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Rechercher : Tâchez de vous procurer cet écrit; il n'est pas orthodoxe, mais il est très bien raisonné

je crois qu’il est impossible d’aimer véritablement le néant, malgré ses bonnes qualités.





« A Marie de Vichy de Chamrond, marquise du Deffand

Aux Délices 9è mai 1764



C’est moi, Madame, qui vous demande pardon de n’avoir pas eu l’honneur de vous écrire, et ce n’est pas à vous, s’il vous plait, à me dire que vous n’avez pas eu l’honneur de m’écrire ; voila un plaisant honneur. Vraiment, il s’agit entre nous de choses plus sérieuses, attendu notre état, notre âge, et notre façon de penser. Je ne connais que Judas dont on a dit qu’il eût mieux valu pour lui de n’être pas né. Encore est-ce l’Evangile qui le dit. Mécène et La Fontaine ont dit tout le contraire :

Mieux vaut souffrir que mourir,
C’est la devise des hommes.

Je conviens avec vous que la vie est très courte, et assez malheureuse ; mais il faut que je vous dise que j’ai chez moi un parent de vingt-trois ans, beau, bien fait, vigoureux et voici ce qui lui est arrivé.

Il tombe de cheval un jour à la chasse, il se meurtrit un peu la cuisse, on lui fait une petite incision et le voilà paralytique pour le reste de ses jours ; non pas paralytique d’une partie de son corps, mais paralytique à ne pouvoir soulever sa tête, avec la certitude entière de ne pouvoir avoir jamais le moindre soulagement ; il s’est accoutumé à son état, et il aime la vie comme un fou.

Ce n’est pas que le néant n’ait du bon, mais je crois qu’il est impossible d’aimer véritablement le néant, malgré ses bonnes qualités.

Quand à la mort,  raisonnons un peu, je vous prie : il est très certain qu’on ne la sent point, ce n’est point un moment douloureux, elle ressemble au sommeil comme deux gouttes d’eau, ce n’est que l’idée qu’on ne se réveillera plus qui fait de la peine, c’est l’appareil de la mort qui est horrible, c’est la barbarie de l’extrême onction, c’est la cruauté qu’on a de nous avertir que tout est fini pour nous. A quoi bon venir nous prononcer notre sentence ? Elle s’exécutera bien sans que le notaire et les prêtres s’en mêlent. Il faut avoir fait ses dispositions de bonne heure, et ensuite n’y plus penser du tout. On dit quelquefois d’un homme : il est mort comme un chien, mais vraiment un chien est très heureux de mourir sans tout cet abominable attirail dont on persécute le dernier moment de notre vie. Si on avait un peu de charité pour nous, on nous laisserait mourir sans nous en rien dire.

Ce qu’il y a de pire encore, c’est qu’on est entouré alors d’hypocrites qui vous obsèdent pour vous faire penser comme ils ne pensent point, ou d’imbéciles qui veulent que vous soyez aussi sot qu’eux ; tout cela est bien dégoûtant. Le seul plaisir de la vie à Genève, c’est qu’on y peut mourir comme on veut. Beaucoup d’honnêtes gens n’appellent point de prêtres. On se tue si on veut, sans que personne y trouve à redire, ou l’on attend le moment sans que personne vous importune.

Mme de Pompadour a eu toutes les horreurs de l’appareil, et celle de la certitude de se voir condamnée à quitter la plus agréable situation où une femme pût être.

Je ne savais pas, Madame, que vous fussiez en liaison avec elle, mais je devine que Mme de Mirepoix avait contribué à vous en faire une amie ; ainsi vous avez fait une très grande perte, car elle aimait à rendre service. Je crois qu’elle sera regrettée, excepté de ceux à qui elle a été obligée de faire du mal parce qu’ils voulaient lui en faire. Elle était philosophe, je me flatte que votre ami qui a été malade est philosophe aussi ; il a trop d’esprit, trop de raison, pour ne pas mépriser ce qui est très méprisable. S’il m’en croit, il vivra pour lui et pour vous, sans se donner tant de peine pour d’autres ; je  veux qu’il pousse sa carrière aussi loin que Fontenelle, et que dans son agréable vie il soit toujours occupé des consolations de la vôtre.

