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08/05/2012

Vous verrez des gens très-instruits et de beaucoup d'esprit

... "Dans mon gouvernement" dit François ; enfin, je le suppose et je le souhaite ...

Pour l'instant nous avons Deux hommes dans la ville :

http://www.youtube.com/watch?v=ZMcpWue1UC4&feature=related

Pour le sortant, Nicolas, je dédie ceci, que l'on pourra lui appliquer d'ici une semaine, quand il quittera l'Elysée : Dernier domicile connu 

http://www.youtube.com/watch?v=mJ2FURhZgy8

 

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« A M. François de CHENEVIÈRES 1

A Monrion, 15 janvier [1756]

En vous remerciant de votre souvenir, mon ancien ami. Si vous voulez me voir, comme vous le dites, dans le sein de ma famille, venez aux Délices; j'y ai déjà une nièce 2 que vous aimez, et j'en aurai une autre 3 dans quelque temps. Je vous mènerai d'un bout du lac de Genève à l'autre, et je vous ferai faire très-bonne chère aux Délices et à Monrion. Vous mangerez des truites aussi grosses que vous, et qui vous donneront des indigestions. Vous verrez des gens très-instruits et de beaucoup d'esprit, vous vous promènerez dans de grands et beaux jardins, d'où on voit le lac et le Rhône , vous aurez de la musique, et vous verrez qu'il ne me manque que de la santé.
Malgré cela, vous ne viendrez pas chez moi, ni moi chez vous; c'est bien assez que je vous donne des Orphelins de la Chine. Vous m'avouerez que cela est d'un bon cœur mais il n'y a pas d'apparence que je fasse souvent de ces présents-là à Paris. Je suis malingre et épuisé, et il ne me reste qu'à finir paisiblement ma vie dans le plus agréable séjour que j'aie pu choisir sur la terre , j'y aimerai toujours mes amis, et vous serez au premier rang. »

 

1 Premier Commis de la Guerre, il est aussi poète et librettiste ; V* lui a écrit le 8 janvier : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/02/08/des-armes-contre-les-sots.html

Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_de_Chennevi%C3%A8res

2 Marie-Louise Denis, sœur de la suivante .

3 Marie-Elisabeth de Fontaine , née Mignot .

 

Les circonstances présentes semblent demander un homme ingambe mais il sera toujours très-alerte, quand même il aurait le pied emmaillotté.

... Ingambe, tout comme François Hollande, qui ne semble pas avoir les deux pieds dans le même sabot, et qui sera toujours alerte quand bien même il serait enquiquiné par l'UMP et consorts . Qu'il fasse un bon choix pour ses ministres .

 

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« A M. LE PRÉSIDENT HÉNAULT.

A Monrion, près Lausanne, ce 13 janvier [1756]

Vous me proposez, monsieur, les plus belles étrennes du monde je les accepte d'un grand cœur. Il n'y a point de Suisse dans les Treize Cantons 1 qui aime mieux l'histoire de France que moi et c'est vous qui me l'avez fait aimer. Vous avez la bonté de m'annoncer votre cinquième 2 édition , soyez sûr que vous verrez la trentième. Vous avez rendu un très-grand service au public, en augmentant d'un tiers un ouvrage si utile. Vous êtes d'ailleurs fort heureux qu'on ne vous vole point vos manuscrits, et qu'on ne vous les défigure pas. J'en connais de plus misérables 3.
Vous me demandez comment on peut m'envoyer mes étrennes ; très-aisément, en les mettant à la poste avec le contre-seing d'un de vos amis, et en me les adressant en droiture à Genève. Il est
vrai que je passe mon hiver dans mon ermitage auprès de Lausanne mais tout me vient par Genève, c'est la grande route. Après le don de votre excellent livre, le plus grand plaisir que vous puissiez me faire, c'est de dire à Mme du Deffand combien je m'intéresse toujours à elle. Je ne lui écris point, parce que, dans ma solitude, je n'ai rien de commun avec le monde. Je suis devenu Suisse et jardinier. Je sème et plante. Je n'oublie point les personnes auxquelles j'ai été attaché, mais je ne les ennuie point de mes inutiles lettres.
Je suis très-aise pour l'Académie des belles-lettres que vous remplissiez et que vous honoriez la place d'un théatin 4; je n'en savais rien. Je ne lis ni gazettes ni Mercures. Je ne sais plus l'histoire de mon siècle; et je n'ai guère de correspondance qu'avec le jardinier des Chartreux 5, quoique l'apparition de la Pucelle puisse faire penser que je suis en commerce avec leur Portier 6. Mme Denis vous fait mille compliments. Je me flatte que votre ami 7 n'a plus la goutte. Les circonstances présentes semblent demander un homme ingambe mais il sera toujours très-alerte, quand même il aurait le pied emmaillotté.
Recevez ma très-sincère et très-tendre reconnaissance, et mon inviolable attachement.
J'ai eu l'honneur d'avoir un tremblement de terre dans mon ermitage des Délices. Si les îles Açores sont englouties, comme on l'assure, je me range du sentiment de M. de Buffon.8 »


