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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

Notre grand intérêt est que les hommes qui existent soient heureux autant que la nature humaine et l’extrême disproporti

... Cet intérêt semble bien être le cadet des soucis de bien des gouvernements en ce monde (pour ne pas dire tous), ce qui pourrait expliquer le succès des religions prometteuses de bonheur dans l'au-delà, et des partis politiques extrémistes revanchards .

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« A la « Gazette littéraire de l'Europe »

[octobre 1764] 1

Je vois, messieurs, par la Gazette littéraire, tome III, page 80 2, que le gouvernement de la Suède a depuis plus de vingt ans persévéré dans l'entreprise utile de connaître à fond les forces du pays et de commencer par un dénombrement exact . Il est dit qu'on a trouvé dans toute l'étendue de la Suède, sans compter la Poméranie, deux millions trois cent quatre-vingt-trois mille habitants . Ce calcul étonne . La Suède avec la Finlande est deux fois aussi étendu que la France, qui passe pour contenir environ vingt millions de personnes ; il est même certain par le relevé de tous les intendants du royaume en 1698, qu'on trouva à peu près ce nombre, et la Lorraine n’était point encore ajoutée à la France . Comment un pays qui n'est que la moitié d'un autre peut-il avoir environ dix fois plus de citoyens .

À territoire égal il faudrait que le France fût dix fois meilleure que la Suède ; et le territoire n'étant que la moitié, il faut que la France soit vingt fois meilleure .

Considérons d'abord qu'on doit retrancher de la carte de la Suède la mer Baltique, le golfe de Finlande et le golfe de Bothnie, qui remplissent près de la moitié de ce qui constitue la Suède . Otons-en le Lapmerck et la Laponie, que l'on doit compter pour rien ; retranchons encore des lacs immenses, et il se trouvera que le territoire habitable de la France sera plus grand d'un tiers que le terrain habitable de la Suède .

Or ce terrain habitable étant dix fois plus fertile, il n'est pas étonnant qu'il ait dix fois plus de citoyens .

Ce qui me parait mériter beaucoup d'attention, c'est que dans la Gothie, province la plus méridionale et la plus fertile de la Suède, il y a 1248 habitants par chaque lieue carrée de Suède . Or la lieue carrée de Suède, de dix et demi au degré, est à la lieue carrée de France, de vingt-cinq au degré, comme quatre et deux tiers environ est à un .

Il résulte du dénombrement de la France fait par les intendants du royaume en 1698, que la France a six cent trente-six personnes par lieue carrée .

Or la lieue carrés de France, qui est à la lieue carrée de Suède comme un est à quatre et deux tiers environ, a six cent tente-six habitants, et la lieue carrée suédoise en a douze cent quarante-huit . Il est clair que la lieue carrée de Gothie qui devrait avoir quatre fois et deux tiers autant de colons, en nourrit à peine le double ; donc la même étendue de terrain en France a plus de la moitié de colons ou d’habitants que la même étendue n'en a dans la Gothie .

Cette prodigieuse supériorité d'un pays sur un autre peut-elle avec le temps être réduite à l'égalité ? Oui, si les habitants du climat disgracié peuvent trouver le secret de changer la nature de leur sol et de se rapprocher du tropique .

Le pays pourrait-il être peuplé du double, du triple ? Oui, si l'on faisait deux fois, trois fois plus d'enfants ; mais qui les nourrirait si la terre ne rend pas deux ou trois fois davantage ?

Au défaut d'une récolte triple pour nourrir ce triple d'habitants, il faudrait donc avoir un commerce, par le bénéfice duquel on pût acquérir deux et trois fois plus de denrées qu'on n'en consomme aujourd'hui . Mais comment faire de commerce avantageux, si la nature refuse de quoi exporter à l'étranger ?

La commission établie pour rendre compte aux États assemblés de la dépopulation de la Suède affirme dans son mémoire, sur des preuves historique, que le pays était il y a trois cents ans presque trois fois plus peuplé qu'aujourd'hui . Il est de l’intérêt de tous les hommes de connaître les preuves de cette étrange affection . Se pourrait-il que la Suède sans commerce, sans industrie, et plus mal cultivée qu'à présent, eût pu nourrir trois fois plus d'habitants ?

Il paraît que les pays du Nord n'ont jamais été plus peuplés qu'ils ne le sont, parce que la nature a toujours été la même .

César dans ses Commentaires dit que les Helvétiens, désertant leur pays pour aller s'établir vers la Saintonge, partirent tous au nombre de trois cent soixante et huit mille personnes . Je ne crois pas que l’Helvétie en ait aujourd’hui davantage . Et si elle rappelait tous ses citoyens répandus dans les pays étrangers, je doute qu’elle eût de quoi leur fournir des aliments .

On parle beaucoup de population depuis quelques années . J'ose hasarder une réflexion . Notre grand intérêt est que les hommes qui existent soient heureux autant que la nature humaine et l’extrême disproportion entre les différents états de la vie le comportent . Mais si nous n'avons pu encore procurer ce bonheur aux hommes, pourquoi tant souhaiter d'en augmenter le nombre ? Est-ce pour faire de nouveaux malheureux ? La plupart des pères de famille craignent d'avoir trop d'enfants, et les gouvernements désirent l'accroissement des peuples . Mais, si chaque royaume acquiert proportionnellement de nouveaux sujets, nul n'acquerra de supériorité .

Quand un pays a un superflu d'habitants, ce superflu est employé utilement aux colonies de l'Amérique . Malheur aux nations qui sont obligées d'y envoyer les citoyens nécessaires à l’État ! C'est dégarnir la maison paternelle pour meubler une maison étrangère . Les Espagnols ont commencé ; ils ont rendu ce malheur indispensable aux autres nations .

