Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

25/01/2010

l’intolérance est aussi absurde qu’horrible

Suite à une charmante visite de l'équipe clunysienne ce jour au château de Voltaire , une visite "éclairs" ( au chocolat, et je m'en lèche encore les doigts !! ) , je me permets de leur faire un peu de pub pour le grand évènement qui va bien les occuper cette année : cluny a 1100 ans . Mazette ! Ils ont déjà plus de cent mille visiteurs par an, combien vont-ils en avoir cette fois ?

http://www.cluny2010.eu/

http://www.dailymotion.com/video/x98l2f_cluny-2010-en-lum...

moines cluny.jpg

Vous pouvez constater que l'esprit de tolérance est vif chez les voltairiens !

Et l'esprit de moquerie tout autant, ce qui justifie ce lien : http://www.youtube.com/watch?v=HE1sf-pDoUs

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais dans le style kitch, il est difficile de faire mieux sur le sujet . Je ne sais si je  dois rire ou admirer l'art et la manière de "lire-chanter le Bottin" ou ici, le document de visite .

J'ai peur qu'un jour un trouvère complètement allumé vienne conduire  la visite à Ferney ! Je suis certain que ça aurait son charme, mais bon, nous avons assez de jours de pluie ici, n'en rajoutons pas !

Je m'offre le luxe de faire de la pub pour un monument "diablement"  fréquenté, cible entre autres de colère voltairiennes qui n'appréciait pas du tout le luxe des abbayes ni les taxes diverses qu'elles récoltaient sur le dos des plus pauvres, ceux-ci étant maintenus dans une crainte supersticieuse déplorable.

Autre temps, autres moeurs!  De nos jours l'Etat s'est substitué au clergé : les promesses de paradis laïc valent bien les promesses de paradis clérical ! Non ?

Mieux ou pire ?

Mé pi, pas pi ! comme on dit en Savoie (la "hiaute" ! )

 

Ici, il est d'actualité d'ouvrir le château dès le 3 avril, ce qui nous ferait gagner plus d'un mois d'ouverture. Je vous prie d'y penser et de profiter de cette saison où il n'y a pas encore trop de monde .

 

 

 

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

24 janvier 1763

 

                            Mon cher frère, on ne peut empêcher, à la vérité, que Jean Calas ne soit roué, mais on peut rendre ses juges exécrables, et c’est ce que je leur souhaite. Je me suis avisé de mettre par écrit toutes les raisons qui pourraient justifier ces juges, je me suis distillé la tête pour trouver de quoi les excuser, et je n’ai trouvé que de quoi les décimer.

 

                            Gardez-vous bien d’imputer aux laïques un petit ouvrage sur la tolérance qui va bientôt paraitre [il l’annonçait déjà le 6 décembre 1762 : « on dit qu’il paraitra quelque chose à l’occasion des Calas et des pénitents blancs », en spécifiant qu'« on attendrait que la révision eût été jugée »]. Il est, dit-on d’un bon prêtre ; il y a des endroits qui font frémir, et d’autres  qui font pouffer de rire ; car Dieu merci, l’intolérance  est aussi absurde qu’horrible.

 

                            Mon cher frère m’enverra donc la petite feuille qu’on attribue à M. Le Brun [La Renommée littéraire ; V* écrira à Le Brun pour lui faire part des fiançailles de Mlle Corneille le 26, et lui propose de signer le contrat (par procuration). Il écrira à Damilaville le 1er février : « C’est une aventure assez comique que j’ai eue avec Pindare-Le Brun en vous envoyant un paquet pour lui dans le temps que vous me dépêchiez ses rabâchages contre moi … Je l’accable de politesses qui doivent lui tenir lieu de châtiment.]. Mais est-il possible que Le Brun qui m’adressait de si belles odes pour m’engager à prendre Mlle Corneille et m’envoie souvent de si jolis vers, ne soit qu’un petit perfide ?

 

                            Nous marions Mlle Corneille à un gentilhomme du voisinage, officier de dragons, sage, doux, brave, d’une jolie figure, aimant le service du roi et sa femme, possédant dix mille livres de rente, à peu près, à la porte de Ferney [Claude Dupuits de La Chaux]. Je les loge tous  deux. Nous sommes tous heureux. Je finis en patriarche. Je voudrais à présent marier Mlles Calas à deux conseillers au parlement de Toulouse.

