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09/05/2018

Il faudrait que nous fussions bien malheureux si nous ne réussissions pas avec de tels protecteurs

... Tels que ce Donald Trump qui se veut le roi du monde et non content d'être absurde en paroles l'est aussi en actes comme le prouve sa signature grand-guignolesque . Ri-di-cu-le ! et dangereux .

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« A César-Gabriel de Choiseul, duc de Praslin

Aux Délices 14 mai [1763]

Monseigneur,

Lorsque monsieur le duc de Choiseul était ministre des Affaires étrangères, il voulut bien me faire accorder le brevet du roi annexé à la requête que je présente .

Les bontés du roi me deviendraient inutiles si les droits de la terre de Ferney, confirmés par plusieurs rois, et fondés sur leurs traités avec les dominations voisines, étaient en compromis au parlement de Dijon qui ne connait pas ces traités, et qui juge suivant le droit commun .

Je n'ai acheté la terre de Ferney pour ma nièce que sur l'assurance que monsieur le duc de Choiseul voulut bien me donner que je serais maintenu dans les anciens privilèges . Ils me sont contestés aujourd'hui par des curés qui veulent me traduire au parlement de Dijon 1. En ce cas la terre est réduite à rien . J'ai donc recours à vos bontés monseigneur et Mme Denis vous présente sa requête . Nous vous supplions elle et moi de nous accorder votre protection dans une affaire qui nous est si essentielle . Si notre demande vous semble aussi juste qu'elle nous le paraît, nous sommes sûrs que vous daignerez nous favoriser . Notre demande est la suite naturelle de notre brevet . Nous sommes dans un cas unique, lequel ne peut tirer à aucune conséquence .

Nous vous supplions d'ajouter cette grâce aux bontés dont vous nous avez toujours honorés .

Nous envoyons copie de la requête et du brevet à monseigneur le duc de Choiseul . Il faudrait que nous fussions bien malheureux si nous ne réussissions pas avec de tels protecteurs . Nous pensons que cette grâce dépend de votre ministère , et nous attendons tout de la bonté de votre cœur .

J'ai l'honneur d'être avec le plus profond respect

monseigneur

votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire . »

1 A propos de l'affaire des dîmes, avec le curé de Ferney .

08/05/2018

Faut-il donc en France être oppresseur ou opprimé, et n’y a-t-il pas un état mitoyen ?

... La question reste d'actualité , deux siècles après Voltaire, si j'en crois les dires des différents partis politiques, de la majorité ou de l'opposition . Mais leurs voix discordantes ne valent pas la belle voix de Maurane que j'aime tout particulièrement dans ce chant tou(t)chant : https://www.youtube.com/watch?v=kEg5-v8O9cU

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... Dans cette décharge de rêves en pack
Qu´on bazarde au prix du pétrole
Pour des cols-blancs et des corbacs
Qui se foutent de Mozart, de Bach ...

 ... https://www.youtube.com/watch?v=2A7QejRAILM

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

11 mai 1763

Je vous ai écrit plusieurs fois, mon cher frère, et je ne vous ai envoyé d’autre paquet que celui qui était pour M. le comte de Bruc chez M. le marquis de Rosmadec à l’hôtel Rosmadec rue de Bièvre faubourg Saint-Germain. Je vois que vous ne l’avez pas reçu. Je vous ai prié de parler à M. Jeannel, d’offrir le paiement du paquet, et de redemander la lettre à vous adressée, qui était sous votre enveloppe. Je vous ai demandé s’il était vrai que M. d’Alembert vous eût fait toucher 600 livres.

Je vous ai surtout écrit au sujet de l’Histoire générale, et je vous ai prié, en dernier lieu, d’empêcher l’ami Merlin de rien débiter avant que j’eusse vu les mémoires que M. le président de Mesnières et M. l’abbé de Chauvelin ont la bonté de me fournir et sur lesquels je compte rectifier les derniers chapitres.

Je vous ai encore prié de faire savoir à Protagoras qu’un Anglais était chargé d’une lettre pour lui. Voilà à peu près la substance de tout ce que j’ai mandé à mon frère depuis un mois. J’y ajoutais peut-être que l’infâme était traitée dans nos cantons comme elle le mérite, et que le nombre des fidèles se multipliait chaque jour ; ce qui est une grande consolation pour les bonnes âmes.

Il est bien douloureux que la poste soit infidèle, et que le commerce de l’amitié, la consolation de l’absence, soient empoisonnés par un brigandage digne des houzards. C’est répandre trop d’amertume sur la vie. Je me sers cette fois-ci de la voie de M. d’Argental, sous l’enveloppe de M. de Courteilles.

