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26/12/2010

il mangea comme un diable, et s'étant donné une indigestion, il mourut comme un chien . C'est peu de chose qu'un philosophe .

Note rédigée le 17 juillet 2011 pour parution le 26 décembre 2010

 

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« A Philippe-Antoine de Claris , marquis de Florian

 

A Ferney 26è décembre 1776

 

Le ridicule procès qu'on vous suscite 1 ne vous fera probablement d'autre mal que celui que de vous faire attendre quelque temps vos hardes . J'ai ici des affaires plus embarrassantes et plus désagréables . La colonie va bien mal 2. Plus longtemps on vit , plus longtemps on souffre . Jean-Jacques a très bien fait de mourir 3. On prétend qu'il n'est pas vrai que ce soit un chien qui l'ait tué ; il était guéri des blessures que son camarade le chien lui avait faites ; mais on dit que le 12è décembre il s'avisa de faire l'Escalade 4 dans Paris avec un vieux Genevois nommé Romilly ; il mangea comme un diable, et s'étant donné une indigestion, il mourut comme un chien . C'est peu de chose qu'un philosophe .

 

Le vieux malade tout étonné d'être encore en vie vous embrasse de tout son cœur, et n'ose en faire autant à Mme de Florian .

 

V. »

 

1 Ce procès est suscité en fait à sa nouvelle femme, elle a un procès avec « M. de Damas » au parlement de Dijon .

2 Voir la lettre à Mme de Saint-Julien du 5 décembre : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2008/12/06/g...

3 Il n'est mort qu'en juillet 1778 !

4 Le 12 décembre à Genève, on fête la commémoration de l'Escalade ; dans la nuit du 11-12 décembre 1602 les Genevois (avec la célèbre Mère Royaume) repoussèrent les assauts des gens du duc de Savoie . Rousseau aurait en réalité fait une chute .

Il faut qu'ils animent la voix des meilleurs citoyens, il faut qu'ils réduisent la canaille au silence

Grasse mat' ... Mise en ligne à l'heure de l'apéro ! De l'apéro d'avant diner, bien sur , pas d'avant souper !

Un, deux , trois ! (je ne prends plus le volant ;)) : http://www.deezer.com/listen-1434860 

 

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«  A Gabriel Cramer

 

[26 décembre 1764]

 

J'ai reçu l'histoire de la destruction des jésuites i; c'est le livre le plus sage, et en même temps le plus hardi, le plus philosophique, le plus adroit, le plus curieux, le plus agréable, qu'on ait écrit depuis les Lettres provinciales . Je le lis, j'en suis enchanté. Préparez vos caractères, mon cher Gabriel, venez me voir. Mais surtout, encouragez les Conseillers vos amis à se conduire avec autant de sagesse que de fermeté. Il faut qu'ils engagent adroitement tous les ministres à faire des représentations ii. Il faut qu'ils animent la voix des meilleurs citoyens, il faut qu'ils réduisent la canaille au silence en faisant connaitre les endroits blasphématoires et séditieux iii, et qu'ensuite ils punissent, non pas un livre qu'on ne peut punir, mais un coquin digne des châtiments les plus sévères iv.

 

On m'assassine depuis un an de deux mille lettres au sujet des souscriptions de Corneille. En voici encore une ; que voulez-vous que je réponde ? »

 

i Sur la destruction des jésuites en France par un auteur désintéressé, 1765, de d'Alembert . http://books.google.fr/books?id=_bUCAAAAQAAJ&printsec...

 

ii A propos des Lettres écrites de la montagne de JJ Rousseau, que V* cite dans l'édition de Marc-Michel Rey, 1764 ; ces lettres auraient été écrites avec les encouragements des Représentants (contestataires) pour neutraliser les Lettres de la campagne de Jean-Robert Tronchin, publiées en automne 1763, qui, elles, justifiaient les actes des Conseils et gagnaient l'opinion aux Négatifs ( réactionnaires ). Lettres de la montagne :Pages 1-177 : http://books.google.fr/books?id=hRQMAQAAIAAJ&printsec...

Page 370 : http://books.google.fr/books?id=aNLrn0E7jfEC&pg=PA370...

Lettres de la campagne : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k68205d/f2.image.pag...