 

                            On dit la comédie de M. Dupuis [Dupuis et Desronais, comédie de Charles Collé, inspirée d’une nouvelle des Illustres Françaises de Robert Challe] fort jolie : cela est heureux. Le nom de notre futur est Dupuits [à Le Brun , il écrira que cette coïncidence « est d’un bon augure »]. Frère Thiriot doit être fort aise de la fortune de Mlle Corneille. Elle la mérite . Savez-vous que cette enfant a nourri longtemps son père et sa mère du travail de ses petites mains [Jean-François Corneille était « facteur de la petite poste dans les rues de Paris »] ? La voilà récompensée. Sa vie est un roman.

                           

                            Je vous embrasse tendrement, mon cher frère. Ecrasez l’Infâme.

 

 

 

http://www.dailymotion.com/video/x84nla_generique-les-env...

PS. : Si vous regardez bien le petit doigt de la main droite de Gunzo -moine de gauche- (un moine peut-il être de gauche ? oui, si ça lui permet de se retrouver à la droite de Dieu ! ), pour ceux qui ont suivi la série culte "Les Envahisseurs", vous voyez que David Vincent aurait déjà eu du fil à retordre au Moyen Age . Gunzo, envahisseur déguisé en moine ! Trop fort !!

 

 

 

 

10/01/2010

Nous aurons bientôt la médiation et la comédie , ce qui raccommodera tout.

"C'est comme ça qu'on aime ! Exactement ! ... "

http://video.google.fr/videoplay?docid=914129657018377759...#

 

Cicero_Reading.jpg

 Volti dans un exercice qui lui plait, endosser une fausse identité pour informer un ami . Juste pour le fun comme on dirait de nos jours, car à première vue ses propos de doivent pas encourir les foudres de la censure . Enfin, je crois ...

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

         10 janvier 1766

 

                            Vous m’avez recommandé, monsieur, de vous envoyer les petites brochures innocentes qui paraissent à Neuchâtel et à Genève. En voici une que je vous dépêche [1]. Il serait à souhaiter que nous ne nous occupassions que de ces gaietés amusantes ; mais nos tracasseries toutes frivoles qu’elles sont nous attristent . M. de Voltaire, votre ami a fait longtemps tout ce qu’il a pu pour les apaiser ; mais il nous a dit qu’il ne lui convenait plus de s’en mêler quand nous avions un résident qui est aussi sage qu’aimable. Nous aurons bientôt la médiation et la comédie [2], ce qui raccommodera tout.

 

                            Le petit chapitre intitulé Du czar Pierre et de J.-J. Rousseau [3] est fait à l’occasion d’une impertinence de Jean-Jacques, qui a dit dans son Contrat insocial [4] que Pierre Ier n’avait point de génie, et que l’empire russe sera bientôt conquis infailliblement.

 

                            Le dialogue sur les Anciens et les Modernes [5] est une visite de Tullia, fille de Cicéron, à une marquise française. Tullia sort de la tragédie de Catilina [6] et est tout étonnée du rôle qu’on y fait jouer à son père. Elle est d’ailleurs fort contente de notre musique, de nos danses et de tous les arts de nouvelle invention et elle trouve que les Français ont beaucoup d’esprit, quoiqu’ils n’aient point de Cicéron.

 

                            J’ai écrit à M. Fauche [7]. Voilà, Monsieur, les seules choses dont je puisse vous rendre compte pour le présent. J’ai l’honneur d’être, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur.

 

                            Boursier. »

 

 

         1- Le Sentiment des citoyens, attribué à Voltaire, publié le 27 décembre 1764

 

2-     Hennin ;  sur les « tracasseries de Genève », voir lettres des 3 et 10 janvier à Damilaville et aux d’Argental.

 

3-     Il sera inclus dans l’Opinion en alphabet sous le titre de « Pierre le Grand et J.-J. Rousseau ».

 

 

4-      Contrat social.

 

5-      Les Anciens et les Modernes ou la Toilette de Mme de Pompadour, paru dans les Nouveaux mélanges, 1765.

 

6-     Tragédie de Crébillon.

 

7-     Samuel Fauche, de Neuchâtel, qui semble avoir imprimé certaines des Questions sur les miracles de Voltaire.

Fi de la morosité !...

http://video.google.fr/videoplay?docid=914129657018377759...