Il faut encore que je vous dise que je vous ai demandé des nouvelles de l’arrangement des finances. On nous a mandé que le parlement s’opposait aux vues de la cour, et que le roi pourrait bien tenir un lit de justice. Voilà ma confession faite.

Je suis toujours dans une grande inquiétude sur le paquet de M. de Bruc . Nous vivons dans un bois rempli de voleurs.

Faut-il donc en France être oppresseur ou opprimé, et n’y a-t-il pas un état mitoyen ?

Je vous embrasse, mon frère, vous et les frères ?

Ecrasez l’infâme. »

 

 

 

07/05/2018

Quel chien de pays que le vôtre, où l’on ne peut pas dire ce qu’on pense !

... Je ne donnerai pas la liste de ces pays où la liberté de parole est inexistante ,  voir : https://rsf.org/fr/classement-2017-de-la-liberte-de-la-pr...

Du coup, je pense finalement que la liberté d'expression pouvait être plus grande,- paradoxalement,-  au temps de Voltaire qu'à l'ère du Net . Mais je peux me tromper .

 

Echantillon de têtes à claques redoutables ...

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

11 mai [1763]

Encore un mot, mes anges exterminateurs. J’écris à MM. de Mesnières et de Chauvelin, pour les remercier de la bonté qu’ils ont 1: voilà déjà un devoir de rempli pour la prose.

A l’égard des vers, j’ai toujours oublié de vous dire que j’avais fait quelques changements dans Zulime, pour la tirer, autant qu’il est possible, du genre médiocre.

Quand il vient une idée, on s’en sert, et on remercie Dieu ; car les idées viennent Dieu sait comment. J’ai beau rêver à Olympie, je suis à sec. Point de grâces à rendre à Dieu. Je dédie Zulime à mademoiselle Clairon 2; mais, dans ma dédicace, je suis si fort de l’avis de l’intendant des menus contre l’abbé Grizel 3, que je doute fort que cette brave dédicace soit honorée de l’approbation d’un censeur royal, et d’un privilège. Quel chien de pays que le vôtre, où l’on ne peut pas dire ce qu’on pense ! On le dit en Angleterre, quel mal en arrive t-il ? La liberté de penser empêche-t-elle les Anglais d’être les dominateurs des mers et des guinées ? Ah ! Français ! Français ! vous avez beau chasser les jésuites, vous n’êtes encore hommes qu’à demi.

On me mande que votre parlement examine les manuscrits de monsieur le contrôleur-général avec une extrême sévérité, et qu’on parle d’un lit de justice 4. Les arrangements de finance ne laissent pas de nous intéresser, nous autres Genevois . Mais vous vous donnerez bien de garde de m’en dire un mot. Vous seriez pourtant de vrais anges, si vous daigniez en toucher quelque chose.

Je prends la liberté de vous adresser cette lettre pour frère Damilaville. Je vous supplie de la lui faire tenir par la petite poste, ou de la lui donner, s’il vous fait sa cour. Pardon de la liberté grande.

Mes anges, soyez donc plus doux, plus traitables. Peut-on accabler ainsi un pauvre montagnard !

Mon Dieu !que je trouve les tracasseries des billets de confession, et tout ce qui s’en est suivi, ridicules ! C’est la farce de l’histoire. Peut-on traiter sérieusement un sujet de farce ? Passez-moi un peu de plaisanterie, je vous en prie  5. Cela fait du bien aux malades.

Mes anges, ne soyez pas impitoyables envers votre vieille créature, qui vous aime tant. »

1 Aucune de ces deux lettres ne nous est parvenue .

4 Le lit de justice eut lieu le 31 mai 1763 ; selon l'usage il était tenu pour contraindre le parlement à accepter les édits des finances qu'il se refusait à enregistrer ( les « manuscrits [du] contrôleur général »).

5 Voir chapitre XXXVI du Précis du Siècle de Louis XV : https://fr.wikisource.org/wiki/Pr%C3%A9cis_du_si%C3%A8cle_de_Louis_XV/Chapitre_36

06/05/2018

Caro vous aurez demain Zulime rebouisée

...

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Une Zulime à surtout ne pas rebouiser, et boire non pas avec modération, mais avec des amis .

 

 

« A Gabriel Cramer

[vers le 10 mai 1763]

Caro vous aurez demain Zulime rebouisée 1 avec l'épître à damoiselle Clairon .

Puis Le Droit du seigneur, et viva 2.

