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05/07/2018

j’ai cru que je pouvais faire quelque chose d’aussi mauvais, sans prétendre aux honneurs du Louvre

... Selon Jeff Koons, qui , ici à dû être diablement inspiré par son tas de linge sale au sortir de la machine à laver (perdant ainsi le titre de sale, me direz-vous ! OK ! )

 

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« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

et à

Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'ArgentaI

A Ferney 23è juillet 1763

O anges ! sans vous faire languir davantage, voici la tragédie des coupes-jarrets . Elle n’est pas fade. Je ne crois pas que les belles dames goûtent beaucoup ce sujet . Mais, comme on a imprimé au Louvre l’incomparable Triumvirat de l’inimitable Crébillon , j’ai cru que je pouvais faire quelque chose d’aussi mauvais, sans prétendre aux honneurs du Louvre. Si vous croyez que votre peuple ait les mœurs assez fortes, assez anglaises pour soutenir ce spectacle digne en partie des Romains et de la Grève, vous vous donnerez le plaisir de le faire essayer sur le théâtre . Se no, no.

Vous me direz , mais quelle rage de faire des tragédies en quinze jours ! Mes anges, je ne peux faire autrement. Il y avait un peintre, élève de Raphaël, qu’on appelait fa-presto 1, et ce n’était pas un mauvais peintre.

Je vais vite parce que la vie est courte, et que j’ai bien des choses à faire. Chacun travaille à sa façon, et on fait comme on peut. En tout cas, vous aurez le plaisir de lire du neuf ; cela vous amusera, et j’aime passionnément à vous amuser.

Remarquez bien que tout est historique : Fulvie avait aimé Octave, témoin l’épigramme 2 ordurière d’Auguste. Fulvie fut répudiée par Antoine. Sextus Pompée était un téméraire, il faisait des sacrifices à l’âme de son père. Lucius César, proscrit, à qui on pardonna, était père de Julie.

Antoine et Auguste étaient deux garnements fort débauchés.

Mes anges, j’ai vu votre chirurgien parmesan . Il dit que vous irez à Parme, que vous passerez par Ferney . Je le voudrais. Quel jour pour moi ! que je mourrais content ! »

1 Faire-vite . Le nom suggère celui des pères des Lettres d'Amabed, Fra molto et Fra tutto ; voir : https://fr.wikisource.org/wiki/Les_Lettres_d%E2%80%99Amabed

2 V* cite cette épigramme dans le Dictionnaire philosophique à l'article « Auguste Octave » : https://fr.wikisource.org/wiki/Dictionnaire_philosophique/Garnier_(1878)/Auguste_Octave

04/07/2018

Je ne connais que les princes protestants qui se conduisent raisonnablement. Ils tiennent les prêtres à la place où ils doivent être, et ils vivent tranquilles (quand la rage de la guerre ne s’en mêle pas)

... Mon pauvre Voltaire, ce n'est malheureusement plus d'actualité .

 

 

« A Louise-Dorothée von Meiningen, duchesse de Saxe-Gotha

19 juillet [1763] 1

Madame, on n’est pas si raisonnable à Genève que l’est Votre Altesse Sérénissime. Il y a beaucoup de philosophes, à la vérité, qui ont un profond mépris pour les infâmes superstitions que le vicaire savoyard semble avoir détruites dans l’Emile de ce pauvre Rousseau. L’article de ce vicaire vaut mieux sans doute que tout le reste du livre. Il est goûté des grands et des petits, et cependant il est anathématisé par le conseil, qui est un peu l’esclave des prêtres. Tout est contradiction dans ce monde. Ce n’en est pas une petite de condamner ce qu’on estime et ce qu’on croit dans le fond de son cœur. Deux cents citoyens ont réclamé contre l’arrêt du petit conseil de Genève, mais bien moins par amitié pour Jean-Jacques que par haine pour les magistrats. Leur requête n’a rien produit, et Jean-Jacques ayant renoncé à son beau titre de citoyen n’a plus de titre que celui de Diogène. Il va transporter son tonneau en Écosse 2 avec milord Maréchal. Ce pauvre diable traîne une vie misérable, et le pape est souverain avec quinze millions de revenu. Voilà comme va le monde.

Nous autres Français, nous chassons les jésuites ; mais nous restons en proie aux convulsionnaires. Je ne connais que les princes protestants qui se conduisent raisonnablement. Ils tiennent les prêtres à la place où ils doivent être, et ils vivent tranquilles (quand la rage de la guerre ne s’en mêle pas).

Madame, j’ai l’honneur de vous envoyer un petit catéchisme qui m’a paru assez raisonnable 3.

Agréez mon profond respect.

