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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Je vous prie de considérer que je puis avoir besoin avant ma mort de faire un petit voyage à Paris, pour mettre ordre au

... En remplaçant "Paris" par la ville qui vous arrange le mieux, je vous suggère de mettre la formule ci-dessus pour remplir correctement votre "déclaration de déplacement etc., etc." . Enfin , c'est vous qui voyez ! Si ça ne  marche pas, vous pourrez chanter " On m'arrête en auto, /c'est la faute à Rousseau * ! "

https://media.interieur.gouv.fr/deplacement-covid-19/

*Petite référence au fameux code Rousseau, bien connu des vétérans du permis de conduire .

Quand des policiers de la BAC échangent de la drogue par... de la ...

Contrairement aux apparences, ça ne présage rien de bon pour notre matricule .

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

27è février 1765 1

Mon héros, si vous êtes assez sûr de votre fait pour qu’on hasarde de vous envoyer le livre diabolique que vous demandez, les gens que j’ai consultés disent qu’ils vous en feront tenir un exemplaire par la voie de Lyon . Cela est très rare, mais on en trouvera pour vous. Je serais bien fâché d’ailleurs qu’on me soupçonnât d’avoir la moindre part au Philosophique portatif. M. le duc de Praslin, qui connaît parfaitement mon innocence, a assuré le roi que je n’étais point l’auteur de ce pieux ouvrage ; ainsi n’allez pas, s’il vous plaît, me défendre comme Scaramouche défendait Arlequin, en avouant qu’il était un ivrogne, un gourmand, un débauché attaqué de maladies honteuses, et s’excusant envers Arlequin en lui disant que c’était des fleurs de rhétorique.

Je n’entends rien aux plaintes que les Bretons font de moi ; elles sont apparemment aussi bien fondées que leurs griefs contre M. le duc d’Aiguillon 2. Je n’ai jamais rien écrit de particulier sur la Bretagne, dans mes bavarderies historiques . Les Périgourdins et les Basques seraient aussi bien fondés à se plaindre.

A l’égard du tripot, il est vrai que j’ai demandé mon congé, attendu que je suis entré dans ma soixante et douzième année, en dépit de mes estampes, qui, par un mensonge imprimé, me font naître le 20 de novembre, quand je suis né le 20 de février 3. Il est vrai que la faction ennemie du Conseil de Genève trouva mauvais, il y a quelques années, que les enfants des magistrats de la plus illustre et de la plus puissante république du monde se déshonorassent au point de venir jouer quelquefois la comédie chez moi, dans le petit et profane royaume de France ; mais on se moqua de ces polissons. Ce n’est pas assurément pour eux que j’ai détruit mon théâtre ; c’est pour avoir des chambres de plus à donner, et pour loger votre suite, si jamais vous accompagnez madame la comtesse d’Egmont sur les frontières d’Italie. Je me défais de mes Délices pour une autre raison ; c’est qu’ayant la plus grande partie de mon bien sur M. le duc de Virtemberg, et mes affaires n’étant pas absolument arrangées avec lui, j’ai craint de mourir de faim aussi bien que de vieillesse. Pardonnez, mon héros, la naïveté avec laquelle je prends la liberté de vous exposer toutes mes pauvres petites misères.

Je vous dirai toujours très véritablement que je m’adressai à Grandval, que c’est à lui seul que j’écrivis, en vertu du privilège que vous m’aviez confirmé, que je mis dans ma lettre ces propres mots : avec l’approbation de messieurs les premiers gentilshommes de la chambre.

Je vous prie de considérer que je puis avoir besoin avant ma mort de faire un petit voyage à Paris, pour mettre ordre aux affaires de ma famille ; que peut-être c’est un moyen d’exciter quelques bontés pour moi que de procurer quelques petits succès à mes anciennes sottises théâtrales, et que je ne peux obtenir ce succès qu’avec les meilleurs acteurs. Je me mets entièrement sous votre protection. On m’a mandé que Nanine avait été jouée détestablement 4, et reçue de même. Vous savez que tout dépend de la manière dont les pièces sont représentées, et vous ne voudriez pas m’avilir. Voyez donc si vous voulez me permettre de vous envoyer la distribution de mes rôles d’après la voix publique, qu’il faut toujours écouter. Ayez pitié d’un vieux quinze-vingts qui vous est attaché depuis cinquante années avec le plus tendre respect.

V. »



 

1 La lettre à laquelle répond V* n'est pas connue .

2 Ils accusaient ce neveu du duc de Richelieu de s’être caché dans un moulin lors de la descente des Anglais, près de Saint-Malo, en 1758. (Georges Avenel.)

