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16/11/2014

s'ils supportent les frais de la communauté, il est juste qu'ils jouissent des droits de la commune

... Ce qui sera difficile sinon impossible à faire comprendre à Marine ( oui, celle du Bleu )   et à bon nombre de bas de plafond . Tout le monde n'est pas doué de  l'intelligence de Voltaire .

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« A Louis-Gaspard Fabry

Ceux qui se disent les seuls communiers 1 de Ferney ont voulu emprunter à leur seigneur de quoi payer les frais exorbitants que leur a faits le curé de Moëns ; ils avaient fait présenter une requête à monsieur l'intendant pour qu'il leur permit d'emprunter et d'engager les fonds de leur commune ; monsieur l'intendant a ordonné que toute la paroisse serait imposée au marc la livre 2 de la taille .

Comme ces communiers ne savent pas lire, ils ont cru, et ont fait croire qu'ils avaient la permission d'emprunter .

En conséquence ils ont passé un acte avec le seigneur qui leur a promis de leur prêter sans intérêt, suivant la permission de monsieur l'intendant ; mais comme cette permission n'existe pas, l'acte est nul . Il convient donc que tous les paroissiens soient taxés comme monsieur l'intendant l'a ordonné ; mais s'ils supportent les frais de la communauté, il est juste qu'ils jouissent des droits de la commune que jusqu'à présent quatre ou cinq personnes se sont arrogées .

Monsieur le subdélégué est supplié de donner ses ordres sur cette affaire ; le seigneur s'y conformera .

Je prends cette occasion pour le prier de vouloir aussi m'instruire, si dans les bois nommés forêts, de ce pays-ci les pins sont regardés sur le même pied que les chênes ; et si lorsqu'on a stipulé dans un bouquet de bois appelé forêt le nombre de pieds d'arbres, on n’entend pas les chênes seulement ?

Je supplie de vouloir bien marginer ce mémoire que je ne peux cacheter n'ayant ni cachet ni cire .

J'ai l'honneur d'être son très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire

A Ferney 6 novembre 1759 »

1 Terme d'ancienne législation désignait les membres de la communauté d'une ville, de la commune .

2 A l'origine le marc valait la moitié de la livre de Paris ; mais à l'époque classique l’expression au marc la livre signifie simplement « suivant la proportion donnée ».

 

 

15/11/2014

nous verrons la réponse

...

- A Sarkozy qui veut se faire mousser une fois de plus, en envisageant l'abrogation de la loi sur le mariage pour tous

- A Poutine qui joue les vierges effarouchées parce qu'on n'aime pas sa conduite de semeur de soukh

- Aux manifestants qui braillent contre l'austérité, nécessaire pourtant

- Du G20 au virus Ebola

- De Bouteflika qui n'a plus guère de lueur de vie bien qu'ayant bénéficié de soins dans une clinique du nom d'une Lumière du XVIIIè, d'Alembert

- Des enfants du bon Dieu Jésus de Nazareth et de Marie-Madeleine lorsqu'on les prend pour des canards sauvages

- De Philae qui se gèle les pattes en blablatant avec Rosetta et ces fichus humains curieux de savoir d'où leur vient la vie 

Oui, je sens venir des réponses chaotiques

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- Etc...

 

 

« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul

[6 novembre 1759]1

[Se plaint que Choiseul ne lui écrit pas assez souvent et lui envoie une copie de sa lettre à Frédéric II du même jour]

1 Cette lettre n'est connue que par la mention qu'en fait Choiseul à la fin de sa réponse à V* en date du 12 novembre 1759 . Elle accompagnait la copie d'une lettre de V* à Frédéric relative aux perspectives de paix (voir la lettre du 6 novembre 1759 ) . Voici ce qu'écrit Choiseul en réponse : « Ma lettre était finie quand je reçois la vôtre du 6 ; vous avez raison de me gronder ; ce n'est pourtant pas ma faute et je vous assure que je voudrais passer ma vie à vous écrire et à recevoir de vos lettres . Je n'adopte pas, ou du moins ne dois pas le dire, toute votre lettre à Luc ; il n'y a pas de mal que vous l'ayez envoyée ; nous verrons la réponse, mais je vous assure qu'elle sera fière surtout si, comme je n'en doute pas, il étrille MM. les Autrichiens avant la fin de la campagne. »

 

14/11/2014

j'attends quelque chose de mieux que vos ordres

...