 

iii Ce que se charge de faire V* en signalant à François Tronchin 13 passages particulièrement « blasphématoires » (comme un de ceux concernant les miracles décrits dans l'Évangile qui est qualifié lui-même par JJ. R. de « scandaleux, téméraire, impie », page 16) ou « séditieux » (comme « on a presque toujours vu dans le Conseil des Deux cents peu de lumières et encore moins de courage ... » page 77, et « Les citoyens sont esclaves d'un pouvoir arbitraire, et livrés sans défense à la merci de vingt-cinq despotes » page 78, et le Conseil « trame une conspiration. » page 101)

 

iv A François Tronchin : « On dira que le Conseil aura ... trop de fermeté pour s'amuser seulement à faire brûler un livre à qui la brûlure ne fait nul mal, et qu'il punira avec toute la sévérité des lois un blasphémateur séditieux... »

 

25/12/2010

que leurs traits ne se méprennent point, et ne détruisent pas la religion que je respecte infiniment, et que je pratique

C'est Noël, et en guise de cadeau je vous donne cette lettre de Volti à Mme du Deffand qui avait la chance/malchance d'avoir du temps à perdre et qui parfois, pour se désennuyer demandait "du Voltaire" ; elle aurait pu tomber plus mal en guise de distraction .

http://www.deezer.com/listen-1150471 

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http://www.deezer.com/listen-7578479 : "I believe" dit le King, tout comme -(là j'extrapole un peu, un tout petit peu !-) )- Volti .

Etonnante citation-titre aux yeux de certains , évidente pour ceux qui connaissent notre malicieux et prudent -(de temps en temps)- Volti .

http://www.deezer.com/listen-540427

 

 Quant à moi, -paraphrasant Volti,- je déclare à Mlle Wagnière :

"Ce n'est pas assurément, Mam'zelle, une lettre de bonne année que je vous écris, car tous les jours m'ont paru fort égaux, et il n'y en a point où je ne vous sois très tendrement attaché."

Et je n'ajoute ni ne retranche rien à cette déclaration .

 Fidèlement : http://www.deezer.com/listen-2544872

 

« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand

 

26è décembre 1768

 

Ce n'est pas assurément, Madame, une lettre de bonne année que je vous écris, car tous les jours m'ont paru fort égaux, et il n'y en a point où je ne vous sois très tendrement attaché.

 

Je vous écris pour vous dire que votre petite mère ou grand-mère i(je ne sais comment vous l'appelez) a écrit à son protégé Dupuits une lettre où elle met sans y songer, tout l'esprit et les grâces que vous lui connaissez. Elle prétend qu'elle est disgraciée à ma cour, parce que je ne lui ai envoyé que Le Marseillais et le Lion de Saint Didier, et qu'elle n'a point eu Les Trois Empereurs de l'abbé Caille ii. Mais je n'ai pas osé lui envoyer ces trois têtes couronnées, à cause des notes qui sont un peu insolentes, et de plus il m'a paru que vous aimiez mieux Le Marseillais et le Lion ; c'est pourquoi elle n'a eu que ces deux animaux . Il y a pourtant un vers dans Les Trois Empereurs qui est le meilleur que l'abbé Caille fera de sa vie . C'est quand Trajan dit aux chats fourrés de la Sorbonne :

Dieu n'est ni si méchant, ni si sot que vous le dites iii.

 

Quand un homme comme Trajan prononce une telle maxime, elle doit faire un très grand effet sur les cœurs honnêtes.

 

Votre petite mère ou grand-mère a un cœur généreux et compatissant . Elle daigne proposer la paix entre La Bletterie et moi. Je demande pour premier article qu'il me permette de vivre encore deux ans, attendu que je n'en ai que 75, et que pendant ces deux années il me serait loisible de faire une épigramme contre lui tous les six mois iv. Pour lui il mourra quand il voudra.

 

Saviez-vous qu'il a outragé le président Hénault autant que moi ? Tout ceci est la guerre des vieillards. Voici comme cet apostat janséniste s'exprime, page 235, tome II : En revanche, fixer l'époque des plus petits faits avec exactitude, c'est le sublime de plusieurs prétendus historiens modernes ; cela leur tient lieu de génie et de talents historiques v.