Vous vous amusez donc, Madame, des Commentaires sur Corneille. Vous vous faites lire sans doute le texte, sans quoi les notes vous ennuieraient beaucoup. On me reproche d’avoir été trop sévère, mais j’ai voulu être utile, et j’ai été souvent très discret. Le nombre prodigieux de fautes contre la langue, contre la netteté des idées et des expressions, contre les convenances, enfin contre l’intérêt, m’a si fort épouvanté que je n’ai pas dit la moitié de ce que j’aurais pu dire. Ce travail est fort ingrat et fort désagréable, mais il a servi à marier deux filles, ce qui n’était arrivé à aucun commentateur, et ce qui n’arrivera plus.

Adieu, madame, supportons la vie qui n’est pas grand-chose, ne craignons point la mort qui n’est rien du tout, et soyez persuadée que mon seul chagrin est de ne pouvoir m’entretenir avec vous, et vous assurer dans votre couvent de mon tendre et très sincère respect, et de mon inviolable attachement. »

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09/05/2010 | Lien permanent

quatre jours à vivre : est-ce auprès des rois qu’il faut les passer ?

Ce soir, sauf erreur de ma part, un grand petit - petit grand lancera (jusqu'où ?) la conquête des places dorées au parlement européen . Fera-t-il miroiter sous  nos yeux le très vif intérêt que nous aurons à nous engager (-engagez-vous, rengagez-vous-) sous la houlette (qui est plus proche de la férule, ou même parfois de la schlague !) d'un parti qui lui est cher ?

Je dois avouer que je ne voterai pas, le coup de pied au cul (pas occulte, ni au culte !) qu'il soit de droite ou de gauche est toujours aussi vexant et je n'ai pas de préférence, sinon l'abstention...

 

Autre sujet terriblement sérieux : peut-on autoriser "l'Ignoble Dieudonné", l'anti-sioniste de service (ce que l'on traduit hativement par antisémite ; amis, prenez vite votre dico pour établir la différence !), à présenter un parti sous sa bannière ? Je vais faire comme Volti, une prière "mon Dieu, rendez mes ennemis bien ridicules", et souhaitons comme lui encore "et j'ai été exaucé". Dieudonné, je te mets dans le même sac que tes adversaires, vous êtes pétris d'intolérance ! Passez votre chemin, je vais du mien , je ne vous écoute pas . Brouhaha, bouillie pour les chats (les pauvres, ils n'ont rien fait pour mériter chat ça!).

Qu'ils apprennent cette leçon :"Je vous dis qu'il faut regarder tous les hommes comme nos frères . -Quoi ! Mon frère le Turc ? mon frère le Chinois ? le Juif ? le Siamois ? - Oui, sans doute ; ne sommes nous pas tous enfants du même père, et créatures du même Dieu ? "

Je vous l'accorde , nous ne croyons pas tous au grand et céleste barbu (poilu, vêtu de peaux de bêtes... ça y-est, je dérape et vous cite une chanson de Ricet-Barrier  http://fr.lyrics-copy.com/ricet-barrier/la-java-des-gaulo... ).

Nous n'avons pas tous le même père me dites-vous ?

D'abord qui est sur de connaitre le père, comme disait l'innocente Marie ?

Stop, vil blogger impie, tu vas choquer des pupilles naïves ! J'arrête, je sens que je m'enfonce  sans espoir de pardon (péché suprême) ! Eh bien tant pis ... Dieu y pourvoira !...

 

 

En cadeau, la trombine d'un septuagénaire de talent au grand coeur .ricet-chap02.gif 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« A Charles-Augustin Ferriol, comte d’Argental

 

 