V. »

1 Le lendemain 20 juillet 1763, d'Alembert écrit de Potsdam, à un correspondant non identifié, : « Le roi [Frédéric II] me parle souvent de Voltaire, et en e vérité, on ne peut pas mieux sur tous les points . On ne saurait avoir l'esprit plus droit et le goût plus juste que l'a ce prince . »

2 Si Rousseau eut cette intention, il n'y donna pas suite . Dans la lettre du 9 juillet 1763 à laquelle répond V*, la duchesse de Saxe-Gotha écrit : « Je suis charmée d'apprendre que Jean-Jacques soit rétabli dans sa patrie comme citoyen . C'est ainsi au moins que j'explique l'anecdote que vous avez la bonté monsieur de le mander .[...] qu'il soit chrétien ou non je l'estime de tout mon cœur parce que je le crois de bonne foi un véritable honnête homme . Milord Maréchal que j'ai vu ici il y a quelques semaines en fait son idole .[...]. »

03/07/2018

Si vous avez du loisir, amusez-vous

... étonnant petit Laurent !  Le bac à huit ans !!

Si les maths  sont pour toi une passion invincible, grand bien te fasse, mais tu n'es pas un ordinateur, joue , chante, fais de la musique, du sport, des bêtises , adopte un chat-tortue-kangourou-axolotl , rêve , ...

 

 Si jeune, si savant , si ignorant des choses de la vie

 https://www.demotivateur.fr/article/en-belgique-un-enfant...

 

 

« A Henri Rieu 1

17 juillet 1763

Mon très cher corsaire, tout le monde vous regrette et vous devez vous en douter . Notre petite troupe de Ferney soupire . Vous voilà donc hollandais , tâchez de l’être le moins longtemps que vous pourrez .

Si vous avez du loisir, amusez-vous à lire la tragédie sainte de Saül et de David . Si vous aimez à gratifier le public faites un recueil pour l'édification des saintes âmes, et croyez que la mienne est à vous bien tendrement .

V. »

02/07/2018

Je ne suis content ni du tripot de la comédie, ni de celui du parlement

... mais je suis particulièrement heureux d'avoir regardé Les Héritiers : https://www.programme-tv.net/news/cinema/210014-les-herit...

Remarquable film , remarquablement programmé le jour de l'hommage à Simone Veil et son époux entrant au Panthéon ( infiniment plus passionnant que le mondial de foot ) , émouvant et encourageant . A ne pas manquer lors de sa rediffusion que j'estime indispensable .

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

A Ferney 15è juillet 1763

Il n'y a point de cas pareil monseigneur ni de billet pareil . Je crois qu'il y a un an ou deux ou trois, on me demanda un rôle pour Mlle Hus . Je donnai mon consentement . Je crus quand vous me donnâtes vos ordres qu'il en était comme des testaments dont le dernier annule tous les autres , et l’envie de vous obéir est toujours ma dernière volonté . Je ne me souviens point du tout d'avoir donné aucun rôle cette année . Je n'ai aucun ambassadeur au tripot et vous êtes maître absolu . Il est vrai qu'on dit que votre protégée 1 n'est que jolie . Tant mieux, vous la formerez, cela vous amusera . Quel reproche avez-vous à me faire s'il vous plait monsieur Grichard ?2 pourquoi grondez-vous ? à qui en avez-vous ? serait-il que vous dussiez amener ici madame votre fille ? Venez, logez aux Délices, vous y serez très commodément, si mieux n'aimez Ferney .

Je ne suis content ni du tripot de la comédie, ni de celui du parlement . Mais je suis si heureux à Ferney que rien ne peut me chagriner, pas même ma santé, et la mort qui approche .

Je vous souhaite vie longue et gaie .

Respect et tendresse .

V. »

2 M. Grichard est un personnage du Grondeur, de Brueys , mais les paroles en italique ne sont pas dans la pièce . Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/David_Augustin_de_Brueys

et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k574719/f6.image

01/07/2018

si j'avais de la santé et de la jeunesse, vous n'en seriez pas quitte pour une simple lettre

... Je vous laisse deviner ce qui pourrait arriver alors ...

 

 

« A Ponce Dehaye-Polet, 1 Minime

à Doubrane

près de Cirey, par Vassy

en Champagne

Au château de Ferney

par Genève 15 juillet 1763

Pardonnez, monsieur, à un vieillard malade et presque aveugle, si je ne vous ai pas remercié plus tôt de votre prose flatteuse et de vos jolis vers 2; si j'avais de la santé et de la jeunesse, vous n'en seriez pas quitte pour une simple lettre . Vous avez tant d'esprit que je vous plains d'être minime ; vous me paraissez plus fait pour l'eau d'Eripocrine 3 que pour l'huile du bonhomme napolitain qui ne guérit pas Louis XI .

J'ai l'honneur d'être bien véritablement, monsieur,votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire. »

2 Vers non identifiés ; le premier ouvrage publié de Dehaye, Marcellus, 1765, est un plaidoyer en faveur de la tolérance : https://books.google.fr/books?id=0hMzAQAAMAAJ&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false

3  Ou plutôt Hippocrène .