L'Allemagne est une pépinière d'hommes, et n'a point de colonies ; que doit-il en résulter ? Que les Allemands qui sont de trop chez eux peupleront les pays voisins . C'est ainsi que la Prusse et la Poméranie ont réparé la disette des hommes .

Très peu de pays sont dans le cas de l'Allemagne . L'Espagne et le Portugal , par exemple, ne seront jamais fort peuplés; les femmes y sont peu fécondes, les hommes peu laborieux, et le tiers de la contrée est aride .

L’Afrique fournit tous les ans environ quarante mille nègres à l'Amérique, et ne paraît pas épuisée . Il semble que la nature ait favorisé les Noirs d'une fécondité qu’elle a refusée à tant d'autres nations . Le pays le plus peuplé de la terre est la Chine sans qu'on y ait jamais fait de livres ni de règlements pour favoriser la population dont nous parlons sans cesse . La nature fait tout sans se soucier de nos raisonnements.3 »

1 Edition « Lettre aux auteurs de la Gazette littéraire », Gazette littéraire de l'Europe du 4 novembre 1764, Supplément .

2 Il s'agit du supplément au numéro du 30 septembre 1764.

3 Ces réflexions de V* montrent l'intérêt qu'il prend depuis quelque temps aux problèmes socio-économiques ; elles tournent court ici après des développements dont la ligne n'est pas très nette . La pensée de V* se sera quelque peu éclaircie quant il composera L'Homme aux quarante écus .Voir : http://www.monsieurdevoltaire.com/article-conte-l-homme-aux-quarante-ecus-partie-1-69199895.html

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02/12/2019 | Lien permanent

Il s'en faut de beaucoup que le c. de Richelieu ait porté autant d'envie à Corneille que le roi de Prusse m'en portait

 

 

 

 

«  A Charles-Augustin Ferriol, comte d'Argental

 

A Berlin 26 février [1753]

 

Mon cher ange, j'ai été très malade et en même temps plus occupé qu'un homme en santé ; étonné de travailler dans l'état où je suis, étonné d'exister encore, et me soutenant par l'amitié, c'est-à-dire par vous et par Mme Denis . Je suis ici le meunier de La Fontaine i. On m'écrit de tous les côtés : partez, fuge crudeles terras fuge littus iniquum ii, mais partir quand on est depuis un mois dans son lit, et qu'on n'a point de congé, se faire transporter couché à travers cent mille baïonnettes, cela n'est pas tout à fait aussi aisé qu'on le pense . Les autres me disent : Allez vous en à Potsdam, le roi vous a fait chauffer votre appartement , allez souper avec lui . Cela m'est encore plus difficile . S'il s'agissait d'aller faire une intrigue de cour, de parvenir à des honneurs et à de la fortune, de repousser les traits de la calomnie, de faire ce qu'on fait tous les jours auprès des rois, j'irais jouer ce rôle là tout comme un autre ; mais c'est un rôle que je déteste, et je n'ai rien à demander à aucun roi .

 

Maupertuis que vous avez si bien défini iii est un homme que l'excès d'amour-propre a rendu très fou dans ses écrits, et très méchant dans sa conduite . Mais je ne me soucie point du tout d'aller dénoncer sa méchanceté au roi de Prusse .

 

J'ai plus à reprocher au roi qu'à Maupertuis . Car j'étais venu pour Sa Majesté et non pour ce président de Bedlam iv. J'avais tout quitté pour elle, et rien pour Maupertuis , elle m'avait fait des serments d'une amitié à toute épreuve, et Maupertuis ne m'avais rien promis . Il a fait son métier de perfide en intéressant sourdement l'amour-propre du roi contre moi . Maupertuis savait mieux qu'un autre à quel excès se porte l'orgueil littéraire . Il a su prendre le roi par son faible . La calomnie est entrée très aisément dans un cœur né jaloux et soupçonneux v. Il s'en faut de beaucoup que le c. de Richelieu ait porté autant d'envie à Corneille que le roi de Prusse m'en portait . Tout ce que j'ai fait pendant deux ans pour mettre ses ouvrages de prose et de vers en état de paraitre a été un service dangereux qui déplaisait dans le temps même qu'il affectait de m'en remercier avec effusion de cœur . Enfin son orgueil d'auteur piqué l'a porté à écrire une malheureuse brochure contre moi, en faveur de Maupertuis vi qu'il n'aime point du tout ; il a senti avec le temps que cette brochure le couvrait de honte et de ridicule dans toutes les cours de l'Europe, et cela l'aigrit encore . Pour achever le galimatias qui règne dans toute cette affaire, il veut avoir l'air d'avoir fait un acte de justice, et de le couronner par un acte de clémence vii. Il n'y a aucun de ses sujets , tout prussiens qu'ils sont, qui ne le désapprouve . Mais vous jugez bien que personne ne le lui dit . Il faut qu'il se dise tout à lui-même . Et ce qu'il se dit en secret c'est que j'ai la volonté et le droit de laisser à la postérité sa condamnation par écrit . Pour le droit je crois l'avoir . Mais je n'ai d'autre volonté que de m'en aller , et d'achever dans la retraite le reste de ma carrière entre les bras de l'amitié, et loin des griffes des rois qui font des vers et de la prose .