Je vous prie de me faire fourrer proprement à ces deux exemplaires ci-joints les cartons nécessaires, et de me les renvoyer le plus tôt possible . »

1 Terme de chapelier signifiant nettoyer et lustrer à l'eau simple un couvre-chef ; l'emploi figuré n'est guère connu  que chez V* . Voir aussi : https://fr.wiktionary.org/wiki/rebouiser

2 Vivat !

05/05/2018

je suis toujours prêt de demander au marquis de Forlipopoli sa protection

... lequel semble furieusement être aussi fiable qu' un certain Fanfoué de Tulle, d'où mon hésitation à passer à l'acte .

 

Interprêté par Sylvain-Emmanuel Jubault , de La Comédie des Délices : https://ddlices.wordpress.com/les-membres-des-delices/syl...

 

 

« A Carlo Goldoni, Avocat

vénitien

près de la Comédie -Italienne

à Paris 1

Aux Délices , 10 mai 1763

Je n'ai reçu que depuis peu de jours, monsieur, vos bienfaits . La personne qui m'avait dit tant de bien de la pièce dont vous avez gratifié Paris, ne m'avait pas trompé 2. Je ne me plains que de la peine que m'ont faite mes pauvres yeux en la lisant ; mais le plaisir de l'esprit m'a consolé des tourments de mes yeux . Je viens de relire L'Avanturiere onorato, Il Cavaliere di buon gusto, et La Locandiera : tout cela est d'un goût entièrement nouveau et c'est à mon sens un très grand mérite dans ce siècle-ci . Je suis toujours enchanté du naturel et de la facilité de votre style . Que j'aime ce bon et honnête aventurier, que je voudrais vivre avec lui ! Il n'y a personne qui ne voulût ressembler au cavalier di buon gusto, et je suis toujours prêt de demander au marquis de Forlipopoli 3 sa protection . En vérité vous êtes un homme charmant .

Quand j'aurai l'honneur de vous faire parvenir mes rêveries, qui ne sont pas encore tout à fait prêtes, je ferai avec vous le marché des Espagnols avec les Indiens, ils donnaient des petits couteaux et des épingles pour de bon or .

Je reçois quelquefois des lettres de Lelius Albergati, l'ami intime de Térence ; heureux ceux qui peuvent de trouver à table entre Térence et Lelius !

Bonsoir ; monsieur, je vous aime et vous estime trop pour faire ici les plats compliments de la fin des lettres .

V. »

1 Une autre main a ajouté à la suite de l'adresse « rue de Richelieu » . Goldoni avait écrit le 28 février 1763 à V* pour lui envoyer L'Amour paternel.

2 C'est Cideville, qui dans une lettre du 7 février 1763 a rendu compte à V* de la représentation de L'Amour paternel au Théâtre Italien le 4 février 1763 .

3 Personnage de La Locandiera .

04/05/2018

Les Anglais, nos vainqueurs, sont obligés de s’imposer des taxes pour payer leurs dettes ; il faut au moins que les vaincus en fassent autant.

... Que ce soit au XVIIIè siècle ou au XXIè, les Anglais ont toujours l'art de semer la zizanie , militairement ou/et économiquement . Comme alliés, vraiment, on peut trouver mieux, non ?

http://blog.lefigaro.fr/agriculture/2018/05/farm-europe-e...

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« A Etienne-Noël Damilaville, Premier commis

des bureaux du vingtième

Quai Saint-Bernard

à Paris

9è mai [1763]

C’est pour vous confirmer, mon cher frère, que je ne peux me dispenser d’attendre les remarques que M. d’Argental a eu la bonté de me promettre de la part de M. le président de Mesnières et de M. l’abbé de Chauvelin. Je dois certainement attendre ces remarques et y déférer ; ils sont instruits, et ils veulent bien m’instruire : c’est à moi de profiter de leurs lumières, et de les remercier. L’enchanteur Merlin 1 n’a donc qu’à tenir bien renfermés tous les grimoires que les frères Cramer lui ont envoyés : il n’y perdra rien ; on pourra même, pour plus de facilité, imprimer à Paris les deux chapitres qu’il faudra corriger. Il serait bon que le nom de ce Merlin fût absolument ignoré de tout le monde ; il faut qu’il soit le libraire des philosophes ; cette dignité peut mener un jour à la fortune ou au martyre ; ainsi il doit être invisible comme les rose-croix.

Plus je vieillis, et plus je deviens implacable envers l’infâme ! Quel monstre abominable ! J’embrasse tendrement tous les frères.