4 A propos de cette pièce, jouée le 10 février 1765, d'Argental écrit à V* le 19 : « Je vis il y a quelque temps massacrer Nanine, je ne saurais vous exprimer mon indignation, je ne pus m'en taire, cela reviendra au tyran et je n'en serai pas mieux avec lui […] Aussi mon cher ami je vous avais conseillé d'écrire à M. de Richelieu ou à l'assemblée des comédiens ou à tous les deux que vous demandez qu'on ne joue point vos comédies, ou que vos rôles soient remplis conformément à vos intentions . »

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14/05/2020 | Lien permanent

Ma bonne santé et ma mort sont également fausses.

 MST non transmissible par le Net : http://www.deezer.com/listen-5573726

M. de Béthisy n'a jamais chanté ceci avec Volti, j'en suis sûr  :  http://www.deezer.com/listen-2258696

 

bonnet de nuit.jpg

 

 

« A Marie-Louise Denis

rue Bergère, vis-à-vis l'hôtel des Menus à Paris

 

26 octobre [1768]

 

Je reçois la lettre de ma chère nièce du 21 . Je ne sais pas pourquoi M. de Béthisy [i] exalte tant ma bonne santé. Il ne m'a jamais vu qu'en bonnet de nuit, et je ne suis pas sorti du château depuis que vous en êtes partie [ii]. On me disait mort à Fontainebleau [iii]. Ma bonne santé et ma mort sont également fausses.

 

Si j'avais encore un peu de forces, je prendrais mes mesures pour aller vivre ailleurs. Il règne ici une maladie horrible qui désole la moitié du village et du pays de Gex. C'est un mélange d'écrouelles et de lèpre. Ceux qui en sont attaqués ont la mauvaise honte de ne se montrer à aucun médecin, à aucun chirurgien. Les troupes qu'on nous a envoyées ont ajouté la vérole à ces deux horreurs, et ont fait gémir le malheureux paysan qui est ruiné.

 

La maladie des coquins dont vous me parlez n'est pas moins incurable. L'Homme aux quarante écus est un ouvrage sage et utile qui a plu au ministère et surtout à M. Bertin, mais on dit qu'on y combat le sentiment d'un conseiller au Parlement. Cela est effroyable [iv].

 

Le Siècle de Louis XIV part aujourd'hui pour Paris. Vous le recevrez bien tard, et encore faudra-t-il s'adresser à la chambre syndicale.

 

Je ne pouvais m'empêcher de prévenir le président Hénault, l'article où il est jugé et condamné est très bien fait [v]. On me l'attribuait. J'ai dû me justifier [vi]. Son amour propre est cruellement blessé. Il affecte de l'indifférence, et il est percé au fond du cœur. Ce scélérat de La Beaumelle a fait imprimer cette satire sous le nom du marquis de Bélestat, jeune homme de Languedoc de beaucoup d'esprit et de mœurs charmantes [vii]. C'est Chirol, l'homme de Cramer, qui a imprimé l'ouvrage. La Beaumelle est un ignorant audacieux qui écrit quelquefois des morceaux pleins de chaleur et de force.

 

Je m'intéresse davantage aux Guèbres de Linant [viii], et non moins aux Scythes que Lekain devrait bien rejouer. Il me doit à ce qu'il me semble cette justice.

 

C'est Jaco Tronchin qui a été dire que j'avais fait une tragédie. Ce bavard de Cramer l'avait imaginé parce qu'il avait vu des vers sur ma table. Il a fait vraiment bien d'autres indiscrétions. Mais il a parlé en l'air, et j'ai lavé la tête à Jaco, ainsi que la tête chauve et poudrée de Gabriel [ix]. J'aime la vôtre, j'aime votre cœur. Je vous embrasse tendrement. Me voilà las d'écrire de ma main, mais non pas de m'entretenir avec vous. Embrassez pour moi les deux enfants [x]. M. Dupuits doit avoir reçu à Hornoy un gros paquet par M. de Courcelles. Vous savez notre dernière déconfiture en Corse [xi]. »

 

ii Depuis le mois de mars 1768, cf. lettres de mars.

 

iii Ce bruit a couru le 10 octobre.

 

iv Le 15 mars, à son neveu d'Hornoy, V* donne son avis sur les critiques sur l'Homme aux quarante écus : « Vous souvenez-vous d'une certaine qualification des Quarante écus , comme contraire au respect dû aux personnes en place , ... Ces personnes en place sont des faiseurs de brochures qui dans leurs greniers avaient proposé de nouveaux systèmes de finance. C'est de ces gredins qu'on se moquait dans l'Homme aux quarante écus. On les y appelle par dérision les anciens ministres, l'ancien gouvernement. Les gens qui trouvèrent ce livre entre les mains d'un nommé Josserand, en voyant ces mots : gouvernement, ministres, contrôleurs généraux, s'imaginèrent que c'était en effet du contrôleur général et des ministres réels qu'on parlait ». L'Homme aux quarante écus est une réponse contre l'ouvrage du physiocrate Le Mercier de La Rivière : L'ordre essentiel et naturel des sociétés politiques de juin 1767. Le conte fut condamné par le Parlement de Paris le 24 septembre 1768.