 

1 En 1815 la Confédération helvétique sera composée de vingt-deux cantons, actuellement 26 ; http://fr.wikipedia.org/wiki/Suisse

2 Cette édition (1756, 2 vol. in-8°) de l'Abrégé chronologique, dont la huitième parut du vivant de Hénault, était dédiée à Marie Leckzinska, et portait, pour la première fois le nom du président.

3 Dernier vers du sonnet de Benserade sur Job. Voir : http://www.bmlisieux.com/curiosa/benserad.htm

4 Voir : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/th%C3%A9atin/77672

Jean-François Boyer, évêque de Mirepoix, décédé le 20 août 1755 a été remplacé par le président Hénault à l'Académie royale des Inscriptions et des belles lettres ; voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_membres_de_l%27Acad%C3%A9mie_des_inscriptions_et_belles-lettres

5 Dans le volume publié en 1820, Mme de Graffigny qui vécut six mois à Cirey, écrit sous le titre de Vie privée de Voltaire et de Mme du Châtelet, et page 2978, il est parlé d'un jardinier à qui Voltaire a écrit une trentaine de lettres. (CL.) . Voir : http://books.google.fr/books?id=tDYHAAAAQAAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q=jardinier&f=false

7 Le comte d'Argenson, ministre de la guerre.

8 Face au mythe de l'Atlantide, Buffon veut prouver que ce continent a existé et que les Açores en sont la trace .

 

06/05/2012

Circulez! il n'y a plus rien à voir ...!

Mon premier est produit par les mammifères femelles

Mes secondes font avancer l'âne

Mon troisième fait la bête pour en avoir

Mon quatrième est ce que vont prendre les supporters de François Hollande

Mon tout est le résultat des élections pour Nicolas Sarkozy Sortant .

 

A cette heure-ci, on démonte le podium UMP ! On solde des caisses de champagne pour les refiler au PS !

Un simple tabouret suffira amplement pour recevoir ceux qui restent fidèles au vaincu .

Il n'y a pas d'apparence que j'abandonne mes ermitages et un établissement tout fait dans deux maisons qui conviennent à mon âge

... Rêve encore le futur ex-président de la république française !

Basta !

 Rouge, je m'arrête !

Il n'y a pas d'apparence que j'abandonne3777.JPG

 Vert, je passe !!

 

« A M. LE COMTE DE TRESSAN 1

A Monrion, 11 janvier [1756]

Il me paraît monsieur, que Sa Majesté polonaise n'est pas le seul homme bienfaisant 2 en Lorraine, et que vous savez bien faire comme bien dire. Mon cœur est aussi pénétré de votre lettre que mon esprit a été charmé de votre Discours 3. Je prends la liberté d'écrire au roi de Pologne, comme vous me le conseillez, et je me sers de votre nom pour autoriser cette liberté. J'ai l'honneur de vous adresser la lettre,4 mon cœur l'a dictée.
Je me souviendrai toute ma vie que ce bon prince vint me consoler un quart d'heure dans ma chambre, à la Malgrange, à la mort de Mme du Châtelet 5. Ses bontés me sont toujours présentes. J'ose compter sur celles de Mme de Boufflers et de Mme de Bassompierre 6. Je me flatte que M. de Lucé 7 ne m'a pas oublié mais c'est à vous que je dois leur souvenir. Comme il faut toujours espérer, j'espère que j'aurai la force d'aller à Plombières, puisque Toul est sur la route. Vous m'avez écrit à mon château de Monrion ; c'est Ragotin qu'on appelle monseigneur; je ne suis point homme à châteaux. Voici ma position, j'avais toujours imaginé que les environs du lac de Genève étaient un lieu très- agréable pour un philosophe, et très-sain pour un malade, je tiens le lac par les deux bouts; j'ai un ermitage fort joli aux portes de Genève, un autre aux portes de Lausanne, je passe de l'un à l'autre; je vis dans la tranquillité, l'indépendance, et l'aisance, avec une nièce qui a de l'esprit et des talents, et qui a consacré sa vie aux restes de la mienne.
Je ne me flatte pas que le gouverneur de Toul 8 vienne jamais manger des truites de notre lac mais si jamais il avait cette fantaisie, nous le recevrions avec transport; nous compterions ce jour parmi les plus beaux jours de notre vie. Vous avez l'air, messieurs les lieutenants généraux, de passer le Rhin cette année plutôt que le mont Jura et j'ai peur que vous ne soyez à Hanovre quand je serai à Plombières. Devenez maréchal de France, passez du gouvernement de Toul à celui de Metz soyez aussi heureux que vous méritez de l'être faites la guerre, et écrivez-la. L'histoire que vous en ferez vaudra certainement mieux que la rapsodie de la Guerre de 1741, qu'on met impudemment sous mon nom. C'est un ramas informe et tout défiguré de mes manuscrits que j'ai laissés entre les mains de M. le comte d'Argenson.
Je vous préviens sur cela, parce que j'ambitionne votre estime.

