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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

les déclamations sont toujours puériles, surtout quand elles sont remplies d'enflures

... Et les cérémonies commémoratives du 11 novembre vont nous en donner , je le crains, un bon nombre d'exemples .

Quant aux enflures qui font des déclamations puériles, le monde n'en manque pas, et ma préférée est , vous vous en doutez, Mr Trump .

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Couple d'enflures en représentation : triste spectacle

 

 

« A Jean-François de La Harpe

[novembre 1763] 1

Après le plaisir, monsieur, que m'a fait votre tragédie, le plus grand que je puisse recevoir est la lettre dont vous m'honorez . Vous êtes dans les bons principes, et votre pièce justifie bien tout de que vous dites dans votre lettre . Racine, qui fut le premier qui eût du goût, comme Corneille fut le premier qui eût du génie , l'admirable Racine, non assez admiré, pensait comme vous ; la pompe du spectacle n'est une beauté que quand elle fait une partie nécessaire du sujet ; autrement ce n'est qu'une décoration : les incidents ne font un mérite que quand ils sont naturels ; et les déclamations sont toujours puériles, surtout quand elles sont remplies d'enflures . Vous vous applaudirez de n'avoir pas fait de vers à retenir, et moi, monsieur, je trouve que vous en avez fait beaucoup de ce genre ; les vers que je retiens le plus aisément, sont ceux où la maxime est tournée en sentiment, où le poète cherche moins à paraître qu'à faire paraître son personnage, où l'on dit ce qu'on doit dire : voilà les vers que j'aime ; jugez si je ne dois pas être très content de votre ouvrage .

Vous me paraissez avoir beaucoup de mérite , attendu que vous avez beaucoup d'ennemis . Autrefois dès qu'un homme avait fait un bon ouvrage, on allait dire au frère Vadeblé 2 qu'il était janséniste ; le frère Vadeblé le disait au père Le Tellier, qui le disait au roi . Aujourd'hui faites une bonne tragédie, et l'on dira que vous êtes athée . C'est un plaisir que de voir les pouilles que l'abbé d'Aubignac, prédicateur du roi, prodigue à l'auteur de Cinna ; il y a eu de tout temps des Fréron dans la littérature, mais on dit qu'il faut qu'il y ait des chenilles parce que les rossignols les mangent afin de mieux chanter .

J'ai l'honneur d'être etc. »

1 Il y a deux copies Beaumarchais-Kehl datées respectivement de janvier 1764 et décembre 1763 ; édition « Réponse de M. de Voltaire à M. de La Harpe, qui lui avait écrit en lui envoyant sa tragédie de Warwick », dans le Journal encyclopédique du 15 décembre 1763, date la lettre de novembre 1763 . il existe trois autres copies anciennes avec quelques variantes de détail . La lettre à laquelle répond V* n'est pas connue .

2 On garde ici exceptionnellement l'orthographe de ce nom pour Vatebled ( ou Watebled) ; de même, le même personnage est appelé Vadbled dans L'Ingénu ; Vatebled était un père jésuite de l'entourage du père La Chaise à la fin du règne de Louis XIV. Voir : https://books.google.fr/books?id=uP5A7WpGvksC&pg=PA139&lpg=PA139&dq=fr%C3%A8re+vatebled&source=bl&ots=sa3QG17OQP&sig=oM-myeFv57O9KvVZalvVrNWkFGY&hl=fr&sa=X&ved=2ahUKEwiu-tbyr8TeAhVJxoUKHSlYA3gQ6AEwAnoECAYQAQ#v=onepage&q=fr%C3%A8re%20vatebled&f=false

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08/11/2018 | Lien permanent

Toutes les craintes qu'on témoigne me semblent entièrement chimériques

... Tel est l'avis d'un Allemand qui s'est fait vacciner 217 fois contre le Covid-19 ! https://www.msn.com/fr-fr/lifestyle/trucs-et-astuces/covi...

Vous, les anti-vacs , ça vous défrise un tantinet, non !  Toujours aussi bornés ? Toujours le trouillomètre à zéro face aux "redoutables" effets secondaires dudit vaccin ?

 

 

 

« A Charles-Frédéric-Gabriel Christin fils, Avocat

en Parlement

à Saint-Claude

Mon cher avocat, mon cher philosophe, je ferait tout de qu'on voudra et quand on voudra . Je ne connais point ce législateur Frigole 1,mais il me paraît évident qu'il n’y a pas l'ombre de donation dans tout ceci . C'était autrefois votre avis ; il me semble que vos premières idées sont toujours meilleures que les dernières des autres . Un prince souverain étranger stipule une pension en monnaie d'Empire . Je voudrais bien savoir ce que les sangsues des domaines du royaume de France ont à dire à cela ; chose promise , chose due . S'il refusait de payer dans l'Empire on l'actionnerait en France, alors on contrôlerait 2, et on paierait aux fermiers du domaine ce malheureux contrôle .

Toutes les craintes qu'on témoigne 3 me semblent entièrement chimériques . D'ailleurs , l'objet le plus fort, qui est de deux cent mille livres, a été dûment contrôlé et insinué . Faut-il payer deux fois la même chose, et ne suffirait-il pas que Mme Denis mît au bas du contrat qu'elle accepte la rente ? Pour moi, c'est mon avis .

De plus, comment faire avec M. l’Électeur palatin qui a fait le même marché signé à Mannheim ? ce n'est point un contrat , c'est un simple acte . Il vaut contrat à Colmar où il n'y a point de contrôle ;

Enfin il n'est pas présumable que des souverains veulent se déshonorer pour si peu de chose , cela est dans le rang des impossibilités morales . J'écris sur cette affaire à Mme Denis , après quoi je serai à vos ordres .