 

Je vous demande , Madame, si on peut désigner plus clairement votre ami ? Ne devrait-il pas l'excepter de cette censure aussi générale qu'injuste ? ne devrait-il pas faire comme moi qui n'ai perdu aucune occasion de rendre justice à M. Hénault, et qui l'ai cité trois fois vi dans le Siècle de Louis XIV avec les plus grands éloges ? Par quelle rage ce traducteur pincé du nerveux Tacite outrage-t-il le président Hénault, Marmontel, un avocat Linguet et moi, dans des notes sur Tibère ? Qu'avons-nous à démêler avec Tibère ? Quelle pitié ! et pourquoi votre petite mère n'avoue-t-elle pas tout net que l'abbé de La Bletterie est un mal avisé ?

 

Et vous, Madame, il faut que je vous gronde. Pourquoi haïssez-vous les philosophes quand vous pensez comme eux ? Vous devriez être leur reine, et vous vous faites leur ennemie . Il y en a un dont vous avez été mécontente vii, mais faut-il que le corps en souffre ? est-ce à vous de décrier vos sujets ?

 

Permettez-moi de vous faire cette remontrance en qualité de votre avocat général . Tout notre parlement sera à vos genoux quand vous voudrez, mais ne le foulez pas aux pieds quand il s'y jette de bonne grâce .

 

Votre petite mère et vous, vous me demandez L'A.B.C. Je vous proteste à toutes deux, et à l'archevêque de Paris, et au syndic de la Sorbonne, que L'A.B.C. est un ouvrage anglais, composé par un M. Huet très connu traduit il y a six ans, imprimé en 1762 viii, que c'est un rostbif anglais, très difficile à digérer par beaucoup de petits estomacs de Paris. Et sérieusement, je serais au désespoir qu'on me soupçonnât d'avoir été le traducteur de ce livre hardi dans mon jeune âge, car en 1762 je n'avais que 69 ans. Vous n'aurez jamais cette infamie qu'à condition que vous rendrez partout justice à mon innocence, qui sera furieusement attaquée par les méchants jusqu'à mon dernier jour.

 

Au reste il y a depuis longtemps un déluge de pareils livres. La Théologie portative ix pleine d'excellentes plaisanteries et d'assez mauvaises ; L'Imposture sacerdotale x traduite de Gordon ; La Riforma d'Italia xi, ouvrage trop déclamatoire qui n'est pas encore traduit mais qui sonne le tocsin contre tous les moines ; Les Droits des hommes et les Usurpations des papes xii, Le Christianisme dévoilé xiii par feu Damilaville ; Le Militaire philosophe xiv de Saint Hyacinthe ; livres tout de raisonnements, et capables d'ennuyer une tête qui ne voudrait que s'amuser. Enfin, il y a cent mains invisibles qui lancent des flèches contre la superstition. Je souhaite passionnément que leurs traits ne se méprennent point, et ne détruisent pas la religion que je respecte infiniment, et que je pratique.

 

Un de mes articles de foi, Madame, est de croire que vous avez un esprit supérieur . Ma charité consiste à vous aimer quand même vous ne m'aimeriez plus, mais malheureusement je n'ai pas l'espérance de vous revoir. »

 

 

i La duchesse de Choiseul .

 

iii Vers 101 .

 

iv Le 20 avril, d'Alembert signala à V* que La Bletterie « dans une des notes du second volume » de son Tibère, ou les six premiers livres des Annales de Tacite, traduits par ... Jean-Philippe-René de La Bletterie, 1768, « s'exprime avec beaucoup de mépris sur les écrivains autrefois célèbres qui veulent mourir la plume à la main et qui font dire au public: « Le pauvre a oublié de se faire enterrer »... Ses amis savent et publient que c'est à vous qu'il adresse cette belle diatribe ... »   Voir pages 97-98 : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/cr...#                                                   V* avait déjà envoyé une épigramme dans sa réponse à d'Alembert le 27 avril.                                                                               Pages 341-343 : http://books.google.be/books?id=zzQHAAAAQAAJ&printsec...

 

v Citation exacte mot pour mot, sauf que le texte porte « avec la plus grande exactitude ».