 

 

 

04/01/2010

il n’avait été qu’un enfonceur de portes ouvertes

 

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

Ferney 3 janvier 1766

 

M. le duc de Choiseul m’a écrit, mon cher frère, qu’il avait parlé pour la pension de M. d’Alembert [L’Académie des Sciences avait demandé le report de la pension de Clairaut, mort en mai 1765, sur d’Alembert, ce qui n’est pas encore fait .] , qu’il n’y avait nul mérite et qu’il n’avait été qu’un enfonceur de portes ouvertes.

 

                            Voilà ses propres paroles [Exact, dans le billet de Choiseul du 26 décembre 1765. Il dira ensuite qu’il ne se soucie pas de l’opinion de d’Alembert et « hait à mort la vanité et la présomption philosophique »], je vous prie instamment de les rapporter à notre cher philosophe. Avouons donc que M. le duc de Choiseul a une belle âme. Ce qu’il a fait pour les Calas le prouve assez. Rendons-lui justice. Il y a eu malentendu dans la protection qu’il a donnée à l’infâme pièce de Palissot [Les Philosophes, qui suscitent polémiques ]. Il lui avait  fait entendre que les philosophes décrieraient le ministère. Nous ne devons pas avoir de meilleur protecteur que ce ministre généreux qui a de l’esprit comme s’il n’était pas grand seigneur, qui a fait de très beaux vers [Ode contre le roi de Prusse au printemps 1759 qui répondait à une ode de Frédéric contre Louis XV ; en réalité l’ode n’est pas de Choiseul, mais sans doute de Palissot], même étant ministre, qui a sauvé bien des chagrins à de pauvres philosophes, qui l’est lui-même autant que nous, qui le paraîtrait davantage si sa place le lui permettait.

 

                            Mon cher frère, tout est tracasserie, et personne ne s’entend. On m’a rendu compte de la prétendue lettre à Mme du Deffand [Est-ce celle du 16 octobre 1765 où il lui reproche son aversion pour les pauvres philosophes, ou celle du 6 novembre 1765 où il présente sa Philosophie de l’Histoire , lettre qu’il lui demande de brûler ? ], dont quelques fragments ont couru sous mon nom. Elle n’en a point donné de copies ; quelques indiscrets en ont retenu des bribes. Il s’agissait d’une mauvaise plaisanterie que je reprochais à Mme du Deffand. Vous savez en pareil cas combien on augmente  ou combien on altère le texte.

 

                            Lisez ces vers [L’Epitre à Henri IV sur ce qu’on avait écrit à l’auteur que plusieurs citoyens de Paris s’étaient mis à genoux devant la statue équestre de ce prince, pendant la maladie du dauphin.] avec vos amis ; mais n’en laissez point prendre de copies. Je ne veux pas me brouiller avec les moines de Sainte-Geneviève ; Soufflot trouverait mes vers mauvais [l’Epître disait : « La fille qui naquit aux chaumes de Nanterre / Pieusement célèbre en ce temps ténébreux (Ste Geneviève) / De l’empire français n’est point la protectrice. » . Soufflot est l’architecte de l’église Ste Geneviève.].

 

                            Je vous embrasse tendrement.

 

                            Voltaire. »

 

31/12/2009

lui mettre d’autre sang dans les veines ; celui qu’il a est un composé de vitriol et d’arsenic

 

 arsenic1.jpgSurprise ?

http://www.youtube.com/watch?v=wrEX6nSP1-c

Je ne veux cependant pas la mort du lecteur ! A consommer avec modération ! s'il en est encore temps, méfiez vous de la galette des rois "faite maison" !.... 

 

 

 

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville  vitriol1.jpg

 

31è décembre 1764

 

                            Les gens de bien, et surtout mon cher frère, doivent savoir que Jean-Jacques a fait un gros libelle [Lettres écrites de la montagne, de JJ Rousseau en réponse aux Lettres de la campagne de Tronchin (automne 1763) ] contre la parvulissime république de Genève, dans l’intention de soulever le peuple contre les magistrats [V* en citait ce passage à François Tronchin : « Quand vous prendriez un mauvais parti, prenez-le tous ensemble, par cela seul, il deviendra le meilleur » ; V* commente : « ce qui veut dire : si vous êtes tous d’accord pour poignarder le Conseil, vous aurez raison ».]. Le Conseil de Genève est occupé à examiner le livre, et à voir quel parti il convient de prendre.

