Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

13/10/2016

Encore un autodafé dans ce siècle ! et que dira Candide ?

...

 Afficher l'image d'origine

 Pires que les tremblements de terre et les éruptions, les imbéciles/salopards armés , leur pouvoir de nuisance est sans limite comme leur ignorance crasse .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

24 octobre [1761]

Il était impossible mes chers anges qu'il n'y eût des bêtises dans le petit manuscrit dont je vous ai régalés 1. La rapidité d'Esdras ne lui a pas permis d'éviter les contradictions, ni à moi non plus .

Il y a un Cassandre pour un Antigone à la fin du 4è . Voici la correction toute musquée . Il n'y a qu'à la coller avec quatre petits pains rouges . Je supplie mes anges de m'avertir des autres bêtises .

J'ai lu cette pièce de couvent à M. le duc de Villars et à des hérétiques . Ô dame, c'est qu'on fondait en larmes à tous les actes, et si cela est joué, bien joué, joué, vous m’entendez, avec ces sanglots étouffés, ces larmes involontaires, ces silences terribles, cet accablement de la douleur, cette mollesse, ce sentiment, cette douceur, cette fureur qui passent des mouvements des actrices dans l'âme des écoutants, comptez qu'on fera des signes de croix . Cependant si on ne joue pas Le Droit du seigneur je renonce au tripot . Je crois, Dieu me pardonne, que j'aime Mathurin autant qu'Olympie .

Je ne suis pas fâché qu'on ait brûlé frère Malagrida 2, mais je plains fort une demi-douzaine de Juifs qui ont été grillés . Encore un 3 autodafé dans ce siècle ! et que dira Candide ? Abominables chrétiens, les nègres que vous achetez douze cents francs valent douze cents fois mieux que vous ! Ne haïssez-vous pas bien ces monstres ?

Et l'Espagne ! Pour Dieu un petit mot de l'Espagne . »

1 Charlotte Constant écrit à minuit le 23 octobre 1761 à son mari : « [,,,] Nous avons dîné à Ferney avec le duc [de Villars] . Voltaire nous a lu son admirable tragédie qui est son chef-d’œuvre au dire de tous ceux qui l'ont entendue, même du duc qui comme tu sais n'est pas flatteur . Elle a été imaginée, fait[e] , finie et envoyée à Paris dans six jours ni plus ni moins, tous les actes en feraient un beau cinquième quoiqu’ils s'amènent merveilleusement les uns les autres et que l'intérêt croisse toujours . Le sujet est tout neuf, l'appareil superbe et presque tous les vers admirables . [,,,] ayant pleuré depuis la quatrième scène jusqu'à la dernière j'en suis encore émue et étonnée . Je voudrais bien t'en savoir faire l'analyse mais viens la lire si tu veux . Le titre est Statira fille de Darius et veuve d'Alexandre . »

2 Étrange oraison funèbre de Malagrida, étranglé le 21 septembre au cours d'un autodafé ; il était âgé de soixante-douze ans . Voir lettre de février 1759 à François Tronchin : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/03/20/tachez-de-nous-honorer-dimanche-de-votre-presence-reelle-5327905.html

3 Texte corrigé ; le manuscrit porte dans pour un .

 

12/10/2016

Il faut que les êtres pensants se rencontrent

... Est-ce pour cela que Poutine n'as pas daigné rencontrer Hollande ? Lequel des deux ne pense pas ? ou plutôt pense  que son homologue n'est pas digne d'être mis sur un pied d'égalité ?

Allez ! salut Vlad' !

 

Deux roseaux penchants (comme dit le Blaise Pascal)

"Nous sommes heureux !

La joie brille dans nos yeux !" [air connu : Marche funèbre de Chopin ]

 

 

 

« Au comte Francesco Algarotti

Chambellan du Roi de Prusse

à Venise

et s'il n'est pas à Venise

à Bologna

Au château de Ferney 24 octobre 1761

J'écris bien rarement de ma pauvre main, caro cigno 1, mais quand j'ai un moment où je souffre un peu moins, ce moment est pour vous . M. Crawford qui vous rendra cette lettre est le parent de ceux qui nous battent, et il est fait pour être au nombre de ceux qui nous instruisent . Il dit qu'il va passer l'hiver en Italie pour sa santé . Mais dans le fond je crois que c'est uniquement pour vous voir . Car assurément ce n'est pas pour voir des moines . Il faut que les êtres pensants se rencontrent . Vous êtes dignes l'un de l'autre , et je vous envie tous deux .