Dites-moi, je vous en conjure, des nouvelles du paquet que je vous ai adressé pour M. le comte de Bruc . Si vous ne l’avez pas reçu, il est important que vous le redemandiez, et M. Jeannel vous le fera remettre sans doute en payant . M. d’Alembert ne vous a-t-il pas fait remettre six cents livres ? Je crois que je vous en dois davantage pour le paiement des livres que vous avez eu la bonté de me faire avoir.

Est-il vrai que le parlement fait des difficultés sur les édits du roi 2 ? Ces édits m’ont paru de la plus grande sagesse . Les Anglais, nos vainqueurs, sont obligés de s’imposer des taxes pour payer leurs dettes ; il faut au moins que les vaincus en fassent autant.

Souvenez-vous encore, mon cher frère, qu’il y a un Anglais 3 chargé d’un paquet pour M. d’Alembert ; et si vous voyez ce cacouac, ayez la bonté de le lui dire.

Voilà bien des articles sur lesquels je vous supplie de me répondre. Adieu ; ne vous verrai-je point avant de mourir ? Écrasez l’infâme .

 

Je rouvre ma lettre pour vous dire, mon cher frère, qu’il est important que vous alliez voir M. Jeannel. Je suis au désespoir de ce contre-temps. Vous offrirez le paiement du paquet qu’on a retenu. C’est une bagatelle qui ne peut faire de difficulté ; mais le point essentiel est qu’on vous rende la lettre pour M. le comte de Bruc, l’un de nos frères, très zélé. Il faut au moins obtenir que M. Jeannel ne nous fasse pas de la peine ; c’était, ne vous déplaise, un Meslier dont il s’agissait ; c’était un de mes amis qui envoyait ce Meslier à M. de Bruc . Ni la lettre ni la brochure ne sont parvenues. Je vous ai écrit trois fois sur cette affaire sans avoir eu de réponse. M. de Jeannel est généreux et bienfaisant , il ne refusera pas de nous tirer de ce petit embarras. Je vous répète que je n’avais aucune part ni à la lettre écrite à M. de Bruc, ni à la brochure. Ce paquet fut retenu dans les premiers jours où l’on parlait du mandement de Jean-Jacques à Christophe, et il y a quelque apparence que ce mandement de J.-J. nous aura nui. Je m’en remets à votre prudence ; mais je vous assure que la chose mérite d’être approfondie.

J’ai reçu tous les livres que vous avez eu la bonté de m’envoyer. Je reçois les Troyennes 4 : cela prouve qu’il y a des envois heureux et d’autres malheureux. »

1 Le libraire Merlin que V* surnomme ainsi .

2 Des édits financiers .

3 Macartney .

4 Tragédie de Châteaubrun Voir lettre du 5 mars 1763 à Damilaville : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/02/12/e... .

03/05/2018

Je suis assez malheureux pour ne pouvoir vous donner que des conseils vagues, et pour n’employer que de vaines sollicitations

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Flou-flou printanier

 

« A Pierre Rousseau

à Bouillon par Paris

Aux Délices 8è mai 1763 1

Croyez, monsieur, que je suis très sensible aux peines que vous éprouvez, c'est assez le sort des gens de lettres d'essuyer des injustices ; je pourrais vous en parler savamment si j'avais de la mémoire . Je n'ai pas eu besoin de mon expérience pour être touché de vos chagrins . Mais comme je vous l'ai déjà mandé, n'étant instruit qu'en général, je n'ai pu parler qu’en général ; on m'a répondu de même ; on m'a mandé que vous aviez promis de ne point porter votre journal ailleurs, on m'a fait entendre que vous aviez des dettes dans le pays où vous êtes . J'ai su qu'on protégeait infiniment les deux personnes à qui l'on fait partager avec vous une partie du produit de votre établissement ; que vous aviez affaire à un homme qui demeure dans la maison, et au frère d'un colonel fortement recommandé . Je vois avec douleur que les lettres d'un vieux malade comme moi, très peu connu du seigneur châtelain, ne font pas un grand effet sur des esprits prévenus et qui semblent avoir pris leur parti .

Mais quoi ! n'avez-vous pas parlé vous-même ? n'avez-vous pas représenté vos droits ? ne pouvez-vous pas être le maître d'un établissement que vous avez formé ? n'êtes-vous pas libre ? Je suis assez malheureux pour ne pouvoir vous donner que des conseils vagues, et pour n’employer que de vaines sollicitations . Je suis pénétré du tort qu'on vous fait, comme si on le faisait à moi-même . Soyez persuadé, monsieur, de mon attachement très sincère, et très inaltérable . »