25/04/2009
il y griffonne son innocence et la barbarie visigothe
Un p'tit beurre, des tous yous !! Yeah !! Happy birthday to me !!
Merci à Babeth qui m'a gâté gentiment en flattant mon goût de screwy squirrel (écureuil fou) avec une énorme tablette de chocolat aux noisettes . Le pied, mes amis ...
Ne vous laissez pas prendre par le langage codé de Volti ! Rubans, petits rubans, Volti se lancerait-il dans la haute couture, lui qui jouait si bien au représentant de commerce de luxe en ventant et vendant des bas de soie (faits de ses blanches mimines, bien sûr !) ?
Non point, traduisez, petits rubans=petits formats de livres , in-octavo, et étoffes larges=in quarto.
« A Etienne –Noël Damilaville
A Monsieur Joaquim D’Eguia Marquès de Marros, à Ascoitia par Bayonne en Espagne
C’est mon cher frère, l’adresse d’un adepte de beaucoup d’esprit qui s’est adressé à moi et qui brûlerait le grand inquisiteur s’il en était le maître [comme dans La Princesse de Babylone, 1768]. Je vous prie de lui envoyer par la poste un des rubans d’Angleterre qu’un fermier général vous a apportés [Le Catéchisme de l’Honnête Homme, apporté par Delahaye]. Cette fabrique prend faveur de jour en jour malgré les oppositions des autres fabricants qui craignent pour leur boutique. Ces petits rubans sont bien plus commodes et d’un débit plus aisé que des étoffes plus larges. On en donne à ceux qui savent les placer. Envoyez-en un à Mme la marquise du Deffand à St Joseph, deux à Mme la marquise de Coaslin, [= de Coislin] à l’hôtel Coaslin, rue St Honoré.
Sirven est chez moi, il y griffonne son innocence et la barbarie visigothe. Nous achevons, le temps presse ; voici un mot pour le véritable Élie [avocat Élie de Beaumont qui a déjà défendu les Calas] avec les pièces. Nous les adressons à vous mon cher frère, dont la philosophie consiste dans la vertu autant que dans la sagesse. Ecr[asez] l’Inf[âme].
Voltaire
22 avril 1765. »
13:00 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, damilaville, sirven, innocence, barbarie
19/04/2009
Point de bruit si je ne le fais
Juste pour me remettre à jour !!
« A Etienne-Noël Damilaville
Mon cher frère, je suis confondu, pétrifié ; c’est donc un secret que l’expulsion des jésuites, puisqu’il est défendu d’en parler ? [ouvrage de d’Alembert « Sur la destruction des Jésuites en France » ; suspendu de publication]. Point de bruit si je ne le fais est donc la devise des maîtres des actions et des pensées des hommes ? J’espère au moins qu’on ne perdra rien pour attendre, et que dans quelque temps ce charmant ouvrage paraîtra. Les Bazin de Hollande [livres de l’edition de La Philosophie de l’histoire, qu’il attribue à l’abbé Bazin] n’étaient pas encore arrivés quand M. Delahaye [fermier général] partit avec les Caloyer [= « Catéchisme de l’honnête homme ou Dialogue entre un caloyer et un homme de bien »]. Ces Caloyer m’ont paru fort augmentés, et capables de faire beaucoup de bien .Vous avez une petite liste des personnes auxquelles on peut en envoyer, et vous trouverez sans doute quelque adepte qui se chargera aisément du reste.
Les Bazin sont d’un genre tout différent . Ils ne me semblent pouvoir faire fortune qu’auprès de ceux qui connaissent un peu l’histoire ancienne. Je crois qu’ils n’essuieront pas le sort de la Destruction. L’étiquette du sac n’inspire pas la même défiance. Le nom seul de jésuite effarouche la magistrature. On examine l’ouvrage dans l’idée d’y trouver des choses dangereuses. Des fatras d’histoire donnent moins d’alarme. La destruction des Babyloniens par les Persans effarouche moins que la destruction des jésuites par les jansénistes.