Je me flatte que vous avez écrit à M . Leriche et que je vous verrai arriver au mois de septembre avec un beau coq de perdrix . La pauvre solitaire que vous avez apportée s'ennuie de n'avoir point d’amant . J'ai préparé ma petite faisanderie . Adieu, mon cher ami, je recommande toujours la vérité à votre zèle . Méprisez les sots, détestez les fanatiques et aimez-moi .

V.

16è auguste 1768. »

1 Il s'agit de Jean-Baptiste Furgole, auteur de l'Ordonnance de Louis XV […] pour fixer la jurisprudence des donations, 1733 et du Traité des testaments, codicilles, donations à cause de mort, 1777, etc. Mme Denis de son côté a consulté pour savoir si les contrats passés en sa faveur par V* étaient une donation . Ainsi, vers la même époque, Sébastien Dupont lui répond que son contrat n’est pas « une donation ni tacite ni expresse ». La lettre de Mme Denis à Dupont est du 9 juillets 1768 ( d’après une mention sur les minute établie par Dupont . Elle a dû , vers la même époque, saisir V* du problème, craignant qu'à la mort de celui-ci ce contrat ne soit pas condidéré comme valable s’il n'était pas enregistré comme une donation .

Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Baptiste_Furgole

Voir : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9764092n/f43.item.texteImage

et : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k96006893.texteImage

2 En ce sens, contrôler signifie « enregistrer après vérification des pièces »..

3 Ce « on » représente certainement Mme Denis ; voir note 1.

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07/03/2024 | Lien permanent

Iriez-vous leur donner des coups de bâton à l'autel ? n'attendriez-vous pas qu'ils allassent de l'église au bordel ? Vou

... Il en est de certains chrétiens d'aujourd'hui, comme de certains chrétiens d'hier si dignes de moqueries voltairiennes . Suivre la loi n'est pas toujours suffisant pour être un honnête homme , époux d'une honnête femme, père d'honnêtes enfants tous prêts à aider papa dans le besoin et grossir le pécule familial .

That's life ! Le temps de l'église est dépassé, l'heure du bordel est arrivée . Gare aux MST .

 

 Trop loin ? Précisément , il est à La Réunion (aux frais de Marianne ), ça fait un requin de plus dans l'océan Indien .

 

 

« A Jean Le Rond d'Alembert

Ferney 25 février [1762] 1

Mon cher universel, vous avez le nez fin et c'est pour cela que j'ai voulu que vous lussiez icelle 2. Mais après avoir mandé à Mme de Fontaine de vous donner cette corvée, je lui mandai de n'en rien faire, attendu que j'ai le nez fin aussi, et que je m'étais très bien aperçu que Cassandre et Olympie ne remuaient pas comme ils doivent remuer . J'avais, Dieu et le duc de Villars m'en sont témoins, j'avais broché en six jours cette besogne . Il n'appartient qu'au Dieu de Moïse de créer en six jours un monde . J'avais fait le chaos . J'ai débrouillé beaucoup, et voilà pourquoi je ne voulais plus que vous vissiez mon ours avant que je l'eusse léché . Toutes vos critiques me paraissent assez justes . Ce n'est pas peu pour un auteur d'en convenir . Il n'y en a qu'une qui me paraît mauvaise . Vous voulez qu'un homme qui est à la porte d'une église interrompe une cérémonie qu'on fait dans le sanctuaire et à laquelle il n'a nul droit , nul prétexte de s'opposer . On voit bien que vous n'allez jamais à la messe . Je suppose que vous vissiez Fréron et Chaumeix etc. communier à Notre-Dame . Iriez-vous leur donner des coups de bâton à l'autel ? n'attendriez-vous pas qu'ils allassent de l'église au bordel ? Vous ne savez pas combien les cérémonies de l’Église sont respectables . Il y a encore d'autres remarques sur lesquelles je pourrais disputer, mais le grand point est d'intéresser . Tout le reste vient ensuite .

J'ai choisi ce sujet moins pour faire une tragédie que pour faire un livre de notes à la fin de la pièce, notes sur les mystères, sur la conformité des expiations anciennes et des nôtres, sur les devoirs des prêtres, sur l’unité d'un dieu prêchée dans tous ses mystères, sur Alexandre et ses consorts, sur le suicide, sur les bûchers où les femmes se jetaient dans la moitié de l'Asie . Cela m' a paru curieux , et susceptible d'une hardiesse honnête . Meslier est curieux aussi . Il part un exemplaire pour vous . Le bon grain était étouffé dans l'ivraie de son in-folio . Un bon Suisse a fait l'extrait très fidèlement, et cet extrait peut faire beaucoup de bien . Quelles réponse aux insolents fanatiques qui traitent les sages de libertins ! Quelle réponse (misérables que vous êtes) que le testament d'un prêtre qui demande pardon à 3 Dieu d'avoir été chrétien ! Le livre de Mords-les 4 sur l'inquisition me met toujours en fureur . Si j'étais Candide un inquisiteur ne mourrait que de ma main .

Mlle Corneille est bien élevée . Il faut remercier Dieu d'avoir arraché cette âme à l'horreur d'un couvent !

Je fais un peu de bien dans la mission que le ciel m'a confiée . Ô mes frères travaillez sans relâche, semez le bon grain, profitez du temps, pendant que nos ennemis s'égorgent.

Mme Denis est très contente de votre musique .

Quoi, Meslier en mourant aurait dit ce qu'il pense de Jésus, et je ne dirais pas la vérité sur vingt détestables pièces de Pierre ! et sur les défauts sensibles des bonnes ! Oh par Dieu je parlerai . Le bon goût est préférable au préjugé . Salva reverentia 5.