 

                            Dans ce libelle, J.-J. fâché qu’on ait brûlé Emile m’accuse d’être l’auteur du Sermon des Cinquante [qui est effectivement de V*].Ce procédé n’est pas assurément d’un philosophe ni d’un honnête homme. Je voudrais  bien savoir ce qu’en pense M. Diderot ; et s’il ne se repent pas un peu des louanges prodiguées à Jean-Jacques dans l’Encyclopédie [dans le Discours préliminaire de l’Encyclopédie]. Vous remarquerez que pendant que J.-J. faisait cette belle manœuvre à Genève, il faisait imprimer le Sermon des cinquante, et d’autres brochures, par son libraire d’Amsterdam Marc-Michel Rey, sous le titre de Collection complète des œuvres de M. de V. [V*, le 24 novembre a écrit une lettre de reniement à M.-M. Rey]. Cela peut être adroit, mais cela n’est pas honnête.

 

                            Mon cher frère avait bien raison de me dire quand Jean-Jacques maltraita si fort les philosophes dans son roman d’Emile, que cet homme était l’opprobre du parti. Je prie mon cher frère de me mander s’il a reçu le paquet du médecin anglais. Ce médecin aurait dû faire l’opération de transfusion à J.-J. et lui mettre d’autre sang dans les veines ; celui qu’il a est un composé de vitriol et d’arsenic. Je le crois un des plus malheureux hommes qui soit au monde, parce qu’il est un des plus méchants.

 

                            Omer travaille à un réquisitoire [prononcé le 9 mars 1765] pour le Dictionnaire philosophique. On continue toujours à m’attribuer cet ouvrage auquel je n’ai point de part. Je crois que mon neveu qui est conseiller au parlement, l’empêchera de ma désigner [« Mme Denis ma nièce a écrit à d’Hornoy mon neveu … et lui a insinué d’elle-même qu’il devait aller, si cela était nécessaire, parler à Omer au palais, et lui dire que s’il fait une sottise il ne doit pas au moins me nommer dans sa sottise ; qu’il offenserait … une famille nombreuse qui sert le roi dans la robe et dans l’épée ; qu’il est sûr que le Portatif n’est point de moi, et que cet ouvrage est d’une société de gens de lettres… »].

 

                            Voilà, mon cher frère, toutes les nouvelles que je sais. La philosophie est comme l’ancienne Eglise, il faut qu’elle sache souffrir pour s’affermir et pour s’étendre.

 

                            Je crois  qu’on commence aujourd’hui l’édition de la Destruction, [ouvrage de d’Alembert Sur la destruction des Jésuites en France…] c’est un livre qui ne sera point brûlé, mais qui fera autant de bien que s’il l’avait été.

 

                            J’embrasse tendrement mon cher frère, et je me recommande à ses prières dans les tribulations où les méchants m’ont mis. Les orages sont venus des quatre coins du monde, et ont fondu sur ma petite barque que j’ai bien de la peine à sauver.

 

                            Voltaire. »

 

 

13/12/2009

L’opéra-comique soutient–il toujours la gloire de la France ?

 

 http://www.youtube.com/watch?v=1Ti96X2tTnM

 

Vous pouvez le constater la période des fêtes de Noël a perdu un peu de son mystère pour moi !

http://www.youtube.com/watch?v=OLag3lQ6lFc&feature=re...

Le compte à rebours commercial est enclanché ! Faites chauffer vos cartes bleues silver-gold-platine- (fer blanc , comme la mienne ).

 

 http://www.youtube.com/watch?v=6Guhjf2OCGI&feature=re...

L'Infâme de cette période ...

jack-.jpg

 http://www.youtube.com/watch?v=ZmRwJdFQPJM&feature=re...

Qui peut nous remettre sur pieds ?

Volti, bien sûr !

