31/08/2018
Comme vous m'avez dit que vous couriez tout le jour pour avoir toutes les raretés du pauvre pays
... cessez de vous poser la question, monsieur le président et monsieur le premier ministre : "prélèvement de l'impôt à la source ou pas ?". Les pays où cela se pratique n'ont pas passé des mois et des années à se demander si les contribuables seraient chagrinés, vexés, inquiets, frustrés . Soyons raisonnables et lucides , cette forme de prélèvement est plutôt un soulagement, il n'y a plus à se dire "Oh ! là, là ! J'ai trop dépensé et j'ai mon tiers provisionnel à payer . Je fais un découvert ? un emprunt ? une kyrielle de courriers pour avoir un délai ?", ce qu'on touchera au bout du mois sera du cash totalement disponible et c'est tout , on n'en sera ni plus riche ni plus pauvre qu'avant .
Il serait regrettable qu'on se retrouve avec un gouvernement "à la Hollande", style "j'y va-t-y, j'y va-t-y pas ! oula, j'y va plus "
http://www.lefigaro.fr/politique/le-scan/2018/08/30/25001...
« A Jean-Philippe Fyot de La Marche
A Ferney, 6 septembre [1763]
Monsieur,
Comme vous m'avez dit que vous couriez tout le jour pour avoir toutes les raretés du pauvre pays de Genève, j'en ai moins de remords de ne vous pas faire ma cour aux Trois Rois, mais je suis inconsolable d'avoir profité si peu de votre apparition chez les Allobroges . Je vous supplie de pardonner à ma misérable santé qui s'oppose à mes devoirs et à mes plaisirs . Agréez au moins le respect et l'attachement avec lesquels j'ai l'honneur d'être, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.
M'est-il permis de présenter mon respect à Mme de La Marche et à vos compagnons de voyage ?»
09:15 | Lien permanent | Commentaires (0)
30/08/2018
Voilà les éclaircissements que je peux vous donner
... ou pas " dit Emmanuel Macron à nos partenaires Danois, avant de conclure par un trait d'humour grinçant et un constat où malheureusement il a raison à propos du " Gaulois réfractaire au changement" .
Nous verrons bientôt comment le ministre de l'Education peut faire changer la vie des professeurs, et s'il le peut, ce genre de Gaulois ayant le changement en horreur pratiquement, même s'il le prône théoriquement ; à suivre : https://www.parismatch.com/Actu/Politique/Jean-Michel-Bla...
[Au ministère], [le changement de direction] [est d'actualité .]
-"Where is the predicat ?"
-"The predicat is dans la tête d'enseignants qui compliquent le vie à nous "
http://www.charivarialecole.fr/archives/277
« A Marc-Antoine-Jean-Baptiste Bordeaux de Belmont
à Bordeaux
Aux Délices par Genève
4è septembre [1763] 1
Vous pardonnerez, monsieur, à un vieillard malade s'il n'a pas répondu plus tôt à votre lettre du 6è august. Je suppose que vous avez l'édition d'Olympie faite par les frères Cramer 2. Il y en a une donnée à Manheim par M. Collini, secrétaire intime de l’Électeur ; on y trouve un détail assez instructif de la manière dont le 5è acte doit s'exécuter . L'actrice qui jouait Olympie sur le théâtre de Manheim se précipitait du haut d'une estrade sur un matelas, entre deux rangs de flammes, et on jetait de l'orcanson 3 qui augmentait encore le feu 4.
Voilà les éclaircissements que je peux vous donner . Je crois que les Cramer auront achevé dans deux mois l'édition de Corneille .
J'ai l'honneur d'être, monsieur, avec tous les sentiments que je vous dois, votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire. »
1 Belmont est le nom de théâtre de l'acteur Bordeaux, dont la lettre n'est pas connue .
2 A ce propos voir : Genève, Paris ou Rouen? Quel modèle pour les contrefaçons liégeoises du Caffé et d’Olympie de Voltaire? par Daniel Droixhe : http://www.swedhs.org/ebibliotheque/articles/caffeolympie.html
3 Sur cette forme orcanson, voir lettre du 4 décembre 1758 à Capacelli : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2013/12/21/une-femme-quand-elle-est-jolie-est-mieux-coiffee-pour-un-ecu-5252181.html
4 Olympie , V, 7 .
09:27 | Lien permanent | Commentaires (0)
J'ai essayé de faire l'inscription en deux vers de plusieurs manières . Je n'ai été content d'aucune
... Ô Parcoursup ! supplice de la question ! quels aveux attends-tu de tous ces bacheliers qui veulent se dédier à des études en col blanc, dédaignant tout apprentissage de métier manuel dont on a pourtant infiniment plus besoin que d'experts commerciaux ?
Culture Mc Do ! quand tu nous tiens ...