Écrasez l'infâme je vous en conjure . »

1 La lettre à laquelle répond ici V* n'est pas connue .

2 La pièce qui deviendra Olympie .

3 à ajouté au dessus de la ligne sur le manuscrit .

4 L'Abbé Morellet qui a traduit le Manuel des inquisiteurs de Nicolaus Eymericus (1762).

5 En respect .

 

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14/02/2017 | Lien permanent

il arrive que les compagnies disent et font de plus énormes sottises que les particuliers ; c’est peut-être parce qu’un

... Par "compagnie", il faut, de nos jours, lire "partis politiques", et V* a encore vu juste . Toute règle ayant ses exceptions, on peut aisément trouver un certain nombre de politicard.e.s parfaitement imbéciles au détriment de leur parti , et leur race n'est pas près de s'éteindre .

 

 

« A Marie de Vichy de Chamrond ; marquise Du Deffand

18 Mai 1767 

Il y a plus de six semaines, madame, que je suis toujours prêt à vous écrire, à m’informer de votre santé, à vous demander comment vous supportez la vie, vous et M. le président Hénault, et à m’entretenir avec vous sur toutes les illusions de ce monde , mais je me suis trouvé exposé à tous les fléaux de la guerre, et à celui de trente pieds de neige dont j’ai été longtemps environné : les neiges et les glaces me privent tous les ans de la vue pendant quatre mois ; j’ai l’honneur d’être alors, comme vous savez, votre confrère des Quinze-Vingts ; mais les quinze-vingts ne souffrent pas, et j’éprouve des douleurs très cuisantes. Je renais au printemps, et je passe de la Sibérie à Naples, sans changer de lieu : voilà ma destinée ; pardonnez-moi si j’ai passé tant de temps sans vous écrire . Vous savez que je vous aimerai toujours. Vous me direz : « Montrez-moi votre foi par vos œuvres 1; on écrit, quand on aime. » Cela est vrai ; mais, pour écrire des choses agréables, il faut que l’âme et le corps soient à leur aise, et j’en ai été bien loin. Vous me mandez que vous vous ennuyez, et moi je vous réponds que j’enrage. Voilà les deux pivots de la vie, de l’insipidité ou du trouble.

Quand je vous dis que j’enrage, cela est un peu exagéré ; cela veut dire seulement que j’ai de quoi enrager. Les troubles de Genève ont dérangé tous mes plans ; j’ai été exposé, pendant quelque temps à la famine ; il ne m’a manqué que la peste ; mais les fluxions sur les yeux m’en ont tenu lieu. Je me dépique actuellement en jouant la comédie. Je joue assez bien le rôle de vieillard, et cela d’après nature et je dicte ma lettre en essayant mon habit de théâtre.

Vous vous êtes fait lire sans doute le quinzième chapitre de Bélisaire ; c’est le meilleur de tout l’ouvrage, ou je m’y connais bien mal. Mais n’avez-vous pas été étonnée de la décision de la Sorbonne, qui condamne cette proposition : « La vérité luit de sa propre lumière, et on n’éclaire point les hommes par les flammes des bûchers ? » Si la Sorbonne a raison, les bourreaux seront donc les seuls apôtres. Je ne conçois pas comment on peut hasarder quelque chose d’aussi sot et d’aussi abominable. Je ne sais comment il arrive que les compagnies disent et font de plus énormes sottises que les particuliers ; c’est peut-être parce qu’un particulier a tout à craindre, et que les compagnies ne craignent rien, chaque membre rejette le blâme sur son confrère.

A propos de sottises, je vous ferai présenter très humblement de ma part ma sottise des Scythes, dont on fait une nouvelle édition, et je vous prierai d’en juger, pourvu que vous vous la fassiez lire par quelqu’un qui sache lire des vers ; c’est un talent aussi rare que celui d’en faire de bons.

De toutes les sottises énormes que j’ai vu 2 dans ma vie, je n’en connais point de plus grande que celle des jésuites. Ils passaient pour de fins politiques, et ils ont trouvé le secret de se faire chasser déjà de trois royaumes 3, en attendant mieux. Vous voyez qu’ils étaient bien loin de mériter leur réputation.

Il y a une femme qui s’en fait une bien grande ; c’est la Sémiramis du Nord, qui fait marcher cinquante mille hommes en Pologne, pour établir la tolérance et la liberté de conscience. C’est une chose unique dans l’histoire de ce monde, et je vous réponds que cela ira loin. Je me vante à vous d’être un peu dans ses bonnes grâces ; je suis son chevalier envers et contre tous. Je sais bien qu’on lui reproche quelque bagatelle au sujet de son mari 4 ; mais ce sont des affaires de famille dont je ne me mêle pas ; et d’ailleurs il n’est pas mal qu’on ait une faute à réparer, cela engage à faire de grands efforts pour forcer le public à l’estime et à l’admiration, et assurément son vilain mari n’aurait fait aucune des grandes choses que ma Catherine fait tous les jours.

Il me prend envie, madame, pour vous désennuyer de vous envoyer un petit ouvrage concernant Catherine 5, et Dieu veuille qu’il ne vous ennuie pas ! Je m’imagine que les femmes ne sont pas fâchées qu’on loue leur espèce, et qu’on les croie capables de grandes choses. Vous saurez d’ailleurs qu’elle va faire le tour de son vaste empire ; elle m’a promis de m’écrire des extrémités de l’Asie ; cela forme un beau spectacle.