                            Mon cher ange, le roi de Prusse, tout roi et tout grand homme qu’il est, ne diminue point le regret que j’ai de vous avoir perdu. Chaque jour augmente ces regrets. Ils sont bien justes, j’ai quitté la plus belle âme du monde et le chef de mon conseil, mon ami, ma consolation. On a quatre jours à vivre ; est-ce auprès des rois qu’il faut les passer ? J’ai fait un crime envers l’amitié. Jamais on n’a été plus coupable. Mais, mon cher ange, encore une fois daignez entrer dans les raisons de votre esclave fugitif. Était-il bien doux d’être écrasé par ceux qui se disent rivaux, d’être sans considération auprès de ceux qui se disent puissants, et d’avoir toujours des dévots à craindre ? ai-je fort à me louer de vos confrères du parlement ? ai-je de grandes obligations aux ministres ? et qu’est-ce qu’un public bizarre, qui approuve et qui condamne tout de travers ? et qu’est-ce qu’une cour qui préfère Bellecour à Lekain, Coypel à Van Loo, Royer à Rameau ? n’est-il pas permis de quitter tout cela pour un roi aimable qui se bat comme César, qui pense comme Julien, et qui me donne vingt mille livres de rente et des honneurs pour souper avec lui ? [V* s’est réconcilié avec Frederic le 5 ou 6 mars ; le 24 avril il écrit :  « Je soupe avec le premier des hommes quand j’ai un peu de santé, je reste chez moi quand je souffre »] .A Paris je dépendrais d’un lieutenant de police ; à Versailles je serais dans l’antichambre de M. Mesnard. Malgré tout cela, mon cœur me ramènera toujours vers vous, mais il faut que vous ayez la bonté de me préparer les voies. J’avoue que si je suis pour vous une maîtresse tendre et sensible, je suis une coquette pour le public, et je voudrais être un peu désiré. Je ne vous parlerai point d’une certaine tragédie d’Oreste plus faite pour les Grecs que pour les Français ; mais il me semble qu’on pourrait reprendre cette Sémiramis que vous aimiez, et dont l’abbé de Chauvelin était si content. Puisque j’ai tant fait que de courir la carrière épineuse du théâtre, n’est-il pas pardonnable que de chercher à y faire reparaître ce que vous avez approuvé ? Les spectacles contribuent plus que toute autre chose, et surtout plus que du mérite à ramener le public, du moins la sorte de public qui crie. J’espère que Le Siècle de Louis XIV ramènera les gens sérieux, et n’éloignera pas de moi ceux qui aiment les arts et leur patrie. Je suis si occupé de ce Siècle que j’ai renoncé aux vers, et à tout commerce excepté vous et Mme Denis. Quand je dis que j’ai renoncé aux vers, ce n’est qu’après avoir refait une oreille à Zulime et à Adélaïde ? Savez-vous bien que mon Siècle est presque fait, et que lorsque j’en aurai fait transcrire deux bonnes copies, je revolerai vers vous ? C’est, ne vous déplaise, un ouvrage immense. Je le reverrai avec des yeux sévères, je m’étudierai surtout à ne rendre jamais la vérité odieuse et dangereuse. Après mon Siècle il me faut mon ange. Il me reverra plus digne de lui. Mes tendres respects à la Porte-Maillot. Voyez-vous quelquefois M. de Mairan, voulez-vous bien le faire souvenir de moi ? Son ennemi est un homme un peu dur [Maupertuis], médiocrement sociable, et assez baissé. Mais point de vérité odieuse.

                            Valete o cari.

 

 

                            Voltaire

                            4 mai 1751. »

 

 

Une dédicace particulière, que certains sauront attibuer : http://www.musicspot.fr/artiste/ricet-barrier-10110796/vi...

 

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05/05/2009 | Lien permanent

Je parle un peu en homme qui a des tours et des mâchicoulis et qui ne craint point le consistoire

 ... Le consistoire ne m'empêche pas de dormir, quand aux coulis je ne les mâche pas , et  je fais des petits tours en pensée à Ferney chez Voltaire où j'ai passé tant d'heures heureuses souvent .

 

chateau 5 tours et machicoulis.png

 

 

« A Jacques-Abram-Elie-Daniel Clavel de Brenles

assesseur baillival

à Lausanne pr Ussières

Aux Délices 2 novembre [1758]

Mon cher ami, je reçois la cargaison des livres anglais sur lesquels je n'avais plus compté 1. J'avais fait venir, il y a six mois, les mêmes volumes de Londres . Les uns seront dans mon cabinet des Délices, les autres dans celui de Ferney . On n'en saurait trop avoir ; tous ces livres sont contre les prêtres .

A qui faut-il que je paye ? Je suis tout prêt, et je vous remercie de tout mon cœur .