 

vC'est l'Examen de la nouvelle histoire de Henri IV, que V* attribue à La Beaumelle, et la lettre qu'il a écrite à ce sujet au président Hénault le 13 septembre ; cf. lettre du 18 septembre à d'Argental. V* dit qu'il « ne pouvait s'empêcher de prévenir le président Hénault » et dans une autre lettre du 17 octobre il proposa à Hénault « de combattre pour lui ». Mme du Deffand de son côté, le 29 novembre : « Vous auriez encore mieux fait de lui laisser ignorer l'offense ; il y avait plus de quatre mois que nous n'étions occupée qu'à lui dérober la connaissance de cette brochure, craignant l'effet qu'elle pourrait faire... »

 

vi Ce qu'il répondra à Mme du Deffand.

 

vii M. le marquis de Bélestat de Garduch revendiquera la paternité de l'ouvrage le 20 décembre dans une lettre à V*.

http://www.ville-ge.ch/bge/imv/gazette/25/a_propos.html...

 

 

viii V* attribue maintenant ses Guèbres à Linant.

 

ix Gabriel Cramer.

 

x Les Dupuits, Marie-Françoise Corneille et son mari.

 

xi Prise de Borgo par les Corses de Paoli ; Gènes avait cédé la Corse à la France le 15 mai 1768.

http://www.accademiacorsa.org/pontenovu.html

 

 

corses cagoules.jpg

http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://2.bp.blogspot.c...

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27/10/2010 | Lien permanent

Il serait plaisant que ce rhinocéros eût du succès à la reprise

 http://www.youtube.com/watch?v=d93Yvmz4vuQ

 

 

Rhinoceros.jpg

 

 

 

 

 

 

« A Henri Lambert d’Herbigny, marquis de Thibouville

 

             A Potsdam 15 avril [1752]

 

             Le duc de Foix vous fait mille compliments aussi bien que M. son frère [personnages d’Amélie, nouvelle version de Adélaïde du Guesclin ; le 3 juin il dira aux d’Argental qu’il a adressé à Mme Denis « non pas Adélaïde, non pas Le Duc d’Alençon, mais Amélie », « avec des maires du palais au lieu de Charles VII, et des Maures au lieu d’Anglais »], ils voudraient bien que je vinsse à Paris vous les présenter, mais ils partent incessamment pour aller trouver Mme Denis dans la malle du premier courrier du nord. Vous les trouverez à peu près tels que vous les vouliez. Mais on s’apercevra toujours un peu qu’ils sont les enfants d’un vieillard. Si vous voulez les prendre sous votre protection tels qu’ils sont, empêchez surtout qu’on ne connaisse jamais leur père. Il faut absolument les traiter en  aventuriers. Si on se doute de leur famille, les pauvres gens sont perdus sans retour. Mais en passant pour les enfants de quelque jeune homme qui donne des espérances, ils feront fortune. Ce sera à vous et à Mme Denis à vous charger entièrement de leur conduite, et Mlle Clairon elle-même ne doit pas  être de la confidence. On me mande que l’on va redonner au théâtre le Catilina de Crébillon.[le 30 mars, dans le Journal de la Librairie, on lit « Le S. Crébillon a engagé les Comédiens Français de jouer Catilina à la rentrée, mais comme ils ne sont point dans ces sentiments, il les a menacés de leur faire faire par autorité ce qu’ils ne feront pas autrement. » ; pièce créée en 1748, reprise en 1756, sans succès]. Il serait  plaisant que ce rhinocéros eût du succès à la reprise. Ce serait la preuve la plus complète  que les Français sont retombés dans la barbarie. Nos sybarites deviennent tous les jours Goths et Vandales. Je laisse reposer Rome, et j’abandonne volontiers le champ de bataille aux soldats de Corbulon [= partisans de Crébillon]. Je m’occupe dans mes moments de loisir de rendre le style de Rome aussi pur que celui de Catilina est barbare et je ne me borne pas au style. Puisque me voilà en train de faire ma confession générale, vous saurez que Louis XIV partage mon temps avec les Romains et le duc de Foix. Je ne regarde que comme un essai l’édition qu’on a faite à Berlin du Siècle de Louis XIV. Elle ne me sert qu’à me procurer de tous les côtés des remarques et des instructions ; je ne les aurais jamais eues si je n’avais publié le livre [de la part de La Condamine, du maréchal de Richelieu, du maréchal de Noailles, des d’Argental ; il recevra même « des manuscrits de la main de Louis XIV »]. Je profite de tout, ainsi je passe ma vie à me corriger en vers et en prose. Mon loisir me permet tous ces travaux. Je n’ai rien à faire absolument auprès du roi de Prusse. Mes journées sont occupées par une étude agréable finissant par des soupers qui le sont davantage, et qui me rendent des forces pour le lendemain, et ma santé se rétablit par le régime. Nos repas sont de la plus grande frugalité, nos entretiens de la plus grande liberté, et avec tout cela je  regrette tous les jours Mme Denis et mes amis, et je compte bien les revoir avant la fin de l’année. J’ai écrit à M. de Malesherbes [10 avril 1752] que je suppliais très instamment d’empêcher que l’édition du Siècle de Louis XIV n’entrât dans Paris, parce que je ne trouve  point cet ouvrage encore digne du monarque ni de la nation qui en est l’objet. J’ai prié ma nièce de joindre ses sollicitations aux miennes pour obtenir le contraire de tout ce que les auteurs désirent, la suppression de mon ouvrage. Vous me rendrez, mon cher Monsieur, le plus grand service du monde en publiant autant que vous le pourrez mes sentiments. Je n’ai pas le temps d’écrire aujourd’hui à ma nièce, la poste va partir. Ayez la bonté d’y suppléer en lui montrant ma lettre. S’il y a quelque chose de nouveau, je vous prie de vouloir bien m’en faire part Soyez persuadé de la tendre amitié et de la reconnaissance qui m’attachent à vous pour jamais.