Il y a loin de l’impératrice de Russie à nos dames du Marais, qui font des visites de quartier. J’aime tout ce qui est grand, et je suis fâché que nos Velches soient si petits. Nous avons pourtant encore un prodigieux avantage : c’est qu’on parle français à Astrakan et qu’il y a des professeurs en langue française à Moscou. Je trouve cela plus honorable encore que d’avoir chassé les jésuites. C’est une belle époque sans doute que l’expulsion de ces renards ; mais convenez que Catherine a fait cent fois plus en réduisant tout le clergé de son empire à être uniquement à ses gages.

Adieu, madame ; si j’étais à Paris, je préférerais votre société à tout ce qui se fait en Europe et en Asie.

V.»

2 Comme souvent, le participe non final de groupe n'est pas accordé .

3 Portugal, puis France et puis Espagne.

4 Pierre III qu’elle avait fait tuer. Comme Mme Du Deffand fait part à Walpole de la lettre de V*, celui-ci répond le 30 mai 1767 : « Voltaire me fait horreur avec sa Catherine . Le beau sujet de badinage que l'assassinat d'un mari et l'usurpation de son trône ! Il n'est pas mal, dit-on, qu'on ait une faute à réparer . Eh ! Comment répare-t-on un meurtre ? Est-ce en retenant des poètes à ses gages ? En payant des historiens mercenaires et en soudoyant des philosophes ridicules à mille lieues de son pays ? Ces sont ces âmes viles qui chantent un Auguste et se taisent sur ses proscriptions ; l'ambition fait commettre des crimes, et l'avarice les canonise. »

5 La Lettre sur les Panégyriques, dont plus de la moitié lui est consacrée .

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08/12/2022 | Lien permanent

il faut répondre à tout

... - Non !

- A tous ?

- Non plus !

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

12 auguste 1767 1

J'ai déjà eu recours à vous, mon cher et vertueux ami, pour avoir les Mémoires de La Porte 2 , ceux de La Rochefoucauld 3 et de Bassompierre 4 que j'ai perdus et qui me sont nécessaires . J'ajoute à cette prière celle de faire dire à Briasson qu'il m’envoie par les guimbardes de Lyon la traduction de la Préparation évangélique d'Eusèbe 5 et celle de Jamblique 6, avec ce qu'a écrit M. Linguet sur les empereurs de Rome .

Voici encore une nouvelle grâce que je vous demande . M. Diderot peut vous dire dans quel temps il croit qu'on ait écrit le Mercure trismégiste 7 que nous avons en grec . Je ne sais si je me trompe mais ce livre me paraît de la plus haute antiquité et je le crois fort antérieur à Timée de Locres . Engagez la Platon moderne à me donner sur cela quatre lignes d'éclaircissement que vous me ferez parvenir . Il y a loin de Mercure trismégiste à La Beaumelle mais il faut répondre à tout .

Voulez-vous bien avoir la bonté de faire rendre cette lettre à M. de Beaumont ? »

2 Déjà réclamés à Cramer, comme ceux de Torcy , en 1756 .

3 François, duc de La Rochefoucauld : Mémoires de M.D.L.R. Sur les brigues à la mort de Louis XIII, 1664 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b86070229/f5.item

5 V* n'a dans sa bibliothèque que l'ouvrage en latin : Praeparatio angelica, 1628 . https://remacle.org/bloodwolf/historiens/eusebe/preparation10.htm

6 Dans sa bibliothèque figure seulement De mysteris de cet auteur (Oxonii,1678 ).h

ttps://data.bnf.fr/12381196/jamblique_mysteres_d_egypte/

7 Effectivement, ces ouvrages « hermétiques » sont antérieurs à l'ère chrétienne . V* semble n'en avoir fait usage que plus tard ; voir l'article « Hermès » du Dictionnaire philosophique, ainsi que le Commentaire sur l'Esprit des lois, chap. XX.

Voir : https://books.google.fr/books?id=_Pvj7p_MJucC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q=herm%C3%A8s&f=false

et : https://www.google.com/search?client=firefox-b-d&q=Commentaire+sur+l%27Esprit+des+lois%2C+chap.+XX

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25/03/2023 | Lien permanent

Cela est à la vérité composé par de la canaille, et fait pour être lu par la canaille

 

http://www.youtube.com/watch?v=F-rWf2PMHbw&feature=re...

 

Volti a encore frappé fort et j'ose le souhaiter n'a pas été qu'un sujet d'intéret touristique . Je m'explique : ce jour nous avons reçu une délégation officielle (d'un grand pays, très grand pays , inventeur de la porcelaine, d'où le clip précédent!), qui laisse un bon souvenir. Son élément principal, homme cultivé et agréable accompagné de son épouse, a beaucoup apprécié la visite conduite par Eilise et a l'intention de revenir. Il sera le bienvenu , c'est un poête, qui connait le français, l'anglais et jouait gentiment le rôle d'interprête auprès de son épouse. Puisse-t-il appliquer le plus souvent possible les idées généreuses de Voltaire, c'est notre voeu le plus cher ....

 

 

Volti, tu défends bec et ongle ton enfant , jeune Pucelle, que tu mis vingt ans à mettre au monde (tu dis trente, qui dit mieux ! ;-)): longue grossesse, accouchement difficile, présentation par le saint siège, tentative de version, forceps, césarienne , et sans anesthésie ! Je comprends que tu hurles "au charron" .

Sachez que cette Pucelle constitue ma récréation . N'appelez pas la police, je ne la touche que des yeux et je ris . Concentré de malice, voilà ce qu'elle est .