On est très irrité à Berne contre le ministre de Vevey 2 ou de Lausanne, auteur du punissable libelle inséré dans le Mercure suisse, et s'il est découvert, il portera la peine de son insolence .

Vous avez bien raison de plaindre notre ami Polier de Bottens qui a eu la faiblesse de se laisser gourmander par des cuistres après avoir eu la force de faire hardiment une bonne œuvre qui devait imposer silence à ces marauds . Je parle un peu en homme qui a des tours et des mâchicoulis 3 et qui ne craint point le consistoire .

Vous n'êtes point venu aux Délices mais j'espère que nous vous possèderons dans le château de Ferney, et que je vous donnerai comme M. de Sottenville le divertissement de courir un lièvre 4. Mille respects à Mme de Brenles . Bonsoir mon cher ami .

V. »

1 Probablement ceux dont il est question dans la lettre du 1er septembre 1757 : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/12/14/vous-m-avez-debauche-et-vous-me-laissez-la.html

« N'aviez-vous pas écrit pour des Warburton, Bolingbroke et humes ? »

2 Identifiable par la lettre du 27 décembre 1758 à de Brenles dans laquelle le « catéchiste à V*** » est présenté comme le beau-frère de Clavel de Brenles ; or Mme Clavel était une demoiselle Étiennette Chavannes et son frère François ministre à Vevey ; voir lettre du 6 mars 1757 à de Brenles : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2012/10/11/si-ce-n-est-pas-jeudi-qu-on-preche-ce-sera-assurement-cette.html

3 Que l'on trouve encore à cette époque sur les châteaux de Tournay et Ferney .

4 Georges Dandin, I, vi : Molière .

 

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01/12/2013 | Lien permanent

Les honnêtes gens, par parenthèse, devraient me remercier d'avoir tant crié toute ma vie contre le fanatisme mais les co

... Je ne suis ici qu'un modeste écho de la voix de Voltaire, et me remerciera qui veut . Que la lutte contre le fanatisme ne soit qu'un pis aller quand la tolérance n'est plus .

 

 Et pour mieux connaitre Voltaire et Emilie du Châtelet, -première scientifique féminine- qui compta énormément dans le vie du philosophe, il est intéressant et urgent de  diffuser ce qui suit ,encore et encore , n'y manquez pas .
http://fonds-voltaire.org/index.php/patrimoine/cirey

 

sauver émilie.jpg

 

 

 

“A madame Marie-Elisabeth de FONTAINE,

à Paris.

A Monrion, 19 février [1757].

Qu'est-ce que c'est donc, ma chère nièce, qu'une petite secte de la canaille, nommée la secte des margouillistes 1, nom qu'on devrait donner à toutes les sectes? On dit que ces misérables fanatiques, nés des convulsionnaires, et petits-fils des jansénistes, sont ceux qui ont mis, non pas le couteau, mais le canif à la main de ce monstre insensé de Damiens; que ce sont eux qui envoient du poison au dauphin dans une lettre, et qui affichent des placards le tout pour la plus grande gloire de Dieu. Les honnêtes gens, par parenthèse, devraient me remercier d'avoir tant crié toute ma vie contre le fanatisme mais les cours sont quelquefois ingrates.
Vous savez les coquetteries que me fait le roi de Prusse, et que la czarine m'appelle à Pétersbourg. Vous savez aussi qu'aucune cour ne me tente plus, et que je dois préférer la solidité de mon bonheur dans ma retraite à toutes les illusions. Si j'en voulais sortir, ce ne serait que pour vous; ma santé exige de la solitude je m'affaiblis tous les jours.
J'ai fait un effort pour jouer Lusignan; votre sœur a été admirable dans Zaïre; nous avions un très-beau et très-bon Orosmane, un Nérestan excellent, un joli théâtre, une assemblée qui fondait en larmes; et c'est en Suisse que tout cela se trouve, tandis que vous avez à Paris des margouillistes. Je vous ai bien regrettée; mais c'est ce qui m'arrive tous les jours.
Ayez grand soin de votre malheureuse santé conservez-vous, aimez-moi. Mille tendres compliments à fils, à frère, à secrétaire 2. Adieu, ma très-chère nièce; votre sœur ne vous écrit point aujourd'hui elle apprend un rôle. Nous ne vous parlons que de plaisir instruisez-nous des sottises de Paris.”

