13/10/2015
Nous voudrions vous donner du plaisir . N'en a pas qui veut
... Mis en ligne le 9/8/2017 pour le 13/10/2015
« A François Tronchin
[octobre 1760 ?]1
Nos lits valent pourtant mieux que la pièce . Ut ut est . Ogni uno faccia seondo il suo cervello 2. Nous voudrions vous donner du plaisir . N'en a pas qui veut . Mes chers trans-rhoniens 3, si vous voulez en avoir, ayez de l'indulgence . »
1 Manuscrit au dos d'une carte à jouer ; l'édition Tronchin place la lettre après 1763 ; Delattre la met avant février 1765 ; et Droz en février 1757, ce qui est pourtant impossible, à cette date V* étant alors à Montriond.
2 Latin et italien ; Quoi qu'il en soit, que chacun fasse à sa tête .
3 La maison de campagne des Tronchin était située à Cologny, rive gauche du lac Léman .
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Mille compliments à Mahomet et à toute la famille
...qui depuis quelques siècles mène un combat fratricide pour savoir qui est le véritable héritier du prophète : stupidité majeure !
Mis en ligne le 9/8/2017 pour le 13/10/2015
« A Gabriel Cramer [ A Monsieur Mahomet Cramer]
[octobre 1760]
Monsieur Cramer est prié de vouloir bien me renvoyer la feuille du bramin 1, qu'il faut regratter
3 facéties
4 Pierre brochés.
Mille compliments à Mahomet et à toute la famille .
V. »
1 L'Histoire d'un bon bramin, dont V* annonçait déjà l'envoi, en manuscrit à mme du Deffand le 13 octobre 1759 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/10/29/que-j-aime-les-gens-qui-disent-ce-qu-ils-pensent-c-est-ne-vivre-qu-a-demi-q.html et qui fut publiée en 1761 dans la Seconde suite des mélanges .
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j'ai quelquefois cent cinquante bouches à nourrir et toujours cent, mais je suis sage . J'entamerai les fonds le moins que je pourrai
... Pour la sagesse, j'en réponds, pour les fonds, advienne que pourra .
Mis en ligne le 9/8/2017 pour le 13/10/2015
« A Jean-Robert Tronchin
Mon cher correspondant il est vrai que je bâtis, que je fais des jardins, que je joue la comédie, que j'ai quelquefois cent cinquante bouches à nourrir et toujours cent, mais je suis sage . J'entamerai les fonds le moins que je pourrai . J'attends 14 000 livres d'Alsace, quelques piastres de Cadix, Laleu me promet 10 000 livres au 15 novembre . J'écris à M . de Montmartel, et je le prie de trouver bon qu'on tire sur lui 10 000 livres subito . Je lui mande que je vous envoie une lettre de change de 10 000 livres sur Laleu . Vous en ferez ce que vous croirez de plus à propos . Vous l'enverrez probablement à M. de Montmartel, vous négocierez la chose selon votre grande prudence et bonté, vous m'enverrez quand vous pourrez dix mille livres afin que je m’importune pas toujours M. Cathala . Vous êtes le maître d'arranger tout cela comme il vous plaira . Les châteaux et les comédies sont chers .
Nous vous embrassons tendrement . Il me semble que je corromps un peu votre ville de Genève.
V.
13 octobre [1760]
Pour mieux faire, voici ma lettre pour M. Montmartel à cachet volant . S'il y a quelque défaut dans le billet de change, ou dans mon opération, rectifiez en maître mes fautes, et pardonnez les en ami . »
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12/10/2015
J'espère que les impôts serviront un jour à nous faire boire notre vin en paix
... TVA et taxe pour renflouer la Sécu doivent nous donner bonne conscience pour une consommation paisible avec , non pas modération (qui ne m'a jamais été présentée ), mais des ami(e)s selon notre coeur .
Mis en ligne le 9/8/2017 pour le 12/10/2015
« A Antoine-Jean-Gabriel Le Bault
Aux Délices 12 octobre [1760] 1
Qu'est devenu, monsieur, le gros tonneau dont vous aviez la bonté de me flatter après le temps où les chaleurs seraient passées ? Je suis toujours à vos ordres . Je ne sais si on paye vingt francs par pinte comme par roue de carrosse . J'espère que les impôts serviront un jour à nous faire boire notre vin en paix . On dit qu'il y a dans les vignes de Tournay un peu de vin passable , mais je le ferai boire aux Genevois, et je ne goûterai que le vôtre si vous en avez . Permettez-moi de saisir cette occasion de présenter mon respect à madame Le Bault, et de vous assurer de celui avec lequel je serai toute ma vie
monsieur
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 L'année est de la main de Le Bault, sinon il aurait été possible de la placer à la suite de celle du 3 juillet 1759 au même : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/08/15/le-pays-se-depeuple-on-n-y-trouve-pas-un-ouvrier-cela-est-d-5428761.html
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11/10/2015
Je dois une réponse à M. Sénac de Meilhan, mais j'en dois à trente personnes, et je n'ai qu'une tête et une main droite
... A dire vrai, de nos jours, clavier aidant, les deux mains vont de pair , quant à la tête ....