 Je vous invite à le vérifier : http://books.google.fr/books?id=bXYDefqNRGQC&dq=la+pu...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

 

 

           Je ne suis pas excessivement dans les délices, mon cher et respectable ami ; toute cette aventure de Jeanne d’Arc est bien cruelle. Le porteur [son secrétaire Collini, envoyé à Paris] vous remettra mon ancienne copie. Vous la trouverez assurément plus honnête, plus correcte, plus agréable [le 6 juillet, V* écrit : qu’ « on trouve ici (l’ouvrage) très joli, très gai, et point scandaleux. On dit que les contes de La Fontaine sont cent fois moins honnêtes. Il y a bien de la poésie, bien de la plaisanterie, et quand on rit on ne se fâche point. »]  que les manuscrits qu’on vend publiquement. Je vous supplie d’en faire tirer une copie pour Mme de Fontaine, d’en laisser prendre une à Thiriot, et de permettre à vos amis qu’ils la fassent aussi copier pour eux. C’est le seul moyen de prévenir le péril dont je suis menacé. On s’est avisé de remplir toutes les lacunes de cet ouvrage commencé il y a plus de trente années. On y a ajouté des tirades affreuses. Il y en a une contre le roi. Je l’ai vue. Cela est à la vérité composé par de la canaille, et fait pour être lu par la canaille. [des vers assez proches sont annotés par V* dans les marges de la copie de La Pucelle «  Quel est le laquais qui a fait la plupart de ces vers ? Quel est le maraud de la lie du peuple qui peut écrire ces insolentes bêtises ? »: « …Dort en Bourbon la grasse matinée / …. Et quand saint Louis, là-haut mon compagnon / M’a prévenu qu’un jour certain Bourbon / M’en donnerait à pardonner bien d’autres » Chant I, vers 320 sq.]

 

 

C’est dormir à la Bourbon la grasse matinée

C’est… saint Louis le bon apôtre

A Louis XV en pardonne bien d’autres.

Les Richelieux le nomment maquereau.

[il ne manquera pas de citer ce vers à Richelieu le 31 juillet et d’ajouter « Les La Beaumelle, les Fréron et les autres espèces qui vendent sous le manteau cette abominable rhapsodie sont prêts, dit-on de les faire imprimer. »]

 

 

 

           Figurez-vous tout ce que les halles pourraient mettre en rimes. Enfin on y a fourré plus de cent vers contre la religion qui semblent faits par le laquais d’un athée.

 

 

           Ce coquin de Grasset dont je vous dois la connaissance a apporté ce beau manuscrit à Lausanne. J’ai profité de vos avis, mon cher ange, et les magistrats de Lausanne [Grasset travaillait chez l’imprimeur Bousquet à Lausanne] l’ont intimidé. Il est venu à Genève ; et là, ne pouvant faire imprimer cet ouvrage, il est venu chez moi me proposer de me le donner pour cinquante louis d’or. [Grasset dit que c’est V* qui l’envoya chercher. Il lui demanda d’aller voir la personne qui possédait le manuscrit. Celle-ci lui dit qu’on pouvait l’acheter 50 louis ; qu’il « provenait d’une copie que M. de Voltaire avait vendue 100 louis au prince royal de Prusse et que l’ayant donnée à copier à un secrétaire infidèle, celui-ci en avait fait une copie pour lui et l’avait vendue au possesseur actuel 100 ducats ». Grasset copie dix-sept lignes impies comme pièce à conviction, conformément aux instructions de V*. Il les lui apporta, lui demandant de faire faire une copie et de lui rendre la feuille écrite de sa main. V* promit ; mais, une fois en possession du papier, il refusa de le rendre et prit au collet Grasset en l’accusant d’avoir composé le manuscrit. Grasset dut finalement mettre la main à l’épée pour se libérer de V* et de ses gens, et il alla se plaindre aux autorités. Il avoue toutefois qu’il a fait une seconde copie des dix-sept lignes destinée, dit-il à Bousquet « sans autre vue que de (le) ce voulons pas d’un homme de cette pièce ».] Je savais qu’il en avait déjà vendu plus de six copies manuscrites. Il en a envoyé une à M. de Bernstof, premier ministre en Danemark. Il m’a présenté un échantillon, et c’était juste un de ces endroits abominables, une vingtaine de vers horribles contre Jésus-Christ. Ils étaient écrits de sa main. Je les ai portés sur le champ au résident de France. Si le malheureux est encore à Genève, il sera mis en prison, mais cela n’empêchera pas qu’on ne débite ces infamies dans Paris, et qu’elles ne soient bientôt imprimées en Hollande. Ce Grasset m’a dit que cet exemplaire venait d’un homme qui avait été secrétaire ou copiste du roi de Prusse, et qui avait vendu le manuscrit cent ducats. Ma seule ressource à présent, mon cher ange, est qu’on connaisse  le véritable manuscrit composé il y a plus de trente ans, tel que je l’ai donné à Mme de Pompadour, à M. de Richelieu, à Mme de La Vallière, tel que je vous l’envoie. Je vous demande en grâce ou de le faire copier ou de le donner à Mme de Fontaine pour le faire copier. Je vous prie qu’on n’épargne point la dépense. J’enverrai à Mme de Fontaine de quoi payer les scribes. Si vous avez cet infâme chant de l’âne qu’on m’attribue, il n’y a qu’à le brûler. Cela est d’une grossièreté odieuse, et indigne d’être dans votre bibliothèque. En un mot, mon cher ange, le plus grand service que vous puissiez me rendre est de faire connaitre l’ouvrage tel qu’il est, et de détruire les impressions que donne à tout le monde l’ouvrage supposé.

 

 

           Je vous embrasse tendrement et je me recommande à vos bontés avec la plus vive insistance.

 

 

P.S.- On vient de mettre ce coquin de Grasset en prison à Genève. On devrait traiter ainsi à Paris ceux qui vendent cet ouvrage abominable.