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Un peu d'explications ne serait pas superflu ! dit la Russie à la France qui n'a pas (pas encore) livré le Mistral payé en son temps ; selon quelques bruits de couloir (rhodanien, vu le contexte ) on aurait essayé de leur refiler le bistrot de Plus Belle la Vie, ça n'a pas marché, pas assez de vodka dans le pastis . 

 

 

 

 

« Au marquis Francisco Albergati Capacelli

Au château de Tournay par Genève

6 novembre [1759] 1

Monsieur, une indisposition me prive de l'honneur de vous écrire de ma main . Mes marchés avec vous ne sont pas si bons que je m'en flattais, puisque ce n'est pas vous qui daignerez traduire la tragédie que vous m'avez demandée 2; vous l'auriez sûrement embellie ; nous l’avons jouée trois fois sur mon petit théâtre de Tournay , nous avons fait pleurer tous les Allobroges et tous les Suisses du pays 3; mais nous savons bien que ce n'est pas une raison pour plaire à des Italiens ; ce qui pourrait me donner quelque espérance c'est que nous avons tiré des larmes des plus beaux yeux qui soient à présent dans les Alpes, ces yeux sont ceux de madame l'ambassadrice de France à Turin ; elle a passé quelques jours chez moi avec monsieur l’ambassadeur et tous deux m'ont rassuré contre la crainte où j'étais de vous envoyer un ouvrage fait en si peu de temps . Ce ne sera qu'avec une extrême défiance de moi-même que je prendrai cette liberté . Mon théâtre se prosterne très humblement devant le vôtre ; nous savons ce que nous devons à nos maîtres . J'ai reçu La Mort de César de M. Agostini 4, j'admire toujours la fécondité et la flexibilité de votre langue, dans laquelle on peut tout traduire heureusement . Il n'en est pas ainsi de la nôtre, votre langue est la fille aînée de la latine . Au reste , j'attends vos ordres, monsieur, pour savoir comment je vous adresserai le paquet ; j'attends quelque chose de mieux que vos ordres, c'est l'ouvrage que vous avez bien voulu me promettre 5. J'ai l'honneur d'être à vous avec tous les sentiments que je vous dois

monsieur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire de la

chambre du roi

Si M. Algarotti est à Bologne, voulez-vous bien me permettre que je lui fasse mes compliments .

J'ai vu, monsieur, dans vos post-scriptum comment il faut s'y prendre pour l’envoi et j'en profiterai . »

1 Les précédentes éditions s'arrêtent à la signature .

2 Voir la lettre du 24 septembre 1759 à Capacelli : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/10/11/ma-jo-voglio-fare-un-buon-baratto-e-guadagnare-un-poco-in-qu-5465988.html

Dans sa lettre du 10 septembre 1759, Capacelli demandait à V* une tragédie inédite pour la faire représenter à Bologne .

3 Dans son numéro du 27 novembre 1759, le Public advertiser de Londres fit paraître la relation suivante : « Genève, 6 novembre . Deux jours après que l’on eût reçu ici la nouvelle de la prise de Québec, M. de Voltaire donna une grande réception dans sa maison de campagne . Le soir , la compagnie se rendit dans une magnifique galerie au bout de laquelle était dressé un élégant théâtre et une pièce nouvelle appelée Le Patriot [sic] insulaire fut représentée dans laquelle ce célèbre poète employa tout son génie et toute sa fougue pour la cause de la liberté . M. de Voltaire lui-même apparut dans le rôle principal, et tira des larmes à tous les spectateurs . Chaque scène était illustrée par divers emblèmes de la liberté, et au-dessus du théâtre il y avait l'inscription suivante en latin et en anglais : / Libertati quieti / Music sacrum / SP of the F. / La ligne en anglais signifie « en dépit des Français » [spite of the French] [traduction des deux premières lignes : consacré à la liberté/ à la paix, aux Muses ] . Après la représentation les fenêtres de la galerie s'ouvrirent d'un coup et montrèrent une cour spacieuse splendidement illuminée et ornée de trophées indiens . Au milieu de la cour un magnifique feu d’artifice fut tiré au son d'une musique martiale ; l'étoile de saint Georges vomissait d'innombrables fusées , et, en dessous, des girandoles donnaient une représentation vivante de la cataracte du Niagara . »

Or la pièce jouée n'était-elle pas Tancrède ?

5 Les deux lettres conservées d''Albergati à V*, 22 novembre 1759 et 8 septembre 1759 ne promettent expressément aucun ouvrage ; V* pense sans doute à la traduction de Sémiramis qui a été composée par Dominique Fabri en vue des représentations organisées à Bologne par Albergati .