 

Je lui ai mandé tout ce que j'ai sur le cœur . Je l'ai éclairci . Je lui ai dit tout . Je n'ai plus qu'à lui demander une seconde fois mon congé . Nous verrons s'il refusera à un moribond la permission d'aller prendre les eaux viii. Tout le monde me dit qu'il me la refusera, je le voudrais pour la rareté du fait . Il n'aura qu'à ajouter à L'Antimachiavel un chapitre sur le droit de retenir les étrangers par force, et de le dédier à Busiris ix. Quoi qu'on me dise, je ne le crois pas capable d'une si atroce injustice . Nous verrons . J'exige de vous et de Mme Denis que vous brûliez tous deux les lettres que je vous écris par cet ordinaire, ou plutôt par cet extraordinaire . Adieu, mes chers anges .

 

V. »

 

ii Fuis des terres cruelles, fuis une rive inique .

iii Le 18 janvier, d'Argental écrit : «  ... je le connaissais pour un homme dur jusqu'à la férocité, jaloux, envieux, intraitable ..., mais j'ai appris depuis votre départ qu'il était ... capable des intrigues les plus adroites, et des plus profondes noirceurs, plusieurs personnes dignes de foi m'en ont raconté les traits affreux ... »

iv Asile de fous de Londres . Allusion aux théories/ « rêveries » de Maupertuis .

v Dans ses Mémoires, V* écrit : « Il (Maupertuis) ajouta ... que je trouvais les vers du roi mauvais, et cela réussit » ; dans une pseudo-lettre à Mme Denis du 24 juillet 1752, il précise «  (Maupertuis) débite sourdement que le roi m'ayant envoyé ses vers à corriger, j'avais répondu : Ne se lassera-t-il pas de m'envoyer son linge sale à blanchir ? » D. Thiébault cite cette phrase dans ses Mémoires, bien que n'étant arrivé à Berlin qu'en 1765 et ses Mémoires publiés en 1826 ; il se serait contenté des écrits de V* . Toutefois , le roi fait une allusion à des « traits » lancés contre ses ouvrages par V*, dans sa lettre du 15 mars .

Lettre MCMLXVIII page 56 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f60.image.r=...

vi Lettre d'un académicien de Berlin à un académicien de Paris . http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5624446m

vii Le 27 janvier, à l'envoyé de France La Touche : « S.M. Le roi de Prusse vient de m'inviter à retourner avec elle à Potsdam, le 30, jour de son départ . Si vous écrivez à Paris et à Versailles, je vous prie de vouloir bien mander cette nouvelle pour détruire les faux bruits qui y courent . »

Et à Walther le 1er février 1753 , voir page 49 l' « avertissement » qu'il lui demande de faire paraitre : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f53.image.r=...

viii A Plombières . Voir lettre à Frédéric du 11 mars 1753 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2009/03/11/d...

et la réponse du roi : lettre MCMLXVIII Cf. note v.

ix Roi légendaire d'Égypte qui faisait périr les étrangers au feu sur des lits de fer .http://www.cosmovisions.com/$Busiris.htm

 

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26/02/2011 | Lien permanent

j'ai pris toutes mes mesures depuis longtemps pour vivre et mourir libre, et je n'aurai certainement pas la bassesse de

... Aussi, tout profanement, je me réjouis qu'il y ait des spectacles tels que celui-ci :

https://www.arte.tv/fr/videos/093018-000-A/cirque-du-soleil-luzia/

 

 

 

« A Jeanne-Grâce Bosc du Bouchet, comtesse d'Argental

[vers le 5] novembre 1764 aux Délices 1

Madame l'ange est suppliée d'être l'arbitre entre M. de Foncemagne et moi ; si elle me condamne je me tiens pour être très bien condamné . Je sais bien que j'ai affaire à forte partie, car c'est plutôt contre Mme la duchesse d'Aiguillon et M. le maréchal de Richelieu que contre M. de Foncemagne que je plaide . Il me semble que le procès est assez curieux.

Quant au Portatif je ne plaide point et je décline toute juridiction . Il est très avéré que cet ouvrage (horriblement imprimé, quoiqu'il ne l'ai pas été chez les Grasset ) est fait depuis plusieurs années, ce qui est très aisé à voir puisque à l'article chaîne des évènements, page 70, il est parlé de soixante mille Russes en Poméranie .2

Il n'est pas moins certain que la plupart des articles étaient destinés à l’Encyclopédie, par quelques gens de lettres dont les originaux sont encore entre les mains de Briasson . S'il y a quelques articles de moi, comme Amitié, Amour, Anthropophages, Caractère, la Chine, Fraude, Gloire, Guerre, Lois, Luxe, Vertu, je ne dois répondre en aucune façon des autres . L'ouvrage n'a été imprimé que pour tirer de la misère une famille entière . Il me paraît fort bon, fort utile, il détruit des erreurs superstitieuses que j’ai en horreur, et il faut bénir le siècle où nous vivons qu'il se soit trouvé une société de gens de lettres et dans cette société des prêtres qui prêchent le sens commun . Mais enfin , je ne dois pas m'approprier ce qui n'est pas de moi . L'empressement très inconsidéré de deux ou trois philosophes de Paris, de donner de la vogue à cet ouvrage au lieu de ne le mettre qu'en des mains sûres m'a beaucoup nui . Enfin la chose a été jusqu’au roi qu'il fallait détromper, et vous n'imagineriez jamais de qui je me suis servi pour lui faire connaître la vérité . Je n'ai pas les mêmes facilités auprès de maître Omer mon ennemi, qui me désigna indignement et très mal à propos il y a quelques années dans son réquisitoire contre Helvétius . Son frère , l’ancien intendant de Bourgogne a fait venir le livre pour le lui remettre, et pour faire l'usage ordinaire .