1 Ce mot formé sur margouillis, boue, ordure, ne semble pas avoir été inventé par V* ; voir Histoire des sectes religieuses de Henri-Baptiste Grégoire .http://search.ugent.be/meercat/x/bkt01?q=900000111294

2 Le marquis de Florian, qui épousa Mme de Fontaine en 1762.

 

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02/10/2012 | Lien permanent

Les honnêtes gens, par parenthèse, devraient me remercier d'avoir tant crié toute ma vie contre le fanatisme

 

 

 

 

« A Marie-Elisabeth de Dompierre de Fontaine

 

A Montriond 19 février [1757]

 

Qu'est-ce que c'est donc ma chère nièce, qu'une petite secte de la canaille, nommée la secte des margouillistes i, nom qu'on devrait donner à toutes les sectes ? On dit que ces misérables fanatiques nés des convulsionnaires, et petits-fils des jansénistes, ceux qui ont mis non pas le couteau mais le canif à la main de ce monstre insensé de Damiens ii, que ce sont eux qui envoient du poison au dauphin dans une lettre, et qui affichent des placards ; le tout pour la plus grande gloire de Dieu . Les honnêtes gens, par parenthèse, devraient me remercier d'avoir tant crié toute ma vie contre le fanatisme ; mais les cours sont quelquefois ingrates .

 

Vous savez les coquetteries que me fait le roi de Prusse, et que la czarine m'appelle à Pétersbourg iii. Vous savez aussi qu'aucune cour ne me tente plus, et que je dois préférer la solidité de mon bonheur dans ma retraite à toutes les illusions . Si j'en voulais sortir, ce ne serait que pour vous . Ma santé exige de la solitude : je m'affaiblis tous les jours .

 

J'ai fait un effort pour jouer Lusignan ; votre sœur a été admirable dans Zaïre ; nous avions un très beau et très bon Orosmane, un Nerestan excellent, un joli théâtre, une assemblée qui fondait en larmes : et c'est en Suisse que tout cela se trouve, tandis que vous avez à Paris des margouillistes . Je vous ai bien regrettée ; mais c'est ce qui m'arrive tous les jours .

 

Ayez grand soin de votre malheureuse santé ; conservez-vous, aimez-moi . Mille tendres compliments à fils, à frère, à secrétaire . Adieu, ma très chère nièce . Votre sœur ne vous écrit point aujourd'hui ; elle apprend un rôle . Nous ne vous parlons que de plaisir : instruisez-nous des sottises de Paris . »

 

i Terme de mépris forgé par Voltaire pour désigner la queue des jansénistes.

ii Voir lettre à Thieriot du 13 janvier 1757 quand V* apprend la nouvelle : page 413 : http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k80033k/f417.image.r...

Robert-François Damiens : http://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Fran%C3%A7ois_Damiens

iii Rappel de la lettre de Dresde, de Frédéric, du 19 janvier et de l'invitation de Catherine II « pour écrire l'histoire de Pierre Ier .

Voir lettres du 4-5 février à Tronchin Jean-Robert http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2011/02/04/o...

et du 8 février à la margravine de Bayreuth :

http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2010/02/08/o...

 

 

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19/02/2011 | Lien permanent

Musique, soupers, bals, théâtres, amours, sciences, société ; il ne me manque ici que vous

"L'Europe ! l'Europe! l'Europe !" comme s'exclamait le général de Gaulle, la voici "galante", grâce à André Campra qui mourut en 1744, mais qui évoquait sans doute la déesse plus que l'entité géographique.

http://www.youtube.com/watch?v=BP3aJnm2k7s

 

 Frédéric II avec Schwerin  et von Podewils (à droite)

luc avec scwerin et von podewils à droite.jpg

« A Otto Christoph, comte de Podewils

Envoyé de Prusse à La Haye.

 

Ce lundi 10 février [1744] à trois heures du matin,

 doit partir demain mardi à dix heures.