 

vi Deux fois dans le chapitre sur la campagne et la mort de Turenne et quatre fois dans le Catalogue.

 

vii D'Alembert, notamment en 1760 où elle l'accuse d'avoir été son délateur auprès de V*.

 

viii Lieux et dates de publication sont fictifs, l'ouvrage L'A.B.C., dialogue curieux traduit de l'anglais de M. Huet est bien de V*. http://www.voltaire-integral.com/Html/27/16_A-B-C.html

 

xi De Carlo Antonio Pilati di Tassulo ; http://it.wikipedia.org/wiki/Carlantonio_Pilati

 

xiii Sans doute effectivement de Damilaville, attribué aussi au baron d'Holbach . http://www.voltaire-integral.com/Html/31/07_Devoile.html

http://visualiseur.bnf.fr/CadresFenetre?O=NUMM-88619&...

xiv Publié par Naigeon, entre autres, à partir d'un manuscrit : Les Difficultés sur la Religion proposées au père Malebranche. http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k86225z/f1.image.pag...

 

La théologie m'amuse : la folie de l'esprit humain y est dans toute sa plénitude

 

 

Le titre de cette note est le reflet de ma conviction, que j'ai l'honneur de partager avec Volti . Dieu nous garde , ou Dieu nous en garde comme dirait Benoit xvi !!

Noël !

Prions comme Brel ! http://www.deezer.com/listen-3559253

Et non comme ces fanatiques qui se collent le front au sol pour attendrir un Dieu vengeur et mériter par leurs simagrées un paradis à eux seuls réservé ! Pauvres fous *!

[NDLR : l'auteur pense fortement à c....*, mais ce serait insulter les dames comme le dit si bien Pierre Perret ! ou plus gentiment, en jouant avec Juliette : http://www.deezer.com/listen-909274 ]

mère noel.gif 

Pour ne pas faillir à la tradition, quoique ! 

Les traditions se perdent disent certains, surtout ceux que l'on ne fête plus et se voient privés de cadeaux ; alors je leur recommande d'écrire, avant péremption, une Lettre à la Mère Noël :

http://www.deezer.com/listen-2716015, persiste et signe .

 

Et pour en savoir autant que Volti sur Noël :

http://www.monsieurdevoltaire.com/article-dictionnaire-ph...

Mlle Wagnière, permettez que je vous invite à une messe qui n'est pas seulement de minuit, mais de tout temps :

http://www.deezer.com/listen-909276

.....  Tchin-tchinn !!.....

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

26 décembre [1762]

 

Mon frère, renvoyez-moi, je vous prie, mon Moïse i et mon canevas de chapitre pour l'Histoire ii, dûment revu par les frères .

 

Il me parait que l'affaire des Calas prend un bon tour dans les esprits. L'élargissement des demoiselles Calas prouve bien que le ministère ne croit point Calas coupable . C'est beaucoup . Il me parait impossible à présent que le Conseil n'ordonne pas la révision . Ce sera un grand coup porté au fanatisme . Ne pourra-t-on pas en profiter ? Ne coupera-t-on pas à la fin les têtes de cette hydre ?

 

Je certifie toujours que je n'ai reçu de frère Thiriot qu'un petit billet du 1er novembre . Je lui avais demandé la meilleure histoire du Languedoc, car ce Languedoc est un peu le pays du fanatisme, et on pourrait y trouver de bons mémoires . Dieu merci, ce monstre fournit toujours des armes contre lui-même.

 

Mon cher frère voudrait-il me faire avoir presto, presto, un petit Dictionnaire des conciles iii qui a paru, je crois, l'année passée ? Cela cadrerait fort bien avec mon dictionnaire d'hérésies iv. La théologie m'amuse : la folie de l'esprit humain y est dans toute sa plénitude.

 

Je voudrais savoir ce que frère Thiriot a fait d'un sermon dont il avait trois exemplaires . Il doit au moins avoir converti trois personnes .

 

Aimez-moi, mes chers frères ; écrasez l'Infâme. »

 

 

i  V* lui a envoyé le 30 novembre ce qui devrait constituer la seconde partie de l'article « Moïse » du Dictionnaire philosophique. http://www.voltaire-integral.com/20/moise.htm

ii  Chapitre LXI du huitème volume de l'Essai sur l'Histoire, ajouté en 1763 ; cf. lettre du 13 décembre. http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/12/13/l...