 

 

           Voltaire

           Aux Délices 28 juillet 1755. »

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28/07/2009 | Lien permanent

Point de lieux communs sur la promesse de mourir, sur des prières de vivre.

Prières et promesses de vie avec Jacques Loussier dont je suis fan : ça décolle la pulpe !

http://www.youtube.com/watch?v=DxNXtR_ij7Q&feature=fvst

 

promesse de vie4302.JPG

 

 

 

« A M. LE COMTE D'ARGENTAL.

Aux Délices, 26 octobre [1755] 1

Sur des lettres que je reçois de Paris je suis obligé, mon cher ange, de vous supplier très-instamment de faire réciter la scène dernière du quatrième acte comme je l'ai imprimée, en conservant les corrections que j'ai envoyées, et dont on a fait usage à Fontainebleau. Je sais bien, et je l'ai mandé plusieurs fois, qu'il faut dire

 
Nous mourrons, je le sais (Acte IV, scène vi.)

au lieu de

Tu mourras, je le sais.

mais on me mande que les vers

Cependant du tyran j'irrite la furie;
Je te laisse en ses mains, je lui livre ta vie2;

et

Je m'immole après toi
Je t'en donne ma foi, etc.

jettent un froid mortel sur cette scène. Je te donne ma foi de mourir après toi est pris de Chimène, est touchant dans Chimène, et à la glace dans Idamé. C'est bien cela dont il s'agit! Il n'y a pas là d'amourette. Je veux mourir, cher époux; vis, très chère femme; tout cela est au-dessous d'Idamé et de Zamti. Au nom de Dieu, faites jouer cette scène comme je l'ai faite, en mettant seulementn nous mourrons, au lieu de tu mourras. Point de lieux communs sur la promesse de mourir, sur des prières de vivre.

Non erat his locus (De Art. poet., v. 19. )

La vie n'est rien pour ces gens-là. Je vous en supplie, mon cher ange, ayez la bonté de penser comme moi pour cette fin du quatrième acte. Otez-moi

Cependant du tyran j'irrite la furie.

Je vous écris en hâte, la poste part; cette maudite Pucelle d'Orléans est imprimée, et je suis bien loin d'être en état de refaire mes Chinois. Ils iront comme ils pourront; mais ne refroidissons point cette fin du quatrième acte. Pardon, pardon. »

 

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11/04/2012 | Lien permanent

je suis un peu maître chez moi

« A Claude – Adrien Helvetius

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Mon cher philosophe, il y a longtemps que je voulais vous écrire. La chose qui me manque le plus c’est le loisir. Vous savez que ce La Serre volume sur volume incessamment desserre [vers attribués à Boileau]. J’ai eu beaucoup de besogne. Vous êtes un grand seigneur qui affermez vos terres. Moi je les laboure moi-même comme Cincinnatus, de façon que j’ai rarement un moment à moi. J’ai lu une héroïde d’un disciple de Socrate dans laquelle j’ai vu des vers admirables. J’en fais mon compliment à l’auteur sans le nommer [Marmontel ?]. La pièce est roide. Bernard de Fontenelle n’eut jamais osé ni pu en faire autant. Le parti des sages ne laisse pas d’être considérable, et assez fier. Je vous le répète, mes frères, si vous vous tenez tous par la main vous donnerez la loi. Rien n’est plus méprisable que ceux qui vous jugent. Vous  ne devez voir que vos disciples.

Si vous avez reçu un Pierre [Commentaires sur Corneille], ce n’est pas Simon Barjone. Ce n’est pas non plus le Pierre russe que je vous avais dépêché par la poste. Ce doit être un Pierre en feuilles que Robin mouton devait vous remettre. Je vous en ai envoyé deux reliés, un pour vous et l’autre pour M. Saurin. Il a plu à messieurs les intendants des postes de se départir des courtoisies qu’ils avaient ci-devant pour moi. Ils ont prétendu qu’on ne devait envoyer aucun livre relié. Douze exemplaires ont été perdus –c’est l’antre du lion. J’ignore même si un gros paquet a été rendu à M. Duclos.

De quelles tracasseries me parlez-vous ? Je n’en ai essuyé ni pu essuyer aucune. Est-ce de frère Menoux ?Ah ! rassurez-vous. Les jésuites ne peuvent me faire de mal, c’est moi qui ai l’honneur de leur en faire. Je m’occupe actuellement à déposséder les frères jésuites d’un domaine qu’ils ont acquis près de mon château [Ornex]. Ils l’avaient usurpé sur des orphelins et avaient obtenu lettres royaux pour avoir permission de garder la vigne de Naboth. Je les fais déguerpir mort-Dieu ; je leur fais rendre gorge, et la province me bénit. Je n’ai jamais eu un plaisir plus pur. Je suis un peu le maître chez moi par parenthèse.

Vous ai-je dit que le frère et le fils d’Omer sont venus chez moi et comme ils ont été reçus ? Vous ai-je dit que j’ai envoyé Pierre au roi, et qu’il l’a mieux reçu que le discours et le mémoire de Lefranc de Pompignan ? Vous ai-je dit que Mme de Pompadour et M. le duc de Choiseul m’honorent d’une protection très marquée . Croyez moi, croyez mes frères, notre petite école de philosophes n’est pas si déchirée. Il est vrai que nous ne sommes ni jésuites ni convulsionnaires, mais nous aimons le roi sans vouloir être ses tuteurs, et l’Etat sans vouloir le gouverner. Il peut savoir qu’il n’a point de sujets plus fidèles que nous, ni de plus capables de faire sentir le ridicule des cuistres qui voudraient renouveler les temps de la Fronde.