 

                            Je crois, mon cher et respectable ami, que le prétendant est à Antibes [Charles-Edouard Stuart, débarqué à Antibes le 23 janvier]; du moins on le disait hier à Versailles. Ce n’est pas tout à fait le chemin de Londres. Notre flotte est à la voile [depuis le 6 février, pour envahir l’Angleterre], et tout Paris est au bal. On rejoue Mérope avec un succès prodigieux. Nous avons une mademoiselle du Meni [= Dumesnil] qui fait fondre en larmes pendant cinq actes. Je suis bien fâché que vous ne puissiez voir notre spectacle. Jamais il n’a été si parfait, j’entends de la part des acteurs. Je ne sais pas ce qu’on fera sur la frontière, mais  Paris sera toujours le paradis terrestre. Musique, soupers, bals, théâtres, amours, sciences, société ; il ne me manque ici que vous et votre adorable amie à qui je présente mes regrets et mes respects. Je vous envoie Acajou par M. de La Reynière [Acajou et Zirphile, de Duclos, roman composé, dit V*, pour être ajusté aux estampes qui avaient été faites pour un autre roman écrit et emporté par le comte Carl Gustav Tessin]. Ecrivez à M. de La Bonardière, près de l’hôtel Charost, faubourg Saint-Honoré. Mais quand vous enverrez gros paquets, adressez-les à M. de La Reynière.

                            Je vous embrasse tendrement.

                            J’ai tout reçu en son temps.

http://www.youtube.com/watch?v=BFKyWEZDvOM&feature=re...

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10/02/2010 | Lien permanent

bonsoir cher ami !

"A Jean-Robert Tronchin à LYon

Je viens mon cher Monsieur, d'expédier sûrement la lettre de Son Eminence [cardinal de Tencin] à qui je vous supplie de faire agréer mon respect,mon zèle, et mon empressement à lui obéir.

Je reçois dans ce moment des nouvelles du roi de Prusse et de Mme la margrave du 12 décembre par un officier principal de la maison de Mme de Bareith en qui elle a une grande confiance. La victoire du roi de Prusse n'est pas aussi décisive qu'on le disait. Il n'a point Breslau. Les Autrichiens sont rassemblés sous Swednitz [Schweidnitz]. Il y aura encore du sang répandu, et celui qui préviendrait tant de calamités par une bonne paix serait le bienfaiteur du genre humain. . Le roi de Prusse écrit à sa soeur qu'il est bien las de tant de carnage et de cette barbare gloire.

Je vous souhaite la bonne année. Il me manque de la santé et des baguettes dorées [pour la maison de Lausanne]. Je vous devrai les baguettes. Si vous les adressez à M. Cathala, ayez la bonté de lui recommander de me les faire parvenir.

Bonsoir mon cher ami.

Voltaire

le 24 décembre 1757 au soir à Lausanne"

 

"Bonsoir mon cher ami" : je dois avouer que je n'ai jamais eu l'occasion ni l'idée même de prononcer ces paroles envers mon banquier. Il faut vraiment avoir l'aisance de Voltaire, qui traite d'égal à égal pour avoir cette familiarité .

"...cher ami", pour moi , je songe plutôt "très cher" ami si vous voyez ce que je veux dire (hello, happy tax payer !).

"Ami..." : peut-être un jour, si Mercure me donne un coup de main (un petit Loto qui sait ?), un banquier sera pendu à son téléphone en me servant du "cher ami" pour s'occuper de ma nouvelle fortune . J'aurais alors le grand plaisir de le faire mariner dans son jus en repensant à son intraitable attitude passée. Qui n'en a pas rêvé ? Qu'il me jette le premier euro !

"Bonsoir..." : comment dire bonsoir à quelqu'un qui ferme régulièrement son agence à 17 heures , alors que tu vas travailler jusqu'à 20 heures ?

"Il y aura encore du sang répandu, et celui qui préviendrait tant de calamités par une bonne paix serait le bienfaiteur du genre humain."  : je connais, et sans doute vous aussi, des abrutis (au sens propre) et des félés (idem) qui eux parlent le plus sérieusement du monde de ce qu'il nous faudrait : "C'qui nous faudrait, c'est une bonne guerre!". Ce à quoi je réponds, bande d'arsouilles, allez la faire sans moi ! Bonne et guerre, ces deux mots ne peuvent être accolés que par des humains de la trempe de l'abbé Pierre, soeur Emmanuelle, soeur Theresa et un bon nombre d'illustres anonymes de bonne volonté qui font la guerre à la misère.