 

J'ai autant d'envie de vous plaire, monsieur, que de vous voir, de vous faire ma cour, de vous dire combien vos bontés me pénètrent. Il n'y a pas d'apparence que j'abandonne mes ermitages et un établissement tout fait dans deux maisons qui conviennent à mon âge et à mon goût pour la retraite. Je sens que, si je pouvais les quitter, ce serait pour vous, après toutes les offres que vous me faites avec tant de bienveillance. Je crois avoir renoncé aux rois, mais non pas à un homme comme vous.
Permettez-moi de présenter mes respects à Mme la comtesse de Tressan, et recevez les tendres et respectueux remerciements du Suisse Voltaire.
Je m'intéresse à Panpan 9 comme malade et comme ami. »

 

1 Tressan était lieutenant général depuis mai 1748. Quelques années après, il avait été appelé à la cour de Lunéville pour y remplir les fonctions de grand- maréchal. Ce fut lui qui engagea principalement Stanislas à fonder l'Académie des sciences et belles-lettres de Nancy, en décembre 1750.

2 Ce titre avait été donné à Stanislas, en décembre 1751, dans la première séance publique de l'Académie de Nancy, par Thibault, l'un de ses membres titulaires.

3 Discours lors de l'inauguration de la Place Stanislas à Nancy le 26 novembre 1755 ; voir lettre du 18 décembre 1755 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/04/26/v...

4 Cette lettre est perdue. La réponse de Stanislas est sans doute la lettre du 27 avril 1756 : page 341  : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f345.image.r...

5 C'est le 10 septembre 1749 que mourut la marquise du Châtelet .

6 Sœur de la marquise de Boufflers.

7 Envoyé extraordinaire du roi Louis XV près Stanislas.

8 Depuis 1750, Tressan était gouverneur du Toulois et de la Lorraine française. Quelques années auparavant, il avait épousé une Écossaise nommée Reuxel , voir : dans le Dictionnaire de la noblesse. (ci..)

9 Surnom de François-Antoine Devaux, qui fût lecteur pour le roi Stanislas . Voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/04/01/v...

 Si vous avez bien regardé la photo prise au château de Voltaire, vous voyez que la nature met un feu rouge côté S(arkozy) et vert côté h(ollande) ; c'est prémonitoire, non ?

Je souligne

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04/05/2012

tâchez de venir nous voir avec des tétons rebondis et un gros cul

... No comment !

 

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« A MADAME DE FONTAINE

A PARIS.

A Monrion, 8 janvier [1756]

J'envoie, ma chère nièce, la consultation de votre procès avec la nature au grand-juge Tronchin 1 je le prierai d'envoyer sa décision par la poste en droiture, afin qu'elle vous arrive plus vite. Vous me paraissez à peu près dans le même cas que moi faiblesse et sécheresse, voilà nos deux principes. Cependant, malgré ces deux ennemis, je n'ai pas laissé de passer soixante ans et madame Ledosseur vient de mourir, avant quarante, d'une maladie toute contraire. Mlles Bessières 2 avaient une vieille tante qui n'allait jamais à la garde-robe elle faisait seulement, tous les quinze jours, une crotte de chat que sa femme de chambre recevait dans sa main, et qu'elle portait dans la cheminée; elle
mangeait, dans une semaine, deux ou trois biscuits, et vivait à peu près comme un perroquet; elle était sèche comme le bois d'un vieux violon, et vécut dans cet état près de quatre-vingts ans, sans presque souffrir.