 

             V. »

 

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15/04/2010 | Lien permanent

critiques, vous serez embeurrés !

"A Jacques Lacombe, libraire, rue Christine à Paris

Vous serez bien étonné , Monsieur, que j'aie besoin du recueil de L"Année Littéraire [ de son ennemi Fréron ]; mais je vous donne ma parole d'honneur de le brûler en présence de témoins dès que j'en aurai fait usage. Il s'agit du mot critique  dans le nouveau dictionnaire encyclopédique qu'on prépare [ Fréron figurera dans les Questions sur l'Encyclopédie ]; et comme on rend dans cet ouvrage une justrice très impartiale aux bons et aux méchants esprits, aux savants et aux ignorants, aux honnêtes gens et aux coquins, on ne peut s'empêcher d'y mettre Fréron, quoique son nom n'ait jamais été enregistré qu'au Châtelet et au Fort -l'Evêque.

Vous avez sans doute dans votre grenier les vieux paquets que  je vous demande . Donnez-moi, je vous en prie, la préférence sur les beurrières . Ayez la bonté de me faire tenir le ballot par les rouliers de Bourgogne, il me parviendre sûrement.

Je vous souhaite la bonne année, et j'ai l'honneur d'être avec le plus vif intérêt qu'on puisse prendre à vous, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur .

Voltaire

5 janvier 1770"

voir : http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Lacombe_%281724-1811...

Voltaire est moins agressif que nous le sommes aujourd'hui, les mauvais écrits étaient destinés aux beurrières (j'ai aussi connu la belle époque où l'on emballait le poisson et les frites dans du papier journal ), de nos jours on aurait tendance à évoquer les torchons, via le verbe du premier groupe qui s'y rapporte . Fréron doit beaucoup à l'illustre Voltaire, n'est-ce pas ?

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06/01/2009 | Lien permanent

La faiblesse humaine est d’apprendre Ce qu’on ne voudrait pas savoir

... La curiosité satisfaite par les petits écrans est une véritable drogue . Des milliards d'humains (si on peut encore les nommer ainsi tant ils sont devenus des extensions à part entière de leurs boîtes à images et bobards ) vivent la tête baissée, bétail au cou offert à la hache des menteurs et tricheurs .

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« A Gabriel Cramer

À Ferney, 3 novembre 1768

Je vous prie, mon cher ami, de me procurer ces trois volumes de Mélanges 1, où vous dites qu’on a inséré plusieurs balivernes de ma façon, comme tragédies médiocres, comédies de société, petits vers de société, qui ne sont jamais bons qu’aux yeux de ceux pour qui ils ont été faits. Si la folie de faire des vers est un peu épidémique, la rage de les imprimer est beaucoup plus grande. On dit qu’on a mêlé à ces fadaises des ouvrages licencieux de plusieurs auteurs. Je suis comme les gens de mauvaise compagnie, qui sont fâchés de se trouver en mauvaise compagnie. Faites-moi venir, je vous prie, par vos correspondants de Hollande, deux exemplaires de ce recueil intitulé, dit-on Nouveaux Mélanges ; je veux en juger.

La faiblesse humaine est d’apprendre
Ce qu’on ne voudrait pas savoir
.2

Il y a tantôt cinquante ans qu’on se plaît à mettre sous mon nom beaucoup de sottises qui, jointes avec les miennes, composent en papier bleu 3 une bibliothèque très considérable . Mais la calomnie y mêle quelquefois des ouvrages sérieux qui font bien de la peine. Ces impostures sont d’autant plus désagréables qu’on ne peut guère les repousser ; on ne sait d’où elles partent ; on se bat contre des fantômes. J’ai beau me mettre en colère comme Ragotin 4, et jurer que cela n’est pas de moi, et que cela est détestable, on me répond que mon style est très reconnaissable ; et voilà comme on juge. La condition d’un homme de lettres ressemble à celle de l’âne du public : chacun le charge à sa volonté, et il faut que le pauvre animal porte tout.