Cf. : http://www.voltaire-integral.com/Html/14/02BEUCHO.html

iii  Dictionnaire portatif des conciles, 1758, de Pons-Augustin Alletz . http://books.google.fr/books?id=DjgAAAAAMAAJ&printsec...

iv  Dictionnaire philosophique ; le 17 novembre d'Alembert écrivit : « J'ai bien entendu parler de ce dictionnaire des hérésies dont vous ne me dites qu'un mot ... » ; voir fin de lettre CXI page 203 et suivantes : http://books.google.fr/books?id=l4lBAAAAcAAJ&printsec...

 

24/12/2010

j'admire sa veuve, je l'aime à la folie

Ecoutez bien ce message de mon chanteur préféré, homme plein et entier, droit dans l'esprit voltairien : http://www.deezer.com/listen-3559254

 

Le titre de cette note va conforter Mam'zelle Wagnière dans sa foi en l'amour de Volti pour Catherine ; je lui laisse le soin de trouver la même affirmation de Catherine pour mon homme préféré .

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De son côté, Volti chante à tue-tête : Ma p'tite folie :  http://www.deezer.com/listen-6536881

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

22 décembre 1766

 

Mon cher ami, l'autre Sémiramis ne valait pas celle-ci i. Le Ninus ii n'était qu'un vilain ivrogne ; j'admire sa veuve, je l'aime à la folie . Les Scythes deviennent nos maîtres en tout : voila pourtant ce que fait la philosophie . Des pédants chez nous poursuivent les sages et des princesses philosophes accablent de biens ceux que nos cuistres voudraient bannir iii.

 Que M. de Beaumont fasse comme il voudra,mais je veux avoir son mémoire ; je veux donner aux Sirven la consolation de l'imprimer . Songez bien encore une fois que si nous n'avons pas le bonheur d'obtenir une évocation iv, nous aurons pour nous le cri de l'Europe qui est le plus beau de tous les arrêts . Je compte toujours que M. de Chardon sera le rapporteur . Pour moi, si j'étais juge, je condamnerai le bailli de Mazamet v à faire amende honorable, à nourrir et à servir les Sirven le reste de sa vie .

 Je doute fort que le roi permette la convocation des pairs au parlement de Paris vi; ou je me trompe fort ou il en sait beaucoup plus qu'eux tous . Il apaise toutes les noises en temporisant vii.

 Genève est un peu plus difficile à mener que notre nation ; mais à la fin on en viendra à bout.

 Je me suis aperçu qu'il y a bien des fautes dans la scène du Scythe ; mais en gros je voudrais savoir comment vous et Platon viii l'avez trouvée.

 J'embrasse tendrement le favori de ma Catherine ix. Je vais écrire à ma Catherine et lui dire tout ce que je pense d'elle.

 Mandez-moi des nouvelles de la pomme de Guillaume Tell x. Vous êtes normand, vous devez vous intéresser aux pommes . Oh ! Comme je vous embrasse !

 Je vous prie , mon cher ami, de m'envoyer une lettre de change sur Lyon de cinquante louis dont voici la quittance . L'affaire de Lamberta xi traine un peu en longueur, mais elle se fera malgré le dérangement où l'on est . »

 

i Catherine II.

 

ii Pierre III, tsar, qu'on la soupçonnait d'avoir fait assassiner, tout comme Sémiramis avait fait assassiner Ninus.

 

iii Cf. lettre à Grimm du 14 août 1765. http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/08/16/2...

 

iv Du Conseil du roi .

 

v Sirven a d'abord été condamné à Mazamet.

 

vi Affaire La Chalotais-d'Aiguillon ; cf. lettre du 27 novembre 1765 aux d'Argental et du 1er avril 1766 à Damilaville . Page 1028 : http://books.google.fr/books?id=RSsTAAAAQAAJ&printsec...

Cf. : http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis-Ren%C3%A9_Caradeuc_de_...

Cf. : http://www.glnf.asso.fr/provinces/bret/old/ducdaiguillon....