« A Etienne-Noël Damilaville
3 septembre [1763] 1
J'ai essayé de faire l'inscription 2 en deux vers de plusieurs manières . Je n'ai été content d'aucune .
Il y a assez d'espace sur le piédestal pour quatre vers en faisant les lettres un peu plus petites .
Je crois que l'inscription suivante conviendrait assez :
Esclaves prosternés 3 sous un roi conquérant
De vos pleurs arrosez la terre 4.
Levez-vous citoyens, sous un roi bienfaisant,
Enfants bénissez votre père .
J'ai déjà écrit à M. Pigalle 5. Je prie M. Thieriot de lui faire mes très humbles compliments . »
1 L'édition Lettres inédites donne cette lettre pour Thiriot ; l''erreur est corrigée par Clogenson . Pour le quantième, , 4 est corrigé en 3 sur le manuscrit .
2 Voir lettre du 10 août 1763 à Pigalle : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2018/07/29/je-desespere-d-en-venir-a-bout.html
3 V* a d'abord écrit accablés .
4 On trouve, biffé : Prosternez-vous, frappez la terre .
5 Lettre déjà citée ci-dessus, à moins qu'il ne s'agisse d'un billet pour lui envoyer le quatrain et qui ne nous serait pas parvenu .
08:49 | Lien permanent | Commentaires (0)
29/08/2018
Il m’a toujours paru que MM. les libraires avaient, pour la probité, une extrême négligence
... Et cette "rentrée littéraire" 2018, avec je crois près de 500 ouvrages, n'est pas faite pour contredire Voltaire . Quelle probité trouver pour l'édition de cette somme ? C'est un commerce , mesdames et messieurs, c'est même un commerce de gros quand un prix quelconque est attribué , en respectant bien sûr l'alternance et le renvoi d'ascenseur de nos éditeurs/fournisseurs : à toi le Goncourt, à moi l'Interallié, à toi le Renaudot, à moi le Médicis, à toi le Fémina, etc.
Partage du gâteau qui, bien entendu, pour des éditeurs est un millefeuille !
Lqissons là la littérature, et revenons aux choses essentielles ...
« A Etienne-Noël Damilaville
1er septembre [1763]
J’ai reçu la tragédie hébraïque 1 dont mon cher frère a bien voulu me régaler . Cet ouvrage est sans doute de quelque jeune prêtre gaillard, tout plein de sa sainte Écriture, lequel a travaillé dans le goût du révérend père Berruyer. L’éditeur est aussi un plaisant ; les noms des personnages sont à faire mourir de rire . La Pythonisse fameuse sorcière en Israël, etc.2 Mais l’éditeur a un peu manqué à la probité en fourrant là mon nom . Il m’a toujours paru que MM. les libraires avaient, pour la probité, une extrême négligence.
Je ne crois pas qu’on soit assez bête à Paris pour traiter sérieusement les amours du bon roi David. Je voudrais bien savoir si Le Franc de Pompignan a traduit en vers magnifiques la belle chanson de l’oint du Seigneur : Beatus qui tenebit et allidet parvulos ad petram 3. L’oint du Seigneur était furieusement vindicatif.
Vous avez raison, mon cher frère, il n’y a rien de si difficile que de faire une bonne inscription en deux vers pour une statue, et surtout dans le temps présent.
Si on envoie des troupes en Normandie, cela gâtera les deux vers 4. Je vous demande encore en grâce, mon cher frère, de vouloir bien faire parvenir à M. Mariette ces questions pour mon affaire temporelle et spirituelle.
A l’égard de mes trois vingtièmes, je crois que M. de Marinval vérifie les états du receveur de Gex . En tout cas, j’ai payé, et si le parlement de Dijon rend un arrêt contre les vingtièmes, il ne me fera pas rendre mon argent.
Vous devez avoir des honnêtes gens de reste 5. Vous en êtes-vous défait pour le bien des âmes ? J’ai grand’peur que cette tragédie de Saül ne fasse grand tort à l’Ancien Testament . Car enfin tous les traits rapprochés du bon roi David ne forment pas le tableau d’un Titus ou d’un Trajan.
M. Hut, qui a fait imprimer à Londres l’Histoire de David 6, l’appelle sans façon le Néron de la Palestine. Personne ne l’a trouvé mauvais ; voilà un bien abominable peuple !
Tendresse aux frères.
Ecr. l’inf. »
1 Saül et David .
2 Ces derniers vers signalent un acheminement vers Le taureau blanc .
3 Heureux celui qui tiendra les petits enfants et les brisera contre la pierre ; Psaumes, CXXXVI, 9 de La Vulgate : https://fr.wikisource.org/wiki/Livre_des_Psaumes_-_Crampo...).