Mettez-moi au fait, je vous prie, de ce recueil de nouveaux mélanges ; je vous serai très obligé. J’attends ce service de votre amitié.

Votre très humble et très obéissant serviteur

V. »

1 Les volumes V-VII des Nouveaux Mélanges, qui contiennent L'Ingénu et la plupart des brochures de controverses récemment publiées , la formule qui suit ( où vous dîtes que) et le reste de la lettre sont calculés pour faire de celle-ci, sinon exactement une « lettre ostensible », du moins une lettre dont on puisse faire état en cas de besoin pour rejeter la paternité de tel ou tel écrit . Voir d'ailleurs la lettre suivante à Cramer du même jour .

Les tomes ou parties V, VI et VII des Nouveaux Mélanges portent la date de 1768. Le premier de ces trois volumes contient des morceaux qui ne sont pas de Voltaire.

Voir note XX, de Beuchot, page XVI et suiv. : https://fr.wikisource.org/wiki/Voltaire_-_%C5%92uvres_compl%C3%A8tes_Garnier_tome1/Pr%C3%A9face_g%C3%A9n%C3%A9rale_de_Beuchot

2 Dans l’Amphitryon de Molière, acte II, scène iii, il y a :

La faiblesse humaine est d’avoir
La curiosité d’apprendre
Ce qu’on ne voudrait pas savoir

Voir : https://www.bacdefrancais.net/roman-comique-scarron-madame-bouvillon.php

3 C'est-à-dire non reliés, dans leur couverture cousue en papier .

4 Personnage du Roman comique, de Scarron.

 

 

 

« A Gabriel Cramer

3 novembre 1768

Le solitaire de Ferney prie monsieur C. de faire une belle réponse à la lettre ci-jointe 1. Il attend avec impatience des exemplaires qu'il lui a promis et de Duplessis-Mornay, sur lesquels il est très pressé de donner à Paris des éclaircissements . Il est étonnant qu'on ait tant parlé d'un Mornay et qu'on l'ait si peu lu . Monsieur C. a-t-il quelque réponse positive sur le manuscrit en cinq volumes ou cahiers qui doit être entre les mains du sieur Chirol ? »

1 Voir ci-dessus .

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14/05/2024 | Lien permanent

Nièce, et Cornélie-chiffon, et V., vous disent tout ce qu’il y a de plus tendre

... Bonne fête MAMANS !

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N'oublions pas que le petit Voltaire perdit sa maman à sept ans .

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

Ferney 26 juin 1761

Je n’ai guère la force d’écrire, parce que, depuis quelque temps, j’écris jour et nuit. Mes anges sauront que je rends grâces au corsaire qui a fait imprimer Zulime. L’impression m’a fait apercevoir d’un défaut capital qui régnait dans cette pièce ; c’était l’uniformité des sentiments de l’héroïne, qui disait toujours j’aime : c’est un beau mot, mais il ne faut pas le répéter trop souvent ; il faut quelquefois dire, je hais. Je commence à être moins mécontent de cet ouvrage que je ne l’étais, et je me flatte enfin qu’il ne sera pas tout à fait indigne des bontés dont mes anges l’honorent. Il sera prêt quand ils l’ordonneront. Je n’abandonnerai pourtant ni les moissons, ni mon église, ni ma petite négociation avec le pape.

Je relis cet infâme et excommunié Corneille avec une grande attention. Je l’admire plus que jamais en voyant d’où il est parti. C’est un créateur ; il n’y a de gloire que pour ces gens-là ; nous ne sommes aujourd’hui que de petits écoliers. Je suis persuadé que mes notes au bas des pages des bonnes pièces de Corneille ne seront pas sans utilité et sans agrément ; elles pourront former une poétique complète, sans avoir l’insolence et l’ennui du ton dogmatique.

Je suis résolu à ne faire imprimer que le nombre des exemplaires pour lesquels on aura souscrit Les petites éditions seront au profit des libraires ; et s’il y a, comme je le crois, quelque amour de la véritable gloire dans la nation, la grande édition assurera quelque fortune aux héritiers du nom du grand Corneille. Je finirai ainsi ma carrière d’une manière honorable, et qui ne sera pas indigne de l’ancienne amitié dont mes anges m’honorent. Je les supplie de vouloir bien me procurer sans délai le nom de M. le duc d’Orléans par M. de Foncemagne, afin que je l’imprime dans le programme.