 

vii Il en parlait déjà à Damilaville le 28 novembre, évoquant les querelles entre parlements et évêques .

 

viii Surnom de Diderot.Il s'agit de la tragédie des Scythes.

 

ix Diderot, à qui Catherine a acheté sa bibliothèque, lui en laissant la jouissance jusqu'à sa mort et accordant une pension supplémentaire .

 

x Guillaume Tell, pièce de Le Mierre. http://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine-Marin_Lemierre

 

xi A savoir l'impression de l'ouvrage de d'Alembert (anagramme Lamberta) par Cramer .

 

 

 

23/12/2010

vous prétendez que j'ai écrit que tous les hommes sont nés avec une égale portion d'intelligence . Dieu me préserve d'avoir jamais écrit cette fausseté

 Pour développer concentration et relaxation, quoi de plus nécessaire qu'un peu d'Intelligence : http://www.deezer.com/listen-5930405

Après écoute, selon les désirs de Dieu comme dit Volti, je ne me sens ni plus intelligent , ni plus couillon non plus (il ne faut pas exagèrer quand même, je n'en suis pass encore au stade de la régression, enfin , je crois !).

Et maintenant, Work hard, -Bosse dur- , c'est le fondement de la vie de Volti, mais pour vous en douceur quand même :  http://www.deezer.com/listen-5930406

 

 

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Si vous avez un canidé que vous chérissez, pour Noël (ou plutôt les étrennes de nouvel an , si vous voulez ne pas le mettre au même rang que vos gosses ) , offrez ce CD qui porte ce merveilleux titre que nous autres humains ne pouvons entendre (ça nous dépasse ) : Dog intelligence : http://www.deezer.com/listen-1276347 . Vous avez écouté jusqu'au bout ? Alors votre flair va se développer d'une manière surprenante, mais vous messieurs, attention à ne pas trop lever la patte pour le pissou , et ne reniflez pas tout ce qui vous passe à portée de truffe !

 

J'adore écouter les grandes orgues et pour la rédaction de cette note j'ai été accompagné par le papa de Pierre-Louis, Louis-Claude d'Aquin ; vu ma proximité de la frontière, je vous offre un Noël suisse : http://www.deezer.com/listen-7344685

Et je reviens encore à ce grand et génial musicien , Bach J.-S. : http://www.deezer.com/listen-2752316 ; http://www.deezer.com/listen-2752317  ; http://www.deezer.com/listen-2752318 

 

« A Pierre-Louis d'Aquin de Château-Lyon i


Au château de Ferney, 22 décembre [1760]

 

Vous êtes donc, monsieur, devenu censeur et hebdomadaire ii. Comme censeur vous avez pour moi de l'indulgence, et je vous prie comme hebdomadaire de me faire part de vos semaines.

Je viens d'en lire un morceau où vous assurez que je suis heureux iii. Vous ne vous trompez pas. Je me crois le plus heureux des hommes ; mais il ne faut pas que je le dise. Cela est trop cruel pour les autres.

Vous citez M. de Chamberland iv auquel vous prétendez que j'ai écrit que tous les hommes sont nés avec une égale portion d'intelligence . Dieu me préserve d'avoir jamais écrit cette fausseté . J'ai dès l'âge de douze ans senti et pensé tout le contraire . Je devinai dès lors le nombre prodigieux de choses pour lesquelles je n'avais aucun talent. J'ai connu que mes organes n'étaient pas disposés à aller bien loin dans les mathématiques. J 'ai éprouvé que je n'avais nulle disposition pour la musique. Dieu a dit à chaque homme : tu pourras aller jusque là, et tu n'iras pas plus loin. J'avais quelque ouverture pour apprendre les langues de l'Europe, aucune pour les orientales. Non omnia possumus omnes v. Dieu a donné la voix aux rossignols et l'odorat aux chiens , encore y a-t-il des chiens qui n'en ont pas. Quelle extravagance d'imaginer que chaque homme aurait pu être un Neuton ! Ah ! Monsieur, vous avez été autrefois de mes amis vi, ne m'attribuez pas la plus grande des impertinences. Quand vous aurez quelque semaine curieuse, ayez la bonté de me la faire passer par M. Thiriot, mon ami, il est , je crois, le vôtre. Comptez toujours sur l'estime, sur l'amitié d'un vieux philosophe qui a la manie à la vérité de se croire un très bon cultivateur, mais qui n'a pas celle de croire qu'on ait tous les talents. Je prends un intérêt très vif à tout ce qui vous touche, à vos succès, à votre bonheur. Soyez-en bien persuadé.