 

 

J'y vais mettre ordre et rentrer sous les lois de l'académie de lésine

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« A Jean-Robert Tronchin

Vos Délices, mon cher ami, ont été assez magnifiques ces jours-ci . Sans doute monsieur votre frère vous rend compte de nos plaisirs . M. de Chauvelin ne sera pas probablement secrétaire d’État 1 mais il sera toujours un homme d'un très grand crédit et ce qui le vaut mieux un homme très aimable . Sa femme est charmante . Je crois qu'ils ne sont pas mécontents de la réception que nous leur avons faite . Je vous avoue que je rougis de mes plaisirs et de mes dépenses . J'y vais mettre ordre et rentrer sous les lois de l'académie de lésine . On ne peut mieux prendre son temps . Le discrédit, l'humiliation, sont au comble . Chaque jour annonce un nouveau malheur . Tant de pertes, tant de maux saisissent si pleinement les cœurs qu'à peine parle-t-on du vaisseau chargé de jésuites, et des révérends-pères qu'on va pendre .

Je vous prie, mon cher correspondant, de faire mettre l'incluse à la poste . Mille compliments à vous et à monsieur Camp . L'oncle et la nièce sont à vous pour jamais .

V. 

5 novembre [1759]»

1 François-Claude de Chauvelin, frère de l'intendant des finances et de l'abbé. Il était ambassadeur auprès du roi de Sardaigne depuis le mois de mars 1753, et il avait épousé, en avril 1758, Agnès-Thérèse Mazade d'Argeville, fille d'un conseiller au parlement. Il fut plus tard maître de la garde-robe du roi Louis XV, sous les yeux duquel il mourut en novembre 1773. Le Dictionnaire de la noblesse donne au marquis de Chauvelin les prénoms de Bernard-Louis. Le marquis de Chauvelin, ancien député, mort en 1832, est son fils. (Clogenson.)

 

Il vaut cent fois mieux , en quelque temps que ce soit avoir des terres que des billets du roi

... Belle sagesse en tout temps .

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« A Jean-Louis Labat, baron de Grandcour

à Genève

ou à Sécheron 1

Pourquoi n'avons-nous pas entendu parler du baron que nous aimons ? Comment se porte toute sa famille ? Il me semble que nous avons bien des choses à nous dire . Nous avons eu tous un beau pied de nez d'avoir confié notre argent aux loteries et aux annuités ; nous avons prêté notre bien à un prodigue imbécile qui se ruinait ; comptez que nos fiances sont dans un état pire qu'à la mort de Louis XIV . Il vaut cent fois mieux , en quelque temps que ce soit avoir des terres que des billets du roi . Si vous avez des nouvelles, je vous supplie d'en faire part à l'ermite des Délices .

5è novembre 1759 »

1 Ou à Sécheron a été ajouté par V* sur le manuscrit original .

 

13/11/2014

que de châteaux en Espagne nous avons bâtis! Il est vrai que ce n'est pas actuellement en France qu'on en fait d'agréables

... Aurait pu dire le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert en déclarant: "On ne peut pas graver dans le marbre une situation qui dépend d'un contexte international que nous ne maîtrisons pas", ce qui laisse à penser que nous n'avons que des châteaux de sable .