Mis en ligne le 9/8/2017 pour le 11/10/2015
« A François de Chennevières
Des Délices du 11 [octobre] 1760 1
Vous m'avez écrit une lettre charmante mon cher correspondant . Puisque vous me parlez de Tancrède, voyez à quel point on me lutine et on me persécute, lisez ; ce n'est pas la dixième partie des choses essentielles que les comédiens ont altérées dans ma pièce . Je vous supplie d'envoyer ce mémoire , non contresigné, à Mlle Clairon . Il ne faut pas je crois provigner 2 le contre-seing de Belle-Isle . Messieurs de la poste 3 n'en seraient pas contents . D'ailleurs les comédiens sont en état de payer des ports de lettres, mes pièces ne les appauvrissent pas et je leur abandonne le profit des représentations et de l’impression . Je suis en droit de compter sur les petites attentions que je leur demande . Je vous prie donc, mon cher ami, d'envoyer le dit mémoire dès que vous l'aurez lu . Nous allons jouer Mahomet, nous avons 50 personnes dans mon trou où il n'y a que dix lits de maître . Il faut s'habiller , adieu .
Je dois une réponse à M. Sénac de Meilhan, mais j'en dois à trente personnes, et je n'ai qu'une tête et une main droite . »
1 Copie par Boissy d'Anglas ,édition Cayrol . La date du 11 août portée sur le manuscrit, et corrigée en 21 septembre par Cayrol, suivi par les autres éditions, n'est pas convaincante . Celle du 18 octobre conviendrait mieux aux références du texte .
2 Les éditions corrigent ce mot en prodiguer . Mais le sens de provigner, multiplier, convient parfaitement ; et comme c'est la lectio dificilior, elle doit être préférée .
3 La copie de Boissy d'Anglas porte Delaporte, ce qui n'a aucun sens .
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10/10/2015
il faut rendre service aux hommes tant qu'on peut, quoiqu'ils n'en valent guère la peine
... Et après ça, il en est encore qui disent de mal de Voltaire !
Mis en ligne le 8/8/2017 pour le 10/10/2015
« A Marie de Vichy de Chamrond , marquise du Deffand
à Saint-Joseph
à Paris
10è octobre 1760
Vous n'êtes point un grand enfant, madame, vous n'êtes pas non plus une petite vieille ; je suis fort votre aîné 1, et je joue la comédie deux fois par semaine , et le bon de l'affaire c'est que nous jouons des pièces nouvelles de ma façon, que Paris ne verra pas, à moins qu’il ne soit bien sage et bien honnête . Comme je fais le théâtre, les pièces , et les acteurs , qu'en outre je bâtis une église et un château, et que je gouverne par moi-même tous ces tripots-là, et que pour m'achever de peindre il faut finir l'Histoire de Pierre le Grand, et que j'ai dix ou douze lettres à écrire par jour, tout cela fait que vous devez me pardonner, madame, si je ne vous ennuie pas aussi souvent que je le voudrais ; j'ai pourtant un plaisir extrême à m'entretenir avec vous ; vous savez que j'aime passionnément votre esprit, votre imagination, votre façon de penser ; vous aurez la moitié de Pierre incessamment ; il y a un paquet tout prêt pour vous et pour M. le président Hénault, mais on ne sait comment faire pour dépêcher ces paquets par la poste . Je vous avertis que la préface vous fera pouffer de rire, et vous serez tout étonnée de voir que la plaisanterie n'est point déplacée . J'y joins un chant de La Pucelle qui pourra vous faire rire aussi . Je vous promets encore de vous chercher des fariboles philosophiques dans ma bibliothèque; mais il faut que vous sachiez que je ne suis guère le maître d'entrer dans ma bibliothèque à présent , parce qu'elle est dans l'appartement qu'occupe M. le duc de Villars avec tout son monde ; il nous a joué à huis-clos, Gengis Kan, dans L'Orphelin de la Chine ; il vaut mieux que tous vos comédiens de Paris .