4 Pour la statue de Louis XV à Reims .
5 Le Catéchisme de l'honnête homme .
6Voir la lettre du 18 octobre 1761 à Le Bret : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2016/10/06/je-m-apercois-depuis-longtemps-que-rien-n-est-si-rare-que-de-5856229.html
00:20 | Lien permanent | Commentaires (0)
28/08/2018
J'ai l’honneur d’être avec beaucoup de respect, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur
... signé : Nicolas Hulot
28è auguste 2018 ."
Auguste ! oui, car le rôle de clown blanc est déjà pris, et celui qui reçoit les coups de pied aux fesses et les tartes à la crème tire le rideau . Ecologie , politique et intérêts économiques ne font pas bon ménage sous nos cieux .
Bonnes vacances Monsieur Hulot , et félicitations .
"Que vouliez-vous qu'il fît ?"
« A Jean-Philippe Fyot de La Marche
Monsieur,
Si j'avais de la santé, je n'aurais pas l'honneur de vous écrire . J'irais au-devant de vous, pour vous supplier très instamment, de venir débarquer dans mon petit ermitage, où vous serez du moins mieux couché que dans une hôtellerie de Genève . Mme de La Marche se reposerait de ses fatigues .
J'envoie à Gex, en cas que vous passiez par Gex ; et à Meyrin, si vous passez par Meyrin . J'attends avec impatience le bonheur de vous faire ma cour .
J'ai l’honneur d’être avec beaucoup de respect,
monsieur,
votre très humble et très obéissant serviteur
Voltaire.
À Ferney mercredi matin 31è august [1763]. »
11:04 | Lien permanent | Commentaires (0)
Mon cher président quand vous me mandez qu'on viendra dans mon petit pays, pourquoi ne me mandez-vous pas que vous viendrez aussi ?
... Serait-ce parce que vous y vîntes déjà récemment pour inaugurer la réouverture au public de mon modeste château, mon ermitage ? Je vous signale que je peux mettre en eau la carpière ( pour laquelle j'ai dépensé moult livres tournoi ) bien supérieure à votre baignoire de Brégançon . Laissez-vous tenter . Mes respects à madame Macron, et je reste , monsieur , votre très obéissant serviteur .
P.S.- Embrassez la petite sirène pour moi ."
Noter la mise aux normes avec rampe pour accès aux p.a.m.r. [sic]
http://www.tierslivre.net/krnk/spip.php?article1332http:/...
« A Germain-Gilles-Richard de Ruffey
président
à Dijon
30è auguste 1763 à Ferney
Mon cher président quand vous me mandez qu'on viendra dans mon petit pays, pourquoi ne me mandez-vous pas que vous viendrez aussi ? Je ne réponds point à monsieur le premier président 1 qui a bien voulu me faire part de son voyage . Vous m’avez mandé qu'il serait le trente et un dans le pays genevois . Ma réponse est de l'attendre . Je voudrais bien aller voir le père à La Marche mais je perds la vue, je n'ai point de santé, et je ne peux quitter ni Corneille qui est bientôt fini ni mes ouvrages de campagne que je préfère infiniment à Pertharite, à Théodore, Suréna, Attila, Othon, Pulchérie etc., qui ne valent pas un char de regain .
Je vous aime, je vous estime, je vous respecte .
V. »
1 Jean-Philippe Fyot de La Marche auquel il écrit pourtant le lendemain .
00:42 | Lien permanent | Commentaires (0)
27/08/2018
J'ai peur que les représentations de nos parlementaires ne soient d'une conséquence plus dangereuse que les remontrances de vos bourgeois faites en procession
...
« A Ami Camp
A Ferney 29 auguste [1763] 1
Mon cher correspondant je présume que M. Tronchin a reçu le montant des lettres de change de M. Turkeim de Strasbourg par moi endossés en votre nom , et à vous envoyées le 27 juillet . Elles sont toutes du 2 mai à trois usances 2 et composent la somme de 11200 livres . Elles doivent avoir été payées à Paris vers le 12 août courant . Vous me ferez plaisir de me faire remettre cette somme en or à Genève . Je vous serai fort obligé .
J'attends le cabriolet que vous avez eu la bonté d’ordonner à Lyon pour moi .
J'ai peur que les représentations de nos parlementaires ne soient d'une conséquence plus dangereuse que les remontrances de vos bourgeois faites en procession à l'occasion de Jean-Jacques . Ce Jean-Jacques fait du bruit à Genève mais il ne sera jamais compris dans les banqueroutes d’Amsterdam . Tout notre petite famille vous fait les plus tendres compliments . »
1 Le manuscrit se trouvait en dernier lieu dans la collection d’Édouard Champion à Paris .
2 Le mot « usance » désigne un « délai de trente jours donné à celui sur qui est tirée une lettre de change pour la payer « .
10:15 | Lien permanent | Commentaires (0)