L’enchanteur Merlin [libraire Merlin] est très instamment prié de n’en pas faire une édition nouvelle avant de faire écouler celle d’un pauvre diable à qui on a donné ce petit morceau pour le tirer de la pauvreté. Je crois que l’enchanteur se tirera bien de sa seconde édition ; l’ouvrage m’a paru assez curieux et assez neuf. Je n’en ai envoyé que quelques feuilles en divers paquets à M. d’Argental, sous le couvert d’un ministre. Mandez-moi, mon cher frère, si je puis en user de même avec vous, en me servant de l’adresse de M. Gaudet [directeur général des vingtièmes, supérieur de Damilaville], et en lui adressant les paquets par Lyon.
Je ne verrai Gabriel [Cramer] que dans quelques jours. C’est un petit voyage d’aller de Genève chez moi, l’allée et le retour prennent une journée.
Mon cher frère, je vous embrasse. Ecr[asez] l’Inf[âme].
Voltaire
19 avril 1765. »
Et puisqu'il était question de jésuites, parlons de JESUS, ou plutot chantons le !!
http://www.youtube.com/watch?v=12cBaujFBCM
Vive Jean Yanne ! Il me manque ...
Bonne semaine (et au delà bien sur !) ...
Allez, encore une petite chanson pour la route : http://www.youtube.com/watch?v=_B_fpDpenIY&feature=re...
19:18 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, bazin, damilaville, jésuite, janséniste, bruit
21/02/2009
Cette querelle n’est pas prête à finir,
La journée commence bien, soleil, bon gel, air sec, vent nul, Banania, miel. Jusque là tout va bien. Et puis, vers 8h20, sur la RSR1 (émission « le grand 8 ») où il est question de la « rédemption » de Mickey Rourke, je ne sais pas exactement quel journaliste –Antoine Duplan, je pense- admirateur éclairé de quelques films tournés avec Mickey R*, ose émettre cette co…ie magistrale : « James Dean n’a tourné que trois films, tous les trois mauvais ! ». Bougre de tête à claques ! « La fureur de vivre », « A l’est d’Éden » et « Géant » : mauvais ?! Je n’aurais pas eu la patience de Jean-Luc Bideau, invité de l’émission, qui a pris la défense de ces films, à mon gré trop mollement, - pour une fois infidèle à son image de trublion et rentre-dedans. Dommage !! Monsieur le critique de cinéma, je vous laisse à votre admiration du Mickey et son œuvre impérissable (car bien conservée dans l’alcool !!). Me faire un coup comme ça, au petit déj, ce n’est pas charitable ! Si vous avez l’occasion de voir les trois films cités, allez-y sans crainte. Je vous parle sans haine et sans peur, et je dois ajouter qu’un de mes livres favoris est « A l’est d’Éden » de John Steinbeck. Cet auteur est « top niveau » à mes sentiments. En cette période de crise, certains seraient bien inspirés de lire « Les raisins de la colère » ! Colère surchauffée dans nos iles tropicales où l’on retrouve une ambiance de république bananière : hors-la-loi et dictature de la peur. Le sang a coulé, des chômeurs malintentionnés ont trouvé un nouveau job : fauteur de trouble. « Vacances » musclées pour les gardes mobiles ; ils ne reviendront surement pas bien bronzés, le casque est supérieur comme isolant et pour arrêter les cailloux meilleur que l’ « écran total ». Tristes tropiques !!!
« A Etienne-Noël Damilaville
Mon cher frère, j’ai lu une partie de ce Pluquet [Examen du fatalisme, ou Exposition et réfutation des différents systèmes de fatalisme qui ont partagé les philosophes sur l’origine du monde, sur la nature de l’âme… 1757, abbé André-Adrien Pluquet]. Cet homme est ferré à glace pour la métaphysique ; mais je ne sais s’il n’a pas fourni un souper dont plusieurs plats seraient assez du goût des spinozistes. Je voudrais bien savoir ce que les d’Alembert, les Diderot pensent de ce livre.