N’avez-vous pas bien ri du voyage de Pompignan à la cour avec Fréron, et de l’apostrophe de monsieur le dauphin : et l’ami Pompignan pense être quelque chose ? Voila à quoi les vers sont bons quelquefois. On les cite comme vous voyez dans les grandes occasions. J’ai vu un Oracle des anciens fidèles. Cela est hardi, adroit et savant. Je soupçonne l’abbé Mords-les [Morellet] d’avoir rendu ce petit service.

Dieu vous conserve dans la sainte union avec le petit nombre. Frappez et ne vous commettez pas. Aimons toujours le roi et détestons les fanatiques.

 

Voltaire

12 décembre 1760. »

 

Pour les connaisseurs, et je crois que vous l’êtes,

ce texte est bien sûr en fonte Helvetica ;-)

De « cher philosophe » à « cher philosophe », je trouve que le Patriarche distribue les bons points et , soupçonnant à juste titre des espionnages de ses écrits, fidèle à son style, est à mes yeux capable de dire encore une fois une chose et son contraire : le roi « n’a point de sujets plus fidèles que nous » alors que plus haut « Je vous le répète, mes frères, si vous vous tenez tous par la main vous donnerez la loi. Rien n’est plus méprisable que ceux qui vous jugent ».

J’aime aussi ce coté gamin qui « se  la pète » : «Je les fais déguerpir mort-Dieu ; je leur fais rendre gorge, et la province me bénit. Je n’ai jamais eu un plaisir plus pur. Je suis un peu le maître chez moi par parenthèse. », je lui trouve un coté Zorro qui me fait rigoler . Voltaire -Zorro  avec son fidèle écuyer le père Adam-Bernardo, couple d’enfer !

Autre couple d’enfer, Fréron et Lefranc de Pompignan que vous pourrez voir représenté entre autres sur le tableau dit « Le triomphe de Voltaire » au château de Voltaire . Il vaut son pesant de cacahuètes. Voir : http://images.google.fr/imgres?imgurl=http://mr_sedivy.tr...

 

Après quelques récriminations contre la poste locale (Ferney) car à 13h toujours pas de courrier (donc pas de journal), je vois que ces ennuis ne datent pas d’aujourd’hui et je comprends que le facteur n’a peut-être pas de talents de dompteur pour collecter le courrier dans « l’antre du lion » ! Je n’ai pour ma part pas l’art d’attendrir et motiver nos préposés. Avez –vous une ou des recettes ?

Et bien sûr détestons les fanatiques.

 

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12/12/2008 | Lien permanent

pétris d’illusions, mais avec une fortune honnête et une femme plus honnête encore,

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Dans un demi-sommeil ou demi-réveil, ce matin, j'ai eu la vision de la conversation d'un cochon et d'une vache dite folle ! Ils évoquaient les morts de cette grippe mexicaine ( ou plus exactement nord américaine, selon un spécialiste ) et la vache disait, avec tout le sérieux d'un bovin de bonne souche, que "ma foi, s'il y a une bête malade dans le troupeau, par précaution il faut abattre tout le troupeau !". Réveil en sursaut ...Non , ça va, j'ai la truffe fraiche et point de courbature . Le perfide virus n'a pas trouvé le chemin de mes belles bronches et mes petits poumons.

 

Oh les beaux soucis de ceux qui peuvent s'offrir des voyages ! Oh les belles préoccupations de ceux qui craignent pour leur santé ; l'épidémie, la pandémie (le pan dans le mille) : quelles horreurs !

 

Oublions vite que nous avons sous la main des médecins , des hopitaux et des médicaments à volonté ! Oublions plus vite encore que des milliards d'humains n'ont pas celà à disposition !

 

Oublions que le temps qu'on écrive l'article relatant la mort de quelques grippés, des humains, dix, vingt, cent, je ne sais, sont morts de faim ou d'une de ces maladies si fréquentes dans les pays dits "émergents". Emergents de quoi, j'aimerais bien le savoir et croire que c'est vrai ; j'ai cru voir, il y a quelque temps dans le lointain, un tuba qui dépassait d'une mer de "gros soucis".

 

 

 

"Je prends la vie et la mort avec patience. Traitez de même, mon cher ami, les petites épines que vous avez trouvées dans le commencement de votre carrière." Volti dixit

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 « A Alexandre-Marie-François de Paule de Dompierre d’Hornoy

 

 

                            Je vous crois à présent, mon cher neveu, à votre terre d’Hornoy. Vous ne faites que d’entrer dans le monde que je vais bientôt quitter. Votre avenir ne peut être qu’heureux, et il n’en est point pour moi. Vous n’avez essuyé que quelques petits malheurs honorables,[il est conseiller au parlement de Paris qui vient d’être dissout] et j’ai perdu la santé et la vue. Je prends la vie et la mort avec patience. Traitez de même, mon cher ami, les petites épines que vous avez trouvées dans le commencement de votre carrière.
                           

                            Convenez, entre nous, que votre corps avait été trop loin. Convenez que s’obstiner à vouloir entacher un pair du royaume dont le roi approuvait toute la conduite,[le duc d’Aiguillon, blanchi par le roi en juin 1770 et que le parlement déclare « coupable de faits qui entachent son honneur » en juillet ; le parlement après avoir fait remontrances sur remontrances s’était mis en grève] c’était vouloir entacher le roi lui-même.

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Convenez qu’on a pu dire de certaines compagnies, comme dans Les Plaideurs :

L’esprit de contumace est dans cette famille.

Voilà l’origine de cette grande fermentation qui dans Paris et dans les provinces [remplacements des parlements de province solidaires de celui de Paris ]. Mon cher ami, cette maladie passera, car tout passe.