 

 

 

 

             

« A Etienne-Noël Damilaville

 

13 décembre [1762]

 

                            Ô mon cher frère, vous faites une action digne des beaux siècles de la philosophie [Damilaville a écrit une réponse aux Erreurs de M. de Voltaire… de Nonnotte ; V* joindra sous le titre Additions aux susdits éclaircissements , la réponse  de Damilaville à la sienne intitulée Eclaircissements historiques à l’occasion d’un libelle calomnieux sur l’Essai de l’histoire générale, en 1763 quand il ajoutera un volume à l’Essai]. Je vous remercie au nom de la vérité et du mien. J’ai fait sur-le-champ transcrire votre écrit qui m’enchante autant qu’il m’honore  Je vous renvoie le mien qui sera bien honoré d’être à coté du vôtre. Il est mieux qu’il n’était, parce qu’il est conforme à vos remarques autant que je l’ai pu. On m’assure que l’impertinent  ouvrage que vous daignez réfuter et qui peut en imposer aux ignorants, est de la façon de Patouillet et de Caveirac. J’ai cru y reconnaitre le style de l’abominable auteur de l’apologie de la Saint-Barthélemy. Il est juste que de mon côté je serve un peu la philosophie et les frères. Je vais insérer dans l’Histoire générale un chapitre sur les gens de  lettres et sur l’Encyclopédie [chapitre LXI : « D’un fait singulier concernant la littérature » du huitième volume ajouté à l’Essai sur l’Histoire en 1763]. Il sera fait de façon qu’Omer Fleury [Omer Joly de Fleury qui fit suspendre l’Encyclopédie par le Parlement en 1759] en rougira, et ne pourra ni se fâcher ni nuire.

 

                            Le mémoire de Loyseau vient fort bien après les  autres [sur l’affaire Calas, après ceux de Mariette et de Beaumont, qui lui, en prit ombrage]. Ce sont trois batteries de canon qui battent la persécution en brèche. Je crois vous avoir dé jà mandé [dès le 6 décembre, V* annonce à Damilaville son Traité sur la Tolérance, en ajoutant qu’ « on attendra que la révision ait été jugée ». Le Traité paraitra en novembre 1763] qu’il paraîtrait en son temps, à l’occasion des Calas, un écrit sur la tolérance prouvée par les faits [allusion à « l’ouvrage odieux » de l’abbé d’Houtteville La vérité de la religion chrétienne prouvée par les faits (1722) et où la tolérance est appelée « système odieux » dans la préface].. Ô mes frères combattons l’Inf… jusqu’au dernier soupir ! Frère Thiriot est du nombre des tièdes ; il faut secouer son âme. Je n’ai reçu que douze lignes de lui depuis qu’il dort à Paris.

 

                            Joue-t-on encore Eponine ? [pièce de Michel-Paul-Guy de Chabanon, jouée le 6 décembre 1762] . L’opéra-comique soutient–il toujours la gloire de la France ?

 

                            Voltaire. »

              

 

 

 

Noël un opéra-comique ? En avez-vous votre dose ?

Allez, encore une goutte : http://www.youtube.com/watch?v=0HWiVI4-OMI&feature=re...

 

 

02/06/2009

ce sont des fous, mais il ne faut pas les brûler.

J'ai eu quelques émotions hier quand j'ai appris la nouvelle de l'avion disparu ; un ami archer revenait de son séjour brésilien (il y a créé un club à Bananeiras) ce même jour . Puis à la réflexion j'ai réalisé qu'il n'arrivait pas à Paris mais à Genève, donc ne pouvait être dans le vol fatidique... J'ai eu le plaisir de le voir ce matin, un peu perturbé par le décalage horaire, sans plus .

Autres réflexions du grincheux que je suis : "Mister Sarko, qu'allez-vous faire dans cet aéroport ?

Vous manque-t-elle à ce point la bonne odeur de kérosène ?

Votre présence va-t-elle donner l'espoir de retrouver des survivants ?

Auriez-vous le pouvoir de guérir les écrouelles et ranimer les morts ?

Ou plus simplement le pouvoir d'ajouter du désordre (grâce aux forces de l'ordre de votre escorte ) pour permettre votre sainte apparition ?"

Sans oublier un évêque ou archevêque, bien intentionné au demeurant, (-si, si, je crois qu'il n'a parlé que pour le bien des familles !!...et non pour monter en épingle la valeur des traditions catholiques apostoliques et romaines -), qui nous invite à prier pour les victimes et leurs proches. Je dis : "D'abord, je ne prie pas sur commande, secundo, si les catholiques ont besoin qu'on leur dise quand et pour quoi prier, que Dieu  aie pitié d'eux." Doux agneaux, bêlez, votre berger vous l'a dit. Gare à la tonte et au méchoui !...C'est irrémédiable , diable !!!