Au reste, je présume que M. Tronchin vous prescrira à peu près le même remède qu'à moi et, comme vous avez l'esprit plus tranquille que le mien, peut-être ce remède vous réussira mais ce ne sera qu'à la longue 3. Le père putatif du maréchal de Richelieu 4, qui était le plus sec et le plus constipé des ducs et pairs, s'avisa de prendre du lait à la casse, cela avait l'air du bouillon de Proserpine , il s'en trouva très-bien. Il mangeait du rôti à dîner, il prenait son lait à la casse à souper, et vécut ainsi jusqu'à quatre-vingt-quatre ans. Je vous en souhaite autant, ma chère nièce. Amusez-vous toujours à peindre de beaux corps tout nus, en attendant que le docteur Tronchin rétablisse et engraisse le vôtre.

Adieu, ma chère nièce; tâchez de venir nous voir avec des tétons rebondis et un gros cul. Je vous embrasse tendrement, tout maigre que je suis. J'écris à Montigny 5sur la mort de Mme Ledosseur. Sa perte m'afflige, et fait voir qu'on meurt jeune avec de gros tétons. La vie n'est qu'un songe nous voudrions bien, votre sœur et moi, rêver avec vous. »



 

1 Théodore Tronchin , célèbre médecin, de la « tribu » Tronchin .

2 La lettre du 15 octobre 1726 est adressée à l'une de ces demoiselles, depuis sa résidence d'exil en Angleterre . Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-correspondance-annee-1725-26---partie-15-73258701.html

3 Cinq mois plus tard, Mme Marie-Thérèse de Fontaine alla aux Délices, où Tronchin la ressuscita bientôt.

4 Le maréchal de Richelieu, selon la règle générale, était fils de son père; mais il parait que ce père n'était pas Armand-Jean Vignerod, mort en mai 1715. Cette particularité était bien connue du maréchal lui-même; et les lettres que Voltaire lui adressa le 10 octobre et le 3 décembre 1769 ne laissent aucun doute sur ce point. (CL.)

5 Étienne Mignot de Montigny, géomètre, cousin germain de Mme de Fontaine , et qui mourra en 1782.

 

la cour d'Espagne envoie quatre vaisseaux de guerre à Buenos-Ayres contre le révérend père Nicolas

... En 1756 ! 

En 2012, Notre Sauveur (Nicolas 1er, élève de maître Tartuffe) ne tarit pas d'éloges sur l'Espagne et son gouvernement socialiste car ils lui permettent d'offfrir aux regards superficiels des exemples à ne pas suivre, en résumé "Zapatero - Hollande même parti, même gestion à attendre" , et "moi Nico (et ce modeste comédien se cache derrière un  "VOUS PEUPLE DE FRANCE" ! ) vais vous sauver si ... vous êtes assez gogos pour me réélire !"

Voir, pour info : http://www.liberation.fr/economie/2012/05/04/la-fable-esp...

 

 Un autre motif de détestation, s'il en était encore besoin, et que je laisse à votre réflexion , le fait que ce candidat soucieux du bien-être de ses chers compatriotes ait choisi le thême de "la Culture" parmi ces six possibilités de revenir sur un sujet non abordé lors du débat du 2 mai :

  • Questions de société
  • Culture
  • Santé
  • Logement
  • Institutions
  • Sécurité

Ah ! oui ! La culture quel beau sujet d'intérêt pour le SMICar, le SDF, le chômeur, l'étudiant qui doit avant de gagner son premier sou faire un emprunt pour pouvoir suivre ses études !

Ceux-là ont bien évidemment la possibilité d'aller au théâtre, au cinéma, aux festivals, au musée, acheter des disques, des livres, des revues, des journeaux, des oeuvres d'art, des ratons-laveurs aussi pendant qu'on y est !

Lamentable et ridicule prestation de ce représentant d' "Hadopi au pays des mauviettes" .

A voir sur : http://player.canalplus.fr/#/635509, 13è minute ...

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Ah ! oui ! Tu dis avoir changé depuis 2007 , mais il n'y a pas même les sourds et les aveugles qui soient dupes . Tu es un compétiteur qui aime gagner, -ce qui n'a rien de répréhensible en soi,- qui aime par dessus tout gagner, par dessus l'honnêteté, par dessus la vérité, par dessus le sort des plus humbles , tu es prêt à toutes le compromissions, en un mot, tu es lâche .

Je fais des voeux pour que les Français te prennent au mot, puisque tu semble ne vouloir que le bien de la France, que le sort de ta personne, selon tes dires,  t'importe peu . Adieu, et bon vent ! 

... Despedida !!

Vale ! comme disait Volti .