La Destruction doit être partie ou partira à la fin de cette semaine. Je ne suis pas exactement informé, trois pieds de neige interrompent un peu la communication. Je crois que cette neige refroidira les esprits de Genève qui étaient un peu échauffés ; on disputera, mais il n’y aura point de guerre civile [V* : « Le peuple qui se croit le souverain veut culbuter le pauvre petit gouvernement… Cette querelle n’est pas prête à finir, la démocratie ne pouvant subsister quand les fortunes sont trop inégales… » 25 janvier. Le 7 février, mille Représentants avaient apporté leurs revendications à la Maison de Ville, demandant entre autre la convocation de Conseil général].
Je crois que j’ai très bien pris mon temps pour me tirer de la cohue, et pour me défaire des Délices, [V*, 12 janvier : « Je remets à Monsieur Robert Tronchin la maison sur le territoire Saint Jean nommée les Délices avec toutes les dépendances suivant l’accord fait entre nous »], d’autant plus que mon bail était fini, et que je ne l’avais pas renouvelé. Un M. Labat qui avait dressé les articles du contrat me faisait quelques difficultés [ les transformations faites par V* sont qualifiées de « dégradations », M. Labat dit que si on a changé les cheminées de plâtre pour du marbre, il doit payer le plâtre ! ] comme vous l’avez pu voir. Ces difficultés ont du vous paraître extraordinaires, aussi bien que le contrat même. On ne ferait pas de tels marchés en France. Celui-là est plus juif que calviniste.
Je me flatte que tout s’accommodera à l’amiable, et beaucoup plus facilement que les affaires de Genève. MM. Tronchin qui sont mes amis m’y aideront [ de J-R Tronchin à son frère François : « il ne faut avoir ni difficultés ni procès, et je t’avoue que j’aime mieux être lésé que de lutter contre V. » ]; mais je serai toujours bien aise d’avoir le sentiment de M. Elie de Beaumont au bas de mes petites questions. J’attends avec impatience son mémoire pour les Calas [ Mémoire pour dame Anne-Rose Cahibel, veuve Calas, et pour ses enfants ]. Voilà un véritable philosophe, il venge l’innocence opprimée ; il n’écrit point contre la comédie ; il n’a point un orgueil révoltant, il n’est point le délateur de ceux dont il aurait dû être l’ami et le défenseur. Le cœur me saigne de deux grandes plaies, la première que Rousseau soit fou ; la seconde que nos philosophes de Paris soient tièdes. Dieu merci vous ne l’êtes pas. Vous m’avez glissé deux lignes dans votre lettre du 12 février qui font la consolation de ma vie.
Je soupçonne que le paquet de Franche-Comté est tombé entre les mains des barbares. Il faut mettre cette petite tribulation aux pieds du crucifix. Je me recommande à vos saintes prières. J’entre aujourd’hui dans ma soixante et douzième année, car je suis né en 1694, le 20 février et non le 20 novembre comme le disent les commentateurs mal instruits [ le petit François-Marie, « né tué » comme il le dira, est déclaré né le 21 novembre 1694 sur son acte de baptême ; en réalité il serait né le 20 février, ondoyé, et seulement baptisé en novembre ]. Me persécuterait-on encore dans ce monde à mon âge ? Cela serait bien welche .Je me flatte au moins qu’on ne me fera pas grand mal dans l’autre. Je vous embrasse bien tendrement. Ecr[asez] l’Inf[âme].
Voltaire
20 février 1765. »
PS- cette note aurait dû paraître hier vendredi mais j'avais plusieurs fers au feu, entre autre, la préparation d'une assemblée générale de donneurs de sang bénévoles qui a mon grand plaisir s'est bien déroulée.
Puisqu'on parle d'anniversaire et que Volti n'aime pas trop les contrats juifs : http://www.juif.org/video/3925,gad-elmaleh-l-anniversaire...
15:21 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, james dean, mickey, colère, damilaville, pluquet, tronchin
20/01/2009
Nous autres Français respectons le droit des gens, surtout avec les Turcs.!