 

 

 Pauvre Rousseau, tu as eu un adversaire redoutable, mais reconnais que tu l'a bien cherché ...Sans rancune !

 

 

 

 

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

 

                En réponse à votre lettre du 23 mai, mon cher frère, il me manque, pour compléter mon Lally [ce dossier demeurera incomplet], la réponse qu’il avait faite aux objections par lesquelles on réfuta son premier mémoire. On dit que cette pièce est très rare. Vous me feriez un grand plaisir de me la faire chercher, et de me l’envoyer.

 

                Je suis charmé que vous soyez content du petit buste [en ivoire, sans doute de Rosset, envoyé le 14 mai]. L’original est bien languissant. Il y a trois mois qu’il n’a pu s’habiller.

 

                Je ne sais  ce que c’est que la lettre sur Jean-Jacques. [Lettre …au docteur Jean-Jacques Pansophe, avril 1766, commence par : « Quoique vous en disiez, docteur Pansophe, je ne suis certainement pas la cause de vos malheurs. »]. Je soupçonne qu’il s’agit d’une lettre que j’écrivis, il y a quelques mois, au Conseil de Genève, par laquelle je lui signifiais qu’il aurait dû confondre la calomnie ridicule qui lui imputait d’avoir comploté avec moi la perte de Rousseau. Je disais au Conseil que je n’étais point l’ami de cet homme, mais que je haïssais et méprisais trop les persécuteurs pour souffrir tranquillement qu’on m’accusât d’avoir servi à persécuter un homme de lettres. Je tâcherai de retrouver une copie de cette verte romancine, et de vous l’envoyer. Je pense sur Rousseau comme sur les Juifs ; ce sont des fous, mais il ne faut pas les brûler.

 

                Je recommande toujours à vos bontés les exemplaires [recueil de ses œuvres complètes] pour M. Thomas, pour M. le chevalier de Neuville à Angers, et pour Lacombe. On me fait espérer un Fréret [Examen critique des apologistes de la religion chrétienne ; V* écrit : « Je ne crois pas que ce livre soit de M. Fréret, il est très dangereux pour la foi. »] de Hollande ; mais les livres viennent si tard de ce pays là, que j’ai recours à vous. La diligence de Lyon à Meyrin est très expéditive.

 

 

 

 

attelage-boeufs-vache-nantaise.jpg

                Les jésuites sont enfin chassés de Lorraine [suite au rattachement de la Lorraine à la France à la mort de Stanislas en février]. Je me flatte que les capucins, leurs anciens valets, seront bientôt rendus à la bêche et à la charrue [le 30 mai, V* : « …nous manquons de manœuvres. Nous attellerions d’un côté six bœufs et de l’autre six moines, et nous verrions qui labourerait le mieux. »], qu’ils avaient quittées très mal à propos.

joug a attelage humain.jpg

Ils n’étaient connus que comme de vils débauchés ; mais puisque l’ordre séraphique se mêle d’assassiner, [V*, 30 mai : « est-il vrai que les capucins ont assassiné leur gardien à Paris ? » ; il sera déçu d’apprendre que le supérieur s’est simplement suicidé]  il est bon d’en purger la terre. Amen.

 

                        Voltaire

                        2 juin 1766. »

Pour la bonne bouche : *** : http://www.monsieurdevoltaire.com/  , avec au piano love Voltaire . Encore, encore !...

30/05/2009

il faut défendre les vivants et les morts contre les gens d’Église

31 mai (joli anagramme : mai, ami) 1778 ,11h du soir : mort de Voltaire.

François-Marie va rejoindre des prédécesseurs illustres, de fieffés imbéciles , des génies, des malfaisants et des bienfaiteurs, etc...

Avant moi, il a la réponse à la question qui  angoisse tant certains qu'ils se mettent entre les mains de charlatans, de gourous, de meneurs d'âmes à la petite semaine qui ne prêchent que pour leur intérêt et celui de leurs séides.

Volti est resté un homme libre de penser qu'il y a  un dieu,(assurément pour lui ;-peut-être-; le peut-être me concerne ) et que ce dieu n'est ni vengeur ni bienfaiteur absolu. Cet homme a assumé son état et s'est délié de toute croyance religieuse dont il a montré  les exagérations et les sources de malheur.

Voltaire, en ce jour un peu particulier, je te dis encore merci....

