Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

27/10/2010

Ma bonne santé et ma mort sont également fausses.

 MST non transmissible par le Net : http://www.deezer.com/listen-5573726

M. de Béthisy n'a jamais chanté ceci avec Volti, j'en suis sûr  :  http://www.deezer.com/listen-2258696

 

bonnet de nuit.jpg

 

 

« A Marie-Louise Denis

rue Bergère, vis-à-vis l'hôtel des Menus à Paris

 

26 octobre [1768]

 

Je reçois la lettre de ma chère nièce du 21 . Je ne sais pas pourquoi M. de Béthisy [i] exalte tant ma bonne santé. Il ne m'a jamais vu qu'en bonnet de nuit, et je ne suis pas sorti du château depuis que vous en êtes partie [ii]. On me disait mort à Fontainebleau [iii]. Ma bonne santé et ma mort sont également fausses.

 

Si j'avais encore un peu de forces, je prendrais mes mesures pour aller vivre ailleurs. Il règne ici une maladie horrible qui désole la moitié du village et du pays de Gex. C'est un mélange d'écrouelles et de lèpre. Ceux qui en sont attaqués ont la mauvaise honte de ne se montrer à aucun médecin, à aucun chirurgien. Les troupes qu'on nous a envoyées ont ajouté la vérole à ces deux horreurs, et ont fait gémir le malheureux paysan qui est ruiné.

 

La maladie des coquins dont vous me parlez n'est pas moins incurable. L'Homme aux quarante écus est un ouvrage sage et utile qui a plu au ministère et surtout à M. Bertin, mais on dit qu'on y combat le sentiment d'un conseiller au Parlement. Cela est effroyable [iv].

 

Le Siècle de Louis XIV part aujourd'hui pour Paris. Vous le recevrez bien tard, et encore faudra-t-il s'adresser à la chambre syndicale.

 

Je ne pouvais m'empêcher de prévenir le président Hénault, l'article où il est jugé et condamné est très bien fait [v]. On me l'attribuait. J'ai dû me justifier [vi]. Son amour propre est cruellement blessé. Il affecte de l'indifférence, et il est percé au fond du cœur. Ce scélérat de La Beaumelle a fait imprimer cette satire sous le nom du marquis de Bélestat, jeune homme de Languedoc de beaucoup d'esprit et de mœurs charmantes [vii]. C'est Chirol, l'homme de Cramer, qui a imprimé l'ouvrage. La Beaumelle est un ignorant audacieux qui écrit quelquefois des morceaux pleins de chaleur et de force.

 

Je m'intéresse davantage aux Guèbres de Linant [viii], et non moins aux Scythes que Lekain devrait bien rejouer. Il me doit à ce qu'il me semble cette justice.

 

C'est Jaco Tronchin qui a été dire que j'avais fait une tragédie. Ce bavard de Cramer l'avait imaginé parce qu'il avait vu des vers sur ma table. Il a fait vraiment bien d'autres indiscrétions. Mais il a parlé en l'air, et j'ai lavé la tête à Jaco, ainsi que la tête chauve et poudrée de Gabriel [ix]. J'aime la vôtre, j'aime votre cœur. Je vous embrasse tendrement. Me voilà las d'écrire de ma main, mais non pas de m'entretenir avec vous. Embrassez pour moi les deux enfants [x]. M. Dupuits doit avoir reçu à Hornoy un gros paquet par M. de Courcelles. Vous savez notre dernière déconfiture en Corse [xi]. »

 

ii Depuis le mois de mars 1768, cf. lettres de mars.

 

iii Ce bruit a couru le 10 octobre.

 

iv Le 15 mars, à son neveu d'Hornoy, V* donne son avis sur les critiques sur l'Homme aux quarante écus : « Vous souvenez-vous d'une certaine qualification des Quarante écus , comme contraire au respect dû aux personnes en place , ... Ces personnes en place sont des faiseurs de brochures qui dans leurs greniers avaient proposé de nouveaux systèmes de finance. C'est de ces gredins qu'on se moquait dans l'Homme aux quarante écus. On les y appelle par dérision les anciens ministres, l'ancien gouvernement. Les gens qui trouvèrent ce livre entre les mains d'un nommé Josserand, en voyant ces mots : gouvernement, ministres, contrôleurs généraux, s'imaginèrent que c'était en effet du contrôleur général et des ministres réels qu'on parlait ». L'Homme aux quarante écus est une réponse contre l'ouvrage du physiocrate Le Mercier de La Rivière : L'ordre essentiel et naturel des sociétés politiques de juin 1767. Le conte fut condamné par le Parlement de Paris le 24 septembre 1768.

 

vC'est l'Examen de la nouvelle histoire de Henri IV, que V* attribue à La Beaumelle, et la lettre qu'il a écrite à ce sujet au président Hénault le 13 septembre ; cf. lettre du 18 septembre à d'Argental. V* dit qu'il « ne pouvait s'empêcher de prévenir le président Hénault » et dans une autre lettre du 17 octobre il proposa à Hénault « de combattre pour lui ». Mme du Deffand de son côté, le 29 novembre : « Vous auriez encore mieux fait de lui laisser ignorer l'offense ; il y avait plus de quatre mois que nous n'étions occupée qu'à lui dérober la connaissance de cette brochure, craignant l'effet qu'elle pourrait faire... »

 

vi Ce qu'il répondra à Mme du Deffand.

 

vii M. le marquis de Bélestat de Garduch revendiquera la paternité de l'ouvrage le 20 décembre dans une lettre à V*.

http://www.ville-ge.ch/bge/imv/gazette/25/a_propos.html...

 

 

viii V* attribue maintenant ses Guèbres à Linant.

 

ix Gabriel Cramer.

 

x Les Dupuits, Marie-Françoise Corneille et son mari.

 

xi Prise de Borgo par les Corses de Paoli ; Gènes avait cédé la Corse à la France le 15 mai 1768.

http://www.accademiacorsa.org/pontenovu.html

 

 

corses cagoules.jpg

http://www.google.fr/imgres?imgurl=http://2.bp.blogspot.c...

Les commentaires sont fermés.