Je suis fort aise, madame, qu'on ait imprimé ma lettre au roi de Pologne 2; trois ou quatre lettres par an dans ce goût-là, écrites aux puissances, ou soi-disant telles, ne laisseraient pas de faire du bien ; il faut rendre service aux hommes tant qu'on peut, quoiqu'ils n'en valent guère la peine . Mon petit parti, d'ailleurs m'amuse beaucoup ; j'avoue que tous mes complices n'ont pas sacrifié aux grâces ; mais s'ils étaient tous aimables ils ne seraient pas si attachés à la bonne cause ; les gens de bonne compagnie ne se font point prosélytes ; ils sont tièdes ; ils ne songent qu'à plaire ; Dieu leur demandera un jour compte de leurs talents .
Vous avez bien raison, madame, d'aimer l'histoire de mon ami Hume 3 . Il est , comme vous savez, le cousin de l'auteur de L’Écossaise . Vous voyez comme il rend dans cette histoire le fanatisme odieux . Ne croyez pas que l'Histoire de Pierre le Grand puisse vous amuser autant que celle des Stuarts . On ne peut guère lire Pierre qu'une carte géographique à la main ; on se trouve d'ailleurs dans un monde inconnu ; une Parisienne ne peut s'intéresser à des combats sur les Palus-Méotides 4, et se soucie fort peu de savoir des nouvelles de la grande Permie, et des Samoyèdes . Ce livre n'est point un amusement, c'est une étude . M. le président Hénault ne veut pas que je donne Pierre chiquette à chiquette 5; je ne le voudrais pas non plus , mais j'y suis forcé . On a un peu de peine avec ces Russes, et vous savez que je ne sacrifie la vérité à personne . Adieu, madame, si vous aviez des yeux je vous dirais, venez philosopher avec nous, parce que vos yeux seraient égayés pendant neuf mois par le plus agréable aspect qui soit sur terre ; mais ce qui fait le charme de la vie est perdu pour vous ; et je vous assure que cela me fait toujours saigner le cœur . J'ai chez moi un homme d'un mérite rare, un homme de grande condition, ancien officier, retiré dans ses terres . Il les a quittées pour venir à 150 lieues de chez lui, philosopher dans ma retraite . Je ne l'avais jamais vu, je ne savais pas même qu'il existât , il a voulu venir, il est venu, il fait de grands progrès, et il m'enchante; mais par malheur il me vient des intendants ; ces gens-là ne sont pas tous philosophes . Mon Dieu, madame, que je hais ce que vous savez 6!
Je vais être en relation avec un brahme des Indes par le moyen d'un officier 7 qui va commander sur la côte de Coromandel, et qui m'est venu voir en passant ; j'ai déjà grande envie de trouver mon brahme plus raisonnable que tous vos butors de la Sorbonne . Adieu encore une fois, madame, je vous aime beaucoup plus que vous ne pensez . »
1 V* a trois ans de plus qu'elle .
2 La lettre du 15 août 1760 à Stanislas :
Mme Du Deffand écrit à V* le 20 septembre 1760 : « Votre lettre au roi de Pologne est imprimée, je ne crois pas que ce soit par l'ordre du frère Menoux. »
3 Il s'agit d'un ouvrage dont Mme du Deffand avait parlé à V* (lettre du 20 septembre 1760) : The History of Great Britain under the house of Stuart, 1754-1757, qui venait d'^tre traaduit en franàais par l'abbé Prévost sous le titre d'Histoire de la masion des Stuart sur le trône d'Angleterre, 1760 .
4 Palus Maeotis est le nom latin de la mer d'Azov .
5 L'expression se trouve ordinairement sous la forme chiquet à chiquet ; c'est familier et même populaire .
6 L'infâme .
7 C'est Maudave .
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Patientiam habe in me / Soyez patient avec moi
... J'en ai besoin .
Mis en ligne le 9/8/2017 pour le 10/10/2015
« A Gabriel Cramer
[vers le 10 octobre 1760] 1
La tête me tourne, je ne peux rien envoyer aujourd'hui . Patientiam habe in me 2. Je ne peux songer à rien qu'après la représentation de Fanime . Pardon caro Gabriele – vous ne perdrez pas pour attendre . »
1 L'édition Gagnebin place cette lettre en mars 1757 ; mais le filigrane du papier du manuscrit olographe ne se trouve pas avant décembre 1759 ; en conséquence, la représentation de Fanime à laquelle V* fait allusion doit être celle du 13 ou 23 octobre 1760 ; l'expression « la tête me tourne » se trouvait d'ailleurs dans une lettre du 4 octobre 1760 à d'Argental .
2 Soyez patient avec moi .
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