Je voudrais avoir celui de M. le premier président 1; il me le doit en dédommagement de la banqueroute que son beau-frère 2 m’a faite. Jamais mon entreprise ne vaudra au sang de Corneille la moitié de ce que Bernard m’a volé. Je crois avoir déjà prévenu M. le comte de Choiseul 3, l’ambassadeur, que je ne doutais pas qu’il n’honorât ma liste de son nom, et j’attends ses ordres. Je demande la même grâce à M. de Courteilles, à M. de Malesherbes , à madame sa sœur, et à tous les amis de mes anges.

Je désirerais passionnément la souscription du président de Meynières, et de quelques membres du parlement, pour expier les sottises de maître Le Dains et de maître Omer.

Je n’ai point encore écrit à M. le duc de Choiseul sur cette petite affaire. Je supplie M. le comte l’ambassadeur d’avoir la bonté de lui en parler : ils sont aussi tous deux mes anges. Je vous baise à tous le bout des ailes, et je recommande à vos bontés Cinna, Horace, Sévère, Cornélie 4, et la cousine issue de germaine de Cornélie. Si on me seconde avec quelque vivacité, cette édition ne sera qu’une affaire de six mois.

Nièce, et Cornélie-chiffon, et V., vous disent tout ce qu’il y a de plus tendre. »

3 Ambassadeur à Vienne, on n'a pas la lettre que V* lui adressa ?

4 On sait que Sévère et Cornélie sont respectivement des personnages de Polyeucte et de La Mort de Pompée ; il est significatif que V* préfère désigner la première de ces deux pièces par le nom du personnage qu'il admire plutôt que par celui de son véritable héros .

 

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29/05/2016 | Lien permanent

le patriotisme excuse tout . Je voudrais savoir jusqu'à quel point vous êtes bon patriote ; j'ai peur que vous ne vous b

... 14 juillet oblige !

Ça se discute ! surtout le "excuse tout" qui me semble diablement exagéré . Voir dans notre histoire contemporaine , le patriotisme exacerbé et mis en vitrine de certains politicards : https://www.nouvelobs.com/rue89/rue89-les-mots-demons/201...

Super Patriote : Le Cri du Coq Gaulois - Home | Facebook

France, pays des fromages , du verbiage et des hommages à tire-larigot

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

3 avril [1765]

Ma reconnaissance est vive, je l'avoue ; mais ce n'est pas elle qui fait mon enthousiasme pour vous ; c'est votre zèle aussi intrépide que sage, c'est votre manière d'avoir toujours raison, c'est votre art d'attaquer le monstre, tantôt avec la massue d'Hercule, tantôt avec le stylet le plus affilé ; et puis , quand vous l'avez mis sous vos pieds, vous vous moquez de lui fort plaisamment . Que j'aime votre style ! Que votre esprit est net et clair ! Plût à Dieu que les autres frères eussent écrit ainsi ! L'inf ne se débattrait pas encore comme elle le fait sous la vérité qui l'écrase . Je voudrais bien savoir quel est le polisson de théologien à qui vous faites tant d'honneur . Quoi qu'il en soit, vous serez obéi ponctuellement et promptement 1.

Avez-vous lu Le Siège de Calais ? Je suis l'ami de l'auteur, et dois l'être ; je trouve que le retour du maire et de son fils, à la fin, doit faire un bel effet de théâtre . Il se peut d'ailleurs qu'il y ait dans la pièce quelques défauts qui vous aient choqué ; mais ce n'est pas à moi de m'en apercevoir, et d’ailleurs le patriotisme excuse tout . Je voudrais savoir jusqu'à quel point vous êtes bon patriote ; j'ai peur que vous ne vous borniez à être bon juge . Je vous aime et révère ; écr l'inf . »

1 V* vient manifestement de recevoir de d'Alembert l'ouvrage désigné dans la lettre du 2 avril 1765 à Cramer , et il s'imagine qu'il est de son correspondant ; voir : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2020/07/13/nous-ne-laisserons-pas-d-etre-assez-embarrasses-cet-ete-fern-6251377.html

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14/07/2020 | Lien permanent

Je suis actuellement très dévot, mais je crois que l'affaire du salut n'entre pour rien dans les affaires de la guerre n

... Non, non, ce n'est pas trop fort . Je suis heureux que notre président ne soit pas un de ces dévots et soit capable d'accorder un peu de son temps au pape comme à la franc-maçonnerie .

Il est heureux qu'il ne soit pas comme ces culs bénis américains qui prêtent serment sur la bible et puis se comportent comme des maffieux style Trump . Et dire que ce pourri risque de reprendre les rênes U.S. Ce n'est vraiment pas rassurant d'avoir pour alliés des désaxés de cet acabit .