Ce jour, dit historique, -que je juge quasi hystérique,- qui voit à la présidence des USA un homme de couleur sombre ( comme diraient quelques mieux -disant culturels ! ), aux idées lumineuses pour ceux qui espèrent voir la fin de la crise ( avant de l'avoir prise en pleine figure! ), la fin de guerres inutiles ( utiles pour l'industrie via l'armement ! ), un mieux dans leur vie de tous les jours, du boulot, des dollars, un pays respecté ( sinon respectable ! ), une belle voiture, des enfants obéissants et studieux, une femme fidèle , des maris-amants ( ou aimants pour les romantiques ! ), et un raton-laveur ... Les Etats-Uniens me semblent être le peuple dit élu qui marchait dans le désert attendant la manne céleste et l'eau qui jaillit des rochers . Pour l'instant, beaucoup ont les mains sales, font tomber des bombes et jaillir des larmes . Out Bush ! Good luck M . Obama !
Mais soyons optimistes, retrouvons un petit nombre d’élus, serviteurs d’Apollon et du plaisir !
« A Pierre-Robert Le Cornier de Cideville
Le plus ambulant de vos amis, le plus écrivain, et le moins écrivant, se jette au pied de l’autel de l’amitié et avoue d’un cœur contrit sa misérable paresse. J’aurais dû vous écrire de Paris et de Cirey, mon aimable Cideville. Fallait-il attendre que je fusse en Franche-Comté ? Nous en partons d’aujourd’hui en huit, nous retournons à Cirey passer quelques jours, et de là nous faisons un petit tour à Paris. Nous y logerons dans la maison de Mme la comtesse d’Autrey, près du Palais –Royal, qui appartient à la dame de la ville de Gray où nous sommes actuellement. Je ne sais si Mme du Châtelet vous a fait tout ce détail dans sa lettre, mais je vous dois cette ample instruction de mes marches, pour avoir sûrement quelque lettre de vous à mon arrivée à Paris.
Ne serez-vous point homme à passer dans cette grande capitale des bagatelles une partie du saint temps de carême ? N’ai-je pas entendu dire que le philosophe Fromont y doit venir ? Il serait très doux, mon cher ami, de nous rassembler un petit nombre d’élus, serviteurs d’Apollon et du plaisir. Je ne sais pas trop comment vont les spectacles ; voilà ce qui m’intéresse, car pour le spectacle de l’Europe, les armées d’Allemagne et la comédie de Francfort, je n’y jette qu’un coup d’œil. Je paie mon dixième pour être un moment debout au parterre, et je n’y pense plus. Mais nous manquons d’acteurs à la Comédie française, c’est là l’objet intéressant. J’ai plus besoin de voir Dufresne remplacé que de voir Maximilien de Bavière sur le trône de Charles VI. Un grand comédien d’Allemagne, nommé le roi de Prusse, m’a mandé qu’il aurait La Noue. D’un autre côté on se flattait de l’avoir à Paris, et je voudrais bien que La Noue fit comme moi, qu’il quittât les rois pour ses amis. Je ferai jouer Mahomet s’il vient dans la troupe, supposé, s’entend, que j’ai retaillé, recoupé, relimé, raboté, rebrodé, le tout pour vous plaire, car il faut commencer par vous, et je serai sûr du public. J’aurai encore le temps d’attendre que l’ambassadeur turc soit parti, car en vérité il ne serait pas honnête de dénigrer le prophète pendant qu’on nourrit l’ambassadeur, et de se moquer de sa chapelle sur notre théâtre. Nous autres Français respectons le droit des gens, surtout avec les Turcs.
Mon Dieu, mon cher ami, que je voudrais vous retrouver à Paris pendant notre ramasan ! Car que je fasse jouer ou non mon fripon, je n’y resterai pas longtemps. Il faut encore aller boire à Bruxelles la lie du calice de la chicane, et végéter deux ans dans le pays de l’insipidité. Quelques étincelles de votre imagination, et quelques jours de votre présence me serviraient d’antidote. Je cours grand risque de rester encore deux ans au moins chez les barbares. Ne pourrai-je avoir la consolation de vous voir deux jours ? Adieu, mon cher ami, à qui mon cœur est uni pour toute ma vie. Je vous embrasse bien tendrement.
V.
Ce 19 janvier 1742, à Gray en Franche-Comté. »
Voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre-Robert_Le_Cornier_de_Cideville
15:50 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voltaire, turc, damilaville, comédie, careme