Volt. »

 

iPierre-Louis d'Aquin de Château-Lyon , littérateur, correspondant de V*, fils du musicien Louis-Claude d'Aquin: http://c18.net/dp/dp.php?no=84

http://books.google.fr/books?id=zac9AAAAcAAJ&printsec...

ii Éditeur du Censeur hebdomadaire (1760-1762) Page 595 : http://books.google.fr/books?id=2txvEw-voiEC&pg=PA595...

iii Dans le Censeur hebdomadaire 1760, III, 360.

iv Antoine Chamberland (1732-1803), ancien enseignat de langues vivantes à l'université d'Oxford et professeur de grammaire générale à Dijon, venait de publier Le Philosophe malgré lui dont d'Aquin fit le compte-rendu.

v Nous ne pouvons pas toutes choses.

vi D'Aquin lui a envoyé des vers en mars 1757.

 

 

22/12/2010

Les lettres de change, mon cher Monsieur, se traitent plus sérieusement que les almanachs du Courrier boiteux

Business is business !

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     Rap , -que je mets sans enthousiasme-, mais bon , il y a du texte, et pour une fois j'arrive à suivre ! : http://www.deezer.com/listen-1276985

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«  A Sébastien Dupont

 

Aux Délices, 22 décembre i[novembre 1755]

 

Les lettres de change, mon cher Monsieur, se traitent plus sérieusement que les almanachs du Courrier boiteux ii; Schoepflin n'a aucune raison ni aucun prétexte valable pour refuser le paiement d'un argent que j'ai bien voulu lui prêter, et que nul que moi ne lui aurait prêté. C'est trop abuser de mes bienfaits ; ils méritaient un autre retour ; l'état de mes affaires ne me permet pas d'attendre ; j'ai compté sur cet argent. Le sieur Schoepflin iii a promis de me le rendre ; rien ne doit le faire manquer à sa parole . Je vous prie donc très instamment de faire toutes les diligences nécessaires sans aucun délai, et de vouloir bien agir avec toute la promptitude que j'attends de votre amitié. Je vous aurai une très grande obligation. Je ne vous répèterai pas que les dépenses qui étaient indispensables dans ma nouvelle acquisition iv me mettent dans un besoin pressant de mon argent . Schoepflin n'a pas seulement daigné répondre à une lettre de Collini : son procédé est insoutenable ; en un mot faites-moi payer par justice, je vous en prie, puisque le sieur Schoepflin ne veut pas me payer par devoir . Je vous demande encore en grâce d'agir à la réception de ma lettre . Je me moque des pucelles v; et je veux poursuivre les mauvais débiteurs et les ingrats .

 

Je vous embrasse sans cérémonie.

 

VOLTAIRE. »

 

 

i Dupont a corrigé décembre en novembre .

 

ii Référence au Véritable Messager boiteux ou Almanach historique nommé le Messager boiteux de Bâle et Genève . http://fr.wikipedia.org/wiki/Messager_boiteux

messager boiteux.jpg

V* avait déjà demandé le 14 novembre à Dupont -avocat à Colmar au Conseil souverain d'Alsace- « d'instrumenter sur le champ » contre Schoepflin qui ne rend pas à V* l'argent prêté sans intérêt. Il s'agit d'une lettre de change de 9 800 livres tirée inutilement sur lui par V* trois mois auparavant.

 

iii Joseph Friedrich Schoepflin, -frère du professeur d'histoire-, son imprimeur de Colmar . Il a imprimé les Annales de l'Empire et le tome de l'Histoire universelle qui faisait suite aux deux de l'édition Néaulme.

 

iv Les Délices.

 

v Dupont lui a écrit le 14 novembre que l'imprimeur Schoepflin avait vu, disait-il, à Stasbourg une édition pirate de La Pucelle.