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« A Etienne-François de Choiseul-Stainville, duc de Choiseul

Vieux bavard, vieux radoteur, ne me remerciez point . J’ai accordé le congé gratis à votre cuisinier bonne sauce, soldat du régiment de Conti, car enfin puisque vous êtes dans un désert comme saint Pacôme, je veux au moins que vous ayez à manger, ce que Pacôme n'avait guère .

Je me suis souvenu de votre ami Damilaville, brave gentilhomme ci-devant garde du roi, lequel ainsi que Taulès se sert aussi bien de sa plume que de son épée : c'est un homme d'une probité rigide . Je suis fâché qu'il ne soit que premier commis des bureaux du vingtième, et j'ai été encore plus fâché qu'on ait voulu par dévotion le priver d'une meilleure place qu'il a méritée . Je suis actuellement très dévot, mais je crois que l'affaire du salut n'entre pour rien dans les affaires de la guerre ni dans les affaires des finances, j'oserais même dire dans celles de la politique, mais ce serait trop fort . Je donnerai volontiers un petit moment d'audience à votre nièce . Je sais qu'elle est venue à Paris après quinze ans d'absence pour arranger vos affaires et les siennes que quinze ans ont délabrées . De quoi vous mêlez-vous aussi de donner des fêtes comme M. de Pompignan qui mandait au roi qu'il avait donné un dîner de vingt couverts dans son marquisat de Le Franc ?

On dit que vous voulez m'envoyer encore des soumissions d'artisans pères de famille qui s'engagent à habiter ma ville de Versoix . Pour Dieu attendez qu'elle soit bâtie, vous êtes vif comme un jeune homme etc., etc. Comment trouvez-vous mes bonnets de cuir bouilli ? Etc., etc.

Le duc de Choiseul.

21 mars [1768] 1»

1 Copie contemporaine Darmstadt B. . Cette plaisanterie est la suite de la lettre du 16 mars 2023 .

Avant d'avoir reçu la réponse, V* écrivait à Choiseul la lettre que celui-ci était censé lui avoir écrite . La copie de Darmstadt est intitulée : « Drôle de minute ; l'original est parti : secret profond. ». Voici la lettre réelle de Choiseul, que celle-ci pastiche par avance, si on peut dire :

« Ce 21 mars [1768]

Je ne vous écrirai pas la lettre dont vous m'envoyez le projet, je la garde pour moi ; savez-vous que l'on est venu me dire que vous vous étiez fait chartreux ? Je me prosternais vis-à-vis ce coup de la Grâce, il n'aurait pas été petit . L'arrivée de Mme Denis a fait à Paris une sensation . Je ne sais pas si nous imitons le siècle de Louis XIV, mais je suis sûr que nous honorons et que nous chérissons, autant que l'on pouvait le faire alors, le seul grand génie que nous possédions . Ce que je désire plus que tout, c'est que vous soyez heureux et que l'on ne vous fasse rien ni que vous fassiez rien qui puisse vous empêcher de l'être . Si vous pouviez me mander les époques dont vous auriez besoin pour Le Siècle de Louis XIV, il me serait aisé de vous les procurer . Aimez-moi, ma cher marmotte ; soyez sage sur les objets délicats pour des consciences timorées, et comptez, je vous prie, sur ma tendre amitié à jamais . »

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10/11/2023 | Lien permanent

Permettez, monsieur, que je paie tous les avocats qui voudront recevoir les honoraires de la consultation. Je n’épargner

... Voltaire : un pingre ! clament certains ignares malveillants . Qu'il me soit permis de fréquenter des pingres de ce genre et l'avenir sera ensoleillé .

Voltaire : le combat pour la tolérance. Calas, Sirven, La Barre - Persée

https://www.persee.fr/doc/raipr_0033-9075_1994_num_112_1_...

 

 

« A Jean-Baptiste-Jacques Élie de Beaumont

A Ferney 1er février 1766 1

Je vous assure, monsieur, qu’un des beaux jours de ma vie a été celui où j’ai reçu le mémoire que vous avez daigné faire pour les Sirven. J’étais accablé de maux ; ils ont tous été suspendus. J’ai envoyé chercher le bon Sirven, je lui ai remis ces belles armes avec lesquelles vous défendez son innocence ; il les a baisées avec transport. J’ai peur qu’il n’en efface quelques lignes avec les larmes de douleur et de joie que cet événement lui fait répandre. Je lui ai confié votre mémoire et vos questions ; il signera, et fera signer par ses filles la consultation ; il paraphera toutes les pages, ses filles les parapheront aussi . Il rappellera sa mémoire, autant qu’il pourra, pour répondre aux questions que vous daignez lui faire ; vous serez obéi en tout comme vous devez l’être. Il cherche actuellement des certificats . J’ai écrit à Berne pour lui en procurer.