Cet usage ne me paraît que ridicule, mais il est pour moi de la dernière importance qu'on sache bien qu'en effet l'ouvrage est de plusieurs mains, et que je le désavoue entièrement . C'est le sentiment de toute l'Académie . Je lui en ai écrit par le secrétaire perpétuel 3 . Quelques académiciens qui avaient vu les originaux chez Briasson, ont certifié une vérité qui m'est si essentielle . Au reste j'ai pris toutes mes mesures depuis longtemps pour vivre et mourir libre, et je n'aurai certainement pas la bassesse de demander, comme M. d'Argenson, la permission de venir expirer à Paris entre les mains d'un vicaire 4. Un des Omer disait qu'il ne mourrait pas content qu'il n'ai vu pendre un philosophe ; je peux l'assurer que ce ne sera pas moi qui lui donnerai ce plaisir .

Soyez bien persuadée, madame, que d'ailleurs toutes ces misères ne troublent pas plus mon repos que la lecture de l'Alcoran ou celle des Pères de l’Église, et soyez encore plus persuadée de mon tendre et inviolable respect .

Voulez-vous bien, madame, donner à M. de Foncemagne ma réponse dans laquelle je ne crois avoir manqué à aucun des égards que je lui dois ?

N. B. – Je reçois la petite lettre de M. le duc de Praslin . C'était , ne vous déplaise, M. l'évêque d'Orléans qui avait déjà parlé, mais je préfère la protection de M. le duc de Praslin à celle de tout le clergé . Pour M. le duc de Choiseul, il m'a écrit, Vieux Suisse, vielle marmotte, vous vous agitez comme si vous étiez dans un bénitier, et vous vous tourmentez pour bien peu de chose.5

Je ne suis pas tout à fait de son avis 6. »

1 L'ouvrage joint à la lettre est certainement constitué par les Doutes nouveaux (voir lettre du 2 novembre 1764 au comte d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/12/16/je-leur-reponds-a-tous-4-et-vous-croyez-bien-que-ce-n-est-pas-pour-leur-dir.html ), d'où la date proposée ( et non fin novembre comme l'impriment toutes les éditions par référence à l'Arbitrage .)

2 Ce passage fut supprimé .

4 On verra pourtant qu'une dizaine d'années plus tard V* commencera à se soucier de ce problème, qui finira par l'occuper plus que tout autre .

5 Voir cette lettre de Choiseul-Stainville , du 27 octobre 1764 , en note dans la lettre du 29 octobre 1764 à d'Argental : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2019/12/15/c... . V* aura assez d'habileté pour en citer les passages qui lui conviennent, en faisant silence sur le reste .

6 Ici se termine la quatrième page de la copie Beaumarchais ; la suite manque .

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29/12/2019 | Lien permanent

Où est celui qui a l’âme assez forte et le coup d’œil assez juste pour oser

 http://www.dailymotion.com/video/x8eyz0_les-chiens-chanteurs-jingles-bels_music

 

dogattack.jpg
Et sans transition, quelques nouvelles du château de Volti .
Pâques = oeufs en chocolat et carrément "chasse" à l'oeuf . 5000 ont été largués par des lapins
volontaires de l'équipe de l'Office de tourisme de Ferney avant 10 h ce matin .
Plus de 1000 chasseurs se sont manifestés !
Il semblerait bien qu'un vol de sautterelles ou d'étourneaux soit comparable à leur efficacité !
Parallèlement, il y avait  Oeufs-Enigmes-Chocolat, jeu de piste avec petit questionnaire sympa sur
Voltaire et son château, pondu par l'équipe CMN ! Gros succès là aussi et il faudra voir plus grand
l'an prochain si cette opération est reconduite . Des petits lots de friandises distribués, je n'ai vu
que la couleur, et le sourire des gamins.
Pas de crise de foie, ni de foi, pour moi !
Par contre, avis de tempête sur le Saint-Siège ! Il faut assumer, messieurs !
 

 

 

 

« A Frédéric II, roi de Prusse

 

[vers le 5 avril 1767]

 

             Sire,

             Je ne sais plus quand les chiens qui se battent pour un os et à qui on donne cent coups de bâton, comme le dit très bien Votre Majesté, [dans le conte «  Les Deux Chiens et l’Homme » envoyé par Frédéric le 10 février à V*, qui l’a remercié le 3 mars] pourront aller demander un chenil dans vos Etats. Tous ces petits dogues là [les Genevois ; le 5 janvier 1767, V* écrit à Frédéric : « Le diable est déchainé dans Genève. Ceux qui voulaient se retirer à Clèves restent… »], accoutumés à japper sur leurs paliers, deviennent indécis de jour en jour. Je crois qu’il y a deux familles, qui partent incessamment mais je ne puis parler aux autres, la communication étant interdite par un cordon  de troupes dont on vante déjà les conquêtes. On nous a pris plus de douze pintes de lait et plus de quatre paires de pigeons. Si cela continue, la campagne sera extrêmement glorieuse. Ce ne sont pourtant pas les malheurs de la guerre qui me font regretter le temps que j’ai passé auprès de Votre Majesté. Je ne me consolerai jamais du malheur qui me fait achever ma vie loin de vous. Je suis heureux autant qu’on peut l’être dans ma situation, mais je suis loin du seul prince véritablement philosophe. Je sais fort bien qu’il y a beaucoup de souverains qui pensent comme vous, mais où est celui qui pourrait faire la préface de cette Histoire de l’Eglise [la préface de l’Abrégé de l’histoire ecclésiastique de Fleury… ; Frédéric avoua le 15 décembre 1766 qu’il était l’auteur de cette « terrible préface », puis qu’il est l’auteur de cet Abrégé …, traduit de l’anglais]? Où est celui qui a l’âme assez forte et le coup d’œil assez juste pour oser voir et dire qu’on peut très bien régner sans le lâche secours d’une secte ? Où est le prince assez instruit pour savoir que depuis dix-sept cents ans la secte chrétienne n’a jamais fait que du mal ? Vous avez vu sur cette matière bien des écrits auxquels il n’y a rien à répondre. Ils sont peut être un peu trop longs, ils se répètent  peut-être quelquefois les uns les autres. Je ne condamne pas toutes ces répétitions, ce sont les coups du marteau qui enfoncent le clou dont on perce la tête du fanatisme, mais il me semble qu’on pourrait faire un excellent recueil de tous ces livres, en élaguant quelques superfluités et en resserrant les preuves. Je me suis longtemps flatté qu’une petite colonie de gens savants et sages viendrait se consacrer dans vos Etats à éclairer le genre humain  [projet de colonie philosophique à Clèves notamment ; cf. lettre du 23 juillet 1766 à d’Alembert]. Mille obstacles à ce dessein s’accumulent tous les jours.