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental
A Tournay, 5 novembre [1759] par Genève.
Divins anges, les députés de votre hiérarchie 1 vous auront peut être rendu compte de la descente qu'ils ont faite dans nos cabanes. Baucis et Philémon ont fait de leur mieux. Deux tragédies en deux jours ne sont pas une chose ordinaire dans les vallées du mont Jura. Mme de Chauvelin nous a payés comme les sirènes, en chantant d'une manière charmante, et en nous ensorcelant. J'ai retrouvé monsieur l'ambassadeur tout comme je l'avais laissé, il y a environ quatorze ans, ayant tous les moyens de plaire, sans avoir lu Moncrif 2, et expédiant dans ce département dix ou douze personnes à la fois. J'ai retrouvé ses grâces et ses mœurs faciles et indulgentes, que ni les Corses ni les Allobroges n'ont pu diminuer. Vous savez que, malgré cette envie et ce don de plaire à tout le monde, vous avez le fond de son cœur, dont il distribue l'écorce partout. Nous nous sommes trouvés tous réunis par le plaisir de vous aimer. Combien nous avons tous parlé de vous ! combien nous vous avons regrettés ! et que de châteaux en Espagne nous avons bâtis! Il est vrai que ce n'est pas actuellement en France qu'on en fait d'agréables. Les nouvelles foudroyantes qui nous ont atterrés coup sur coup ne paraissent pas rendre le séjour de Paris délicieux.
Divins anges, je ne me sens porté ni à revoir Paris ni à y envoyer mes enfants. Notre Chevalerie demande, ce me semble, à être jouée dans un autre temps que celui de l'humiliation et de la disette. Nous l'avons jouée trois fois sur mon théâtre de marionnettes, dans ma masure de Tournay ; deux fois devant les Allobroges et les Suisses, sans avoir la moindre peur. Mais, quand il a fallu paraître devant vos députés, nos jambes et nos voix ont tremblé. Nous avons pourtant repris nos esprits, et nous avons fait verser des larmes aux plus beaux et aux plus vilains visages du monde, aux vieilles et aux jeunes, aux gens durs, aux gens qui veulent être difficiles. Les deux députés célestes ont vu qu'en un mois de temps nous avions profité de tous les commentaires de Mme Scaliger. Je leur laisse le soin de vous mander tout ce qu'ils pensent de la pièce et des acteurs.
Vous serez sans doute surpris que la Chevalerie ne vous parvienne pas avec ma lettre ; mais il faut que vous conveniez que trois représentations doivent éclairer assez un auteur pour lui faire encore retoucher son tableau. Il a été d'abord esquissé avec fougue, il faut le finir avec réflexion. Passez, encore une fois, Vamir et Spartacus 3; passez. J'augure beaucoup du gladiateur, et je souhaite passionnément que Saurin réussisse. Mon cher ange, je crois que cet hiver doit être le temps de la prose, du moins pour moi. Saurin d'ailleurs a besoin d'un succès pour sa considération et pour sa fortune. Je vous avoue que, si j'ai aussi quelque petit succès à espérer, je le veux dans un temps moins déplorable que celui où nous sommes. Je veux que certaines personnes 4 aient l'âme un peu plus contente. Ce n'est pas à des cœurs ulcérés qu'il faut présenter des vers ; c'est aux âmes tranquilles, et douces et sensibles, à la fois, comme la vôtre.
Mérope-Amènaïde-Denis vous fait mille compliments, et moi, je vous adore plus que jamais.

V. »

1 Les Chauvelin . Voir lettre du 31 octobre 1759 à Jacob Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/11/10/il-nous-faut-des-gens-aimables-5486798.html

2 Allusion à l'ouvrage de Moncrif, intitulé Essais sur la nécessité et sur les moyens de plaire ; http://books.google.fr/books?id=ZLmz3XtsqbwC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

V* y fait allusion dans Jeannot et Colin ; voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-30401420.html

3Sur ces pièces, voir la lettre du 24 octobre 1759 à d'Argental :http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/10/24/on-paye-cher-les-malheurs-de-nos-generaux.html

Dans la phrase qui suit, Passez est ajouté au-dessus de la ligne ; dut-il même payer mes sentiments d'ingratitude, omis dans la copie de l'édition de Kehl manque dans les éditions suivantes .

4 La Pompadour, entre autres.

 

le plaisir ne laisse pas de fatiguer. Je vais me coucher à dix heures du matin

... Il est toujours 10h quelque part sur notre globe .

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« A Jacques-Abram-Elie Clavel de BRENLES 1

assesseur baillival, etc.

à Lausanne
4è novembre 1759 aux Délices .
Mon cher ami, le plaisir ne laisse pas de fatiguer. Je vais me coucher à dix heures du matin, cela est, comme vous dites, d'un jeune homme de vingt-cinq ans. Permettez que je ne réponde pas de ma main, parce qu'elle est encore toute tremblante de la joie que j'ai eue de voir jouer Mérope par Mme Denis, comme elle l'a été par Mlle Dumesnil dans son bon temps 2. Il ne manquait que vous à nos fêtes; j'espère que cet hiver nous viendrons vous enlever, vous et madame votre femme. Vous me direz peut-être qu'il n'est pas fort honnête d'avoir tant de plaisir, dans le temps que les affaires de notre patrie vont si mal ; mais c'est par esprit de patriotisme que nous adoucissons nos malheurs. Je vous dois sans doute des remerciements de m'avoir envoyé le porteur de votre lettre ; s'il ressemble à son frère, j'aurai encore plus de remerciements à vous faire.
Mme Denis vous fait mille compliments. Je n'en peux plus ; bonsoir à dix heures du matin.
Je vous embrasse tendrement.

V. »