Permettez, monsieur, que je paie tous les avocats qui voudront recevoir les honoraires de la consultation. Je n’épargnerai ni dépenses ni soins pour vous seconder de loin dans les combats que vous livrez avec tant de courage en faveur de l’innocence. C’est rendre en effet service à la patrie que de détruire les soupçons de tant de parricides. Les huguenots de France sont à la vérité bien sots et bien fous, mais ce ne sont pas des monstres.

J’enverrai votre factum à tous les princes d’Allemagne qui ne sont pas bigots . Je vous demande en grâce de me laisser le soin de le faire tenir aux puissances du Nord . J’ai l’ambition de vouloir être la première trompette de votre gloire à Pétersbourg et à Moscou.

Vous m’avez ordonné de vous dire mon avis sur quelques petits détails qui appartiennent plus à un académicien qu’à un orateur . J’ai usé et peut-être abusé de cette liberté . Vous serez, comme de raison, le juge de ces remarques . J’aurai l’honneur de vous les envoyer avec votre original ; mais, en attendant, il faut que je me livre au plaisir de vous dire combien votre ouvrage m’a paru excellent pour le fond et pour la forme. Cette consultation était bien plus difficile à faire que celle des Calas ; le sujet était moins tragique, l’objet de la requête moins favorable, les détails moins intéressants. Vous vous êtes tiré de toutes ces difficultés par un coup de l’art, vous avez su rendre cette cause celle de la nation et du roi même. Vos mémoires sur les Calas sont de beaux morceaux d’éloquence ; celui-ci est un effort du génie.

Je vois que vous avez envie de rejeter dans les notes quelques preuves et quelques réflexions de jurisprudence qui peuvent couper le fil historique et ralentir l’intérêt. Je vous exhorte à suivre cette idée ; votre ouvrage sera une belle oraison de Cicéron, avec des notes de la main de l’auteur.

J’attends Sirven avec grande impatience pour relire votre chef d’œuvre, et ce ne sera pas sans enthousiasme. Si j’avais votre éloquence, je vous exprimerais tout ce que vous m’avez faire sentir. »

1 Copie d'archive à la tête de laquelle V* a noté « Beaumont »

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18/05/2021 | Lien permanent

Vous savez mieux que moi que les promesses des ministres qui ne sont plus en place ne sont pas une recommandation auprès

... Oh ! c'est bien vrai ça !

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Mère Denis, merci !

https://www.youtube.com/watch?v=s4g2CVdGjj0&ab_channel=RudyDoo

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

2 décembre 1767

Mme de Sauvigny, à qui j'avais écrit de la manière la plus pressante, sans vous compromettre en rien, s'explique elle-même sur les choses dont je ne lui avais point parlé ; elle les prévient ; elle me dit que M. Mabille, dont par parenthèse je ne savais pas le nom, n'est point mort; qu'on ne peut demander la place d'un homme en vie ; que son fils d'ailleurs a exercé cet emploi depuis cinq années, à la satisfaction de ses supérieurs et que, s'il était dépossédé, sa famille serait à la mendicité.

Ces raisons me paraissent assez fortes. Il n'est point du tout question, dans cette lettre, des impressions qu'on aurait pu donner contre vous à M. de Sauvigny. On n'y parle que des services que Mabille a rendus à l'intendance pendant quarante années. C'est encore une raison de plus pour assurer une récompense à son fils. Que voulez-vous que je réponde ? faut-il que j'insiste? Faut-il que je demande pour vous une autre place ? ou voulez-vous vous borner à conserver la vôtre? Vous savez mieux que moi que les promesses des ministres qui ne sont plus en place ne sont pas une recommandation auprès de leurs successeurs.

Vous savez qu'il n'y a point de survivance pour ces sortes d'emplois. Je vois avec douleur que je ne dois rien attendre de M. le duc de Choiseul dans cette affaire. Je n'ai jamais senti si cruellement le désagrément attaché à la retraite ; on n'est plus bon à rien, on ne peut plus servir ses amis.

Je crois être sûr que M. de Sauvigny ne vous nuira pas dans l'emploi qui vous sera conservé mais je crois être sûr aussi qu'il se fait un devoir de conserver au jeune Mabille la place de son père. En un mot, ce père n'est point mort et ce serait, à mon avis, une grande indiscrétion de demander son emploi de son vivant.

Mandez-moi, je vous prie, où vous en êtes, et quel parti vous prenez. Celui de la philosophie est digne de vous. Plût à Dieu que vous pussiez avoir un bénéfice simple, et venir philosopher à Ferney! Mais si votre place vous vaut quatre mille livres, il ne faut certainement pas l'abandonner.

Vous êtes trop prudent, mon cher ami, pour mettre dans cette affaire le dépit à la place de la raison. Je ne vous parlerai point aujourd'hui de littérature, quand il s'agit de votre fortune. Je suis d'ailleurs très malade. Je vous embrasse avec la plus vive tendresse. »

 

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20/06/2023 | Lien permanent

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