 

             Si j’étais moins vieux, si j’avais la santé, je quitterais sans regret le château que j’ai bâti et les arbres que j’ai plantés pour venir achever ma vie dans le pays de Clèves avec deux ou trois philosophes et pour consacrer mes derniers jours sous votre protection à l’impression de quelques livres utiles.

 

             Mais, Sire, ne pouvez-vous pas sans vous compromettre faire encourager quelque libraire de Berlin à les réimprimer tous et à les faire débiter dans l’Europe à un prix qui en rende la vente facile ? Ce serait un amusement pour Votre Majesté, et ceux qui travailleraient à cette bonne œuvre en seraient récompensés dans ce monde plus que dans l’autre.

 

             Comme j’allais continuer à vous demander cette grâce, je reçois la lettre dont Votre majesté m’honore du 24 mars. Elle a bien raison de dire que l’Infâme ne sera jamais détruite par les armes [le 24 mars Frédéric répond à la lettre du 3 mars de V* : « …l’impératrice de Russie… a été sollicitée par les dissidents de leur prêter son assistance et … elle a fait marcher des arguments munis de canons et de baïonnettes, pour convaincre les évêques polonais des droits que ces dissidents prétendent avoir. Il n’est point réservé aux armes de détruire l’Infâme, elle périra par le bras de la vérité et par la séduction de l’intérêt », puis il exposait son plan.], car il faudrait alors combattre une autre superstition qui ne serait reçue qu’en cas qu’elle fût plus abominable [le 13 septembre 1766, le roi avait écrit : « … si les philosophes fondaient un gouvernement … au bout d’un demi-siècle le peuple se forgerait des superstitions nouvelles … quelque absurdité l’emporterait sur le culte pur et simple de l’Etre suprême »]. Les armes peuvent détrôner un pape, déposséder un Electeur ecclésiastique, mais non pas détrôner l’imposture.

 

             Je ne conçois pas comment vous n’avez pas eu quelque bon évêché pour les frais de guerre par le dernier traité, mais je sens bien que vous ne détruirez la superstition christicole que par les armes de la raison.

 

             Votre idée de l’attaquer par les moines est d’un grand capitaine. Les moines une fois abolis, l’erreur est exposée au mépris universel. On écrit beaucoup en France sur cette matière, tout le monde en parle. Les bénédictins eux-mêmes ont été si honteux de porter une robe couverte d’opprobre qu’ils ont présenté une requête au roi de France pour être sécularisés [ceux qui demandaient à quitter l’ordre avaient été autorisés à le faire le 15 juin 1766]. Mais on n’a pas cru cette affaire assez mûre. On n’est pas assez hardi en France, et les dévots ont encore du crédit.

 

             Voici un petit imprimé qui m’est tombé sous la  main [première Anecdote sur Bélisaire]. Il n’est pas long, mais il dit beaucoup. Il faut attaquer le monstre par les oreilles comme à la gorge.

 

             J’ai chez moi un jeune homme nommé M. de La Harpe qui cultive les lettres avec succès. Il a fait une épître d’un moine au fondateur de la Trappe qui me parait excellente [Réponse d’un solitaire de la Trappe à la lettre de l’abbé de Rancé]. J’aurai l’honneur de l’envoyer à Votre Majesté par le premier ordinaire. Je ne crois pas qu’on le condamne à être disloqué et brûlé à petit feu comme cet infortuné qui est à Vezel et que je sais être un très bon sujet [d’Etallonde, (compagnon du chevalier de La Barre) brûlé en effigie et qui a pris le nom de Morival ; V* avait parlé de lui le 3 mars 176 et Frédéric lui répondit le 24 mars : « Après bien des peines j’ai déterré le malheureux .., il se trouve porte-enseigne à Wesel et j’ai écrit pour lui. »].Je remercie Votre Majesté, au nom de la raison et de la bienfaisance, de la protection qu’elle accorde à cette victime du fanatisme de nos druides.

 

             Les Scythes sont un ouvrage fort médiocre. Ce sont plutôt les petits cantons suisses et un marquis français que les Scythes et un prince persan. Thiriot aura l’honneur d’envoyer de Paris cette rhapsodie à Votre majesté.