Ce sacré-(nom d'une pipe) Voltaire m'a encore fait sourire quand je le vois en quelques lignes passer des pensées les plus généreuses à celles de baguettes dorées ... Feu follet !...

Amis bloggers et lecteurs, je vous souhaite un bon Noël et des jours de joie, pour vous et ceux qui vous tiennent à coeur .

Tout de bon, comme disent mes voisins suisses ! (oui, on peut être Suisse et avoir un bon fond ! Si! Si !!)

Bisous à Babeth, serrage de louche à Florian.

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23/12/2008 | Lien permanent

Je prends beaucoup plus d'intérêt aux succès des frères, à la liberté de la littérature , à l'édition de l'Encyclopédie

... qui me touchent sans me blesser gravement , ajoutè-je subito in petto .

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Nota bene : "Aux origines de la lutte pour la liberté d'expression"

 

 

« A Etienne-Noël Damilaville

11 juillet [1761]

Voici une lettre d'un Italien 1 homme de très grande considération qu'il sera bon, mes frères de faire imprimer dans tous les journaux . Je crois que Mme de Pompadour n'en sera pas fâchée .

Je ne sais pas encore si on a joué Oreste . J'en attends des nouvelles, redolet antiquitatem 2; mais il fait bien chaud, et les Français parum colunt antiquitatem 3.

Je reçois dans ce moment la lettre d'un cher frère dans laquelle il me parle du bon goût du sieur Bellecour 4. Je crois qu'il serait bon de joindre le titre du Droit du seigneur à celui de L’Écueil du sage 5; car les Bellecour et ejusdem farinae homines 6 ne savent pas qu'autrefois les seigneurs séculiers et prêtres avaient dans leur domaines le droit de cuissage , le droit de prélitation ; cette partie du sujet ignorée des comédiens perd de son piquant aux yeux de ceux qui n'en sont pas instruits .

On m'avait mandé qu'on jouait Oreste ; apparemment qu'il n'en est rien .

Je prends beaucoup plus d'intérêt aux succès des frères, à la liberté de la littérature , à l'édition de l'Encyclopédie qu'à toutes ces misères, et je ne suis attaché au Droit du seigneur que pour l'avantage de frère Thiériot .

Voici une pièce de vers d'un M. Poinsinet . Il y a des choses heureusement dites et touchantes, intérêt à part . Ce M. Poinsinet n'est point du tout ami de Fréron, comme on me l'avait écrit . Au contraire il me paraît très honnête homme . »

1 Cette lettre d'Albergati du 30 juin 1761dont on voit des extraits en note de la lettre du 8 juillet 1761 de V* à celui-ci, parut dans le Journal encyclopédique du 15 juillet 1761 .

2 Sent l'antiquité ; Cicéron, Brutus, XXI, 82 .

3 Réverent trop peu l'antiquité .

6 Et les gens de même farine .

 

 

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15/06/2016 | Lien permanent

On dit qu’on a donné des Etrennes aux sots... mais s’il fallait envoyer ce petit présent à tous ceux pour qui il est fai

... On serait obligé d'importer !

Au passage je songe avec amertume à tous ces arbres abattus pour l'impression de ces fichus bulletins de vote de primaires, droite et gauche confondues, et pour quel résultat ?

 

Après la langue de bois, la gueule de bois, c'est du donnant-donnant !

 

 

« A Louis-François-Armand du Plessis, duc de Richelieu

26è janvier 1762, aux Délices 1

Il y a, monseigneur, une prodigieuse différence, comme vous savez, entre vous et votre chétif ancien serviteur. Vous êtes frais, brillant, vous avez une santé de général d’armée, et je suis un pauvre diable d’ermite, accablé de maux, et surchargé d’un travail ingrat et pénible ; c’est ce qui fait que votre serviteur vous écrit si rarement. Je me flatte bien que notre doyen 2 a fait l’honneur à l’Académie de lui présenter notre Dictionnaire 3. Je le crois fort bon : ce n’est pas parce que j’y ai travaillé, mais c’est qu’il est fait par mes confrères.