 

céres bacchus.jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

J'ai aussi une raison très personnelle de le remercier ; ce jeudi il m' a permis de faire la connaissance d'une charmante dame et de vivre une aventure peu commune . Je ne vous préciserai ceci que lorsque les évènements le permettront : les pronostics sont ouverts !... Oubliez vos pensées canailles, je suis prêt à parier ma paye (qui est fort maigre au demeurant !, avis au gouvernement ...) que vous ne trouverez pas avant que je vous l'indique ... A suivre.

De toute façon, Voltaire est toujours vivant, peu écouté certes ( la recherche de la vérité et sa défense fachent trop de gens), mais terriblement vivant .

Les visiteurs du château qu'il a fait bâtir à Ferney, où il a vécu 18 ans, viennent du monde entier . Rois du Top 50, qui se souviendra de vous dans 231 ans, et même sans aller jusque là, dans 30 ans ?

 

 

 

 

 

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville et à Nicolas-Claude Thiriot

 

 

 

                        Mes philosophes me donnent grande envie de voir cet ouvrage de M. Dardelle [La Conversation de M. l’intendant des menus en exercice avec M. l’abbé Grizel, 20 mai 1761,  est signée de Georges Avenger Dardelle, écrite par V* pour répondre au discours de Le Dains du 15 mai]. Je ne connais que l’eau d’ardelle, et je ne sais si elle est bonne pour la brûlure [allusion au fait qu’on pourrait brûler cette brochure comme celle de Huerne qui a été condamnée]. Au reste c’est à M. Dardelle à répondre de tout.

 

                        Pourrait-on déterrer dans Paris quelque pauvre diable d’avocat, non pas dans le goût de Le Dains, mais un de ces gens qui étant gradués et mourant de faim, pourraient être juges de village ? Si je pouvais rencontrer un animal de cette espèce, je le ferais juge de mes petites terres de Tournay et Ferney. Il serait chauffé, rasé, alimenté, porté, payé. [rappel de Le Joueur, de Regnard]

 

                        J’ai un besoin pressant du malheureux Droit ecclésiastique [ La pratique de la juridiction  ecclésiastique, volontaire, gracieuse, et contentieuse, fondée sur le droit commun et sur le droit particulier du royaume, de François Ducasse, édition 1718 qui se trouvera dans la bibliothèque de V*] qui ne devrait pas être un droit. J’ai un procès pour un cimetière [des os sont mis à jour lors du début de la démolition de l’ancienne église de Ferney que V* veut rebâtir : « des côtelettes de mouton » selon V* ; arrêt des travaux sur ordre de l’évêque d’Annecy] : il faut défendre les vivants et les morts contre les gens d’Église. Mille pardons de mes inopportunités, mes chers philosophes.

 

                        Mes compliments de condoléances à frère Berthier et à frère Lavalette [le père jésuite Lavalette, procureur général de l’Ordre de la Martinique, fondateur d’un établissement de commerce, fait faillite en 1760, suite à la prise de plusieurs navires par les Anglais ; les commerçants marseillais lésés portent plainte contre la Compagnie de Jésus qui exclut Lavalette et refuse de payer ; la Compagnie perdit son procès en 1761 ] , mille louanges à maître Le Dains qui traite Corneille d’infâme ; mais il ne faut montrer la Conversation de l’abbé Grizel et de l’intendant des menus qu’au petit nombre des élus dont la conversation vaut mieux que celle de maître Le Dains . On supplie les philosophes de ne montrer le cher Grizel qu’aux gens dignes d’eux, c’est-à-dire peu de personnes.

 

                        Je souhaite que M. Lemierre soit bien damné, bien excommunié, et que sa pièce réussisse beaucoup, car on dit que c’est un homme de mérite, et qui est du bon parti. Je prie les frères de vouloir bien m’envoyer des nouvelles de Terée.[tragédie de Le Mierre,  jouée le 25 mai 1761]

 

                        Courez tous sus à l’infâme habilement : ce qui m’intéresse c’est la propagation de la foi, de la vérité, le progrès de la philosophie et l’avilissement de l’Inf.

 

                        Je vous donne ma bénédiction du fond de mon cabinet et de mon cœur.

 

 

                        Voltaire

                        31 mai 1761. »

Il lui reste 17 ans de vie terrestre, les années les plus fécondes pour lui et pour nous, heureux héritiers .