 

             Je suis toujours très fâché de mourir hors de vos Etats. Que Votre Majesté daigne me conserver quelque souvenir pour ma consolation.

http://www.youtube.com/watch?v=wUY8izll0e8

 

 

 

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04/04/2010 | Lien permanent

Voyez si cela mérite votre indignation, et la mienne

... Voir https://twitter.com/GDarmanin/status/1328579376263426048?...

Comment peut-on en arriver là en France ? Mon indignation est déjà en marche ...

https://twitter.com/dupontaignan/status/13286274243813294...

... et là elle déborde ! Comment ce sale type peut-il oser encore se porter candidat à la présidence ?

 

 

Mis en ligne le 17/11/2020 pour le 5/9/2015

 

 

« Voltaire et Marie-Louise Denis

à François Tronchin

Nous vous envoyons, monsieur, la lettre ci-jointe, pour monsieur le premier syndic 1; nous vous supplions de la donner si vous le jugez convenable . Vous verrez par la lettre , de quoi il s'agit . Nous nous en rapportons à votre amitié, et à votre prudence . Tâchez d'avoir le libelle chez Bardin, il est assez plat, et ne méritait pas un V. Voyez si cela mérite votre indignation, et la mienne . Nous allons à Ferney aujourd’hui . Vous devriez bien venir dîner aux Délices samedi ou dimanche .

V. et M.

Vendredi matin [5 septembre 1760] »

1 Lettre du même jour à Lullin de Châteauvieux :

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05/09/2015 | Lien permanent

vieilles fêtes oubliées qui plaisent fort peu le même jour qu'on les donne, qui affadissent le lendemain

... Au soir du premier tour ce dimanche !

 

 

« A Gabriel Cramer

[3 janvier 1767] 1

Voilà, monsieur Caro, des choses intéressantes qui vous fourniront un joli tome bien complet, et meilleur 2 que de vieilles fêtes oubliées ( qui plaisent fort peu le même jour qu'on les donne, qui affadissent le lendemain ; et qu'on ne peut jamais lire [ )].

Tâchez de me trouver un correcteur d'imprimerie, car je pars, après avoir été douze ans votre premier garçon .

Je suis d'ailleurs un très mauvais réviseur de feuilles . Je vous recommande instamment l’ouvrage de M. d'Alembert .

Je vous ai envoyé hier par un domestique, à 4 heures du soir, un errata des Scythes qui est immense avec les deux cartons nécessaires . Dans l'un il y avait un vers oublié, et dans l'autre quatre . Il y a des pages qui ne sont point numérotées, d'autres qui le sont mal .

Je vous embrasse de tout mon cœur . »

1 Cette lettre et la suivante est datée par référence à la visite de Beauteville à Soleure ; voir lettre du 5 janvier 1767 à d'Argental : http://www.monsieurdevoltaire.com/2015/04/correspondance-annee-1767-partie-3.html

2 L'édition Besterman porte et le meilleur, qui ne donne pas de sens satisfaisant ; au reste il est difficile de dire ce que sont les « vielles fêtes oubliées » .

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09/04/2022 | Lien permanent

Queste coglionerié se vendent mieux qu'un bon ouvrage

... La presse people , est-il besoin de le préciser .

La grande question est de savoir à qui se fier, si on s'en tient à la vérité, ou de gober tous les bobards de malins adressés à des crétins bas de plafond .

Voir : https://www.la-croix.com/Economie/Barometre-medias-2023-q... 

 

 

« A Jacques Lacombe, Libraire

Quai de Conti

à Paris

6 septembre [1767]

La moitié de L'Ingénu vous est adressée par M. Marin, demain 1. L'autre moitié suivra dès que vous aurez accusé la réception de la première . Tâchez, monsieur, de vous assurer d'une permission tacite 2. Queste coglionerié 3 se vendent mieux qu'un bon ouvrage . Je voudrais bien que cette pauvreté vous fût de quelque utilité . Vous ne m'avez point envoyé Les Illinois et Guillaume Tell . Gardez-vous de me les envoyer .

V. »

1  Mot ajouté par Wagnière .

2 Sans attendre le texte corrigé par V*, Lacombe a mis le livre en vente le 3 septembre 1767, anticipant sur l'autorisation tacite qui est datée du même jour ; sur ces premières éditions, voir William R. Jones, éditeur de L'Ingénu, 1957 .

3 Ces couillonneries .

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21/04/2023 | Lien permanent

le partage des hommes est de faire des systèmes sur toutes les choses qui sont dérobées à leurs connaissances

... On ne parle jamais si bien et autant que de ce qu'on suppose être ou avoir été et nous sommes bien de terrible coupeurs de cheveux en quatre , masquant nos ignorances par le verbiage . Nos hommes politiques sont particulièrement doués dans ce domaine et se donnent volontiers en spectacle ; je ne cite pas de noms, je manquerais de place et n'ai pas de temps à perdre .

 Image associée

 

 

 

« A monsieur de Valbène

Chez monsieur Delonne et Guibert Libraires

à Avignon

11è novembre 1763, au château de Ferney

par Genève 1

Les maladies, monsieur, dont je suis tourmenté depuis longtemps, jointes à une grande fluxion sur les yeux, ne m'ont pas permis de vous remercier plus tôt des anecdotes que vous avez bien voulu me communiquer sur l'aventure extraordinaire de l'homme au masque de fer . La vérité de cet événement n'est plus contestée ; mais la diversité des conjectures subsiste toujours ; le partage des hommes est de faire des systèmes sur toutes les choses qui sont dérobées à leurs connaissances . Pour moi je m'en suis tenu aux faits, et encore y ai-je eu bien de la peine .