 

                            Voulez-vous que je vous parle franchement ? Nous ne sommes pas dignes d’être libres. Lisez attentivement l’histoire de France, et vous verrez que les compagnies, à commencer par la Sorbonne, et à finir par les jésuites, n’ont jamais fait que des sottises. Nous sommes de jolis enfants qui avons besoin d’être menés. Je ne crois point que le roi puisse reculer après les démarches qu’il a faites. Une telle mollesse et une telle inconséquence lui oteraient pour jamais l’estime de l’Europe.

 

                            Donnez vous la peine de lire l’écrit de la main de Louis XIV qui est dans la bibliothèque du roi, et que j’ai rapporté dans l’Histoire du Siècle : On peut demeurer sans se déterminer, mais dès que l’on se fixe l’esprit à quelque chose, et qu’on croit voir le meilleur parti, il le faut prendre et s’y tenir ; c’est ce qui m’a fait réussir dans tout ce que j’ai entrepris.

 

                            Il est donc très vraisemblable, mon cher neveu, que le roi persistera dans ses mesures, car si le gouvernement molissait il serait perdu.

 

                            Je suis sur que l’amitié de mes deux neveux ne sera point altérée.[l’abbé Mignot rentre au parlement nouveau que d’Hornoy a quitté ; il y sera « doyen des conseillers clercs » le 14 avril 1771 et veillera aux opérations de la caisse d’amortissement dès le 20 mai]. Vous savez que l’abbé Mignot a toujours pensé d’une manière uniforme. On ne peut lui reprocher d’avoir persisté dans une opinion qu’il croit bonne. Vous êtes tous deux très vertueux chacun dans votre système ; ainsi vous serez toujours unis.

 

                            Quand l’envie vous prendra d’avoir ce qu’on appelle en France un office, qui ne procure au bout du compte qu’un dessus de lettre, cela ne sera pas difficile. C’est selon moi, et je crois selon vous, un médiocre  avantage de se faire annoncer dans une maison : Monsieur le grand audiencier, Monsieur le grand maître des Eaux et Forêts. Les Anglais sont plus sages que nous, on ne leur écrit pas même « à M. Jackson, membre du parlement ». Nous sommes pétris d’illusions, mais avec une fortune honnête et une femme plus honnête encore, qui vous aime de tout son cœur, on peut être aussi heureux que la chétive nature humaine le comporte.

 

                            Pardonnez au radotage d’un vieillard. Votre tante Mme Denis pense tout comme moi et ne radote point. Nous vous embrassons tous deux très tendrement, durate et vosmet rebus servate secundis.[restez fermes et gardez-vous pour les jours de bonheur]

 

                            Voltaire

                            29 avril à Ferney. »                        

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29/04/2009 | Lien permanent

c’est une très mauvaise politique à MM. les magistrats de Genève de souffrir que les domestiques leurs fassent la loi .

... Oignez le vilain , il vous poindra, poignez le vilain , il vous oindra .

 Rassurez-vous, -s'il en est besoin,- les magistrats de Genève n'ont guère de mansuétude pour le peuple de nos jours, ni eux ni ceux des autres pays de notre globe .

Mais, nom de nom, depuis quand est-ce le peuple qui fait la loi ? 1789 ? vous voulez rire , ça se saurait ! Quand les députés et ministres auront des rétributions raisonnables et pas plus d'avantages (dispendieux et à mes yeux hors la loi) que vous et moi, alors, peut-être pourra-t-on parler de représentants du peuple .

Plaire au peuple ? quelle drôle d'idée !

 plaire au peuple.jpg

 

 

« A Jean Vasserot de Châteauvieux

[mars 1759 ?] 1

Voici le fait .

Le nommé Bourgeois, engagé à Lausanne pour jardinier 2 sous la convention expresse que je le renverrais si je n’étais pas content de lui, convention dont je peux faire serment, a été non seulement surpris par Mlle Maton vendant les légumes de mon jardin, mais a causé mille scandales dans ma maison, n'a jamais travaillé, et a bu le vin de Bourgogne qu'on a volé à M. le professeur Pictet . On l'a chassé . Il mérite punition, et c’est une très mauvaise politique à MM. les magistrats de Genève de souffrir que les domestiques leurs fassent la loi . Ce n'est pas le moyen de plaire au peuple, mais d'être écrasés par le peuple . Cette ville est peut-être la seule au monde, où les domestiques soient les maîtres . Si le nommé Bourgeois s'était ainsi conduit à Tournay ou à Ferney, je l'aurais fait mettre au cachot . Je déteste le despotisme mais il faut subordination et justice . Voilà mon code .

Maintenant je vous supplie , mon cher monsieur, de [voul]oir bien me dire comment il faut [ ] un jardinier [ ] qui est huit jours entiers sans travailler . Peut-on alors présenter requête contre lui ? et demander permission de le renvoyer poliment ?

Au reste , monsieur, Mlle Maton non seulement 3 a pris le jardinier en question en flagrant délit de vol domestique, mais Mlle Genou, étrangère, y était présente . Elle est à Paris . Nous ferons venir sa déposition par devant notaire .

Il est d'une extrême conséquence, dans une grosse maison, de n'être pas l'esclave de ceux qui sont à nos gages .

J'attends vos ordres et votre avis . Submisse 4.

V.

A l'égard de Chouet il a le vin fripon 5. »

1 Le manuscrit est gravement endommagé .

2 V* a d'abord écrit « domestique ».

3 « non seulement » est ajouté au dessus de la ligne .

4 Humblement .

 

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29/04/2014 | Lien permanent

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