Je vous exhorte à voir le Droit du Seigneur, qu’on a follement appelé l’Ecueil du Sage. On dit qu’on en a retranché beaucoup de bonnes plaisanteries, mais qu’il en reste assez pour amuser le seigneur de France qui a le plus usé de ce beau droit. Si vous veniez dans nos déserts, vous me verriez jouer le bailli, et je vous assure que vous recevriez madame Denis et moi dans la troupe de Sa Majesté. On dit qu’on a donné des Etrennes aux sots. Assurément ces étrennes-là ne vous sont pas dédiées ; mais s’il fallait envoyer ce petit présent à tous ceux pour qui il est fait, il n’y aurait pas assez de papier en France.

Je vous avertis que mademoiselle Corneille est une laideron extrêmement piquante, et que si vous voulez jouir du droit du seigneur avant qu’on la marie, il faut faire un petit tour aux Délices . Mais malheureusement les Délices ne sont pas sur le chemin du Bec d’Ambraye 4.

Je crois Luc extrêmement embarrassé. Vous savez qui est Luc 5. Cependant il fait toujours de mauvais vers, et moi aussi. Agréez mon éternel et tendre respect.

V. »

1 L'édition de Kehl suivie des autres date à tort du 27 .

2 Richelieu lui-même .

3 Voir dans Registres de l'Académie française , III, 155-156 .

4 Bec d'Ambès, au confluent de la Garonne et de la Dordogne .

5 V* a fait un renvoi et ajouté dans la marge : le roi de Prusse .

 

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20/01/2017 | Lien permanent

un damné ne peut avoir la place d'un élu

... Encore moins s'il est condamné !

Thévenoud, Balkany, Sarkozy and C° reprenez le chemin du vulgum pecus, on ne veut plus de vous chez le peuple élu .

 

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 Belle tête d'élu indélicat ! où cela va-t-il (mal) finir ?...

 

« A Sébastien DUPONT,
avocat., etc.

à Colmar
M. le prince de Beaufremont, mon cher ami, a été un peu plus occupé de cette campagne des Hanovriens et des Hessois que des Goll 1; cependant il n'a point négligé leurs affaires; il a écrit à M. le maréchal de Belle-Isle, lequel a recommandé tous les Goll à M. l'intendant d'Alsace. J'ai eu l'insolence, moi qui vous parle, d'écrire aussi pour m'informer du résultat ; mais ce résultat n'est pas jusqu'à présent trop favorable à MM. Goll. On dit qu'un Goll ne peut succéder à un catholique, et qu'un damné ne peut avoir la place d'un élu. Pour peu que cette affaire devienne matière de foi, ni vous ni moi n'y aurons grand crédit. Mon avis est qu'on attende un peu, et qu'on s'en remette à la Providence ; je tiens que voici un très-mauvais temps pour se ruiner en procès ; un troisième vingtième 2 doit rendre les hommes sages. J'en parle en homme désintéressé, car toutes mes terres sont libres et ne payent rien. Je ne veux pourtant pas dire avec Lucrèce :
Suave mari magno, etc. 3

Quoique je sois au port, je plains fort ceux qui sont dans le bateau. Je cultive de plus beaux jardins que ceux de Candide ; mais j'ai bien peur que vous ne soyez de mauvaise humeur comme Martin. Mille compliments à madame votre femme ; ne m'oubliez pas, je vous prie, auprès de M. et de Mme de Klinglin.

V.

6 octobre. [1759] »

 1 Voir lettre du 29 avril 1759 à Dupont au sujet de ce procès : http://voltaireathome.hautetfort.com/archive/2014/06/12/j-espere-que-tout-ira-comme-je-le-voulais-ces-petits-succes-5389499.html

2 Du fait de la guerre, l'impôt du vingtième a été porté à deux, puis trois vingtièmes .

3 Qu'il est doux de voir sur la haute mer … ; Lucrèce, De natura rerum ; c'est l'image du sage dégagé des frayeurs de la mort qui est peinte dans ce début fameux du second livre .

 

 

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24/10/2014 | Lien permanent

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