On prétend que vous venez en France au printemps . Passez donc par ma petite retraite avec M. Cravford . Vous y trouverez la liberté que vous aimez, et l'estime, l'amitié, le zèle, l'accueil que vous méritez . Adio , farewell et adieu . Tâchez que votre partisan le plus passionné ne meure point sans avoir la consolation de vous embrasser .

Voltaire . »

1 Cher cygne ; V* nomme Algarotti cygne d'Italie, cygne de Padoue, cygne de Venise, … au gré des lieux habités par celui-ci, tout comme Virgile était surnommé cygne de Mantoue .

 

11/10/2016

Je vous félicite monsieur

... François-Xavier Verger pour votre soin apporté au château de Voltaire à Ferney,  votre souci de rendre ce lieu vivant , et permettre d'accomplir le voeu du Patriarche qui bâtissait pour mille ans !

 

 

« A un destinataire inconnu

Je vous félicite monsieur, vous et M. de Crawford 1 si vous avez le bonheur d'être ensemble . Vous avez le mérite d'être des Anglais . Il a celui des Italiens . Un Français ne serait pas à plaindre s'il se trouvait entre vous deux . Ma santé est toujours déplorable . Je suis un peu consolé quand je peux vous écrire, et je crois que je serais guéri si j'avais le bonheur de vous voir .

Voltaire .

Au château de Ferney 24 octobre 1761 . »

1 John Crawford of Auchinames . Voir : https://en.wikipedia.org/wiki/Clan_Crawford

 

10/10/2016

envoyer cette copie à

... Tout le monde .

Car l'oeuvre et la pensée de Voltaire ne sont pas propriété privée , au contraire .

Au fait, il s'en passe des choses en son château de Ferney : http://france3-regions.francetvinfo.fr/rhone-alpes/ain/le...

 

 © France 3 Rhône-Alpes

 

 

 

« A Monsieur le président

Germain-Gilles-Richard de Ruffey etc.

en son hôtel

à Dijon

[20 octobre 1761] 1

Je supplie monsieur de Ruffey d'envoyer cette copie à M. de La Marche, ancien premier président, quand il l'aura lue . »

1 Cette note est écrite en tête de la copie de la lettre à De Brosses du même jour : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/10/07/vous-vous-preparez-a-accabler-du-poids-de-votre-credit-une-f-5857815.html

 

Il ne peut que me répéter son auri sacra fames

... Maudite soif de l'or !

Afficher l'image d'origine

Et, bis repetita, je vous parie qu'on reverra aux premières places les pires profiteurs de la planète, qu'on leur lèchera les bottes , avant de les déboulonner  trop tard, comme toujours .

 

 

 

 

« A Jean-Philippe Fyot de La Marche

A Ferney , 20 octobre 1761

Monsieur, j'ose à la fois vous remercier de l'arbitrage que vous avez daigné accepter et plaindre M. De Brosses de ne s'y être pas soumis . Je prends la liberté de vous envoyer la lettre que je lui écris . Je suis réduit à n'en faire juge que votre honneur, sans avoir la consolation de voir ce procès terminé par votre bouche . Vous me jugerez en secret, et ce sera tant pis pour celui qui n'a pas voulu votre jugement définitif . Cette affaire est plus grave qu'il ne pense . Il est triste d'être condamné unanimement par tous les gentilshommes de la province, et plus triste encore de l'être dans votre cœur . Je ne vois pas ce qu'il peut répondre . Il ne peut que me répéter son auri sacra fames 1. Mais l'or du pays des fétiches ne vaut pas assurément votre estime, et c'est là ce que j'ambitionne . Je suis avec un profond respect, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire . »

1 Maudite soif de l'or ; Virgile, Enéide, II, 57 .

 

09/10/2016

Ah monsieur, vous riez de ce petit fétiche . Je ne ris pas . S'il a un visage de singe, il a un cœur de boue

... Mais qui donc correspond à ce portrait robot ? Un primate avide de primaires, l'agité de service , N. S. , Notre Saigneur qui est odieux, que ton nom soit supprimé, que ton règne ne vienne jamais, que ta volonté soit défaite, aux voix vas t'en pêcher, et ... casse-toi pauv'thon !     ! 

 Afficher l'image d'origine

 http://images.google.fr/imgres?imgurl=http%3A%2F%2Fs1.dmc...