 

 

 

 

« A M. LE COMTE D'ARGENTAL

A Monrion, 8 janvier 1756

Je reçois, mon cher ange, votre lettre du 29 décembre, dans ma cabane de Monrion, qui est mon palais d'hiver. Mon sermon sur Lisbonne 1 n'a été fait que pour édifier votre troupeau, et je ne jette point le pain de vie aux chiens 2. Si vous voulez seulement régaler Thieriot d'une lettre, il viendra vous demander la permission de s'édifier chez vous 3.
Je cherche toujours à vous faire ma cour par quelque nouvelle tragédie; mais j'ai une maudite Histoire générale qu'il faut finir, et une édition 4 à terminer. Ma déplorable santé ne me permet guère de porter trois gros fardeaux à la fois. J'ai résolu d'abandonner toute idée de tragédie jusqu'au printemps. Je sens que je ne pourrai faire de vers que dans le jardin des Délices.
Il faut à présent que ma vieille muse se promène un peu pour se dégourdir. Je ne crois pas qu'on ait beaucoup affaire de Mariamne 5, quand on a un Astyanax 6 et une Coquette 7. On dit que cette mademoiselle Hus 8, dont vous me parlez, ressemble plus à une Agnès qu'à une Salomé 9. Cependant, si vous voulez qu'elle joue ce vilain rôle, je le lui donne de tout mon cœur, in quantum possum et in quantum indiget 10. Je suis gisant dans mon lit, ne pouvant guère écrire mais je vais donner les provisions de Salomé à ladite demoiselle.

Quoique vous ne méritiez pas que je vous dise des nouvelles, vous saurez pourtant que la cour d'Espagne envoie quatre vaisseaux de guerre à Buenos-Ayres contre le révérend père Nicolas 11. Parmi les vaisseaux de transport il y en a un qui s'appelle le Pascal. Peut-être y êtes-vous intéressé comme moi, car il appartient à MM. Gilli 12. Il est bien juste que Pascal aille combattre les jésuites mais ni vous ni moi ne paraissions faits pour être de la partie.

Je vous embrasse, mon cher ange. »

1 Voir le Poème sur le désastre de Lisbonne : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5727289v

Voltaire disait que c'était un sermon du père Liébaut ou Liébaud .

2 Voir dans Lauda Sion  de Thomas d'Aquin : http://fr.wikipedia.org/wiki/Lauda_Sion

Ecce panis angelorum ...
Non mittendus canibus.

Voici le pain des anges … à ne pas donner aux chiens .

4 L'édition de ses Œuvres, publiée par les frères Cramer en 1756.

6 Tragédie de Châteaubrun, jouée le 5 janvier 1756, non imprimée.

Voir page 418 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5734712c/f440.image

7 La Coquette corrigée, de La Noue, fut jouée le 23 février 1756.

Pages 167 et page 275 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5457813w/f000174.ta...

8 Mlle Hus, reçue à la Comédie française en 1753, se retira du théâtre en 1775, et mourut le 18 octobre 1805, à soixante-douze ans. Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Mademoiselle_Hus

9 L'un des personnages de la tragédie de Mariamne.

10 Dans la mesure où je peux et dans la mesure où le besoin est .

11 Jésuite qu'on dit nommé roi du Paraguay .

12 Voltaire, en 1764, écrivit à l'un d'eux une lettre qui fait partie de la Correspondance.

 

Il y a des mystères qui ne sont faits que pour les initiés

... Et je dis bravo à François Bayrou pour son engagement de vote pour François Hollande ; il a le courage, comme toujours, de prendre position et, sans faire la moindre allégeance au P.S. , faire barrage à l'UMP et son représentant détestable .

François-Marie Arouet, François Bayrou, François Hollande , ...

 

 

 

« A M. THIERIOT

A Monrion, près Lausanne, 2 janvier 1756.

Mon ancien ami, je me garderai bien de me servir de la voie que vous me proposez. Je vous prie d'aller chez M. d'Argental avec ce petit billet ; il vous communiquera le sermon 1, et vous
verrez ensemble s'il est possible que cela soit communiqué. Il y a des mystères qui ne sont faits que pour les initiés vous êtes du nombre; mais ce nombre est bien petit.
Je lirai pour vous le Mercure, que je ne lis jamais; je ne connais dans ma retraite que les vieux livres et les vieilles amitiés. Je vous crois plus heureux que ne l'était votre fantasque de Nocé, qui était si embarrassé de lui-même. Je vous envoie ma nouvelle lettre à l'Académie française; c'est la seule réponse que je puisse faire aux voleurs qui me mutilent.
Je vous embrasse de tout mon cœur. »