de donner des conseils convenables dans des circonstances où l'on ménage avec une attention scrupuleuse d'autres puissances.
Je ne fais d'autre office que celui d'un grison qui rend des lettres. Mais mon cœur s'acquitte d'un autre devoir auquel il s'attache uniquement, celui d'aimer son roi, sa patrie et le bien public, de ne me mêler absolument de rien que de faire des vœux pour la prospérité de la France, et de mériter l'estime de celui dont je respecte les lumières autant que la personne. »
iJean-Robert Tronchin : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Robert_Tronchin
ii Le cardinal de Tencin ; V* par l'entremise de Tronchin, le 20 octobre, offre de servir d'intermédiaire entre la margravine et Louis XV.
Pages 411-412 : http://books.google.be/books?id=NaA3eTAyKIQC&pg=PA411...
iii Défaite franco-autrichienne de Rossbach.
iv Comte Ernst Dietrich von Marschall von Burgholzhausen, général autrichien. Auf Deutch : http://de.wikisource.org/wiki/ADB:Marschall_von_Burgholzh...
v ? La princesse d'Anhalt-Zerbst ?
vi Elle est morte le 17 novembre à Dresde où elle demeura après l'invasion de la Saxe par Frédéric et le départ de son mari Auguste III pour la Pologne.
vii V* négocie un prêt qu'il fait à l'Électeur Palatin ; cf. lettre à J.R. Tronchin du 3 février 1758.
viii Convention de Closter-Seven, signée par Richelieu le 10 septembre avec le duc de Cumberland qui doit en vertu de cet accord se retirer au delà de l'Elbe. Cette convention est rompue depuis le 28 novembre.
http://www.histofig.com/Chronologie-guerre-de-7-ans.html...
Page 343 : http://books.google.be/books?id=k0KtAAAAMAAJ&pg=PA343...
ix Le marquis de La Châtre avait exigé une promesse écrite de fidélité de Ninon de Lenclos.
http://fr.wikisource.org/wiki/Histoire_de_la_vie_et_des_o...
x « On » = la margravine ; ce sont presque « les propres mots ». Il s'agit des négociations secrètes de paix entre la France et la Prusse.
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