 

 

« A Claude-Philippe Fyot de La Marche

A Ferney 20 octobre 1761 1

Votre charmante lettre du 5 octobre m'a trouvé mon très respectable ami, dans un moment d'enthousiasme et l'a redoublé . Vous avez été le génie qui m'a conduit . Vous devez savoir , en qualité de génie, que le sujet d'une tragédie me passait par la tête . Je ne vous lais ni de froide politique ni de froide rhétorique ni de froides amours . J'ai trouvé tout ce que les plus grands noms ont de plus imposant, tout ce que la religion secrète des anciens, si sottement calomniée par nous, avait de plus auguste, de plus terrible, et de plus consolant, ce que les passions ont de plus déchirant, les grandeurs de ce monde de plus vain et de plus misérable , et les infortunes humaines de plus affreux . Ce sujet s'est emparé de moi avec tant de violence que j'ai fait la pièce en six jours, en comptant un peu les nuits . Ensuite il a fallu corriger . Voilà pourquoi je vous remercie si tard de toutes les bontés dont vous m'honorez . Je suppose qu'enfin vous avez des nouvelles de Mme de Paulmy 2, et peut-être est-elle chez vous . Permettez que je vous en félicite et que je lui présente mon respect . Je suis ému plus qu'un autre des sentiments de la nature, car c'est ce qui domine dans la pièce dont je vous parle . C'est ce qui me faisait verser des larmes en écrivant cet ouvrage avec la rapidité des passions .

Vous avez dû cher et illustre bienfaiteur des arts, recevoir par M. de Varenne, secrétaire de la noblesse de Bourgogne, un paquet où étaient les dessins de votre graveur . Je vous ai conjuré de permettre qu'il travaillât pour Pierre, et que les Cramer lui donnassent un petit honoraire ; je persiste dans ma prière .

Je vous ai rendu grâce de l'arbitrage de monsieur votre frère 3 que vous daignez me proposer . Il eût été bien doux et bien honorable pour moi d'avoir toute votre famille pour arbitre . Mais M. de Brosses n'en veut point . Il veut plaider parce qu'il croit que ce qu'on appelle la justice de Gex n'osera le condamner, et que je n'oserai en appeler au parlement . C'est en quoi il se trompe . Je respecte trop votre auguste compagnie pour la craindre . Je lui ait écrit à lui-même une lettre très ample dans laquelle je lui mets devant les yeux tous ses procédés et je finis par lui dire que s'il y a un seul homme dans Dijon qui l'approuve, je me condamne . Ah monsieur, vous riez de ce petit fétiche . Je ne ris pas . S'il a un visage de singe, il a un cœur de boue .4

J'aurai l'honneur de vous envoyer copie de ma lettre 5. Elle répond à tout ce que vous me faites l'honneur de me dire . Tout y est expliqué . C'est un factum adressé à lui-même . Vous me jugerez .j'aimerais mieux vous envoyer ma tragédie mais venez la voir jouer sur mon théâtre . Il est joli . Nous y avons représenté Mérope, nous avons fait pleurer jusqu'à des Anglais . Oh que le cher Ruffey aurait dormi ! Vous ne pouvez savoir à quel point je vous respecte et je vous aime .

V. »

1Le manuscrit porte une mention erronée, qui semble contemporaine :  « 20 octobre 1762 / M. de Voltaire. »

3 Charles-Philippe Fyot de La Marche, premier président du parlement de Dôle .

4 Le passage « Ah monsieur …. cœur de boue . » supprimé par l'éditeur manque dans toutes les éditions suivantes .

 

08/10/2016

Unissons-nous tous contre les barbares . La paix soit avec nous

... Est-il bien nécessaire Nicolas le vénal de faire miroiter un superflu-onéreux-démagogique référendum pour que le peuple décide à ta place d'encabaner les fichés-S les plus dangereux ? Brasseur de vent(s) , -dont certains ne sentent pas bon -, quelle unité proposes-tu ?

 Afficher l'image d'origine

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

20 octobre 1761 1

Je suis avec vous , mon cher frère, comme les anciens initiés qui sans s'être jamais vus se connaissaient et s'aimaient . Lisez, je vous prie, les Car qu'on m'a envoyés et que j'envoie à M. d'Alembert . Ils sont dans son paquet . Vous cachèterez le tout proprement . Au nom des frères répandez les Car . Ils ôteront , à la cour, le crédit dont Pompignan veut accabler nos chers frères . Unissons-nous tous contre les barbares . La paix soit avec nous . Mais que jamais on ne sache que j'ai envoyé ces Car à moi parvenus par un frère de province . »

1 L'identité du destinataire s'infère du ton de la lettre et de la forme de l'adresse .