J'ai l'honneur d'être avec bien de l’estime, monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur

Voltaire

gentilhomme ordinaire de la chambre du roi. »

1 L'original est passé à la vente Sotheby le 11 juin 1968 . On a l'édition L. M. C. [Chesnay ?] « Lettre inédite à M. de Voltaire, d'un gentilhomme d'Avignon, sur le Masque de fer, avec la réponse », Bulletin polymathique du Museum d'instruction publique de Bordeaux, 1815 . Valbène a écrit à V* le 16 octobre 1763 pour lui apporter des « preuves beaucoup plus fortes » que la « lettre du seigneur de Palteau » citée par lui, dans la Supplément à l'Essai sur l'histoire générale, touchant l' « homme au masque de fer ». Voir : https://www.france-jeunes.net/lire-l-identite-du-masque-de-fer-confirmee-par-voltaire-11366.htm

et https://books.google.fr/books?id=UPxaAAAAcAAJ&pg=PA423&lpg=PA423&dq=Suppl%C3%A9ment+%C3%A0+l%27Essai+sur+l%27histoire+g%C3%A9n%C3%A9rale+voltaire+masque+de+fer&source=bl&ots=_RFFB-Fnrx&sig=eHnoWjYxNP6fpzg-bmNCoXohqCQ&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwjgleiAzbzeAhVRxIUKHcgrBbsQ6AEwBXoECAQQAQ#v=onepage&q=Suppl%C3%A9ment%20%C3%A0%20l'Essai%20sur%20l'histoire%20g%C3%A9n%C3%A9rale%20voltaire%20masque%20de%20fer&f=false

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05/11/2018 | Lien permanent

Vous éprouverez ma chère amie de terribles chaleurs si vous allez en Picardie au mois d'août . Il vaudrait mieux peut-êt

... Propos de salon ou prévision de Madame Soleil à la Albert Simon ?

Les prévisions de la grenouille concurrençaient celles de Météo-France et des matheux pour la plus grande joie des auditeurs amateurs de dictons farfelus :

Nos amis Picards l'affirment : - Ch’est l’diabe qui s’bot aveu s’feume.  = Quand il pleut et qu’il fait soleil.

-A la Sainte Monique, te plains pas si le soleil te pique

-Quand Août n'est pas pluvieux, Septembre est souvent radieux

-S'il pleut à la Ste-Clarisse, c'est souvent comme vache qui pisse

-Chaleur d'Août, c'est du bien partout

Nous voilà prévenus .

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Ecce homo : https://www.youtube.com/watch?v=wdJM_yiOOSI&ab_channel=INAStars

 

 

« A Marie-Louise Denis

Par Versoix et Lyon, à Ferney, 11è juillet 1768

On a reçu les lettres du 3 et du 5 juillet . Le solitaire vous en remercie bien tendrement . C'est un grand malheur que notre ami Damila soit actuellement malade . Il aurait pu se faire informer de ce qu'est devenu le petit paquet qu'un correspondant de Genève lui envoyait et que cet étourdi de Delorme a laissé saisir si sottement à la douane des pensées .

Le solitaire ne sait ce que contenait ce petit paquet . Il sait seulement que Damila avait souvent écrit pour l'avoir, et que le Genevois n’avait jamais voulu le lui envoyer par la poste . Ce Genevois avait pris la précaution qui paraît la plus sûre, et c'est par cette précaution même que le paquet a été perdu . Tout est dangereux dans ce monde jusqu'à la prudence .

On craint bien davantage pour le paquet de M. Necker, comme on l'a déjà dit . Cet homme n'est pas heureux en aventures 1.

On croit toujours que Briasson peut faire rendre les lettres adressées à Mme Denis et à M. d'Hornoy, mais on pense aussi que Marin peut servir bien davantage, et mettre plus au fait de tout, supposé que Necker ait été aussi malheureux que Delorme .

En vérité, il faut que le savoyard ne soit fait que pour ramoner les cheminées puisqu'il a envoyé les lettres qu'il a eu la bêtise d'écrire , et les réponses aussi mesurées et aussi assommantes qu'on lui a faites . Il était impossible que la petite assemblée où l'on prétend que ces lettres furent lues ne donnât gain de cause au solitaire ; mais je doute encore qu'il ait osé envoyer ces lettres . La réponse, dont j’ai gardé copie, est à mon gré si chrétienne et si philosophique, et tout à la fois si fière et si modeste ; elle porte si hautement le caractère d'un homme qui instruit celui qui se croit fait pour instruire ; enfin, elle me paraît si bien à tous égards, que je suis presque sûr que ce ramoneur n'a osé la montrer . Je suis entièrement en repos de ce côté-là, mais je ne le suis point du tout sur Delorme et sur Necker .

Celui qui a joint aux lettres qui étaient pour vous un paquet pour Damila , a été trop faible sans doute, de se laisser vaincre aux empressements redoublés de ce pauvre Damila qui a demandé pendant trois mois des rogatons dont il n'a que faire .

Vous éprouverez ma chère amie de terribles chaleurs si vous allez en Picardie au mois d'août . Il vaudrait mieux peut-être y aller en septembre, et revenir avec votre sœur . Vous vous gouvernerez suivant le temps, c'est ainsi qu'on en use partout . Pour moi je ne crois pas que ma mauvaise santé me permette d'aller chez l’Électeur palatin ; je n'ai promis que sous condition . L'état où je suis ne demande plus que la solitude . J'ai fait fermer à double tour la grande porte du château . Je n'ai plus de consolation que dans mes travaux et un peu de lecture . La philosophie me fait supporter la vie, et les sentiments que vous me conservez me la font presque aimer . Je me prépare au dernier passage en regrettant très peu de choses, et en vous regrettant infiniment .

J'écrirai à M. d'Hornoy et à M. de Laleu dès que j'aurai un moment à moi . Je vous embrasse de tout mon cœur . »

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22/02/2024 | Lien permanent

en proie aux maladies et aux ouvriers

 

 http://www.youtube.com/watch?v=0CEsyupYQwU

Surprise !

Elie Bertrand au XXIème siècle n'a plus guère de rapports avec celui qui correspondait avec Volti ! Ou est-ce une réincarnation pour des rapports percutants ?

En tout cas, c'est ce que j'ai découvert en cherchant des images  "Elie Bertrand" ! Vive Google qui me permet d'élargir mes connaissances musicales !

Elie au XVIIIème : le voici : http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lie_Bertrand

Perso : Ma belle Amie, je sens qu'après avoir lu cette note vous ajouterez comme moi deux noms à la liste des voués aux enfers : Altmann et von May !

http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://idata.over-b...

 

 

 

« A Elie Bertrand

Pasteur de l’Eglise française

à Berne

 

 

Aux Délices près de Genève,

6 avril 1756

 

             Me voilà toujours cloué à mes Délices, mon cher Monsieur, en proie aux maladies et aux ouvriers. Je travaille à me défaire de tout cela pour venir rendre mes hommages à Berne. J’y viendrai lire le catéchisme dont vous me parlez, car en vérité je me sens un peu de votre religion, je suis indulgent comme vous, j’aime Dieu et le genre humain, et je ne damne personne. Ce n’est pas que l’auteur de la lettre anonyme n’ait fait une action damnable ou tout au moins condamnable : ce n’est point du fanatisme tout pur, c’est une méchanceté réfléchie ; j’avoue avec vous que l’auteur est un fou, mais c’est un fou très dangereux. Il écrit une lettre de Lausanne contre les premiers ecclésiastiques et les premiers magistrats du pays ; il me dit dans cette lettre que ceux qui me font l’honneur de venir chez moi écrivent à Berne contre moi. Il envoie sa lettre cachetée à un de ses parents à Berne, et le prie de mettre le dessus de la lettre. Ce parent se prête innocemment à cette manœuvre dont il ne soupçonne pas la malignité. Ce sont de ces choses qu’on peut aisément savoir  de M. Roberty, employé à la poste de Berne. Pour comble de perversité, ce brouillon a cacheté sa lettre d’un cachet surmonté de la lettre H, et a répandu lui-même dans Lausanne qu’un magistrat de Berne m’avait écrit une lettre de reproches. Mes amis m’ont conseillé d’écrire à M. de Haller, me flattant qu’il pourrait me mettre au fait de cette manœuvre dans laquelle on semblait abuser de son nom, et qu’il en serait indigné. On m’avait dit qu’il avait quelque intendance sur les postes, et c’est cette raison qui me détermina à prendre la liberté de m’adresser à lui. Je n’osai pas lui expliquer ce que la lettre anonyme contenait ; je me contentai de lui parler en général pour obtenir quelques éclaircissements [de fait, V* avait commencé par soupçonner de Haller qui critiquait depuis longtemps ses œuvres dans les Göttinger gelehrten Zeitungen (= Documents savants de Göttingen); aussi, il avait écrit perfidement à Haller en lui demandant de reconnaitre la paternité du conseil -(de ne pas s’en prendre à la religion d’un pays tranquille) qui était donné dans la lettre anonyme- pour pouvoir l’en remercier ! ]. Je suis actuellement tout éclairci ; je sais de quelle main  ce trait infâme est parti [en réalité il ne le saura qu’en 1759 par une lettre de Haller, le coupable est un pasteur bernois, Altmann, qui dès avant l’arrivée de V* avait déclaré : « Nous ne voulons pas d’un homme qui est le rebut de toute la terre. »], et je suis persuadé que vos magistrats ne souffriraient point qu’un homme écrivit de Lausanne des calomnies contre les premiers de Lausanne et les envoyât par la poste de Berne, pour faire croire que sa lettre est écrite par quelqu’un de ses souverains. Cet abus de toutes les lois et ce manque de respect à ses maîtres n’est pas tolérable. Je vous supplie, Monsieur, de vouloir bien communiquer ma lettre à M. de Freudenreich et à M. de Haller. Je sais qu’il y a bien des tracasseries à Lausanne, mais je ne m’en mêle point. Je n’ai été qu’une seule fois dans cette ville. On m’a dit que de jeunes ministres n’ont pas pour leurs anciens toute la considération qu’ils leur doivent ; que quelquefois même ils prêchent les uns contre les autres [ces insinuations ont fait accuser V* par un ami de Haller, von May, de « mettre la combustion (au pays) … en mettant ses parasites aux mains avec le ministère (du culte). »] ; mais ce n’est pas à moi à prendre connaissance de ces petits scandales. Un malade doit se tenir au coin de son feu, et un étranger doit se taire.

 

             Bonsoir, mon cher philosophe religieux et humain. Mille respects, je vous en prie à M. le baron de Freidenreck et à M. le baron de Haller.

Tintin soviet.jpg

 Juste pour nous souvenir que l'abstention n'est pas si facile dans certains pays !

Personnellement je n'arrive toujours pas à choisir entre deux mauvaises choses, aussi je choisis de m'abstenir ! Honte à moi de choisir ce type d'opposition, peut-être ...

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06/04/2010 | Lien permanent

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